L’Université Paris-Dauphine et Les Architecteurs s’associent pour créer la formation «Diplôme Universitaire Business Management, Parcours Responsables d’entreprise d’architectes et de contractants généraux ». Inscriptions ouvertes, 2e promotion, novembre 2016. www.management-architecte.dauphine.fr
L’agence d’architecture française Manuelle Gautrand Architecture remporte deux projets à l’international : l’un à Stockholm (Suède) pour la restructuration-extension d’un ensemble immobilier tertiaire, l’autre à Parramatta (Australie) pour la construction d’un bâtiment communautaire et municipal.
Axonométrie des plateaux du bâtiment communautaire et municipal à Parramatta (Sydney)
Restructuration-extension du Brädstapeln à Stockholm
Situé en plein cœur de Stockholm, proche de la gare centrale, l’ensemble immobilier de 40 000 m2 nommé « Brädstapeln » est emblématique de l’architecture brutaliste qui s’est imposée en Suède dans les années 70-80. Émanent d’une consultation privée lancée par les copropriétaires de l’ensemble, l’opération est confiée à Manuelle Gautrand pour la conception des 15 000 m2 de surélévation, associée à l’agence suédoise Equator pour la restructuration lourde du socle du bâtiment existant. Fruit du hasard, on notera que l’agence Equator avait implanté un village sur le toit du Klara Zenit (Stockholm), un autre immeuble des années 70.
L’idée : réveiller ce patrimoine en le dotant d’une coiffe digne de ce nom. Celle-ci sera formée de volumes losangés, juxtaposés les uns aux autres dans un mouvement ascendant, étagés sur deux niveaux en partie sud, coté ville historique et sur quatre en partie nord, face au canal. Entre l’existant et la surélévation, se glissera un espace de respiration constitué d’un jardin en belvédère sur le territoire. Le chantier devrait démarrer en 2017.
Équipes concurrentes
MANUELLE GAUTRAND ARCHITECTURE (Paris-France) associée avec EQUATOR (Stockholm – Suède)
SNøHETTA (Oslo – Norvège)
SRATEGISK (Stockholm – Suède)
Construction d’un bâtiment communautaire et municipal à Parramatta
Cette fois-ci issue d’un concours public lancé par le Parramatta City Council, un quartier de Sydney, la future construction d’un bâtiment communautaire et municipal dénommé PS4 prendra place au sein d’un important aménagement urbain, le Parramatta Square Urban Development. Toute une logique !
Pour cet équipement mixte de 12 000 m2, qui regroupera des salles du conseil municipal, une médiathèque, un « hub technologique », des espaces associatifs, un « centre de contrôle Smart City », etc… la ville de Parramatta souhaitait « un objet architectural iconique ».
Face à une vaste esplanade, le bâtiment prolongera l’Hôtel de Ville historique. La volumétrie sera sculptée selon la course du soleil, les contraintes urbaines imposant le respect de l’ensoleillement de l’espace public. Ainsi, le plan de la façade sud s’inclinera, tandis que la façade nord s’élèvera vers le ciel. L’ensemble, marqué par le jeu de décalage des volumes cristallins, sera parsemé de terrasses, jusqu’au haut du bâtiment qui semblera se dématérialiser.
Équipes concurrentes
MANUELLE GAUTRAND ARCHITECTURE (Paris-France), associé avec les agences DESIGNINC (Sydney-Australie) et LACOSTE+STEVENSON(Sydney – Australie)
JOHNSON PILTON WALKER (Sydney – Australie)
FRANCIS-JONES MEREHEN THORP (Sydney – Australie)
S.J.B. (Melbourne – Sydney – Australie) associés à LAHZNIMMO ARCHITECTS (Sydney – Australie)
Suivant l’exemple de l’architecte français Michel Rémon qui s’exporte à Tel Aviv, Manuelle Gautrand va construire elle aussi, à double reprise, des projets en territoires étrangers face à des équipes d’architectes locales. Est-ce là le début d’un renouveau pour l’architecture française qui peine à accéder à des commandes emblématiques sur son propre sol face aux « starchitectes » étrangères ?
Vele Secondary School, Vhembe District, Limpopo, Afrique du Sud, 2005 @ ECA
East Coast Architectes, Derek Van Heerden & Steve Kinsler, Durban, Afrique du Sud
Derek Van Heerden et Steve Kinsler, fondateurs d’East Coast Architectes, exerçant dans leur province d’Afrique du Sud, le Kwazulu Natal, ont un modèle économique hors norme. Au moment où ils reçoivent le Global Award, leur agence est – à nouveau – en péril, nous confient-ils. « Les gens travaillent avec nous et non pour nous », continuent les architectes, en résistance contre les lois du marché. « Nous faisons le travail que personne ne veut faire », disent-ils. De quoi provoquer la profession.
Vele Secondary School, Vhembe District, Limpopo, Afrique du Sud, 2005 @ ECA
Ceci étant-dit, les fondateurs nous présentent la production d’East Coast, qu’ils définissent comme une agence de « développement rural », s’expatriant dans la province excentrée du Kwazulu Natal. Leurs projets, financés par des fondations et ONG, sont essentiellement des équipements sanitaires et des écoles bâties à partir de convictions écologiques et participatives. Cette démarche s’appuie sur les compétences des deux associés – Derek Van Heerden, expert dans les programmes éducatifs, Steve Kinsler, spécialiste en agronomie et développement rural – permettant à un modèle économique peu stable de perdurer dans le temps.
7 Fountains primary school @ ECA
Leur méthode, de la même manière que Patama Roonrakwit, consiste à s’immerger dans le milieu étudié, parfois pendant plusieurs mois, pour en comprendre les tenants et aboutissants. Leur objectif, répondre à des besoins réels plutôt que d’imposer des systèmes standardisés, réglementés. Derek Van Heerden & Steve Kinsler nous présente deux projets d’écoles, l’un à 7 Fountains, l’autre à Vele. Ces deux projets se démarquent par une construction participative. Pour l’une, qui subit les affres de la surpopulation, le travail commence en toute spontanéité avec les élèves qui dessinent le portrait de leurs camarades, le tout étant transposé sur les vitrages de l’école, dissuadant toute dégradation. Viennent ensuite les femmes qui fabriquent les briques en pisé, se réappropriant des techniques de construction oubliées. Bref, les ressources locales sont utilisées et surtout les Ecoles font école par elles-mêmes. Par l’organisation de la vie collective, par leur construction, la gestion de l’eau et de l’énergie, elles deviennent des microcosmes où le jeune se forme par immersion.
Rénovation du bidonville du marché de Minburi, Bangkok, Thaïlande, 2009 @ CASE Studio
Case Studio, Patama Roonrakwit, Bangkok, Thaïlande
Patama Roonrakwit intervient sur la ville précaire. Fondatrice de Case Studio en 1997 à Bangkok, l’architecte travaille à l’auto-développement des quartiers informels en Thaïlande, au Viêtnam, au Cambodge et au Laos. Selon elle, l’habitat précaire est l’échec d’une modernité radicale, qui ne sait ni contenir le problème, ni le comprendre. La ville générique est une utopie qui ne se perçoit que d’en haut, a contrario des multiples différences de la ville informelle qu’elle parcourt à hauteur d’homme pour en saisir les schèmes spatiales et sociales, souvent très ajustés à leur milieux.
Relogement des habitants du quartier de Santitham à Chiang Mai, Thaïlande, 1996-1997 @ CASE Studio
Pour débuter sa présentation, Patama nous montre la plus petite maison qu’elle n’est jamais vue, construite par son occupant sur le toit d’un ancien cinéma dans la capitale du Cambodge. De quoi nous immerger dans la précarité sévissant en Thaïlande. Suivent plusieurs exemples d’habitat auto-construits qu’elle a découvert au gré de ses parcours, comme une maison autrefois cossue investit par les plus démunis, un bidonville dont les hauteurs s’ajustent à celles de l’autoroute, un autre implanté sur un trottoir de 2 m de large. A chaque fois, l’architecte observe la façon dont l’être humain, fort d’innovation, s’adapte au contexte, persuadé que dans ces sociétés de survie, il développe des méthodes, des process de création. Pour l’anecdote, on notera à Osaka une maisonnette construite à partir de bouteilles recyclées par un japonais, qui fait aujourd’hui partie des collections d’une galerie d’art ; son occupant accédant au rang d’artiste.
Sa méthode : considérer comme milieu la ville précaire, analyser ses régulations et ses manques au travers d’une pratique patiente. Pratique appliquée auprès des habitants, avec qui elle met en place une conception participative, préférant une réponse adaptée à leur mode de vie plutôt que l’application d’une architecture standardisée, au programme préétabli.
Projet d’habitation coopératif TEN House, Bangkok, Thaïlande, 2006 @ CASE Studio
Ses méthodes, acquises auprès des plus démunis – habitat ajusté à chacun, régulation communautaire, processus d’auto-construction – Patama les transpose aux classes moyennes : CASE lance TEN House Bangkok en 2008, renversant les schémas classiques, consistant à appliquer les innovations des classes supérieures aux strates inférieures.
L’architecte terminera par l’interrogation « Who is poor ? », se questionnant sur ce que signifie la notion de « pauvre ». Il semblerait que la classe moyenne, coincée entre les riches et les plus démunis, soit saisie d’une pauvreté informelle, livrée à l’absence de toute vision alternative de l’habitat.
Lundi 09 mai 2016, s’est tenu à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine le symposium des Global Award for Sustainable Architecture 10th, lors duquel ont été remis les prix aux 5 lauréats : l’agence thaïlandaise Case Studio, fondée par Patama Roonrakwit, pour son approche des milieux défavorisés ; les architectes d’East Coast, Derek Van Heerden & Steve Kinsler, en Afrique du Sud, pour leurs microcosmes formateurs ; le français Patrice Doat, co-fondateur de CRAterre, pour sa pédagogie de l’impossible ; Gion Antoni Caminada, de Suisse, pour sa réflexion critique sur la matière habitée ; et enfin le japonais Kengo Kuma, pour une innovation continue de la culture constructive. Retour sur le déroulement de ce symposium.
Fondé en 2006 par le Fonds Locus et son partenaire culturel la Cité de l’Architecture et du Patrimoine, les Global Award for Sustainable Architecture récompensent chaque année 5 architectes internationaux pour leur démarche innovante, partageant le même souci des enjeux environnementaux. Le prix soutient des architectes ayant décidé de sortir des rangs pour penser leur discipline autrement, des rebelles*, dirait Jana Revedin, présidente-fondatrice de Locus et membre du comité scientifique du prix au coté de Marie-Hélène Contal, également directrice du développement culturel à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine.
Rénovation du bidonville du marché de Minburi, Bangkok, Thaïlande, 2009 @ CASE Studio
Cette année, le prix a eu pour thématique le Temps : « Qui va piano va sano », avec un temps considéré comme ressource d’une économie durable, a contrario d’une économie productiviste pour laquelle on pourrait utiliser la maxime « le temps, c’est de l’argent ».
ENSAG, semaine intensive. Etudiants de première année et leurs projets de chapeaux @ ENSAG
Parmi les lauréats, certains exerçant dans des pays émergents quand d’autres font déjà parti de la « Ligue » des architectes reconnus (selon les termes des organisateurs), émanent plusieurs thématiques. D’une part, l’immersion. Immersion dans un milieu social, dans une communauté, qu’elle soit ethnique ou culturelle, mais aussi dans un territoire géographique donné, circonscrit, un village en Suisse ou une région rurale en Afrique-du-Sud. D’autre part, la transmission, qu’elle soit liée à un enseignement pédagogique ou à l’enseignement par l’architecture. Une transmission qui doit permettre l’auto-développement et la responsabilisation de chacun. Des pratiques qui se font dans le temps. Bien entendu, l’utilisation de matériaux écologique est de rigueur, poussé par une redécouverte du vernaculaire.
Maison forestière à Domat-Ems, Suisse, 2013 @ Emeline Curien
Au-delà de ça, ce que l’on retiendra avant tout est qu’il faut laisser à la précarité sa richesse et s’inspirer de ses innovations. Regain d’optimisme. Mais pris de l’autre coté, au négatif, ces exploits architecturaux ne sont que la dénonciation d’une société lassée des réglementations et des systèmes, où la solitude de l’homme moderne devient pesante et où le désir d’export montre la nécessité de s’en aller, pour aller conquérir d’autres cités. A l’aube de sa dixième édition, il semble que le temps des Global Award s’essouffle…
Vele Secondary School, Vhembe District, Limpopo, Afrique du Sud, 2005 @ ECA
*in La Ville rebelle, Editions Alternatives, 2015
Amélie Luquain
La présentation des lauréats à découvrir tout au long de la semaine
« Il y a quelques merdouilles (it has a couple of screw-ups) » a admis Rafael Viñoly évoquant des malfaçons sur sa tour du 432 Park Avenue, l’un de ces nouveaux gratte-ciel pour super-riches qui crèvent la skyline de Manhattan. L’architecte uruguayen présentait son bâtiment de 96 niveaux et 426 mètres de haut lors d’une conférence organisée par des promoteurs. En cause, notamment, six fenêtres carrées de 10 pieds (environ 3x3m) à chaque étage, qui transformeraient les appartements en serres tropicales. « C’était l’idée d’Harry », a dit l’architecte en montrant presque du doigt son maître d’ouvrage, le promoteur Harry Macklowe. Peut-être, mais ce n’est pas le premier problème de Viñoly avec les ardeurs de l’astre solaire : son immeuble de bureau londonien, surnommé le talkie-walkie par la population locale, avait littéralement mis le feu aux véhicules stationnés sur le parking voisin. La façade incurvée concentrait les rayons à la façon d’un four solaire. « Nous avions fait beaucoup d’erreur sur ce bâtiment », avait dit l’architecte. Faute avouée, à moitié pardonnée ?
Décidément désireux d’en découdre, Viñoly ne s’est pas contenté d’égratigner ses promoteurs. Il s’en est pris à ses collègues, passant de la contrition à l’offensive au cours de la même conférence : « Quel est le nom de ce bâtiment fait par ce type français ? Il aurait été bien mieux sans toutes ses vitres. Je pense que c’est un bâtiment absolument horrible ». Qui c’est celui-là? Transmis au French Guy, Christian de Portzamparc, qui appréciera cette description synthétique de sa tour du One 57 sur la 57e rue.
Pendant que Viñoly éreinte son monde à New York, on inaugure un musée sur la Côte Est. Frédéric Edelmann a visité l’imprononçable SFMOMA (San Francisco Museum of Modern Art) à quelques jours de son ouverture au public. L’occasion pour le critique d’architecture du quotidien Le Monde de confronter les –otta et les –etta, soit Mario Botta, architecte tessinois du premier SFMOMA construit en 1995, et Snøhetta, agence norvégienne qui construira d’ailleurs le futur siège du Monde. La comparaison n’est pas à l’avantage du musée originel, icône post moderne vieillissante qui présente pour Edelmann « l’embonpoint d’un temple khmer » totalement dépourvu d’élégance. L’éclairage « zenithophile » bottien jette dans les salles de l’ancien musée l’ambiance d’un tombeau passablement triste, juge le critique, préférant les nouvelles ouvertures latérales imaginées par les Norvégiens. Comparant l’accroche de l’extension sur l’existant à « un gros cocon oblong et ventru, qui s’accroche en en dévorant un morceau, au bâtiment initial », Edelmann rejoint cependant ses confrères américains, qui ont qualifié le bâtiment de «paquebot», «grosse meringue» ou encore «d’iceberg». Cette masse forme-t-elle au moins un «beau tas» ? La question reste pour l’instant sans réponse…
Frédéric Edelmann, « un cocon blanc pousse sur le SFMOMA », Le Monde, 10 mai 2016.
Déçu
L’architecte Pablo Katz n’est pas revenu enthousiaste de sa visite du Wilhelmsburg Centre, quartier innovant réalisé dans le cadre de l’IBA 2013 (Exposition internationale du bâtiment) à Hambourg. « L’innovation technique n’a pas produit de qualité urbaine ni architecturale », constate Pablo Katz, qui voit dans le quartier une réussite en terme de communication, et un échec du point de vue du projet social. Plus fâcheux, les défaillances de l’Algenhaus, une maison dite intelligente devenue l’une des attractions de l’IBA, grâce à ses panneaux de verre intégrant la culture d’algue à l’édifice. Les algues qui devaient transformer la biomasse en chaleur se sont décomposées, émettant des gaz toxiques plutôt que de la chaleur. Lors du passage de Katz, les 129 panneaux étaient en cours de dépose ! Souhaitons plus de succès aux projets français explorant des systèmes similaires.
Lu dans le n° 23 de Construire! Tribune libre aux architectes, urbanistes et acteurs de la ville et du logement. Disponible sur demande par mail à construire.archi@gmail.com
Mayatown
En croisant des images Google earth avec le plan des constellations, un jeune canadien de 14 ans a découvert une cité maya inconnue à la barbe des archéologues les plus chevronnés. La nouvelle cité se trouve sur la pointe d’un triangle d’étoiles reporté sur le plancher des vaches. Les deux autres sommets sont déjà occupés par des villes antiques. Problème : les Mayas utilisaient leur propre système de constellations qui demeure largement inconnu, et n’a rien à voir avec le nôtre, hérité des traditions helléniques. Enfin, aucun archéologue fouillant la zone depuis plus de 20 ans n’aurait pu passer à côté de ce site de plus de 102 m2, aussi grand que Paris. Le carré vert perceptible sur les images satellites laissant supposer la présence d’une intervention humaine serait plutôt un champs de cannabis qu’une ville, expliquent les spécialistes, critiques sur la capacité des médias à propager cette information sans la vérifier. Un abus des substances tirées du carré vert maya chez nos confrères de la presse canadienne ?
Nouvelle star
Ne cherchez plus les cités Mayas dans les constellations ni l’étoile montante de l’architecture dans les palmarès NAJA ou autres prix de la première œuvre. L’architecte le plus prometteur de Paris s’appelle Félix Millory, nous révèle le cahier de tendance de l’obs, présentant celui qui, « à 30 ans pile, compte déjà parmi les architectes stars de l’hexagone », rien de moins ! Après des débuts comme stagiaire puis chef de projet chez Franck Salama, il se décide à voler de ses propres ailes lorsque Vanessa Paradis lui demande de refaire totalement son modeste pied-à-terre de 420 m2. Lâchant illico son CDI, il n’a rien eu à regretter, puisqu’il «jongle» aujourd’hui avec plusieurs projets de luxe « bien conçus, mais surtout pas à des tarifs absurdes » — presque un agenda social exposé par l’architecte à la journaliste Elvire Emptaz. « L’architecture, c’est comme un vêtement, il faut les bonnes proportions » explique aussi la future star dont rien ne semble entraver la marche vers le succès. Avertissement aux clients potentiels « On ne va pas voir Félix si on veut un appartement ultra coloré, son style est chic et épuré » Amateur d’ambiances typées «hacienda mexicaine» s’abstenir !
Lors du dernier salon de Milan, sur la partie consacrée au Bain, la société Laufen exposait sur une partie de son stand aménagé par le studio oï, son savoir-faire de contractant sur de prestigieux projets. Intitulé Bespoke (sur-mesure), cet espace mis en scène par Beda Achermann à l’aide de grandes images surexposées posées en toile de fond dévoilait 4 projets associés à de grands noms de l’architecture. Une superbe démonstration de sa capacité à accompagner et personnaliser des projets d’envergure.
Depuis 120 ans, Laufen réalise des produits céramiques sanitaires alliant qualité, design et fonctionnalité. En 1999 Laufen rejoint le Groupe Roca (le deuxième plus grand producteur de matériel sanitaire dans le monde à cette date). Innovant sans cesse, elle a lancé en 2013 le SaphirKeramic renouvelant complètement l’image de la céramique qui rivalise désormais avec d’autres matériaux contemporains. Ce dernier associe la dureté du Corindon (composant du saphir) à la céramique permettant d’étirer les lignes et les profils à 3 mm d’épaisseur comparables à l’acier émaillé et au solid surface. Présentées en proto en 2013, les lignes des 2 designers Constantin Grcic et Toan Nguyen réalisée à partir de ce nouveau matériau ont connu le succès que l’on sait et sont désormais en fabrication, augmentées de nouvelles propositions.
Afin de répondre à toutes les sollicitations créatives des prescripteurs, la marque a développé un solid surface, le Sentec doté de nombreuses qualités : mat, blanc dense, antidérapant, antibactérien et doux au toucher. Il permet de réaliser des formes sur mesure, galbées pour les baignoires, des receveurs de douche et bien sûr des vasques pour composer un total look sur les chantiers de prestige.
Bien plus qu’un industriel, Laufen se positionne en partenaire des prescripteurs, les accompagnant par une étroite collaboration dans la finalisation de leurs projets quelle qu’en soit l’envergure ; petite ou grandes séries sont produites avec la même passion et rigueur. Le sur-mesure, c’est à chaque fois un banc d’essai vers le meilleur et l’expression de l’excellence industrielle.
Pour illustrer ces savoir-faire, 4 projets étaient dévoilés sur le stand, balayant un large spectre stylistique.
La Villa Tugendhat, héritage culturel de 1930, situé dans la ville de Brno (rep. Tchèque) signé Ludwig Mies Van der Rohe est classée au patrimoine de l’Unesco. La villa a été restaurée et rouverte au public en 2012 après une minutieuse restauration. Cette vaste maison iconique de la période glorieuse de son auteur exprimait jusqu’aux salles de bains, la vision méticuleuse et rigoureuse de chaque détail auquel s’attachait son créateur. Les 8 pièces sanitaires d’époque très endommagées ont pu être recrées d’après les photos et dessins d’époque grâce à l’expertise de Laufen, sous la supervision du designer Daniel Pirsc. Elles avaient été réalisées par Ditmar Urbach la première usine de sanitaires d’Europe qui est une branche de Laufen. Même pour une production atypique et réduite, le challenge a été relevé haut la main par la société.
56 Leonard, New York ; dans l’emblématique tour de 60 étages dessinées par les architectes suisses Herzog et de Meuron et réalisée par Alexico group, ce sont pas moins de 1130 pièces qui ont été conçues et réalisées en étroite collaboration entre la marque et les maître d’œuvre. Ces derniers ont dessiné les modèles des vasques simples ou doubles et la baignoires destinées aux salles de bains de ce projet que Laufen a réalisé en Sentec, son Solid Surface. Les céramiques des toilettes ont reçu lune finition satinée assortie au Sentec dans une harmonie parfaite. Le logo 56 Leonard figure sur chaque pièce.
Impressoes (Impressions en portugais) est un projet dédié à une plateforme d’artistes appelés à exprimer leur créativité… sur une vasque. Chaque motifs est appliqué sur la vasque puis cuit en même temps que celle-ci, assurant la pérennité du décor. En 2015, le thème était “Brazil : verse and reverse”. 5 exemplaires de chaque ont été réalisés seulement : 1 pour l’artiste, 1 pour Laufen, 1 pour un l’organisme choisi par l’artiste et 2 pour des expositions autour du monde. La vasque de 38 cm de diamètre en SaphirKeramic a été déssinée par Andreas Dimitriadis. Ce projet unique et limité fait la synthèse des Arts décoratifs et de la technologie.
La dernière démonstration de Laufen se déroule sur le colossal chantier de rénovation de Battersea à Londres qui s’étalera jusqu’en 2025. Les 16 ha de l’ancienne usine électrique vont être convertis en un vaste complexe urbain avec hôtel de luxe, logements, centre commercial, équipements culturels, etc. Dans cette première tranche de logements, comptant 866 appartements, les salles de bains arrivent en modules pré-équipés et montés en Allemagne par l’entreprise allemande DEBA puis livrés sur place « prêts-à-brancher » ; c’est à Laufen que DEBA a confié l’équipement sanitaire haut de gamme. 1241 toilettes suspendues de la série Kartell by Laufen, 1241 plan-vasques sur mesure en solid surface, 750 receveur… Laufen a par ailleurs proposé 96 variantes portant sur la dimension des vasques en Sentec et des receveurs en Marbond (composite minéral). Ce mode de fabrication par module est particulièrement adapté aux projets sur une grande échelle, hospitaliers, résidence publique ou privé, étudiantes…. Il génère un gain de temps à la pose considérable et le soin apporté à la réalisation en amont est un gage de qualité pour une pièce aussi complexe que la salle de bains et requérant plusieurs corps de métiers. La qualité de l’agencement est poussée très loin dans des modules d’environ 4,5m2 où chaque détail compte. Par exemple le choix d’un siège en cône avec accès par le haut, receveur avec finition antidérapante, et bonde décalée selon la configuration… Le bespoke n’a jamais si bien porté son nom.
Space Chains, vers 1960 (c) ADAGP (c)CNAP/Photo Yves Chenot
Après des années d’amnésie, la France sort ses architectes radicaux du purgatoire. Un intérêt renouvelé se porte sur ces figures historiques, dont l’importance ne tient pas tant à la production bâtie qu’à leurs partis pris théoriques et leur capacité à perturber le cours tranquille d’une architecture souvent accaparée par ses agendas politiques, industriels ou financiers. Exprimés sous formes d’écrits, d’installations ou de maquettes semblant avoir affaire avec la sculpture, leur œuvre reste bel et bien un travail d’architecture, développant des concepts ressortissant de cette discipline. Né en 1923 comme Claude Parent, dont il croisa régulièrement la route, Yona Friedman a encore moins construit que son confrère récemment disparu. Son œuvre bâtie se résume à un lycée à Angers. Son oblique à lui, c’est la mobilité, paradoxe architectural venant bousculer un monde jusqu’alors fait d’immeubles : par étymologiquement, des objets immobiles. Avant d’être un trait conceptuel, la mobilité fut d’abord pour l’architecte une réalité biographique : d’origine hongroise, il se réfugie en Roumanie en 1945, pays qu’il quitte l’année suivante pour Israël. Il s’installe à Paris en 1957, afin de développer avec Prouvé des abris cylindriques. Etabli définitivement à Paris, il travaille sur des structures mobiles, dans un esprit proche à celui des anglais d’Archigram ou des italiens de Superstudio.
Yona Friedman dans le salon de son appartement du boulevard Pasteur, Paris, 1968 (c) Manuel Bidermanas
Concise mais riche, l’exposition présentée jusqu’au 7 novembre à la Cité de l’architecture explore l’univers de l’architecte en remontant aux sources : le goût pour les sciences sociales, l’anthropologie, la sociologie, la mythologie, enseignée par son maitre Károly Kerény. La scénographie valorise et ordonne une production hétéroclite, constituée de maquettes qu’on jureraient issues d’une collection d’esquisse de Frank O. Gehry, de dessins didactiques façon manuel de construction pour les grands débutants. La présence du Frac Centre parmi les organisateurs de l’exposition rappelle que c’est d’abord aux milieux de l’art contemporain que l’on doit la remise en lumière de ces architectures. Faut-il y voir un dérivé de Duchamp, ainsi que le suggère la commissaire de l’exposition Caroline Cros ? Proposant de remettre l’utilisateur au cœur de l’acte constructif, Friedman ne cherche pas à changer les critères esthétiques de l’architecture, mais bien à dynamiter des cadres de productions aussi rigides que puissants pour bâtir un environnement plus libre. Les germes d’un univers à explorer sans le prendre au pied de la lettre, certaines idées gagnant surtout à ne jamais être construites, à l’instar de ses Villes spatiales, mégastructures suspendues voleuses de ciel et de lumière, menaçant de leur présence les pauvres humains restés au sol. Il n’empêche : la question pendante de la participation redonne une belle vigueur au travail de Friedman. L’actualité la plus tragique remet ses propositions en selle. Durant la visite inaugurale de l’exposition, une dame a demandé à l’architecte s’il serait d’accord pour appliquer ses dispositifs structurels à la construction d’un camp de réfugiés syriens près de Beyrouth. Yona Friedman a répondu par l’affirmative d’une voix rendue faible par l’âge, l’œil brillant d’une énergie intacte à l’idée de ce nouveau chantier…
Olivier Namias
Yona Friedman – Architecture Mobile=architecture vivante. Commissariat Caroline Cros et Florence Allorent, Scénographie Myriam Feuchot, Conception graphique Serge Barto, Cité de l’architecture et du patrimoine, jusqu’au 7 novembre 2017. Accès par les collections permanentes. Plein tarif 8€, réduit 6€.
The City above your Head, 2001, (c) ADAGP (c)CNAP/Photo Yves ChenotVille Spatiale, vers 1960 (c) ADAGP (c)CNAP/Photo Yves ChenotExtrait de la série « Le monde en trompe l’oeil », 1975 (c) ADAGP (c)CNAP/Photo Yves ChenotWe cannot understand the universe, 2005 (c) ADAGP (c)CNAP/Photo Yves ChenotAppartement de l’architecte, boulevard Garibaldi, Paris 2003 (c) Pierre Leguillon
Le futur centre des nanosciences et nanotechnologies de l’Université de Tel-Aviv sera construit par l’architecte français Michel Rémon, a annoncé la semaine dernière KB Strelka, organisateur du concours international d’architecture pour le compte de l’université israélienne. Emanation de l’institut Strelka, école d’architecture moscovite montée par le critique Ilya Oskolkov-Tsentsiper avec l’appui de personnalités comme Koolhaas, KB Strelka (1) a d’abord sélectionné sur dossier 21 architectes du monde entier parmi 128 candidats potentiels. Doté de plusieurs références de laboratoire dans le domaine de la microbiologie et des nanotechnologies, Rémon s’est retrouvé seul français en lisse de cette consultation en trois phases. Seuls 6 des 21 candidats ont été retenus pour un deuxième tour, duquel sont finalement sortis trois finalistes recevant une indemnité de 50 000 US$ pour leur participation. Le panel des concurrents était pour le moins prestigieux : il comprenait pour la deuxième phase les chiliens d’Elemental, les américains (US) de Jestico+Whiles, wHY, les israélo-hélvètes de Zarhy+Pez et les barcelonais d’Office of architecture.
Rémon propose d’installer le laboratoire dans une sorte de grand cube délimité par des lames de béton de la hauteur du bâtiment. En toiture, le croisement de ces éléments forme une grille, cinquième façade dissimulant les équipements techniques. Une ondulation de cette superstructure, déformation évoquant les vents marins, vient identifier l’entrée.
Par ce dispositif de lames, Rémon entend interroger les questions d’échelles : échelle de l’infiniment petit, objet d’étude du laboratoire, échelle de l’usager – l’architecte récuse le terme d’échelle humaine qu’il trouve barbare –, échelle urbaine du bâtiment positionné en un point stratégique à l’entrée du Campus. Un jeu sur les échelles qui permet aussi d’absorber les étages techniques très présents dans ce type de programme, contraintes que l’architecte veut transformer en moteur de projet. Ces contraintes portent aussi sur la stabilité du bâtiment, qui doit soubresauts et vibrations : lorsque l’on observe le monde à la lunette nanométrique, la moindre déformation entraine un flou dans les observations.
Le chantier sera conduit par une équipe d’architectes israéliens qui doit être désigné prochainement en accord avec Rémon, qui conservera le visa architectural du projet. L’inauguration est programmée pour 2020.
Laboratoires, salles blanches, bureaux et espaces d’accueil
AMO concours : KB Strelka, Moscou
maître d’ouvrage : Université de Tel-Aviv
Architecte mandataire : Atelier d’Architecture Michel Rémon – Michel Rémon, Alexis Peyer, Marie Claude Richard, Maria Gonzalez, Remi Bellec, Fabien Garcia, Maria Romero, Camille Ajjan, Cyril Doye.
Surface : 6 000 m2
calendrier : 2016 – 2020
Coût : 25 000 000 US$
(1) KB Strelka se présente sur le site du concours comme un « consultant en développement de solutions urbaine et le principal opérateur du pays en matière de concours d’architecture et d’urbanisme ». Il fonde son autorité sur « la transparence et la pertinence de ses procédures garantissant la plus haute qualité des projets lauréats et des équipes sélectionnées. https://nanolabtau.com/news
L’internat du Lycée d’Enseignement Technologique et Agricole (LEGTA) André Paillot à Saint-Genis Laval, près de Lyon, a été sélectionné lors du 6e Forum International Bois Construction qui s’est tenu à Lyon mi-avril. Livré en juillet 2015 par l’agence lyonnaise rue royale architectes, l’internat comprend 96 lits et ses espaces d’accompagnement (foyer, salles collectives de travail et appartement de fonction), l’occasion de revenir sur ces chambres avec vue*.
L’internat est le dernier morceau du puzzle architectural d’un vaste ensemble bâti situé dans une campagne agricole. Ici, l’ancienne ferme a été agrandie dans les années 70 pour accueillir les locaux d’enseignement et de recherche. Vingt ans plus tard, des laboratoires de recherche agroalimentaire de type locaux industriels ont été construits sur la périphérie de la parcelle. Ainsi, l’internat vient compléter le bâtiment d’enseignement de 250 élèves, formé de plusieurs entités hétérogènes sur le Domaine du Coin (75000 m2).
Plan masse
L’internat est divisé en trois entités de bois ; deux d’entres elles s’étirent d’est en ouest, tandis que la troisième, perpendiculaire, les relie.
Plan RDCPlan d’étage courant
Le corps principal en R+2 domine le site. Il accueille les chambres, ainsi que les logements de fonction à son extrémité ouest. Orientées plein sud et protégées du soleil d’été par des « étagères à lumières » fixes, les chambres forment des modules de 30 m2, où intimité et convivialité se mêlent. Elles comprennent trois lits simples séparés par des armoires, des bureaux en alignement et un bloc sanitaire avec une douche et deux lavabos. Les circulations communes, en façade nord, sont éclairées naturellement par des baies horizontales positionnées à hauteurs variables, offrant des vues différenciées sur le vaste paysage.
Les « étagères de lumière » protègent les chambres du soleil d’été
Une chambre, unité de référence de 30 m2
Le foyer est implanté dans le second bâtiment, au rez-de-chaussée. Profitant d’une triple exposition, il termine de cadrer la Place du lycée.
Le troisième volume, quant à lui, sert d’accroche entre les deux précédents, tant dans sa volumétrie que dans sa fonction. En effet, il comprend les pièces de service, les salles de travail et les circulations verticales.
A proximité, un ancien hangar à colonnes de pierres réhabilité en préau ferme la parcelle.
Structurellement, les bâtiments se différencient à nouveaux. Le premier, celui qui regroupe les chambres, est construit à partir d’un système poteaux/poutres en béton, avec des points porteurs tous les 8,50 m en façade. Celles-ci comprennent des panneaux de bois et sont revêtues de clins en mélèze, dont le jeu renforce la dichotomie de ce premier volume. Au nord, l’horizontal est de rigueur, assumé par les lames de bardages et les fenêtres en bandeau. Au sud, les clins verticaux sont plus ou moins espacés, associés à un pare-pluie coloré. Le second bâtiment, accueillant le foyer, est construit en portiques de lamellées-collés reposant sur des fondations et dalles béton. Les clins, eux, se retournent en toiture, valorisant la vue depuis les chambres.
Au nord, l’horizontal est de rigueurLes clins espacés sont soutenus par un pare pluie coloré
Enfin, des failles piétonnes séparent l’ancienne maison de maître des nouvelles constructions et des courées jardinées offrent une alternative au grand paysage environnant.
Une venelle piétonne sépare l’ancienne constructions des nouvelles
*Les architectes font référence au film Chambre avec vue de James Ivory (1986)
Amélie Luquain
Quelques chiffres :
– 1 000 m² de bardage plein en mélèze
– 20 000ml de carrelets mélèze
– 32 m3 de bois d’ossature pour les murs
– 20 m3 de bois lamellé-collé
– 750 m² de Stamisol color
– 3 300 m² d’isolant
Maîtrise d’ouvrage : Région Auvergne Rhône-Alpes. Maîtrise d’œuvre : rue royale architectes. SHON : 2 014 m2. Coûts : 4M € HT. Réception : juillet 2015
Courtesy rue royale architectes / Studio Erick Saillet
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