L’agence Berranger Vincent conçoit des logements en bord de Loire, quartier EuroNantes : sociaux et en accession se répartissent dans des maisons individuelles, un immeuble collectif et une tour. Une mixité qui interroge, de même que les envies autour de la grande hauteur.
Au début du siècle dernier, les bords de la Loire nantaise jusqu’à la prairie des Mauves étaient essentiellement dédiés aux activités maraichères et agricoles. En 1933, le quai Malakoff a été remblayé en vue de la construction d’un stade et les terrains ont été urbanisés après guerre, sur la base d’un plan de ZUP lancé en 1960. Entre 1967 et 1971, 1658 logements sont construits par quatre architectes – Evano, Cormiel, Choisel et Leroux – qui donnent naissance à onze tours de 16 étages et cinq barres courbes de 200 m de long et de 10 étages, surnommées les « bananes ». Si tout le monde semblait enthousiaste à l’époque, le quartier devient très vite une cité enclavée entre le fleuve et l’infrastructure ferroviaire, reliée au faisceau de la gare de Nantes. En 2000, Malakoff-Pré Gauchet (quartier de logements) et Euronantes (quartier d’affaires) sont retenus au titre des Grands Projets de Ville (GPV). L’Atelier d’urbanisme Ruelle, sous la houlette de Gérard Pénot, grand prix d’urbanisme 2015, est en charge de la transformation de ces 164 ha. C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet d’habitation de l’agence Berranger Vincent.
EuroNantes teste la mixité et la grande hauteur
Où habiter ?
Sur un îlot du quartier Malakoff, bordé par l’avenue au nord et la Loire au sud, le stade Marcel Saupin à l’ouest et le pont Willy Brandt reliant Nantes à son île à l’est, s’érige un immeuble haut. Nouvelle silhouette dans la skyline nantaise, la construction de 53 m de hauteur (limite IGH oblige) s’attache au tissu hétérogène. Courante dans ce contexte déjà pourvu de « tours » des années 70, ses atours modernistes sont revisités par des biais et des matériaux contemporains ; une façon de la rendre plus attractive et moins sévère. Les 69 logements en accession qu’elle abrite sont complétés d’un immeuble de 13 logements sociaux le long de l’avenue et de 5 maisons individuelles groupées en balcon sur le fleuve.
Les architectes ont souhaité proposer plusieurs modes d’habiter dès le concours – auxquel ont participé d’autres fervents défenseurs de la grande hauteur : Brenac & Gonzalez, DLW, Leibar Seigneurin Architectes, Hamonic et Masson et Clément Gillet – ne serait-ce qu’au sein de la tour, qu’ils structurent d’un attique et d’un socle, animant le rez-de-chaussée par sa transparence et sa hauteur sous plafond souhaitée dans le cahier des charges de Gérard Pénot. Celle-ci est décomposée en trois temps, selon le rapport qui se dégage avec l’extérieur. Jérôme Berranger et Stéphanie Vincent « s’attachent à comprendre le site dans lequel le bâtiment s’insère, afin que les habitants comprennent où ils habitent. » Ainsi, habiter le R+1 au R+7 correspond à dégager des vues sur la Loire ou le Vieux Malakoff, le R+8 au R+13 s’entourent du grand paysage ligérien et du centre-ville, quand les trois derniers niveaux s’adressent au ciel. Tandis qu’habiter les logements sociaux donne droit à la vue sur le boulevard et les ronds points ; une mixité limitée.
Quoi habiter ?
Toujours dans l’idée de diversifier les types d’habitation, les appartements de l’immeuble haut s’enroulent autour du noyau vertical, cherchant des vues sur la Loire et la ville. Les typologies d’angles sont privilégiées, offrant des orientations multiples (bien qu’ils n’y aient pas de vitres d’angle hormis en attique). Fait fort appréciable pour une opération de logements, pas un étage ne se ressemble, déclinant 23 solutions différentes réparties du T1 au T4. Un tiers d’entre-eux sont en duplex, dont des T2, fait suffisamment atypique pour être souligné. Par la même, beaucoup comprennent des vides sur séjour. Chacun est augmenté d’un balcon ou d’une loggia confortable, dissimulés derrière des garde-corps ou des parois vitrées qui jouent de leur degré de transparence allant du plus clair au plus blanc ; Stéphanie Vincent, nous confiant son appréhension du vide, y a apporté un soin tout particulier.
C’est par cette faculté à se projeter dans les logements que les architectes ont su engendrer leurs qualités. En effet, ils nous confient : » Nous nous soucions de la spécificité des futurs occupants pour définir le programme, sans même connaître l’acquéreur. Nous avons pris la tour niveau par niveau, logement par logement, et avons imaginé différents scénarios. » Dès le processus de conception, ils ont donc anticipé les évolutions de la structure familiale et des ménages, considérant les familles monoparentales, les colocations, le vieillissement de la population ou encore le développement du travail à domicile. « Nous avons prolongé l’expérience jusqu’à la fabrication des plans de vente, en nous questionnant : si j’achetais cet appartement, pourquoi et me correspondrait-il ? » continuent-ils. L’agence d’architecture est allée jusqu’à assouplir la structure et à proposer des parois non porteuses permettant d’adapter les logements dans le temps. On notera que la structure est en béton, enveloppé d’un manteau isolant et d’un bardage en aluminium brossé de type Alucobond. En attique, l’ossature bois désolidarisée de la structure principale minimise les descentes de charge et répond à la forme de la toiture qui vient terminer le bâtiment.
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Ainsi, si l’agence Berranger & Vincent a su produire des logements de qualité pour toutes les populations, il n’en va pas moins que la mixité reste à questionner au sein de cet îlot ; car limitée par bloc d’habitation quand elle aurait pu être exercée au sein d’un même immeuble. De plus, cette construction entre largement dans le débat sur la tour européenne contemporaine, une typologie mise à mal par les échecs supposés ou réels des constructions léguées par le mouvement moderne. En effet, ce modèle de densification par des clusters de tours semble s’imposer comme l’outil principal de ce quartier à Nantes. D’autres immeubles d’habitation de 50 m de haut aux silhouettes complaisantes participent de sa transformation, notamment le projet de Christophe Rouselle pour le compte de Nantes habitat, d’Hamonic et Masson pour Kaufman and Broad ou celle à venir de l’Atelier 234 pour Lamotte.
Amélie Luquain
Fiche Technique
Maître d’ouvrage : Ataraxia. Maître d’œuvre : berranger vincent architectes. OPC : quatuor. Paysagiste : Praxys. Bureau d’études fluides : Albdo. Economiste : Ic-Tec. Maîtrise d’œuvre ZAC. Urbaniste : Atelier Ruelle. Aménageur : Nantes Aménagement. VRD Oceanis. Site : Euronantes, quai Malakoff et Pont Willy-Brandt, Nantes (44). Programme : 82 logements collectifs et 5 maisons individuelles, parking en sous-sol. Surface totale : 6 933 m2 SHON. Surface parcelle : 2300 m2. Calendrier : Concours 2012 ; PC mars 2014 ; Chantier septembre 2014 ; livraison 4e trimestre 2016. Coûts : Construction 1710 €/m2 habitable ; travaux + aménagement 10 225 450 € HT ; prix de vente logements en accession libre 4130 €/m2 habitable
Yvonne Farrell and Shelley McNamara, co-fondatrices de l’agence dublinoise Grafton Architects, ont été nommées commissaires de la 16e biennale de Venise qui débutera en mai 2018. Un passage de niveau dans l’échelon du star-système !
Succédant à Rem Koolhaas en 2012, et au chilien Alejandro Aravena en 2016, Yvonne Farrell et Shelley McNamara assureront le commissariat de la 16e biennale de Venise. Les deux femmes vivent et travaillent à Dublin, où elles ont été diplômées et ont co-fondées l’agence Grafton Architects en 1977. Côté lagune, elles n’en sont pas à leur premier essai. Représentées à la biennale de 2002, elles remportent le lion d’argent à celle de 2012 avec une installation titrée « architecture as a new geography » et le mastodonte de béton abritant l’université de technologie et d’ingénierie UTEC de Lima (Pérou) ; un travail inspiré du Pritzker brésilien Paulo Mendes da Rocha. Les architectes étaient aussi présentes à la biennale de 2016 sous le titre « The Physics of Culture ».
Entourées de leurs 25 collaborateurs, Farrell et McNamara construisent beaucoup d’institutions et d’équipements dédiés à l’enseignement, surtout en Irlande (notamment les bureaux pour le Département des Finances, 2009), mais aussi à l’international où l’agence s’est distinguée avec l’université Luigi Bocconi à Milan (2008). L’agence promet également deux réalisations en France : l’Université d’économie de Toulouse et l’Institut des Mines-Telecom sur le plateau de Saclay. D’autre part, les deux femmes enseignent dans de nombreuses écoles d’architectures : University College de Dublin, Harvard graduate school of design, Yale et l’EPFL de Lausanne. Elles ont également été membres de jury prestigieux, comme le Riba en 2008 et 2012, qu’elles remportent en 2016 avec le projet de l’UTEC, et le prix Mies Van der Rohe en 2011 ; une récompense à venir peut-être ?
Pour Paolo Baratta, président du conseil d’administration de la biennale de Venise, Yvonne Farrel et Shelley McNamara prolongeront la vision d’Alejandro Aravena, l’exposition Reporting from the front ayant « offert aux visiteurs un panorama critique sur l’évolution de l’architecture dans le monde, qui a vu son rôle se confirmer comme instrument sociétal. » Il ajoute que les commissaires sont appréciées pour « leur capacité d’impliquer et de fasciner les nouvelles générations ». On espère qu’elles fascineront la jeunesse française chez qui elles restent encore peu connues.
Tiny houses, les vicissitudes du micro-habitat, la destruction Casa Guzman d’Alejandro de la Sota, la reconstruction du dernier bunker d’Hitler, habiter Mars, Oscar Tusquets déclare sa flamme à Benidorm, Phnom Penh XXL, L’Elbphilharmonie, entre Germanie et Helvetie, les promoteurs contrarient Damien Hirst : la revue de presse du 17 janvier 2017
Mini-(chez)-moi
« Certains cherchent un terrain pour bâtir leur maison. Mathilde et Maxime, eux, ont d’abord construit leur maison et se cherchent aujourd’hui une place pour la poser ». Agés tous deux de 26 ans, Mathilde et Maxime sont des adeptes des « Tiny Houses », mini-maisons mobiles auto-construites présentées comme des solutions d’habitat alternatives. Ces bicoques bohèmes reçoivent un accueil si bienveillant du public et de la presse qu’on en viendrait presque à se réjouir de la crise du logement « coin cuisine avec feu et réfrigérateur, salle de bain avec douche et toilettes sèches, mezzanine avec sommier et matelas, bureau, un canapé qui fait coffre, placards, penderie, bibliothèque… Sa maison miniature a tout d’une grande ! Et avec ses 3,5 mètres de haut, elle offre même plus de hauteur sous plafond que certaines. « Avec mon copain, nous sommes tous les deux assez grands, nous voulions pouvoir respirer ! » ». Reste qu’il n’est pas facile de trouver où poser cette microarchitecture : « Nous cherchons un lieu à moins de vingt minutes de Vannes. Nous pouvons installer la maison partout, sauf sur des terres agricoles. Il est possible de louer une parcelle de terrain chez un agriculteur, dans le jardin d’une personne âgée vivant seule qui souhaite avoir une présence, ou sur le terrain d’une maison secondaire pour plus de surveillance », propose Mathilde, qui a juste besoin de quelques dizaines de mètres carrés de terrain ainsi qu’un accès à l’eau et l’électricité » – la mini-habitation possède des compteurs pour mesurer précisément sa consommation. « On peut aussi proposer du woofing à un agriculteur » contrairement à ce que suggère la sonorité de ce néo-anglicisme, il ne s’agit pas d’aboyer à la porte de cette masure à peine plus grande qu’une niche à chien, mais « d’ un échange de travail contre l’hébergement », explique Mathilde. Ce qu’il ne faut pas faire pour un logis de 5,5 mètres de long sur 2,5 mètres de large !
Stupeur lors d’une visite à la Casa Guzman, villa conçue par l’architecte Alejandro de la Sota au début des années 70 pour un client féru d’architecture. A la place de cet objet devenu sujet d’exposition, de thèses et d’études, les étudiants de l’architecte Pablo de La Torre venu dessiner la maison moderniste se sont trouvés face à l’un de ces imposants « chalet » ou « hôtelet » qui fleurissent dans la périphérie madrilène. « 45 années après, les hôtelets et chalets (que dénonçait autrefois de la Sota NDLR) ont gagné : la maison Guzman, un symbole de l’architecture de son temps, est apparue du jour au lendemain métamorphosée en un bloc de trois étages aux blancs linteaux et tuiles de zinc bleu, pale imitation des immeubles bourgeois parisiens ». Le fils n’aimait pas la maison que son père s’était fait construire. Directeur de la fondation de la Sota, Alejandro de la Sota Rius, fils de l’architecte, ne blâme pas directement le rejeton démolisseur « Si le propriétaire n’apprécie pas la maison, c’est son droit. Le problème n’est pas tant cela que l’absence totale de protections pour l’architecture du XXe siècle (…) si cette démolition peut servir à prendre conscience de la valeur de ce patrimoine, elle ne sera pas tombée pour rien, aussi douloureuse qu’aie été sa perte ». La Casa Guzman, tombée au champ d’honneur du patrimoine moderne.
Fortement contraint, l’habitat martien ne devrait pas dans l’immédiat avoir à subir les problèmes de style ou de vandalisme qui sont venus à bout de la Casa Guzman. Insensibles au high-tech et au vernaculaire s’abstenir : la Mars Ice Home, le modèle d’habitat que la NASA vient de présenter en 3D, peut être apparentée à une sorte d’igloo gonflable et motorisé, qui se recouvre d’une couche de glace protégeant ses occupants des variations de températures – un celsius oscillant entre 23 et 140° selon le blog think big – ainsi que des rayonnements solaires. « Pour le moment il s’agit seulement d’un prototype. La NASA a montré les modèles qu’elle a dessinés, ce qui ne veut pas dire qu’ils sont définitifs ». Ces tiny houses séduiront-elles les candidats à la colonisation de la planète rouge ?
« Des milliers d’artistes ont loué la beauté de Venise, et si peu celle de Benidorm », s’insurge l’architecte Oscar Tusquets Blanca, en préambule à l’exposition « Gran Benidorm », présentant ses dessins, aquarelles et photomontages représentant l’étrange cité balnéaire surgie au nord d’Alicante dans les années 60. Pour plaider la cause de Benidorm, ville plébiscitée par les touristes autant que méprisée des intellectuels, Tusquets cite les travaux de MVRDV « Benidorm est la machine de tourisme de masse la plus efficace d’Espagne. D’une densité trois fois supérieure à la ville de Mexico, elle accueille 6% du tourisme national sur seulement 7 kilomètres de côte. Il suffirait de 13 Benidorm pour remplir les besoins de toute l’industrie touristique espagnole ». Si MVRDV avait transformé ses observations en livre (Costa Iberica, upbeat to the leasure city), Tusquets mise tout sur le visuel « mon travail consistera à capturer graphiquement la beauté d’une ville extra-dense, passant habituellement pour laide ». « Des yeux qui ne voient pas » sur la Costa Blanca.
Passant pour l’artiste le plus riche du monde, Damien Hirst s’était lancé en 2013 dans un ambitieux projet d’écoville balnéaire utopique comportant 750 maisons à cinq miles de sa maison de campagne, près d’Ilfracombe, dans le North Devon. Le village avait été surnommé Hirst-on-Sea après la divulgation des plans de l’artiste, qui y possède de nombreux biens. Mû par l’horreur des « immeubles anonymes et sans vie », Hirst voulait construire « le genre de maison dans lequel il aimerait vivre ». Las, « dans le contexte économique actuel, tous les promoteurs que nous avons rencontrés ont estimé qu’il n’était pas viable de mettre en chantier les logements correspondant à notre vision ». Et oui Damien : il est plus facile à un riche artiste de plonger des requins dans du formol que de faire réaliser ses souhaits par un promoteur – plein d’architectes auraient pu te le confirmer.
La capitale du Cambodge devrait bientôt voir sortir de terre deux tours jumelles hautes de 560 mètres, soit 108 de plus que les tours Petronas de Kuala Lumpur. On s’étonne de la construction du cinquième et sixième édifice le plus haut de la planète dans une ville qui, même si elle connait un boom immobilier, reste bien loin derrière d’autres villes asiatiques en terme de taille, de population et d’économie. Deux entreprises chinoises réaliseront ces tours pour un montant de travaux de 2,7 milliards de dollars, financé par le groupe cambodgien Thai Boon Roong Group avec l’appui du Macao Sun Kian Ip Group. L’ensemble s’inscrit dans la politique des « nouvelles routes de la soie » voulu par Xi-Jinping pour développer l’économie chinoise hors des frontières de l’empire du milieu.
Cette semaine, on inaugurait « un fleuron de l’architecture suisse », se félicite la Radio Television Suisse qui salue, un brin chauvine, l’ouverture de la philharmonie de Hambourg, conçue par les bâlois Herzog et de Meuron. Après les montres, les médicaments et les banques, les philharmonies vont-elle devenir un nouveau fleuron de l’industrie helvétique ?
Pendant que l’Autriche tente de se débarrasser de la maison natale d’Hitler, à Berlin, un entrepreneur vient de construire une copie de la pièce du bunker – détruit à la fin de la guerre – où il s’est suicidé. Deux fois par jour, une trentaine de touristes est admise dans la réplique de ce lieu, ce qui, selon Wieland Giebel, propriétaire du musée d’histoire de Berlin et promoteur de cette nouvelle attraction, doit montrer cette partie noire de l’histoire de la ville. « Comme le musée, ce bunker parait attiser la curiosité du public, ainsi qu’en conviennent différents experts », constate le quotidien ABC, qui remarque, qu’à l’instar du sexe, « Hitler vend ». Quitte à encourager le commerce, on préférait encore les Eros center locaux.
La spectaculaire Philharmonie de l’Elbe, à Hambourg, conçue par les architectes suisses Herzog et de Meuron, a été inaugurée mercredi 11 janvier, au son de Ludwig van Beethoven et de Richard Wagner. Située dans le port de Hambourg, à l’extrémité d’un quai au bord de l’Elbe, cette icône déjà surnommée Elphi par les Hambourgeois est édifiée dans la zone de la Speicherstadt, littéralement « ville aux entrepôts » classée monument historique depuis 1991 et au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2015. La Philharmonie est bâtie sur un ancien entrepôt de cacao, dont seul la peau de brique a été conservée. Au-dessus, s’élève une structure de verre dont le sommet prend la forme de vagues. Les 10 000 m² de façades comprennent 1100 facettes concaves et convexes. Entre l’ancien et le nouveau, une place publique offre une vue spectaculaire sur le port et le ciel. A l’intérieur, la salle de concerts de 2100 places propose une des meilleures acoustiques du monde, dûe au japonais Yasuhisa Toyota. En chiffres, l’édifice du haut de ses 137 mètres pèse 200 000 tonnes, soit 722 Airbus A380, signale les Echos. Le bâtiment est aussi majestueux que controversé, avec une première pierre posée en 2007, 6 ans de retard sur le délai de livraison et un coût passé de 77 à 789 millions d’euros, soit 10 fois plus que le budget initial, de quoi déculpabiliser Jean Nouvel et sa Philharmonie de Paris. A la décharge des architectes, le bâtiment a vu s’alourdir son programme en cours de conception, renfermant un hôtel 5 étoiles de 247 chambres et 45 appartements de luxe.
Courtesy Elbphilarmonie / Maxim Schultz
Architectures CREE propose un voyage d’études de trois jours permettant de découvrir l’Elbphilharmonie mais aussi les modèles d’aménagement des quartiers emblématiques qui lui sont rattachés, comme le quartier de l’IBA 13 ou de HafenCity (2025).
Alfonso Femia et Gianluca Peluffo, associés de l’agence italo-française 5+1AA, ont livré en novembre dernier le nouveau siège de la BNL-BNP Paribas à Rome. Situé au nord-ouest du centre historique, adjacent à la gare ferroviaire Tiburtina, la conception de cet objet singulier qui se veut aussi discret que monumental a largement été influencé par son contexte.
Monumentalité exigée
Rome, Tiburtina. C’est à plus 2 km du centre historique, à la jonction de deux quartiers – les Quartiere V Nomentano (nord ouest) et Quartiere XXII Collatino (sud est) – et de deux vides urbains – le cimetière (sud ouest) et une zone en friche (nord est) – qu’est implanté le nouveau siège social de la BNL-BNP Paribas. La banque fait le lien avec la terriblissime gare ferroviaire Tiburtina, deuxième gare de Rome redéveloppée quelques années plus tôt par ABDR Architetti Associati et Paolo Desideri, et déjà esthétiquement datée. Tirant un biais au dessus des voies ferrées, « la gare établie une dimension infrastructurelle et impose un changement d’échelle » pose Alfonso Femia, architecte associé de l’agence 5+1AA. Face au monstre autonome, les architectes ont apporté une réponse cyclopéenne, rendue obligatoire par l’étroitesse de la parcelle de 5000 m² devant porter un programme de 75 000 m² de bureau. S’impose une architecture linéaire parallèle aux voies ferrées, longue de 235 m et haute de 50 m (3 fois plus que la gare). Les deux programmes se réunissent à leur pointe en une seule entité, angle que les architectes s’amusent à comparer à la tête du dieu Janus. Dès le concours, ils rêvaient d’un dispositif public commun aux deux organismes ; doux rêve là où la dialectique entre les institutions est toujours compliquée, pour ne pas dire impossible. Pour autant, les volumes ferroviaires et tertiaires s’interpénètrent, se toisent ou s’éloignent. Avec le pont routier de la Via Tiburtina, se dessine une centralité infrastructurelle à plusieurs vitesses (train, métro, voitures) composée d’éléments longilignes et gigantesques.
Intériorité démesurée
A la démesure de cette architecture infrastructurelle, il a fallu répondre par une intériorité raisonnée. En tête, dans sa partie la plus large (18m), le volume est fendu suivant un schéma tripartite : un corps creux à ciel ouvert bordé de deux corps plein. 5+1AA a cherché à répandre la lumière dans cette faille par la matière : une « peau de serpent » en céramique doré, selon les mots de l’agence, matériau conçu sur-mesure avec l’industriel Casalgrande. L’espace interstitiel comprend un grand hall et un escalier monumental. Il dessert les étages de bureau par un escalier en U. Son parcours longitudinal est rythmé et séquencé par les passerelles vitrées qui le traversent, créant des « lieux suspendus entre deux corps ». La mise en scène est parachevée par un chassé-croisé de terrasses, ménageant des vues biaises et multiples. Au centre de la masse bâti, un trou béant sur 4 niveaux laisse apparaitre le château d’eau construit dans les années 30 par Angiolo Mazzoni, également architecte de l’ancienne gare Tiburtina et de la gare centrale Termini. Le parcours s’achève par un penthouse offrant un panorama à 180° sur la ville.
In fine, la composition classique avec socle et attique est illisible en façade. Enveloppé derrière une peau miroitante, le bâtiment tend à s’effacer dans le ciel de Rome, selon les désidérata « illuminés » des architectes. « Lumière et ciel, ciel et lumière. Pas une lumière quelconque ni un ciel banal. Pas tout le ciel. Rome et sa lumière. Rome et son ciel sont dans notre imaginaire à chaque fois que nous rencontrons la ville fondatrice. » communiquent-t-ils. Pour eux, le ciel et la lumière de Rome caractérisent la Ville Eternelle. C’est par ce jeu et par l’affinement de la silhouette bâti qui se termine en porte-à-faux large de 4 m qu’ils ont cherché à effacer la masse. En effet, la façade rideau en verre collé comprend 7 teintes différentes. Réponse à des contraintes énergétiques, les 7 nuances des bandeaux de verre pliés en accordéon servent surtout à maximiser les effets de réflexions. Les architectes évoquent alors un « ciel vertical (sic) » et une « vague dentelée ».« La masse ancrée au sol laisse place à un corps planant dans les airs » disent-ils. Le mastodonte se dresse comme une lame de verre tranchante dans le ciel, dirons-nous.
Proposant un dispositif perceptif questionnant la métamorphose de la masse en un voile discret, les architectes invoquent aussi bien le baroque et ses jeux de trompe-l’œil que le cinéma futuriste : « nous aimons la question du cinéma et la mise en scène des réalités. Le cinéma change les relations entre voir et regarder. Cette notion peut s’appliquer à l’architecture. C’est l’acte de voir qui est très important », nous dit Alfonso Femia.
Cependant, le trop-plein d’effet, qu’il réside dans la matérialité ou dans la composition architecturale complexe, peut surtout s’apparenter à une surenchère techno. Quoi qu’il en soit, la résultante est une architecture puissante, voir même tranchante qui, pour sûr, devrait faire parler d’elle dans la ville éternelle.
Amélie Luquain
Chiffres : 235 m de longueur ; 50 m de hauteur ; 12 étages hors-sol ; 4 niveaux de sous-sol ; 5 000 m2 parcelle ; 75 000 m2 construits ; 39 000 m2 de surface utile : bureaux, restaurant, auditorium ; 30 000 m2 de façades en verre et céramique ; 53 procédures administratives pour obtenir le permis de construire ; 24 mois d’études ; 36 mois de chantier ; 83 millions d’euros ; 3300 employés accueillis à partir de 2017 ; 4 à 18 m d’épaisseurs des fondations ; 46 € cout de la pièce céramique
Fiche technique : Maitrise d’ouvrage : BNP Paribas Real Estate. Maitrise d’œuvre : 5+1AA architectures Alfonso Femia Gianluca Peluffo. BET : structure Redesco, Fluides et environnement Ariatta Ingegneria, OPC Starching – Studio Architettura Ingegneria. Lieu : Rome / Tiburtina. Programme : Siège social BNL – BNP Paribas. Surfaces : 70 000 m2 bati et 43 000 m2 SHON. Coût : 83 M € HT. Calendrier : 2012 concours, 2014 chantier, 2016 livraison
En mai prochain, le Chili participera, en tant qu’invité d’honneur, à la Biennale internationale des métiers d’art et de la création qui se tiendra au Grand palais sous le nom de Révélations 2017. De quoi renforcer les relations franco-chiliennes et poser l’artisan comme créateur.
En amont de cette participation, des séminaires ont été organisés dans tout le pays afin de réfléchir à ce qu’est la création contemporaine au Chili. Mettant en valeur des savoir-faire millénaire et des matériaux nobles, seront exposés au salon Révélations des pièces travaillées dans le bois, le cuivre, la céramique, des nouveaux modes de tissages, un travail à base d’algues… L’occasion aussi de fêter le centenaire de l’artiste Violetta Para, icône de l’imaginaire chilien.
En images, les créations dévoilées le 11 janvier dernier à l’Ambassade du Chili par Nury Gonzalez, Directrice du musée des Arts Populaire Tomas Lagos, et curatrice de la participation chilienne au salon Révélations 2017
Lotissements en tous genres, cités-jardin, village-jardin, lagon jardin, géomètre vs architectes, Buren vs Fainsilber, route photovoltaîque, bassin à flop à Bordeaux, de l’argent pour le virtuel : la revue de presse du 10 janvier 2017
Lotissement : des projets au mètre ?
L’année 2016 s’est achevée sur une offensive médiatique de l’Ordre des géomètres-experts, en colère contre la loi CAP et sa disposition « fixant, avec complaisance, un seuil particulièrement bas, à 2500 m2, », aboutissant à ce que « le gouvernement détourne l’esprit de la loi et rend(e) ainsi systématique le recours à un architecte » pour la création de lotissements pavillonnaires. Le dispositif « n’apportera à lui seul aucune garantie quant à la qualité des lotissements… mais augmentera avec certitude le coût des projets. Le gouvernement sacrifie ainsi l’urbanisme au profit d’intérêts corporatistes » affirme sans sourciller la corporation de géomètres en colère, qui s’auto proclame, toujours sans rigoler, « spécialiste de l’urbanisme et experts de l’aménagement des territoires ». Catherine Jacquot, présidente de l’Ordre des architectes (CNOA), nie vouloir se passer de cette profession, qui, telle qu’elle se décrit « identifie, délimite, mesure, évalue la propriété immobilière publique ou privée, bâtie ou non ». La conception est la grande absente de cette fiche de poste. Les géomètres-experts plaidaient pour la fixation du seuil à 10 000 m2 pour les communes sans PLU et 20 000 m2 pour celles avec. Le CNOA proposait 2000 m2, en accord avec le SNAL (Syndicat des aménageurs-lotisseurs), association de deux métiers bien distincts démontrant la mauvaise foi des accusations de corporatisme agitée par les géomètres. Polémique à suivre en 2017.
Vue de l’allée principale du lotissement de la Tourelle à Maule (Yvelines) J.H. Mora via le monde
Ville jardin : des « cités » aux « villages »
L’ombre d’Hebenezer Howard, théoricien des cités-jardin, plane sur l’urbanisme anglais depuis 1898, date de diffusion de son modèle urbain alternatif. L’ancien ministre du budget Brandon Lewis était contre le dernier avatar de ces cités, les « top-down eco-towns » (écoquartiers planifiés au plus haut niveau de l’Etat), voulu par le gouvernement précédent, au motif que ce type d’urbanisation encourageait l’étalement urbain, contre lequel Lewis entendait lutter. Volte face de Gavin Barwell, son successeur, en fonction depuis juillet 2016. Ce dernier vient d’annoncer le 2 janvier le lancement d’un programme d’investissement de 7,4 millions de livres pour encourager la livraison de 14 « villages jardins » de 1 500 à 10 000 maisons chacun, pour un total de 48 000 logements. « Les villes et villages jardin ouvrent une énorme opportunité de répondre à la demande de logements dont les citoyens ont besoin. Les nouvelles implantations n’offrent pas uniquement des maisons, elles apportent de nouveaux emplois et services et favorisent l’économie locale. Elles pourraient fournir au moins 200 000 logements », affirme Barwell. Il voudrait peut-être l’aide d’un de nos géomètres-experts ?
Finalement, s’embarrasser de choses comme un terrain à lotir/batir n’est-il pas dépassé, « so 1.0 » comme on dirait dans les start-up ? C’est justement du côté des entreprises innovantes florissant dans le secteur numérique que l’on imagine un nouveau modèle urbain « au milieu d’un lagon, des îles artificielles ancrées sur les fonds marins sous forme de plateformes modulables reliées les unes aux autres et utilisant l’énergie solaire. Le tout bourré de nouvelles technologies et pouvant accueillir des habitations, des commerces ou encore des instituts de recherche ». Cette Venise du futur à faire pâlir d’envie les métabolistes japonais des années 60 n’est pas un énième rendu de l’architecte Vincent Callebaut. « Cela pourrait prendre vie prochainement en Polynésie française. Le lagon de Raiatea, celui de Tupai ou la baie de Phaëton, à Tahiti, pourraient devenir l’écrin de ces villes du futur ». Promoteur du projet, l’ONG Seastanding, regroupant les entrepreneurs de la Silicon Valley dont Patri Friedman, petit fils du libéral Milton Friedman, ou le cofondateur de Paypal, Peter Thiel, qui se rendront le 13 janvier prochain à Tahiti pour voir s’ils peuvent y implanter leur paradis pour Geek. Il ne s’agit pas juste de se loger au soleil, mais aussi de s’affranchir des règles étatiques en créant des structures de gouvernance indépendantes, suivant l’exemple de Sealand, micro-état ancré à 10 km des côtes anglaises revendiquant son indépendance depuis 1967. L’accord prévoit que soit « créée une structure légale pour des « zones de mer » avec une « structure de gouvernance spéciale » ». 30 à 50 millions de dollars seront investis pour la création de deux ou trois plateformes flottantes, prélude à la construction d’une cité-lagon plus vaste. Une vitrine incroyable pour les archipels menacés par la montée des eaux pour Edouard Fritch, président de la collectivité d’outre-mer s’apprêtant à ratifier l’accord, havre libertarien où fonder une nouvelle civilisation pour les autres.
Contre sa volonté, la ville de Mossoul menace de se retrouver sous les eaux du lac de retenu de son barrage : un problème plus grave que les armée d’ISIS (Islamic State of Irak and Syria), affirme le New Yorker. La guerre n’est pas pour rien dans les problèmes de l’ouvrage, conçu pour résister aux bombardements, mais pas à un déficit de maintenance lié à un défaut originel de conception. Voulu à tout prix par Saddam Hussein, le barrage est construit sur un terrain gypseux que dissolvent les eaux d’infiltration. Pour maintenir la structure de l’ouvrage, il faut sans cesse injecter du béton dans les cavités qui se forment dans son sous-sol. En faisant fuir les employés chargés de cette opération, le conflit a stoppé cette maintenance. Le barrage de Mossoul serait le plus dangereux du monde, et son effondrement imminent menace la vie d’un demi-million de personnes.
According to a U.S. Army Corps of Engineers assessment, “Mosul Dam is the most dangerous dam in the world.” Photograph by Victor J. Blue for The New Yorker
A Bordeaux, les bassins (coulent) à flot
Lancés sous le vocable plus appétissant d’écoquartier, les lotissements – au sens strict du terme – bordelais de Ginko et des bassins à flots ne ravissent pas leurs occupants. Aucun n’en meurt, mais tous sont touchés « si les propriétaires ne préfèrent pas s’exprimer, craignant qu’une mauvaise publicité sur le quartier conduise à une dévaluation de leurs biens, les locataires sont exaspérés et le disent », selon 20 minutes. Ils se confient volontiers au quotidien gratuit : » « Je suis locataire depuis un an et demi et je n’achèterai jamais, ça, c’est sûr », lâche Sophie Massou, qui occupe un logement dans le quartier Ginko, construit par le promoteur Bouygues Immobilier. Depuis environ un an, il lui faut choisir entre le chauffage et l’eau chaude, à cause, explique-t-elle, d’un problème d’encrassement de collecteurs de la chaufferie centrale, qui alimente 2 200 logements. « J’ai envoyé des recommandés et des dizaines de mails », soupire-t-elle ». Travailler est aussi problématique qu’habiter « Cédric Montet, un jeune entrepreneur qui avait jeté son dévolu sur le quartier des Bassins à flot, sur lequel une dizaine de promoteurs travaille (Kaufman & Broad, Nexity, Vinci…), s’en mord aujourd’hui les doigts. « Nous avons pris un bail aux Bassins à flots au début de l’été 2015 et avons dû constater des infiltrations d’eau à plusieurs reprises au sein des locaux lors de fortes pluies. Cela a un impact sur notre activité d’hébergeur de vidéo puisque l’eau peut toucher les serveurs sur lesquels nous hébergeons les données sensibles de nos clients ». Promoteurs et habitants se renvoient la balle. Au milieu, les élus, qui « n’ont aucun moyens pour discipliner les promoteurs », constate Philippe Dorthe, conseiller départemental et régional (PS), rappelant que le secteur aurait pu être aménagé dans le cadre d’une Zone d’aménagement concerté (ZAC), ce qui aurait permis aux pouvoirs publics de garder la main sur le quartier. Pour préparer l’avenir, une charte du bien construire est en cours d’élaboration dans les bureaux de Bordeaux-Métropole, qui jure que les fautifs ne seront pas les bienvenus sur les opérations à venir.
Vue sur le quartier des Bassins à flot sur lequel l’ensemble des aménagements seront terminés d’ici 3 ans -ROUSSEL/SIPA via 20 minutes
Qu’il était vert mon Ikéa
Question à 1000 euros : pourquoi, à Caen, Ikea a-t-il acheté une parcelle 49 000 m2 pour y construire un bâtiment de 19 500 m2 ? Parce que l’enseigne suédoise pratique la « stratégie du « pied dans la porte » explique Franck Gintrand, consultant qui détaille cette méthode, « couramment pratiquée par les constructeurs d’hypermarchés et de centres commerciaux, (qui) consiste à déposer une demande permis de construire limitée à un magasin et à ses annexes, puis, dans la foulée de l’ouverture, à demander une extension ». Après l’ouverture de son magasin en 2011, Ikea a déposé une demande d’exploitation pour une grande galerie commerciale de 30.000 m². Que les élus de l’agglomération, hormis celui de la commune où est édifié le magasin, soient vent debout contre ce centre qui aspirera toute la clientèle des autres commerces n’y fait rien. Depuis le vote de la Loi de Modernisation de l’Economie (LME), supposée pallier à un défaut de libre concurrence identifié par la Commission européenne, « les politiques français ne peuvent plus s’opposer à la multiplication des mégas pôles commerciaux » explique Gintrand. Le seul levier susceptible de contrer ces mastodontes est environnemental « Dans un contexte où l’État incite les collectivités à favoriser la densification plutôt que l’étalement urbain, ce critère devrait par avance condamner toutes les zones commerciales implantées en plein champ. Dans les faits, il n’en est rien. Un coup de peinture verte, quelques panneaux solaires et le tour de greenwashing est joué : n’importe quel centre commercial peut se voir qualifié d’environnemental. Dans le cas d’Ikea, une toiture végétalisée et la plantation de 800 arbres auront ainsi suffi à la cour d’appel de Nantes pour donner son blanc-seing ». Des arbres de Noël recyclés par le marchand de meuble suédois ?
Dans ces chroniques noires de l’urbanisme, Bougival, commune de 8 800 âmes des Yvelines, envoie un signal d’espoir. La ville va reconvertir un terrain de foot déclassé d’une façon originale : « l’espace est là. Il attend les coups de pioche d’un ou de plusieurs producteur locaux, d’une association de type AMAP ». Le maire veut promouvoir la permaculture sur les anciennes pelouses des pousseurs de balle. Il a lancé un concours pour choisir « le projet (ayant) dans son ensemble vocation à créer un espace de vie et d’animations. Il devra aussi devenir un démonstrateur d’agriculture urbaine pour les autres collectivités et partenaires, ainsi qu’un outil pédagogique à destination des jeunes générations (écoles, centres d’apprentissage…). La municipalité mettrait à disposition l’ancien local du gardien du parc Vieljeux pour la transformation des produits et la vente directe ». Le lauréat sera désigné en septembre, la première vente est programmée à l’horizon 2021. Un ballon s’éloigne, une courgette s’éveille.
Le destin agricole des terrains de football de Bougival a beaucoup moins attiré l’attention que la transformation d’une route du Perche en ferme solaire. Longue d’un kilomètre pour une surface de 2800 m2, ce tronçon de route solaire développé par une filiale de Colas a été inauguré en grande pompe par Ségolène Royal. Le ministère de l’environnement fait la promotion de cette chaussée pouvant selon lui subvenir aux besoins d’énergie électrique de 5000 maisons par kilomètre installé. Chiffre divisé par 100 par le site Reporterre, qui estime les capacités d’alimentation à 50 maisons pour un coût de 100 000 euros par foyers. Forcément jaloux, les observateurs étrangers se montrent moins enthousiastes que la presse nationale.« Les routes solaires semblent être un moyen de subventionner les entreprises françaises, pas un moyen de produire de l’électricité» dit une analyste de Bloomberg New Energy. Un deuxième affirme que le retour sur investissement est de… 170 ans, un analyste parle de non sens technique et économique, car «la route est le pire endroit pour les panneaux solaires ».« Même si vous veniez à manquer d’espace, vous mettriez les panneaux au-dessus des routes, et pas sur les routes», indique un quatrième sceptique. Un conseiller allemand en technologies propres qualifie l’opération de « gag de relation publique ». Une blague que l’on s’apprête à installer sur 1000 km de route.
Ca chauffe entre Daniel Buren, artiste, et Adrien Fainsilber, architecte. Une intervention temporaire du premier est installée pour deux ans sur la façade du hall d’un musée du deuxième « J’apprends donc par la presse que Monsieur Fainsilber, architecte du musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg, n’apprécie pas mon travail. C’est son droit le plus absolu bien entendu. Il indique, en critique d’art distingué qu’il doit être, les raisons de sa désapprobation : cette œuvre, dit-il, “reflète une incompréhension du site et de l’architecture. Elle remet en cause ses valeurs au profit d’un kaléidoscope de couleurs qui, de l’intérieur, brouille la perception du paysage environnant, et, de l’extérieur, présente une image réductrice de l’architecture”. Voilà pour la critique, critique d’autant plus intéressante que l’architecte en question, a refusé de mettre les pieds dans le musée depuis l’ouverture de l’exposition ! ». Dans la suite de sa lettre, Daniel rhabille Adrien pour l’hiver : « J’ai donc sur ce sujet une appréciation diamétralement opposée à celle de notre architecte-critique : pour la première fois, non seulement on aperçoit cette bâtisse de loin et de surcroît l’intérieur de ce grand hall d’entrée vit et se transforme sans cesse avec la course du soleil qui vient illuminer, grâce à la projection des couleurs traversées, tout l’espace du sol au plafond, alors que la configuration plutôt démesurée du lieu rend quasiment impossible habituellement tout usage muséal du dit lieu » avant de conclure « Ici, enfin une œuvre y vit et fait vivre tout l’ensemble. J’ai le regret d’informer son auteur que, sans mon travail, ce hall d’entrée est mortifère, ennuyeux et disproportionné par rapport au reste du building » . Ce système de filtre a-t-il le même effet sur la fondation LVMH, où Buren l’a également installé ? Frank n’a pas encore pris la plume pour protester.
Daniel Buren expose au musée d’art moderne et contemporain de Strasbourg. Photo – archives DNA
Loin du réel
La Startup IrisVR vient de lever 8 millions de dollars bien réels pour développer ses outils de réalité virtuelle à destination, entre autre, des professionnels de l’architecture et de la construction. Grâce à ces nouveaux fonds, IrisVR espère recruter des créateurs visionnaires et ingénieurs pouvant faire converger les mondes réels et virtuels “Jusqu’à présent, la VR a été victime de stigmatisation : simple gimmick, science fiction… Ces visions vont être invalidées. Il y a une véritable industrie qui s’emploie à changer l’utilisation de la VR. IrisVR est l’une de ces entreprises visionnaires. Pour le dire simplement, nous réinventons le processus de communication d’une vaste industrie. Pour les professionnels du design et de la construction, la vision est au cœur de chaque projet. IrisVR donne vie à cette vision” s’enthousiasme Shane Scranton, CEO et fondateur. ». Les lunettes, un bon moyen d’échapper aux lotissements pavillonnaires, zones commerciales et îles cauchemardesques dont le monde n’est que trop rempli.
Le Prix Mies van der Rohe récompense tous les deux ans la production architecturale européenne. Pour l’édition 2017, 356 réalisations ont été nommées dont 28 constructions françaises. Le prix de l’Union européenne pour l’architecture contemporaine sera décerné courant février, succédant au Philharmonic Hall de Barrozzi Veiga à Szczecin (Pologne).
Les Docks de Marseille, 5+1AA. Musée Arthur-Rimbaud à Charleville-Mézières, Abinal & Ropars. Centre de création contemporaine Olivier-Debré à Tours, Aires Mateus. Gare Saint-Roch à Montpellier, Archikubik. École de cinéma d’animation et résidence étudiante à Nantes, Armand Nouvet. La Philharmonie de Paris, Ateliers Jean Nouvel. Musée des insectes et folies à Paris, AWP associé à HHF. Ateliers communautaires à Poigny-la-Forêt, Boidot Robin. Complexe sportif Ariane Nice, CAB. Centre national des arts du cirque à Châlons-en-Champagne, Caractère spécial § associé à NP2F. Lycée hôtelier à Lille, Caruso St John. Palais de la musique et des congrès à Strasbourg, Dietrich Untertrifaller, associé à Rey-Lucquet. Ehpad et FAM à Orbec, Dominique Coulon. Restructuration du lycée Jean-Moulin à Revin, Duncan Lewis, associé à Jean de Giacinto et OFF Architecture. Salle de musique « La belle électrique » à Grenoble, Hérault Arnod. Reconversion des Magasins généraux à Pantin, Jung Architectures. 59 logements et les jardins Neppert à Mulhouse, Lacaton & Vassal. La Brigantine à Toulon, Martinez Barat Lafore. Extension d’une cave viticole à Montpelier, Michèle & Miquel. Maison du conseil général de l’Isère à Voiron, Perraudin Architecture. Archives de Bordeaux, Robbrecht en Daem. Mémorial du camp de Rivesaltes, Rudy Ricciotti, associé à Passelac & Roques. 4 logements et commerce à Paris, Septembre. Théâtre élisabéthain du château d’Hardelo à Boulogne-sur-Mer, Studio Andrew Todd. Extension du restaurant du centre Pompidou-Metz, Studiolada. Médiathèque Montaigne à Frontignan, Tautem, associé à BMC2. Musée du verre à Sars-Poteries, W-Architectures. Cité du Vin à Bordeaux, X-TU.
La cérémonie de remise des prix de la 5e édition du Trophée Béton école (organisée conjointement par Bétocib, CIMbéton, EFB et sous le patronage du ministère de la Culture et de la communication) s’est tenue le 5 janvier 2017 à la Maison de l’architecture en Ile-de-France. 4 projets ont été désignés lauréats parmi 10 nominés, 140 inscrits et 20 écoles d’architecture. Du 5 au 24 janvier, les 10 projets nominés sont exposés, faisant état d’une production éclectique.
Paul Chemetov, doyen du jury, apprécie ce trophée car « contrairement aux prix littéraires qui mettent en jeu des écuries, contrairement même au prix des plus grandes architectures dont les enjeux, l’argent et le pouvoir sont considérables, ici il y a en quelque sorte la fraîcheur d’un prix sans enjeux autres que les idées et les personnes qui les portent » nous dit-il. Pour lui, « on ne peut pas se passer de la réalité du béton en France. De toute façon, nous sommes tous contraints de travailler avec. On peut être contraint et être dans un déni de réalité ou au contraire se dire que nous en sommes » précise-t-il, avant d’ajouter « le plus bel immeuble est celui qui utiliserait le mieux le béton, l’acier, le bois, le verre, lorsqu’on est capable de combiner pour la meilleure performance chaque matériau et pour en faire un projet total. Un bâtiment tout en bois, tout en verre, tout en acier, il y en a certains qui ont essayé tout ça mais c’est impossible, ne serait-ce que pour des questions de lumière. »
1er Prix : Giula Mazza – « Un littoral : le béton entre le sable et la mer » – Monéglia (Italie)
ENSA Paris Belleville, sous la direction de Pierre Louis Faloci
Giula Mazza s’est formée à l’école polytechnique de Milan, de laquelle elle a tiré un enseignement théorique, avant de rejoindre l’école de Paris-Belleville, à l’approche pratique. Son projet, situé à Moneglia, dans le golfe de Gênes, en Italie, questionne la rupture entre la ville et son pendant maritime. L’infrastructure routière a coupé la ville de la mer, rompant son rapport ancestral à la pêche. L’orientation vers le tourisme et la privatisation des plages l’en a définitivement détournée. La jeune architecte projette un équipement de loisirs tentant une couture urbaine en redonnant des espaces publics côtiers aux habitants. Maison des pêcheurs, piscines d’eau salée et forum nautique sont conçus à partir de la technique du sand-casting, consistant à couler du ciment dans du sable modelé en négatif. En façonnant l’épiderme du bâtiment à partir du sable même, Giula Mazza a séduit le jury à l’unanimité, s’inscrivant dans une tendance territorialiste telle que vue par Vittorio Gregotti, membre de la Tendenza, selon José Ignacio Linazasoro Rodriguez ; un mouvement des années 70 qui trouve encore aujourd’hui son actualité.
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2ème prix : Lucas Huvet (architecte) et Bastien Beth (ingénieur) – « Une maison dans les Landes »
ENSA Versailles / École d’ingénieurs de Sceaux, sous la direction de Cédric Libert
Lucas Huvet et Bastien Beth ont travaillé sur un habitat alternatif et communautaire dans les Landes, rêve de jeunesse aux allures seventies. L’architecture locale et vernaculaire a dans un premier temps été regardée sans a priori, l’architecte constituant son vocabulaire pour transposer les qualités de l’habitat traditionnel dans le contemporain. Une fois extrapolée, cette analyse donne vie à un prototype en lien étroit avec la pinède environnante. Monté sur des échasses, il préserve le sol existant avec ses accidents, et constitue une forêt de poteaux. Bien que conçu en béton d’aiguilles de pins, matériau local et artisanal développé par le maçon Didier Cusseau, le jury se demandera tout de même s’il est bien raisonnable de faire une maison en béton dans une forêt ou le pin est présent en abondance. « Ni très réaliste, ni très pragmatique », ce projet séduit pourtant par sa fraîcheur et son utopie.
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3ème prix : Damien Girard – « Habiter la frange ferroviaire » – Feyzin (Rhône)
ENSA Lyon, sous la direction de Marc Bigarnet
Damien Girard, pour qui « la contrainte est vectrice de projet », inscrit son projet le long des voies ferrées aux abords de la ville de Feyzin (Rhône-Alpes). Se posant en parallèle de l’infrastructure, il propose un dispositif radical de 300 m de long constitué de longs murs sculptés dans lequel s’insèrent les blocs d’habitations ; le dispositif permet un nouveau type. Le béton cyclopéen utilisé pour la construction du mur antibruit se compose de débris de démolition et les lames habitables sont en « Cématerre », matériau issu d’une filière locale de réemploi.
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4ème prix : Dany Saouli – La réhabilitation du Beirut city center : de la ruine de guerre à la cinémathèque – Beyrouth (Liban)
INSA Strasbourg, sous la direction de Louis Piccon
Dernier vestige de l’époque moderne de l’architecture libanaise subsistant au centre ville de Beyrouth, et surtout dernier symbole de l’Age d’or du Liban, c’est à dire la période de l’indépendance s’étalant de 1943 à 1975, le Beirut city center est un bâtiment emblématique devenu lieu de rassemblement où la vie urbaine a pris place. Dany Saouli pose la question de son réemploi, dans un territoire où la reconstruction fut très controversée, avec plus de 85 % de tabula rasa. Ce mastodonte fut démoli en partie par l’État qui voulait implanter le ministère des finances, laissant derrière lui un grand vide à l’abandon. Le jeune architecte propose de redonner au bâtiment sa programmation originelle, le cinéma. Trouvant le juste milieu entre conservation, démolition et construction, il instaure un dialogue à partir du béton entre deux temporalités, redonnant à ce monument son éminence tout en préservant les stigmates de la guerre.
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Le Trophée Béton participe d’une visibilité de la production des écoles d’architecture. Cette année, le béton se veut local. Bien au delà de ses prouesses techniques et de sa robustesse maintes fois expérimentées, c’est sa sensualité qui est mise à l’honneur.
Amélie Luquain
Membres du jury : Bruno Mengoli, président du jury – architecte et directeur de l’école d’architecture de Paris – La Villette. Hélène Fernandez, sous-directrice de l’architecture, de la qualité de la construction et du cadre de vie du ministère de la Culture et de la communication. Dominique Boré, présidente de la maison de l’architecture en Ile-de-France. Gilles Davoine, rédacteur en chef de la revue AMC. Paul Chemetov, architecte – AUA Paul Chemetov. Frédéric Schoeller, architecte – agence Richard et Schoeller. Philippe Prost, architecte – agence d’architecture Philippe Prost. Aurélie Barbey, architecte – atelier d’architecture Aurélie Barbey. Cécile Graindorge, architecte – agence Bourbouze & Graindorge. Anémone Degand, architecte, 1er prix de la 4ème édition du Trophée béton. Philippe Clement, ingénieur – Batiserf. Claire Lebert, maître d’ouvrage et directrice du projet Paris Saclay. José Ignacio Linazasoro Rodriguez, architecte – agence Linazasoro & Sánchez Arquitectura (Madrid)
Première phase de l’opération réalisée pour le compte d’OPH-Paris Habitat, les logements sociaux de Soler et Ricciotti décontenancent les riverains de la Porte d’Auteuil (Paris 16e).
Entre les boulevards Suchet et Montmorency, le bailleur social Paris Habitat a fait en 2006 l’acquisition d’un terrain avec l’intention d’y développer un programme de logements sociaux. Trois ans après, les riverains entament un recours à l’encontre des permis de construire, arguant « les troubles engendrés par les travaux et le risque de voir leur propre bien déprécié », selon le quotidien 20 minutes. Le permis de construire sera annulé à plusieurs reprises, mais la cour administrative de Paris rejettera les requêtes et le chantier démarrera en 2014. Les six années de bataille juridique n’auront pas entravé l’architecture des bâtiments ni la composition des façades qui restent inchangées depuis l’obtention du permis de construire. Le 16e arrondissement n’en est pas à son premier essai dans l’exercice de son sport favori antisocial, au vu des polémiques qui ont animé la construction du centre d’hébergement d’urgence de moon et air architectures et les logements sociaux de Projectiles*. Et ce bien que ce « ghetto de riche » compte actuellement moins de 5 % de logements sociaux, quand la loi fait obligation d’en avoir 25 %.
ZAC versus Nouveau Haussmannien
Le plan masse des quatre bâtiments dressés dans un parc et l’écriture compacte de l’opération globale ont été ordonnancé à huit mains dès le concours. L’équipe de maîtrise d’œuvre – composée de Francis Soler, Rudy Ricciotti, Finn Geipel sous la coordination d’Anne Demians – prône une réflexion d’ensemble par opposition au ZAC qu’ils condamnent à juste titre. « Je ne m’intéresse plus aux zones d’habitat sans dispositif général, comprenant juste des gabarits. Je ne veux plus participer à cela » avance Francis Soler, bien que la différence n’apparaisse pas toujours. Les architectes proposent une volumétrie qu’ils disent inspirée de l’esthétique et du « bon sens » haussmannien, reprenant « des gabarits haussmanniens avec des matériaux contemporains », précise l’architecte, qui va jusqu’à se poser en avant-gardiste. Un haussmannien qui prend quelques libertés vis-à-vis de son modèle en s’affranchissant notamment de l’alignement, de la continuité sur rue et de la hauteur. Soler questionne l’hétérogénéité : « je m’interroge sur le quartier de la Seine Rive gauche (dans lequel il a construit ndlr) et sur la sacralisation des écritures. Je pense que les règles dans la perception de la ville sont apaisantes », nous dit-il.
Soler et Ricciotti, même écriture ?
Afin de réduire les différences entre les architectures et d’éviter l’écueil de l’individualité, les architectes ont eu pour méthode originale de mutualiser leurs prises de décisions via une centrale d’achat, sorte de matériauthèque comprenant une gamme d’éléments assemblables. Volumétries, vêtures, vérandas, volets et garde-corps s’harmonisent dans une tonalité grise RAL 9007. Baie à galandage et système en accordéon sans seuil sont inscrit à ce catalogue qui n’est pas chiche sur les prestations. Par ce travail, l’équipe de maîtrise d’œuvre mène aussi une réflexion sur la façon de faire cohabiter, sur une même parcelle, logements sociaux et en accession, sans différence de prestation constructive les distinguant les uns des autres. Une drôle de mixité par bloc – des logements sociaux au nord de la parcelle et des logements en accession au sud, actuellement en chantier – et non pas par immeuble malgré les 4 cages d’escaliers.
Du social au privé, du rez-de-chaussée à l’attique
Repartis sur les deux bâtiments de dix niveaux, les 176 logements de Soler et Ricciotti, allant de 33 à 98 m2 sont ceinturés de minces vérandas. Juste reprise du balcon parisien, leur étroitesse est justifiée par « la perception et l’impression physique d’agrandissement de l’espace disponible pour habiter », à défaut d’être une pièce en plus. Pour des raisons de transformabilité, les architectes évoquent un « plan libre », mais l’on retrouve les sacro-saints murs de refend propres aux opérations de logements, qui ne s’affirment pas aussi mutable**. Seul le dernier niveau de chaque bâtiment, en attique, diffère. Il est occupé par de trop modestes T3 compensés par de grandioses terrasses avec vue époustouflante sur la Tour Eiffel, La Défense, l’hippodrome, les penthouse avoisinants et le stade Jean Bouin de Rudy Ricciotti (toujours lui). En juillet 2017, l’opération sera complétée par deux autres immeubles en accession, d’Anne Demians et Finn Geipel, pour le compte de COGEDIM, aux tarifs bien plus élevés. La différence entre l’opération sociale et le privé se nicherait-elle dans le parquet ?
*Voir Projectiles, Le Cri de la Muette, un projet de muraille parquant le 16e arrondissement chez lui, rempart ironique contre la mixité sociale
**L’agence Francis Soler précise : « Il n’y a pas de murs transversaux. Le bâtiment est porté en façade et par les noyaux centraux ce qui libère le plan », avant d’ajouter « les appartements sont séparés par des cloisons, des murs sont en composites légers et démontables tout en respectant les normes d’acoustique. » Ci-dessous, le plan fourni par l’agence
Amélie Luquain
Fiche technique : Logements Gare d’Auteuil / Francis Soler (bat A) / Rudy Ricciotti (bat C), dans le cadre d’une opération globale de quatre bâtiments, avec Anne Demians (bat B) et Finn Geipel (bat D) comprenant 354 logements, avec crèches, jardins et parcs de stationnement. Lieu : Place de la Porte d’Auteuil, Paris 16e Maîtrise d’ouvrage : Paris Habitat BET : VP GREEN structures façades / ALTO INGENIERIE fluides / JEAN PAUL LAMOUREUX acoustique / URBATEC – VRD / CASSO & ASSOCIES – SSI / PARICA économiste / LOUIS BENECH paysage Performance énergétique : Plan Climat Énergie de Paris / Cerqual / Certification THPE / RT 2005 -60% Programme : 98 logements (bat A) + 79 logements et une crèche (bat C). 3 niveaux de parking en sous sol, 273 places au total Surfaces : 7343 m2 SHON (bat A) et 7 704 m2 SHON dont 696 m2 de crèche (bat C) Surface jardins privés : 2500 m2 Calendrier : Concours 2008 / PC obtention juin 2009 / PCM2 septembre 2011 / PCM3 juin 2013 / livraison octobre 2016 Montant global des travaux, budget actualisé 2009 : 15 M€ HT (bat A) et 17 M€ HT (bat C)
Courtesy Francis Soler architecte – Rudy Ricciotti / Jean-Pierre Porcher
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