ASCER Tile of Spain Awards 2015

ASCER Tile of Spain Awards 2015

La 14e édition du prix espagnol a récompensé début décembre deux réalisations qui mettent en valeur la céramique.

L’Espagne est le premier exportateur de céramique en Europe et le deuxième à l’échelle mondiale. En 2014, le chiffre d’affaires de l’industrie manufacturière de céramique espagnole représentait 2,902 milliards d’euros, dont 80% provenant des exportations.
L’ASCER, l’association espagnole des fabricants de céramique, dont elle assure la promotion grâce au label Tile of Spain, représente 150 entreprises, qui produisent 95% de la céramique nationale. La 14e édition de l’ASCER Tile of Spain Awards a récompensé deux réalisations et un projet de fin d’études.

Le bar BlueWave à Barcelone, 1er prix de l'ASCER Tile of Spain, dans la catégorie Design intérieur. Photo Adria Goula
Le BlueWave, 1er prix de l’ASCER Tile of Spain, catégorie Design intérieur. Photo Adria Goula

Dans la catégorie Design intérieur, El Equipo Creativo a reçu le premier prix pour le bar à cocktails Bluewave, situé sur le vieux port de Barcelone. Ses carreaux en céramique bleus, réalisés à la main, font écho à l’océan, et s’intègrent parfaitement au lieu, élégant et moderne.

La Gavina. Photo Mariela Apollonio
L’Ecole La Gavina, 1er prix de l’ASCER Tile of Spain, catégorie Architecture. Photo Mariela Appollonio

Dans la catégorie Architecture, le premier prix a été décerné à la salle polyvalente de l’école Gavina, à Picanya, dans la région de Valence. Carmen Martínez Gregori, Carmel Gradolo Martínez et Arturo Sanz Martínez y ont installé un treillis en céramique, qui permet de réduire les problèmes de conditionnement acoustique et de faciliter le contrôle de l’éclairage.

Le projet de fin détudes de Laura Alfonso Blasco, 1er prix dans la catégorie Etudiant
Le projet de fin détudes de Laura Alfonso Blasco, 1er prix de l’ASCER Tile of Spain, catégorie Etudiant

Le prix étudiant a été décerné à Laura Alfonso Blasco, de l’ETSA Madrid, pour son projet de fin d’études « Rehabilitacion Trashumante », un espace de traitement de la laine.

Astrid Avédissian

Le New Deal, ancien garage Citroën, lauréat du Grand Prix SIMI 2015

Le New Deal, ancien garage Citroën, lauréat du Grand Prix SIMI 2015

SUD Architectes et ses partenaires 6e Sens Immobilier et Alep Architectes ont été récompensés dans la catégorie Immeuble Rénové du dernier SIMI (Salon de l’immobilier d’entreprise), pour la reconversion du Garage Citroën de Lyon. Rebaptisé New Deal, il a été construit entre 1930 et 1932 par l’architecte Maurice-Jacques Ravazé, Jean Prouvé et André Citroën, et inscrit à l’Inventaire des Monuments Historiques en 1992. Long de 135 mètres, large de 52, il était considéré comme la plus grande station-service du monde.

Le New Deal, ancien garage Citroën, à Lyon. Photo Régis Bouchu
Le New Deal, ancien garage Citroën, à Lyon. Photo Régis Bouchu

Les 31 500 m² répartis sur six niveaux conservent au rez-de-chaussée la concession Citroën. Le hall d’honneur a été ré-agencé comme à l’origine, la dalle posée en 1971 a été supprimée, pour lui redonner toute sa hauteur sur trois niveaux.

Garage Citroën, à Lyon
Garage Citroën, à Lyon. Photo

Les étages supérieurs ont été reconvertis en bureaux avec la création de patios pour faire rentrer la lumière. Au troisième, le groupe INSEEC a installé son campus sur un plateau de 4500 m2.

Le New Deal, ancien Garage Citroën, à Lyon
Le New Deal, ancien Garage Citroën, à Lyon. Photo Erick Saillet

Les 4e et 5e sont agrémentés d’un jardin d’hiver ainsi que de trois séries de loggias superposées, créées dans le brisis du toit en zinc, unique modification extérieure autorisée par la Conservation des Monuments historiques.

Le New Deal, ancien Garage Citroën, à Lyon. Photo Guillaume Perret
Le New Deal, ancien Garage Citroën, à Lyon. Photo Guillaume Perret

Ce projet a nécessité un investissement total de 38,4 millions d’euros et l’intervention de 21 bureaux d’études, de huit architectes (dont trois architectes des Bâtiments de France), la permanence sur le chantier de sept ingénieurs et le savoir-faire de 250 personnes. Le chantier a été réalisé en 21 mois.

Astrid Avédissian

Un nouveau showroom Arflex à Paris

La marque de design italienne Arflex vient d’ouvrir un showroom au 53 rue de Miromesnil, dans le 8ème arrondissement, à deux numéros du distributeur Siltec, avec lequel il collabore étroitement. Conçu par l’agence d’architecture intérieure RMGB, l’espace présente des créations d’Ettore Sottsass, de Michele de Lucchi, de Claesson Koivisto Rune, de Luca Nicchetto…
Baptiste Rischmann et Guillaume Gibert ont su tirer parti de la belle hauteur sous plafond, en créant une mezzanine chaleureuse pensée comme un bloc de bois, un espace plus intime qui se devine depuis la pièce principale à travers un claustra contemporain réalisé en ferronnerie. Au sol, un granito se développe sur toute la surface du showroom et sur l’escalier menant à la mezzanine, donnant à ce dernier l’impression d’avoir été taillé dans un bloc. Grâce à la réouverture de trois grandes baies vitrées, le volume bénéficie d’une large lumière naturelle.

Showroom Arflex, 53 rue de Miromesnil, 75008 Paris
www.arflex.com

Showroom Arflex, photo Claude Weber
photo Claude Weber
Showroom Arflex, photo Claude Weber
Photo Claude Weber
Showroom Arflex, photo Claude Weber
Photo Claude Weber

Twido réinvente l’eau chaude

Si on pensait avoir fait le tour des ballons d’eau chaude, Twido® nous fait reconsidérer la question et ce, sous plusieurs angles : esthétique, économique et écologique. Mis au point par 2&GO, une jeune et dynamique start-up française, il concentre des innovations brevetées qui le rendent unique en son genre.

 

Juste quantité

Sa conception repose sur la constatation suivante : un chauffe eau classique thermodynamique conserve en moyenne 200 L d’eau à 65° dont les deux tiers ne… sont pas utilisés, d’où un énorme gaspillage énergétique. Le principe révolutionnaire de Twido consiste donc à de ne chauffer que l’eau nécessaire à sa consommation réelle (que l’on va pouvoir facilement calculer) et à le rapprocher des points de puisage. Élémentaire bien sûr, mais il fallait le faire et les avantages sont criants.

Twido
Avant
Twido
Après

Avantage technologique : ce sont donc 3 ou 4 cuves en acier indépendantes et juxtaposées dans un « meuble » qui délivrent, selon le modèle, de 120 à 320 L d’eau mitigée à 38°. Un large panneau de chauffe en silicone incorporant les circuits résistifs chauffe l’acier de la cuve – évitant le tartre inhérent au contact de l’eau froide avec la résistance sur un modèle classique – de manière efficace et durable. En fonction du modèle et de sa programmation, il suffit de ¾ d’heure à 2 h 30 pour chauffer le volume d’eau ; de plus, il existe une fonction rapide (booster).

Twido

Un confort très décoratif

TwidoAvantage esthétique et de confort : le gain de place représenté par Twido au regard d’un ballon d’eau disgracieux et volumineux est considérable. Il ne mesure que H 140 ou 2,30 x L 66 x P 24 cm et se camouffle derrière un habillage original et esthétique. Modern, Design ou Exclusive Edition l’enveloppe de pvc laqué, de décors rétro-éclairés ou de Corian® à effet matière avec un panneau aimanté facile à enlever et remplacer dans le futur. Sa silhouette mince est un atout de poids lorsque les mètres carrés sont comptés et que le ballon joufflu d’antan cède une place chèrement convoitée. Il existe même un modèle qui s’installe au dessus des toilettes dans un bâti à poser qui intègre le réservoir de chasse et un sèche-serviettes peut venir se plaquer sur le panneau du chauffe-eau.

 

Un objet connecté et responsable

Twido

Non seulement il est élégant, mais, connecté, il se veut « intelligent ». Pour connaître ses besoins en eau, il faut pouvoir calculer sa consommation et adapter ses besoins au plus près de la demande. Son informatique embarquée recueille, par un tableau de bord précis, les données, visualise la consommation par un tableau de synthèse et permet de piloter localement ou à distance les besoins. Une préconisation de programme est enregistrée avant de mettre en place une gestion personnalisée. S’y ajoute de nombreuses fonctions via l’application Mytwido.com comme le simulateur de consommation, un système d’alerte par e-mail en cas de surconsommation ainsi qu’un tableau de bord mensuel et annuel. Intégré dans le réseau des smart grids, il peut se piloter par les réseaux d’énergie (heures creuses/pleines) – et solaire depuis 2015 – et par Internet. Cette démarche éco-responsable au service du consommateur a valu à Twido d’être le finaliste du prix EDF Pulse 2015 dans la catégorie Smart Living.

 Françoise Marchenoir

Courtesy Twido

Ypsilon House : En butte à l’horizon

Ypsilon House : En butte à l’horizon

Une belle baie d’un bleu ionien ponctué d’îles au sud ouest du Péloponnèse vers où converge une rustique vallée dont les oliviers tapissent les versants des vallons. L’un des mamelons semble s’être comme érodé, cloqué, pour accueillir, dans la plus grande discrétion, une maison de vacances familiale qui embrasse du regard les alentours.

ypsilon house

Ypsilon House, Péloponnèse, Grèce

Architectes, L.A.S.S.A.

Dépourvue de tout habitat vernaculaire pittoresque, cette région – baignée de soleil et encore épargnée par le tourisme de masse – a su conserver son caractère agraire. C’est justement ce qui a séduit l’autochtone commanditaire de cette villa de 160 m2 où réunir pour des vacances enfants et petits-enfants. Au bord de mer elle a préféré un tertre distant d’à peine quelques kilomètres surplombant une oliveraie d’où jouir au calme d’une vue panoramique à 360°.

 ypsilon house

Caméléon bioclimatique

Se soulevant de terre comme des paupières, trois hyperboles asymétriques dessinent en plan et en relief un i… grec. N’allez pas chercher sa justification conceptuelle dans le passé de Théo Sarantoglou Lalis, jeune architecte français d’origine grec ayant fait ses armes chez Future System et Asymptote, se partageant désormais – avec son épouse et consœur belge Dora Sweijd – entre leurs deux agences londonienne et bruxelloise. Imaginée davantage comme une « infrastructure paysagère », cette « géométrie négociée » est le fruit d’une interaction pragmatique entre le programme, le site, les vues et l’ombre. En effet, la course du soleil a déterminé la courbure, l’inclinaison et l’orientation de chacune des hyperboles afin d’optimiser leur ombre portée estivale que parachève un auvent. Au sud, la voûte surbaissée du séjour abrite une sculpturale baie de 11m linéaire ouverte telle une ouïe béante sur un solarium dont la piscine à débordement amorce l’horizon marin. Celle à l’est est faillée de portes fenêtres offrant les premiers rayons du soleil aux chambres et à la cuisine – la cour qu’elle engendre accueillant des déjeuners ombragés. Au Couchant, la paroi cintrée est quasiment aveugle : une porte dissimulée commande l’entrée à la maison tandis que des ajours ovoïdes –vitrés pour les plus grands – éclairent et ventilent le couloir-tampon desservant les trois chambres. Le parvis d’accueil met à profit ses quatre marches de dénivelé “contenant” sinueusement les plantations environnantes pour créer un petit amphithéâtre de plein-air où projeter films et vidéos sur le voile béton méridional à l’enduit plâtre immaculé. Sous ses allures Op’art (Vasarely, Agam), cette façade – thermiquement si exposée – n’est pas sans évoquer l’impressionnant mur de soutènement défensif du monastère byzantin d’Amorgos (XIe siècle).

ypsilon house

Le dispositif bioclimatique est complété par la toiture végétalisée recouvrant ce dôme moderne qui confère sa dimension faussement troglodytique à l’ensemble. Laissée brute, la sous-face béton de ce bouclier thermique se serait révélée aussi sonore que celle en pierres des tombes de Mycènes. L’architecte a donc imaginé une stupéfiante charpente secondaire dont les lames de bois parallèles présentent une variation de hauteur et longueur (inférieure à 2,40 m) savamment calculée pour restituer en relief  le dessin d’une grève de sable sculptée par l’écume des vagues. Des boîtiers à LED avec dimer y ont été intercalés ici-et là dans l’entre-deux lamellaire, en amont du coulage de la voûte.

ypsilon house

Une crise économique stimulante

Ayant eu pour client le propriétaire d’un chantier naval égyptien et construisant aussi en Chine, notre jeune concepteur maîtrise à merveille l’élaboration des fichiers numériques indispensables à la préfabrication de géométries complexes.

Œuvrant ici pour des connaissances, il s’est encore plus investi personnellement allant jusqu’à pratiquer l’auto-construction afin de réaliser cette “ambitieuse” architecture à un coût le plus modique possible. Contrairement au marbre grec très bon marché, le bois y est particulièrement coûteux, il sera donc acheté en Belgique où le couple d’architectes a ouvert une seconde agence pour y disposer d’un vaste sous-sol (300 m2) où pré-fabriquer en kit l’ensemble des charpentes (primaire et secondaire) nécessaires au coulage de la dalle. Pour ce faire, l’agence s’est équipée, entre autres, d’une scie à découpe laser. Cinq mille pièces (en OSB ou Beton Plex) y ont donc été découpées, repérées, transportées avant d’être remontées sur place – selon trois types d’assemblage sans aucun clou – en à peine 7 jours par Théo et trois collaborateurs. Cette équipe opérationnelle aura passé sur le terrain un peu moins de trois mois pour tout mettre en œuvre jusqu’au coulage de la voûte, le relais étant alors passé aux entreprises locales.

Les réserves dans le voile ajouré du couloir ont été obtenues à partir de gabarits en polystyrène tandis qu’étaient thermoformés – suivant les fichiers correspondants – les cadres en solid surface devant accueillir les vitrages découpés au jet d’eau. Dans le même matériau, la cuisine a été menuisée à Bruxelles tout comme la plupart du mobilier intégré. Lionel Blaisse

 

Surface, 160 m2.

Maitre d’ouvrage, privé.

Maîtres d’œuvre et charpentier, Théo Sarantoglou Lalis & Dora Sweijd (L.A.S.S.A.).

Charpente, panneau OSB. Coffrage, Beton Plex. Baie coulissant séjour, Panoramah.

Rénovation de la façade de l’hôpital Saint-Jean à Bruxelles

Rénovation de la façade de l’hôpital Saint-Jean à Bruxelles

Situé dans une rue très fréquentée et bruyante, l’hôpital Saint-Jean avait besoin de rénover sa vieille façade en pierre en améliorant, d’une part son acoustique, et de l’autre, son isolation. De plus il fallait la préserver de la pollution tout en lui redonnant esthétique et cachet.

hôpital Saint-Jean à Bruxelles

 

Neolith by TheSize & Altiplan Architects

Ce sont les dalles de Neolith qui furent choisies pour leurs qualités de durabilité, afin de moderniser la façade extérieure de l’hôpital mais aussi l’équipement intérieur et l’aire de  stationnement.

L’architecte Philip de Roos tenait absolument à trouver un matériau de revêtement qui résisterait à l’épreuve de la pollution due à la circulation dans le centre ville de Bruxelles : “Dans une zone aussi fortement polluée, la composition minérale et la nature non poreuse des dalles Neolith les rendent résistantes, hygiéniques et évitent l’apparition des bactéries et moisissures : elles sont par conséquent idéales pour cet environnement médical” a-t-il déclaré. Faciles à nettoyer, ces dalles – modèles Nieve et Nero –  peuvent être débarrassées de la saleté, des polluants et des graffitis tout en résistant aux agents de nettoyage chimique. En plus de ces qualités de résistance, la minceur et le grand format des dalles Neolith facilitent également la réalisation d’une façade ventilée.

hôpital Saint-Jean à Bruxelles

 

Philippe de Roos déclare aussi : “L’isolation thermique pour les bureaux et les zones de l’hôpital était également essentielle pour créer un environnement confortable à la fois pour les patients et les employés. L’utilisation des dalles minces Neolith sur un système VM a créé un espace de 15 cm entre le bâtiment et la façade, ce qui permet non seulement une isolation thermique plus importante, mais aussi une isolation  acoustique et une perméabilité plus grandes. Grâce à cet écart, la façade ventilée peut améliorer l’économie d’un bâtiment et, dans ce cas particulier, améliorer l’efficacité énergétique de l’hôpital.” La multiplicité des couches d’une façade ventilée est parfaite pour réduire de manière significative les fluctuations thermiques, tout en limitant le bruit.

parking

 

La société TheSize©, fondée en 2009, a son siège social à Castellon en Espagne. Elle est spécialisée en matériel de construction intérieure et extérieure. La marque Neolith – qui signifie nouvelle pierre – a été lancée en 2011. Le matériau constitutif est 100% naturel et recyclable : exclusivement composé d’argile, feldspath, silice et d’oxydes de minéraux naturels. Léger et facile à installer, résistant à l’usure et à la chaleur –  ses couleurs ne virent pas –  ces dalles sont parfaites pour toutes les surfaces intérieures ou extérieures et existent en format 30 x 60 à 320 x 150 cm.

Les mémoires de ma Samaritaine

Les mémoires de ma Samaritaine

Ma Samaritaine, une exposition qui livre un dernier regard photographique sur le bâtiment en l’état actuel, au moment où le chantier commence enfin à prendre de l’ampleur.

Ma Samaritaine, mémoire photographique

Depuis 3 ans déjà, la Samaritaine encourage les talents photographiques émergents tout en sollicitant de « grandes signatures » pour constituer une mémoire contemporaine de ce lieu mythique. Après avoir invité cinq jeunes français et cinq jeunes étrangers à donner leur vision du bâtiment en 2013, ce sont dix étudiants et anciens élèves de l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts qui ont décliné une lecture photographique du lieu.

Pierre-OlivierDeschamps
Courtesy Ma Samaritaine 2015 / Pierre-Olivier Deschamps « pour les Grands Magasins de la Samaritaine – juin 2013 »
SarahMoon
Courtesy Ma Samaritaine 2015 / Sarah Moon « pour les Grands Magasins de la Samaritaine – juin 2015 »
MichaelAckerman
Courtesy Ma Samaritaine 2015 / Michael Ackerman « pour les Grands Magasins de la Samaritaine – juin 2015 »
YvesMarchandRomainMeffre
Courtesy Ma Samaritaine 2015 / Yves Marchand et Romain Meffre « pour les Grands Magasins de la Samaritaine – juin 2015 »

Pour cette troisième édition, au moment où le chantier prend enfin toute son ampleur, ce sont six grands noms de la photographie qui livrent leur interprétation des lieux, la dernière en l’état actuel. Ma Samaritaine, l’événement photo annuel rue de Rivoli, regroupe, dans un premier temps, le travail de Pierre-Olivier Deschamps qui a documenté le lieu au travers d’images questionnant la fonction de la couleur et de la composition dans l’approche de l’espace. Viennent les photographies de Sarah Moon qui plongent le visiteur dans l’immensité du lieu par le biais des détails. Georges Rousse, quant à lui, intervient in situ pour transformer radicalement la perception de l’espace. JH Engström, lui, voit en noir et blanc Paris à partir de l’édifice. Michael Ackerman retrouve des échos aux sentiments qui traversent son œuvre en découvrant avec fascination ce lieu inconnu. Enfin, Yves Marchand et Romain Meffre prennent le bâtiment à bras le corps avec leur chambre grand format.

La Samaritaine, enfin en chantier

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Courtesy La Samaritaine

L’exposition est l’occasion de revenir sur un projet qui fait débat depuis 10 ans et qui a finalement obtenu son permis de construire définitif en juin 2015. Dès lors, sont prévus 36 mois de chantier à partir de septembre pour une livraison simultanée en 2018 de tous les programmes.

Chantier d’envergure, rappelons que le projet de rénovation de la Samaritaine regroupe cinq agences d’architecture : l’agence SANAA, architecte de conception, le cabinet Lagneau, architecte du patrimoine, SRA, architecte des opérations de bureaux et commerces, Edouard François, architecte pour la conception de l’hôtel, Brugel, architecte en charge de l’opération logements et crèche. Le chantier est finalement pris en charge par Vinci Construction.

La Samaritaine_photo de chantier
Courtesy La Samaritaine

Actuellement, les ouvriers procèdent à l’opération de nettoyage et de dépose des ouvrages à caractère historique de ce bâtiment art nouveau / art déco ; verrière, escaliers, fresques, ferronneries seront rénovés et réinstallés in situ.

Entre identité patrimoniale et création architecturale, le bâtiment de Jourdain reprend son cours, SANAA s’inscrivant dans le sens de l’histoire pour innover et proposer un renouvellement de l’image de la Samaritaine.

Amélie Luquain

La Hune ou le concept de Librairie – Galerie

La Hune ou le concept de Librairie – Galerie

Vincent Eschalier, architecte et Gesa Hansen, designer, s’associent pour offrir une nouvelle identité à la Hune

La librairie La Hune se refait une beauté

Vincent Eschalier et Gesa Hansen, duo de talent

Grâce à un duo de talent, l’architecte Vincent Eschalier et la designer Gesa Hansen, La Hune se refait un nouveau look. Dans le respect du côté mythique de ce lieu, ils ont imaginé une nouvelle identité empreinte de modernité.

Le réaménagement de la boutique a été confié à Vincent Eschalier dont le style architectural allie avec brio créativité et authenticité. Avant de créer son agence parisienne, il rejoint les équipes de Studios Architecture et Frank Gehry pour travailler sur le projet de la fondation Louis Vuitton, mais aussi de concevoir de nombreux projets d’envergure comme le restaurant 52, faubourg de Saint-Denis ou la galerie Emmanuel Perrotin dans le Marais.

Quant à la décoration intérieure inspirée du style scandinave, elle a été pensée par la designer germano-danoise Gesa Hansen. Primée par The Red Dot Design Award et The Good Design Award, elle s’est formée en Allemagne, Japon et dans les ateliers de Jean Nouvel. Adepte des matériaux chaleureux, elle imagine pour La Hune un univers mêlant les tonalités de bois, les formes minimalistes et les détails graphiques.

La Hune

 

Photographie

Une nouvelle époque s’ouvre pour la librairie La Hune avec la réouverture en octobre de sa librairie – galerie, qui diversifie ses activités en devenant aujourd’hui un haut lieu de la photographie. Ce nouvel espace a été aménagé pour être un lieu de rencontres entre le public et les artistes. La Hune propose de la photographie pour tous les goûts et budgets, du portfolio au beau livre signé, de la photo jusqu’à l’œuvre d’art, aidant à la découverte de la photographie sous toutes ses formes.

La Hune

 

Librairie – galerie

Agencée en trois espaces complémentaires, au rez-de-chaussée, elle accueille une galerie YellowKorner regroupant un large choix de tirages numérotés disponibles dans différents formats avec une collection de plus de 250 artistes ; et une librairie TeNeues qui propose une sélection exclusive de livres de photographies dont certains en édition limitée. Première librairie en France de la maison d’édition allemande fondée en 1931 par le Dr Heinz TeNeues et spécialisée dans l’édition de livres de photographies, design et lifestyle. La galerie du 1er étage dévoilera des expositions monographiques de tirages rares dédiées aux grands noms internationaux de la photographie.

La Hune

 

Lieu historico-emblématique

Créée en 1949, la librairie La Hune incarne un lieu historique, témoin de l’époque de l’après-guerre, entouré par le Café de Flore, les Deux Magots ou la brasserie Lipp. Galerie d’art dès sa création, La Hune est la première à créer le concept de librairie – galerie. Sous l’impulsion de son directeur Bernard Gheerbrant, et indépendamment de ses activités littéraires, elle expose des gravures, lithographies et tableaux. Dès lors, elle est l’un des premiers lieux de la capitale à exposer également des photographies. A mi-chemin entre deux mondes, ce lieu n’a de cesse de développer l’exaltation d’idées et d’influences artistiques multiples, point de ralliement des Surréalistes, Existentialistes et de la Nouvelle Vague qui fût le croisement des penseurs – Jacques Prévert ou Jean-Paul Sartre – et des artistes de renom comme Jean Dubuffet ou Max Ernst. René Magritte, Alexander Calder ou Picasso y exposèrent aussi leurs œuvres à plusieurs reprises.

 

Courtesy La Hune

Happy-culture au bureau

Enfin libérés de leurs fils à la patte (téléphonie, informatique, …) grâce à la technologie mais aussi à de nouvelles pratiques managériales, les fourmis laborieuses d’hier se sont métamorphosées en abeilles n’hésitant plus à partir butiner à l’extérieur avant de revenir faire leur miel dans l’entreprise. Désormais mué en ruche, l’espace de travail s’interdit le bourdon via d’innovants concepts mobiliers !

En matière d’évolution du cadre de travail, les industriels du meuble tertiaire ont su se montrer bien plus réactifs et créatifs que les professionnels de l’immobilier dont nombre de réalisations à peine livrées sont déjà obsolètes. Pourtant, selon Philippe Starck concevoir une chaise moulée serait plus ardu que de construire un immeuble ! Il est vrai que l’industrie a toujours veillé à consacrer du temps et de l’argent à la recherche et au développement et le secteur du mobilier de bureau ne s’y est pas soustrait.

Living Office - Locale Herman Miller
Living Office – Locale ©Herman Miller

Le bureau devient Living Office

Pour chacun de ses nouveaux produits ou systèmes, l’américain Herman Miller investit massivement en matière grise. Ainsi, en est-il pour les deux collections lancées cette année dans le cadre d’un programme intitulé Living Office. Elles résultent d’une étude menée durant 2 ans – sur les 5 continents – auprès de 14 multinationales. Au regard des 2900 situations de travail analysées, elle conclut que “le monde de l’entreprise concentre une multitude de personnalités et de cultures, mais ce patchwork d’individualités révèle un principe intangible… l’activité au bureau est la même partout ! Seul l’aménagement peut donc se différencier selon des spécificités identifiées”. L’étude constate aussi que “nombre d’entreprises sous-estiment combien leurs locaux sont inoccupés. Tous secteurs confondus, les postes de travail sont vacants 60% du temps (sans compter les nuits, ndlr), jusqu’à 77% pour les bureaux privatifs, et que les salles de réunion sont rarement utilisées à pleine capacité”.

Public Office Landscape
Public Office Landscape ©Herman Miller

La sécurité, l’autonomie, l’appartenance, la réalisation, le statut et l’objectif ont ainsi été identifiés comme les motivations caractérisant le bien-être au travail par Herman Miller. Ce dernier relève 10 activités effectuées sur le lieu de travail partout dans le monde : bavarder, dialoguer, diviser et conquérir, se rassembler, montrer et dire, briefer et débriefer, traiter et répondre, contempler et enfin créer !

Living Office, Locale - Herman Miller
Living Office Landscape, Locale – Herman Miller

Conçu par Sam Hecht et Kim Colin, le programme Locale  permet de passer – rapidement et à portée de main – d’un travail individuel à une activité de groupe. Public Office Landscape , designé par Yves Béhar, transforme chaque espace de bureau – poste individuel inclus – en lieu de collaboration en juxtaposant à volonté plans de travail, pôles partagés et circulations, une sorte de mobilier public !

Qui va piano va lontano

fauteuil pyla tech
Pyla tech

Originellement édité par l’industriel américain, l’Aluminium Chair de Charles & Ray Eames fut fabriquée durant des décennies en Italie par ICF. Longuement réfléchie, elle fut sans doute l’une des premières assises à apporter une réponse tout à la fois ergonomique et moderne à nos postures au bureau. Son succès commercial – porté dans le long terme grâce à sa convaincante déclinaison – ne pouvait qu’inciter la firme milanaise à développer autant d’intelligence dans la mise au point de chacun de ses futurs produits. Volontairement limités en nombre, ses modèles de fauteuils multiplient progressivement les versions afin de répondre subtilement à la variété d’usages au sein des entreprises. Ainsi en est-il de sa dernière chaise Pyla qui incarne l’idée de légèreté : dans le design, la recherche des matériaux et la réalisation des éléments structurels. C’est justement cette légèreté qui en fait un produit passe-partout, doté de tout le nécessaire pour le rendre fonctionnel et confortable – sans éléments superflus – idéal pour s’insérer dans l’espace bureau sans s’imposer. Cette approche a permis d’en maîtriser les coûts, tout en maintenant un standard qualitatif élevé.

groove tabvle icf
Groove Table – ICF

ICF porte le même soin prospectif à ses bureaux. Voulant réaliser un produit de très grande qualité, solide et capable de durer dans le temps, qui associe impact esthétique et équilibre des formes, le choix des matériaux a été fondamental mais a surtout engendré deux références Groove et Bevel Tables. En effet, si les pieds de la première sont en acier tréfilé de grande épaisseur et ceux de la seconde en bois massif, juste poncé, les deux modèles utilisent les mêmes plateaux de dimensions, formes et finitions diverses !

Bevel table - ICF
Bevel table – ICF

Les sièges visiteurs et de réunion répondent à des contraintes moindres mais bien réelles, à commencer par les possibilités de transport et de stockage des dernières. Il est néanmoins fréquent qu’elles ne soient pas exclusivement destinées à l’univers du bureau, nombreuses sont des transfuges (souvent améliorés) du mobilier hôtelier quand ce n’est pas résidentiel.

Attirer, stimuler et retenir les talents au bureau

A l’heure où les plus grandes et rapides réussites entrepreneuriales de la nouvelle économie ont vu le jour au fond d’une chambre d’étudiant, d’un garage, ou d’une squatt, les relations entretenues par les jeunes générations envers leur cadre physique de travail ont en grande partie changé. L’espace spécifiquement dédié à un seul et unique utilisateur est en voie de disparition. Au même titre que les start up se désintéressent des tours ou des campus pour privilégier les pépinières d’entreprises et les tiers lieux, le travail dans une entreprise tertiaire ne s’effectue plus scotché derrière un bureau. Les espaces servants ont acquis au moins autant d’importance que ceux qu’ils servent ! En fait le travail s’est nomadisé au sein et en-dehors de l’entreprise.

Anne Kyyro Quinn
Anne Kyyro Quinn – Panneaux acoustiques

Steelcase a très vite saisi qu’une part croissante du marché s’inventait au-delà du poste de travail, assise et rangements compris, intrinsèque. L’entreprise strasbourgeoise a ainsi développé de multiples produits alternatifs destinés à rendre « productifs » des lieux « informels » (circulations, cafétéria, … ) et à imaginer les interfaces nécessaires à ces changements de mentalités, mais aussi technologiques, en perpétuelle évolution.

Openest Patricia Urquiola
Openest, Patricia Urquiola – Haworth

Il est intéressant d’observer l’inventivité mise en œuvre par les designers – y compris textiles – et industriels pour satisfaire au confort acoustique, critère désormais placé en tête des attentes des employés.

Dès lors que la connectivité et l’ergonomie sont garanties, tout n’est plus qu’une question de goûts et de couleurs pour que les miels ainsi récoltés offrent une multitude de saveurs !

Lionel Blaisse

Zaha Hadid remet le couvert à la Serpentine

Zaha Hadid poursuit son chemin, plus libre au fil des années, si loin si proche de ce qu’elle était il y a 30 ans, toujours en quête de nouvelles frontières, multipliant les projets partout dans le monde, d’architecture, de design, menacée parfois par leur nombre. A Londres, en plein cœur d’Hyde Park, sa galerie Sackler tente à nouveau une sorte d’envol de la matière.

Gallery by Zaha Hadid Architects Londres 2013

Dans le Landerneau architectural tout le monde connaît la Serpentine Gallery à Londres. Côté Kensington Gardens, à quelques mètres au sud de la Serpentine -ce lac tout en longueur- elle invite chaque année un architecte de renom à concevoir un pavillon temporaire. Première à se prêter à l’exercice en 2000 : Zaha Hadid. Elle recommencera d’ailleurs en juillet 2007 avec une installation éphémère -neuf jours seulement- baptisée Lilas. A moins de 350 m au nord, c’est elle encore qui livre en 2013 The Serpentine Sackler Gallery, une petite sœur de la première, pérenne pour le coup, en fait une réhabilitation doublée d’une extension dédiée à un bar restaurant.

The Serpentine Sackler Gallery

 

Le Magazine, le bâtiment d’origine, une poudrière, remonte à 1805. A usage militaire jusqu’en 1963, il sert ensuite de stockage. Rectangulaire, il s’ouvre au sud par une colonnade donnant sur une circulation périphérique bâtie de briques, voûtes comprises, cadrant un espace central plus élevé où se trouvait la poudre. Curé, nettoyé, fluidifié, il accueille désormais des évènements culturels. Réhabilitation et mise aux normes pour tout dire assez banales, bien propres, sans plus : plafonds et cimaises blancs avec joints creux en pieds, sol de grands carreaux gris plutôt moches (recouverts d’ailleurs pas des briques lors de l’exposition inaugurale signée Adrian Villar Roja), skydomes et failles zénithales.

Serpentine Sackler Gallery

 

En total contraste, vient sur le flanc ouest du bâtiment, l’extension proprement dite, une étrangeté typiquement hadidienne. Selon les angles, c’est une raie manta en plein vol, une ondulation de dune blanche, ou bien une houle de tente de désert immaculée.

Difficile de ne pas penser au Mobile Art Chanel, un temps au pied de l’IMA à Paris, aux stations du funiculaire d’Innsbrück-Hungerburg et surtout difficile de ne pas mesurer le chemin parcouru en 30 ans par l’architecte. Pour s’en persuader, il suffit d’ailleurs de jeter un œil rétrospectif sur ses deux interventions à la  Serpentine Gallery ou sur ses dernières réalisations en particulier l’extravagant et formidable Centre Heydar Aliyev de Bakou en Azerbaïdjan.

Serpentine Sackler Gallery

 

Que son architecture soit vilipendée par les modernes, néo-modernes, les jaloux ou l’objet d’un attachement quasi viscéral n’enlève rien à la singularité de son travail, à sa liberté acquise de haute lutte, grâce à son caractère de fer et grâce aussi à sa complicité avec Patrick Shumacher aussi omniprésent que discret.

Serpentine Sackler Gallery

 

Zaha Hadid ne cesse de le répéter, rien n’aurait été à ce point possible s’il n’y avait eu la multiplication des matériaux et l’amélioration constante de leurs performances, la puissance du calcul numérique pour passer du dessin au réel, du projet à la fabrication, des mathématiques au chantier. Bien que modeste en taille, la Sackler Gallery le montre à l’envie, sans pour autant afficher une quelconque dimension technologique. Omniprésente, mais invisible, elle sert les formes et disparaît. Pour simplifier à l’extrême, le bâtiment met en œuvre une structure acier, jamais visible, du verre, courbe souvent, du FRP (Fibre-reinforced plastic) en façade et du PTFE (polytétrafluoroéthylène) en toiture, cette dernière signant d’ailleurs la première structure textile tendue permanente de l’agence.

Serpentine Sackler Gallery

 

Pour obtenir la fluidité voulue, une poutre échelle en acier, périmètrique, ondulante, ancrée en trois points au sol et deux en superstructure du vieux bâtiment s’enveloppe de panneaux de FRP peint à la bombe. Cinq piliers en acier entourés par les toiles de FRP et de PTFE, dessinent chacun une corolle ouverte, épanouie vers le ciel, inondée de lumière par un oculus quasi invisible. Autour, le plafond tendu de lais de fibre de verre enduits de silicone décuple la fluidité générale du dessin. En façade, le verre surgit du sol, à nu, ondule lui aussi et complète cette étonnante figure en mouvement, appuyé par la ligne des chaises, le profil du bar, celui fuselé façon yacht de la cuisine. Seuls les plateaux des tables présentent des profils anguleux. Sur le tout règne le blanc à de rares exceptions près.

The Serpentine Sackler Gallery

 

Mais quelles exceptions ! : quelques mobiliers pastels, et surtout, dur au pied, le carrelage gris soutenu, pénible, pour ne pas dire laid, dont la planéité bloque l’effet d’envol, contraste cruel avec la liberté morphologique de la figure qui le protège. Principe de réalité et tentation ! Difficile de faire vivre les hommes sur des plans inclinés. Au MAXXI et au Centre Heydar de Bakou, Zaha Hadid a trouvé des solutions habiles croisant dans un même élan murs, sols et plafonds, dans une même continuité, circulations obliques et horizontales, cruellement absentes ici.

Serpentine Sackler Gallery plan

Serpentine Sackler Gallery plan

Jean-François Pousse

Tous visuels ourtesy Zaha Hadid Architects. ©Luke Hayes