Dans ce cadre idyllique du Cap d’Agde, Jacques Ferrier a dessiné une dentelle de béton enveloppant la résidence de tourisme 4* Odalys, Nakâra.
Un site d’exception
Le Cap d’Agde (34), destination balnéaire et pittoresque du Languedoc, est bordé sur 14 km de plages de sable fin. Au carrefour des eaux douces et salées, celle que l’on appelle « la perle noire de la méditerranée » se reconnait par son architecture faite de pierres basaltiques. C’est dans ce cadre idyllique que le cabinet d’architecture Jacques Ferrier et Promeo Patrimoine ont construit la résidence de tourisme 4* Odalys Nakâra qui se distingue par ses reflets de nacre.
Le projet Nakâra a réellement démarré le 5 février 2014 avec la pose de la première pierre sur un terrain rocailleux, comme accidenté, paré de zones de végétation éparse, en friche. Livré ce 2 juillet 2015, elle a, d’ores et déjà, pu accueillir de nombreux résidents pour sa première saison estivale.
Dissémination des volumes
A 150 m de la plage de Rochelongue, sur un terrain de près de 2 hectares, les volumes suivent la topographie initiale du site : une pente douce vers la mer. L’ensemble, composé de 161 appartements et de 42 villas, semble se disséminer lentement depuis les trois bâtiments principaux qui marquent l’entrée du site, jusqu’aux villas jumelées à l’arrière, comme protégées, s’immisçant dans l’environnement des maisons avoisinantes. Edifiés entre les pins et la végétation boisée, ce sont de véritables cocons, de 23 à 55 m², de 2 à 8 couchages entièrement meublés et équipés, qui accueillent les touristes pour leur plus grand confort (sans oublier restaurant, salle de séminaire, espace bien-être, club enfants…).
Dentelle de béton
Ainsi, depuis le salon de réception, le résident traverse un long atrium – qui n’en porte que le nom – dont la verrière anime la longueur. Celui-ci s’ouvre sur le restaurant, lui-même faisant face à la piscine. Dommage que le parcours et la vue s’arrêtent face à un mur revêtu si simplement de blanc. On lui préférera la double peau environnante, une résille ajourée en Béton Fibré Ultra-haute Performance (BFUP), celui là même que celui dont s’est servi Rudy Ricciotti pour le Mucem de Marseille. Ce matériau à structure micrométrique présente un fort dosage en ciment et en adjuvants, assurant une durabilité et une résistance exceptionnelles, et une ductilité unique. Moulé dans du latex grâce à de grandes presses, ce matériau permet une résille aux multiples couleurs et motifs, bien que, comme ont pu s’en apercevoir les constructeurs, il ne supporte pas encore des dessins trop complexes. Fixé par des loquets sur des montants métalliques verticaux, la plus grande pièce du projet de 4 x 1,7 m et 4 cm d’épaisseur atteint 350 kg. A noter : les résilles horizontales sont en métal.
Inspiration méditerranéenne
Cette peau participe de l’unité de la résidence : réinterprétation des moucharabiehs orientaux, elle conjugue à la fois grands auvents et façades, mais aussi petites ombrières et lambrequins. Assurant la continuité entre intérieur et extérieur, elle est tant un brise soleil qu’un pare vue et relève des engagements Bâtiment Basse Consommation (BBC). Immaculée de blanc, renvoyant la luminosité propre au sud de la France et formant de délicates ombres au sol, cette dentelle contribue à l’esprit méditerranéen des lieux.
Par ailleurs, on notera que des éléments d’origine (rochers, arbustes…) ont été volontairement conservés pour mieux s’intégrer aux paysages existants. Elément remarquable : le basalte trouvé lors des fondations a été réutilisé pour constituer les jardins des villas.
Architecte singulier
On reconnait alors la patte architecturale de Jacques Ferrier, qui utilise souvent des résilles et auvents comme on peut le voir notamment dans ses projets de concours tels que le musée de la romanité à Narbonne (11) en 2011 et la gare nouvelle de Montpellier (34) en 2014. Travaillant en France et à l’international, Jacques Ferrier conçoit tant des ouvrages culturels que des bâtiments de prestige ; il est aussi le concepteur du pavillon français à l’Exposition Universelle 2010 de Shanghai.
Amélie Luquain
Courtesy FANTASY DØGMA – Architectures