Fin mai 2016, Hérault Arnod Architectes livre la Cité Internationale Paul Ricoeur, un bâtiment hybride qui réunit 4 programmes indépendants, dans un quartier hétérogène de Rennes.
Autour de l’esplanade Charles de Gaulle, anciennement place d’Armes, s’est développé un quartier hétéroclite dédié à la culture et la jeunesse, où les immeubles des années 60 conversent avec des bâtiments contemporains. Elément central d’un plan urbain piloté par Nicolas Michelin, la place remplace un parking de 800 places devenu souterrain. Ce vaste espace entièrement piéton et minéral vide hors événement et uniquement passant est à juste titre perçu comme triste par de nombreux rennais. Pour la border, le bâtiment des Champs Libre de Christian de Portzamparc, livré en 2006, est le principal équipement culturel de Rennes constitué d’un socle de couleur brique surmonté de volumes ovoïdes. Pour l’accompagner, un cinéma multiplexe Gaumont, du même architecte, livré en 2008. Juste derrière, la tour de la CPAM, symbole architectural de la ville. Complétant cet ensemble, Le liberté, une ancienne salle omnisport construite en 1961 devenue salle de spectacle et de concerts, coiffée de toitures en voile de béton précontraint. A l’entour, les toits en ardoises typiques de la région ceinturent les lieux.
De la nécessaire mixité

C’est dans ce contexte qu’Isabel Hérault et Yves Arnod ont livré la Cité Internationale. Elle est implantée dans le prolongement des cinémas, fermant l’esplanade Charles de Gaulle sur son angle nord ouest. Sur une parcelle exiguë bordée de voies diverses, le bâtiment hybride réunit 4 programmes indépendants – destinés à l’accueil, l’accompagnement et l’hébergement des chercheurs et doctorants étrangers – et trois propriétaires, chapeautés par Rennes Métropole. Les architectes ont du relever un défi, celui de la mixité à l’échelle du bâtiment, transposition de la nécessaire mixité des villes selon eux. La diversité de programmation et de montage se retrouve dans le bâtiment aux lignes tendues, identifiées par des couleurs acidulées. En effet, la mixité engendre la complexité, qu’il s’agisse de la superposition des structures, de l’enchevêtrement des circulations ou de la séparation des réseaux, régis par les règlementations. Ici, la mixité n’enlève pas sa cohérence au bâtiment, bien au contraire. Sous la main des architectes, elle devient un savant collage programmatique unifié par son enveloppe.
De la diversité à l’unité
Le volume se décompose en deux blocs : un socle, qui assure l’alignement sur rue, avec des rez-de-chaussée décalés répondant à une déclivité de 2,50 m, et une émergence verticale, évènement dans le skyline du boulevard de la Liberté. En plan, il se plie légèrement, marquant la séparation entre les espaces communs et les cellules de bureaux et logements individualisés.
[masterslider id= »52″]
D’une part, le centre sportif (2528 m2) s’ouvre plein sud sur l’esplanade, exposant ses activités. Le dojo est de plain pied, tandis que la salle pluridisciplinaire est, de manière inhabituelle, positionnée au 1er étage. S’y superpose la salle de danse offrant un panorama à 90°. Pour chaque espace, on notera l’attention portée aux détails, notamment au plafond parfaitement calepiné, composés de panneaux acoustique en fibre de bois agglomérées, de panneaux rayonnants et de lignes de luminaires. Sur le pourtour, protégées par de simples vitrages et des ventelles vitrées, les circulations verticales servent de tampon thermique. Point central du bâtiment, le restaurant universitaire (715 m2) s’ouvre complètement sur la rue avec ses panneaux en accordéon. Face nord, se trouve le siège de l’Université Bretagne Loire (1268 m2) surmonté d’une excroissance verticale herissée de piquants.
[masterslider id= »53″]
D’autre part donc, un volume émerge du socle abritant la résidence destinée aux chercheurs (2878 m2). Desservis par deux couloirs qui se croisent, éclairés naturellement, les 79 studios de 18 m2 et 24 m2 sont équipés de mobilier en panneaux de hêtre multiplis, conçus sur-mesure, privilégiant des aménagements ergonomiques, rationnalisés puis industrialisés. La salle de bain est un monobloc en résine thermoformée. Chaque logement est prolongé d’un balcon, conférant un aspect hérissé à la résidence. La façade nord, quant à elle, abrite des jardins d’hiver derrière une alternance de panneaux fixes et ouvrants en verre extra-blanc ; tampon thermique et phonique, elle dessine un tableau urbain.
[masterslider id= »54″]
Si chaque programme est clairement différencié, tous sont connectés visuellement et chacun bénéficie d’une terrasse extérieure : l’une est attenante à la salle de danse, celle des bureaux dessine une encoche dans le socle et la résidence est en partie surélevée pour créer une terrasse commune couverte.

Pour contenir cette diversité, Hérault Arnod Architectes a travaillé sur une façade unitaire : une enveloppe revêtue de panneaux aluminium striée de lamelles saillantes, positionnées verticalement en façade est et horizontalement au sud. Servant de brise-soleil, elles sont plus ou moins espacées selon les programmes (67 cm pour les bureaux, 37 cm pour le centre sportif).

Entres deux villes
Avec son socle dévolu aux équipements et sa « tourette » de logements, la Cité Internationale se positionne comme interface entre la ville contemporaine et la ville historique de Rennes. Elle articule, d’un coté, les typologies urbaines des grands équipements qui bordent la place et de l’autre, celles des petits immeubles d’habitations recouverts d’ardoise. La Cité déroule un programme mixte, sujet que les architectes ont à cœur de développer dans un projet encore confidentiel.
Le projet tient également compte d’une dynamique forte, celle du projet urbain EuroRennes, piloté par les architectes Ferrier, Gazeau et Paillard, qui vise à reconquérir les espaces au sud de la Vilaine et créer une nouvelle centralité incluant la gare. Ce réaménagement devrait s’achever à l’horizon 2020.
Amélie Luquain
Calendrier
Livraison : fin mai 2016. Chantier : décembre 2013. Concours : avril 2011. Études de faisabilité : 2007
Fiche technique
Lieu : Rennes (35). Maîtrise d’ouvrage : Rennes Métropole pour Ville de Rennes, Université Bretagne Loire, CROUS. Maîtrise d’œuvre : Hérault Arnod Architectes. BMF ingénieur économiste ; BATISERF structure ; INEX fluides ; ARTELIA restauration. SHON : 7389 m2. Coût des travaux : 12,8 M€ HT.
Courtesy Hérault Arnod Architectes / André Morin
Enregistrer