D’Europa City à la grotte de Chauvet : la revue de presse du 31 mai 2016

D’Europa City à la grotte de Chauvet : la revue de presse du 31 mai 2016

EuropaCity, avenir de la culture pour Aillagon, Bofill revient à Abraxas, 176 000 ans d’architecture, de la pierre pour Paris ?

revue de presse
Barrault & Pressacco, 17 appartements pour la RIVP, 62 rue d’Oberkampf, Paris (Livraison 2017)

 

La tentation de Gonesse

Après la rue de Valois, Venise et Versailles, Jean-Jacques Aillagon se verrait-il un avenir dans le triangle de Gonesse, à la direction des arts du centre commercial EuropaCity ? On pourrait le croire, à la lecture de la tribune qu’il vient de publier dans Libération, véritable plaidoyer pour cette opération dont on craint qu’elle ne devienne le premier foyer zadiste en région parisienne. Des polémiques ? C’est qu’« un projet de ce type ne va pas sans ébranler quelques préjugés dont celui de l’antagonisme de principe entre culture et commerce ou encore entre culture et loisir » affirme en expert l’ancien ministre de la Culture en évoquant l’opération portée par Auchan et le leader chinois de l’immobilier commercial (le Dalian Wanda group). Sans s’attarder ni sur la nature ni sur le nombre des équipements faisant la valeur de ce Muségasin, Aillagon fait un rêve : « Puisse EuropaCity demain proposer une expérience tellement exceptionnelle de l’espace urbain qu’on pourra, dire et écrire “Ça se passe à EuropaCity et nulle part ailleurs”, comme on écrivait à la fin des années 70, dans Libération, “Ça se passe à Beaubourg et nulle part ailleurs”. Une nouvelle race de magasin, en somme, pour reprendre le slogan adopté par une enseigne concurrente toujours au milieu des années 70.

Europacity, une nouvelle frontière culturelle, Libération, 26 mai 2016

 

 

En sursis

Les propos de l’ancien ministre de la Culture du gouvernement Raffarin n’ont pour l’instant soulevé que quelques quolibets sur les réseaux sociaux. Aillagon est plus chanceux qu’Anne Hidalgo, qui vient d’être condamnée à 500 euros d’amende – avec sursis – et un euro de dommages et intérêts pour avoir diffamé Jean-François Cabestan, architecte et historien. Dans une interview au parisien du 24 octobre 2014, la maire de Paris reprochait à Cabestan « d’avoir utilisé des documents municipaux à des fins personnelles, pour un colloque », faute qui justifiait son non-renouvellement au sein de la Commission du Vieux Paris. Les prises de position de Cabestan contre plusieurs projets soutenus par la Ville pouvaient laisser planer un doute sur une éventuelle sanction prenant pour prétexte une violation du règlement. Le tribunal n’a pas suivi l’interprétation de la maire, relevant notamment que Cabestan n’avait jamais fait « l’objet de remarques ou de mises en garde sur cette utilisation de documents » et que l’évocation du seul cas de l’architecte-historien « alors que la question qui lui était posée était formulée en des termes généraux, traduit un manque de prudence et une intention de nuire incompatibles avec la bonne foi ». Anne Hidalgo a fait appel, Jean-François Cabestan n’a pas retrouvé sa place de membre à la commission.

Le Figaro, 24 mai 2016

 

 

Ricardo, le retour

« Paris centre est une ville magnifique, mais intouchable. On peut difficilement y faire d’architecture nouvelle, plutôt de la rénovation… contrairement à ici, où beaucoup de choses sont possibles. » Ici, c’est loin de toute commission du Vieux Paris, à Noisy-le-Grand, où Ricardo Bofill revient pour visiter son projet du Palacio d’Abraxas 33 ans après son inauguration. Lieu de tournage de nombreux films, dont Brazil et Hunger Games, l’endroit était très décrié par la municipalité précédente, qui voulait le détruire. La nouvelle municipalité LR n’a pas d’allergie à cet ensemble de 610 logements, que l’on revoit d’un œil favorable. Le plus français des architectes catalans a été accueilli en héros par les habitants, relate le parisien : « “Merci d’être venu jusqu’à nous, mais surtout merci d’avoir conçu cet endroit qui nous plaît tant, qu’on ne quitterait pour rien au monde”, s’enthousiasme Sabah Hamida, 43 ans, locataire depuis 18 ans, en serrant la main de l’architecte. “Vous avez créé un quartier solidaire avec un esprit de village, où les pauvres côtoient ceux qui ont plus d’argent, où les jeunes vivent avec les vieux”». Une autre habitante lui a présenté un nourrisson, son neuvième fils, le septième né au Palacio. Au beau fil du temps, cette heureuse résidente pourra rencontrer Pablo Bofill, le fils de Ricardo, qui donnera bientôt son visa aux travaux de requalification financés par l’ANRU, l’État, la Région et des fonds privés.

Thomas Poupeau, “Noisy-le-Grand : l’architecte star de retour au Palacio”, Le Parisien, 17 mai 2016

 

 

Néandertal architectes & associés

Contrairement à Ricardo Bofill, il ne visitera plus son œuvre, l’anonyme néandertalien qui a arrangé 400 morceaux de stalagmites découpés et agencés en anneau au fond d’une grotte du Tarn, à Bruniquel. Et pour cause : la cérémonie de pose de la première pierre eut lieu voici 176 000 ans, soit 130 000 ans avant l’occupation de la grotte Chauvet, considérée jusqu’alors comme la plus ancienne grotte habitée. C’est ce que nous apprennent les recherches effectuées après la découverte de cette grotte en 1990, recherches dont les résultats viennent d’être communiqués par les archéologues. À leur grande surprise, ils ont trouvé une «  preuve de l’appropriation du monde souterrain par l’Homme de Néandertal. Un schéma que nous n’avions pas du tout imaginé jusqu’à présent”, explique Jacques Jaubert, professeur de préhistoire à l’Université Bordeaux 1. Qu’en pense la commission du Vieux-Bruniquel ?

April Guillermard, “Une construction humaine vieille de 176 000 ans découverte à Bruniquel”, Culture Box, France info TV le 26 mai 2016

 

 

Ici c’est la pierre

Rêvé en pierre, Abraxas avait dû être construit dans un béton préfabriqué beige singeant le calcaire. Après-demain, un tel ensemble pourrait-il être réalisé en pierre véritable ? La question n’est pas saugrenue, elle a même été posée aux participants d’un workshop organisé par l’AIGP du 25 au 29 avril dernier. Le matériau pourrait être mis à contribution pour la production d’une partie significative des 70 000 logements à construire chaque année sur le territoire métropolitain. La ville a une histoire avec la pierre, notait Pierre Levy, l’architecte à l’initiative de l’événement. Le regain d’intérêt pour le matériau est perceptible, des bailleurs et des architectes l’utilisent déjà pour la réalisation de petites opérations, telle celle de 32 logements conçue par Barrault & Pressacco pour la RIVP. Écologique, elle reste plus chère que le béton. Les maîtrises d’ouvrages soumises aux baisses de dotations publiques ont tendance à s’en détourner, note le quotidien Les Échos. Il sera difficile de l’utiliser dans l’opération “réinventons nos places”, lancée par la Ville avec un budget de 30 millions d’euros pour sept sites, contre 24 millions pour la seule place de la République. Il ne reste plus qu’une solution : lancer d’urgence “réinventer la pierre”, incitation officielle à devenir complètement stone sans que personne ne vienne vous la jeter – la pierre.

Agathe Mercante “Grand Paris : des architectes militent pour la pierre”, Les Échos, 25 mai 2016

 

Olivier Namias

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Gecina, acteur du 1% artistique

Gecina, acteur du 1% artistique

Jeudi 19 mai 2016 s’est tenue une soirée évènement autour de l’artiste JonOne au cœur du chantier de l’immeuble en rénovation au 55 rue d’Amsterdam, opération réalisée par Gecina.

Gecina_JonOne_performance

1 immeuble, 1 œuvre

Dans le cadre du programme « 1 immeuble, 1 œuvre » lancé par le Ministère de la Culture et de la Communication en décembre 2015, la société foncière immobilière Gecina, signataire de la chartre parmi 13 grands acteurs du secteur de l’immobilier, s’est engagée à commander ou acquérir une œuvre d’art auprès d’un artiste pour tout programme d’immeuble à construire ou à rénover. Soutenant la création contemporaine, Gecina commande à l’artiste de Street Art JonOne une œuvre exclusive qui intégrera les murs du 55 Amsterdam, actuellement en cours de rénovation.

 

55 rue d’Amsterdam, une restructuration lourde

Situé dans le 8e arrondissement, quartier de l’Europe, l’immeuble du 55 rue d’Amsterdam édifié en 1929 est totalement repensé par l’agence Naud et Poux Architectes. 12 350 m² d’espaces de travail neufs accueilleront 850 collaborateurs. L’opération de restructuration lourde de l’ensemble consiste en la redistribution des circulations verticales intérieures, la création d’un niveau total de locaux en rez-de-jardin (salles de réunion, restaurant…), la transformation contemporaine des façades des cours intérieures ainsi que de grosses reprises structurelles, notamment celle du plancher bas du rez-de-jardin existant. Enfin, une optimisation des apports de lumière naturelle sera optimisée par la pose de planchers de verre. L’immeuble, qui doit être livré en fin d’année, vise les plus hauts standards environnementaux avec les labélisations Well, Effinergie, BBC Rénovation et vise les certifications BREEAM Outstanding, Leed Platinium et HQE Renovation.

 

JonOne, exposer l’art urbain

Gecina_JonOne_performance

C’est donc au cœur du chantier du 55 rue d’Amsterdam qu’exposait éphémèrement JonOne, celui qui s’estime comme un précurseur ayant posé le Street Art comme un art reconnu en intérieur, entrant dans les musées. Exerçant depuis 28 ans en France, exclusivement sur toile, l’artiste a fait ses classes à New York : « J’ai commencé par peindre le métro de New York » nous dit-il. « Il faut imaginer que le métro est comme un musée qui bouge, c’est un lieu de communication idéal pour nous les artistes parce que les œuvres sont visibles par beaucoup de monde. Nos créations ne passent pas inconnues, elles ont un effet immédiat sur les gens » précise-t-il. L’évènement du 19 mai était donc centré autour de JonOne, l’occasion d’une exposition et d’une performance live haute en couleur. En effet, pour l’artiste issu d’un ghetto pauvre et « gris » de New York, la couleur est nécessaire à la vie ; elle a su le rendre heureux. De la même manière, selon lui, « l’art fait partie de la vie, les gens ont besoin de ça sinon la vie est plate ». Si la tentation est grande de rapprocher son travail de celui de Jackson Pollock, – du moins dans la finalité puisque les techniques différèrent au plus au point, JonOne préférant au jet de peinture l’art de la calligraphie -, à la question y-a-t-il un artiste qui vous inspire pour vos créations, il nous répond, sur de lui, « JonOne, moi-même ». Prochainement, pour l’artiste qui voit grand, peut être une exposition à Bordeaux ou à Beijing, en Chine.

 

Amélie Luquain

 

Grand Prix Afex pour le Musée national estonien

Le Grand Prix Afex 2016 pour le Musée national estonien sera remis à l’agence DGT (Dorell. Ghotmeh. Tane/Architectes) lors des journées d’ouverture de la 15e Exposition internationale d’architecture – la Biennale di Venezia

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Au cours du XXe siècle, l’Estonie a connu un « âge de l’éveil », se libérant des dominations de la Russie tsariste et soviétique. Rejoignant l’Union Européenne en 2004, elle a depuis lancé un programme de réforme économique et sociale. La création du Musée national estonien témoigne du désir de réveiller une identité nationale et une histoire culturelle. La proposition de DGT pour ce bâtiment de 34 000 m2, abritant une collection de 140 000 objets, a bousculé la demande du concours. Au lieu d’installer le musée sur le site proposé, DGT a choisi de se réapproprier une base militaire soviétique à proximité, présence physique d’une histoire douloureuse. La mise en œuvre sensible, matérialisée par l’envolée de la toiture, invite le visiteur à entrer au cœur du musée. Lieu de rassemblement et d’interaction, cet espace ouvert aux expositions et performances réconcilie les gens à un passé complexe.

PrixAfex_DGT_Estonie_musée

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©Takuji Shimmura

Le gymnase de l’Ariane, audacieusement local

Encastré sur les berges asséchées du Paillon, le gymnase de l’Ariane à Nice, livré récemment par l’agence CAB Architectes, rétablit le lien entre le fleuve et la ville.

CAB_gymnase_Ariane-Nice_vue depuis la rive

 

Gymnase Futsal de l’Ariane par CAB Architectes

« …Ils jouent face au fleuve, enfin redécouvert. L’eau s’écoule lentement. Les cris des enfants résonnent depuis la salle. Sous le soleil, la rue dort. Dans le contrejour, furtivement, leurs mains se frôlent. Un chat longe le grand mur. C’est l’été à l’Ariane… » Narration, CAB Architectes

 

Territoire (in)connu

Jean-Patrice CALORI, Bita AZIMI et Marc BOTINEAU, les architectes associés de l’agence CAB, originellement niçoise, construisent sur un territoire qu’ils connaissent bien ; la métropole Nice Côte d’Azur a déjà vu croître sur son sol des projets des trois architectes, notamment le Pôle Petite Enfance de la Trinité, qui a reçu l’équerre d’argent en 2012.

[masterslider id= »45″] Cette fois-ci, c’est à la pointe Est de la capitale de la Riviera, dans le quartier en cours de rénovation de l’Ariane, que s’élance le gymnase en bordure du Paillon. Prenant sa source sur le mont Auri et se jetant dans la baie des Anges, le fleuve capricieux de 36 km de long au lit asséché fut délaissé, voire boudé. Au XIXe siècle, l’extension des faubourgs conduisit à la couverture de l’embouchure du fleuve qui sera entièrement recouverte tranche par tranche, jusqu’à disparaitre du centre-ville. Ses parties découvertes seront abandonnées, détériorées, devenant un égout à ciel ouvert. Depuis quelque temps, comme beaucoup d’autres villes, Nice veut revaloriser son fleuve. Le réaménagement de la dalle au-dessus du Paillon en coulée verte par Michel Pena (2013) rappelle aux niçois qu’ils marchent au-dessus du fleuve. La parcelle dédiée au gymnase de l’Ariane se situe elle, plus en amont, face à une voie ferrée et une route cachée par un mur antibruit.

CAB_gymnase_Ariane-Nice_fleuve

 

Toiture audacieuse

La ville a choisi un parking abandonné sur les berges pour y construire un Futsal – destiné au football en salle – équipement qui manquait aux habitants du quartier. Répondant à un concours un peu flou, suggérant que le programme pouvait évoluer en salle multisports en cours d’études, les architectes ont pris l’initiative de proposer à moindre frais un terrain de sport supplémentaire… sur le toit. La solution évitait l’écueil d’une quelconque modification pendant la réalisation, le contexte urbain ne permettant pas de s’étendre au delà de la parcelle et les dimensions des terrains de sport fonctionnant difficilement par homothétie. De plus, l’agence CAB n’en est pas à son premier essai : habituée à construire dans la pente, rendre la toiture praticable est pour elle un sujet de prédilection. Ainsi la couverture du gymnase, prolongée par deux porte-à-faux, reçoit un terrain normalisé pour les sports type hand ou basket (22 x 44 m) superposé à la salle intérieure de foot, plus petite (18 x 30 m).

CAB_gymnase_Ariane-Nice_toiture

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Lien construit

Cet équipement tente avant tout de rétablir un lien entre la ville et son fleuve, deux entités qui s’ignoraient jusqu’alors. Placé perpendiculairement à la berge, il propose des vues transversales de la rue au fleuve et du fleuve à la rue. Encastré dans la roche, le gymnase est enterré jusqu’à la cote la plus proche du plan de protection des risques d’inondation ; les joueurs côtoient de très près le fleuve. Depuis le parvis, couvert par le débord de toiture, les passants bénéficient eux aussi d’une vue sur la rivière en contrebas au travers de grandes baies vitrées. L’entrée surplombe le terrain de sport et donne directement accès aux tribunes à rez-de-chaussée. En toiture se déploie le terrain extérieur multisports, dialoguant avec les collines environnantes ; il est bordé par un péristyle en béton comblé de grillage, clôturant l’aire de jeu en plein air, les colonnes participant pleinement de l’identité du projet.

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CAB_gymnase_Ariane-Nice_entrée

 

Trame rigoureuse

La structure de béton, constituée d’éléments coulés en place et d’autres préfabriqués, définit une trame matérialisée par le système poteaux poutres. Avec 25 m de portée, ces dernières sont posées sur leur âme – le nez de poutre étant laissé libre pour absorber les secousses sismiques – et leurs hauteurs sont surdimensionnées à 1,25 m afin d’y intégrer les éclairages et les fluides ; poutres et réseaux sont laissés apparents, tramant admirablement le plafond. L’entre-axe de 1,80 m se décline sur les façades vitrées. Par le béton brut, lissé à l’extérieur, ciré à l’intérieur, les architectes ont su conférer au bâtiment une neutralité au caractère puissant.

CAB_gymnase_Ariane-Nice_trame

CAB_gymnase_Ariane-Nice_trame

Empruntant à la rudesse du site, le bâtiment est indissociable du lit de la rivière. Ancré et ouvert sur le paysage, il tisse un rapport franc entre l’espace intérieur et l’environnement extérieur, souligné d’une trame quasi obsessionnelle, évoquant la rigueur de l’architecte suisse Luigi Snozzi.

[masterslider id= »46″]

 

Amélie Luquain

 

 

Fiche technique :

Gymnase de FUTSAL, Boulevard de l’Ariane à Nice. Maîtrise d’ouvrage : Ville de Nice Architectes : CAB Architectes (Jean-Patrice CALORI, Bita AZIMI, Marc BOTINEAU). Chefs de Projet : Giancarlo RANALLI et Marine CANGIONE. Programme : aire de jeu couverte futsal (18×30) gradins 160 places, bureaux associatifs, vestiaires, infirmerie, aire de jeu multisports extérieure, rangements, sanitaires… Surface de plancher : 1419 m2 + 1000 m2 surface terrain en toiture. Montant des travaux : 3.566.000,00 Euros HT. Temporalité : concours 2010, études 2011-2013, chantier septembre 2014 – avril 2016. Entreprises : LEON GROSSE : Terrassements, Gros-Œuvre, VRD, Etanchéité. CAPELLINI+FOSSAT : Serrurerie Menuiseries Métalliques. BUCHET : Courant Fort/Courant Faible. MENUISERIE GRASSOISE : Menuiserie Bois. AZUR CLIM : CVC, Plomberie, Chauffage. GIANI : Peinture. MEDITERRANEE CLOISONS : Cloisons, Faux-Plafonds

 

Courtesy CAB Architectes / Aldo AMORETTI

AR et 42 : l’enseignement du numérique

AR et 42 : l’enseignement du numérique

« Jamais deux sans trois », nous dit le dicton. Après Michel Rémon qui remporte un concours a Tel Aviv, Manuelle Gautrand en Suède et en Australie, c’est au tour de l’agence d’architecture parisienne AR de s’exporter, installant le modèle de l’école 42 dans la Silicon Valley (US).

Studio d'Architectures AR_US 42

Née d’une réflexion sur les questions de l’innovation technologique dans l’éducation, l’école 42 (Paris 17e) est une école d’informatique privée destinée à former gratuitement des développeurs. Celle-ci propose une pédagogie alternative, sans professeur ni cours, dans des espaces allant du plus intime au plus ouvert. Trois ans après sa livraison en France, les co-fondateurs de l’école 42, Xavier Niel, Florian Bucher, Nicolas Sadirac et Kwame Yamgname, exportent leur modèle sur le continent américain, dans la Silicon Valley (San Francisco), avec l’aide du Studio d’architectures AR – en références aux initiales de son fondateur Adrien Raoul.

Studio d'Architectures AR_US 42

A contrario des projets pharaoniques alentours, que sont le siège d’Apple par l’architecte Norman Foster, de Google conçu par BIG et Heatherwick ou encore de Facebook par Frank Gehry, le projet cherche à transposer les nouveaux principes pédagogiques et sociologiques liés à l’ère numérique en architecture. Un ancien bâtiment sera rénové, accueillant 10 000 m2 d’école et 8 000 m2 de dortoirs. La première phase, l’aménagement d’un open space de 5 000 m2, sera livrée à l’été 2016. Cette salle de travail sera divisée en 5 zones suivant un diagramme mathématique (Voronoï) afin de proposer aux étudiants la distance la plus courte aux escaliers et aux différentes commodités.

Studio d'Architectures AR_US42

AR et 42 sont également lauréats de Réinventer Paris, pour la construction de deux bâtiments à la programmation inédite, les NOC 42, situés en face de l’école parisienne. Les architectes se questionnent sur l’accès au logement pour les étudiants, complexe car souvent trop cher. De fait, ils proposent de réinventer le dortoir sur la parcelle en face, en proposant des cellules de lits temporaires. En façade, la composition pixellisée exprime le processus de numérisation.

Studio d'Architectures AR - US 42

Ensemble, l’école 42 Paris (maîtrise d’œuvre In&Edit ; Adrien Raoul, associé, chef de projet), 42 US et NOC 42 semblent annoncer une nouvelle typologie de bâtiment influencé autant par la pédagogie liée au numérique que par les dispositifs architecturaux.

Amélie Luquain

 

Courtesy Studio d’architectures AR

 

Koolhaas, Crasset, Starck… :  la revue de presse du 24 mai 2016

Koolhaas, Crasset, Starck… : la revue de presse du 24 mai 2016

Archi millionaire et SDF au bureau : Koolhaas, Crasset, Starck…

 

revue de presse
in Le Parisien

 

Blindé

« Toutefois, j’ai du mal à vous suivre sur la solution que vous recommandez », écrit Laurence Parisot à Libération en réponse à l’appel du quotidien à limiter la rémunération des dirigeants du CAC 40. Pourquoi ? Entre autres parce que « ce principe ne s’appliquerait qu’aux entreprises cotées. Donc, un gérant de cabinet d’architecte qui gagne plus de 2 millions d’euros et qui fait travailler une bande de stagiaires mal rémunérés ne serait pas concerné », affirme sans crainte de la caricature l’ancienne présidente du MEDEF, qui dit voir dans le poujadisme une menace sur la société. D’après l’observatoire de la profession établi par le Conseil national de l’ordre des architectes (CNOA), le revenu moyen d’un architecte avant impôt est de 33 234 euros par an (chiffre 2013), et selon le classement établi par le magazine d’a, seules 212 des 11 000 agences françaises déclarent un résultat supérieur à 2 millions d’euros. Encore s’agit-il de chiffre d’affaires de l’entreprise, pas de son bénéfice, et encore moins du salaire des dirigeants, souvent associés. Une question reste en suspens : Mme Parisot a-t-elle lancé un chiffre au hasard, ou s’est-elle inspirée d’une personne qu’elle a rencontrée dans la vraie vie ?

Vu sur Libération, le 19 mai dernier

 

Affaires à faire

Si l’envie lui prend d’investir une année de son salaire dans l’immobilier, notre architecte millionnaire pourra se porter acquéreur de la première œuvre de son confrère Philippe Starck. Baptisée maison Le Moult en « en l’honneur de son tout premier propriétaire, cette demeure de 350 mètres carrés, qui fut la première construite par Philippe Starck en 1987, se situe au cœur de l’île Saint-Germain à Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine. Elle se compose de 9 pièces et d’un terrain de 150 mètres carrés, et se distingue par ses grands volumes, son ponton privatif sur la Seine et ses deux escaliers semblant dessiner les pattes d’un sphinx (d’où l’idée de Starck de la surnommer le “Sphinx à deux faces”) » apprend-on sur le site Konbini, qui communique également le prix cette icône inconnue de l’architecture : 2 050 000 €. Il ne s’agit en fait que d’un prix de départ : le bien sera adjugé au plus offrant à travers une sorte de système d’enchères, détaille le Figaro. Pas dit que l’architecte de Mme Parisot arrive à suivre.

http://www.konbini.com/fr/inspiration-2/maison-philippe-starck-encheres/

vu sur Le Figaro, le 17 mai dernier

 

Archimal

De toute façon, « l’architecture a un sérieux problème aujourd’hui » — c’est le chef de la profession, le number one Rem Koolhaas qui l’avoue sans fard au détour d’une conversation avec le doyen de l’Harvard Graduate School of Design. Rem, qu’on a connu plus synthétique explique le malaise par plusieurs facteurs : le manque d’appétence pour la contradiction, le rythme trop lent du métier qu’il faudrait compenser… Et pour lui, une architecture forte n’est pas le fait de l’architecte tout seul : elle est due pour moitié à l’ingénieur. Va-t-il falloir bientôt partager les Pritzker ?

vu sur Co.Design, le 21 mai dernier

 

n’habite plus au bureau indiqué

Dans la même interview, Koolhaas exhorte également les architectes à s’engager socialement. Sept étudiants de l’INSA (Institut national des sciences appliquées) et de l’école d’architecture de Toulouse ont anticipé le conseil de leur aîné. Ils proposent d’installer des modules dans les bureaux vides, une « sorte de seconde peau, montable et démontable en quelques jours » pour héberger des migrants ou des SDF. La solution pourrait aussi être envisageable dans les bureaux en cours de commercialisation, le propriétaire trouvant son compte dans la perception d’un loyer et l’occupation des lieux, garantie contre le vandalisme et le squats. Baptisé Instant Modular Home, ce projet d’étudiants pourrait être prochainement transformé en entreprise.

vu sur Le Monde, le 21 mai dernier

 

Kiosque amer

« Poubelle » ou « Gros conteneur », voilà les métaphores qu’inspire à certains élus du conseil de Paris le look des futurs kiosques à journaux de la capitale. Grogne chez les élus, pas consultés sur le sujet ou sommés d’approuver un changement sans qu’on leur ait présenté aucune esquisse. Pour faire taire la bronca, Bruno Julliard, premier adjoint à la mairie, a mis en avant l’identité de l’auteur de cet objet de discorde : Matali Crasset, «l’une des designeuse française les plus reconnue au monde, a signé ces nouveaux mobiliers urbains». Quid des anciens édicules de presse et en forme de module d’alunissage digne d’Archigram – structure en tube d’acier chromé, connecteurs sphériques et panneaux plexi fumés – dessinés par André Schuch en 1980 ? Leur destin est-il de finir à la benne? A quand une commission « touche pas à mon kiosque » lancée par des élus nostalgiques et soucieux de tous les patrimoines parisiens ?

vu sur Le Parisien, le 12 mai dernier

 

Olivier Namias

Arsis Evolution : pour une douche confortable et sûre

Arsis Evolution : pour une douche confortable et sûre

Fabricant français spécialisé dans les accessoires de salles de bains et toilettes pour collectivités, Pellet lance la gamme Arsis Evolution, une collection évolutive d’équipements interchangeables. Idéal pour assurer sécurité et confort sous la douche, le tout avec un design sobre et efficace.

Arsis vous offre sécurité et confort pour la salle de bain

Composée d’accessoires destinés au confort et à la sécurité dans la salle de bain ou les toilettes, la gamme Arsis Evolution offre des équipements ergonomiques au design épuré qui vous garantiront une sécurité maximale sous la douche. Sa particularité ? Tous ses éléments sont amovibles et interchangeables, permettant ainsi de transformer sa salle de bain facilement et sans travaux. Une aubaine pour les hôteliers, maisons de retraite et autres collectivités, pour lesquelles une salle de bain doit pouvoir être utilisable par tous.

siege de douche arsis
Une douche à l’italienne classique rendue ergonomique et confortable.

 

Une gamme d’équipements pratiques et design

Les sièges de douche escamotables et livrés avec une béquille de soutien sont ainsi déclipsables de leur support mural et interchangeables avec la tablette de douche Arsis, qui se monte sur le même support. Un aspect modulaire et évolutif qui simplifie l’entretien et permet de monter et démonter à sa guise l’ensemble du matériel. Les barres de maintien sont quant à elles disponibles en trois finitions (blanc, blanc et chromé mat ou chromé brillant) et assez épaisses (38 x 25 mm) afin de permettre une meilleure préhension. S’adaptant à toutes les configurations, cette collection sécurise la douche tout en ajoutant confort et une touche d’élégance à la salle de bain grâce à son design soigné et à son esthétique universelle.

siège+barre arsis
La gamme Arsis Evolution offre des équipements interchangeables à partir d’une seule fixation.
Global Award 6/6 : Small is beautiful

Global Award 6/6 : Small is beautiful

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Sunnyhills Shop, Tokyo, Japon, 2013 @ Edward Caruso

Kengo Kuma, Tokyo, Japon

Kengo Kuma nous propose un tour d’horizon de sa pratique, en commençant par sa genèse. Suite au séisme de Tohoku en 2011 et à la catastrophe de Fukushima qui s’en est suivie, l’architecte japonais s’est rendu sur place pour photographier les lieux. En découlera, selon lui, sa pratique, inspirée du plus petit, reprochant qu’une profusion de réglementations paranoïaques ait balayé à revers de béton son adorée architecture de bois (notamment à Tokyo). Ainsi, Kengo Kuma pourrait s’apparenter à un conservateur nostalgique souhaitant retrouver sa ville d’avant guerre, une ville à la silhouette basse construite en bois, le béton ayant tué la sensibilité japonaise.

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Meme Meadows, maison expérimentale, Hokkaido, 2011 @ Kengo Kuma & Associates

Mais l’architecte prône surtout une économie de la construction. Dans son livre Small Architecture / Natural Architecture, il avance que l’histoire de l’architecture et son ascension rendue possible par la technologie n’est pas nécessairement une marche en avant. Kengo Kuma préconise de construire plus petit, de « se priver des grands systèmes, se servir de nos mains et de nos ruses animales ». Pour lui, la notion de dimensionnement est fondamentale. Il a su développer une architecture de particules, où le plus grand est possible à partir de la répétition, l’accumulation et la variété du plus petit.

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GC Prostho Museum Research Center, Aichi Prefecture, Japon, 2010 @ Daici Ano

L’architecte se distingue par l’intelligence de ses assemblages de bois. Le Sunnyhills Shop à Tokyo et le Centre de recherche du musée Prostho en témoigne : Kengo Kuma agence en treilles structurels des tiges de hinoki (cyprès du Japon), assemblés sans fixation, à la manière d’un jeu de chidori pour enfants. Si très peu d’énergie grise est utilisée, ses projets nécessitent beaucoup de matière grise, selon les dires de Jana Revedin. En portant un soin attentif à des matériaux traditionnels fondamentaux (pisé, chaume, papier, bambou…), Kengo Kuma exprime la nature comme un système complexe.  

Amélie Luquain

 

Courtesy Cité de l’Architecture et du Patrimoine

 

Global Award 5/6 : Vallée universelle

Global Award 5/6 : Vallée universelle

GASA_Caminada_Suisse
Tour d’observation du delta de la Reuss, Altdorf, Suisse, 2012 @ Emeline Curien

Gion Antoni Caminada, Vrin, Suisse

Gion Antoni Caminada, architecte des communautés rurales, construit principalement à Vrin, son petit village natal de 250 habitants, situé en région montagneuse à l’ouest du canton Suisse des Grisons. L’architecte qui parle le romanche, est aussi citoyen et charpentier de formation. G.A. Caminada contribue à la vie de son village, qui fait partie intégrante de la sienne. Sa démarche se nourrit de lecture de philosophe français, Bruno Latour ou Henri Lefebvre, tandis que l’écriture lui permet de penser sa pratique : dans ses textes, il propose neuf thèses devant permettre aux territoires excentrées de se développer de manière autonome*. L’architecte entend lutter contre deux types d’aliénation qui menacent les villages, qui sont la muséification et la soumission aux techniques industrialisées, aux normes et aux schémas « universels ».

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Salle polyvalente de Vrin, Suisse, 1995 @ Emeline Curien

Gion Antoni Caminada construit peu, lentement. Sa pratique est fondée sur la confiance, sur l’échange tranquille avec le territoire et ceux qui l’habitent. « Je crois que les gens ont besoin d’avoir une prise sur ce qui les entoure pour exercer leur responsabilité sur leur lieu de vie et sur l’environnement », nous dit-il, les espaces étant directement en lien avec ceux qui les occupent. Sa réflexion porte sur l’économie du village. Les édifices qu’il dessine tissent indissociablement les dimensions spatiales nécessaires aux enjeux symboliques, culturels et politiques. Ses projets se veulent dans la continuité de la substance bâtie, sans mimétisme avec les constructions adjacentes. L’architecte conçoit pour le village des maisons, la salle polyvalente ou encore l’arrêt de bus.

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Maison funéraire de Vrin, Suisse, 2002 @ Emeline Curien

Il nous présente un de ses travaux : une chambre funéraire dont la conception a duré 7 ans. En préliminaire, il lui a fallu comprendre les étapes du deuil dans une société contemporaine qui refoule de plus en plus la mort et, dans un même temps, rendre possible de nouvelles formes de rituels et veillées funéraires, dans un lieu autre que l’habitat, à mi-chemin de l’église et du cimetière. Le bois massif empilé, technique constructive traditionnelle, est choisi parce qu’il est issu d’une filière locale et transformé sur place. En plus de son esthétisme fort car l’architecte semble creuser dans la masse, l’utilisation de ce matériau lui permet de créer de la valeur ajoutée au sein du territoire et de se libérer de la dépendance à l’industrialisation. Gion Antoni Caminada cherche à sauvegarder les forces sur place malgré l’exode rural ; ce qui est spécifique à Vrin peut être amplifié.

* Bettina Schlorhaufer, Cul zuffel e l’aura dado, Gion A. Caminada, Lucerne : Quart, 2008

Amélie Luquain

 

Courtesy Cité de l’Architecture et du Patrimoine

Global Award 4/6 : Terre à terre

Global Award 4/6 : Terre à terre

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ENSAG, semaine intensive. Etudiants de première année et leur projet de chapeaux @ ENSAG

Patrice Doat, Grenoble, France

Patrice Doat, dont le nom est associé au laboratoire de recherche CRAterre, fait son show. Il nous arrive tout droit de l’école de Grenoble accompagné d’une foule d’étudiant en délire. Il revendique une pédagogie ouverte, innovante et même libératoire où les savoirs se décloisonnent. Postulant que l’acte de construire est plus important que son résultat, il enseigne par le faire. L’architecte développe une pédagogie active où la créativité se fait par l’expérimentation. Les élèves sont « malmenés, déstabilisés » dès la première semaine de rentrée, selon les mots de l’enseignant. Une série d’exercices inattendus et très rapide les attend. Il leur faut dessiner le plan, la coupe, la façade de la Cathédrale Notre-Dame en 5 minutes, de même pour les 7 Merveilles du monde. Peut-être trouverez-vous la forme à la fois tangente à un cercle, un triangle et un carré ; simple exercice de géométrie descriptive. Mais essayez donc de retourner un œuf ? Une pédagogie de l’impossible où tout devient possible !

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La maison de Mari (Mésopotamie, -3000 av. J.C.). Réalisation par les étudiants d’un habitat et d’une architecture qui met en espace le plan du cercle, du carré et du triangle @ DR

Les élèves redoubleront d’ingéniosité pour fabriquer une machine à lancer un œuf sans le casser – ce bien-aimé œuf – ou pour produire une brique sans terre. Leurs couvre-chefs seront fait d’architecture en carton, tandis que leurs corps appréhenderont l’espace dans les ateliers de l’Isle d’Abeau. Si Patrice Doat est connu pour avoir co-fonder CRAterre en 1979, lieu de recherche et de transmission sur la construction et l’architecture de terre, il a aussi le mérite d’avoir ouvert en 2001 les Grands Ateliers de l’Isle d’Abeau, dédiés aux étudiants, lieu où les idées constructives peuvent prendre taille réelle. Encore une manière pour l’enseignant de développer sa théorie architecturale du processus, où le temps continu du « penser » et du « faire » est plus constituant que la livraison du produit.

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La maison de Mari (Mésopotamie, -3000 av. J.C.). Réalisation par les étudiants d’un habitat et d’une architecture qui met en espace le plan du cercle, du carré et du triangle @ DR

Théorie qu’il développera prochainement dans un Traité de la pédagogie et de la créativité architecturale par l’expérimentation. Patrice Doat a su renouveler une discipline à partir de son matériau le plus archaïque, la terre. En éprouvant la matière, il a su faire de l’écologie le ressort d’un renouvellement des paradigmes de l’architecture et de son environnement.

Amélie Luquain

 

Courtesy Cité de l’Architecture et du Patrimoine