Voyage à Hambourg

Voyage à Hambourg

Hambourg : Globale et durable

Deuxième ville d’Allemagne et troisième port d’Europe, Hambourg a placé les problématiques environnementales au centre de son développement urbain. Durant trois jours, notre voyage d’étude propose de découvrir les particularités de ce modèle d’aménagement, à travers les quartiers emblématiques de l’IBA 13 ou de HafenCity, désormais indissociables de l’Elbphilharmonie d’Herzog et de Meuron.

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Elbphilharmonie, Herzog et de Meuron, Hamburg © Olivier Heissner

 

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Dates : les 7,8 et 9 juin 2017

Prix : à partir de 2380 € TTC

Hébergement à l’Empire Riverside Hotel, réalisé par David Chipperfield Architects

Inscription auprès de La Fugue, information@lafugue.com, Tel 01 43 59 10 14, Fax 01 43 59 36 79, Nr Licence LI 075960149

Paris 16e : un centre d’hébergement d’urgence mobile

L’association Aurore, en partenariat avec la ville de Paris, a posé son centre d’hébergement d’urgence dans le 16e arrondissement. Un projet modulaire et déplaçable, mené en co-conception par moonarchitectures et Air Architectures.

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L’hébergement d’urgence, un système en crise

Hébergement d’urgence : un rapport sénatorial dénonce un système « au bord de l’asphyxie » titre Le Monde le 14 décembre 2016. Face au nombre croissant de demandeurs d’asile, les 30 000 places créées entre 2012 et 2015 ne suffisent pas. Les recours aux nuitées d’hôtel ont doublé depuis 2012 ; une solution coûteuse d’environ 17 €/nuit/personne en Ile-de France financée par le Samu Social de Paris, face à un coût de 40 €/journée/personne dans les centres d’hébergement d’urgence. Un coût qui se justifie par les services d’aide à la personne, nécessaires pour assurer la fonction de relais de ces organismes qui ont pour objectif de proposer des solutions de sorties.

C’est dans le très chic 16e arrondissement parisien que la ville de Paris a décidé d’implanter le nouveau centre de l’association Aurore. Une décision en faveur d’un rééquilibrage territorial, qui a quelque peu chamboulé le quartier. La mixité gêne. « Outre les craintes de « dévaluation de l’immobilier » du quartier, ou pour la « sécurité », c’est surtout le fait que le centre d’hébergement puisse empiéter sur le Bois de Boulogne, un site classé depuis 1957 et une zone urbaine verte non constructible, que mettent en avant les habitants pour combattre le projet. » ironise Vice News. En effet, le projet s’installe sur une route de 196 m de long et 11,7 m de large, à la lisière du Bois de Boulogne et face à des immeubles résidentiels. Cependant, l’ouvrage ne devrait pas trop déranger ses voisins, la rue étant en contrebas dissimulée derrière un filtre végétal.

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Moonarchitectures et Air Architectures, même combat ?

Pour ce faire, la ville a fait appel à l’agence Air Architectures, connue pour ses multiples interventions dans le domaine de l’urgence. L’association Aurore leur adjoint moonarchitectures, à qui elle a déjà fait appel par le passé. Les deux équipes travaillèrent en co-conception durant un mois et demi jusqu’au dépôt du permis précaire en novembre 2015. Les phases suivantes ont été confiées à la seule agence moonarchitectures. Écartés du projet, Cyrille Hanappe et Olivier Leclercq de l’agence Air se sentent dans l’obligation de défendre leur propriété intellectuelle à travers une lettre à la presse, revendiquant l’utilisation de thématiques de travail qu’ils expérimentent depuis une quinzaine d’année : « intégration dans l’environnement, appropriation des usagers, travail du bois et de la couleur : tous ces thèmes sont les nôtres depuis plus de 15 ans. Ce projet pour les sans-abris s’inscrit dans une démarche que nous avons entamé envers les personnes en grande difficulté ». De son côté, Guillaume Hannoun, moonarchitectures, considère que « Air architectures apporte une vision de co-construction, en accompagnement avec la population. Or, pour ce projet, l’État finance le bâtiment qui accueillera un roulement de personnes changeant tous les 3 à 9 mois. Le projet ne peut se prêter à la démarche de Air ». A cela, Jérôme Flot, représentant de la maîtrise d’ouvrage, ajoute l’argument économique : « le contrat de maîtrise d’œuvre s’est arrêté à la conception pour une meilleure maîtrise des coûts » grevés, selon lui, par un amortissement sur 3 ans au lieu de 5, initialement demandé au PC.

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A permis précaire, nécessaire modularité

Le permis précaire obtenu pour l’implantation du centre d’hébergement d’urgence de l’association Aurore ne sera valide que 3 ans ; une durée de vie qui soustend sa mobilité et un site qui impose sa naturalisation après coup. Ainsi, aux fondations traditionnelles ont été préférés un tablier métallique et des plots de répartition posés sur la chaussée existante. Le montage des modules préfabriqués en ossature bois est séquencé en suivant le linéaire du chemin de grue le long de l’allée – avec un premier module déposé le 26 juillet et une réception qui s’est faite par tronçons, la période hivernale pressant le pas – et les réseaux ont été connectés au fur et à mesure, reliés entre eux par des canalisations sous les bâtiments. Les modules bois Dhomino – de l’entreprise du même nom – empilés sur 3 niveaux dans un système autostable, sont agencés en quatre bâtiments de foyer-logements et un petit bâtiment d’accueil ERP, comprenant salles de vie, tisanerie, offices, locaux d’entretien, bureaux associatifs, salles de réunion et la loge du gardien. On distingue 5 modules types : un module de 8 x 3,3 m avec deux chambres individuelles et une circulation au centre ; un module de 7 x 3,3 m avec un appartement pour famille de deux pièces et une salle de bains ; un module « salon » ou plutôt jardin d’hiver qui devient une pièce en plus et fait office de tampon thermique derrière des parois en verre organique ; un module sanitaires pour les logements individuels ; un module espaces communs (tisanerie, services) au rez-de-chaussée de chaque bâtiment. L’ensemble est enveloppé d’un bardage bois, où se déclinent trois teintes. Les cinq bâtiments sont accessibles par des escaliers extérieurs – un rythme inspiré de celui de la trame des immeubles résidentiels avoisinants – dont l’interstice est matérialisée par de la tôle en acier ondulé coloré, qui se retourne en toiture. Chaque entité est autonome, avec son propre espace commun. Elles sont capables d’accueillir 50 personnes, une taille idéale pour un centre d’hébergement d’urgence, la configuration linéaire comme celle de l’Allée des Fortifications n’étant pas forcément envisageable sur d’autres sites.

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L’association Aurore prône un modèle mobile, susceptible d’être installé de façon temporaire sur des réserves foncières, utilisant également des bâtiments en attente de projet, comme l’hôpital Saint-Vincent-de-Paul (Paris 14e) en grande partie désaffecté et progressivement réutilisé en centre d’hébergement. Ici, l’association fait un pas en avant en concevant une architecture en réponse au site, qui pourra être redéployée en entités autonomes dans d’autres lieux ; un suivi et une faisabilité qui devra se vérifier dans 3 ans.

 

Amélie Luquain

Fiche technique

Maîtrise d’ouvrage : Association Aurore. Maîtrise d’œuvre : moonarchitectures (mandataire) Air architecture (PC) Dhomino (BE Ossature Bois) Axpacaal (BE Fluides) AVR (BE VRD). Programme : Centre d’hébergement d’urgence provisoire de 200 places, ERP et bureaux. Surface : 2800 m2. Lieu : Allée de Fortifications, Paris 16e. Coût du projet : 3,9 M € HT. Coût de démontage estimé : 1,6 M € HT. Dates : Études septembre 2015. PC novembre 2015. Livraison 2016

 

Archicreativ’, un événement BeeMedias et ThemaDesign

Archicreativ’, un événement BeeMedias et ThemaDesign

Le groupe de presse Beemedias, dirigé par Thibault Leclerc, et l’agence conseil ThemaDesign, dirigée par Nicole Lucot, présente Archicreativ’, un événement destiné aux professionnels – architectes, prescripteurs et entreprises – autour des questions de créativité et de durabilité. L’événement se tiendra à la Cité de l’Architecture et du Patrimoine les 11 et 12 janvier, avec une formule clé en main pour les exposants et une belle promesse d’échanges fructueux pour les visiteurs.

Voir aussi : Archicreativ’, créativité et architecture durable et Archicreativ’, solutions innovantes pour une architecture durable

Plus d’informations sur le site d’Archicreativ

 

 

Ville et voiture, le divorce annoncé ?

Ville et voiture, le divorce annoncé ?

Entre deux pics de pollution et deux mesures de circulation alternée, Ariella Masboungi, conceptrice des ateliers « Projet urbain » et fondatrice du Grand Prix de l’Urbanisme qui lui a récemment été décerné, revient sur le livre Ville et Voiture dont elle a assuré la direction éditoriale (éditions Parenthèses, 2015).

ville voiture Ariella Masboungi

Ville et voiture, en vente ici

L’enjeu de la publication : capitaliser sur les expériences pour mieux dessiner la ville, et ceux sur tous les territoires français, du plus concentré au plus étalé. La ville suédoise de Lund tient lieu d’exemple à suivre en termes de « mobilité durable généralisée ». Pôle étudiant, technologique et scientifique, Lund ne subit pas l’exigence de mobilité induite par son dynamisme et les déplacements en voiture y sont ainsi minoritaires. L’information des usagers (par le biais d’outils tels qu’une application de la Ville permettant de comparer les avantages et inconvénients des différents modes de transport – dépenses caloriques et impact sur l’environnement inclus – mais aussi par des mesures plus directes de porte à porte !), l’équipement en « mobilités douces » (stationnements de vélos à proximité des entreprises et services partagés) ainsi que l’encouragement du coworking et du télétravail sont au cœur de cette réussite. De nombreux autres exemples à découvrir pour imaginer la ville de demain, dessinée non plus par la voiture mais pour le piéton et le cycliste.   

 

 

Ville et voiture, sous la direction d’Ariella Masboungi, éditions Parenthèses, mai 2015, 192 p., 16×26 cm, 24€. ISBN 978-2-86364-239-9.

Voir aussi : Réinventer le modèle mobilité-ville, Jean-Marc Offner et Yves Crozet, une conférence du 14 novembre 2016

Livres : une liste pour Noël

Architectures CREE, en association avec la librairie Volume, présente sa sélection de livres pour les festivités de la fin d’année 2016 ; une liste d’ouvrages éclectiques, où les points de vue de critiques, pratiques d’architectes et regards de photographes sur l’architecture se confondent, se répondent et s’interrogent, dans des « livres objets ».  De Londres à Shanghai, du brutalisme au bricolage, de Venturi à Perrault, ou de l’hôtel à l’église, se cultiver est une mission bien vaste qu’il nous faut commencer dès aujourd’hui. Vous en souhaitant bonne lecture ! 

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Brutal London : construct your own concrete capital, Zupagrafika, éditions Prestel, octobre 2016, 72p., 24 x 28 cm, 19,99 £. ISBN : 978-3-7913-8300-2

Brutal London

Zupagrafika est un studio de création basé en Pologne, fondé par David Navarro et Martyna Sobecka. Le studio a une affinité particulière avec l’architecture moderniste, la typographie et le papier. Il conçoit, illustre et publie des objets primés, liés à l’architecture. La première partie de l’ouvrage examine la signification de chacun des bâtiments, au travers de textes et images. La deuxième partie du livre se compose d’une série de 9 bâtiments pré-découpés et pliés, imprimés sur du papier cartonné lourd, que les lecteurs peuvent détacher et construire avec des instructions faciles à suivre. 

Corbusier Jeanneret restauration Clarté Genève patrimoine
Le Corbusier & Pierre Jeanneret, restauration de l’immeuble Clarté Genève, Ed by Office du patrimoine et des sites, Birkhauser, octobre 2016, 192p., 29 x 24cm, 49.95 €. ISBN : 978-3-0356-0751-2

Le Corbusier et Pierre Jeanneret, restauration de l’immeuble Clarté Genève

L’histoire de l’immeuble Clarté construit à Genève par Le Corbusier et Pierre Jeanneret et surtout de sa restauration. (plan, photos, etc.)

structure works Mahendra Raj Mehta Raj Mehndiratta Huber
The structure, works of Mahendra Raj, Vandini Mehta, Rohit Raj Mehndiratta, Ariel Huber, Park Books, 2016, 428p., 19,5 x 25,5 cm, 68 €. ISBN 978-3-03860-025-1
difficult whole Robert Venturi John Rauch Denise Scott Brown
The difficult whole, a reference book on Robert Venturi, John Rauch and Denise Scott Brown, Kersten Geers, Jelena Pancevac, Andrea Zanderigo, Park Books, 2016, 216p., 21 x 30 cm, 48 €. ISBN 978-3-906027-84-5

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

The structure, works of Mahendra Raj

Agé aujourd’hui de 92 ans l’ingénieur Mahendra Raj a participé à la construction de Chandigarh avec Le Corbusier, il a aussi travaillé à New York, Delhi et Bombay. Ami intime du béton il a conçu (entre autres) avec Kuldip Singh (après sa séparation d’avec Raj Rewal) la très brutaliste tour du NDMC (New Delhi Municipal Corporation) à quelques pas de Connaught Place.

The Difficult Whole
En 1966, l’architecte Robert Venturi publie Complexity and Contradiction in Architecture, un manifeste qui devient l’une des plus importantes déclarations du XXe siècle sur l’architecture. Cinquante ans plus tard, ce livre propose une nouvelle analyse et une réévaluation approfondie de l’idée de « Difficult Whole » de Venturi et de son héritage. Grâce à une relecture radicale des documents d’archives, les éditeurs proposent une alternative crédible au discours architectural contemporain, qui tient compte des arguments de Venturi et offre un moyen d’aller de l’avant. Mettant en vedette des essais, ainsi que des analyses approfondies de vingt-huit projets de Venturi, Rauch et Scott Brown, The Difficult Whole est sûr de susciter la discussion et l’inspiration dans le monde de l’architecture et le design.

Groundscapes Dominique Perrault
Groundscapes : autres topographies, Dominique Perrault, Frédéric Migayrou, Editions HYX, 2016, 206p., 16 x 24 cm, 25 €. ISBN 978-2-910385-99-6

Groundscapes

Les éditions HYX publient le travail du spécialiste de la construction sous nos pieds, l’architecture du ‘groundscape’. Une idée, un concept, que l’architecte explore et expérimente depuis des années au sein de ses projets et au travers de ses fictions. « Une écriture du réel, une architecture souterraine où il ne s’agit pas de vivre sous terre mais d’inscrire les lieux de vie dans la terre, cet épiderme du sol ouvert sur le ciel. »

modern Lorraine churches Eric Tabuchi
Twenty-four modern Lorraine churches, Eric Tabuchi, Poursuite Editions, septembre 2016, 48p., 21 x 21 cm, 20 €. ISBN : 978-2-918960-92-8

Référence non dissimulée à Ed Ruscha, Twenty-Four Modern Lorraine Churches s’inscrit dans le genre du livre d’artiste. Il a été publié à l’occasion de Tables et Matières, exposition d’Eric Tabuchi présentée à la médiathèque des Abattoirs de Toulouse jusqu’au 7 janvier 2017. Inlassable explorateur des formes construites, Eric Tabuchi documente ici de façon sérielle les églises issues des campagnes de reconstruction de la région Lorraine. « Ce travail de recensement, s’il n’avait jamais été effectué et pour captivant qu’il ait pu être, ne représentait pourtant pas à mes yeux l’enjeu principal de cette série de photographies, explique Tabuchi. Il s’agissait d’abord pour moi de décrire une rencontre, dans les circonstances tragiques que nous connaissons, entre cette Lorraine à la fois rurale et industrielle et l’architecture moderne – entre ces paysages austères et ces formes nouvelles. Il fallait rendre compte de ce surgissement, de cette étrangeté et d’une certaine façon de l’incompréhension qui en a découlée. C’était une étrange idée de penser réparer le traumatisme de la guerre avec des édifices coulés dans le même béton que les blockhaus voisins »

Roger Eberhard Standard
Roger Eberhard, Standard, Photographs by Roger Eberhard. Texts by Franziska Solte, Benedict Wells, and Nadine Wietlisbach, Scheidegger & Spiess, 2016, 88p., 34 x 27,5 cm, ISBN 978-3-85881-528-6
Serge Fruehauf Extra Normal
Serge Fruehauf, Extra Normal, Joerg Bader, Scheidegger & Spiess, 2016, 200p., 23 x 20 cm, 48 €. ISBN 978-3-85881-527-9

 

 

 

 

 

 

 

Standard

Pour son dernier projet d’art conceptuel, le photographe suisse Roger Eberhard a parcouru cinq continents et a visité 32 villes où il a réservé la chambre double standard à l’hôtel Hilton local. Il a pris une photo de l’intérieur de la chambre et de la vue de sa fenêtre en utilisant toujours la même perspective, témoignant d’un design remarquablement uniforme. Trois essais complètent les photographies : un texte inédit du romancier allemand Benedict Wells qui réfléchit à la monotonie qu’il éprouve lors de ses voyages dans des suites de chambres d’hôtel. Franziska Solte, historien d’art, examine la chambre d’hôtel comme l’intérieur moderne par excellence. L’experte en photographie Nadine Wietlisbach analyse et contextualise le dernier travail d’Eberhard.

Extra-Normal

Pendant deux décennies, le photographe suisse Serge Fruehauf a documenté des détails architecturaux fascinants moulés dans du béton. Mais son regard se pose aussi sur des casses-tête surprenants et parfois absurdes créés par des interventions ultérieures – des escaliers qui mènent à des impasses, des murs de jardin défiguré qui ont longtemps survécu à leur but ; des extra-normal.  Les photographies, prises à travers Paris, Genève, Grenoble et Lyon, forment une réflexion critique sur la modernité architecturale, les constructions moderne en béton apparaissant aujourd’hui comme monstruosités sournoises ou hybrides grotesques de l’architecture traditionnelle et moderne.

 

Manuel illustre bricolage urbain Etienne Delprat
Manuel illustré de bricolage urbain, Etienne Delprat, YA+K et Nicolas Bascop, Editions Alternatives, octobre 2016, 128p., 19 x 25,5 cm, 25 €.

Manuel illustré de bricolage urbain

Il est possible d’investir autrement l’espace urbain, de le réinventer par des aménagements divers, par des hacking de mobiliers et d’espaces publics, par des dynamiques d’appropriation citoyenne, par l’agriculture et le jardinage ou encore en navigant sur les réseaux d’échanges et d’entraide autogérés. Etienne Delprat et Nicolas Bascop invitent à fabriquer des éléments de mobilier urbain divers et variés.

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Kagan, architectures 1986-2016, dir Nathalie Régnier-Kagan, AAM-Ante Prima édition, septembre 2016, 276p., 25 x 22 cm, 24 €. ISBN 978_2_87143_306_4

Kagan, architectures 1986-2016

Disparu fin 2009 à 56 ans, Michel Kagan était considéré comme une sorte d’enfant prodige par ses frères en architecture néo-moderne. Formé en France, enseignant à Columbia puis à Belleville, il livrait en 1991 avec la cité technique et administrative pour la ville de Paris un bâtiment manifeste qui concentrait les particularités de son écriture architecturale, traits qu’il appliquait simultanément avec une générosité presque excessive sur la cité d’artiste du Parc Citroën-Cévennes. Son écriture se fit ensuite plus pondérée, sans rien renier de sa filiation moderniste, héritage envisagé plus comme une phénoménologie que comme un style. Ainsi, rappelle Jean-Louis Cohen dans un essai introductif, Kagan voyait la promenade architectural non comme une chose ludique, mais un lien social dans une architecture démocratique, de relation. Kenneth Frampton, Franco Purini et d’autres architectes dont il était proche abordent dans différents essais la personnalité et le travail de l’architecte, présenté de façon extensive dans cet ouvrage qui aborde également les projets réalisés depuis sa disparition par l’agence, désormais dirigée par Nathalie Régnier-Kagan, veuve et associé de l’architecte.

African Modernism architecture Independence Ghana Senegal Côte d'Ivoire Kenya Zambia Manuel Herz
African Modernism, the architecture of Independence. Ghana, Senegal Côte d’Ivoire, Kenya, Zambia. Manuel Herz, Park Books, 2016, 640p., 23,5 x 32 cm, 68 €. ISBN 978-3-906027-74-6
Italo Modern Architecture Feiersigner
Italo Modern 2, Architecture in Northern Italy 1946–1976. Martin and Werner Feiersigner, Park Books, 2016, 552p., 16,5 x 22 cm, 48 €. ISBN 978-3-03860-029-9

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

African Modernism

Dans les années 1950 et 1960, la plupart des pays africains obtinrent l’indépendance. L’architecture est devenue l’un des principaux moyens par lesquels les pays nouvellement formés ont exprimé leur identité nationale, illustrant aussi les difficultés, les contradictions et les dilemmes que ces pays ont vécus dans leur processus de construction nationale. Cet ouvrage étudie pour la première fois la relation entre l’architecture et la construction du Ghana, Sénégal, Côte d’Ivoire, Kenya et Zambie. Il comporte 103 bâtiments avec de brefs textes descriptifs, des images, des plans. D’autres essais sur l’Afrique post-coloniale et des aspects et sujets spécifiques complètent ce livre remarquable. Une publication qui coincide avec une exposition à Vitra Design Museum Gallery à Weil am Rhein.

Italo Modern

Avec ces deux volumes enfin traduit en anglais c’est un véritable inventaire, à la qualité photographique rare, de l’architecture moderne de l’Italie du nord entre 1946 et 1976 qu’offre les frères Feiersinger, l’un est architecte, l’autre est photographe.

Mindwalks Shanghai Sensual City Studio
Mindwalks, 8 graphic narratives through Shanghai, Pauline Marchetti / Jacques Ferrier, Sensual City Studio, mai 2016, 288p., 29 x 6 cm, 50 €. ISBN 978-2-9555438-0-1

Mindwalks, 8 graphic narratives through Shanghai

L’enjeu était de s’immerger dans une portion de Shanghai pour s’imprégner de ses ambiances, de ses images, de ses histoires et de les restituer sous forme graphique et narrative, soit 8 cartes. Elles visent moins à situer des éléments topographiques de façon objective qu’à rendre compte de l’expérience vécue et de ses multiples dimensions.

Nomadic Furniture Fineder Geisler Hackenschmidt
Nomadic Furniture 3.0, New Liberated Living ? Martina Fineder, Thomas Geisler, Sebastian Hackenschmidt, MAK Vienna / Niggli Verlag, Zurich, 2016, 272p., 23 x 30 cm, 55 €.

Nomadic Furniture 3.0

44 projets DIY décortiqués dans ce livre dont quelques projets de Gerrit Rietveld, de Viktor Papanek ou encore d’Enzo Mari accompagnent les essais revenant sur l’histoire du Do It Yourself. Ce livre appartient a une collection développée par le MAK (Vienne-Los Angeles).

Atlas Another America Keith Krumwiede
Atlas of Another America, An Architectural Fiction, Keith Krumwiede, Park Books, 2016, 272p., 24 x 32,5 cm, 48 €. ISBN 978-3-03860-002-2
Il Diario del Vento Wind Diary Olaf Nicolai
Il Diario del Vento / Wind Diary, Olaf Nicolai, Les presses du réel, octobre 2016, 208p.,16,5 x 30 cm, 45 €. ISBN : 978-88-97503-88-0

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Atlas of another America

Du nouveau du côté du sub-urbanisme ! Posséder sa maison est une des pierres d’angle du rêve américain mais ce rêve est-il toujours d’actualité avec la crise. Keith Krumweide a construit une satire architecturale – présentée dans le style d’un traité historique – qui imagine un avenir alternatif pour la maison unifamiliale américaine et son habitat indigène, la ville sub-urbaine. Une exposition de la triennale de Lisbonne.

Il Diaro del Vento / Wind Diary

Livre d’artiste documentant les conditions atmosphériques autour du pavillon allemand de la 56e Biennale de Venise. Le relevé météorologique a été réalisé grâce à une station météo installée sur le toit du pavillon, transformé pour l’occasion en lieu performatif et espace d’installation. L’ouvrage comprend également un ensemble de cartes décrivant différentes conditions venteuses auxquelles ont été confrontés les artistes. Edition limitée à 350 exemplaires numérotés et signés par l’artiste. Exposition SNJOR à la Galerie de l’Europe.

SNJOR Christophe Jacrot
SNJOR, Christophe Jacrot, Editions h’Artpon, octobre 2016, 70p., 40 x 32 cm, 55 €.

SNJOR

Terrain de jeu de Christophe Jacrot l’Islande est une terre pour rêver les yeux grands ouverts. Pour rendre le majestueux des paysages islandais les éditions H’artpon ont choisi le grand format et l’impression de haute qualité pour un livre dont le tirage est dès aujourd’hui quasi épuisé.

This Brutal World Peter Chadwick
This Brutal World, Peter Chadwick, Phaidon, septembre 2016, 224 p., 290 x 250 cm, 39.95 €. ISBN : 978 0 7148 7228 5

Archi Brut

Un large aperçu du Brutalisme, fascinant style architectural, avec des exemples prestigieux de constructions brutalistes réalisées entre les années 1950 et aujourd’hui. L’ouvrage met en lumière de nombreux trésors méconnus de l’architecture brutaliste, construits dans l’ancien bloc de l’Est et dans les quatre coins du monde. Il présente les oeuvres des plus grands architectes contemporains, dont Zaha Hadid, Peter Zumthor, Rem Koolhaas, Toyo Ito … et des figures de l’architecture du XXe siècle comme Alvar Aalto, Frank Lloyd Wright, Le Corbusier, Oscar Niemeyer …

 

Bonne lecture ! 

Durabilité, survivalisme, fuites et religion … : la revue de presse du 13/12/2016

Durabilité, survivalisme, fuites et religion … : la revue de presse du 13/12/2016

Durabilité, survivalisme, fuites et religion, l’architecture anti-SDF au Royaume-Uni, des cochons contre le trump-sign, un après Bauhaus sinistre, Le Signe de Chaumont sans financement, Gehry contre Meyer à LA. La revue de presse du 13 décembre 2016

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The size of Trico leads to a need for wide corridors and open halls, but to the credit of the game they never feel empty or out of place via Eurogamer

 

Vert Dieu

« La force du changement » : tel est l’intitulé du séminaire organisé par l’Ordre des architectes planificateurs, paysagistes et patrimoniaux de la Province de Pavie ce jeudi 15 décembre au cinéma Politeama, Pavie, corso Cavour 20. « A cette occasion, la théorie globale de l’encyclique « Laudato Sii » du Pape François est appliquée à l’architecture », nous apprend La provincia pavese. Les principaux invités seront Stefano Boeri, architecte milanais concepteur du « bois vertical », gratte-ciel arboré du quartier Varesina à Milan, Paolo Cresci du bureau Arup de Pavie, du maire de cette même ville ainsi que de plusieurs responsables à l’urbanisme et autres élus de la région, sans oublier don Franco Tassone, qui ouvrira le séminaire par un commentaire de l’encyclique, qui est « avant tout un document religieux ». Certains croyaient, à tort, qu’elle définissait les douze cibles apostoliques de la Haute Qualité Ecclésiastique (HQE).

Via La provincia pavese 

 

Eclectique et mystérieux

« Un château balayé par le vent, s’écroulant dans une mer blanchie par le soleil. Un sanctuaire vertical, s’élevant au-dessus d’un paysage de ruines en décomposition et de roches moussues. Une tour isolée entourée de vastes gouffres, parsemée d’allées hautes et de rebords couverts de végétation ». Un décor d’Heroic Fantasy qui sert de cadre au dernier jeu vidéo du Japonais Fumito Ueda, « The Last Guardian ». « Bien que les jeux de Fumito Ueda dépeignent des relations délicates, de monstrueuses bêtes et des mystères inexpugnables, ce sont toujours leurs espaces architecturaux particuliers qui leur ont conféré une forme tangible » constate Eurogamer, qui s’est interrogé sur les références architecturales ayant inspiré cet environnement si particulier. Le webzine croit reconnaître des emprunts à De Chirico, Piranese et Gerard Trignac, graveur bordelais que l’on pourrait qualifier de Piranese-Punko-industriel. « Au final, l’architecture du Last Guardian, drapée dans la brume, chargée de détails, vieillie par les mousses, arrive à échapper au pastiche pour restituer les structures d’un rêve à demi-oublié devenu réalité ». Que fera Ueda quand il s’entichera du brutalisme?

Via Eurogamer 

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With such a stripped down aesthetic, The Last Guardian’s architecture stands out as much more than just a practical game space. via Eurogamer

 

Dans la ville qui pique

« Une campagne contre les sans-abri est menée dans les villes britanniques, conclut une nouvelle enquête qui affirme que les tactiques de « nettoyage des rues » sont utilisées par les planificateurs et les entreprises de sécurité pour empêcher les gens de se reposer ou de dormir dehors ». The Guardian se fait l’écho d’une recherche conduite par Crisis, une structure caritative qui s’occupe des SDF en Angleterre et au Pays de Galles. Crisis a interrogé plus de 450 personnes sur son territoire d’action. 6 sur 10 font le constat d’un accroissement sur ces dernières années des dispositifs d’architecture défensive destinés à éloigner les SDF, à les empêcher de s’asseoir ou de s’allonger, éléments d’aménagement auxquels s’ajoutent le renforcement des vigiles et l’emploi de haut-parleur perturbant le sommeil. D’après Ian Borde, professeur d’architecture à l’University College de Londres, ces mesures anti-SDF traduisent un changement d’attitude générale envers l’espace public, qui se transforme en « Lakeside ou Bluewater mall (centres commerciaux) où tout est homogénéisé et régulé, jusqu’aux toilettes nettoyées toutes les dix minutes. Cela convient pour un centre commercial, mais pas pour l’espace public, surtout lorsqu’il est équipé d’éléments prévenant la pratique du skateboard, au d’autres accessoires empêchant les gens de s’assoir et de s’allonger ». L’enquête est illustrée d’images du photographe Jeff Hubbard, qui a recensés des dizaines de dispositifs anti-sdf à Londres.

Via The Guardian 

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Spikes prevent people lying on them. Photograph: Jeff Hubbard/Crisis via The Guardian

 

Survivalisme vs durabilité

Les architectes occidentaux s’engagent-ils réellement contre le changement climatique ? Le critique Daniel Brook en doute « leur aveuglement face à ces questions apparait inversement proportionnel au nombre de fois où ils s’autoproclament acteurs d’un âge d’or de l’architecture verte, produisant à la chaine des monolithes certifiés LEED ». Bâtiments que Brook estime entourés d’un voile de supériorité morale presque insultant pour les pays en voie de développement. Reprenant les propos de l’agence singapourienne WOHA, à laquelle il consacre un livre, il suggère de « remplacer le terme de durable – utilisé si souvent et sans réflexion qu’il est devenu un cliché fatigant – par le plus sévère mais plus approprié « survivalisme » », plus franc sur les enjeux environnementaux, affirmant se préoccuper de la survie de la planète quand leur but non avoué est la survie de l’espèce humaine.

via Conversations 

 

Athens-Caracas

Spencer Frye, directeur du bailleur social à Athens (Géorgie – USA) ne savait comment traiter la réhabilitation de 24 logements répartis dans 10 maisons de son patrimoine. Jusqu’au jour où l’un de ses employés lui ont passé un livre sur l’architecture du Venezuela. « Et voilà donc que les maisons sont maintenant repeintes en couleurs vives, leur toitures de bardeaux remplacées par des couvertures métalliques. Les duplex rénovés sont repeints en bleu « aqua » rehaussé d’accents oranges autour des portes et des fenêtres : orange aux accents bleus; violet avec accents bleus et jaunes avec accents verts ». Un ripolinage arc-en-ciel exaltant une réhabilitation engageant 15 000 US$ par logement.

Via Online Athens 

 

 

Spider cochon

L’activisme anti-trump s’incarne dans différents avatars architecturaux. Après le fameux mur de séparation entre le Mexique et les USA imaginé par des architectes mexicains, l’agence New World Design vient d’imaginer de masquer le signe Trump de la tour éponyme de Chicago par quatre cochons gonflables dorés. Une intervention à clés sous-tendue par des codes à décrypter : l’animal choisit figurait déjà sur la pochette de l’album animal des flamands roses (en VO, Pink Floyd). Il est aussi une allusion à l’ancienne Miss Univers Alicia Machado, que Donald avait comparé à Peggy la cochonne. Le nombre de suidés rappelle la durée du mandat, et les quatre années qu’il reste à supporter Trump. Ben mon cochon !

Via Huffington Post Quebec 

trump
Via Huffington Post Quebec

 

Gehry vs Meyer

La Los Angeles Conservancy, une association à but non lucratif s’occupant de la préservation du patrimoine angelino, attaque en justice la municipalité qui vient d’approuver un complexe de commerces et logements sur le Sunset Strip. Motif : l’approbation d’un projet de Gehry qui prévoit la destruction de la Chase Bank dessiné par Kurt Meyer dans les années 60. « En écartant pas un, mais deux projets offrant des alternatives viables de conservation, la Ville a violé la loi ». La cour a demandé l’annulation du permis de construire et arrêté le chantier : « … quand, comme ici, les objectifs fondamentaux d’un projet peuvent être réalisés sans démolition d’un bien historique, le CEQA (California Environmental Quality Act) s’oppose à cette perte culturelle inutile ». Pour réaliser ce monument, le financier Bart Lytton avait lui-même dû raser les « jardin d’Allah », un ensemble de bungalow converti en hôtel fréquenté par des clients aussi prestigieux qu’Orson Welles et Frances Scott Fitzgerald.

via LA Curbed 

 

L’esprit BauhauSS

Surprise dans l’exposition Bauhaus présentée au musée des arts décoratifs à Paris. Sur une planisphère résumant visuellement l’héritage du Bauhaus, sont localisés Tel Aviv, Flaine, Ulm, et… Auschwitz, conçu par Fritz Ertl, étudiant devenu membre de la SS. « Faire figurer Auschwitz parmi les lieux témoignant de « l’héritage » du Bauhaus est une véritable monstruosité » s’offusque sur internet un architecte dont le père avait été formé à l’école. Pour Anne Monier et Olivier Gabet, commissaires de l’exposition, « certains élèves ont flirtés avec des idéologies totalitaires, l’historien de l’architecture Jean-Louis Cohen le raconte très bien ». S’il confirme la vérité historique, Cohen estime « choquant et difficilement compréhensible de présenter les choses de cette façon : « ça fait un trou dans le mur », estime l’historien. En guise d’enduit de rebouchage, le musée prépare une notice explicative.

Via Marianne 

 

(in)soutenable architecture

Premier établissement « zéro carbone » du Royaume Uni, l’école primaire de Darlington passait pour un édifice visionnaire lors de son inauguration en 2010. Cependant, trois ans plus tard, le bâtiment était fermé, et ses 300 élèves relogés dans des locaux provisoires. Six ans après sa livraison, l’édifice modèle vient d’être démoli. Des fuites étaient apparues dans sa toiture durable dès sa mise en service. Un rapport condamne le design de l’ouvrage de couverture, et souligne la complexité du système de recueil d’eau de pluie. « Les problèmes se concentrent autour de la toiture révolutionnaire et son revêtement de fines lattes de noisetier local. Le bois devait fournir une enveloppe naturelle et respirante se dispensant de tout type de pare-pluie ou d’étanchéité ». Affirmant que des erreurs de conceptions sont à l’origine des sinistres, les autorités locales réclament 7 millions de livres de dommages et intérêts – et demandent aux architectes de couvrir les frais de réparation et de locations de locaux temporaires. Les intéressés se refusent à tout commentaire tant que les procédures sont en cours.

Via The Plymouth Herald 

Dartington Primary School, Totnes
Dartington Primary School, Totnes via The Plymouth Herald

 

Mauvais Signe

Pour ouvrir le Signe, Centre national du graphisme conçut par Moatti et Rivière, Chaumont avait pratiquement sacrifié son festival de graphisme. Quelque mois après son ouverture, l’équipement n’a déjà plus les moyens de garantir ses missions : plus de la moitié de son budget de fonctionnement, estimé à 3 millions, manque à l’appel. « Sans nouvelles du ministère de la Culture, qui s’était engagé en 2016 à soutenir le projet, le graphiste Vincent Perrottet, conseiller scientifique du Centre, a donc rédigé une pétition, mise en page par Les Graphiquants. Il demande à l’Etat, à la Région Grand Est et à la municipalité de verser chacun 850 000 euros. Soit, rappelle-t-il, un dix-millième du budget de la Culture. Un dix-millième pour faire fonctionner un centre unique en Europe, voire dans le monde. Un dix-millième pour combler un vide culturel persistant. Pour le prix de trois missiles Exocet (800 000 euros pièce environ), le sort du Signe serait donc assuré ». En l’état actuel, le somptueux bâtiment a surtout l’allure d’un chant du cygne.

Tout chose-Xavier de Jarcy – via Télérama 

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Olivier Namias

ARCHICREATIV’, créativité et architecture durable

ARCHICREATIV’, créativité et architecture durable

ARCHICREATIV’ est un évènement professionnel mettant face à face industriels et architectes autour d’une double thématique : créativité et architecture durable. Organisé par le groupe BEE MEDIAS, éditeur des magazines Architectures CREE et Intramuros, et l’agence THEMA DESIGN, il se tiendra dans la Cathédrale de la Cité de l’architecture & du patrimoine les mercredi 11 et jeudi 12 janvier 2017. 22 exposants présenteront un panorama de solutions en façade, menuiserie, électricité́, robinetterie, énergie, aménagement extérieur et intérieur… 

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inscription en ligne

 

Parmi eux, citons :

  • MAPEI avec la solution Ultratop System. Ce revêtement de sol décoratif base ciment est un revêtement minéral autolissant à haute résistance. Ce sol coulé s’adapte parfaitement aux locaux commerciaux, bâtiments publics, showrooms… Il propose un système complet, de la préparation du support à la finition.
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Roca Gallery, Zaha Hadid, Londres

 

  • METSA WOOD avec la solution Kerto®, un produit lamibois performant en structure. Il est formé de placages d’épicéa obtenus par déroulage. Les placages de 3 mm sont assemblés par des joints «scarfés» et décalés, puis collés à chaud sous haute pression.  Le Kerto-S présente l’ensemble des placages orientés dans le même sens. Pour une plus grande stabilité, le Kerto est aussi fabriqué avec 20 % de plis croisés à 90° : c’est le Kerto-Q. L’humidité est inférieure à 4 % lors de la fabrication et de l’ordre de 12 % à la livraison. Les solutions METSA WOOD ont été utilisées pour le complexe sportif de Clamart de Gaëtan Le Penhuel Architectes mais aussi pour cette insolite extension résidentielle.

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  • SCHOCK, spécialiste du traitement des ponts thermiques sera présent à ARCHICREATIV’. Ses solutions ont été utilisés dans le conception du FRAC Centre de Jakob et Mac Farlane, mais aussi pour un projet à Wien (Autriche) où l’enjeu semble se situer dans les balcons… En plus des rupteurs thermiques, la société développe et fabrique des produits techniques de haute qualité, tels que des éléments de coffrage de rive en béton fibré, des rupteurs acoustiques pour escaliers en béton, des armatures en fibres de verre et des goujons.

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Biennale de design de Saint-Etienne, un working promesse

Biennale de design de Saint-Etienne, un working promesse

Ce jeudi 1er décembre s’est déroulée la conférence de presse inaugurale de la 10e biennale internationale de design de Saint-Etienne, qui se tiendra du 9 mars au 9 avril 2017. Elle abordera la thématique des mutations au travail sous l’influence du design et posera l’industrie créative comme « accélérateur » de changements. La conférence s’est tenue dans les locaux d’AREP et Gares& Connections ; une belle façon d’illustrer le propos de la biennale, dans cet ancien atelier Panhard et Levassor, dernier vestige des usines automobiles de Paris.

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Détroit : C : ShiftSpace (Detroit’s café + Bureau) Detroit edition of ShiftSpace during the 2016 Detroit Design Summit + Festival. Scenography: LAAVU featuring the works of Ben Saginaw, Carl Wilson, Floyd, LAAVU, Olayami Dabls, Senghor Reid, Thing Thing, Tiff Massey, Vector Lab, and 826Michigan. ©Creative Many Michigan

Mutations du travail

Olivier Peyricot, directeur scientifique de la biennale et du pôle recherche de la Cité du design, s’appuie sur les propos de l’historien et critique Siegfried Giedion, qui a identifié Catherine Beecher comme pionnière du design industriel. Fondatrice de « l‘économie du foyer » et auteure de l’ouvrage A Treatise on Domestic Economy for the Use of Young Ladies at Home and at School (1842), elle a mené des réflexions sur la rationalisation des déplacements et des gestes de la « ménagère » dans l’habitation, en transférant des process industriels aux activités domestiques. Pour faire court, s’en est suivi IKEA, la domotique et surtout le digital, qui a engendré une nouvelle organisation du travail à partir d’un outil unique. Le digital questionne notre rapport à la matière première, aux usages et à notre situation dans l’espace, abolissant les frontières physiques. Demain, la robotisation et l’utilisation décuplée de l’algorithme engendreront d’autres mutations.

Le design est interrogé en tant qu’outil de mise en forme de la modernité, accompagnateur et simulateur de changement. Il semble aujourd’hui en rupture avec ses fondamentaux (objets), devenu design de service, design citrique ou design social.

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Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon, Institut Néoténie pour la fin du travail / Neoteny Institute for the End of Work, Call center à échelle réduite, plantes et films en boucle, 2017. ©Stéphane Degoutin et Gwenola Wagon

Digital labor et tiers-lieux

La biennale de Design Saint-Etienne se structure autour de deux symptômes clés : le digital labor, qui représente l’arrivée du numérique dans nos vies quotidiennes et réorganise complètement le travail en termes de temporalité, de lieux mais aussi de contractualisations et de revenus ; les nouvelles organisation du travail à travers l’existence des tiers-lieux (Fablab, co-working place… ). Ces deux approches centrales seront articulées à des problématiques connexes comme la question des savoir-faire dans les métiers, les processus, l’embauche, le corps dans le travail, les cycles de production, l’automatisation, le bureau, etc. Les  commissaires invités mèneront des réflexions autour de ces thématiques ; les points de vues divers et regards contradictoires constituant un panorama à un instant T sur un enjeu qui traverse la société et dont le design est un des acteurs.

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Si automatique ? (if automatic ?) – Eric Fache : Photocomposition montrant l’amplitude mouvement du bras robot qui peut atteindre 3.5m de haut. Épaule, coude, poignet sont articulés et guident la mine qui trace. Le robot est autonome et ‘choisit’ ce qu’il représente et comment il le fait. © Guillaume Crédoz

Tour d’horizons

Petit tour d’horizons sur les expositions à venir, en commençant par « La fin du travail », une carte blanche commandée au duo Degoutin & Wagon. Dans un call center abandonné, dévoré par les plantes de bureau d’intérieur, seront projetées en boucle des vidéos présentant des scènes de folies au travail. Entre aliénation et résistance, attitudes hostiles et stratégies multiples de survie, sera questionnée la fin du travail.

Dans « Extravailances #  Working Dead » l’anticipation sera de mise. Avec Didier Fiuza Faustino (artiste et architecte), Alain Damasio et Norbert Merjagnan (écrivains, auteurs de science-fiction) et le collectif Zanzibar, la science-fiction s’invite dans le design. Car les mutations s’accélèrent : celle des systèmes-experts contre les savoir-faire (critique de la multi-expertise donnée à tous par le biais du digital) ; des algorithmes contre la compétence sensible, des robots en lieu et place des gestes et des paroles. A travers mots, modules et sons, le visiteur sera immergé dans les récits à l’écoute des f(r)ictions.

 KVM – Ju Hyun Lee et Frédric Burel partent de la figure du « travailleur horizontal », né de formes inédites de sédentarisation et de l’étirement du temps de travail, générées par l’accélération des nouvelles technologies, de l’information et de la communication. « Cut & Care – A chance to Cut is a Chance to Care », cherche à lui proposer un avenir protectionniste au travers de dispositifs d’écoute disséminés dans l‘espace environnant, invitant le visiteur à se couper de l’espace environnant et dans le même temps à prendre soin de lui.

 

Ainsi, la biennale de design de Saint-Etienne semble s’orienter vers la mise en place de dispositifs architecturaux, plutôt que sur l’exposition d’objets ; un design dont l’immatérialité témoigne des mutations au travail. 

Amélie Luquain

 

 

L’ensemble du programme sur le site internet de l’événement

En quelques chiffres

10e édition – 1 parcours d’expositions (de 1 à 10) sur le site de la Cité du Design – 11 commissaires d’expositions internationaux – 30 lieux IN – 15 projets de l’Ecole Supérieure d’art et de design Saint-Etienne (ESADSE) – 9 écoles d’art et de design invitée par l’ESADSE – 9 labos mobiles d’entreprises

Comme invitée d’honneur cette année, Détroit, membre du réseau des villes créatives UNESCO de design et témoin de l’expérience d’une ville résiliente.

 

NP2F aménage les terrains de sport des Jardins de Saint-Paul

L’agence NP2F dessine le sol de l’aire sportive du TEP (Terrain d’Education Physique) dans un site contraint, celui qui longe la rue Jardins de Saint‐Paul (Paris 4e).

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Les quatre architectes associés de l’agence NP2F – François Chas, Nicolas Guérin, Fabrice Long et Paul Maître-Devallon – n’en sont pas à leur premier coup d’essai en matière de programmation sportive. Déjà en 2014, ils se font remarquer avec l’exposition « Sports » au Pavillon de l’Arsenal et les terrains multi-sports temporaires érigés en face pour l’occasion. Quand au Centre national des arts du cirque à Châlons-en-Champagne (Marne) conçu avec Caractère spécial §, il reçoit le prix du Moniteur « Culture, jeunesse et sport » et est largement plébiscité. Dans la foulée, par le vote du public. Faisant suite, l’agence livre tout récemment le Terrain d’Education Physique des Jardins de Saint-Paul, dans le quatrième arrondissement parisien.

 

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Se jouant de la densité parisienne, le projet vient ouvrir les espaces sportifs à la ville, en restructurant les terrains d’une dent creuse en plein cœur de la métropole. Avec sa morphologie en longueur (20 x 150 m environ), la parcelle s’étire le long de la rue piétonne des Jardins de Saint-Paul, jouxtant les 60 m restants de l’ancienne muraille de Paris construite entre 1190 et 1220 sous le règne de Philippe Auguste. Au bout, elle fait face à l’église Saint-Paul-Saint-Louis. Plutôt que d’aller à son encontre, l’agence NP2F a souhaité entrer en résonance avec ce site contraint, tant morphologiquement qu’historiquement.  

 Pour ce faire, les architectes commencent par caractériser le sol de 3000 m². Sur le sol sportif (toping) composé d’agrégats jaune, blanc et noir, en écho avec la colorimétrie du site, se dessine les tracés des terrains ; de basket, de volley/tennis, de football à 5 et un espace d’initiation au sport pour les jeunes enfants se succèdent. La piste de course de 100 m les borde sur leurs faces est. Les lignes de sol se déploient à la verticale jusqu’à constituer des structures légères, en fait des pares-ballons, qui délimitent les spatialités. Le mobilier sportif est déposé sur ce grand sol, notamment dans l’espace d’initiation pour les plus petits qui viennent s’éveiller grâce à une butte d’escalade, des barres d’équilibre, des anneaux de gymnastique, un panier de basketball (à 170 cm de hauteur) et 3 punching ball. A l’inverse, un mobilier neutre tel que les bancs en béton laisse aux pratiquants des possibilités infinies et non définies au préalable. AL

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Fiche Technique

Restructuration du Terrain d’Education Physique (TEP). Lieu : rue des Jardins de Saint-Paul, Paris 4e. Maîtrise d’ouvrage : Ville de Paris – DJS Maîtrise d’œuvre : NP2F architectes  Surface : 2900 m² Montant global et forfaitaire des travaux : 250 000 euros HT Calendrier : Etudes février-juin 2016 / Appel d’offre juillet-septembre 2016 / Livraison  septembre 2016

Courtesy NP2F / Antoine Espinasseau

 

Entretien avec Laurent Deroo : élégance frugale

Figure discrète de la scène architecturale, Laurent Deroo a réalisé en 15 ans de nombreuses boutiques pour la marque APC. Cette collaboration au long cours lui a permis de développer une approche projectuelle originale, qu’il a appliquée à d’autres programmes. L’architecte, qui fut dans une première vie décorateur de cinéma, revient sur son travail dans l’architecture commerciale et les ressorts particuliers qui le sous-tendent. 

 

Interview parue dans CREE 377, p 118 à 127, en vente ici

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APC Melrose Place, Los Angeles, USA © Taiyo Watanabe

CREE Vous avez travaillé dix ans dans la conception de décors pour le cinéma et depuis 2000 vous êtes revenu à l’architecture et à la conception d’appartements, de maisons, mais surtout de boutiques. Voyez-vous des liens entre ces deux univers, ou sont-ils totalement séparés ?

Laurent Deroo Je conçois mes projets de boutiques comme un architecte, non comme un décorateur de cinéma ou un designer, même si mon expérience du cinéma transparaît toujours. Dans le fond, quelle est la finalité d’un décor de film ? C’est de raconter quelque chose des personnages, traduire des caractères et des ambiances en mettant des éléments en perspective, avec pour outils, le choix des textures, des couleurs, des transparences ou des embrasures qui masquent ou découvrent des parties de l’espace montré… Autant de notions que je mets au service du projet d’architecture, au travers de séquences de mouvement, de travellings, de plongées et contre-plongées, et ce, dès le premier croquis. J’essaye de m’imaginer à la place du client, de comprendre comment il parcourrait un lieu, comment il en sortirait. Je suis très soucieux d’éliminer les configurations en cul-de-sac, trop souvent présentes dans l’architecture commerciale, car j’estime qu’elles vont à l’encontre de la fluidité de l’espace et des corps. Je veux faire en sorte que l’on ne découvre pas tous les aspects d’un lieu au premier coup d’œil. J’ai tendance à fractionner les boutiques en séquences, ce qui m’a conduit à recourir aux contrastes : contrastes de matériaux, de volumes, de luminosité, une stratégie toujours efficace lorsque cherche à basculer d’une séquence à une autre, somme toute une forme assez proche du montage cinématographique.

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APC Melrose Place, Los Angeles, USA © Taiyo Watanabe
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APC Melrose Place, Los Angeles, USA © Taiyo Watanabe
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APC Melrose Place, Los Angeles, USA © Taiyo Watanabe
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APC Melrose Place, Los Angeles, USA © Taiyo Watanabe

CREE Les décors de cinéma comportent une dimension factice, de simulacre, qui a pu être critiquée par Koolhaas. Comment passe-t-on du faux, du temporaire, à l’univers plus pérenne de l’architecture, où aucun accessoiriste ne viendra réparer la patère qui se décroche, la porte malmenée par un usager ?

Laurent Deroo J’ai surtout collaboré avec des réalisateurs qui avaient des démarches d’auteurs, recherchant des univers esthétiques singuliers. La question n’était pas de savoir si telle tasse ou décors seraient jolis à l’image mais plutôt si la sensation exprimée par l’espace ou l’objet correspondait à l’atmosphère de la séquence. J’évoluais avec une approche un peu abstraite et peu exploitée du décor comme personnage, tenant plus de l’art contemporain que du parc d’attractions, de la reconstitution historique et ses faux boulons ou l’imitation de rouille très valorisés dans le cinéma français, qui s’intéresse très peu à la représentation de l’espace dès qu’elle ne touche pas à la reconstitution historique.

Pour ma part, l’imperfection m’attire beaucoup. Pour revenir au cinéma, j’ai toujours trouvé un grand intérêt aux envers du décor, aux structures bois des châssis, qui lorsqu’elles sont bien réalisées, deviennent beaucoup plus parlantes que le décor lui-même. J’ai transposé ça très tôt dans mon travail d’architecte dans plusieurs projets de boutiques APC, à Harajuku, au Japon, Séoul, etc. Montrer le dos, l’ossature, donne l’opportunité d’une matérialité.

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APC Harajuku, Tokyo

CREE Pourriez-vous développer cette notion ?

L.D. Cette problématique de la matérialité ne concerne pas que l’aménagement de mes projets de boutiques. Elle me paraît centrale dans la question des projets et des façades contemporaines, dont la peau peut parfois être considérée comme des décors. Pour redonner de la substance à ces parois qui tendent vers l’évanescence et l’immatérialité, on rapporte des éléments, des double ou triple peaux, censés réintroduire une certaine forme de matérialité, alors que celle-ci réside intrinsèquement dans ce qui est en arrière-plan, dans ce qui porte, ce qui soutient, dans la texture de ce qui n’est pas considéré comme noble. C’est une idée difficile à transmettre, que d’envisager que la matérialité puisse résider dans les choses non nobles, dans la présence physique des éléments. Plus on interpose de filtres entre nous et les choses, plus on s’en éloigne. Dans mes projets, je cherche à éviter les artifices en restant ambitieux sur la présence des choses, des espaces, des matières. C’est une façon d’exprimer des valeurs et des qualités morales à travers le projet, une manière de s’inscrire dans un mouvement de remise en question de l’immatérialité qu’on perçoit aussi à travers mon intérêt pour les matériaux massifs et donc, durables.

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APC Paris Royale

CREE Le soin apporté à vos projets semble à mille lieues de cette “scénographie de l’imperfection” que vous revendiquez.

L.D. Je ne me situe pas dans l’esthétique du bricolage et cela ne m’empêche pas de voir partout des imperfections dans mes projets livrés ! Mon abécédaire projectuel est très réduit. Je conçois les objets et les espaces en les pliant, en les assemblant, en les rapprochant les uns des autres à travers des registres d’opposition : le minéral et le bois, le lourd et le léger, le rugueux et le lisse, etc. Ces dichotomies peuvent paraître très basiques, elles sont opérantes dans un contexte où la qualité de réalisation et les savoir-faire sont de plus en plus faibles. Faire un assemblage de bois aujourd’hui est un véritable enjeu : il faut trouver le menuisier qui saura l’exécuter sans basculer dans le maniérisme de l’artisanat d’art. Les artisans d’art conservent un savoir-faire mais gardent des a priori esthétiques liés à une culture de la reproduction, du faux, et s’intéressent rarement à nos demandes d’assemblages contemporains mais très bien exécutés. Trouver l’interlocuteur correspondant à votre niveau d’exigence sans verser dans la pièce unique ou l’œuvre d’art étant très compliqué, j’ai choisi de me concentrer sur des éléments basiques que l’on met vraiment en scène. Puisqu’on met de l’énergie dans une fabrication – un plafond, une paroi, un présentoir – autant la montrer : c’est en cela que je qualifie mon approche de low cost. J’essaye de mesurer l’énergie que l’on va déployer, de choisir les endroits où l’on met la matière grise, où l’on met du travail d’artisan ou de constructeur… C’est cette matérialité là que j’expose – sans verser dans le constructivisme année 80 – ni le culte du high tech du boulon. Lorsque l’on développe une mécanique particulière pour un portant, ce n’est pas seulement pour magnifier un assemblage mais avant tout pour transformer l’espace.

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APC Sydney

CREE Peut-on vraiment, au sujet de votre travail avec APC, parler d’une démarche low cost ?

L.D Que ce soit au cinéma ou avec APC, j’ai toujours commencé avec de tous petits budgets, ce qui m’a conduit à développer un grand intérêt pour l’économie du projet. Pour APC, les budgets et les ambitions ont grandi avec le client. Les budgets sont devenus plus confortables tout en restant très en dessous de ce qui se fait ailleurs dans la mode, où l’on assiste à une surenchère des coûts. Des entités comme LVMH ou Kering, pour ne citer qu’elles, mobilisent des budgets auxquels je n’accéderai jamais. Il faut que je propose une autre philosophie de l’architecture commerciale et j’ai eu la chance de pouvoir la développer avec un interlocuteur comme Jean Touitou d’APC, pour lequel j’ai aussi réalisé plusieurs projets à vocation résidentielle et tertiaire. Avec APC, j’ai eu la chance qu’on me demande progressivement de participer à l’évolution de l’identité de la marque, de remplir un rôle de directeur artistique dépassant largement les problématiques esthétiques ou fonctionnelles sur la disposition d’étagères ou de portants.

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APC Downtown Los Angeles
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APC Downtown Los Angeles

 

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APC Downtown Los Angeles
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APC Downtown Los Angeles

 

 

 

 

 

 

CREE Qu’est-ce qu’a permis de développer cette relation privilégiée avec ce client, pour lequel vous avez réalisé près de 80 projets ?

L.D. D’abord la confiance réciproque sur la durée. Ensuite mon travail pour APC va à rebours des usages en vigueur dans l’architecture commerciale. D’abord, je suis impliqué dans le projet dès le choix d’une boutique, d’un emplacement et je peux même donner un avis négatif sur l’achat d’un local dans lequel je sens que l’on n’arrivera pas à exprimer l’identité de la marque par l’architecture. Ensuite, nous avons décidé très tôt qu’il n’y aurait pas de concept, ce qui revenait à se tirer une balle dans le pied à chaque nouveau projet mais à permis de faire évoluer progressivement l’identité architecturale de la marque, sans heurt. Au niveau de la temporalité, vous évoquiez des 14_deroo_cree-377temps de chantier de deux mois, je demande pour ma part à ce qu’on me laisse trois mois d’études, ce qui est beaucoup pour une simple boutique, certains projets plus ambitieux demandant plus de temps. Nous tenons à ne pas étirer le temps de conception, par souci pour notre commanditaire qui doit aussi diffuser des collections et doit donc faire face à des enjeux financiers. Nous savons aussi qu’un projet qui s’éternise finit souvent par s’enliser : nous en avons fait l’expérience avec plusieurs projets de maisons individuelles. Si nous avons pu développer des relations avec d’autres clients sur ces bases – temporalité minimale, recherche conjointe d’identité etc. -, il faut bien reconnaître que dans ce secteur, cette collaboration est contre-modèle.

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APC Séoul
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APC Séoul

CREE Comment adaptez-vous cette démarche très particulière au service de clients privés, et de projets de maisons, d’appartement ? Quelles sont les similitudes et les divergences ?

L.D. J’essaye d’abord de travailler avec des gens qui ont les mêmes attentes : je les interroge, sur leur goût, j’essaye de cerner leur personnalité, leur sensibilité… Dans les projets commerciaux comme dans les projets privés, je développe une stratégie que je définirai comme une stratégie de la friche : je pense qu’il faut laisser des terrains neutres et poser des choses très fortes pour laisser des parties en friche – pas sans travaux mais en friche d’appropriation -, laissant une certaine liberté au maître d’ouvrage. Plutôt que de réaliser une architecture totale, s’occupant de dessiner l’espace à 360° dans ses moindres détails – une attitude que je trouve aussi oppressante qu’ingérable d’un point de vue de l’économie du projet – je préfère concentrer mes efforts sur quelques points précis qui me semblent cruciaux. Cette démarche fonctionne aussi bien pour les boutiques que pour les projets privés. Elle produit, entre des pôles très définis et le reste de l’espace, des mises en tension que je trouve très fertiles. Cela permet de passer d’un monologue esthétique de l’aménagement à un dialogue du projet et des usages. Je n’aime pas l’architecture du monologue !

 

Olivier Namias