Arche de Noé, Bunker ou cabane Ikea : la revue de presse du 31/01/2017

Manchots papous et royaux, Arche de Noé et bombe atomique : tous au parc à thème – Bunker souterrain de luxe, cabane Ikea ou maison rotative : quel refuge choisir ? – Un cube pour parquer l’humanité – Un néoclassique et des citoyens lambda récompensés pour leurs contributions à l’architecture. La revue de presse du 31 janvier 2017

 

Laisse les manchots à Serris

La vague de froid vient de s’achever, dévaler les pentes enneigées d’EuropaCity s’avère impossible pour cause d’abandon du projet, et la patinoire au sommet de la tour Montparnasse n’est pas encore ouverte. Nostalgique d’hivers et de frimas, ne désespère pas : « nous avions déjà des bassins pour les requins d’eau froide et des espaces dédiés aux espèces d’Amazonie comme les piranhas, nous voulons offrir à nos visiteurs la possibilité de découvrir le monde polaire » explique Laurent Agneesens, le président du parc aquatique « Sea Life » au centre commercial Val D’Europe, qui s’apprête à accueillir sur 400 m2 une vingtaine de manchots royaux et papous. « Une fois les travaux achevés, cette manchotière reproduira au plus près les conditions de vie naturelle et permettra notamment aux enfants de voir les manchots nager sous l’eau comme en Antarctique », explique Laurent Agneesens. Un parcours sensoriel permettant de découvrir l’environnement et le quotidien des manchots sur la banquise ainsi qu’un espace dédié à la protection de l’environnement sortiront également de terre ». Le maire de Serris rassure « il convient de rappeler que tous ces manchots sont nés en captivité et n’ont pas été prélevés dans la nature. Leur présence va permettre la reproduction de l’espèce pour le plus grand bonheur des groupes scolaires de Serris ». Entre le Parc d’attraction et l’Eros Center Zoophile, la frontière semble ténue.

Via Le Parisien 

 

La grande Arche

Elle s’inspire, elle aussi, d’un bâtiment – au sens naval du terme – construit pour préserver la biodiversité. Mais elle recevra surtout des touristes pieux, la réplique de l’Arche de Noé construite dans le Kentucky pour le compte de l’organisation chrétienne Answers in Genesis à partir de rares informations glanées dans la Bible – sur ce point, la genèse se montre avare en indications. Pas question d’y embarquer lors du prochain déluge « d’un point de vue technique, l’arche est plus un édifice qu’un navire. Bien qu’elle soit surélevée sur des piliers de béton, elle ne supporterait pas mieux les inondations qu’un musée plus traditionnel ». Par contre, elle supporte le vent au-delà des exigences du Saint-Livre de chantier, le code de la construction, imposant de répondre à une contrainte de vent de 160 km/h. « Nous voulions être sûr que si plusieurs milliers de visiteurs se trouvaient dans l’Arche au moment d’une grande tempête, ils y seraient en sécurité » confesse LeRoy Troyer, président du groupe éponyme, société spécialisée dans la construction bois qui a réalisé l’ouvrage. Quand les vents dépassent 200 km/h, les visiteurs sont-ils encouragés à prier pour le maintien de la structure ?

Via Architect Magazine 

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Courtesy Troyer Group via architect magazine
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Courtesy Troyer Group via architect magazine
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Courtesy Troyer Group via architect magazine
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Courtesy Troyer Group via architect magazine

 

La grande Arche, deuxième

Mais l’ouvrage de l’Arche qui a demandé le plus de recherche, a confié LeRoy Troyer à l’Architect Journal, a été le revêtement extérieur bois. A la recherche d’un matériau pouvant durer plus de 150 ans, il a sélectionné un bois traité produit par une société londonienne. Coupé en Nouvelle-Zélande, le bois a d’abord été envoyé aux Pays-Bas pour un traitement à base de vinaigre altérant sa structure et la rendant extrêmement durable – un process sans doute proche de celui employé par Noé à l’époque, voyage transpacifique et transatlantique compris. Les planches de bois griseront avec le temps : un peu comme sur l’Arche de la Défense à Paris, qui vient de voir les plaques de marbre blanc de son pilier sud remplacées par un granit gris très clair, nous apprend Archiscopie.

Via Architect Magazine et Archiscopie n°9, Janvier 2017; in« La grande Arche – Laurence Cossée », Gwenaël Querrien,

 

Georges à tort

Los Angeles se réjouit d’avoir été choisie pour accueillir le Musée des Arts Narratifs de George Lucas (LMNA), longtemps en quête d’un site après avoir été chassé de Chicago. « Le bâtiment de 25 000 m2 apportera des dizaines de milliers d’emplois dans la construction et plus d’un millier d’emplois permanents, et c’est une estimation basse », a déclaré le maire de Los Angeles Eric Garcetti. Pourtant, aux yeux de Christopher Knight, le LMNA est une mauvaise idée. Le critique d’art du LA Times émet des doutes sur la cohérence de la collection de Lucas et la pertinence du propos qu’il explore, et affirme que l’argent que l’on s’apprête à engloutir dans la construction du prochain vaisseau de Lucas aurait dû être employé à consolider les musées existants. « Un milliard de dollars va bientôt être gaspillé pour un projet à la mission artistique douteuse, somme qui aurait pu servir à quelque chose d’utile, voir profond. Au lieu de quoi on glisse le pied affreux d’une demi-soeur dans une fragile pantoufle de verre (sic) ».

Via LA Times 

 

Après l’explosion nucléaire

Au milieu des années 60, Mao craignait d’être envahi par les Russes. Une hantise qui le poussa à concentrer toutes ses infrastructures – usines, bases militaires – hors de portée des soviétiques. Des morceaux de ce projet colossal baptisé « 3e front » ouvrent au public, à l’instar du site 816, près de Dailang, abritant sous la montagne des installations devant permettre de fabriquer des bombes au plutonium. Abandonné en 1984, le projet n’a jamais rempli sa fonction initiale. Une partie de ses 21 km de galeries ont été utilisé par une usine d’engrais, avant d’être convertis pour un tiers en site touristique à partir de 2010. En septembre dernier, les installations ont été mises à niveaux et ouvertes pour la première fois aux touristes étrangers. « La seule chose positive du projet est qu’il n’a jamais été fini » commente Hui Zhang, chercheur atomiste, à propos du programme d’origine. « Pour le développement nucléaire chinois, le projet 816 ne servait véritablement à rien ». 359 millions de dollars auront été dépensés, et au moins une centaine de soldat auront perdu la vie pour sa construction. « Nous nous étions impliqués dans ce projet par amour de la nation », témoigne un ancien ouvrier. « Si on nous avait dit qu’à la fin il serait transformé en attraction touristique, nous n’y aurions jamais participé ». Encore un qui boudera l’inauguration du Maoland Park.

via New York Times 

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A replica of an atomic bomb that China tested in 1965 is part of a tour of the 816 nuclear plant inside Jinzi Mountain in Fuling. The project was China’s first attempt to build a nuclear reactor that could produce weapons-grade plutonium without Soviet help. Credit Gilles Sabrié for The New York Times
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The entrance to the 816 nuclear plant. Work on the project was halted in 1984, but the site was revived for tourism in 2010. Credit Gilles Sabrié for The New York Times

 

Avant l’implosion sociétale

« Hall me guide à travers le garage, nous descendons une rampe, passons dans un salon équipé d’une cheminée en pierre, d’un coin repas et d’une cuisine. Cela donne l’impression d’être dans un hôtel de station de ski sans fenêtres : table de billard, appareils inox, et fauteuils en cuir. Pour agrandir l’espace, Hall s’est inspiré de l’aménagement des bateaux de croisière. Alors qu’il prépare le repas – steak, pomme de terre et salade – Hall me confie que la partie la plus difficile du projet était de rendre l’existence souterraine supportable (…) Les murs de la résidence sont équipés de fenêtre LED qui affichent une vue en temps réel des prairies surplombant le silo (souterrain, NDLR). Les propriétaires peuvent aussi choisir une vidéo de forêt de pin ou autre. Un résident potentiel de New York voudrait une vidéo de Central Park. « Les quatre saisons nuit et jour, les bruit des taxis et des klaxons ». Devant la multiplication des signaux alarmants de fin du monde – Trump à la Maison Blanche, le réchauffement climatique – les plus riches prennent leur précautions et louent des places dans des bunkers haut-de-gamme tel celui-ci. Ironie du sort, la « résidence » visitée par le New Yorker est aménagée dans un silo construit initialement pour abriter une fusée nucléaire pointée vers l’URSS. Passant du gratte-ciel au gratte-sol, les riches résidents abandonnent les vues panoramiques. Beaucoup d’argent dépensé, et même pas une petite fenêtre pour profiter du spectacle de l’Apocalypse ?

Via Archinect et New Yorker 

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Custom High Security Luxury and Multi-Use Bunker Complex via Survival Condo via archinect

 

Tournez ménages

« C’est pour les gens qui ne se cantonnent pas aux ornières de l’esthétique traditionnelle », explique l’artiste Michael Jantzen, artiste spécialisé dans la maison transformable, typologie que CNN a explorée en prêtant une attention particulière aux maisons tournantes. « Les occupants peuvent éviter la chaleur de l’été en tournant les espaces de vie dos au soleil, et le rechercher en hiver ». L’habitat rotatif et/ou mobile présenterait de sérieux avantages sur le plan environnemental, explique la chaine : « l’intérêt des maisons tournantes ne tient pas seulement à leur capacité à s’orienter vers la meilleure vue. Créer des bâtiments capables de s’adapter à leur environnement induit un mode de vie durable », explique Ben Grunberg, architecte créateur du concept de Dynamic D*Haus, maison modulaire qui se déploie « comme une fleur ». Comme on pouvait s’y attendre, construire une propriété mobile n’est pas bon marché : une maison comme la Dynamic D* House couterait 2,43 millions d’US$. La population aisée se diviserait donc en deux catégories : ceux qui s’enterrent, et ceux qui tournent.

Via CNN 

 

 

Ma cabane à l’ikeanada

Ils avaient récompensé la torche des jeux olympiques 2012, ou l’affiche « Hope » créée par Shepherd Fairey lors de la première campagne présidentielle d’Obama. En 2016, les jurés du London’s Design Museum ont décerné leur prix de l’année au Better Shelter, un abri souvent présenté comme le refuge Ikea, né d’une collaboration entre la fondation Ikea, l’UNHCR, et un groupe d’architectes/designer. « Nous avons choisi l’abri IKEA parce qu’il ne résout pas seulement un problème de design, mais une vraie crise mondiale – comment créer un logement pour réfugiés qui soit très mobile, sûr, confortable avec un budget réduit ? (…) Il respecte la dignité des réfugiés à la recherche d’un abri stable ». Les principaux intéressés ont-ils pris part aux délibérations du jury ? Ils sont vivement priés d’apprécier cet abri sommaire, déjà diffusé à 30 000 exemplaires à travers le monde.

Via Architectural Digest 

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The Better Shelter, a temporary home for displaced people, won the Design Museum’s Beazley prize via architcetural digest
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Over 30,000 Better Shelters are already in use around the world via architectural digest

 

Les uns contre les autres

Qu’est-ce qui tient dans un cube de 1,346 km de coté ? Les 7,4 milliards d’habitants de la planète terre, affirme Real Life Lore, un youtuber qui s’est livré à d’étranges calculs d’urbanométrie. Chez Real life Lore, les normes en matière de logements ne sont pas des plus généreuses « il faut savoir en premier lieu d’un mètre carré ne doit pas accueillir plus de cinq personnes » relate Slate. A cette aune, l’usine Boeing Everett, qui passe pour le plus grand bâtiment du monde, pourrait abriter 40,8 millions de personnes. Le cube défini par RealLifeLore « peut sembler gros, mais en réalité, ce bâtiment pourrait être placé dans le centre-ville de New York, et ne serait plus haut que de 500 mètres par rapport au gratte-ciel détenteur du record jusque-là, le Burj Khalifa ». En faire le tour ne prendrait qu’une demie heure, explique le YouTuber. Enfin un projet qui fait rêver.

Via Slate 

 

 

Le néo classique au meilleur prix

« Durant toute sa carrière, Robert Adam s’est confronté aux enjeux de notre époque, tout en contestant la pensée contemporaine en architecture et urbanisme. Il a abondamment écrit à propos des tensions entre globalisation et régionalisme apparaissant alors que nous formalisons notre environnement bâti. La durabilité est le pilier de son œuvre, incarnée dans un urbanisme et une architecture respectueuse du climat, des cultures et des traditions constructives locales ». À la suite de Leon Krier ou Quinian Terry, l’architecte néo-classique Robert Adam vient de recevoir le prix Richard H. Driehaus, qui passe pour la récompense la mieux dotée de toute la profession : 200 000 US$, accompagnés d’un bronze miniature représentant un monument de la Grèce antique, le monument chorégique de Lysicrate. Et ça, ça n’a pas de prix…

Via Building Design

 

 

Aux Joséphois, l’architecture reconnaissante

Un bon projet, c’est d’abord un bon maître d’ouvrage, qualité que les édiles Saint-Joseph-du-Lac, au Québec, savent apprécier et récompenser. « Le maire de Saint-Joseph-du-Lac, Benoit Proulx, et son conseil ont tenu à souligner, lors de la séance du conseil municipal du 9 janvier dernier, l’effort consenti, au cours des années 2014, 2015 et 2016, par des propriétaires joséphois pour restaurer, ériger ou aménager des espaces attrayants favorables au soutien de l’activité économique et la mise en valeur du territoire », relate L’Eveil. L’initiative récente de la mairie s’appuie sur « une analyse selon une grille précise portant entre autres sur le caractère architectural du lieu, la qualité de l’intégration en relation avec l’environnement immédiat, le souci de conservation des caractéristiques architecturales propres au bâtiment, la mise en valeur de produits et d’activités agricoles ou encore sur la performance énergétique et ses qualités écologiques ». 9 projets sur 200 ont fait l’objet d’une recommandation du Comité consultatif d’urbanisme (CCU) au conseil municipal. Les heureux propriétaires ont reçu du premier élu et de son adjoint à l’urbanisme un certificat de reconnaissance « visant à souligner leur engagement à conserver l’héritage du passé tout en l’intégrant harmonieusement avec l’environnement urbain actuel ». Et ça, ça n’a pas de prix, du moins pas en monnaie sonnante et trébuchante, ni même en dollars canadiens.

Via L’Eveil 

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Janick Hardy, représentante de Couche-Tard, Éric Lafrance et Julie Hubert (derrière) des Vergers Lafrance, Pierre Lamarche et Francine Daigle du Verger Lamarche, Thérèse Paquin et Julien Lauzon du Verger Julien Lauzon, Sofia Puspur et André Lamontagne, Guy Caron de Gérard Patates Frites, le maire de Saint-Joseph-du-Lac, Benoit Proulx, le conseiller Louis-Philippe Marineau, le conseiller et président du CCU Nicolas Villeneuve, le conseiller Alain Théorêt, le conseiller Donald Robinson et le conseiller Michel Thorn. Les absents de la photo: Lyne Dubé, Éric Guindon et Mélanie Poulin via l’eveil

 

Olivier Namias

Intramuros lance D80 chez Artcurial

Intramuros lance D80 chez Artcurial

Habillé de son écrin luxueux rougeoyant, D80 est le premier ouvrage d’une collection à venir des Éditions Intramuros / Bee medias. Son lancement chez la librairie Artcurial lundi 23 janvier fut l’occasion de faire parler les invités sur leur vision des années 80 et du design de cette époque charnière. En images :

D80-Design, les années 80 en vente ici

(Re)découverte du Centre Pompidou

(Re)découverte du Centre Pompidou

Alors que le plateau Beaubourg n’était encore que le parking des Halles Baltard, le président Georges Pompidou décide, en 1969, de l’affecter à la construction d’un centre culturel pluridisciplinaire d’un nouveau genre. Après observation et analyse des musées de par le monde, un concours international est lancé : une première en France. 681 concurrents répondent. Parmi eux, l’équipe constituée de Renzo Piano, Gianfranco Franchini et Richard Rogers convainc le jury, présidé par l’architecte-ingénieur Jean Prouvé. En juillet 1973, est dévoilée la maquette finale du projet. Jugé trop révolutionnaire et dans le même temps trop institutionnel, il est décrit comme un « monstre » et comparé à une « raffinerie de pétrole ». Pour autant, le gouvernement n’en démorde pas, et bien que la tête du centre soit mise à prix suite au décès de Georges Pompidou, la construction continue. Inauguré le 31 janvier 1977, le centre culturel est un triomphe, du moins de curiosité, avec 25 000 visiteurs contre 15 000 attendus. « Notre-Dame des tuyaux » devient très vite un phénomène de société, un hypermarché culturel qui fait le bonheur des sociologues et qui engendrera la renaissance des musées. (Re)découverte du Centre Pompidou, qui 40 ans après, n’a pas perdu de sa célébrité.

 

CREE 46, janvier-février 1977, Le centre national d’art et de culture Georges Pompidou

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Téléchargez la version PDF : le centre national d’art et de culture georges pompidou

 

Immobilier, patrimoine et sémantique : le revue de presse du 24/01/2017

Immobilier, patrimoine et sémantique : le revue de presse du 24/01/2017

La villa la plus chère des USA à LA, la tour Agbar de Jean Nouvel revendue à Barcelone, les agents immobilier parisiens voient le bon coté du Brexit, un éco-village à Mirapolis, Paul Chemetov en lutte, un label pour les villes nouvelles, architecture mot passepartout, une campagne présidentielle sans design, Phyllis Lambert au CCA : la revue de presse du 24 janvier 2017, spécial, immobilier, patrimoine et sémantique

 

Chez l’Oncle Sam’Suffit

Look de motel abandonné avant l’achèvement des travaux, ou de garage macédonien dont la construction aurait été stoppée au R+1 faute de financement, voire d’ex-magasin de meubles en bordure de la RN20, et pourtant : c’est la villa la plus chère des États-Unis, et elle est à vendre pour 250 millions de dollars, nous apprend la rubrique évasion (fiscale ?) de l’Express. D’une surface de 3 530 m2, elle comporte « deux suites parentales, 10 chambres d’invités, 21 salles de bain luxueuses, 3 cuisines gastronomiques, 5 bars, soit le nécessaire pour accueillir les grandes – très grandes – familles » et bien d’autres choses encore, au 924 Bel Air Road à Los Angeles. Le nom de l’architecte n’est pas mentionné dans l’article, qui cite le maître d’ouvrage, le promoteur Bruce Makowsky, célèbre pour avoir précédemment vendu une maison à seulement 70 millions de dollars – le prix du Penthouse dans la 50 UN Plaza dessiné par Foster+Partners à New York. « Je voulais redéfinir la villa luxe super haut-de-gamme », a confié le brillant Bruce à la chaine CNBC. « Je voulais casser tous les moules. Le niveau de qualité et de détail de cette maison est du jamais-vu. Et je voulais offrir le sentiment de bien-être le plus fort que vous puissiez éprouver chez vous ». Inclus dans le prix, 30 millions d’US$ en voitures de luxe et des œuvres d’art pour un montant de plusieurs millions. Il faut déduire ces sommes pas toujours précises pour avoir une idée du prix de construction au m2 de la modeste bâtisse.

Via l’Express et CNBC 

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12 chambres, 21 salles de bain et un hélicoptère sur le toit. Voici la villa la plus chère des Etats-Unis. Courtesy of Bruce Makowsky via l’express

 

Revoila Agbar

À Barcelone, les investisseurs se repassent la tour Agbar telle une patate chaude. La compagnie Agua de Barcelona (abrégée en Agbar), commanditaire du projet de Jean Nouvel livré en 2005, avait vendu la tour non sans avoir tenté, sans succès, d’en louer une partie dont elle n’avait pas l’utilité. Un ancien employé décrit un bâtiment à l’usage compliqué « qui présente la particularité d’avoir les ascenseurs et les blocs de services au centre des étages (particularité qu’elle partage avec un nombre incalculable de tours, NDLR) qui sont comme un donut. Cela empêche de voir les collègues. (…) Il y a beaucoup de lumière, parfois trop, et quand le soleil t’éblouit tu ne peux pas fermer les stores. Et il n’y a pas de vue car les fenêtres sont trop petites » – ce qui n’empêchait pas des coûts d’entretien de façade conséquents, grevés par la mobilisation d’une équipe de six personnes à temps plein dévolue au nettoyage des 60 000 lames de verre de son enveloppe. Voilà trois ans, Agbar avait vendu la tour à Emin Capital et Westmont Hospitality Group. Les deux investisseurs voulaient la convertir en hôtel de 400 chambres. Un projet abandonné suite au rejet du changement de destination par la municipalité. Elle vient d’être rachetée par le groupe Merlin, qui saura surement mettre ses talents d’enchanteur à profit pour transformer au mieux cette icône barcelonaise.

Via El Pais  et Dezeen

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Photograph courtesy of Flickr user Ania Mendrek via Dezeen

 

Brexit Sweet Brexit

Jugé catastrophique par la majorité des éditorialistes, le Brexit réjouit les agents immobiliers parisiens spécialisés dans le haut de gamme « sur ce créneau (…), nous avons eu plus de Français que d’habitude : souvent installés à Londres et travaillant dans la finance, ils anticipent un éventuel retour dû au Brexit » explique le directeur de l’agence immobilière John Taylor à Paris. « Le nombre de transactions d’un montant supérieur à 2 millions d’euros a ainsi bondi de 31% – sur un volume de plus d’un milliard d’euros de ventes réalisé par 14 agences, à Paris, St-Cloud et Neuilly-sur-Seine. Les ventes d’appartements et hôtels particuliers à plus de 15 000 euros le m2, ont grimpé de 32%. Il s’agit d’un marché de niche : les ventes supérieures à 2 millions d’euros représentent moins de 1% des transactions parisiennes, celles au-delà d’un million, environ 5% ». Bénéficiant d’un ensemble de facteurs favorables – prix “bas”, taux attractifs – ces compatriotes cruellement exilés outre-manche arrivent à point nommé pour remplacer la clientèle américaine qui a fui la capitale depuis les attentats, ou la clientèle russe évanouie avec l’effondrement du rouble. « Beaucoup de Français installés à Londres, Genève ou Bruxelles, ont acheté à Paris pour investir, pas forcément revenir » remarque un autre agent immobilier. Nous voilà rassurés : on craignait déjà l’affolement à la piscine Molitor.

Via BFM business 

 

 

Mirapolis, le retour

C’est un projet que les moins de trente ans ne peuvent pas connaitre : celui du Parc Mirapolis, construit sur la commune de Courdimanche, dans le Val d’Oise. « Ouvert en 1987, le parc de loisirs de 50 hectares sur le thème de la littérature française comptait une soixantaine d’attractions – dont un grand huit, des rapides ou encore un bateau à balancier, 13 boutiques, 8 restaurants et 12 kiosques de restauration rapide. Capable d’accueillir jusqu’à 28 000 visiteurs par jour, l’aîné des grands parcs d’attractions français n’est jamais parvenu à l’équilibre financier et a été contraint de fermer ses portes cinq ans après son ouverture, en 1991. « Trop visionnaire, sans doute », suggère le quotidien Les Echos qui annonce le prochain réaménagement du site. Après avoir été «  sporadiquement utilisé depuis pour accueillir les manœuvres des gendarmes mobiles, du GIGN ou des cours de moto-école » les 110 ha où se dressait autrefois un Gargantua géant vont être convertis à l’éco-tourisme. Le promoteur Immo Vauban et la Caisse des Dépôts veulent implanter « 700 à 750 cabanes en bois, perchées dans les arbres, sur pilotis ou nichées en pleine nature. Toute équipées de cheminées », détaille la Gazette du Val d’Oise. « Ça va renforcer l’idée que notre agglo est une agglo verte. On va créer une très belle entrée d’agglomération et un poumon vert », s’enthousiasme (la maire PS de Courdimanche, Elvira Jaouën). Un poumon vert durable, aux antipodes de la mini-ville et de ses 2 000 logements qui furent un jour imaginés au cœur de ce Mirapolis, longtemps endormi et aujourd’hui tout près de se réveiller ». « Que grands tu as… les espoirs », aurait pu dire feu Gargantua à la description de cette cité, qui a déjà des allures de Miragepolis.

Via Les echos et La Gazette du Val d’Oise 

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L’ancien site du parc d’attractions Mirapolis, à Courdimanche, va connaître une seconde jeunesse via les echos

 

Cergy sans mépris

« Je ne suis pas anti-travaux, mais Cergy est l’une des villes nouvelles qui a le mieux fonctionné, et là on n’y fait pas attention » s’alarme Armelle Barret, une jeune diplômée en histoire de l’architecture contemporaine, qui a entrepris de dessiner tous les éléments particuliers de cette « ancienne ville nouvelle » : escaliers, colonnes, plaques d’égouts avec logo, éléments de signalétiques, pavés, souvent retirés sans précautions, tels ces candélabres apparaissant dans le film de Rohmer, « l’amie de mon amie », tourné en 1987. « Pour le moment, Armelle n’a pas obtenu l’écoute qu’elle souhaitait auprès des élus locaux », relate Le Parisien, qui explique que la jeune fille songe à un label pour protéger les villes nouvelles.

Via Le Parisien 

 

 

Combatif

Armelle pourra trouver de l’aide auprès de Paul Chemetov, qui va se battre pour préserver l’architecture moderne, nous apprend Batiactu. La Cour d’appel de Paris a confirmé le 2 décembre dernier l’autorisation de démolir les locaux de la CPAM de Vigneux-sur-Seine, pourtant labellisé « Patrimoine du XXe siècle ». «  Les bras m’en tombent », explique l’architecte « mais je tiens avant tout à rappeler qu’au-delà de mon bâtiment, c’est tout un quartier qui est menacé, celui de l’ensemble des Briques rouges. Cette démolition s’inscrit dans le cadre d’une convention ANRU et concerne, certes, les locaux de la CPAM mais aussi un monument aux morts, le foyer des anciens ainsi que des logements HML. Tout cela parce que les logements seraient mal habités. On revient à des attitudes du XIXe siècle ». « Chem » a rendez-vous le 26 janvier prochain à la direction de l’architecture du ministère de la Culture pour discuter de cette affaire, dans laquelle il aimerait que l’ordre des architectes intervienne au titre de partie civile. « La question que je me pose aujourd’hui c’est : est-ce que l’architecture contemporaine est un mouchoir jetable ? ». Pour l’ANRU, c’est visiblement un mouchoir dont elle se tamponne. 

Via batiactu

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Bâtiment de la sécurité sociale de Vigneux-sur-Seine, conçu par Paul Chemetov © Archives Paul Chemetov via batiactu

 

 

A toutes les sauces

C’est d’abord « la commune nouvelle (qui) ne crée pas tant une alternative qu’elle inaugure une architecture, apportant une solution à l’épineuse question de la gouvernance intercommunale. L’EPCI devient son utile complément pour exercer les compétences stratégiques et réaliser des économies d’échelle » rapporte le Courrier des Maires, parlant « d’une nouvelle architecture locale » à propos de la réforme communale. C’est ensuite l’architecture mafieuse de Publifin, « un système qui a été mis en place par Stéphane Moreau et André Gilles pour étendre l’emprise du parti socialiste liégeois sur différents secteurs économiques et industriels de la vie liégeoise», pointe François Gemenne. « C’est un système de nature mafieuse car il fait la loi lui-même, il distribue de l’argent à tout le monde pour que personne ne pose de questions». Il s’agit, on l’aura compris, d’une société fantoche ayant pour vocation la distribution de pots-de-vins. C’est enfin l’obscur « nouvelle architecture d’exécution pour la plateforme de sécurité container Twistlock 1.7 », un système informatique de protection des données. Nouvelle, mafieuse, sécuritaire, le mot architecture envahit le langage à mesure qu’il déserte les villes. Mais que fait l’Ordre (des architectes) pour lutter contre ces abus de lexique ? Voilà une idée de chantier donquichottesque pour occuper le CNOA durant l’année 2017.

Via le Courrier des Maires, Métrotime belgique et PRnewswire 

 

 

Le mot tabou

Vaincu à la primaire de la gauche, Montebourg avait aux yeux de Christian Guellerin, directeur de l’école du Design Nantes Atlantique, une qualité rarement rappelée par les exégètes de la vie politique française : « il faut reconnaître à Arnaud Montebourg, alors ministre de l’Industrie, le fait d’avoir parlé du design. Pas celui qui magnifie un produit pour en fait une œuvre d’art, pas celui qui ne ferait que se limiter aux belles tables, aux belles chaises, aux belles lampes… Non, celui qui fait gagner les entreprises, celui qui permet de créer des points de valeur ajoutée, de rendre les entreprises plus compétitives… Celui qui fait d’une cocotte-minute, LA cocotte-minute. Pour la cocotte-minute, la plus belle courbe design, c’est « la courbe des ventes » – sa version à lui de « la laideur se vend mal » de Raymond Loewy. Signalant que l’Université de Tongji à Shanghai, déjà pourvu d’un conséquent département d’architecture, vient de se doter d’un département de design, Guellerin enfonce le clou « Il est dommage que les candidats à la présidentielle fassent campagne sur la promotion, l’adaptation, la compensation des recettes du passé, là où il s’agit de prévoir demain. Il conviendrait qu’ils parlent un peu de design et du formidable potentiel offert par les établissements d’enseignement supérieur français qui font du design un atout au service du développement économique ». Pas un mot sur le design dans la campagne présidentielle, déplore Guellerin. Qu’il se rassure : le terme architecture n’était pas plus employé, hormis dans les contextes baroques décrits ci-dessus.

Via Les Echos 

 

 

Phyllis en ses murs

Mettons un terme à ces troubles sémantiques :« l’architecture, ce n’est pas un bâtiment. Il faut se sortir [de la tête] le mot bâtiment. Tout édifice s’insère d’abord dans un environnement. Ce n’est pas juste d’une dent, dont il s’agit. L’architecture […], c’est un grand îlot, un quartier, un paysage » tranche Phyllis Lambert, fondatrice du CCA (Centre canadien d’architecture) qui consacre une expo à ses « 75 ans au travail ». Héritière de la famille Bronfman, Lambert avait convaincu son père de confier à Ludwig Mies Van der Rohe la conception du siège de sa société, abrité dans un bâtiment passé à la postérité, le Seagram Building. Parfois surnommée Citizen Lambert ou encore Jeanne d’Architecture, Phyllis Lambert continue, à presque 90 ans, d’encourager les opérations de guérilla urbaine, affirmant « que la ville ne doit pas être l’affaire de bureaucrates » et salue les opérations citoyennes qui visent à faire des potagers clandestins, des jardins spontanés. « Les gens vivent la ville et la comprennent, c’est pour ça que les consultations sont importantes. C’est le noyau des bonnes idées et la façon de faire la ville ». Parlant du CCA, elle explique « Nous ne sommes pas un musée qui expose des objets et déclare “ceci est l’architecture”. Nous essayons de faire réfléchir les gens ». On mesure l’ampleur de la tâche.

Via Le Devoir

 

Olivier Namias

Les logements de Berranger Vincent à EuroNantes

L’agence Berranger Vincent conçoit des logements en bord de Loire, quartier EuroNantes : sociaux et en accession se répartissent dans des maisons individuelles, un immeuble collectif et une tour. Une mixité qui interroge, de même que les envies autour de la grande hauteur.

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Au début du siècle dernier, les bords de la Loire nantaise jusqu’à la prairie des Mauves étaient essentiellement dédiés aux activités maraichères et agricoles. En 1933, le quai Malakoff a été remblayé en vue de la construction d’un stade et les terrains ont été urbanisés après guerre, sur la base d’un plan de ZUP lancé en 1960. Entre 1967 et 1971, 1658 logements sont construits par quatre architectes – Evano, Cormiel, Choisel et Leroux – qui donnent naissance à onze tours de 16 étages et cinq barres courbes de 200 m de long et de 10 étages, surnommées les « bananes ». Si tout le monde semblait enthousiaste à l’époque, le quartier devient très vite une cité enclavée entre le fleuve et l’infrastructure ferroviaire, reliée au faisceau de la gare de Nantes. En 2000, Malakoff-Pré Gauchet (quartier de logements) et Euronantes (quartier d’affaires) sont retenus au titre des Grands Projets de Ville (GPV). L’Atelier d’urbanisme Ruelle, sous la houlette de Gérard Pénot, grand prix d’urbanisme 2015, est en charge de la transformation de ces 164 ha. C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet d’habitation de l’agence Berranger Vincent.

 

EuroNantes teste la mixité et la grande hauteur 

Où habiter ?

Sur un îlot du quartier Malakoff, bordé par l’avenue au nord et la Loire au sud, le stade Marcel Saupin à l’ouest et le pont Willy Brandt reliant Nantes à son île à l’est, s’érige un immeuble haut. Nouvelle silhouette dans la skyline nantaise, la construction de 53 m de hauteur (limite IGH oblige) s’attache au tissu hétérogène. Courante dans ce contexte déjà pourvu de « tours » des années 70, ses atours modernistes sont revisités par des biais et des matériaux contemporains ; une façon de la rendre plus attractive et moins sévère. Les 69 logements en accession qu’elle abrite sont complétés d’un immeuble de 13 logements sociaux le long de l’avenue et de 5 maisons individuelles groupées en balcon sur le fleuve.

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Les architectes ont souhaité proposer plusieurs modes d’habiter dès le concours – auxquel ont participé d’autres fervents défenseurs de la grande hauteur : Brenac & Gonzalez, DLW, Leibar Seigneurin Architectes, Hamonic et Masson et Clément Gillet – ne serait-ce qu’au sein de la tour, qu’ils structurent d’un attique et d’un socle, animant le rez-de-chaussée par sa transparence et sa hauteur sous plafond souhaitée dans le cahier des charges de Gérard Pénot. Celle-ci est décomposée en trois temps, selon le rapport qui se dégage avec l’extérieur. Jérôme Berranger et Stéphanie Vincent « s’attachent à comprendre le site dans lequel le bâtiment s’insère, afin que les habitants comprennent où ils habitent. » Ainsi, habiter le R+1 au R+7 correspond à dégager des vues sur la Loire ou le Vieux Malakoff, le R+8 au R+13 s’entourent du grand paysage ligérien et du centre-ville, quand les trois derniers niveaux s’adressent au ciel. Tandis qu’habiter les logements sociaux donne droit à la vue sur le boulevard et les ronds points ; une mixité limitée.

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Quoi habiter ?

Toujours dans l’idée de diversifier les types d’habitation, les appartements de l’immeuble haut s’enroulent autour du noyau vertical, cherchant des vues sur la Loire et la ville. Les typologies d’angles sont privilégiées, offrant des orientations multiples (bien qu’ils n’y aient pas de vitres d’angle hormis en attique). Fait fort appréciable pour une opération de logements, pas un étage ne se ressemble, déclinant 23 solutions différentes réparties du T1 au T4. Un tiers d’entre-eux sont en duplex, dont des T2, fait suffisamment atypique pour être souligné. Par la même, beaucoup comprennent des vides sur séjour. Chacun est augmenté d’un balcon ou d’une loggia confortable, dissimulés derrière des garde-corps ou des parois vitrées qui jouent de leur degré de transparence allant du plus clair au plus blanc ; Stéphanie Vincent, nous confiant son appréhension du vide, y a apporté un soin tout particulier.

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C’est par cette faculté à se projeter dans les logements que les architectes ont su engendrer leurs qualités. En effet, ils nous confient :  » Nous nous soucions de la spécificité des futurs occupants pour définir le programme, sans même connaître l’acquéreur. Nous avons pris la tour niveau par niveau, logement par logement, et avons imaginé différents scénarios. » Dès le processus de conception, ils ont donc anticipé les évolutions de la structure familiale et des ménages, considérant les familles monoparentales, les colocations, le vieillissement de la population ou encore le développement du travail à domicile. « Nous avons prolongé l’expérience jusqu’à la fabrication des plans de vente, en nous questionnant : si j’achetais cet appartement, pourquoi et me correspondrait-il ? » continuent-ils. L’agence d’architecture est allée jusqu’à assouplir la structure et à proposer des parois non porteuses permettant d’adapter les logements dans le temps. On notera que la structure est en béton, enveloppé d’un manteau isolant et d’un bardage en aluminium brossé de type Alucobond. En attique, l’ossature bois désolidarisée de la structure principale minimise les descentes de charge et répond à la forme de la toiture qui vient terminer le bâtiment.

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Ainsi, si l’agence Berranger & Vincent a su produire des logements de qualité pour toutes les populations, il n’en va pas moins que la mixité reste à questionner au sein de cet îlot ; car limitée par bloc d’habitation quand elle aurait pu être exercée au sein d’un même immeuble. De plus, cette construction entre largement dans le débat sur la tour européenne contemporaine, une typologie mise à mal par les échecs supposés ou réels des constructions léguées par le mouvement moderne. En effet, ce modèle de densification par des clusters de tours semble s’imposer comme l’outil principal de ce quartier à Nantes. D’autres immeubles d’habitation de 50 m de haut aux silhouettes complaisantes participent de sa transformation, notamment le projet de Christophe Rouselle pour le compte de Nantes habitat, d’Hamonic et Masson pour Kaufman and Broad ou celle à venir de l’Atelier 234 pour Lamotte.

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Amélie Luquain

 

Fiche Technique

Maître d’ouvrage : Ataraxia. Maître d’œuvre : berranger vincent architectes. OPC : quatuor. Paysagiste : Praxys. Bureau d’études fluides : Albdo. Economiste : Ic-Tec. Maîtrise d’œuvre ZAC. Urbaniste : Atelier Ruelle. Aménageur : Nantes Aménagement. VRD Oceanis. Site : Euronantes, quai Malakoff et Pont Willy-Brandt, Nantes (44). Programme : 82 logements collectifs et 5 maisons individuelles, parking en sous-sol. Surface totale : 6 933 m2 SHON. Surface parcelle : 2300 m2. Calendrier : Concours 2012 ; PC mars 2014 ; Chantier septembre 2014 ; livraison 4e trimestre 2016. Coûts : Construction 1710 €/m2 habitable ; travaux + aménagement 10 225 450 € HT ; prix de vente logements en accession libre 4130 €/m2 habitable

Courtesy Berranger Vincent / Sergio Grazia

Biennale de Venise 2018 : Farrell et McNamara commissaire

Biennale de Venise 2018 : Farrell et McNamara commissaire

Yvonne Farrell and Shelley McNamara, co-fondatrices de l’agence dublinoise Grafton Architects, ont été nommées commissaires de la 16e biennale de Venise qui débutera en mai 2018. Un passage de niveau dans l’échelon du star-système !

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Succédant à Rem Koolhaas en 2012, et au chilien Alejandro Aravena en 2016, Yvonne Farrell et Shelley McNamara assureront le commissariat de la 16e biennale de Venise. Les deux femmes vivent et travaillent à Dublin, où elles ont été diplômées et ont co-fondées l’agence Grafton Architects en 1977. Côté lagune, elles n’en sont pas à leur premier essai. Représentées à la biennale de 2002, elles remportent le lion d’argent à celle de 2012 avec une installation titrée « architecture as a new geography » et le mastodonte de béton abritant l’université de technologie et d’ingénierie UTEC de Lima (Pérou) ; un travail inspiré du Pritzker brésilien Paulo Mendes da Rocha. Les architectes étaient aussi présentes à la biennale de 2016 sous le titre « The Physics of Culture ».

 

Entourées de leurs 25 collaborateurs, Farrell et McNamara construisent beaucoup d’institutions et d’équipements dédiés à l’enseignement, surtout en Irlande (notamment les bureaux pour le Département des Finances, 2009), mais aussi à l’international où l’agence s’est distinguée avec l’université Luigi Bocconi à Milan (2008). L’agence promet également deux réalisations en France : l’Université d’économie de Toulouse et l’Institut des Mines-Telecom sur le plateau de Saclay. D’autre part, les deux femmes enseignent dans de nombreuses écoles d’architectures : University College de Dublin, Harvard graduate school of design, Yale et l’EPFL de Lausanne. Elles ont également été membres de jury prestigieux, comme le Riba en 2008 et 2012, qu’elles remportent en 2016 avec le projet de l’UTEC, et le prix Mies Van der Rohe en 2011 ; une récompense à venir peut-être ?

 

Pour Paolo Baratta, président du conseil d’administration de la biennale de Venise, Yvonne Farrel et Shelley McNamara prolongeront la vision d’Alejandro Aravena, l’exposition Reporting from the front ayant « offert aux visiteurs un panorama critique sur l’évolution de l’architecture dans le monde, qui a vu son rôle se confirmer comme instrument sociétal. » Il ajoute que les commissaires sont appréciées pour « leur capacité d’impliquer et de fasciner les nouvelles générations ». On espère qu’elles fascineront la jeunesse française chez qui elles restent encore peu connues.

 

Amélie Luquain

Tiny houses et bunker hitlérien : la revue de presse du 17/01/2017

Tiny houses et bunker hitlérien : la revue de presse du 17/01/2017

Tiny houses, les vicissitudes du micro-habitat, la destruction Casa Guzman d’Alejandro de la Sota, la reconstruction du dernier bunker d’Hitler, habiter Mars, Oscar Tusquets déclare sa flamme à Benidorm, Phnom Penh XXL, L’Elbphilharmonie, entre Germanie et Helvetie, les promoteurs contrarient Damien Hirst : la revue de presse du 17 janvier 2017

 

Mini-(chez)-moi

« Certains cherchent un terrain pour bâtir leur maison. Mathilde et Maxime, eux, ont d’abord construit leur maison et se cherchent aujourd’hui une place pour la poser ». Agés tous deux de 26 ans, Mathilde et Maxime sont des adeptes des « Tiny Houses », mini-maisons mobiles auto-construites présentées comme des solutions d’habitat alternatives. Ces bicoques bohèmes reçoivent un accueil si bienveillant du public et de la presse qu’on en viendrait presque à se réjouir de la crise du logement « coin cuisine avec feu et réfrigérateur, salle de bain avec douche et toilettes sèches, mezzanine avec sommier et matelas, bureau, un canapé qui fait coffre, placards, penderie, bibliothèque… Sa maison miniature a tout d’une grande ! Et avec ses 3,5 mètres de haut, elle offre même plus de hauteur sous plafond que certaines. « Avec mon copain, nous sommes tous les deux assez grands, nous voulions pouvoir respirer ! » ». Reste qu’il n’est pas facile de trouver où poser cette microarchitecture : « Nous cherchons un lieu à moins de vingt minutes de Vannes. Nous pouvons installer la maison partout, sauf sur des terres agricoles. Il est possible de louer une parcelle de terrain chez un agriculteur, dans le jardin d’une personne âgée vivant seule qui souhaite avoir une présence, ou sur le terrain d’une maison secondaire pour plus de surveillance », propose Mathilde, qui a juste besoin de quelques dizaines de mètres carrés de terrain ainsi qu’un accès à l’eau et l’électricité » – la mini-habitation possède des compteurs pour mesurer précisément sa consommation. « On peut aussi proposer du woofing à un agriculteur » contrairement à ce que suggère la sonorité de ce néo-anglicisme, il ne s’agit pas d’aboyer à la porte de cette masure à peine plus grande qu’une niche à chien, mais « d’ un échange de travail contre l’hébergement », explique Mathilde. Ce qu’il ne faut pas faire pour un logis de 5,5 mètres de long sur 2,5 mètres de large !

Via Ouest-France 

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Tombée pour l’archi ?

Stupeur lors d’une visite à la Casa Guzman, villa conçue par l’architecte Alejandro de la Sota au début des années 70 pour un client féru d’architecture. A la place de cet objet devenu sujet d’exposition, de thèses et d’études, les étudiants de l’architecte Pablo de La Torre venu dessiner la maison moderniste se sont trouvés face à l’un de ces imposants « chalet » ou « hôtelet » qui fleurissent dans la périphérie madrilène. « 45 années après, les hôtelets et chalets (que dénonçait autrefois de la Sota NDLR) ont gagné : la maison Guzman, un symbole de l’architecture de son temps, est apparue du jour au lendemain métamorphosée en un bloc de trois étages aux blancs linteaux et tuiles de zinc bleu, pale imitation des immeubles bourgeois parisiens ». Le fils n’aimait pas la maison que son père s’était fait construire. Directeur de la fondation de la Sota, Alejandro de la Sota Rius, fils de l’architecte, ne blâme pas directement le rejeton démolisseur « Si le propriétaire n’apprécie pas la maison, c’est son droit. Le problème n’est pas tant cela que l’absence totale de protections pour l’architecture du XXe siècle (…) si cette démolition peut servir à prendre conscience de la valeur de ce patrimoine, elle ne sera pas tombée pour rien, aussi douloureuse qu’aie été sa perte ». La Casa Guzman, tombée au champ d’honneur du patrimoine moderne.

Via El Mundo 

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Une maison pour Mars

Fortement contraint, l’habitat martien ne devrait pas dans l’immédiat avoir à subir les problèmes de style ou de vandalisme qui sont venus à bout de la Casa Guzman. Insensibles au high-tech et au vernaculaire s’abstenir : la Mars Ice Home, le modèle d’habitat que la NASA vient de présenter en 3D, peut être apparentée à une sorte d’igloo gonflable et motorisé, qui se recouvre d’une couche de glace protégeant ses occupants des variations de températures – un celsius oscillant entre 23 et 140° selon le blog think big – ainsi que des rayonnements solaires. « Pour le moment il s’agit seulement d’un prototype. La NASA a montré les modèles qu’elle a dessinés, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont définitifs ». Ces tiny houses séduiront-elles les candidats à la colonisation de la planète rouge ?

Via ThinkBig 

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Learning from Benidorm

« Des milliers d’artistes ont loué la beauté de Venise, et si peu celle de Benidorm », s’insurge l’architecte Oscar Tusquets Blanca, en préambule à l’exposition « Gran Benidorm », présentant ses dessins, aquarelles et photomontages représentant l’étrange cité balnéaire surgie au nord d’Alicante dans les années 60. Pour plaider la cause de Benidorm, ville plébiscitée par les touristes autant que méprisée des intellectuels, Tusquets cite les travaux de MVRDV « Benidorm est la machine de tourisme de masse la plus efficace d’Espagne. D’une densité trois fois supérieure à la ville de Mexico, elle accueille 6% du tourisme national sur seulement 7 kilomètres de côte. Il suffirait de 13 Benidorm pour remplir les besoins de toute l’industrie touristique espagnole ». Si MVRDV avait transformé ses observations en livre (Costa Iberica, upbeat to the leasure city), Tusquets mise tout sur le visuel « mon travail consistera à capturer graphiquement la beauté d’une ville extra-dense, passant habituellement pour laide ». « Des yeux qui ne voient pas » sur la Costa Blanca.

Via Arquitectura Viva 

 

Damien jette l’éponge

Passant pour l’artiste le plus riche du monde, Damien Hirst s’était lancé en 2013 dans un ambitieux projet d’écoville balnéaire utopique comportant 750 maisons à cinq miles de sa maison de campagne, près d’Ilfracombe, dans le North Devon. Le village avait été surnommé Hirst-on-Sea après la divulgation des plans de l’artiste, qui y possède de nombreux biens. Mû par l’horreur des « immeubles anonymes et sans vie », Hirst voulait construire « le genre de maison dans lequel il aimerait vivre ». Las, « dans le contexte économique actuel, tous les promoteurs que nous avons rencontrés ont estimé qu’il n’était pas viable de mettre en chantier les logements correspondant à notre vision ». Et oui Damien : il est plus facile à un riche artiste de plonger des requins dans du formol que de faire réaliser ses souhaits par un promoteur – plein d’architectes auraient pu te le confirmer.

via Daily Mail 

 

Jumelles à Phnom Penh

La capitale du Cambodge devrait bientôt voir sortir de terre deux tours jumelles hautes de 560 mètres, soit 108 de plus que les tours Petronas de Kuala Lumpur. On s’étonne de la construction du cinquième et sixième édifice le plus haut de la planète dans une ville qui, même si elle connait un boom immobilier, reste bien loin derrière d’autres villes asiatiques en terme de taille, de population et d’économie. Deux entreprises chinoises réaliseront ces tours pour un montant de travaux de 2,7 milliards de dollars, financé par le groupe cambodgien Thai Boon Roong Group avec l’appui du Macao Sun Kian Ip Group. L’ensemble s’inscrit dans la politique des « nouvelles routes de la soie » voulu par Xi-Jinping pour développer l’économie chinoise hors des frontières de l’empire du milieu.

Via El Pais

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Qualité helvétique

Cette semaine, on inaugurait « un fleuron de l’architecture suisse », se félicite la Radio Television Suisse qui salue, un brin chauvine, l’ouverture de la philharmonie de Hambourg, conçue par les bâlois Herzog et de Meuron. Après les montres, les médicaments et les banques, les philharmonies vont-elle devenir un nouveau fleuron de l’industrie helvétique ?

Via RTS 

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Grand-Adolf-Tour à Berlin

Pendant que l’Autriche tente de se débarrasser de la maison natale d’Hitler, à Berlin, un entrepreneur vient de construire une copie de la pièce du bunker – détruit à la fin de la guerre – où il s’est suicidé. Deux fois par jour, une trentaine de touristes est admise dans la réplique de ce lieu, ce qui, selon Wieland Giebel, propriétaire du musée d’histoire de Berlin et promoteur de cette nouvelle attraction, doit montrer cette partie noire de l’histoire de la ville. « Comme le musée, ce bunker parait attiser la curiosité du public, ainsi qu’en conviennent différents experts », constate le quotidien ABC, qui remarque, qu’à l’instar du sexe, « Hitler vend ». Quitte à encourager le commerce, on préférait encore les Eros center locaux.

Via ABC

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Olivier Namias

 

La philharmonie d’Hambourg enfin inaugurée

La philharmonie d’Hambourg enfin inaugurée

La spectaculaire Philharmonie de l’Elbe, à Hambourg, conçue par les architectes suisses Herzog et de Meuron, a été inaugurée mercredi 11 janvier, au son de Ludwig van Beethoven et de Richard Wagner. Située dans le port de Hambourg, à l’extrémité d’un quai au bord de l’Elbe, cette icône déjà surnommée Elphi par les Hambourgeois est édifiée dans la zone de la Speicherstadt, littéralement « ville aux entrepôts » classée monument historique depuis 1991 et au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2015. La Philharmonie est bâtie sur un ancien entrepôt de cacao, dont seul la peau de brique a été conservée. Au-dessus, s’élève une structure de verre dont le sommet prend la forme de vagues. Les 10 000 m² de façades comprennent 1100 facettes concaves et convexes. Entre l’ancien et le nouveau, une place publique offre une vue spectaculaire sur le port et le ciel. A l’intérieur, la salle de concerts de 2100 places propose une des meilleures acoustiques du monde, dûe au japonais Yasuhisa Toyota. En chiffres, l’édifice du haut de ses 137 mètres pèse 200 000 tonnes, soit 722 Airbus A380, signale les Echos. Le bâtiment est aussi majestueux que controversé, avec une première pierre posée en 2007, 6 ans de retard sur le délai de livraison et un coût passé de 77 à 789 millions d’euros, soit 10 fois plus que le budget initial, de quoi déculpabiliser Jean Nouvel et sa Philharmonie de Paris. A la décharge des architectes, le bâtiment a vu s’alourdir son programme en cours de conception, renfermant un hôtel 5 étoiles de 247 chambres et 45 appartements de luxe.

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Courtesy Elbphilarmonie / Maxim Schultz

 

Architectures CREE propose un voyage d’études de trois jours permettant de découvrir  l’Elbphilharmonie mais aussi les modèles d’aménagement des quartiers emblématiques qui lui sont rattachés, comme le quartier de l’IBA 13 ou de HafenCity (2025).

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Dates : les 7,8 et 9 juin 2017

Prix : à partir de 2380 € TTC

Hébergement à l’Empire Riverside Hotel, réalisé par David Chipperfield Architects

Inscription auprès de La Fugue, information@lafugue.com, Tel 01 43 59 10 14, Fax 01 43 59 36 79, Nr Licence LI 075960149

 

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Courtesy Elbphilarmonie / Michael Zapf
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Courtesy Elbphilarmonie / Maxim Schultz
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Courtesy Elbphilarmonie / Maxim Schultz

5+1AA : de la démesure de Rome

Alfonso Femia et Gianluca Peluffo, associés de l’agence italo-française 5+1AA, ont livré en novembre dernier le nouveau siège de la BNL-BNP Paribas à Rome. Situé au nord-ouest du centre historique, adjacent à la gare ferroviaire Tiburtina, la conception de cet objet singulier qui se veut aussi discret que monumental a largement été influencé par son contexte.

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Monumentalité exigée

Rome, Tiburtina. C’est à plus 2 km du centre historique, à la jonction de deux quartiers – les Quartiere V Nomentano (nord ouest) et Quartiere XXII Collatino (sud est) – et de deux vides urbains – le cimetière (sud ouest) et une zone en friche (nord est) – qu’est implanté le nouveau siège social de la BNL-BNP Paribas. La banque fait le lien avec la terriblissime gare ferroviaire Tiburtina, deuxième gare de Rome redéveloppée quelques années plus tôt par ABDR Architetti Associati et Paolo Desideri, et déjà esthétiquement datée. Tirant un biais au dessus des voies ferrées, «  la gare établie une dimension infrastructurelle et impose un changement d’échelle » pose Alfonso Femia, architecte associé de l’agence 5+1AA. Face au monstre autonome, les architectes ont apporté une réponse cyclopéenne, rendue obligatoire par l’étroitesse de la parcelle de 5000 m² devant porter un programme de 75 000 m² de bureau. S’impose une architecture linéaire parallèle aux voies ferrées, longue de 235 m et haute de 50 m (3 fois plus que la gare). Les deux programmes se réunissent à leur pointe en une seule entité, angle que les architectes s’amusent à comparer à la tête du dieu Janus. Dès le concours, ils rêvaient d’un dispositif public commun aux deux organismes ; doux rêve là où la dialectique entre les institutions est toujours compliquée, pour ne pas dire impossible. Pour autant, les volumes ferroviaires et tertiaires s’interpénètrent, se toisent ou s’éloignent. Avec le pont routier de la Via Tiburtina, se dessine une centralité infrastructurelle à plusieurs vitesses (train, métro, voitures) composée d’éléments longilignes et gigantesques.

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Intériorité démesurée

A la démesure de cette architecture infrastructurelle, il a fallu répondre par une intériorité raisonnée. En tête, dans sa partie la plus large (18m), le volume est fendu suivant un schéma tripartite : un corps creux à ciel ouvert bordé de deux corps plein. 5+1AA a cherché à répandre la lumière dans cette faille par la matière : une « peau de serpent » en céramique doré, selon les mots de l’agence, matériau conçu sur-mesure avec l’industriel Casalgrande. L’espace interstitiel comprend un grand hall et un escalier monumental. Il dessert les étages de bureau par un escalier en U. Son parcours longitudinal est rythmé et séquencé par les passerelles vitrées qui le traversent, créant des « lieux suspendus entre deux corps ». La mise en scène est parachevée par un chassé-croisé de terrasses, ménageant des vues biaises et multiples. Au centre de la masse bâti, un trou béant sur 4 niveaux laisse apparaitre le château d’eau construit dans les années 30 par Angiolo Mazzoni, également architecte de l’ancienne gare Tiburtina et de la gare centrale Termini. Le parcours s’achève par un penthouse offrant un panorama à 180° sur la ville.

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© Amélie Luquain

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Effacer la masse

In fine, la composition classique avec socle et attique est illisible en façade. Enveloppé derrière une peau miroitante, le bâtiment tend à s’effacer dans le ciel de Rome, selon les désidérata « illuminés » des architectes. « Lumière et ciel, ciel et lumière. Pas une lumière quelconque ni un ciel banal. Pas tout le ciel. Rome et sa lumière. Rome et son ciel sont dans notre imaginaire à chaque fois que nous rencontrons la ville fondatrice. » communiquent-t-ils. Pour eux, le ciel et la lumière de Rome caractérisent la Ville Eternelle. C’est par ce jeu et par l’affinement de la silhouette bâti qui se termine en porte-à-faux large de 4 m qu’ils ont cherché à effacer la masse. En effet, la façade rideau en verre collé comprend 7 teintes différentes. Réponse à des contraintes énergétiques, les 7 nuances des bandeaux de verre pliés en accordéon servent surtout à maximiser les effets de réflexions. Les architectes évoquent alors un « ciel vertical (sic) » et une « vague dentelée ». « La masse ancrée au sol laisse place à un corps planant dans les airs » disent-ils. Le mastodonte se dresse comme une lame de verre tranchante dans le ciel, dirons-nous.

Proposant un dispositif perceptif questionnant la métamorphose de la masse en un voile discret, les architectes invoquent aussi bien le baroque et ses jeux de trompe-l’œil que le cinéma futuriste : « nous aimons la question du cinéma et la mise en scène des réalités. Le cinéma change les relations entre voir et regarder. Cette notion peut s’appliquer à l’architecture. C’est l’acte de voir qui est très important », nous dit Alfonso Femia.

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Cependant, le trop-plein d’effet, qu’il réside dans la matérialité ou dans la composition architecturale complexe, peut surtout s’apparenter à une surenchère techno. Quoi qu’il en soit, la résultante est une architecture puissante, voir même tranchante qui, pour sûr, devrait faire parler d’elle dans la ville éternelle.

Amélie Luquain

 

Chiffres235 m de longueur ;  50 m de hauteur ;  12 étages hors-sol ;  4 niveaux de sous-sol ;  5 000 m2 parcelle ;  75 000 m2 construits ; 39 000 m2 de surface utile : bureaux, restaurant, auditorium ; 30 000 m2 de façades en verre et céramique ; 53 procédures administratives pour obtenir le permis de construire ; 24 mois d’études ; 36 mois de chantier ; 83 millions d’euros ; 3300 employés accueillis à partir de 2017 ; 4 à 18 m d’épaisseurs des fondations ; 46 € cout de la pièce céramique

Fiche technique :  Maitrise d’ouvrage : BNP Paribas Real Estate. Maitrise d’œuvre : 5+1AA architectures Alfonso Femia Gianluca Peluffo. BET : structure Redesco, Fluides et environnement Ariatta Ingegneria, OPC Starching – Studio Architettura Ingegneria. Lieu : Rome / Tiburtina. Programme : Siège social BNL – BNP Paribas. Surfaces : 70 000 m2 bati et 43 000 m2 SHON. Coût : 83 M € HT. Calendrier : 2012 concours, 2014 chantier, 2016 livraison

 

Photos : Courtesy 5+1AA / Luc Boegly

Images : Courtesy 5+1AA / RSI

Le Chili s’expose à Révélations 2017

Le Chili s’expose à Révélations 2017

En mai prochain, le Chili participera, en tant qu’invité d’honneur, à la Biennale internationale des métiers d’art et de la création qui se tiendra au Grand palais sous le nom de Révélations 2017. De quoi renforcer les relations franco-chiliennes et poser l’artisan comme créateur.

 

 

En amont de cette participation, des séminaires ont été organisés dans tout le pays afin de réfléchir à ce qu’est la création contemporaine au Chili. Mettant en valeur des savoir-faire millénaire et des matériaux nobles, seront exposés au salon Révélations des pièces travaillées dans le bois, le cuivre, la céramique, des nouveaux modes de tissages, un travail à base d’algues… L’occasion aussi de fêter le centenaire de l’artiste Violetta Para, icône de l’imaginaire chilien.

 

En images, les créations dévoilées le 11 janvier dernier à l’Ambassade du Chili par Nury Gonzalez, Directrice du musée des Arts Populaire Tomas Lagos, et curatrice de la participation chilienne au salon Révélations 2017