Rénové par l’agence Périphériques Architectes, un ancien foyer de travailleurs migrants construit en 1978 prend pleinement ses fonctions de résidence sociale derrière son bardage de terre cuite.
Les foyers de migrants, créés par l’Etat français pendant la guerre d’Algérie, deviennent dans les années 1960 et 1970, le logement des immigrés isolés issus des anciennes colonies. La politique architecturale et administrative de l’Etat visait à limiter la fixation durable de ces résidents, une main d’œuvre qui n’était pas censée s’installer dans le pays qui l’employait. Sur les 700 foyers existants, beaucoup souffrent d’avoir été construit à moindres frais et d’abriter de fortes densités de population. Mal entretenus, vétustes et insalubres, ils sont dans l’attente d’une réhabilitation. Pour palier à leurs dégradations, le plan de traitement des foyers de travailleurs migrants, lancé en 1997 initialement pour une durée quinquennal, a pour objectif d’améliorer les conditions d’habitat et de vie des résidents à travers la transformation des foyers en résidences sociales modernes et autonomes. Le foyer de la rue de Lorraine (Paris 19e), géré par Coallia, ex Aftam, qui a permis de reloger en partie des résidents du foyer alors dégradé de la rue Saint Denis (2e), est l’un de ceux qui en bénéficie.
Périphériques habille de terre cuite le foyer de la rue de Lorraine à Paris
Rue de Lorraine, l’agence Périphériques a su démontrer qu’une réhabilitation serait plus économique qu’une opération de démolition / reconstruction. Le budget économisé en démolition reconstruction du gros oeuvre a été utilisé en façade. Coûteuse, certes, l’enveloppe fait le pari de la pérennité, avec un matériau qui ne nécessite ni entretien ni reprise, tout en bénéficiant d’une image hautement qualitative pour du logement social.
Lors d’un précédent projet, les architectes avaient déjà utilisé la terre cuite émaillée qu’ils avaient expérimentée sur une crèche rue Frémicourt, Paris 15e L’industriel Terreal accompagne de nouveaux les architectes pour revêtir de bardeaux de terre cuite émaillée et irisée le foyer de la rue de Lorraine.
Périphériques et Terreal ont développé un produit sur mesure, à partir d’une référence standard de la gamme du fabricants : le Zéphir Évolution. Trois profils de bardeaux « crantés » ont été développés : tous de même hauteur, soit 22.5 cm, ils comprennent une, deux ou trois inclinaisons en surface. Accrochant la lumière, ces reliefs participent d’une impression de vibration, amplifié par une finition émaillée et irisée de la terre cuite, né d’une collaboration avec un artisan-émailleur. Les bardeaux, à base d’éléments terre cuite à simple paroi, comportent sur leur face arrière des barrettes longitudinales permettant leurs suspensions à des rails horizontaux. Posés à l’avancement de bas en haut, ils sont suspendus au rail supérieur par leur barrette haute et bloqués avec 2 points de mastic, par la barrette basse. Les crochets de la face arrière ont été spécialement dimensionnés afin laisser un jeu de quelques millimètres pour recouvrir plus ou moins les bardeaux ; on peut ainsi s’adapter aux différentes hauteurs des cadres avec une seule hauteur de bardeaux.
Ainsi, reliefs et émaillages créent des façades aux reflets changeants, tour à tour bleutés ou ivoires métallisés, constituant un rendu « atmosphérique », selon les architectes.
Amélie Luquain
En chiffre :
1900 m2 de façade / 27 000 pièces / 3 profils de bardeaux (1, 2 ou 3 crans) / 1 hauteur : 22.5 cm / 3 longueurs : 22.5 cm, 57 cm et 72 cm / 2 couleurs : ivoire et bleu émaillé irisé
Fiche technique :
Programme : restructuration, démolition et extension d’une résidence et restaurant social. Résidence composée de 173 appartements Localisation : 13/15 rue de Lorraine, Paris 19 Maîtrise d’ouvrage : COALLIA Habitat Maîtrise d’œuvre : Périphériques Architectes Jumeau + Marin + Trottin Fournisseur produits de façade : Terreal, bardage sur mesure dérivé du produit Zéphir Evolution Emaillé irisé bleu et irisé ivoire Emailleur : Boutal J-P Roy Entreprise générale : GTM Bateg Entreprise de pose de bardage : Lucas Reha Superficie : 4 222 m2 SHON (résidence sociale) 255 m2 SHON (restaurant social) Coût : 10,8 M (Hors TVA, valeur de 2012) Calendrier : Appel d’offre : juin 2012. Chantier : avril 2015. Livraison : juin 2017
Fusionnant avec Supélec, l’Ecole Centrale quitte le campus de Châtenay-Malabry pour celui du plateau de Saclay à Gif-sur-Yvette (Essonne), en passe de devenir un cluster de l’enseignement supérieur francilien. Ce 11 septembre 2017, 4200 aspirants ingénieurs ont rejoints leurs nouveaux locaux : 76 100 m2 répartis en deux bâtiments. D’un côté s’élève désormais celui dit « Gustave Eiffel » réalisé en maîtrise d’ouvrage public avec l’agence Office for Metropolitan Architecture (OMA), dirigée par Rem Koolhaas (48 000 m2). En face, le bâtiment « Francis Bouygues » – un autre « grand bâtisseur » – est issu d’un partenariat public-privé avec les architectes suisse Gigon Guyer (25 000 m2). Deux boites « XL », qui placent l’éducation sous cloche.
Concernant le projet d’OMA, une grille régule la complexité du programme et rationalise son organisation. Une grande halle de 155 x 122 m et 12 m de haut est divisée en quatre entités, résultantes des quatre champs d’apprentissage majeurs définis dans le programme. Orientées sur l’extérieur, elles sont réparties selon un plan urbain, desservies par des rues secondaires, tandis qu’une rue principale diagonale fend le volume sur toute sa hauteur. La toiture de conception légère, avec ses coussins translucides en ETFE, se dématérialise pour laisser passer une lumière naturelle, créant une sensation d’extérieur. Car c’est bien une « ville intériorisée » que propose l’agence OMA, « une école urbaine ouverte, avec le désordre créatif encadré par un squelette structurel ». Une force conceptuelle qui engendre des pertes de repère et la sensation d’un observatoire panoptique, puisque les étudiants travailleront partout, à la vue de tous. Un monde en soi d’une clarté et d’une cohérence intense, tandis que le bardage noir peu engageant semble affirmer un désintérêt pour l’extérieur, provocation ultime. Visite en image avec Ellen van Loon, associée de OMA en charge du projet.
Les verres de Bernard Pictet décorent les spas de l’hôtel Crillon à Paris et celui de la Tour Odéon à Monaco, deux spas prestigieux.
Communiqué
SPA de l’hôtel Crillon à Paris
Réalisée par l’Atelier la porte d’entrée devait, pour l’architecte d’intérieur Chahan Minassian, évoquer une pluie précieuse et une douce translucidité : des lignes verticales avec un rythme et des éclats irréguliers ont donc été gravées sur un dépoli acide clair. Certains de ces éclats ont été réparés de feuille d’or brillante et l’ensemble a été monté en double vitrage, ce qui lui confère une très bonne isolation phonique et une grande facilité d’entretien.
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SPA de la Tour Odéon à Monaco
Cet espace, situé en sous-sol de la Tour a été conçu par l’Agence Alberto Pinto.
Il fallait donner à ce lieu presque aveugle une atmosphère calme et lumineuse, l’agrandir visuellement, faire ressentir aux hôtes une sensation apaisante en interprétant de manière contemporaine des éléments naturels tels que la pluie, la brume, les stalactites, les entrelacs de branchages, la mer…
L’ensemble des verres choisis est de ton clair, blanc, argenté ou miroir.
Les 85 parements de murs et portes réalisés sur un miroir maté à l’acide avec un motif d’entrelacs dépolis réfléchissent délicatement la lumière. Leur entretien est facile et ils résistent à l’humidité.
Le parement de la piscine d’une longueur de 12 m représente un motif très stylisé de stalactites sur fond miroir qui trouble sa réflexion. Fait pour dédoubler l’espace, il semble le prolonger tout en le séparant.
Les portes et cloisons du Hammam et des bains turques révèlent une sorte de pluie miroitée. Fabriqués en triple vitrages, ils assurent une parfaite isolation thermique et acoustique.
L’Atelier a aussi réalisé quinze douches ainsi que les portes des espaces de danse, de gymnastique et de coiffure avec un motif de lignes cinétiques verticales qui atténue leur transparence.
Une cloison en verre buriné argenté évoquant une mer calme sépare la réception du Hammam.
L’agence Brenac & Gonzalez & Associés livre en 2016 trois édifices tertiaires qui se distinguent par leur peau miroitante et prismatique, à l’effet cinétique. A Gentilly, des prismes d’aluminium habillent la façade
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Riverside, de modules prismatiques
A Gentilly, un édifice tertiaire de 5200 m2 récemment livré par l’agence Brenac & Gonzalez s’impose comme un nouveau repère urbain depuis le périphérique. S’il se déploie en gradin de balcons filants équipés de châssis bois et de treilles végétalisés en façade sud, il est à l’inverse revêtu d’une peau métallique uniforme côté périphérique. Celle-ci est composée d’un même module prismatique, qui se démultiplie tout du long. Il est fabriqué en Alucobond anodisé naturel ou inox poli miroir selon la face du prisme constitué, afin de favoriser les effets de réflexion. Avec 50% de pleins pour 50% de vides, s’en suit une alternance d’éléments vitrés réfléchissants, dont les menuiseries sont masquées de sorte à ne laisser voir que le clair de vitrage. Le linteau est traité en habillage métallique inox, en recouvrement de la menuiserie et quasiment dans le même plan, permettant ainsi une continuité du reflet.
Amélie Luquain
Nom du projet : Riverside. Programme : édifice tertiaire. Superficie : 5200 m2. Calendrier : 2011 – 2016. Maîtrise d’ouvrage : Sodearif. Maîtrise d’œuvre d’exécution : CMA. Architecte : Atelier d’Architecture Brenac & Gonzalez et Associés. BET fluides : Berim. Acoustique : Acoustique & Conseil. BET structure : Sicra. BET façades : VS-A. Bureau de contrôle : Veritas. Paysagiste : Jean-Michel Rameau. AMO HQE : AGI2D. Situation : Gentilly
Courtesy Brenac & Gonzalez / Sergio Grazia et Stefan Tuchila
L’agence Brenac & Gonzalez & Associés livre en 2016 trois édifices tertiaires qui se distinguent par leur peau miroitante et prismatique, à l’effet cinétique. A Paris Rive Gauche, un édifice tertiaire alterne bandeaux vitrées et résille constituée de tubes d’aluminium.
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Be Open, une résille de tubes
ZAC Paris Rive Gauche, une parcelle bordée par des voies ferrées et une avenue échappe à toute mitoyenneté, s’orientant selon les axes urbains qui la structurent. « Ce paysage ferroviaire, fleuve de rails et de caténaires est porteur d’une poésie urbaine évidente », soulignent les architectes de l’agence Brenac & Gonzalez, auquel répond leur édifice tertiaire de 9630 m2. Structuré d’un soubassement majoritairement vitré, d’un corps principal et d’un attique en légère vrille, il alterne bandeaux vitrés et résille pliée. Cette dernière est constituée de tubes en aluminium anodisé naturel aux reflets dorés, structurés de cadres en inox poli miroir. Les châssis, tous ouvrants, sont également en aluminium anodisé côté extérieur et thermolaqué RAL 9006 en intérieur. Les vitrages exposés au rayonnement solaire sont munis de stores extérieurs relevables reliés à la GTC. On notera enfin les sous-faces des éléments en portes à faux, revêtues d’inox poli miroir.
Amélie Luquain
Nom du projet : Be Open. Programme : édifice tertiaire. Superficie : 9630 m2. Calendrier : 2012 – 2016. Maîtrise d’ouvrage : VINCI Immobilier. Maîtrise d’œuvre d’exécution : CSB. Architecte : Atelier d’Architecture Brenac & Gonzalez et Associés. Aménageur : SEMAPA. BET fluides / Conseil environnement : ALTO Ingénierie. Acoustique : AVLS. BET structure : TERELL Groupe. BET façades : FACADES DESIGN. Bureau de contrôle : BATIPLUS. Paysagiste : TN+. Situation : ZAC Paris Rive Gauche
Courtesy Brenac & Gonzalez / Sergio Grazia et Stefan Tuchila
WICONA, concepteur-gammiste spécialiste des systèmes constructifs en aluminium (façades, fenêtres, coulissants, portes, garde-corps…), annonce la nomination de Kaïsse Kamal en tant que Directeur de la Prescription. Une création de poste qui s’inscrit dans la stratégie d’entreprise de WICONA initiée depuis trois ans : consolider sa force Prescription pour mieux répondre aux attentes et besoins des professionnels de la construction. En prenant la tête d’une équipe d’ingénieurs dédiés en lien étroit avec la cellule Support technique et les sites de production de WICONA, il sera en charge de développer une vision commerciale de la Prescription porteuse de sens pour les collaborateurs de l’entreprise et ses clients. Son ambition : valoriser la capacité de l’entreprise de répondre au plus près des attentes et des contraintes des donneurs d’ordre en proposant des solutions sur-mesure à la fois techniques et créatives. La marque entend plus que jamais renforcer sa présence auprès des prescripteurs pour en devenir une référence incontournable.
Titulaire d’un diplôme d’ingénieur CESFA BTP spécialisé en Ingénierie de projet bâtiment, Kaïsse Kamal démarre en 2004 chez le leader du verre plat, PKLINGTON, en tant que Technicien responsable Produits feu avant de rejoindre le façadier international PERMASTEELISA, avec des postes de Chargé d’étude et Chargé d’affaire pour des chantiers emblématiques tels que la Tour T1 ou la Tour First. Il rejoint ensuite REYNAERS puis SCHUCO INTERNATIONAL.
L’agence Brenac & Gonzalez & Associés livre en 2016 trois édifices tertiaires qui se distinguent par leur peau miroitante et prismatique, à l’effet cinétique. Le premier d’entre-eux est constitué de caissons vitrés.
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Quai Ouest, un édifice tertiaire s’habille de caissons vitrés
A Boulogne-Billancourt, un édifice tertiaire construit dans les années 90 contemple la Seine de son visage désuet. Il se situe dans un cluster de médias qui ne dit pas son nom, entre Canal + à l’ouest et TF1 à l’est. Idéalement situé, il renvoie ue image surannée. De plus, ses 150 m de linéaire de façade sont largement exposés au rayonnement solaire et aux bruits routiers, sans protection aucune. C’est donc une restructuration lourde qu’entame l’agence Brenac & Gonzalez pour redorer l’image de l’édifice et pallier à ses déficits énergétiques. La nouvelle façade vient envelopper le bâtiment tel un « manteau prismatique aux reflets mouvants et cristallins, scintillant au soleil » déclarent les architectes. Son système se base sur une double peau ventilée en verre. Des modules de 3,15 x 3,15 m modifient la modénature du bâtiment existant en réduisant le nombre de fenêtres. Ils sont constitués d’un caisson ventilé dans lequel est inséré un simple vitrage feuilleté plié en diagonal, créant deux triangles séparés d’une arrête vive. Le verre plié rigidifie la structure avec un minimum de matière, la légèreté du matériau s’adaptant aux besoins de la réhabilitation. Les caissons viennent cacher les allèges, recouvrir les ouvrants d’entretien et dissimuler les menuiseries des châssis, calepinés tous les 1,35 m ; trame usuelle dans les édifices tertiaires. Les protections solaires, en l’occurrence des brises soleils orientables pilotés par GTC, sont positionnées à l’intérieur du caisson. Chacun est séparé par un bardage rapporté à base de cassettes en aluminium anodisée polie ; des éléments opaques de 90 cm de large, dans lesquels se cachent les ouvrants de ventilation. Le choix d’une réhabilitation par l’extérieur à nécessité de raccourcir les planchers afin de rentrer dans la limite de propriété et de respecter les alignements. Le PLU prescrivant une enveloppe stricte, le dispositif de caissons en surplomb n’a pas pu être appliqués aux derniers niveaux.
Amélie Luquain
Nom du projet : Quai Ouest. Programme : réhabilitation édifice tertiaire. Superficie : 16 500 m2. Calendrier : 2012 – 2016. Maîtrise d’ouvrage : Emerige. Maîtrise d’œuvre d’exécution : Calq. Architecte : Atelier d’Architecture Brenac & Gonzalez et Associés. BET fluides / Conseil environnement : Artelia. Acoustique : Acoustique & Conseil. BET structure : Artelia. BET façades : VS-A. Bureau de contrôle : Socotec. Paysagiste : Jean-Michel Rameau. Situation : Boulogne-Billancourt
Courtesy Brenac & Gonzalez / Sergio Grazia et Stefan Tuchila
Pendant la Paris Design Week, le showroom Serge Ferrari dévoile un morceau d’histoire de la Batyline, toile appréciée par les plus grandes marques de mobilier pour son confort et sa qualité. Une occasion pour Isabelle Vidal, vice-présidente du groupe, de revenir sur cette gamme.
2018 sera l’année des 30 ans pour la toile Batyline, un matériau qui n’a cessé d’évoluer. S’intégrant dans des structures en bois, en plastique ou en métal, il a été initialement utilisé pour le mobilier de camping avant d’accompagner les industriels dans leur création de mobilier outdoor. La toile est présente sur de nombreuses assises de grandes marques comme Ego Paris, Fermob ou Lafuma, ou des luminaires comme Maiori. Batyline voit aujourd’hui deux évolutions majeures : une première orientée sur la douceur des produits, leur volume, l’association colorimétrique des textiles ; une seconde sur la réinterprétation du textile en tant que tel, sur le fil …
Ferrari développe une refonte de sa gamme, pour dépasser l’aspect de la toile monochrome plate et inciter les designers à revisiter le poduit. A l’occasion de la Paris Design Week, le groupe dévoile une nouvelle étape : la mise à disposition du logiciel Pénélope, habituellement utilisé par les ingénieurs de Serge Ferrari. Sorte de « métier à créer » virtuel, ce logiciel relié à une imprimante 2D permet de simuler dessins et colorations pour une création et sur mesure. Ainsi, les designers peuvent travailler concrètement sur les prototypes de leurs créations, en amont de leur présentation aux éditeurs. Une façon pour Ferrari d’être présent dès la phase de prototypage.
Showroom Serge Ferrari, 56 rue du Faubourg Saint Antoine Paris 12
Peter Zellner, architecte, nous livre sa vision du système éducatif et professionnel de l’architecture aux États-Unis et nous présente son projet d’École libre d’architecture, proposition alternative pour casser les modèles sclérosants en place et mettre en œuvre un écosystème vertueux et social.
CREE Peux-tu me parler de l’École libre d’architecture que tu es en train de monter ? Comment en as-tu eu l’idée ? Pourquoi mener ce projet et en quoi consiste-t-il ?
Peter Zellner La raison première est économique. En Amérique du Nord, du moins, les études sont devenues très chères. Certains de mes étudiants sont en train de préparer un cursus initial de 5 ans, puis vont suivre un master de 2 ans. Nombre d’entre eux font un emprunt pour financer leurs études. En moyenne, tout frais compris, si l’on compte le logement, les livres, l’ordinateur, etc., environ 220 000 à 250 000 US $ vont être nécessaires pour les cinq ans d’études. Si l’on ajoute les deux ans de master, il faut compter environ 300 à 350 000 US $ supplémentaires. Pour financer cela, certains parents vont prêter de l’argent, les étudiants vont travailler et la plupart d’entre eux auront une dette de 200 000 US $ à la fin de leurs 7 ans d’études. Donc, la suite logique est de trouver un travail avec un bon salaire. Ils ne peuvent pas commencer en se mettant à leur compte, ni travailler dans une petite agence. Ils n’iront pas dans une structure à but non lucratif, ni dans une agence municipale car ce n’est pas très bien payé non plus. Leur choix va se porter en fin de compte sur 4 ou 5 très grandes agences, à L.A. du moins. Avec un peu de chance, ils vont gagner 70 à 75 000 US $ par an et compte tenu du contexte économique de Los Angeles ou même de New York ou San Francisco, une fois le loyer payé et les dépenses courantes effectuées, il leur restera environ 37 000 US $ par an. Il leur faudra donc dix à douze ans pour rembourser leur prêt, en partant du principe qu’ils y consacrent toutes leurs économies.
Unconvention Center, Los Angeles Etudiant : Nicola Montuschi
CREE Ce coût élevé des études pèse sur la vie professionnelle. Pourrais-tu décrire ce mécanisme qui fait des étudiants endettés des architectes un peu téméraires ?
PZ Le résultat net de cette situation, c’est que de jeunes gens commencent des études d’architecture avec l’envie de faire les choses différemment, peut-être, ou de devenir critiques ou artistes ou d’agir dans le champ social. Cependant, la réalité c’est que vingt ans plus tard ils se retrouvent enfermés dans un environnement de travail certes rémunérateur, mais potentiellement inintéressant. Ce qui est terrible avec cette situation c’est que, en tout cas à Los Angeles, de moins en moins de jeunes diplômés s’installent à leur compte car le système économique ne le permet tout simplement pas. D’un autre côté, les jeunes diplômés qui ne vont pas vers la pratique doivent intégrer l’université. Et c’est le même problème : une fois en poste, il faut une dizaine d’années pour rembourser leur prêt et ils ne deviendront sans doute jamais praticien car ils vont devoir enseigner dix à douze ans et faire des tâches administratives. Donc, dans les deux cas, qu’il s’agisse de l’environnement des agences corporate ou de celui des universités, à cause de ces dettes, la possibilité pour un jeune diplômé de choisir entre différentes approches de travail, créatives, sociales ou associatives à but non lucratif, se réduit de plus en plus. C’était vraiment le point de départ de ma réflexion. Réduire, voire supprimer, le coût de formation d’un architecte dès le début du parcours des étudiants et trouver une façon d’assurer cette formation gratuitement, afin qu’une fois diplômé, il ait plus de choix. Ceci étant dit, quelqu’un doit payer pour cela, n’est-ce pas ? C’est donc ce point qui sera le plus grand défi pour l’école.
CREE L’école gratuite pourrait casser ce cycle ?
PZ Avec une école gratuite, le problème initial de ce que les gens étudient, pourquoi ils l’étudient et comment ils entendent entrer dans la profession est résolue. Le corolaire de la libération des étudiants de ce poids économique est que les enseignants aussi devraient être libérés d’une certaine pression qui est associée à la nécessité d’enseigner pour gagner sa vie. En effet, ce que j’observe en parallèle à l’université c’est que les enseignants passent de plus en plus de temps à des tâches administratives au détriment de l’enseignement. En outre, du fait de la pression qui pèse sur les écoles, les enseignants doivent enseigner ce qui est attendu. En Amérique du Nord, le cursus est devenu plus étroit, moins créatif et moins ambitieux. De plus, les écoles ont décidé de tout miser sur l’obtention de la licence d’exercice de leurs étudiants. Finalement, elles forment des travailleurs qui vont par la suite être employés dans de grandes agences pour produire une architecture commerciale.
CREE Ce qui conduit, selon toi, à une situation dont le marché s’accomode…
PZ Ce que le marché veut de façon croissante c’est une sorte d’architecte standardisé. Et je pense que ce à quoi les écoles ont malheureusement contribué, volontairement ou non, c’est la surproduction d’étudiants identiques. Tout cela a complètement réduit le champ de la créativité dans un format très codifié. Mon souhait serait que l’école soit libre non seulement économiquement, mais aussi intellectuellement, philosophiquement et qu’elle promeuve une forme différente d’enseignement. C’est l’expérimentation que nous allons commencer à mener cette année.
Studio : HighRise, Mexico City, DF. Etudiant : Nicola Montuschi
PZ Nous avons déjà 500 candidats pour 12 places, ce qui démontre à quel point les jeunes gens sont désespérément en quête d’un enseignement gratuit, mais aussi le potentiel de notre projet. La première année sera réellement une expérimentation en pédagogie car nous ne dispenserons pas d’ateliers de projet, il n’y aura pas de notation, ni de rendu. Il s’agira principalement d’une école du soir pour de jeunes diplômés ou des étudiants en fin de master ou en dernière année de licence. Une école parallèle aux écoles existantes, en quelque sorte. Ce que j’espère, c’est de réussir à faire de cette première année une sorte d’épreuve, de démonstration, afin de pouvoir dès l’année suivante commencer à lever des fonds. Nous pourrions ainsi doubler le nombre d’étudiants, la durée des cours et, selon les règles des structures à but non lucratifs, nous pourrions commencer à rémunérer les volontaires et les enseignants. Sur le long terme, nous aimerions avoir jusqu’à 50 étudiants, possiblement 10 enseignants et un vrai campus, quelque part. Je suis en train d’étudier comment tout cela pourrait être financé principalement de manière philanthropique, avec une mise de fonds pour nous permettre d’avancer. De cette façon, les équipements, les enseignants et l’administration seraient pris en charge. L’étape suivante serait que tout ce qui n’est pas enseignement physique serait de l’ordre de l’entreprise. C’est-à-dire que tout ce que l’école produit, livres, recherches, conférences, publications autour de l’éducation, pourrait être monétisés à un prix abordable. Le modèle est un peu celui des MOOC. Cet argent constituera une forme de don qui permettra de financer l’école. L’objectif à long terme est donc de réussir à mobiliser suffisamment de dons pour financer une formation gratuite en cinq ans en architecture pour cinquante étudiants. Cela coûterait à l’école, pour être dans un cadre économique viable, 1,5 à 2 millions de dollars par an, plus le campus de l’école. Ce qui représente un coût plutôt limité.
CREE Et après l’école, quelle serait l’étape suivante ?
PZ Partant de l’observation de l’économie de l’éducation nous aboutissons à une réflexion sur la philosophie de l’éducation. L’étape qui suivrait l’École libre d’architecture serait ce qu’on pourrait appeler l’Agence libre d’architecture. Il s’agirait d’une structure à but non lucratif qui travaillerait dans les communautés. Une fois que les étudiants seraient diplômés de l’école, ils auraient la possibilité d’être salariés et formés professionnellement pour travailler dans cette agence collaborative qui réaliserait des missions d’architecture dans les quartiers. C’est-à-dire, offrir des services gratuits en architecture à des organisations ou des particuliers qui habituellement n’ont pas les moyens d’avoir recours à un architecte. Cette étape viendrait cinq ans après l’école, environ. L’agence serait structurée de telle manière que les diplômés pourraient y travailler pendant deux ans et préparer en même temps leur examen pour l’obtention de la licence d’exercice. Ce serait donc une sorte d’organisation parapluie qui permettrait la formation professionnelle, la préparation de l’examen de licence d’exercice et idéalement le financement de démarrage d’une petite agence.
CREE L’enseignement que tu souhaites mettre en place peut-il, au final, déboucher sur un nouveau type d’agence ?
PZ L’étape finale de mon projet serait que l’École libre ait des partenariats avec des entreprises et organisations à but lucratif ou non pour investir dans de jeunes agences d’architecture et les aider à démarrer. Certaines réussiraient, d’autres pas, mais cela permettrait d’alimenter le marché de l’architecture avec des agences différentes, travaillant sous différents auspices. Mon espoir ultime est que, à la différence du modèle largement en usage où 200 personnes travaillent dans la même pièce, il serait possible de produire le même type de travail, mais avec 10 agences composées de 5 personnes chacune qui pourraient collaborer sur des projets plus grands. On aurait donc un réseau plus distributif. Je vois tout cela presque comme un modèle organique dans lequel, depuis l’ensemencement jusqu’à la maturation, il y a une série d’étapes qui intègrent un individu d’abord novice, puis qui devient praticien et enfin collaborateur. Le tout sur une vingtaine d’années.
CREE Tu as donc aujourd’hui 500 candidats pour 12 places. Comment vas-tu faire la sélection ?
PZ Pour candidater, nous demandons un texte de positionnement personnel de 800 mots ; pas de dessins, ni portfolio ou équivalent. Ces textes seront lus par un comité de sélection qui choisira d’abord 250 candidats pour descendre à 12. Pour l’instant, il y a quelques impondérables sur lesquels je ne peux intervenir. Par exemple, nous ne pouvons financer les déplacements, ce qui signifie que les candidats doivent séjourner à Los Angeles pendant six semaines. Ils doivent également être architectes ou être dans des champs connexes : paysagisme, design, voire art.
CREE Qui fait partie du comité de sélection ?
PZ Les membres sont William Menking, rédacteur en chef de The Architect’s Newspaper, Mimi Zeiger, critique d’architecture, Stephen Slaughter, enseignant à l’Université de Cincinnati, Dora Epstein Jones, directrice du Design Museum de Los Angeles, l’architecte Nicholas Boyarsky, qui est le fils d’Alvin Boyarsky et une ou deux autres personnes à confirmer. Nous aurons un comité consultatif composé de 10 à 15 personnes, puis un réseau beaucoup plus large sur lequel je vais m’appuyer pour la pédagogie et les programmes.
Studio : High Rise, Mexico City, DF. Etudiant : Nicola Montuschi. Ecole : SCI-ARC
CREE Ce rétrécissement dont tu parles du champ de l’architecture dans les études et la formation des architectes se ressent-il déjà aujourd’hui ?
PZ Absolument. Les étudiants que je connais qui ne veulent pas être limités par le système en place s’en vont ! Ce que j’observe aussi, c’est qu’en matière de recrutement, les architectes sont soit très jeunes, soit âgés. Il n’y a plus d’architectes entre deux âges parce qu’au moment de la récession, la plupart des architectes en milieu de carrière ont quitté la profession. A Los Angeles, il y a soit de très grandes agences, soit de très petites agences. Ces dernières sont très créatives, mais pas très efficaces, tandis que les premières sont à l’inverse, très efficaces, mais pas très créatives. Il n’y a pas d’agences intermédiaires qui pourraient être efficaces et créatives à la fois.
CREE Comment dans ce contexte les jeunes architectes peuvent monter leur agence ?
PZ Ils doivent enseigner. C’est un cercle vicieux. Les profs enseignent aux futurs enseignants d’enseignants ! Il est possible d’enseigner en ayant une activité créative (avec des expositions, des livres, etc.) et on peut espérer que cela aboutisse parfois à de vrais projets d’architecture. Mais il y a une telle rupture aujourd’hui entre la pratique professionnelle et la pratique académique ; ce sont deux mondes totalement distincts, comme deux formes différentes d’architecture. Je crois en ces deux mondes, c’est pourquoi j’aimerais pouvoir les relier. Cela me paraît fou que le monde académique s’éloigne autant de la pratique professionnelle et qu’il y ait d’autre part une résistance persistante contre les idées dans le monde professionnel. Ce monde est tourné vers l’économie de marché, mais le monde académique l’est aussi en quelque sorte puisque les jeunes enseignants doivent produire des idées pour le marché académique qui vont être utilisées par les écoles pour former les étudiants, tandis que ceux-ci vont ensuite être formés par les agences. C’est un cercle vicieux affreux !
CREE Quels seront les enseignants de l’École libre ?
PZ Bonne question. J’imagine ceux qui ne veulent pas être payés ! (rires) C’est intéressant : plusieurs amis artistes ont proposé d’enseigner, des historiens et critiques d’architecture également. La plupart des architectes qui souhaitent enseigner sont plutôt jeunes, au regard d’architectes plus établis. Par exemple à L.A., aucun de mes confrères de ma génération n’a proposé d’enseigner. Mais étonnamment, plusieurs architectes employés dans des grandes agences sont prêts à enseigner. C’est-à-dire exactement ces architectes dont je parlais qui sont coincés en quelque sorte dans le système. Je suis assez curieux de voir si ces derniers ne seront pas les meilleurs enseignants ! Ce sera donc très intéressant de voir si on peut puiser dans le bassin des grandes agences et si ces architectes seront prêts à donner de leur temps.
CREE Pour finir, peux-tu parler de ton parcours ?
PZ On peut dire que je suis un architecte, enseignant et écrivain. Mon parcours finalement est fortement lié à mes déplacements autour du monde. Selon les standards nord-américains, j’ai plutôt une mentalité internationale. J’ai été confronté à plusieurs modèles éducatifs en architecture, en France, en Amérique Latine, j’ai donc une vision différente de ce qu’une école doit être. En tant que praticien, là encore, je n’ai pas eu un parcours linéaire. Si l’on prend les critères qui définissent un parcours professionnel, je ne suis pas resté parmi les tous petits groupes d’individus qui constituent ce qu’on appelle l’avant-garde ; j’en ai fait partie, puis je l’ai quittée. Je ne suis pas non plus un membre du monde de l’entreprise, mais j’ai certainement quelque chose à y voir parce que j’ai travaillé dans ce milieu. J’ai eu une série d’expériences étranges qui ont provoqué une sorte de réaction. Si je regarde mes confrères, ils sont restés dans le même monde, la même école, les mêmes expositions, les mêmes livres pendant vingt ans. C’est leur focale pour voir le monde. Si je regarde les personnes avec qui j’ai travaillé dans les grandes agences, elles non plus n’ont aucune idée de cet autre monde ; elles ne sont confrontés qu’au monde des affaires et à l’architecture commerciale, aux grands clients, gros honoraires, au recrutement et licenciement, etc. Je comprends ces deux mondes et ironiquement je pense qu’ils ne sont pas si éloignés que cela. Les universitaires ont leur propre langage mystique, leur propre système de croyance sur lequel s’appuyer et qui est très théorique. Or, lorsque je travaillais chez AECOM je me suis rendu compte que le monde de l’entreprise a aussi sa religion interne et son langage et ses mots mystiques, comme synergie qui est tout le temps employé dans les sociétés. Je pense que c’est aussi obscur et étrange que de lire Derrida ! Vraiment ! C’est un système complet de croyance. Ce qui est intéressant, c’est que ces deux mondes sont chacun des cultes et sont très proches sur certains aspects, dans leurs pensées fantastiques, avec leur culte du langage et des images. Ils ont chacun leurs magiciens et sorcières, leur contrôle du dialogue et leurs tentations et ils sont puissants. Ce qui est dommage c’est que beaucoup de gens les suivent tout simplement. Ce que j’espère pouvoir faire avec l’école c’est casser tout cela et permettre aux individus d’élaborer leur propre croyance.
Didier Fiuza Faustino, retranscrit par Mary Bartleby
Les invisibles : quand les produits se font discrets
Pour un architecte, le meilleur produit est souvent celui qu’on ne voit pas. Si la valorisation des éléments structurels d’un projet peut constituer un parti pris conceptuel, celle des éléments du second-oeuvre est beaucoup moins prisée…
Ce système de menuiserie de chez Hirt fonctionne sur le principe utilisé par Mies van der Rohe à la villa Tugendhat, à Brno. La paroi vitrée descend dans le sol jusqu’à disparaître complètement, créant une continuité intérieur-extérieur intéressante dans un programme résidentiel ou commercial. N’autorisant aucune demi-mesure – la fenêtre doit être ouverte ou fermée – le dispositif donne en contrepartie l’illusion d’une absence totale de paroi, supprimant tout obstacle créé par les profilés. La paroi conserve son aspect épuré une fois refermée grâce à l’emploi de joints sans profilés saillants. Existe en solution d’angle, pour paroi courbe, pour des surfaces virtuellement illimitées pour la gamme SF spécial (contre 18 m2 ou 40 m2 pour les produits des gammes XL et 90). D’autres matériaux, comme la pierre, peuvent être montés à la place du verre pour recréer des parois mobiles opaques, se fondant dans une construction plus large.
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