Le lauréat de la 8e édition du concours Bas Carbone EDF, « Bordeaux Respire », sera dévoilé à la mi-septembre. En attendant, un aperçu des projets des 4 équipes retenues !
Alors que la première édition du concours Bas Carbone EDF s’interrogeait sur la maison individuelle, l’échelle s’élargit pour s’intéresser aujourd’hui au quartier zéro carbone. Pour cette édition post COP 21, EDF a souhaité poursuivre sa vision prospective énergie et carbone à Bordeaux pour explorer la possibilité de la neutralité carbone d’un territoire : peut-on construire une ville neutre en carbone ? Ce concours propose d’imaginer le devenir du quartier de la Jallère à l’horizon 2050, en tenant compte du réchauffement climatique +2° et de la limitation des ressources naturelles. Voici quelques images en avant première, en attendant un ouvrage publié aux éditions AAM – Ante Prima, disponible en librairie à partir du 16 septembre 2017.
La Jallère, entre Lac et Garonne
A proximité du stade de Bordeaux édifié récemment par Herzog & de Meuron et du Parc des Expositions, le quartier de la Jallère. Ce site de concours constitue une large bande de territoire entre Le Lac et la Garonne, édifiée à travers la plaine alluviale de l’estuaire. Asséchée et aménagée dans les années 1960 avec la création du dit « Lac », cette zone humide constitue une frange entre la ville au sud et les espaces naturels au nord comme le bois et le golf de Bordeaux, le parc floral… Dans le contexte actuel de changement climatique, ce secteur comprend des risques accrus, notamment inondations et feux de forêts.
L’emprise du terrain d’une dizaine d’hectares correspond au site de la Caisse des dépôts et consignations (CDC). Il comprend un ensemble de bâtiments érigés dans les années 1970 et un data center, importante source d’énergie fatale (une énergie produite par un processus dont la finalité n’est pas la production de cette énergie, et qui encourt une énergie souvent perdue si elle n’est pas valorisée) dont les espaces annexes occupent la majeure partie du site. Y sont inventoriés également 750 arbres plantés. L’enjeu est d’en faire « l’îlot fondateur » en terme de neutralité carbone tout en organisant la résilience du territoire.
Quatre équipes retenues au concours Bas Carbone EDF
Les 4 équipes retenues ont été auditionnées devant le jury le 13 avril dernier et ont proposé leur vision prospective de la ville avec des scénarios d’évolution des sociétés et des systèmes urbains pour tendre, si cela est possible, à une neutralité carbone.
« Axionomia » propose un scénario joyeux profitant d’une catastrophe climatique : la montée du fleuve recouvrant d’un mètre d’eau 56% du quartier nord de Bordeaux va devenir l’élément positif d’un paysage mouvant construit autour d’un système hydraulique, futur ressource principale.
AAVP Architecture / PL Architectures / Atelier Volga Paysage / ITF- Bruno Georges / labingénierie / RF Studio / Atelier Baldinger•Vu-Huu / BMF / Batiserf Ingénierie
« Palun 15%, Paysages, énergies, humanités en 2050 » (palun : terme méridional qui désigne le marais), réinvente selon 8 grands principes un espace pour la nature en lui offrant un rôle primordial dans la séquestration du carbone, de la forêt jusqu’aux tourbières.
« Le Trait, un horizon dans la ville » propose un environnement bas carbone à faible densité – 5 à 7 habitants par hectare – en concevant un trait urbain traversant le territoire à 5 m du sol ; une ligne qui concentre les activités, protège la nature en libérant le sol et qui relie, telle une infrastructure.
Studio Akkerhuis Architects / Après la pluie – Paysagistes / AIA Studio Environnement / Atelier Gantner
À l’issue de la délibération du jury, un lauréat a été désigné et un projet a reçu une mention spéciale. Le nom de l’équipe lauréate du concours Bas Carbone sera dévoilé le vendredi 22 septembre lors d’une soirée événement organisée par EDF pendant la Biennale d’Architecture Agora 2017. La cérémonie se tiendra à la base sous-marine de Bordeaux.
A l’occasion de l’assemblée générale de Toit et Joie du 20 juin 2017, Sylvie François, directrice générale adjointe du Groupe La Poste, en charge des ressources humaines et des relations sociales, est devenue la nouvelle présidente de la société. Elle succède à Yves Roland, qui a occupé cette fonction pendant 17 ans.
Toit et Joie ayant été créée en 1957 pour répondre aux besoins de logement des agents des PTT rejoignant la capitale, les liens entre Toit et Joie et La Poste sont profonds et ils ont été consolidés par la décision prise par le Groupe La Poste, fin 2016, d’augmenter significativement les fonds propres de Toit et Joie. Poste Habitat regroupe en effet quatre bailleurs sociaux : Toit et Joie, Poste Habitat Rhône-Alpes, Poste Habitat Provence et La Rurale de l’Eure. Ces différentes entités gèrent un parc locatif de plus de 15 000 logements sociaux.
A Cesson (77), commune de 10 000 habitants, l’agence MDNH Architectes participe à la revitalisation du centre-bourg avec l’édification de 80 logements intermédiaires.
En France, les bourgs se vident et paradoxalement dévorent les terres agricoles. « Comment un village peut-il se dépeupler et croître en même temps ? »* s’interrogeait Rem Koolhaas dans un article de la Revue Icon en 2014. D’un côté, les centres métropolitains accaparent les activités économiques et sociales. De l’autre, les pavillons prisés par la classe moyenne colonisent depuis les années 1970 la périphérie des petites villes. Afin de redynamiser l’économie des milieux ruraux et périurbains et d’accompagner la transition écologique des territoires en limitant l’étalement urbain, ont lieu aujourd’hui des opérations de revitalisation et de densification des parcelles en centre-bourg. A Cesson (77), le bailleur social 3F en a déjà réalisé trois. Située au cœur de la vallée de la Seine, à mi-chemin entre la forêt de Sénart et la ville de Melun, la commune a vu sa population se multiplier jusqu’à atteindre 10 000 habitants, suite à la construction de la gare du RER D dans les années 1980, les habitants semblant y trouver une alternative à la ville (trop) dense tout en étant proche de la capitale.
C’est dans ce contexte que s’inscrivent les 80 logements sociaux intergénérationnels pour 3F, construit par MDNH Architectes. Ils sont implantés le long de l’avenue Charles-Monier, l’un des axes majeurs de la commune, jalonné de plusieurs commerces de petites tailles, a proximité de la mairie et de la gare. Investissant une parcelle qui hébergeait auparavant une station-service, ils s’insèrent discrètement dans le tissu urbain, l’ensemble se subdivisant en plusieurs constructions accolées qui reprennent les volumétries du centre-bourg. Ainsi, quatre volumes bâtis sont eux mêmes redivisés en plusieurs bâtiments, réinterprétant l’emprise au sol, les hauteurs (R+1+ comble) et les toitures à deux pans. Depuis la rue, l’une de ces grandes maisons marque le pivot vers l’intérieur de l’îlot par un angle largement vitré en rez-de-chaussée, contenant le local associatif. Recouverte de pierres calcaires, elle fait référence aux meulières du bâti historique de Cesson, avant de révéler une matérialité à part en cœur de parcelle. Les logements s’y organisent ensuite autour d’un espace paysagé qui prolonge la rue. Un maillage de venelles et de porches donne accès aux placettes jardinés et aux vastes halls d’entrée toute hauteur. Fait remarquable, plutôt que d’être les « restes » d’un édifice, les halls dit « cathédrales » sont ici pensés comme tels, dégageant de vastes volumes éclairés par de grands panneaux de verre profilé en U et des suspensions lumineuses à l’allure industrielle. Les locaux vélo, eux, sont laissés visibles derrière de grandes baies vitrées.
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Quel archétype pour demain ?
Ces constructions convoquent la figure de la maison, en reprenant les toitures à deux pans imposées par le PLU ; réminiscence d’un passé de bourgade, comme si elles seules pouvaient emporter l’adhésion de tous. Empruntant un vocabulaire contemporain qui puise dans les codes de l’habitat traditionnel, elles sont ici revisitées et creusées : les volumes des sous-pente sont exploités et donnent aux appartements des derniers niveaux de plus amples hauteurs sous plafond. A l’extérieur, certaines parties des toitures sont évidées, les parties en creux offrant de grandes terrasses aux usagers. Chaque logement, en simplex ou en duplex, est traversant, profitant d’une double ou d’une triple orientation. Des volets coulissants sont intégrés à la façade, les portes-fenêtres sont toute hauteur, les menuiseries sont en bois et en aluminium, des tuiles plates ou du zinc couvrent les toitures … des détails qui viennent surhausser la qualité de l’ensemble.
* Rem Koolhaas, Koolhaas in the country, Revue Icon, 2014
Amélie Luquain H.
Fiche technique :
Programme : 80 logements sociaux intergénérationnels (5 T1, 27 T2, 28 T3, 16 T4, 4 T5), un local associatif municipal, un parking enterré sur un niveau de 77 places et 4 places à l’extérieur Localisation : 13 avenue Charles-Monier, Cesson (77) Aménageur : EPA SENART Maître d’ouvrage : La Résidence Urbaine de France / 3F Maître d’oeuvre : MDNH architectes, Marie Degos et Nicolas Hartung, architectes associés. Structure : EVP. Économiste : AXIO. Fluides : WOR. Entreprise générale : Ballestrero (Bouygues Bâtiment IDF) Surfaces : 5433 m2 SDP et 4770 m2 SHAB Coût de l’opération : 8,2 M€ HT Performances environnementales : RT 2012 -10% et H&E profil A Calendrier : Concours novembre 2013, livraison mars 2017
Nouvel, Gregotti, Zumthor, Adjaye et Brooks : starchitectes à la barre. La revue de presse du 13 juillet 2017
Avocarchitectes
Sans lien de parenté avec Albert Kahn, architecte de la Ford, ni avec Louis Kahn, architecte du parlement de l’ex-Pakistan Oriental, Sadiq Khan veut encourager l’architecture. Maire de Londres depuis 2016, il veut rendre « socialement et économiquement intégrative » sa ville. Un vrai défi dans une capitale anglaise touchée par des inégalités criantes en matière de logements, notamment. En prenant à bras le corps le devenir de l’habitat urbain, Khan espère arriver à rééquilibrer la ville et l’ouvrir à tous les Londoniens. Lors de la présentation à la London School of Economics de son programme de « Bonne Croissance par le Design », le maire a annoncé qu’il nommait 50 architectes comme « Design Advocates », avocats pour l’aménagement qui devront élaborer d’ambitieux standard de projets guidant le développement de la ville. David Adjaye et Alison Brooks sont les figures de proue de ce panel, qui compte une moitié de femme et un quart d’Afro-Britanniques, d’Anglo-Asiatique et autres minorités ethniques (ce qui s’appelle les BAME* dans la langue bureaucrate de Shakespeare). Une seconde partie de ce programme prévoit aussi de détacher des architectes et urbanistes auprès des autorités locales, pour « combler l’écart de compétences ».
David Adjaye est l’un des 50 défenseurs de la création nommé par le maire de Londres, Sadiq Khan, dans le cadre de son programme Good Growth by Design via Dezeen
Les raisons de Zumthor
L’apprentissage du métier d’architecte fourmille d’inattendus, même chez les plus grands : c’est ce que confie Peter Zumthor dans une interview aux médias suisses. « Il m’a fallu apprendre (que les échecs) faisaient partie du métier parce que personne ne me l’avait dit. Il y a des moments effroyables. J’ai eu les larmes aux yeux lorsqu’il m’a fallu assister à Berlin à la destruction des premières cages d’escalier de la Topographie de la terreur. Certains processus démocratiques suisses me désespèrent également », explique le Pritzker des Grisons. Finalement content de ne pas avoir pu racheter les thermes qu’il avait dessinés à Valls, Peter est interrogé sur le projet de tour de 300 mètres que conçoit actuellement Thom Mayne pour ce site. « Thom Mayne est un architecte intéressant, un bon architecte. Il y a 25 ans, nous avons enseigné ensemble dans une université de Los Angeles. Il m’impressionnait et il a souvent raconté des choses auxquelles je ne comprenais rien. Je regardais autour de moi et je constatais que les collègues et les étudiants ne saisissaient pas non plus. Mais il a construit des bâtiments formidables à Los Angeles. Maintenant, il ne connaît pas du tout la situation qui lui vaut ce mandat. Et une tour géante dans un village de montagne… Ici, il me faut dire non ». Zumthor travaille actuellement sur un projet de musée à Los Angeles, patrie de Thom Mayne. Espérons que là-bas, Thom pourra dire « oui ».
Peter Zumthor aime bien construire ses maisons «jusqu’à la dernière vis». (Keystone) via Swissinfo
Un non dit
Question à 3,1 milliards d’euros posée au ministre de la Transition écologique et solidaire lors de la présentation de son plan climat : « L’urbanisation de 300 ha de terre agricole est-elle compatible avec l’objectif de neutralité carbone en 2050? » – le journaliste faisait allusion au projet d’Europacity, qui prévoit la construction d’un centre commercial sur des champs du triangle de Gonesse, près de Roissy. « Non » à répondu l’ex-présentateur d’Ushuaia, qui a invité à sortir de la folie des grandeurs et à se rappeler que « parfois small is very beautiful ». Serait-ce à dire que « parfois BIG is very ugly » ?
Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique, a présenté le Plan Climat du gouvernement. Julien Mattia/Le Pictorium/MaxPPP via Le Parisien
Non 2
Autre question à plusieurs millions d’euros, qui n’a pas été cette fois posée au ministre : les jeux Olympiques sont-ils carbone zéro compatible ? Pour Frédéric Viale, membre du collectif « Non au JO 2014 », la réponse est négative. « Ce n’est pas en promettant de faire fabriquer des assiettes en carton recyclable que seront réglés les problèmes des déchets ni de la consommation de carburant supplémentaire, ni les pollutions liées à la construction d’infrastructures. La Ville a engagé un “partenariat stratégique” avec le WWF, mais cette initiative relève d’une stratégie de verdissement qui n’engage pas à grand-chose, la Caisse des Dépôts étant là pour “compenser” les émissions de carbone », explique-t-il dans une tribune publiée par Le Monde. Et ce ne sont là qu’une partie des problèmes, détaille Viale. « Les Jeux olympiques sont ruineux : ils l’ont toujours été, ils le seront encore. Inutile de faire croire par une communication agressive que, miraculeusement, les Français sauront faire des Jeux raisonnables. Cela ne sera pas le cas. Par exemple, les coûts de sécurité ne sont pas budgétés (à Londres, ils ont été de l’ordre de 1 milliard d’euros). » Dépenses imprévues il y aura sûrement, pour lesquelles les citoyens n’ont jamais été consultés, souligne Viale, qui rappelle « avant de devenir maire de Paris (Anne Hidalgo) avait affirmé qu’elle ne poserait pas la candidature de Paris aux Jeux olympiques, “ruineux et dépassés”». Et pour l’exposition universelle, elle disait quoi ?
« Un architecte ne peut pas s’abriter derrière sa condition d’artiste pour faire ce qu’il a envie de faire », déclare Jean Nouvel, invité d’une série de masterclasses qui seront diffusées tout l’été sur France Culture. L’occasion pour l’architecte de revenir sur les fondamentaux du métier. « Ce qui est le plus important dans l’architecture, c’est la matière grise, l’idée. Les nouvelles technologies ne changent pas réellement la nature de l’objet. Un architecte doit être perfectionniste même si en général c’est loin de la perfection. L’architecture est un art utile, on a d’abord un rôle social. Il faut absolument que le rôle sociétal de l’architecte soit pris en compte ». Parmi les nombreux prix récompensant Nouvel, le site de France culture cite l’International Highrise Award, attribuée à l’architecte pour la «contribution exceptionnelle de l’architecte dans le débat de la grande hauteur», et pour la torre Agbar de Barcelone. Une tour restée longtemps sans locataires, dont on espère qu’elle a pu retrouver un rôle sociétal, sinon social.
Jean Nouvel Crédits : JEAN-PIERRE MULLER – AFP via France Culture
Vittorio-le-Nihiliste
Sociale ou non, l’architecture n’intéresse plus personne. C’est ce qu’affirme Vittorio Gregotti, un nom que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, en dépit de la place centrale qu’il a occupé dans le débat architectural européen du début des années 70 à la fin des années 1990. L’architecte reçoit à Milan dans des locaux vides, ceux de son agence qu’il est en train de fermer. « Il y a à peine quelques mois, il y avait là la Gregotti Associati, fondée en 1974, avec des chantiers en Italie et dans le monde entier, de l’Allemagne au Portugal en passant par la Chine. “Nous avons encore trois projets en cours, à Alger, en Chine et à Livourne, ou nous concevons un plan directeur. Mon associé Augusto Cagnardi s’en occupe”», explique le novarais, qui constate la baisse flagrante de son activité d’architecte « trois projets, et rien de plus. Certes, j’ai 90 ans, mais qu’arrive-t-il à notre monde? Les sociétés immobilières décident, si, avec les fonds de l’Arabie Saoudite, elles investiront à Berlin, Shanghai ou Milan, selon les opportunités. Elles calculent leur coût, analysent le marché, fixent les destinations. En dernier lieu arrive l’architecte, parfois à la mode, à qui l’on demande de réaliser une image”. La faute à qui ? « Le post-modernisme est une idéologie déclinante. Mais il a eu des effets dévastateurs. Il a interprété de façon candide le rapport à l’histoire, sans l’aborder de façon dialectique et conflictuelle, mais seulement en fonction du style. Il a conduit à considérer indépendamment l’enveloppe d’un bâtiment de sa fonction. Puis le post-modernisme a rencontré le capitalisme global ». Puis l’on est entré dans le post-gregottisme…
N’en déplaise à Gregotti, il reste des gens qui continuent de s’intéresser à l’architecture, ne serait-ce que pour la dénigrer ou dénigrer leurs opposants. La NRA, la puissante National Rifle Association militant pour le droit de tout américain de posséder des armes à feu, a récemment diffusé un clip accusant la gauche américaine d’« utiliser leur média pour assassiner la vraie information ». « Ils utilisent leurs écoles pour enseigner aux enfants que leur président est un nouvel Hitler». « Ils utilisent leur stars de cinéma, leurs chanteurs et leurs spectacles et leurs remises de prix pour répéter inlassablement la même histoire ». Et « ils » aiment l’architecture moderne. Faute de pouvoir montrer ce peuple malfaisant qu’elle désigne par la troisième personne du pluriel, la NRA a illustré son clip d’architectures contemporaines ou modernes : la Los Angeles Times, le Disney Hall, le haricot d’Anish Kapoor à Chicago ou le siège du New York Times de Renzo Piano. Christopher Hawthorne, critique aux LA Times, decrytpe le message caché dans cette passion soudaine pour l’art moderne de bâtir. Les concepteurs de ces bâtiments sont des étrangers, ou des juifs, ou parfois les deux. Un article paru un jour avant la sortie de la vidéo sur le site infowars allait dans le même sens « Le but des « Globalistes » est d’uniformiser la planète dans un manteau de tristesse. En affadissant nos sens, ils espèrent ternir notre essence vitale » – sans doute les «fluides» que le Général Ripper du docteur Folamour voulait préserver du communisme… Après avoir dénoncé l’architecture cosmopolite, les néoconservateurs vont-t-ils promouvoir l’architecture bien américaine ? Est-elle en pierre, en bois, en béton ? Emprunte-t-elle ses colonnes aux temples grecs?? On attend la sortie du guide NRA d’architecture patriotique pour en avoir une vision plus précise.
L’incendie de la tour Grenfell à Londres a défrayé la chronique. L’incendie du marché de Bromakoté, à Abidjan, n’a suscité que l’indifférence. L’évènement est trop récurent pour pouvoir étonner. « Après donc la pluie, qui nous surprend régulièrement, chaque année, à peu près aux mêmes dates, c’est au tour du feu de nous surprendre tout aussi régulièrement sur nos marchés et ailleurs », constate Venance Konan. Directeur de Fraternité matin, le plus grand groupe de presse de cote d’ivoire, il s’emporte contre le sentiment de fatalité qui favorise la résignation après chaque catastrophe, plutôt que de trouver les moyens d’agir. « Est-il si difficile de savoir, par exemple, qu’en obstruant les égouts d’un quartier on prend le risque de les voir déborder en cas de pluie? Ou que l’on risque un court-circuit qui peut entraîner un incendie lorsque l’on fait des branchements électriques anarchiques? Savons-nous aussi que le rôle des autorités est de protéger les citoyens, parfois contre eux-mêmes? » Pour mettre un ordre dans ce chaos urbain, Konan en appelle au Baron Haussmann, qui traça de grandes avenues au prix de la destruction de milliers de bâtiment. Le journaliste fait de la démolition de maisons mal situées ou construites dans des zones dangereuses une priorité. La cote d’ivoire possède déjà un Chérif Ousmane, mais pour l’instant il commande les commandos parachutistes. Peu de gens doivent être impatients que les bataillons de ce Baron Ousmane ouvrent des boulevards dans la capitale ivoirienne…
Le lycée international de l’Est Parisien, à Noisy-le-Grand, conçu par l’Ateliers 2/3/4, s’impose comme une « forme forte dans le grand paysage » selon ses architectes. Il se matérialise par deux volumes distincts. L’un se soulève installant un cadrage horizontal en promontoire sur la ville. Sa forme parallélépipédique diffère du quartier hétéroclite et cherche à « servir de stabilisateur au contexte ». Ses parois vitrées constituent la toile de fond derrière une ossature de béton orthogonale prédominante. S’y rattache un second volume, cette fois-ci constitué de bandeau alternant baies vitrées et revêtement brique. Sa disposition en gradin répond à celle de la pente végétalisée qui lui fait face.
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Fiche Technique
MOA : Région Ile de France/SAERP Architecte : Ateliers 2/3/4/ Architecte responsable du projet : Jean Mas Lieu : Noisy-le-Grand et Bry-sur-Marne BET : Mizrahi, Éléments Ingénieries, Conceptic’Art, Peutz et Associés Programme : Lycée à Sections Internationales : accueil de 750 élèves : 8986 m² SDP / Internat : 150 chambres individuelles et mutualisées : 3764 m² SDP / Logements de fonctions : 10 logements : 1052 m² SDP (9 T4, 1T5) Livraison : Juin 2016 Surface construite : 13 800 m² SDP dont Lycée : 8986 m² Internat : 3764 m² Logements de fonction : 1052 m² Certifications Certification NF Bâtiments tertiaires / Bâtiment Zéro Énergie / Energie principale : géothermie / Zéro Rejet en eau pluviale au réseau pour le projet global / Label Effinergie Plus visé pour l’Internat / Label Bepos pour le lycée
La liste des architectes présélectionnés pour la conception du centre de musique à Londres est révélée.
En mai, le Barbican, l’Orchestre symphonique de Londres et la Guildhall School of Music & Drama, qui sont en tête du développement d’une analyse commerciale détaillée pour le nouveau Centre soutenu par un financement de 2,5 millions de livres de la City of London Corporation, ont lancé un concours ouvert destiné aux architectes d’envergure internationale.
Les architectes retenus sont :
AL_A (UK) and Diamond Schmitt Architects (Canada)
Diller Scofidio + Renfro (USA) and Sheppard Robson (UK)
Foster + Partners (UK)
Gehry Partners, LLP (USA) and Arup Associates (UK)
Renzo Piano Building Workshop (France)
Snøhetta (Norway)
Le centre de musique devrait contenir une salle de concert, des espaces de formations, numériques, commerciaux. Ce serait un lieu d’accueil, de participation, de découverte et d’apprentissage adapté à l’ère numérique. Encore la commande d’un signal, la ville souhaitant faire valoir sa notoriété en la matière par une signature architecturale.
Le maire de Londres Sadiq Khan, a nommé 50 architectes et designers, dont David Adjaye, Alison Brooks et Sadie Morgan, pour travailler avec les conseillers locaux afin d’améliorer la qualité de l’environnement bâti dans la capitale.
Face à la croissance rapide de Londres, dont les prédictions approchent les 10 millions, le maire souhaite « créer une ville socialement et économiquement inclusive et écologiquement durable grâce à ses bâtiments et à leur infrastructure ». Les défenseurs seront « responsables de la mise en place et de la mise en œuvre de «normes de conception ambitieuses» pour le développement de la ville » et aideront l’Autorité du Grand Londres dans leurs démarches. « Les prédictions d’une croissance sans précédent dans notre capitale nécessitent d’urgence un leadership exceptionnel et des stratégies de conception inégalées pour que Londres puisse prospérer en tant que ville mondiale réussie et durable », déclare David Adjaye.
Khan a annoncé les nominations dans le cadre du programme Good Growth by Design lors d’un discours à la London School of Economics. Sont aussi nominés les architectes Alex Ely de Mae Architects, Roger Hawkins de HawkinsBrown, Paul Karakusevic de Karakusevic Carson Architects, et le chroniqueur de Dezeen Dan Hill.
Cachée au cœur d’un immeuble en gradin de la rue Hermann Lachapelle, dans le 18e arrondissement, la piscine des Amiraux, réalisée en 1930 par Henri Sauvage, compte parmi les plus ancienne de Paris. Outre sa typologie novatrice, son ossature poteaux poutres en béton armé, son système de chauffage et de ventilation mécanique, ses lumières électriques incorporées dans la structure … le tout fait de cet ensemble un édifice remarquable qui lui vaut d’être classé à l’inventaire des monuments historiques en 1991. Toutefois, les mises aux normes successives des années 1980 et 1990 ont fini, pour de bonnes « mauvaises raisons » à faire disparaître les aménagements novateurs de l’œuvre initiale et la beauté qui en résultait. François Chatillon a pris le parti de restituer la piscine dans un état proche de son état initial, l’enjeu étant d’intégrer des usages contemporains dans un patrimoine à conserver.
Quelques points techniques spécifiques, qui participent d’une restitution de la piscine des Amiraux à l’état de 1930 tout en respectant les règlementations et besoins actuels :
– La mise au jour des structures de la piscine révèle des désordres dans les fondations et les éléments existants, tels que les sept portiques en béton armé, les traverses et les poteaux porteurs. Une mise sous tension de l’armature du plafond par un système de protection cathodique permet de stabiliser le processus de corrosion. Les aciers attaqués sont remplacés au cas par cas après une purge méthodique des bétons dégradés. Les structures elles-mêmes sont renforcées afin de garantir une meilleure résistance au feu.
– L’enduit granuleux du plafond est restitué, grâce à une tyrolienne d’époque.
– Le plafond verrier, au-dessus du bassin, disparu, est restitué dans son état d’origine, ainsi que la verrière au-dessus, qui coiffe le local technique insérant un système d’extraction destiné à traiter l’air de la piscine.
– Le bassin est démoli et reconstruit à l’identique (33mx10m), reprenant les détails de sa conception d’origine.
– Un nouveau process thermique est mis en œuvre, en lieu et place des anciennes chaudières au charbon de 1930 qui chauffait l’eau à la façon d’un « bain-marie ». Cependant, ce système s »appuie sur les cheminements techniques initiaux (circuit d’air, etc.)
– La faïence bleue trouvée au départ des travaux disparaît pour le vert d’origine, comme l’indique plusieurs témoignages, notamment celui de l’écrivaine et critique Marie Dormoy dans un article « L’amour de l’art » paru en 1930.
– Aux murs, les revêtements en céramique sont conservés et restitués (une rénovation minutieuse qui déjà demandé un an et demi de travail à un ouvrier) ou renouvelé dans leur état 1930. La brique blanche des cabines est également rénovée. Au sol, le carrelage est remplacé à 100%. Teinté ocre et strié en surface, il est remis en œuvre par contretypage en raison de la reprise nécessaire de l’étanchéité des plages. La phase finition intègre les réglementations « anti glisse » conforment aux normes en vigueur. Une mise au point qui a nécessité dix mois d’études.
Débutés en 2014, les travaux de restauration et de mise aux normes de la Piscine des Amiraux menés par François Chatillon s’achèvent pour une réouverture prévue en septembre 2017.
*Titre du manifeste de François Chatillon et Vanessa Fernandez, disponible en intégralité via ce lien, et cité dans le dossier de fond du numéro 371 d’Architectures CREE, p42
Pour mieux asseoir une construction de logements intermédiaires ex-nihilo, l’atelier Martel puise ses références dans l’histoire du territoire, renvoyant aux archétypes et aux composantes locales.
A Homécourt, commune de Meurthe-et-Moselle de 6 000 habitants, l’activité minière en déclin a laissé place aux traditionnelles zones d’activités : un tissu discontinu qui constitue le plus souvent la dernière frange urbaine avant la forêt ou les exploitations agricoles. C’est dans ce contexte que s’implante l’opération de logements de Meurthe & Moselle Habitat, dans un morceau de ville sans tissu ni identité, grignoté sur la forêt fraichement déboisée. Le nouveau quartier dit « Bois de la Sarre » accueille là sa première opération significative : un îlot combinant 19 maisons individuelles et 16 appartements en collectif, dont la compacité contraste avec la faible densité des constructions alentours. Pour l’inscrire dans son environnement, les architectes Stéphane Cachat, Marc Chassin et Laurent Noel de l’atelier Martel puisent leur « imaginaire dans des formes connues et familières, archétypes de l’architecture périurbaine », disent-ils : implantation en bande, maisons accolées, jardins privatifs, façades en enduit, toits double pente en zinc. Une « banalité apparente » qui compose avec le déjà là, et faciliterait les mécanismes d’appropriation des habitants.
Rationalisation
La composition urbaine hérite elle-même de l’histoire ouvrière de la ville, mais aussi des principes de l’urbanisme Moderne, selon les architectes. Elle s’établit en bandes, perpendiculaires à l’axe viaire principal du quartier, alternant des pleins et des vides. Chaque bande construite comprend cinq maisons avec garage attenant, et un petit immeuble collectif de quatre logements en R+3. Cette trame, associée à des plans de logement longs et étroits de 15,50 x 3,60 m – des dimensions proches de celles des cités radieuses de le Corbusier – optimise les orientations est ouest, et dessine des petites façades orientées au sud, qui peuvent être presque entièrement vitrées. L’unité de base des habitations permet d’accueillir l’ensemble des typologies individuelles et collectives, du T2 au T5, tout en dégageant des doubles hauteurs dans les séjours où les doubles baies s’ouvrent sur les jardins au sud. Ainsi, la petite surface de façade à l’ouverture surdimensionnée caractérise les ambiances intérieures.
Encadrement
Un projet dense, compact, dont la trame rationalisée et les volumes simples et répétitifs répondent à un budget serré d’environ 1200€/m2, et permettent en contrepartie d’investir dans des matériaux et des détails soignés qui anoblissent l’ensemble.
Une construction qui s’inspire, là encore, des façades traditionnelles de la commune d’Homécourt, dotées de fenêtres encadrées par de la pierre en légère saillie, expliquent les architectes. Cette tradition constructive est liée à la proximité des carrières de pierre et à la mise en œuvre qu’elle implique dans le percement des baies. Le projet revisite ce patrimoine en développant avec l’entreprise Compobaie des cadres en béton fibré préfabriqué. Assemblé en usine, le bloc-fenêtre incorpore l’ensemble des menuiseries, l’occultation en volet roulant, et parfois le garde-corps ajouré en béton blanc. Ce dernier constitue un claustra, laissant filtrer la lumière et préservant l’intimité de la « pièce » extérieure, tout en affichant un motif ornemental qui n’est pas sans rappeler celui de la Cité Radieuse de Briey édifiée par le Corbusier en 1961 à seulement quelques kilomètres de là. L’atelier Martel se place là dans une recherche qui s’apparente au concept de l’architecture analogue développé par Miroslav Sik, défenseur indocile d’une architecture de l’ordinaire, infligeant un désaveu total à l’architecture vedette et au « solitaire architectonique ».
Amélie Luquain H.
Maîtrise d’ouvrage : Meurthe & Moselle Habitat Maîtrise d’œuvre : Atelier Martel (Stéphane Cachat, Marc Chassin et Laurent Noel) BET Egis Bâtiments Grand Est Localisation : Homécourt (54) Programme : 35 logements dont 19 maisons individuelles groupées et 16 appartements en logements collectifs. Surface (SHAB) : 2.745 m2, sur une parcelle de 7000 m2Coût des travaux (HT) : 3,8 M€ Calendrier : études 2013-2014, chantier 2015-2016.
Adélaïde la laide – Pavillonneurs contre websurfer – les fuites dans l’oculus – l’Angleterre réhabilite le PoMo d’Outram – Renzo Piano malmené à Cagliari – Apple, un campus circulaire et nombriliste : la revue de presse du 5 juillet 2017
La laideur d’Adélaïde
Beaucoup de prétendants au titre de bâtiment le plus laid d’Adélaïde, capitale de l’Australie-Méridionale. La compétition lancée par un journal local a permis de repérer les belles têtes de vainqueurs : de nombreux hôpitaux, un nouveau tribunal «et même le palais des festivals d’Adélaïde, qui a figuré dans la liste du bâtiment le plus laid du monde dressé par le journal britannique The Telegraphe au début du mois». Mario Dreosti, représentant de l’institut des architectes australiens, s’est fait l’avocat de ces bâtiments décriés : « j’ai toujours pensé qu’un immeuble vaut bien plus que sa façade. Un bâtiment dont vous pourrez ne pas apprécier l’esthétique peut fonctionner très bien, et peut offrir aux gens un excellent logement ou un environnement de travail fabuleux – nous devrions nous en souvenir lorsque nous évaluons et commentons l’architecture». S’il est entendu, le conseil sauvera peut-être les logements étudiants du 231 Waymouth Street – un clone ultra perforé de la Zollverein School de Sanaa – de la vindicte publique.
Les pavillonneurs américains aiment la liberté d’expression
Zillow, promoteur immobilier américain spécialisé dans la maison Merlin locale, un type de pavillon gonflé aux hormones désormais connu sous le sobriquet de McMansion, n’en pouvait plus d’être moqué sur internet par Kate Wagner, étudiante en acoustique et animatrice du site McMansion Hell. Sur ses pages, Wagner surcharge les photos de ces villas de commentaires ironiques et critiques, en utilisant à l’occasion des images représentant les productions de Zillow, qui a engagé une action légale pour faire fermer le site. Devant le tollé des internautes, mobilisé via twitter, et l’engagement de l’Electronic Frontier Foundation, une ONG qui milite pour la liberté numérique et la liberté d’expression, le promoteur a dû faire machine arrière. « Nous avons décidé d’abandonner toute action juridique à l’encontre de Kate Wagner et de son site. (…) Nous n’avons jamais eu l’intention de fermer McMansion Hell, ou pour cela sembler attaquer la liberté d’expression de Kate Wagner. Notre démarche procédait d’un excès de précaution envers nos partenaires — les agents et vendeurs qui nous ont confié les photos des maisons de leurs clients ». Wagner a gagné, mais devra retirer les images venant de chez Zillow, ce qui risque d’amoindrir le potentiel comique du site. Et en France, pas de site www.enferfrancobelge.com ou cauchemardephoenix.net ?
Zillow dépose sa croisade juridique contre McMansion Hell. (McMansion Hell / Image via domain.com.au)
Et pourtant, elle fuit
Les détracteurs de la Canopée des Halles, et notamment tous ceux qui blâment les fuites de cette couverture pourraient-ils se consoler des déboires de l’«Oculus », pôle multimodal de 4 milliards de dollars conçu par Calatrava ? « Il y a plus de fuites qu’entre les russes et l’administration Trump », ironise Archpaper, qui accuse l’autorité portuaire, gestionnaire du bâtiment, de déni total de réalité devant ces malfaçons. « Il n’y a pas eu de fuite cette semaine dans l’Oculus », a affirmé le porte-parole du maître d’ouvrage. Et pourtant « nous l’absorbons et la drainons. C’est beaucoup de travail. Non-stop, a déclaré au New York Post un des « serpilleurs » du bâtiment. Les gens ont des accidents. Comme lors du dernier jour de pluie, une personne a failli se casser le cou », relate un employé à la maintenance. La victime en question, une femme, descendait des marches quand elle a glissé sur une flaque d’eau. « Les gens glissent et se font vraiment du mal, parce que vous voyez, ce sont des sols en marbre ». Petit conseil à Calatrava, dont les bâtiments sont souvent sujets aux fuites : la prochaine fois, prévoir des sols en éponge.
L’Autorité portuaire est dans le déni de son Oculus qui fuit. (Courtesy Harvey Barrison/Flickr)
Eau de PoMo
C’est un temple étrange et bariolé, un mixte de style Aztèque et Greco-Romain, avec au centre de son fronton une turbine de réacteur. Construite entre 1986 et 1988, cette station de pompage extravagante a été dessinée par John Outram, un architecte postmoderniste un peu oublié de ce côté-ci du Channel. Elle fait partie d’une commande pour trois stations de pompage passée à la barbe de Margaret Tatcher, qui ne voulait pas que de l’argent public soit dépensé dans ce type de projet. Rogers et Grimshaw réalisèrent les deux autres stations de pompage. Ils ont connu une notoriété mondiale, mais Outram tient sa revanche, puisque son « Temple des tempêtes » vient d’être élevé au grade II — qui distingue les édifices particulièrement importants ou d’un intérêt spécial — par le service des monuments historiques anglais. C’est le symbole « d’une nouvelle vague d’inventaire qui couronne une ère d’esprit et de fun en architecture », explique le critique d’architecture du Guardian Oliver Wainwright, qui voit dans l’équipement un des nombreux bâtiments d’Outram méritant l’inscription. Pour redonner du souffle à son roman national, l’Angleterre du Brexit sera-t-elle conduite à se pâmer devant le PoMo ?
Nous avons eu beaucoup de plaisir et de jeux … La station de pompage John Outram de classe II * sur l’île de Dogs de Londres. Photographe : James Davies/Historic England Archi
Renzo et Liberto, architectes dans l’eau
À Milan, les idées de Renzo Piano guideront la restructuration du Politecnico, l’université dont il est sorti diplômé en 1964 avec un travail portant sur la «Modulation et la coordination modulaire». Le projet, à 65 millions d’euros, sera exécuté par l’agence ODB architects. Salué à Milan, Renzo Piano est outragé à la faculté d’architecture de Cagliari, en Sardaigne. Une étudiante l’a jeté dans la fontaine pour faire enrager une de ses camarades de promo, et s’est ensuite glorifiée du fait sur un intranet de l’établissement. « Le recteur de l’université Maria del Zompo s’est tout de suite inquiété de l’état de Renzo Piano – le chat mascotte de la faculté d’architecture ». Ce Piano n’était qu’un félin, mais l’histoire a pris le caractère de drame national, et l’étudiante en question s’est confondue en excuse sur le net, affirmant regretter infiniment cette situation. Comme si cela ne suffisait pas à jeter l’opprobre sur les architectes, on apprend que dans la prochaine saison de «Une Vie», télénovela espagnole que s’apprête à diffuser la cinquième chaîne italienne, le couple vedette Rosina et Liberto se baigneront nu dans un lac. Scandale, car Liberto est un étudiant en architecture, et il a menti à sa mère sur ses études, loin d’être aussi avancées qu’il veut bien le prétendre. Les architectes et les histoires d’eau : un nouveau chapitre qui pourrait enrichir l’exposition que la Cité de l’architecture consacre à cette figure professionnelle.
Le nouveau siège d’Apple est l’objet de toutes les admirations, surprenant jusque dans ses moindres détails : « (le bâtiment) possède les meilleures poignées de porte. Elles sont faites de rails d’aluminium façonnés par fraisage à haute précision, fixés aux portes de verre sans boulons visibles », rappelle Dan Winters dans les colonnes de Wired. Verre courbe bombé pour conduire la pluie, arbres résistant aux sécheresses, etc. Le bâtiment de 5 milliards de dollars rassemble le meilleur, tout simplement. Sauf qu’un bâtiment vit aussi avec son extérieur, rappelle Winters. Dès lors que l’on adopte un point de vue contextuel, le bâtiment est rétrograde, autocentré, méprise la ville qui l’entoure et le monde en général. L’impact sur l’environnement est calamiteux, affirme Winters, qui pointe du doigt les déplacements induits par la localisation du bâtiment, la faiblesse des contributions de l’entreprise aux finances locales, le choix de non-mixité fonctionnel de la firme à la pomme comme son inaction en matière de construction de logements, un secteur frappé par une flambée des prix doublée d’une pénurie depuis sa mise sous pression par les entreprises de Silicon Valley. Un problème tel que Google prévoit de construire 10 000 logements avec son nouveau siège. Pas Apple, qui favorise par son attitude le règne du tout voiture. « La compagnie aurait pu doubler les fréquences des trains. Elle aurait pu construire un pôle de transport à Cupertino, qui, contrairement à Mountain View (Google) et Palo Alto, en est dépourvu. Ce n’était pas une question d’argent », explique le rédacteur en chef d’un journal local, rappelant que la firme de Steve Jobs dispose d’un trésor de 250 milliards de dollars en cash. « Qu’aurait pu construire Apple ? Quelque chose de plus haut, entouré de bâtiment mixte ? Cupertino ne l’aurait jamais permis. Mais en laissant de côté le problème de forme, le meilleur, le plus brillant des designers (Johnatan Ive) et des architectes (Norman Foster) du monde auraient pu essayer quelque chose de nouveau. Au lieu de produire à un bâtiment ressemblant à un nombril, pour après passer son temps à le contempler ». Dis-moi où tu habites….
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