Architectes pour tous, surtout pour particuliers

Architectes pour tous, surtout pour particuliers

L’Ordre national des architectes, conscient de la difficulté à faire se rencontrer un architecte et un maître d’ouvrage, a présenté fin mai un site internet gratuit : architectes-pour-tous.fr.

Son objectif : donner plus de visibilité aux professionnels que l’ordre représente et les aider à trouver de nouveaux marchés. Ce site « renforce leur visibilité internet en accélérant leur référencement et permet à ceux qui n’ont pas leur propre site d’exister sur le web », précise l’Ordre. Il « facilite l’accès du grand public à tous les architectes inscrits au tableau de l’Ordre ».

Aujourd’hui, le site recense plus de 3250 agences d’architecture. 15% d’entre elles ont pu travailler sur de nouveaux projets.

Tout porteur de projet peut renseigner ses critères (neuf, rénovation) et indiquer sa géolocalisation pour accéder aux profils des architectes se trouvant à proximité. Les travaux / books des architectes sont présentés.

Le Victoria & Albert Museum nomme Christopher Turner pour l’architecture et le design

Le musée national d’art Victoria and Albert Museum (South Kensington, Londres) nomme Christopher Turner comme responsable des départements d’architecture, de design et de numérique. Il dirigera la contribution de V&A à la prochaine biennale d’architecture de Venise. Il prend la relève de Kieran Long en octobre 2017.

Christopher Turner est directeur de la biennale de design de Londres et directeur adjoint du festival de design de Londres. Il a précédemment été rédacteur en chef pour le magazine de design britannique Icon et le magazine new-yorkais Modern Painters. Il a organisé des expositions à la Cabinet gallery à Brooklyn, à Manifesta 7 à Tyrol, à la Galerie Arnolfini à Bristol et à l’Association de l’architecture à Londres.

LIVRES : la sélection de la librairie VOLUME

LIVRES : la sélection de la librairie VOLUME

La sélection de la librairie Volume : La ville agricole, Images, Le sol des villes, Residential towers, The construction of an image, Province 04.2004 – 03.2017

 

La ville agricole, Rémi JANIN

Moins de 4% de la population européenne vit directement de l’agriculture alors que les populations urbaines en expansion continuelle ont des besoins agricoles d’autant plus importants qu’elles ne produisent rien pour se nourrir. Avec LA VILLE AGRICOLE, Rémi Janin, paysagiste, agriculteur et enseignant dans la Loire, analyse cette révolution urbaine en marche. Il interroge les formes et les moyens de cette transition à la fois nourricière, environnementale et urbaine que vit l’agriculture actuellement. La ville d’aujourd’hui doit être agricole et ceci de façon imaginative et vivante

La ville agricole, Rémi JANIN. Openfield – illus. – 72 pages – 12x18cm – 12€ – ISBN 9782956100805

 

 

 

 

 

Province 04.2004 – 03.2017, Gens

A l’occasion de son invitation au Lieu Minuscule à Reims, GENS (ex Gens Nouvels) a publié PROVINCE, un livre d’images illustrant le travail d’un peu plus d’une décennie.
Volontairement peu bavard – il n’est ni la description de projets ou de bâtiments ni l’explication de leur conception – le livre propose à chaque double page l’association de deux images, qui résonnent sur différents modes. Un memory sans règle fait de photos de chantier ou de constructions achevées, d’intérieurs, de paysages rencontrés par hasard, de collages, de figures magiques.

Province 04.2004 – 03.2017 – Gens. Autoédité – illus. – 132 pages – 17x23cm – 18€ – ISBN 9782955961407

 

 

 

 

Le sol des villes , Panos MANTZIARAS / Paola VIGANO (dir.)

Bernardo Secchi, disparu en 2014, avait une grande affection pour le sol des villes. C’est certainement pour cette raison que la Fondation Braillard (Genève) a fait de ce thème peu considéré celui de sa première rencontre annuelle en hommage à l’urbaniste transalpin. Tenue en 2015 la rencontre est devenue un livre en 2016 publié par les éditions Métis Presses. Dirigé par Panos Mantzarias, dorénavant directeur de la Fondation Braillard, et Paola Vigano, le livre propose à la lecture les contributions de la journée. Sont donc rassemblés des regards venant d ‘horizons aussi variés que l’urbanisme, la géographie, la philosophie ou encore l’architecture, l’archéologie et le paysage sur un élément de nos villes longtemps mis de côté. On croise dans le livre le méconnu Patrick Geddes ou Sébastien Marot qui souligne, il n’est pas le seul, que le patrimoine qui doit être le plus soigneusement protégé est le sol.

Le sol des villes , Panos MANTZIARAS / Paola VIGANO (dir.). Métis Presses – illus. – 254 pages – 14x19cm – 20€ – ISBN 9782940563111

 

 

Residential TowersAnnette GIGON / GUYER / Felix JERUSALEM

Le livre, résultat d’années d’enseignement à l’ETH Zürich, analyse 80 tours résidentielles construites depuis les 30’s avec photographies et plans complétés de textes assez courts. On y croise Ungers, Aalto, Paul Rudolph, Wright, SOM, Niemeyer, Le Corbusier, Mangiarotti, Hejduk, de Geyter, etc.
On visite le Lignon à Genève, les Gratte-Ciel de Villeurbane, la Torre Velasca à Milan, les Choux de Créteil, De Rotterdam à Rotterdam ou encore Walden-7 à Barcelone.

Residential Tower, Annette GIGON / GUYER / Felix JERUSALEM. GTA Verlag – Illus., – 347 pages — 24x28cm – 85€ – ISBN 9783856763497

 

 

 

The construction of an imageBas Princen

En 2005 Lars Lerup invite à Houston Bas Princen qui est alors en résidence à Los Angeles grâce à programme du MAK (Vienne / Los Angeles). Les photographies publiées dans THE CONSTRUCTIONOF AN IMAGE sont celles prises lors d’un voyage entre Bâton Rouge, Los Angeles et Houston. Elles sont complétées de textes de Vanessa Norwood, Geoff Manaugh, Kersten Geers et Moritz Küng interrogeant l’image et son rôle.

The construction of an image, Bas Princen. Bedford Press – illus. – 80 pages – 23x29cm – 26€ – ISBN 9781907414381

 

 

 

 

 

Images – Christian DUPRAZ / Saskia ZÜRCHER / William CYR LAMY

L’image en architecture est une surface de projection qui permet de combler le vide existant entre le monde des idées et celui des choses.

IMAGES est une rencontre, un recueil d’images extraites de la course des idées qui s’agglomèrent autour d’une ligne ondulante ; celle du déroulement d’une pensée dans le temps. L’ouvrage s’ouvre sur un face à face, un dialogue entre Saskia Zürcher et Christian Dupraz lancé à partir d’une sélection d’images d’architectures non réalisées produites en étroite collaboration avec William Cyr Lamy de 2014 à 2016.

Images – Christian DUPRAZ / Saskia ZÜRCHER / William CYR LAMY. A/Editions – illus. – 132 pages – 13x19cm – 18€ – ISBN 978290092018

 

 

 

 

 

Voir aussi la sélection de l’été

Bonne lecture !!!

5e Design Modelling Symposium : rencontres paramétriques dans le grand Paris

5e Design Modelling Symposium : rencontres paramétriques dans le grand Paris

Organisé sur un rythme biennal depuis 2009, le Design Modelling Symposium se tiendra pour la première fois en France, à l’École nationale supérieure d’architecture de Versailles (ENSA-V), du 16 au 20 septembre 2017. Cette 5e rencontre de la plateforme réunissant architectes, développeurs et scientifiques autour de la conception numérique aura pour thème « Humanizing digital reality ». Partant du constat que la conception assistée par ordinateur (CAD) et la fabrication assistée par ordinateur (FAO) sont désormais parties prenantes des processus de conception et de planification, les organisateurs ont choisi, plutôt que de s’interroger sur l’influence de la CAD ou FAO sur l’architecture, d’inverser la question. Quelle est la part de l’humain dans la modélisation et la conception digitale ? Dans quelle mesure l’homme contrôle-t-il aujourd’hui son environnement ?
Dans la lignée du mouvement positiviste du XIXe siècle, l’homme contrôle son environnement et reste déterminant pour apporter et mettre en œuvre des solutions. Mais quelle est la limite de ce contrôle par l’homme ? Les algorithmes complexes que nous utilisons pour la planification urbaine répondent-ils à nos attentes ? Les innovations d’aujourd’hui renversent-elles les algorithmes contrôlés par l’homme dans un espace où les humains sont contrôlés par les algorithmes ? La puissance des ordinateurs, la multiplication des robots dans l’architecture en particulier, ne sont-ils pas seulement là pour nous faire redécouvrir ce que nous savions déjà, mais peuvent-ils nous amener plus loin pour imaginer la ville du futur ?
Le « Design Modeling Symposium » 2017 à Versailles se propose d’explorer les développements les plus récents, et de s’interroger sur ces évolutions numériques dans les domaines de l’architecture et de l’urbanisme. Cette biennale de Versailles tentera d’offrir des réponses avec des débats sur ces questions.
Concernant la publication des actes du Symposium, ils seront édités par Springer et diffusés le 18 septembre 2017, premier jour des conférences. Y seront recueillis les 150 textes scientifiques reçus, à partir desquels ont été choisies les 35 conférences, ainsi que des textes spécifiques à la thématique de cette année écrits par les membres du conseil d’administration.
Les discussions se tiendront en anglais.
 
Principaux intervenants :  
Nader Tehrani, Achim Menges, Tomas Diez, Antoine Picon, Jean-François Caron, Jane Burry, Usman Haque, Caitlin Mueller, Carlo Ratti, Sophie le Bourva.
Membres du conseil d’administration : Philippe Rahm, Klaas De Rycke, Minh Man Nguyen, Olivier Baverel, Christoph, Gengnagel, Jane Burry, Caitlin Mueller, Mette Ramsgard Thomson
Programme :
du 16 au 17 : workshops et marsterclasses
le 18 : Structural innovation/material practice
le 19 : Thermodynamic practice/data farming
le 20 : Data Shaping Cities
Plus d’informations sur 
À propos du DMS 
Le « Design Modelling Symposium » est une plate-forme interdisciplinaire et internationale d’architectes, développeurs et scientifiques organisée en biennale ; d’abord à Berlin en 2009, 2011 et 2013, puis à Copenhague en 2015. Ce sont plus de 300 professionnels et universitaires, venus de 33 pays, qui débattent pendant 3 jours après un week-end de workshops et de Master Classes.
À propos de l’ENSA-V
Face au Château de Versailles, l’ENSA-V, aux formations classées A+, par l’organisme français indépendant chargé de l’évaluation des établissements d’enseignement supérieur, dispose d’un laboratoire de recherche important, et met en place un lieu de pratique créative dans un esprit FabLab : l’e-forge, tout en développant une plate-forme numérique. L’établissement de taille humaine (1200 étudiants) qui permet d’établir de véritables relations avec les enseignants, aménage dès 2017 également, un nouveau cœur d’école offrant un learning center, des salles de travail connectées, des lieux de repos et de convivialité gérés par les étudiants et des espaces d’exposition.

Maison hantée : Laëtitia Badaut Haussmann expose à la Maison Louis Carré

Collectionneur d’art et galeriste renommé de l’après-guerre, Louis Carré avait offert en cadeau à sa femme Olga une villa. Visionnaire en art comme en architecture, il en avait confié la conception à Alvar Aalto, qui signait là sa seule œuvre en France. On raconte qu’il songea à faire appel à Le Corbusier, mais redoutait « son côté béton ». Il y a 57 ans, Louis Carré donna une garden-party en l’honneur de son architecte, dans sa villa tout juste achevée. Olga occupera les lieux après la mort de son mari, jusqu’à son décès en 2002. À partir de 2006, une association fait vivre le bâtiment, en organisant différents événements autour de l’art et de l’architecture. Elle présente jusqu’au 3 septembre prochain La politesse de Wassermann, une exposition de l’artiste Laëtitia Badaut Haussmann. L’événement s’inscrit dans un cycle d’exposition établissant un dialogue entre architectures iconiques et art contemporain lancé à l’initiative du Lab’Bel, fondation du groupe Bel (1).

 

Overlook Villa

Il y a une dimension médiumnique dans l’intervention de cette jeune artiste, qui lie ses œuvres à l’intimité des Carré, aux histoires et microtragédies qu’ont vécu le couple. Dans les armoires de linges, les tiroirs renfermant les tubes de rouge à lèvres, Badaut Haussmann sent encore partout la présence des anciens occupants, qui habitent encore les murs quinze ans après leur départ. Une maison habitée, voir hantée, et si la maison Carré n’est pas l’Overlook hôtel qui servit de décor au film Shining, et si elle se tient à deux pas de la maison de Jean Monnet mais n’est sûrement pas construite sur un cimetière indien, Badaut Haussmann nous fait entendre les tintements des verres des évènements mondains dont la villa a pu être le théâtre. Les acteurs de cette pièce ne seront pas découpés à la hache, à l’inverse des personnages du long métrage de Kubrick, et ne finiront pas non plus congelés dans le jardin. Reste une propension de l’artiste à instiller dans la mécanique bien huilée des boiseries finlandaises d’Aalto une dimension plus globuleuse, un soupçon de trash amené par la présence de James G. Balard. Le titre de l’exposition est un emprunt direct à une nouvelle de l’écrivain anglais, tirée de  « La foire aux atrocités ». Selon l’artiste « ce roman expérimental dont la lecture, selon son auteur, pourrait être commencé par la fin, est un voyage à travers l’inconscient américain. Construit de manière fragmentaire, il est aussi un rêve travesti en cauchemar ».

 

Aalto, Ballard, Hefner

La confrontation de l’écrivain anglais, auteur de Crash, IGH, roman où l’on devine en toile de fond un environnement architectural brutaliste, avec Alvar Aalto, son architecture entretenant un rapport fusionnel avec la nature, introduit une distance à l’œuvre de l’architecte finlandais. La référence au magazine Playboy, d’Hugh Hefner, en apporte une seconde. On sait grâce aux travaux de Beatriz Colomina que l’« univers Playboy » (2) a finalement plus à voir avec la constitution de l’habitacle moderne pour célibataire amateur de design — le Playboy Pad — qu’avec l’exhibition de naïades dénudées, qui ne sont finalement qu’un attribut de la consommation. Laëtitia Badaut Haussmann a fait inscrire sur le vitrage bordant l’entrée la maxime gravée près de la sonnette du manoir d’Hefner, la quintessence du Playboy Pad : « si non oscillas, noli tintinnare » (si vous ne swinguez pas, ne sonnez pas). Au-delà de la référence à Hefner, Badaut Haussmann interroge le désir d’habitat en reproduisant des photographies tirées du magazine Maisons Françaises. Du house porn, donc, mis en parallèle avec la perfection architecturale de l’univers d’Aalto.

 

Réminiscences

Souvent déroutante dans ses formes, La politesse de Wassermann invite à une visite mentale de la villa d’Aalto, dans des dimensions de l’habiter qui se plaquent sur un ordre spatial réglé au millimètre. Le dispositif fait émerger des réminiscences des relations, des correspondances géographiques aux dimensions traumatiques : la piscine, construite dans une deuxième phase, rappel douloureux de la noyade de la fille unique du couple Carré. Moins tragique, l’alignement des tabourets dans le salon reproduisant l’alignement des assises dans la salle de conférence de la bibliothèque de Viipurri, construite entre 1933 et 1935 par Aalto. Devenue soviétique après la guerre, la bibliothèque a été rénovée après une longue période de dégradation. Une exposition à visiter en chaussant ses lunettes de médium, rappelant que l’architecture est aussi « cosa mentale ».
 
(1) L’exposition de Bazoche-sur-Guyonne a été précédée en 2011 d’une exposition de l’artiste Stefan Brüggemann au Pavillon de Barcelone de Mies Van der Rohe, et en 2014 d’une exposition d’Haroon Mirza à la Villa Savoye.
 
(2) Cf. L’univers Playboy, Beatriz Colomina, éditions B2, 2016
©Martin Argyroglo – Labbel 2017
 
 
Olivier Namias 
 
 
Plus d’informations sur l’exposition dans l’agenda : La politesse de Wassermann à la maison Louis Carré
 
City Building : le « gameplay » à l’épreuve du projet

City Building : le « gameplay » à l’épreuve du projet

Pendant qu’Umberto Napolitano et ses confrères passaient au crible de l’analyse les travaux du baron Haussmann pour interroger la ville de demain, s’est développé en marge l’hackathon « Haussmann 2.0, 48 heures pour révolutionner Paris ». Constitué des mots « hack » et « marathon » – cet événement vise ici à réunir durant deux jours 17 étudiants de dix écoles d’architecture présélectionnés en amont, pour faire de la programmation architecturale informatique et collaborative. Île tour Eiffel, pont habité, structure suspendue coiffant le musée du Louvre, pôle industriel en rive de Seine et bien d’autres projets prennent vie fictivement. Un travail que l’on doit à l’imaginaire des étudiants, certes, mais aussi et surtout au jeu « The Architect » de la société Enodo Games, classé dans le genre du city building, présenté lors du salon Futurapolis à Toulouse en novembre 2016. « Les joueurs pourront métamorphoser Paris en une capitale verte ou ultra-urbanisée, tout en relevant les défis urbains actuels, et notamment la lutte contre le changement climatique », précise un descriptif du jeu. En immersion, le joueur se trouve à la tête d’une équipe d’expert (architectes, urbanistes, ingénieurs…) et recrute des compétences afin de remodeler la ville quartier par quartier, un « district » correspondant à une mission. La « drawing board » est ensuite l’outil qui permet de concevoir de multiples formes architecturales, qu’ont pu utiliser les étudiants. Les scores des joueurs sont déterminés en fonction des 3 grands piliers du développement durable prévus dans le jeu : « People, Planet, Profit ». Ici, le jeu comme œuvre de fiction se veut aussi source d’innovations. Il joue le rôle de la simulation où l’on teste la société, face à divers circonstances, souvent extrêmes, et dont on imagine les conséquences. Pensé comme un outil pédagogique, il permet au gamer d’interagir dans un monde immatériel fictif, quoique développé à partir du réel, en l’occurrence Paris. Le jeu comme terrain de projet pour l’architecte, ou l’architecture, un jeu d’enfants ? AL


*Paris Haussmann, modèle de ville« , du 31 janvier au 7 mai 2017 au pavillon de l’Arsenal,

Critique d’Olivier Namias dans le numéro 380 de CREE, p 8 à 12

 

Sur le même sujet : 

Ré-générations, un jeu de simulation urbaine qui plonge l’utilisateur dans l’imaginaire paradoxal de l’anthropocène, présenté à la Biennale de Lyon

 

 

 

LIVRES : la sélection de l’été

Avant de prendre à son tour une pause estivale, Architectures CREE présente une sélection de livres paru au cours de cette année universitaire 2016-2017. Une sélection hétérogène, subjective, contemporaine et historique, qui ne prétend aucunement à l’exhaustivité.  

 

De Beaubourg à Pompidou, Ciccarelli Lorenzo, Jankovic Nikola, Anne Rey, Louis Pinto, Jean-Louis Violeau, Alain Guiheux, Boris Veblen

A l’occasion des 40 ans du Centre national d’art et de culture Georges-Pompidou, est réalisé un ouvrage en triptyque : 3 livres. La première partie s’intéresse aux architectes, Rogers et Piano, alors inconnu au moment où Jean Prouvé, président du jury, proclame en 1971 le nom des lauréats du Centre Beaubourg. La seconde interroge le bâtiment lors de son chantier, véritable remous autour du « quartier des Halles », mais aussi simulacre de celui de la France. De quoi poser le projet dans son contexte politique et culturel : que se serait-il passé si Georges Pompidou, président entre 1969 et 1974, n’avait pas d’abord été Premier ministre (1962-1968) et grand amateur d’art actuel avec son épouse Claude ? De son inauguration à nos jours, quatre décennies d’intrigues et d’« effets-Beaubourg » nous contemplent. Visages de l’époque, « le nouvel effet-Beaubourg n’est-il pas devenu que l’ombre d’un « effet-Bilbao » parisien (une cash-machine d’expositions mainstream itinérantes), récemment augmentée d’une agora de l’ère du Global Circus ? Par-delà les impératifs d’une politique du chiffre, ne sommes-nous pas passés de « Beaubourg » à « Pompidou », puis de « Pompidou » à « Georges » ? » interroge le troisième volume.

De Beaubourg à Pompidou:

T I, les architectes 1968-1971, Ciccarelli Lorenzo; 128p.

T II, le chantier 1971-1977, Jankovic Nikola; 216p.

T III, la machine 1977-2017, Anne Rey, Louis Pinto, Jean-Louis Violeau, Alain Guiheux, Boris Veblen. 136 p.

Éditions B2, janvier 2017, 14x21cm, 19€ chaque volume. ISBN : 978-2-36509/066-7/067-4/068-1

 

L’institut de l’environnement : une école décloisonnée
Urbanisme, architecture, design, communication. Tony Côme

Agrégé d’arts appliqués et docteur en histoire de l’art, Tony Côme avait fait de l’Institut de l’environnement l’objet de sa thèse. L’ouvrage qui la condense nous fait redécouvrir cet objet pédagogique mal identifié et en grande partie oublié. Édifié presque en catimini sur une parcelle jouxtant l’ENSAD, et s’inspirant pour parti d’un projet imaginé par Roger Tallon, l’institut à une histoire courte et complexe, qui aboutit rue d’Ulm, dans le cinquième arrondissement, mais débute dans les rues d’Ulm, en Allemagne. Cette ville du Bade-Wurtemberg accueille depuis 1953 la Hochschule fur Gestaltung (HoG), logée dans des locaux construits par Max Bill. Présentée comme une descendante du Bauhaus, cette école participe à l’essor industriel du pays : on lui doit l’identité visuelle de la Lufthansa, de Braun, et de nombreux produits « iconiques ». Malgré ses succès et ses contributions aux fleurons du capitalisme rhénan, l’école, marquée à gauche, affronte à la fin des années 1960 une grave crise sur fond de difficultés budgétaires. Sa fermeture en 1968 est presque une aubaine pour un État français, qui cherche à canaliser la contestation de 68 en montrant qu’il sait répondre au désir de changement exprimé par la rue, et avait repéré bien avant les « évènements » la HoG comme modèle possible pour une rénovation de l’enseignement. La France récupère une partie des enseignants de la HoG au premier rang desquels Claude Schnaidt, architecte suisse francophone, vice-directeur pédagogique de la HoG, qui devient directeur du nouvel établissement. L’institut de l’environnement s’installe rue Érasme, grâce à l’aide de Malraux, dans un bâtiment dessiné par l’architecte Robert Joly assisté de Jean Prouvé sur la partie façade.
Pendant sa brève existence, l’institut de l’environnement tentera de recentrer la notion de design sur celle, plus floue, mais plus malléable, d’environnement, favorisant les échanges transdisciplinaires. Les querelles intestines auront rapidement raison de l’établissement. Deux ans après son ouverture, soutenue par Malraux, l’IdE ferme ses portes non sans avoir vu défiler de nombreux stagiaires, étudiants rémunérés provenant pour parti des écoles d’architecture. Stagiaires ou enseignants partiront vers des horizons divers, parmi lesquelles les écoles d’architectures ou l’ENSAD.
Très documenté, le livre de Tony Côme retrace dans le détail l’histoire de cette expérience pédagogique aussi expérimentale que fugace, en interrogeant archives et témoins de l’époque.

L’institut de l’environnement : une école décloisonnée, Urbanisme, architecture, design, communication, Tony Côme, préface de Jean-Louis Violeau. Editions B42, mars 2017, 16,5 x 23,5 cm, 208 p., 24 €. ISBN 9782917855744

 

Aldo Rossi, Architecte du suspens, en quête du temps propre de l’architecture, Can Onaner

Nous entraînant dans une enquête subtile qui traverse les écrits, projets et dessins réalisés entre 1959 et 1982 par l’architecte italien, l’ouvrage de Can Onaner permet de dévoiler sous un jour nouveau les notions et thèmes fondamentaux de l’œuvre d’Aldo Rossi: le type, la répétition, la permanence. Mais aussi de fonder le concept de suspens comme une nouvelle approche théorique de l’architecture, emblème de tout projet architectural inquiet de sa pérennité et mythe nécessaire, sinon fondateur, de toute urbanité.

Aldo Rossi, Architecte du suspens, en quête du temps propre de l’architecture, Can Onaner. Métis Presses, octobre 2016, 24x17cm, 175 p., 34 €. ISBN: 978-2-94-0406-66-1

 

 

 

 

Le Concert
Léa-Catherine Szacka, Sara Marini, Samuel Lorrain

S’il fallait une preuve que l’architecture mène à tout, elle pourrait bien nous être apportée par le groupe Pink Floyd. Trois de ses membres fondateurs — Nick Mason, Richard Wright et Roger Waters — avaient étudié la mère de tous les arts à la London Polytechnic avant de se tourner ver la musique. Certes, cet élément biographique est jugé anecdotique par les principaux intéressés, mais l’architecte ne pourra s’empêcher de voir partout dans l’œuvre des Flamands roses des allusions à l’art de bâtir, de la Battersea Power Station en couverture de l’album Animals, sans oublier les fameuses briques du « mur ».  L’ouvrage se penche sur le concert donné par le groupe de Roger Waters le 15 juillet 1989 dans la cité des Doges. Pour une soirée unique, les Pink Floyd avaient monté une scène flottante attirant 200 000 spectateurs près de la place Saint-Marc, sur terre ou sur l’eau. La ferveur des fans laissa au petit matin la place à la colère : « Mai piu cosi » s’étaient exclamés les non-amateurs de rock progressifs à la vu des dégradations provoquées par les fans. « Le Concert » revient sur ces conflits entre ville patrimoniale et les dispositifs d’installations constituant une forme d’architecture du rock. En dernière partie de l’ouvrage, le compositeur Samuel Lorrain s’attache à la question des textures sonores et leur jeu dans l’espace urbain, en confrontant le concert de Venise au simili concert donné en 1971 par le groupe dans les ruines de Pompéi.

Le Concert, Léa-Catherine Szacka, Sara Marini, Samuel Lorrain. Editions B2, collection « Design », mai 2017, 10X15cm, 14 €. ISBN : 978-2-36509-065-0

 

 

Walter Gropius et le Bauhaus, Giulio Carlo Argan

L’historien de l’art italien Giulio Carlo Argan analyse avec enthousiasme l’œuvre et, plus largement, la pensée et la personnalité de Walter Gropius, fondateur et premier directeur de l’école du Bauhaus de 1919 à 1928. Depuis sa première publication en 1951, cet essai n’a cessé de susciter des exégèses qui en font l’ouvrage historique et critique de référence sur l’une des figures centrales du Bauhaus.

Walter Gropius et le Bauhaus, Giulio Carlo Argan, traduction de l’italien par Elsa Bonan, présentation de Marie Bels. Éditions parenthèses, janvier 2017, 15×23 cm, 224 p., 18€. ISBN 978-2-86364-673-1

 

 

 

 

 

 

 

 

Histoire de la photographie d’architecture, Giovanni Fanelli 

Qu’est-ce que la photographie d’architecture ? Une image faisant figurer un bâtiment de manière presque fortuite, ou une photographie  neutre à caractère documentaire ? Quelle est son histoire ? Est-elle un objet autonome ou un outil au service de l’architecture ? Le rapprochement de deux termes d’apparence simple soulève encore bien d’autres questions, une jungle d’interrogations dans laquelle Giovanni Fanelli, professeur d’histoire à l’université de Florence, tente d’avancer par plusieurs fronts : l’histoire des techniques, la question du document, l’édition et donc la diffusion, les acteurs professionnels ou non…Un seul regret dans cet ouvrage incontournable : que Fanelli ne se soit pas aventuré dans des terres plus contemporaines et semble avoir laissé de coté la question de la photographie couleur.
Histoire de la photographie d’architecture, Giovanni Fanelli. Presses Polytechniques et universitaires romandes (PPUR), mars 2016, 24.50 x 18.00 cm, 468 p., 70€.

 

L’architecture, les aventures spatiales de la raison, Henri Raymond

Aspect de l’activité humaine hautement spécialisé, l’architecture nous fait entrevoir une « raison spatiale » dont les fantaisies commencent à la Renaissance italienne et ne cessent plus, depuis, de nous confondre d’admiration et d’inquiétude. Dans la première partie de l’ouvrage, Henri Raymond convoque les grands noms de l’architecture, de l’histoire de l’art, de l’ethnologie, de la philosophie – de Léonard de Vinci à Bourdieu, en passant par Ferdinand de Saussure, Bruno Zevi, Le Corbusier, Francastel, Emmanuel Kant, Françoise Choay, Claude Lévi-Strauss… et expose leur idéologie de l’espace. Dans la seconde partie, il se penche sur le grand paradoxe de l’architecture, activité qui porte principalement sur la vie quotidienne et qui, dans le même temps, s’efforce de toutes les manières de s’en évader.

L’architecture, les aventures spatiales de la raison, Henri Raymond, présentation de Jean-Pierre Frey. Éditions parenthèses, avril 2017, 15×23 cm, 256 p., 18€. ISBN 978-2-86364-674-8

 

 

 

 

Habiter la nature, James Taylor-Forster

L’ouvrage présente 60 maisons construites entre le milieu du XXe et aujourd’hui, conçues pour entretenir un lien privilégié avec la nature ; des réalisations de grands noms de l’architecture du dernier siècle, dont Mies van der Rohe, Oscar Niemeyer et Frank Lloyd Wright, mais aussi d’architectes contemporains comme Rick Joy, Kengo Kuma, Sou Fujimoto et Mathias Klotz.

 

Habiter la nature, James Taylor-Forster, Éditions Phaidon, 2017, 29x25cm, 280 p., 39,95€ ISBN : 9780714873657

 

 

 

 

Pepsi 70, une multinationale à la rencontre de la contre-culture
Fred Turner

En 1970, Pepsi présente à l’exposition d’Osaka un pavillon qui fait date : un dôme enveloppé dans un brouillard, dépourvu de tout signe associant l’installation au producteur de boissons sucrées et gazéifiées. Au-delà de son esthétique particulière, le pavillon représente une fusion culturelle jusqu’alors jugée impossible par la culture populaire américaine, celle de la contre-culture avec les multinationales, deux antagonistes unis par la cybernétique. Traversant le Pacifique, les hippies d’Osaka deviendraient bientôt les rois de la Silicon Valley.

Pepsi 70, une multinationale à la rencontre de la contre-culture, Fred Turner. Editions B2, collection « Design »,15x10cm, 104 p., 12 €. ISBN 978-2-36509-072-8

 

 

 

 

 


Zone de sécurité temporaire
, Anne-Marie Filaire

Depuis les montagnes réconfortantes de son Auvergne natale jusqu’aux poudrières du Moyen-Orient, Anne-Marie Filaire s’intéresse aux paysages, aux frontières incertaines, aux zones de démarcation. Silencieuses, ses photographiques renferment des couches d’histoire sous leur singulière beauté, révélant les traces de conflits comme les traces de passages. Comme une archéologue, Anne-Marie Filaire accomplit un travail de mémoire en allant au devant des endroits les plus fragilisés dans la sécurité temporaire des zones minées où réside un danger.

Zone de sécurité temporaire, Anne-Marie Filaire avec Jean-Christophe Bailly, Géraldine Bloch. Textuel en coédition avec le Mucem, février 2017, 20x26cm, 428p., 55€.

 

 

 

 

Vers l’immédiate étrangeté des formes, Jean-Christophe Quinton

La pratique architecturale de Jean-Christophe Quinton est guidée par trois convictions : la relation du corps humain au corps architectural ; l’espace comme lieu d’expérience immédiate et sensible ; l’émergence d’une figure architecturale simple, optimisée et circonstancielle, en relation avec la situation du projet. Une approche qui sera présentée dans cet ouvrage monographique à l’identité visuelle forte.

Vers l’immédiate étrangeté des formes, ouvrage paru à l’occasion de l’exposition à la galerie d’architecture, Paris 4e. Édité par Jean-Christophe Quinton, architecte, mars 2017, 45€ ISBN 978-2-7466-9951-9

 

 

 

 

 

 

 

 

Orson Voyage, dessins Jean-Christophe Quinton, dessins personnages André-Louis Quinton, textes Florent Schwartz

« Quand on aime l’architecture, on a envie de la partager, pas seulement avec ceux qui sont convaincus, mais surtout avec ceux qu’il faut convaincre. Quand je vois que l’architecture est déterminante pour l’ensemble de la société, et que personne n’en a vraiment conscience, je me dis qu’il faut commencer très tôt. Il est nécessaire de mettre en relation les enfants avec l’architecture. Non pas naturellement, puisqu’ils sont en relation direct et permanente avec elle, mais en faire un acte volontaire. Il faut leur offrir un terrain dans lequel ils peuvent rentrer et avoir une relation immédiate avec un peu d’architecture contemporaine. Orson Voyage – un livre pour enfant – c’est l’idée qu’on n’explique pas l’architecture mais qu’on se porte avec elle, immédiatement, directement, que ça se manifeste sans avoir à en donner d’explication. Le dessin noir et blanc, qui reprend une esthétique de l’agence, peut faire de ce livre un objet précieux, mais aussi inviter au coloriage, de la même manière que l’architecture est à appréhender, à conquérir. » Jean-Christophe Quinton, extrait de l’interview Jean-Christophe Quinton explore l’immédiate étrangeté des formes, CREE

Orson Voyage, dessins Jean-Christophe Quinton, dessins personnages André-Louis Quinton, textes Florent Schwartz. Design graphique : Studio Otamendi. Éditeurs Black White Rainbow productions, mars 2017, 20€ ISBN 978-2-9601998-1-9

 

Decommunized: Ukrainian Soviet Mosaics
Yevgen Nikiforov (photographer)
Olga Balashova, Lizaveta German

Sur les murs des écoles, dans les salles des gymnases, sur les logements ou par-dessus les théâtres, l’Ukraine soviétique a fait de tout programme un support de mosaïques monumentales présentant les héros et les bonheurs offerts par le communisme. Un patrimoine en danger du fait des lois de décommunisations qui bannissent ce genre d’expression politique, documenté en 200 images recueillies dans 109 villes par le photographe Yevgen Nikiforov au terme d’un périple de 35 000 kilomètres sur les routes ukrainiennes. Selon les auteurs de l’ouvrage, malgré le contrôle sévère exercé par les services de propagande de l’État, les auteurs de ces fresques étaient parvenus à développer un langage visuel qui transcendait les canons du réalisme soviétiques qu’étaient censées suivre ces œuvres. À méditer à l’heure où l’on ne jure plus que par le Street Art !

Decommunized: Ukrainian Soviet Mosaics, Yevgen Nikiforov (photographer), Olga Balashova, Lizaveta German. Dom Publisher, 23.5 x 27.5 cm, 250 p., 200 images 78 €. ISBN 978-3-86922-583-8

 

 

Façons d’habiter au Japon : Maisons, villes et seuils, Philippe Bonnin / Jacques Pezeu-Massabuau

Les deux spécialistes de l’architecture japonaise (tendance traditionnelle) Philippe Bonnin et Jacques Pezeu-Massabuau se retrouvent dans ce tout nouveau livre étudiant les façons d’habiter au Japon. Ils y parlent de l’ineffable et de l’ordinaire, des maisons traditionnelles et de leur modernisation ainsi que de l’importance des seuils.

Façons d’habiter au Japon : Maisons, villes et seuils, Philippe Bonnin / Jacques Pezeu-Massabuau. CNRS Éditions, juin 2017, 15x23cm, 496p., 28€. ISBN 978-2-271-08912-0

 

 

 

 

 

 

Desert Testing
Alessandra Ponte

Le nom d’Almogordo-White Sands, dans le Nouveau-Mexique, résonne infiniment moins que celui d’Hiroshima. C’est pourtant dans ce coin du désert que fut testée à l’air libre la bombe nucléaire qui exploserait trois semaines plus tard au-dessus des deux ports du Japon, entraînant des milliers de morts. Alessandra Ponte explore cette portion de désert proche d’un grand mirage américain, Las Vegas, parcourant un paysage contaminé qui a aussi servi de zone d’essai à plusieurs artistes du Land Art.

Desert Testing, Alessandra Ponte. Editions B2, collection design, mai 2017, 10x15cm, 176 p., 15 €. ISBN : 978-2-36509-069-8

 

 

 

 

 

 

 

Vers une architecture extrême, Rem Koolhaas

« Finalement, l’architecture est une profession dangereuse parce qu’elle constitue un mélange empoisonné d’impuissance et d’omnipotence, au sens où l’architecte s’abreuve presque toujours de rêves et de fantaisies mégalomaniaques qui dépendent à la fois d’autres intervenants et des circonstances, pour les imposer et les réaliser. » extrait d’une série de conférence de Rem Koolhaas avec les étudiants de l’école d’architecture de la Rice University à Houston en janvier 1991.

Vers une architecture extrême, Rem Koolhaas, traduit de l’anglais par Jacques Bosser. Éditions Parenthèses, septembre 2016, 15×23 cm, 96p., 11€. ISBN 978-2-86364-640-3

 

 

 

 

 

 

 

Cedric Price works 1952-2003, A Forward-Minded Retrospective, dir Samantha Hardingham

Cette anthologie en deux volumes réunit pour la première fois tous les projets, articles et conférences de l’architecte britannique Cedric Price (1934 – 2003). Des descriptifs complets de projets sont présentés à côté d’illustrations, dont beaucoup étaient inédites.

Cedric Price works 1952-2003, A Forward-Minded Retrospective, dir Samantha Hardingham. Co-édité par l’Architectural Association et le Centre canadien d’architecture (CCA), février 2017, anglais, 2 vol. sous coffret, 31x24cm, 912p. & 512p., 190€. ISBN 978-1907896439

 

 

 

 

L’odyssée de l’espace IBM
John Harwood

« Toutes les documentations d’Olivetti étaient pleines de couleurs et de gaieté. Elles se complétaient les unes les autres harmonieusement comme le puzzle d’une photographie. Les nôtres ressemblaient à des notices pour confectionner du bicarbonate de soude ». Successeur de son père Thomas Watson à la tête d’IBM, Thomas J. Watson eut un déclic en découvrant non seulement les documents, mais aussi les magasins et les machines produites par son concurrent italien, Olivetti, qui avait construit toute sa stratégie de communication sur l’architecture et le design. Il n’eut de cesse de suivre l’exemple du mécanographe transalpin, confiant à l’architecte Eliot Feyes Noyes le soin d’élaborer toute l’identité visuelle d’IBM, du papier à lettres au magasin en passant par la station de calcul aux noms baroques — RAMAC. Noyes occupa en indépendant 40 ans durant le poste de directeur artistique du Big Blue, tout en continuant de travailler pour d’autres firmes comme Mobil. Membre des Harvard 5, club comprenant son camarade d’étude Philip Johnson et son professeur Marcel Breuer, il distribua généreusement la commande. À Paul Rand le logo de la compagnie, à Eames, Mies van der Rohe, Eero Saarinen, Marco Zanuso et Breuer la maîtrise d’œuvre des bâtiments d’IBM à travers le monde. On se souvient qu’en France, Breuer dessinera le centre de recherche de La Gaude, dans les Alpes-Maritime. Plutôt que d’imaginer un style IBM identifiable, Noyes suggéra à Watson d’adopter un esprit du design IBM qui devait « tout simplement être ce qui se fait de mieux en termes de design moderne ». On pourrait voir dans ces stratégies de design total une des sources d’inspiration d’un célèbre fabricant d’ordinateurs frappés d’une pomme. Plus que des filiations, John Harwood cherche à démontrer à travers l’exemple d’IBM la capacité de l’architecture à produire des « contre-environnements protégeant l’être humain, l’entreprise ou le corps national d’un extérieur sans cesse changeant et toujours plus menaçant ».

L’odyssée de l’espace IBM, John Harwood, préface de Nikola Jankovic. Editions B2, collection « Design », mai 2017, 10x15cm, 144 p., 13 €. ISBN : 978-2-36509-070-4

 

 

 

 

Japon, Yann Audic

Le regard de Yann Audic sur le Japon, un pays dont il est très familier.

Japon, Yann Audic. Rue du Bouquet, français, anglais et japonais, 81 photos argentiques, 17x24cm, 112p., 35€. ISBN 978-2-9556488-0-3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Haratori Office Mathon, Zeno Vogel et Nahoko Hara

Le livres présente la reconversion d’une ancienne grange à foin à Mathon, un village perché à 1500m dans les Grisons en Suisse, en un loft alpin, par l’agence japono-suisse Haratori Office.

Haratori Office Mathon, Zeno Vogel et Nahoko Hara. Simonett&Baer, janvier 2017, anglais et japonais, 18.5×20.5cm, 192p,. 40€. ISBN 978–3–906313–10–8

 

 

 

 

 

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Bonne lecture !!!

BIG versus BIG : du crématorium au musée

BIG versus BIG : du crématorium au musée

L’agence BIG-Bjarke Ingels Group livre un nouveau musée – le Tirpitz – à Blavand, sur la côte ouest du Danemark. Tirant son nom d’un poste militaire allemand placé là durant la Seconde Guerre Mondiale, il vient en contrepoids d’une histoire douloureuse. Son architecture s’affiche comme l’antithèse du bunker à proximité, monolithe en béton de la forteresse nazie. L’objet lourd et hermétique est contrarié par la légèreté et l’ouverture du nouveau musée. Caché, presque invisible, inséré dans un paysage aride, le complexe culturel de 2800 m2 ne se manifeste que par de fines incisions rectilignes, traçant quatre chemins jusqu’à son centre. Semblant ouvrir le sol, elles le divisent en quatre pentes, accompagnant son soulèvement ; en fait, des toitures végétalisées qui abritent les espaces d’expositions en souterrain, dissimulés derrière de grands panneaux de verre.

Musée du Tirpitz au Danemark versus Crématorium à Stockholm

Un édifice qui prend des airs de déjà vu, rappelant curieusement le projet d’un crematorium de 1400 m2 à Stockholm, lui aussi réalisé par BIG. A contexte semblable, même schéma pourrait-on dire, pour cette agence rompue aux diagrammes conceptuels. En effet, la ressemblance est frappante et la déclinaison du concept l’est tout autant, en dépit des différences de programme.

Musée du Tirpitz au Danemark versus Crématorium à Stockholm

Dans un premier temps, le projet s’implante sur un site vierge, en l’occurrence une clairière, lieu ouvert entouré d’une zone boisée. A nouveau, quatre incisions rectilignes et orthogonales s’interconnectent, définissant un centre, tandis que le sol se soulève pour y dissimuler les éléments programmatiques, cette fois ci ceux inhérents au processus de crémation. Il semble que ce concours perdu ne le soit finalement pas. Fait étrange, le projet a disparu de la « home » du site internet de l’agence. Un plagiat à soi-même non assumé ?

Musée du Tirpitz au Danemark versus Crématorium à Stockholm

AL

 

 

 

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Musée du Tirpitz au Danemark © Mike Bink Photography / Laurian Ghinitoiu / Rasmus Hjortshoj / Colin John Seymour / Rasmus Bendix via v2com

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Musée du Tirpitz au Danemark via BIG

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Crématorium à Stockholm via BIG

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Crématorium à Stockholm via BIG

 

 

Architectures CREE 382

Architectures CREE 382

A comme Architecte

Qui est vraiment l’Architecte ? Un génie visionnaire et tyrannique, un affairiste en costume blanc, le dernier des artisans ? À défaut d’une réponse, la galerie de portraits exposée à la Cité de l’architecture montre que la profession renvoie une image plurielle, occupant le vaste champs des possibles entre artiste et homme d’affaires. Toujours sommé de se repositionner pour garder sa légitimité, l’architecte se fait caméléon, tel Kenzo Tange, plus ou moins à l’aise dans un uniforme d’académicien des Beaux-Arts paraissant trop grand pour lui.

La photographie, visible dans l’exposition que le Pavillon de l’Arsenal consacre aux architectes japonais à Paris, rappelle que l’architecte est aussi un propagateur d’idée, activant des réseaux qui lui sont propres, important et exportant des concepts que chaque déplacement reformule. Que l’on cherche aujourd’hui à mieux cerner la figure de l’architecte et son rôle n’a rien de fortuit. La conception d’un bâtiment reste une œuvre collective, ouverte de plus en plus précocement à l’ensemble des équipes de maîtrise d’œuvre par les technologies BIM. Se donner un nouveau « rôle social », ainsi que le suggère le Global Award, sera-t-il la seule façon de survivre ? Qu’une profession cherche ainsi à justifier de son utilité n’est jamais très bon signe, et encore moins dans une époque évaluant l’intérêt de chaque chose avec la circonspection d’un cabinet comptable. Risquons une définition moins quantifiable, aux limites du bancal : l’architecte ne serait-il pas celui qui invente un espace remplissant sa fonction, allant au-delà de la seule réponse à une contrainte ? Nous ne savons pas s’il s’habille toujours en noir, mais nous sommes certains que les projets d’intérieur ou les maisons figurant dans ces pages n’auraient pu exister sans l’architecte. Puissent-ils servir de pièces à conviction pour la défense de l’architecture.

Olivier Namias

 

Architectures CREE 382

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Joseph Grima, nommé directeur de la Design Academy Eindhoven

L’établissement d’enseignement Design Academy Eindhoven nomme Joseph Grima comme président du conseil d’administration et directeur de la création à partir du 1er septembre 2017.

Joseph Grima est fondateur de Space Caviar (Genovia, Italy), un studio de recherche à l’intersection de l’architecture, de la technologie et de la politique. Diplômé de l’Architectural Association en 2003, il étend son expérience à l’international en tant que commissaire, éditeur et écrivain, notamment en tant que rédacteur en chef de la revue italienne Domus.