Du centre commercial au centre carcéral
Étrange pyramide à gradin construite à la fin des années 50 sur la base d’un plan de forme patatoïde, couronné par un dôme géodésique à la Buckminster Fuller, le centre commercial Hélicoïde devait porter le Venezuela au pinacle de la modernité. Pablo Neruda, le poète, y voyait « l’une des plus délicates créations jamais sorties de l’esprit d’un architecte», Salvador Dalí voulait exposer ses œuvres dans ce mall innovant que l’on parcourait en voiture — « une montagne de boutiques avec rampes », résumait l’un des architectes de l’agence Arquitectura y Urbanismo CA, qui avait conçu ce projet d’inspiration ouvertement wrightienne. Parmi les 320 boutiques, des garages, un concessionnaire automobile, un lave-auto, mais aussi un lieu d’exposition, une piscine, un bowling un cinéma, et une station de radio diffusant les offres commerciales du moment. Le shopping-by-driving était-il une idée révolutionnaire ? On ne le saura jamais, car la chute du dictateur Pérez Jiménez signera la fin de ce rêve commercial. Le public boudera le bâtiment qu’il associera à la dictature. Il sera question d’y installer un musée d’anthropologie, un centre de l’environnement, mais c’est finalement en prison et centre de torture que le lieu est utilisé. Celeste Olaquiaga, animatrice du site ‘Project Helicoide’, s’insurge « puisque l’Hélicoïde n’a pas été conçu pour être une prison, son utilisation est principalement une violation des droits humains et doit cesser (…) et demande à ce qu’on donne une deuxième chance au bâtiment ». Il a fait son temps sous les barreaux après tout, et faire ça à un centre commercial, c’est une atteinte au droit du bâtiment.
Via Citylabs

Génie ou mythomane?
« Parmi tous les architectes considérés comme grands, il provoque en moi une allergie. Ce n’est pas pour son coté mythomane, menteur et égocentrique laissant derrière lui un sillage de destruction émotionnelle, ni parce que ses bâtiments fuyaient ou s’écroulaient quand ils ne dépassaient pas les budgets prévus, ou que les chaises qu’il a dessinées ne tiennent pas debout et défient les normes élémentaires de confort, ni qu’il a écrit et discouru d’un langage pur, brillant, de non-sens, ni pour ses hypocrites prêches pour la démocratie et la liberté s’accommodant de flirt avec des tyrans comme Mussolini ou Staline. Il était tout ça, mais le plus agaçant de son génie c’est qu’il se fourvoyait trop souvent dans une démonstration de virtuosités répondant à des impératifs incompréhensibles». Vous avez reconnu Frank Lloyd Wright, dont on s’apprête à fêter les 150 ans par une exposition au MoMA. Un critique d’architecture s’interroge : était-il un mythomane ou un génie ? Un de ses biographes décrivait l’architecte comme un «virtuose du faux témoignage», capable de mentir sur sa date de naissance et de s’envoyer des faux télégrammes le félicitant de la bonne tenue de son hôtel tokyoïte lors du tremblement de terre de 1923. «Même ses plus grandes oeuvres – Fallingwater et le Guggenheim – présentaient de sérieux défauts. Mais, encore une fois, le monde serait moins riche sans eux». Frankie est sauvé : on pourra même fêter ses 200 ans.
Via The Guardian

Les trésors cachés de Wichita
«C’est une maison spectaculaire (…) c’est sans doute l’un des secrets les mieux gardés de Wichita, et j’aimerais que ce ne soit plus confidentiel car c’est un véritable joyau de notre couronne». Liz Koch parle de la Allen House, une maison wrightienne de style «prairie» construite en 1918 pour le patron de presse et ancien gouverneur du Kansas Henry Allen. Koch dirige une fondation qui s’est donné pour objet de remettre la maison dans son état d’origine : «« Il nous a fallu trois mois pour décaper le bois et exposer ses couleurs naturelles», dit Howard Ellington, qui s’occupe également du lieu. Les occupants successifs avaient fait des modifications qui n’étaient pas vraiment compatibles avec le goût de Wright pour les horizontales et les carrés aux couleurs inspirées par la nature», explique un média local. Grâce à l’action de Liz et d’autres, la maison a retrouvé son lustre d’origine, jusque dans son jardin, ou étaient plantées des vivaces baptisées du nom de l’architecte. La maison va ouvrir au public à partir du 8 juin, pour le cent cinquantenaire de l’architecte. Joyeux anniversaire Frankie !
Via KSN
Le tracé d’un monument pop
Ellen Babcock n’a pas eu besoin d’aller jusqu’à Wichita pour trouver son trésor. Il lui a suffi de regarder sous un arbre d’Albuquerque pour trouver son pactole : les dessins d’enseignes néon de la mythique route 66, qui relie Chicago à la côte ouest. Robert Venturi et Denise Scott Brown auraient été enchantés de découvrir les dessins très bien conservés des enseignes routières devant s’adapter à toutes les situations : stations-service, bowling, nettoyage à sec et cafés. Certaines ont été réhabilitées, beaucoup d’autres ont été démontées ou restent désormais dans le noir. Les documents avaient été déposés là par leur producteur, l’usine de Zeon Sign, qui voulait se débarrasser d’un risque d’incendie potentiel. Ils témoignent « d’une époque où l’artisanat et le design étaient entremêlés ». Mark Childs, doyen et enseignant à la faculté d’architecture du Nouveau-Mexique insiste sur l’importance de ces enseignes : « Je pense qu’elles nous apprennent plusieurs choses du point de vue de l’urban design, notamment l’idée qu’il peut y avoir un aspect ludique, à une époque ou l’on ne se permet plus de penser à cette dimension de l’urbain». Un monument américain post-wrightien révélé ?
Via Associated Press

Elle existe
Le premier épisode de la série « secrets » débute par une révélation : sur une tablette en pierre du IV siècle av. J.-C., le dessin d’un bâtiment à gradin de sept niveaux avec en son centre une figure qui ne serait autre que le roi Nabuchodonosor. L’inscription « Etemenanki Ziggurat Babel » indique que l’on serait bien face à la fameuse tour de Babel, et cette tablette donnerait une preuve de son existence plus tangible que le tableau de Jérome Bosch sur le même sujet. Une autre inscription sur la pierre indique que la construction de l’édifice, haut d’environ 91 mètres, mobilisa une main-d’œuvre recrutée de la mer supérieure (la Méditerranée), jusqu’à la mer inférieure (le Golfe Persique). « De nombreuses langues étaient parlées sur le chantier. C’est de là que pourrait provenir l’idée biblique de la confusion des langages », explique Andrew George, professeur d’histoire babylonienne à l’université de Londres. L’hypothèse restera valable jusqu’à la découverte de la tablette « amendement Molière » imposant une langue unique à cette escouade de travailleurs détachés.
Via ABC

Architectes Augmentés
Les architectes prennent d’assaut les cours Unity 3D de l’école des Gobelins, une formation à la réalité augmentée s’adressant à l’origine aux graphistes et designers de jeux vidéo, relate Le Monde. Cette technologie familière du grand public depuis le lancement de Pokemon Go « est beaucoup plus intéressante que la réalité virtuelle, qui n’est qu’une simple reproduction artificielle de la réalité », explique Greg Lynn, pape de ces technologies. Craignant qu’elles ne produisent des bâtiments prémâchés tous identiques, Francis Soler insiste sur la nécessité « de détourner ces logiciels pour retrouver notre propre langage ». Jean-Michel Wilmotte reconnaît à ces supermaquettes aux effets cinématographiques la « capacité de faire rêver le client plus vite et plus tôt ». Il mêle la réalité virtuelle et augmentée pour présenter un projet de réaménagement des vingt kilomètres séparant Paris de Roissy-Charles de Gaulle. À réalité augmentée, honoraires augmentés et pour l’instant virtuels.
Via Le Monde

Bon vieux temps
Le moral des Hongkongais est depuis quelques années inversement proportionnel à la courbe des prix de l’immobilier, de la pollution et des heures travaillées, qui tendent tous trois à augmenter. Signe du cafard, 4 Hongkongais sur 10 voudraient quitter la ville. Dans l’attente d’un hypothétique départ, beaucoup se tournent vers le passé et le bon vieux temps : objets vintages, restaurant, et aussi architecture. Alors qu’approche le 20e anniversaire de la rétrocession de l’île à la République populaire de Chine, les promenades proposant de découvrir le centre-ville historique semblent connaître un certain succès. Cette nostalgie est la meilleure alliée de la préservation du patrimoine, permettant la sauvegarde de groupe de magasins. « Les jeunes, qui ont souvent fait des études universitaires, se laissent moins impressionner par les promoteurs et n’adhèrent pas forcement à l’idée que vendre le foncier sera meilleur pour l’économie », explique Lee Hoyin, Professeur d’architecture et directeur du programme patrimonial à l’Université de Hong Kong. Il faut donc un jeune pour sauver un vieux (bâtiment).
Dans les mains de l’OTAN
Le 14 mars 1967, le général américain Lyman Lemnitzer préside la cérémonie de départ de l’OTAN, qui quitte la France pour s’installer en Belgique. Le 25 mai dernier, presque 50 ans après, les chefs d’État et les représentants des 28 pays membres de l’organisation inaugurent leur nouveau siège près de Zaventem, l’aéroport de Bruxelles. Un bâtiment de tous les superlatifs conçu par l’agence américaine SOM, pour un coût de 1,1 milliard dont 300 millions de dépassements de budget, et 18 ans entre la décision de le construire et sa livraison, qui ne sera effective qu’en décembre prochain. C’est aussi une architecture dégoulinante de symbolique : il renferme un bout du mur de Berlin et des débris du World Trade Center souvenir que la lutte contre le terrorisme doit être la priorité de l’alliance, selon Trump. Une Agora sécurisée évoque bien sur les places de la Grèce Antique, et les parois de verre manifestent la transparence, « afin que tout puisse être vu du public ». Des médias russes malveillants ont voulu voir dans le schéma d’implantation la mise en architecture du symbole SS, alors qu’il représente en fait deux mains croisées en signe d’alliance, des mains serrées par la même puissance virile que celle du président français et de POTUS lors de l’inauguration du bâtiment.

Pour un euro versé, un m2 offert
Attirer de nouveaux habitants, si possibles de jeunes couples avec des enfants en bas âge, pour faire vivre la commune et maintenir ses écoles ouvertes : telles est le casse tête que tente de résoudre les maires de petites communes. Pour résoudre cette équation, Brignon (30), 790 habitants, s’est résolue à vendre douze terrains de 640 à 832 m2 pour la modique somme de 1€/M2, dix à quinze fois moins que le prix du marché. « « Nous étions réticents au départ en affichant ce prix dérisoire mais nous avons voulu créer un choc psychologique », soulignent les élus». La viabilisation des terrains représente pour la commune un coût de 30 000 euros. Cet investissement sera remboursé par les impôts versés par les futurs arrivants. En misant sur ce lotissement d’un genre nouveau, la municipalité attend une cinquantaine d’habitants supplémentaires, convaincue que « les communes rurales ne désespèrent pas devant le déclin si elles savent se montrer attractives ».

Dé-marabouté ?
« J’ai longtemps essayé de construire ici. Mais hélas, ça n’a jamais été possible. En 1982, je n’ai obtenu que le deuxième prix au concours de l’Arche. Ensuite c’est la fameuse tour sans fin haute de 425 m de haut qui a été abandonnée, ce qui au passage m’a conduit à la faillite. Et puis, il y a eu la tour Signal arrêtée net par la crise » se remémore Jean Nouvel dans les colonnes du Parisien. Heureux en Pritzker, malheureux en Défense, disait un dicton Nouvelien qui appartient peut-être au passé. L’architecte a posé mercredi dernier la première pierre d’une résidence étudiante de 20 étages, figure qu’il devrait compléter de la tour Hekla, un gratte-ciel de 80 000 m2 de bureaux qui devrait être livré en 2020. « Jean Nouvel espère avoir enfin vaincu le “signe indien”, cette malédiction qui le tenait éloigné du quartier ». A croire que les travaux sur la zone voisine des Groues, nouvelle aire d’extension de La Défense sur la commune de Nanterre ont eu définitivement la peau des apaches.
Via Le Parisien

Le seigneur des façades
« Après avoir passé des années à fabriquer à la main les cottes de mailles de la trilogie du Seigneur des anneaux, Kayne Horsham, directeur artistique des créatures, des armes et des costumes de la saga, a fini par se reconvertir dans l’architecture. En songeant qu’il devait exister un moyen plus facile de créer des tissus sans devoir interconnecter chaque maille à la main, il a fondé l’entreprise Kaynemail. Pratique quand le but de ses créations est aujourd’hui d’habiller des immeubles entiers » rapporte le magazine Ulyces. L’ancien décorateur a développé un processus de moulage par injection permettant la production en masse de treillis sans soudure. Un produit qui tient de la légende « incroyablement léger et ne nécessite que 20 % de l’énergie nécessaire pour produire de l’acier. Oh, et il est 100 % recyclable, résistant aux UV, au feu et presque impossible à endommager. » D’ici à ce que l’on apprenne, que le créateur du village Hobbit s’est reconverti dans la production de toiture végétalisée, il n’y a qu’un pas.
Via Ulyces
