Né à Paris le 28 avril 1922, Pierre Devinoy a fait ses études à l’atelier Perret-Rémondet, puis à l’atelier de Marcel Lods. Il fut aussi un proche collaborateur de Paul Nelson.
Il a participé à la constructionde l’hôpital mémorial France-États-Unis de Saint-Lô (1946-1956), puis à celle des hôpitaux de Dinan (1963-1969) et d’Arles (1965-1973). ll a construit plusieurs maisons à Saint Jean-Le-Thomas (Manche, 1956), à Saint-Nicolas-Les-Arras (Pas de Calais) ; le Musée des Caisses d’Épargne (Paris, 1979-1982) et le Musée Maillol (Paris, l980-1984) ; les hôpitaux de Marchenoir (Loir-et-Cher, 1980) et de Vannes (Morbihan,1980).
Pierre Devinoy a dirigé, de 1956 à 1972, les Écoles Américaines de Fontainebleau. Il a également été enseignant à l’école d’architecture Paris-La Villette pendant les années 1965-1990. Il fut Vice-président de l’Académie d’Architecture de 1976 à 1993, puis membre du Conseil jusqu’en 1998.
Il s’est éteint dans sa 95ème année le 30 mars 2017.
A la Cité Internationale Universitaire de Paris, la Maison de l’Île-de-France, actuellement en construction, s’est vue fixer par sa maîtrise d’ouvrage un objectif Zéro Énergie (ZEN), auquel l’Agence Nicolas Michelin et Associés (ANMA) entend bien répondre.
Dès le concours pour la réalisation de la Maison de l’Île-de-France à la Cité Internationale Universitaire de Paris, l’objectif environnemental de la région fut très fort : zéro énergie, zéro CO2 et zéro déchet nucléaire, ce pour les postes énergétiques de la réglementation thermique (chauffage, eau chaude sanitaire, ventilation, éclairage) mais aussi pour les postes de force (cuisine, prise électrique, ascenseur … ) non pris en compte dans les calculs RT. Avec un budget de 12,4 M€HT pour 5901 m2 SHON, l’Agence Nicolas Michelin et Associés (ANMA) et ses bureaux d’études a su innover.
La Maison de l’Île-de-France, 100% solaire
Première prise de position : « construire un bâtiment 100% solaire », pose l’équipe de conception chapotée par Jean-Jacques Chagnaud, architecte chargé de projet chez ANMA. Ainsi, la Maison de l’Île-de-France, dos au boulevard périphérique, s’aligne selon le même axe nord-sud que les autres maisons de la Cité Universitaire. Jouissant d’un gabarit compact – préféré au gabarit en gradins recommandé initialement par la maîtrise d’ouvrage – elle s’affine en proue nord et s’élargit au sud pour mieux capter les apports solaires. Sa peau active est équipée de panneaux photovoltaïques posés sur plots en toiture et de tubes solaires thermiques en façade sud. « Si le photovoltaïque permet d’assurer facilement les besoins en électricité, le gros challenge reste le chauffage et surtout l’eau chaude sanitaire (50% de la consommation énergétique du bâtiment), car les besoins sont constants dans l’année », précise Julien Daclin, chargé de projet pour DEERNS, bureau d’étude fluides et environnement.
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Pour pallier cette problématique et assurer les objectifs ZEN demandés par la maîtrise d’ouvrage, sont intégrées à la construction deux cuves de stockage d’eau chaude de 156 m3 chacune, soit 2,80 m de diamètre dont 40 cm d’isolant sur 5 étages de hauteur. Placée derrière une résille de capteurs solaires qui les mettent en scène depuis le périphérique, elles singularisent le bâtiment en révélant le dispositif technique. « Avec ces cuves, on réalise un stockage thermique intersaisonnier de chaleur, c’est à dire qu’on produit le maximum de chaleur possible en été grâce au capteur solaire et on stocke l’eau chaude dans ces cuves pour qu’elles le restituent au bâtiment le reste de l’année » commente Julien Daclin. L’eau chaude est restituée au bâti par piquage verticaux, afin d’optimiser la stratification thermique escomptée mais incalculable : 90°C en partie haute de la cuve pour les besoins en ECS, et 45°C en partie basse pour les besoins en chauffage. En effet, l’équipe de conception espère une bonne surprise en exploitation : « pour vérifier l’apport suffisant aux besoins du bâtiment, nous avons validé une simulation énergétique thermique dynamique plutôt qu’un calcul RT. Nous avons modélisé la centrale solaire et la cuve, mais la modélisation de la cuve était basée sur une température moyenne. On avait les besoins heure par heure, donc les 8760 heures de l’année en chauffage et ECS. En même temps, on calculait la contribution des capteurs solaires, ce qui permettait de vérifier la température moyenne des cuves qui ne descendra jamais en dessous de 45°. Cependant, nous n’avons pas pu modéliser la stratification thermique, qui nécessiterait la réalisation d’un doctorat » explique Julien Daclin. La consommation en exploitation est également valorisée par différents systèmes : réduction du débit des douches, récupération de chaleur sur les eaux grises, robinets thermostatiques, mais aussi lecteur de carte avec mode occupé et inoccupé qui permet une réduction du débit de ventilation, de la consommation électrique et de l’éclairage. Si toutefois les cuves étaient entièrement déchargées, la CPCU (Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain) qui couvre la Cité Universitaire se pose exceptionnellement en secours énergétique, et a contrario, accepte de reprendre l’excédent de chaleur dans le cas où les cuves seraient entièrement chargée et que le bâtiment continuerait à produire de l’énergie.
Préfabrications
Avec tous ces systèmes innovants, la maîtrise d’œuvre ne pouvait se permettre de construire une passoire thermique. Le bâtiment se devait d’être efficace. La structure poteaux dalle en béton est associée à des modules standard et des éléments préfabriqués. Les 142 chambres se répètent sur les étages. Les salles de bains sont entièrement préfabriquées, choisies dans une gamme standard avec une optimisation par l’ajout d’une paroi translucide. « Le processus rapide et automatisé a tout de même ses limites, souligne l’architecte. Il reste difficile d’améliorer un produit de catalogue préfabriqué en usine, si on souhaite des qualités optimum ». Les baies sont constituées d’un triple vitrage respirant, avec store intégré, rendant la fabrication plus pérenne car protégée des éléments extérieurs. L’enveloppe est composée de panneaux préfabriqués en treillis bois superposés, livrés sur site avec pare-pluie, pare-vapeur et dormant (UP thermique 0,1). Leurs dimensions correspondent à celle d’une chambre. L’ensemble est habillé d’une vêture métallique. Ainsi les premiers mois du chantier ont été très rapides. Aujourd’hui, la construction se termine, les lots de second œuvre se finalisent.
Si le projet est innovant, Julien Daclin expose le fait qu’il va falloir se préparer sérieusement à ces nouveaux enjeux qui seront ceux de la RT 2020, imposant au moins des bâtiments passifs. Selon lui, « 80% des architectes ne sont pas au courant de ce que la RT 2020 leur réserve, les maîtres d’ouvrage sont 70% et les BET 60% ». De quoi plancher !
Amélie Luquain
Fiche Technique : Maison de l’Île-de-France Logements étudiants, 142 chambres Site : Cité Internationale Universitaire, Paris (75)
Maître d’œuvre : ANMA Agence Nicolas Michelin & Associés Maître d’ouvrage : Région Île-de-France, Unité Développement Direction de la recherche et de l’enseignement supérieur Mandataire : SAERP AMO HQE
BET Structure : Batiserf. BET fluides & environnement : Deerns. Économiste : Michel Forgue. Acousticien : PEUTZ. Études techniques : CPR. Concepteurs et plasticiens lumière : 8’18 » Perspectiviste : The Nood / Maison Générale Maquettiste : Michel Goudin Matériaux : Cuves : Lacaze Energies Panneaux treillis bois : Techniwood Salle de bain : Arflex
Concours : mars 2011 Études : juin 2011, mars 2014 Chantier : avril 2015 – décembre 2016 Livraison prévisionnelle : mars 2017 Surface : 5901 m2 SHON Montant des travaux : 12,4 M€HT
Conçu par Adelfo Scaranello, le musée Camille Claudel à Nogent-sur-Seine (Aube 10) a ouvert ses portes ce 26 mars 2017. Adossé à la maison de jeunesse de l’artiste, il articule harmonieusement les anciens bâtiments avec les nouvelles constructions, affirmant son identité contemporaine par une architecture « mesurée ».
Autour de la maison Claudel
La vocation artistique de Camille Claudel naît à Nogent-sur-Seine, alors qu’elle y réside de 1876 à 1879, encore adolescente. Elle y rencontra le sculpteur Alfred Boucher qui comprit ses dispositions exceptionnelles et sut la conseiller dans son apprentissage à Nogent-sur-Seine puis à Paris, où elle vécu une histoire passionnée avec l’illustre Auguste Rodin. « Camille Claudel est aujourd’hui perçue comme l’héroïne dramatique d’une histoire emblématique de la condition féminine au XIXe siècle et au début du XXe siècle. Elle est surtout une artiste de premier plan au langage universel qui ouvre des ponts entre le Naturalisme et le Symbolisme, le courant néo-florentin et l’Art nouveau », précise Cécile Bertran, conservatrice du musée. En 2003, une exposition consacrée à l’artiste réunit à Nogent-sur-Seine quelque 40 000 visiteurs en trois mois. Plus de doute, l’événement est trop beau. La municipalité envisage de donner une nouvelle dimension au musée Dubois-Boucher, à deux pas de là, fondé en 1902 par Alfred Boucher et s’attachant au nom de Paul Dubois, sculpteur et peintre nogentais. Le projet mûrit et se concrétise en 2008 par trois acquisitions majeures dont la maison Claudel autour de laquelle sera construit le nouveau musée, destiné à exposer 250 œuvres. Suite à un dialogue compétitif, le partenariat public-privé (PPP)* est signé en mars 2012. Alors que la livraison du bâtiment aurait dû aboutir courant 2014, ce ne sera que cinq années plus tard que le projet verra le jour. Comme si à nouveau la reconnaissance due à l’artiste devait être contrariée.
De l’articulation entre ancien et nouveau au dispositif architectural
Mais l’architecte bisontin Adelfo Scaranello ne le voit pas de cet œil et ira au bout de son architecture. Situé en plein centre historique, le musée occupe à la fois l’ancienne maison de la famille Claudel, restaurée et réhabilitée, et un nouvel édifice. Recomposant l’îlot entier, les constructions conservées – la maison mais aussi des logements sociaux des années 70 et un bâtiment d’un promoteur privé – s’articulent avec les nouveaux volumes. Ou plutôt, les parties neuves s’insèrent dans celles réhabilitées, composant une addition de volumes ; phénomène particulièrement visible le long de la rue Saint Epoing. A l’intérieur, c’est une enfilade de lieux d’expositions qui s’en dégage, comme si des ateliers d’artistes étaient imbriqués les uns à la suite des autres. Réinterprétant les palettes qui servaient de support aux sculpteurs, l’architecte dessine, en guise de toute muséographie, des socles en tôle et medium dans leur plus simple expression. Ainsi disposées – et Adelfo Scaranello parle bien de son musée comme d’un dispositif architectural destiné à présenter les œuvres, et non d’une architecture qui primeraient sur les objets – les sculptures sont mises en scène derrière des baies vitrées, en toiture comme en façade, la lumière naturelle offrant des perceptions renouvelées et changeantes sur les œuvres. Ces cadres visuels instaurent un dialogue avec l’extérieur. Selon l’architecte, « le musée doit déclencher modestement l’envie d’aller voir les choses ». Notamment, l’atelier pédagogique fait face à la cour de récréation de l’école adjacente. L’ensemble est enveloppé derrière une peau de brique. Analogie contemporaine avec les constructions environnantes, elle est utilisée en mono-matériau plutôt qu’en mise en œuvre décorative. De même, l’architecte a souhaité rappeler la main du sculpteur qui travaille la terre : « cette idée du geste a conduit à utiliser une brique fabriquée selon des méthodes artisanales », soit une brique moulée à l’eau et cuite au charbon, jouant de ses nuances et de ses belles vibrations. D’une « verticalité discrète », le musée, profitant de sa situation topographique sur un point haut de la ville, devient un repère au même titre que l’église, les grands moulins ou la centrale nucléaire qui dessinent la silhouette urbaine de la ville de Nogent-sur-Seine. Un patrimoine qu’a souhaité rappeler l’architecte dès le concours en couronnant sa « tour » d’une grande salle pourvue de baies vitrées offrant une vue panoramique sur la ville.
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« Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un musée pour Camille Claudel, conclut Adelfo Scaranello. Peut-être y a-t-il une correspondance avec son histoire difficile, même son musée a finalement été laborieux à réaliser. Mais je crois avoir dessiné un musée dédié à la sculpture, dont les référents ne sont finalement que la brique moulée à la main et les cadres de lumière naturelle. Un autre changement de destination reste possible » continue l’architecte, qui est allé jusqu’à cacher une porte anticipant des mutations futures, un acte que n’aurait pas renier Numérobis !
*Ce PPP fait partie des vingt-neuf contrats de partenariat passés au crible par les chambres régionales des comptes pour les besoins d’une enquête nationale supervisée par la Cour des comptes. La juridiction financière a émit de vives réserves sur ce type de contrat. La chambre a contesté la pertinence du recours à un PPP, dans la mesure où le projet définitif s’est avéré moins complexe à réaliser que le projet initial et a généré un surcoût de l’opération. A la suite de quoi la nouvelle municipalité a résilié le contrat et est devenue propriétaire pleine et entière du musée.
Amélie Luquain
Fiche technique : Musée Camille Claudel – reconversion / extension Maîtrise d’ouvrage : municipalité de Nogent-sur-Seine Maîtrise d’œuvre : Adelfo Scaranello ABF : Jean-Pascal Lemeunier Surface du bâtiment : 2 645 m² Surface d’exposition permanente : 983 m² Surface d’exposition temporaire : 300 m² Matériaux : Petersen Briques (Danemark)
Recyclage immobilier; l’appel de Jean Nouvel; épidémie verte; des malls qui se fondent dans la ville; revoir Georges Maillols; palettes, vraiment bonnes à tout faire : la revue de presse du 28 mars 2017
Foir’fouille immobilière
Pour boucler ses fins de mois, l’État vend chaque année une fraction de ses biens immobiliers, un patrimoine des plus disparate : « majoritairement (il) se sépare de terrains, immeubles, logements ou bureaux. Mais quelques pépites se glissent dans les cessions. Exemple en 2016 : une chapelle de 17 m² vendue 400 € à la commune de Mauléon, où elle est située dans les Deux-Sèvres. Une tour “en très mauvais état” a aussi été cédée pour 130 € à la ville d’Oreilla, dans les Pyrénées-Orientales. Parfois, des sites très insolites — la maison d’arrêt de Grasse ou le fort de Chavagnac — intéressent les investisseurs privés pour des projets touristiques ou culturels ». Parmi les sites mis en vente, un fort de la Manche cédé 100 000 euros à un constructeur de navire qui va en faire un lieu touristique, ou un garage Renault à Paris racheté par Paris-Habitat. En 2016, 920 biens immobiliers nationaux sur 220 000 ont été cédés à des collectivités ou des investisseurs privés. « Les cessions ont permis de rapporter près de 574 M€ à l’État. Un chiffre globalement stable depuis dix ans. “Ce ne sont pas des sommes gigantesques, mais elles ne sont pas négligeables”, affirme un conseiller de Bercy ». L’argent est affecté principalement à l’achat, la construction ou la réhabilitation de nouveaux bâtiments.
Le Fort Chavagnac (Manche) a été cédé pour environ 100 000€ à un constructeur de navire qui souhaite en faire un lieu touristique.S. Plaine / CC-BY-SA-4.0 via Le Parisien
Sport au musée
Pour éduquer les populations, deux entrepreneurs de Chicago veulent lancer un musée du sport. Il y a un truc : « le sport servira d’appât pour ouvrir sur des cours de physique, biologie, relations interraciales, médecine, droit, politique et relations internationales » — et pas d’architecture, malheureusement, à croire que les enceintes sportives des US sont toutes en palissade de bois et tôle. Ainsi, dans la galerie consacrée aux jeux Olympiques du futur musée, on ne vous dira pas qui est Frei Otto, mais « vous pourrez toucher une vraie médaille d’or et entendre parler du salut des panthères noires de 1968 ou de l’attentat de Munich ». Les deux promoteurs du musée espèrent collecter 50 millions d’US $ et recherchent 10 000 m2 accessibles à toute sorte de public, touristes et scolaires. Doté d’un budget annuel de 20 millions d’US $, le musée emploiera 250 personnes. Son ouverture est prévue pour 2020/2021. Une campagne de crowdfunding a été lancée pour recueillir les 50 000 dollars nécessaires à la diffusion du projet. À l’instant T, le montant des contributions atteint 1 705 dollars. Arriveront-ils vraiment à “lever” les 50 millions visés « le premier million de dollars sera bien plus dur à lever que les quarante-neuf suivants », explique un des porteurs du projet, expliquant qu’une fois passé le cap du million, des entreprises aux athlètes, tout le monde se battra pour donner son nom à une salle du musée. Il va y avoir du sport…
Illustration of the proposed museum via American Sports Museum
Verte épidémie
« En termes métaphoriques et conceptuels, le bosco vertical (forêt verticale, tour milanaise livrée en 2015) peut être comparé à un grand arbre, dont les balcons forment les branches, l’ensemble des espèces végétales les feuilles, le noyau central le tronc et les systèmes d’arrosages les racines », explique Stefano Boeri, architecte d’un nouveau type d’immeuble si bien végétalisé qu’il essaime aux quatre coins de la planète. Après Milan, Boeri travaille sur un projet de tour à Lausanne, et en Chine, Nanjing, Chongqing, Guizhou, Liuzhou, Shanghai e Shijiazhuang se verront bientôt doté de leur « Vertical Forest ». « Les forts traits identitaires de la tour forêt en font un modèle clairement reproductible dans tout type de situations. Le rôle de responsabilité que porte la Vertical Forest a conduit à faire de l’idée un langage repris par beaucoup, autant que le symbole d’une nécessité écologique », affirment les Italiens d’Art Tribune. Tandis que la forêt recule, les tours-forêts poussent drue, avec l’insolence et la vigueur des mauvaises herbes.
Stefano Boeri Architetti, La tour des cedres, Losanna via Art TribuneStefano Boeri Architetti, Nanjing vertical forest via Art Tribune
Mallville
«On ne s’attendait pas à voir des boutiques», s’étonne Yulia, Ukrainienne en promenade à New York, alors qu’elle arpente les allées de l’ «Oculus», ou pôle intermodal auquel Calatrava a donné la forme d’un squelette de dinosaure. Le lieu est aussi connu sous le nom de Westfield World Trade Center. «Faites vos courses. Mangez. Buvez. Jouez. Tout ça sous un magnifique toit», dit le slogan de la compagnie Westfield qui exploite le lieu, un véritable mall (centre commercial) de périphérie implanté au coeur de Manhattan. Alors que certains malls de la périphérie périclitent, le Guardian s’inquiète de leur retour en centre-ville « en fait, une nouvelle race de centre commercial s’intègre si parfaitement au contexte urbain qu’il devient difficile de tirer une ligne entre la ville et le commerce. London Boxpark, Le Container park de Las Vegas ou le Brickell city centre sont des exemples de la façon dont les centres commerciaux s’imbriquent et de se fondent toujours plus dans le tissu urbain ». Le phénomène est encore plus flagrant dans des pays comme la Chine, où l’on s’est mis à donner aux centres commerciaux l’apparence de villages. « Au début des années 2000, quand les centres commerciaux fermés constituaient la norme, l’architecte Chris Law d’Oval Partnership a proposé un concept de ville ouverte pour San Li Tun, un secteur commercial de Beijing. Il proposa d’injecter dans la « boîte » une forte dose d’espace public. Au lieu des parkings asphaltés, Law a voulu des trottoirs et des arbres qui rafraîchiraient et feraient de l’ombre aux visiteurs». Un chercheur met en garde « si l’on peut trouver un attrait indéniable au retour en ville des centres commerciaux, l’effet collatéral est que ces structures transforment la ville en centre commercial ». Où est le mal(l) si on ne voit pas la ville ?
Santiago Calatrava’s Oculus, Westfield’s $1.4bn bet on a New York City mall. Photograph: Alamy via the guardian
Ici JN
« Hier, la politique était définie comme la science de l’organisation de la cité. Aujourd’hui, il suffit de voyager de ville en ville, tout autour de la terre, pour être frappé par la violence du saccage des paysages urbains et naturels, pour être sidéré par le mépris de la géographie, de l’histoire et de l’homme. Les mêmes causes, produisant les mêmes effets, abîment en profondeur l’image de nos villes et l’âme de notre pays. » Jean Nouvel s’indigne dans les colonnes du Monde, et tente d’attirer l’attention du futur chef de l’État sur les défis urbains et territoriaux auxquels il devra faire face. « Depuis un siècle, les décisions sur ce sujet ont été prises dans une urgence répétée, à la petite semaine, à la petite échelle des communes et des mandats… Décisions déléguées le plus souvent à la technostructure et à l’administration qui ont mis en œuvre un système simpliste : l’application aveugle de règles abstraites, la ségrégation des fonctions sur des zones avec des densités et des hauteurs arbitraires ». Phénomène que Nouvel taxe d’Ubu-urbanisme, et propose de combattre par deux mesures à prendre d’urgence : la sanctuarisation des terres agricoles et forestières et l’investissement de la banlieue par la culture. « En France, la mutation douce de nos villes sera la raison d’être de l’architecture du XXIe siècle. Cette méthode française sera unique et favorisera les mixités dans les constructions existantes, libérera le logement de ses absurdes normes de surface et développera la coprésence de la nature et du construit. »
L’architecte Jean Nouvel. ERIC FEFERBERG/AFP via Le Monde
« Il faut construire l’écriture de l’époque avec les techniques de l’époque », disait-il en fumant sa pipe, dans l’une de ses puissantes cylindrées qui faisaient hurler son comptable. Épicurien débordant d’humilité, d’après ceux qui l’ont côtoyé, il aimait les femmes. Avec elles, il voyageait, de New York à Tokyo, de Los Angeles à Chicago. Dans cette dernière, ville de Mies van der Rohe, il découvre les deux tours Marina City, pionnières du renouveau des centres-villes. » AD magazine évoque la figure de Georges Maillols, architecte marquant du paysage rennais de l’après-guerre « près de 140 projets, plus de 10 000 logements… Le débat est inutile : dès 1947 et jusqu’à sa mort en 1998, l’architecte a marqué la ville, et a même régné seul sur sa trame durant les années 1970 ». Beaux coups pour celui dont on apprend qu’il fut le membre fondateur du Pipe Club (Club des fumeurs de pipe), et qu’il s’était installé à Rennes après avoir « compris très vite que les projets de grande ampleur dans la capitale sont trop rares et les architectes de formation académique trop nombreux. En dehors de Paris en revanche, le flou règne sur l’Ordre des architectes, dont les principes n’en sont qu’à leurs balbutiements ». Profitant donc d’un moment de des-Ordre, Maillols a utilisé tant et si bien la préfabrication et la plastique moderne qu’il a fait de Rennes une Grande Motte qui s’ignore.
Autre star plus anonyme encore, la fameuse palette en bois utilisée pour le transport de marchandises. Déjà bien connue des étudiants en école d’architecture qui en ont fait un matériau fétiche, elle envahit les intérieurs aux ambitions branchées. « Économiques, rustiques et faciles à détourner, les palettes en bois, initialement dédiées au transport de marchandises, n’en finissent plus d’inspirer les amateurs de Do It Yourself (DIY) ». Ainsi Dimitri, de la chaîne Survie, bois et bushcraft propose de multiples tutos pour réaliser du mobilier en palettes. « À l’heure de l’upcycling où l’on n’a de cesse que soit offerte une seconde vie plus glam aux matériaux et aux objets les plus basiques, la palette se révèle un terrain de jeu inépuisable. La tendance est telle que sur Amazon, on trouve même des coussins spécialement taillés pour venir compléter une armature de canapé en palettes. (…). Si elles séduisent tant, c’est parce qu’en plus de s’inscrire dans la tendance du recyclage, elles sont gratuites. Et facile à utiliser pour faire une table basse ou une tête de lit, il suffit bien souvent de joindre deux palettes. Ainsi, on trouve toutes sortes de réalisations en bois de palette, des plus simples aux plus complexes : fauteuils, bureau, sommier, bac à fleurs, banc, canapé, bar… » Facile de se meubler, pourvu que l’on sache ou trouver ces modules miracles « condition de parvenir à les dénicher : pas question de repartir avec la première palette venue. Que l’on souhaite en faire du mobilier ou un bac à fleurs, il est impératif de s’assurer qu’elle ne soit pas toxique. Premier geste : faire le tour pour vérifier qu’elle n’ait pas été souillée. Si c’est le cas, on la met de côté. Mieux vaut ne prendre aucun risque si on ne connaît pas l’origine du produit renversé dessus. En revanche, si elle est propre, on se met en quête du marquage, généralement apposé sur l’un des dés, qui va nous renseigner sur le type de traitement reçu ». Et, rappelle l’article « Une fois la (ou les) palette(s) dénichée(s), il ne reste plus qu’à trouver l’inspiration ». Vivement l’interdiction des palettes en 2018 — une loi d’utilité publique qu’il est urgent de suggérer aux candidats à la présidentielle.
Astuce DIY : on réutilise des palettes en bois pour en faire des canapés, des fauteuils, des étagères ou des bacs à fleurs. Photo iStock via Le Figaro Madame
Gérard COSME, Président de l’Etablissement Public Territorial Est Ensemble, Maire du Pré Saint-Gervais, élu de la Métropole du Grand Paris et de la Société du Grand Paris succède à Daniel VACHEZ, président depuis 2004 de l’Association Française du Développement Urbain. Il a été nommé jeudi 23 mars 2017 président de l’AFDU
L’agence Karawitz livre à Marly-le-Roi une maison passive entièrement construite en ossature bois. Elle s’insère dans un contexte peu dense ou la surface à bâtir reste cependant limitée. D’où une construction s’étirant en hauteur, surélevée pour laisser un passage semi enterré intégrant l’entrée. A l’intérieur, les parois d’un blanc immaculé tranchent sur le gris du bardage mélèze.
Des fantômes chez Niemeyer, une Reine ravage les facultés d’architecture de Naples, Arcelor fache l’architecte luxembourgeois, un sénateur PS à la rescousse des centres, Saint-Patrick le géothermique, Dakar, ville perdue pour les concours, une tour pour Toulouse : la revue de presse du 21 mars 2017
Niemeyer et ses fantômes
Imagine-t-on le général de Gaulle quitter l’Élysée pour aménager à Matignon ? Le président du Brésil Michel Temer vient de quitter le palais de la présidence à Brasilia pour retourner dans les appartements de la vice-présidence, qu’il occupait du temps où Dilma Rousseff était présidente. « J’ai senti quelque chose d’étrange là-bas. De mauvaises ondes. Marcela (Temer) les ressentait aussi. Seul Michelziño (petit Michel, le fils), courant d’un bout à l’autre du palais, s’y plaisait. Nous avons fini par nous demander “N’y aurait-il pas des fantômes ici?” » a déclaré Temer à l’hebdomadaire Veja. Temer avait pourtant fait réaménager l’édifice de 7 300 m2 pour rendre habitable ce lieu, que Rousseff avait jugé plutôt froid « pensé plus pour recevoir que pour y habiter », sans pour autant y croiser des fantômes. Malgré ses soixante ans d’âge, le palais présidentiel passe pour être aussi hanté qu’un château médiéval des Carpates. Des croix se forment sur ses murs — en fait le résultat de la dilatation du béton — les soldats de la garde du palais affirment y avoir entendu des bruits mystérieux la nuit. L’ex-président José Sarney avait identifié le fantôme, en la personne du dictateur Castelo Branco, avec qui il ne s’entendait pas. Si ce n’est pas le poids du remord — Temer a œuvré activement à la destitution de Rousseff, cela pourrait être le spectre de François Mitterand errant par les rues brésiliennes à la veille des élections hexagonales. L’ex-président n’avait-il pas dit : « je crois aux forces de l’esprit » ? Il n’est plus le seul à présent.
Difficile d’étudier l’architecture à Naples alors que les universités sont mises sur des charbons ardents par « The Queen », une enquête judiciaire portant sur des appels d’offres truqués. Une affaire dont le nom reluisant ne doit rien à Élisabeth II, et tout à un dénommé Guglielmo La Regina (la Reine en italien), architecte par qui le scandale est arrivé. Outre les départements architecture des universités Federico II et Luigi Vanvitelli, les départements de sciences politiques, ingénierie et agronomie sont touchés par l’enquête, ainsi que l’Ordre des architectes de Naples et de Caserta. 69 personnes ont été emprisonnées ou mises aux arrêts domiciliaires. Plus d’une douzaine de professeurs d’architecture sont à l’ombre, leur plus grande faute, semble-t-il, ayant d’avoir participé à des commissions d’appel d’offres orientant l’attribution de chantier à la camorra, la version locale de la maffia sicilienne. « Le malheur, dit un enseignant, est d’être né et de travailler dans cette région maudite, parce que la camorra “pollue tout et nous expose à des risques incroyables” ». Les enseignants encore libres apportent un soutien total à leurs collègues « convaincus qu’ils sont de leur droiture morale ». Et accusent à leur tour « nous vivons dans une dictature judiciaire. Ne nous racontons pas d’histoires. Nous sommes dans les mains des juges, et ce qui est en jeu sont les vies et les histoires professionnelles de nombre d’entre nous ». Des arguments qui résonnent parfois de ce côté des Alpes, mais pas forcément dans la bouche des architectes…
La météo est-elle perturbée par les villes, tout comme elle l’est par le relief terrestre ? Des chercheurs en ingénierie et météorologie de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) ont tenté d’apporter une réponse scientifique à cette question. « Notre but était de développer un programme qui combine les modèles de prévision météo avec des modèles qui mesurent l’effet de la chaleur dégagée par les bâtiments ». Un modèle 3D de Bale a été construit pour tester ces hypothèses. Conçu par et pour des météorologistes, il pourrait être utile bien au-delà de ces cercles qui font la pluie et le beau temps « un fabricant de stores est intéressé par notre approche, car elle peut fournir des estimations précises de la vitesse du vent et de sa direction près des façades d’immeubles ».
L’article complet sur http://journal.frontiersin.org/article/10.3389/feart.2016.00109/full
La République des centres
« Ce n’est pas un document qui appartient à un parti. J’ai été approché par les entourages de Macron et de Fillon, qui voulaient mon dossier. Si Hamon et Mélenchon m’appellent, je le leur envoie » annonce le sénateur socialiste Yves Dauge évoquant son « plan national en faveur des nouveaux espaces protégés », qui esquisse une politique pour sauver de la déshérence 600 centres-ville de communes françaises totalisant entre 4 000 et 50 000 habitants. Dans son ouvrage « Comment la France a tué ses villes » le journaliste Olivier Razemon avait attiré l’attention sur ces cité historiques victimes de la déprise commerciale et de la concurrence des périphéries : Gien, Romorantin, Sedan, Lunéville, le Grand Figeac, Perpignan, Lodève, Pont-Saint-Esprit, Villefranche-sur-Rouergue, Vierzon, et même Grasse, dont le centre-ville est un îlot d’abandon au milieu d’une région ou l’immobilier est, suivant le langage consacré, tendu… « Je demande un moratoire sur la fuite des petits commerces du centre-ville qui est un désastre. Il faut des habitants, donc du logement avec un programme et un plan paysager sur la périphérie », déclare Dauge, lançant dans la foulée un véritable appel à liquider la fameuse “France Moche” “Mettons de l’intelligence dans les centres-villes et utilisons l’argent avec lequel le désastre, la folie des ronds-points, les supermarchés, se multiplient, plaide-t-il. Donnons-nous une image de ville où la culture est présente. On peut sauver le cinéma du centre-ville! À Chinon, une convention a été signée avec l’orchestre régional, le centre d’art dramatique et le FRAC [Fonds régional d’art contemporain].” Les travaux seraient financés par des dispositifs de défiscalisation de type Malraux. Aux centres, citoyens imposables !
Pendant que des centres-villes s’éteignent, d’autres prospèrent au point de vouloir changer d’ère, telle Toulouse, qui vient de dévoiler son projet de World Trade Center (WTC), un ensemble regroupant 11 000 m2 de bureaux, une centaine de logements, un hôtel Hilton et un restaurant-bar panoramique, logé dans une tour de 40 étages, premier IGH de la ville Rose. « La tour dessinée par Daniel Libeskind et Khardam Cardete Huet prend une forme volontairement sculptée, faite de “rubans” s’enroulant en spirale : ceux des façades en verre, les autres formés par les jardins verticaux parcourant les niveaux. Ce paysage vertical a été créé par Nicolas Gilsoul, architecte paysagiste . Pour le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc, “ce projet végétalisé est en dialogue avec le canal du Midi, dont il renforcera l’attractivité”. » À la maîtrise d’ouvrage, on retrouve la Compagnie de Phalsbourg, qui a remporté il y a peu un appel d’offres similaire à Nice, toujours avec Libeskind. L’intégration du projet au canal du midi aurait compté dans la décision du jury. Le directeur de la société publique chargée du projet d’aménagement explique « On a découvert à cette occasion que l’architecte américain, qui vit en partie dans le Var, était un passionné du canal du Midi ». On verra si cette passion s’avère réciproque.
Rénové ou dénaturé ? La transformation du cloître de la collégiale de Neuchâtel n’est pas du goût de tout le monde, nous apprend la radio télévision locale. Comment ne pas être surpris de la métamorphose de ce petit jardin à la mode médiéval en fond de piscine vide façon « un dimanche à Tchernobyl », et son sol dallé digne d’un abattoir, ou de tout autre programme réclamant un nettoyage fréquent à grande eau. Le lieu n’est plus propice à la méditation, affirme une paroissienne locale. D’autres voient la rénovation d’un bon œil, tel le président du comité des concerts de la collégiale « à ses yeux, l’alliance de moderne et d’ancien est réussie et cette nouvelle formule permettra, selon lui, d’utiliser plus activement le centre du cloître pour des concerts, par exemple. Il rappelle que l’intérieur de la Collégiale sera en travaux durant ces six prochaines années. Cet espace supplémentaire sera ainsi des plus utiles ». Merci d’avance aux chanteurs et à leurs amies dalles.
« La situation de l’architecture au Sénégal est problématique. Les concours, qui constituent la voie normale pour accéder à la commande publique, n’ont plus lieu. Ils sont pourtant prévus dans les textes, mais ils sont sans cesse modifiés, le seuil est relevé, et les dérogations deviennent la règle. Au final, c’est la cooptation et le copinage qui prennent la main. Ce qui déjà ne garantit pas la bonne architecture, mais surtout bloque la commande de dizaines de “petits” architectes sénégalais comme moi.» Annie Jouga, architecte, enseignante (1) et maire adjointe de l’île de Gorée dresse l’état de l’art architectural au journaliste Luc Le Chatelier. «Je ne prendrai qu’un exemple : on entend dire que ce serait Jean-Michel Wilmotte — qui n’est pas forcément mauvais, mais là n’est pas la question — à qui l’on confierait la rénovation de l’ancien palais de Justice, construit en 1957 par Daniel Babani (1914 – 2006) et Pierre Roux-Dorlut (1919 – 1995), abandonné aux chèvres et aux courants d’air depuis plus de 20 ans. La réhabilitation de ce bâtiment exceptionnel — on pense à la Cité judiciaire de Chandigarh de Le Corbusier — est une absolue nécessité, notamment pour accueillir la Biennale d’art contemporain de Dakar. Mais ouvrons ce chantier à un concours en bonne et due forme plutôt que de l’attribuer sans discussion à une star française de l’architecture ! ». Ce genre de revendication finira par mettre nos stars sur la paille !
(1) à noter : le Collège universitaire d’architecture de Dakar cofondé par Annie Jouga est présenté dans l’édition de mars de notre magazine CREE
Le Palais de Justice, construit en 1957. Photo : LLC Via Télérama
Immobilier : ville à vendre
« Tiller. Population : 2 » annonce le panneau à l’entrée d’une ville de l’Oregon fondée en 1902, et qui prit le nom du premier fermier qui s’y installa. Un pasteur et un ancien professeur sont les derniers résidents de cette cité mise en vente pour la somme de 3,85 millions de dollars. Pour ce prix, « le futur acquéreur pourra bénéficier d’un espace de 100 ha composé d’une école, six maisons, un appartement et un supermarché avec sa pompe à essence », explique Ouest-France. Des investisseurs chinois étudieraient la possibilité d’y implanter un centre de soins pour personnes âgées. Ils sont en concurrence avec des cultivateurs… de cannabis, une culture autorisée par plusieurs États de l’ouest qui s’avère très rentable, au point de susciter une véritable « ruée vers l’herbe », un « green rush » dans la langue de Lincoln. Légaliser la culture de la marie-jeanne : une solution plus efficace que la défiscalisation pour faire booster nos campagnes et nos centres-ville en déshérences ?
Ville fantôme, la petite commune de Tiller dans l’Oregon est à vendre pour plusieurs millions d’euros. De nombreux acquéreurs potentiels seraient déjà intéressés. Via Ouest-FranceVille fantôme, la petite commune de Tiller dans l’Oregon est à vendre pour plusieurs millions d’euros. De nombreux acquéreurs potentiels seraient déjà intéressés. Via Ouest-France
GOD IS HQE
La maison de dieu peut-elle faire l’impasse sur le développement durable ? Sûrement pas, diraient le Cardinal Timothy Dolan et Monseigneur Robert Ritchie, qui viennent de doter la cathédrale Saint-Patrick de New York de 10 puits géothermiques, ajoutant l’énergie renouvelable à l’énergie spirituelle qui habite les murs du saint édifice. « Nous ne voulions pas prendre de risque avec une technologie qui n’avait pas d’historique à Manhattan », dit Jeffrey Murphy, architecte de la restauration de l’édifice, entraînant des travaux chiffrés à 177 millions d’US$. Les hésitations furent levées après la conversion de plusieurs séminaires à la géothermie. Creusés en neuf mois, les puits sont les plus profonds de toute la ville, et procurent ensemble plus d’énergie que n’importe quel autre système urbain. Est-on certain que cette chaleur venue des entrailles de la Terre n’émane pas des forges de Belzébuth ?
Indignation de l’Ordre des Architectes et Ingénieurs-Conseils luxembourgeois : le nouveau siège d’Arcelor Mittal, qui rejoindra la Philharmonie de Portzamparc et la cour de justice de Perrault sur le plateau du Kirchberg se fera sans eux. La sélection des huit équipes en lisse pour la construction du bâtiment a suivi une procédure qui ne laisse que peu de chance aux « locaux », affirme l’OAI : « “Les critères de participation pour cette consultation sont largement disproportionnés au regard des caractéristiques du projet”, déplore Pierre Hurt, directeur de l’OAI et signataire d’une lettre ouverte à son premier ministre. “Un effectif total minimal de 100 personnes, dont au moins 80 architectes diplômés, vise à exclure de facto les bureaux établis au Luxembourg, et non à s’assurer de la capacité à concevoir un immeuble de bureaux de 55.000 m2. Quant à la compétence, elle n’est pas toujours fonction de critères quantitatifs de capacité” ». Dommage pour les 480 bureaux luxembourgeois, car « en perdant l’opportunité de concourir pour des projets nationaux emblématiques, nos architectes ne peuvent s’illustrer par leur talent et gagner en références pour s’exporter et participer à des concours à l’étranger ». C’est la dure loi de la mondialisation : on ne peut pas toujours gagner. Résultat du concours en septembre prochain.
L’Ordre des architectes et des ingénieurs-conseils (OAI) se fend ce mardi d’une lettre ouverte adressée au Premier ministre pour dénoncer les conditions d’accession au concours pour dessiner le futur siège d’ArcelorMittal. (Photo: DR) via paper jam
Récemment labellisée centre d’art d’intérêt national par le président de la République et la ministre de la Culture, la villa Noailles continue son exploration des lieux de loisirs. Après le Skate-Park en 2016, place à la boite de nuit, espace clos souvent négligé, pour ne pas dire méprisé, en dépit de plusieurs caractéristiques intéressantes : un lieu totalement artificiel, ou les sensations spatiales reposent sur des stimuli visuels et sonores presqu’outranciers, exacerbés par l’usage de substances excitantes – l’alcool, pour ne citer que les plus licites d’entre-elles. Les commissaires de l’exposition Audrey Teichmann, Benjamin Lafore et Sébastien Martinez-Barat (AJAP 2016) ont rassemblé une série de boites de nuit qui ont fait date. Un corpus mince mais intéressant, réalisé par des architectes – le Palace de Patrick Berger, le piper club de Pietro Derossi – ou jamais réalisés, à l’instar du Palais Métro, proposition que l’on ne connait que par les éblouissants dessins de François Dallegret. On trouvera aussi la célèbre Hacienda de Manchester, (architecte Ben Kelly), ou le Voom Voom de Juan-les-Pins, discothèque de Saint-Tropez ou l’artiste Nicolas Schöffer avait installer un dispositif sensoriel particulier, les « micro temps », devant agir sur la perception. L’exposition est aussi l’occasion de redécouvrir une architecture remarquable de la région, le dancing « La Batterie » au Val d’Esquivers, une oeuvre de Pierre Barbe toujours existante bien que considérablement modifiée. Ajoutons que durant toute la durée de l’exposition, la villa Noailles est dotée de deux boites de nuits temporaires, qui s’ajoutent au équipements dessinés par Mallet-Stevens : piscine, squash, etc.
Palais Métro, Montreal, 1967. Architect: François Dallegret. Collage. Courtesy François Dallegret
Lutrario, Turin, 1959. Architect: Carlo Mollino. Original plan. Courtesy Politecnico di Torino
L’Altro Mondo, Rimini, 1967. Architects: Giorgio Ceretti, Pietro Derossi, Riccardo Rosso. Photograph. Courtesy Pietro Derossi
« Le Stadium : un cube anthracite, d’un gris fatigué, qui surgit au détour de la voie rapide. Celle-ci relie la zone industrielle de Vitrolles, saturée d’enseignes lumineuses, à la future technopole du plateau d’Arbois. Entre les deux, un no man’s land paysager : un site archéologique de l’ère industrielle, une ancienne décharge publique. C’est ici que la ville de Vitrolles a décidé en 1989 d’implanter sa future salle de spectacle et a confié sa réalisation à Rudy Ricciotti architecte » local ». Les ouvriers à l’œuvre sur le chantier l’ont rapidement appelée « la Kaaba ». Elle suscite en s’approchant le même mélange de curiosité et de méfiance que l’objet incongru tombé du ciel dans le film « 2001 l’odyssée de l’espace. (…) Le programme traite du lieu comme exutoire des violences et des tensions du monde contemporain. Ricciotti en fait une boite noire, à l’instar de celle tombée des avions (qui détient la Vérité en cas d’accident) ou de ces trous noirs qui intriguent tant les physiciens. Par la brutalité du traitement, il met en scène des pulsions archaïques. En réponse au désarroi d’une société qui ne sait plus quel projet proposer à sa jeunesse, surtout lorsqu’elle est basanée, si ce n’est leur accorder une zone de défoulement en lieu et place d’une ancienne décharge d’ordures, le bâtiment parle de cette source de vie inépuisable qu’est l’Énergie – le terme est à comprendre sous toutes ses acceptations (métaphysique, biologique, économique, etc). La force du geste se situe à la mesure de l’enjeu, le devenir d’une société. » introduit Architectures CREE dans son numéro 264, daté de mars 1995. Vingt ans après, le « temple du rock marseillais », toujours posé sur la terre rouge de l’ancienne carrière de bauxite, est dans un bien triste état.
Comment se construit la ville ? Quels méandres décisionnels faut-il traverser pour passer de l’esquisse d’une place à son premier coup de pioche dans l’espace public ? Ce sont ces mécanismes obscurs qu’Anne Mie Depuydt, de l’agence uapS – tente d’expliquer à travers l’exemple de la deuxième phase du projet de l’île-de-Nantes, dont elle s’est occupée de 2010 à 2016. Moins austère que « La Forme d’une ville » de Julien Gracq, qui avait Nantes pour sujet, le compte rendu de Depuydt prend l’aspect ludique d’un calendrier qui s’active à partir du 26 mars 2017. Croquis, compte rendu de réunion, propositions abandonnées, tout s’empile et s’effeuille dans un cadavre exquis à dépecer quotidiennement, un collage justement baptisé « Frankenstein ». Une police ‘gore ‘ pas toujours des plus simples à lire fournit des compléments d’explications à ce carnet d’images. Un objet joyeux surement plus ludique que le rapport annuel d’une SEM, à méditer quotidiennement dans sa cuisine ou son salon pendant 365 jours.
Calendrier « Le Frankenstein de l’île de Nantes – l’ile des possibles »
366 feuillets / noir&blanc : 349 – couleur :17
Format : 30×34 cm
Texte : Anne Mie Depuydt, assistée de Claudia Danese
Conception Graphique : Jean-Marc Ballée, assisté de Jean-François Peschot
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