Les lauréats d’Europan 14 imaginent des villes productives 1/3

Les lauréats d’Europan 14 imaginent des villes productives 1/3

 

Le concours d’idées d’architecture et d’urbanisme EUROPAN, créé en Europe sur le modèle français du PAN, Programme d’Architecture Nouvelle qui a consacré toute une génération d’architectes reconnus, propose depuis plus de 20 ans aux jeunes professionnels de moins de 40 ans, un concours d’idée ouvert, d’après une thématique spécifique, sur sites réels proposés par des municipalités dans une vingtaine de pays. Vendredi 1er décembre, Europan France a dévoilé parmi 273 projets rendus les 33 équipes sélectionnées sur les 11 sites français proposés. Chaque site a primé trois projets : un lauréat, un mentionné, et une mention spéciale. En outre, le jury national a choisi de distinguer hors-palmarès un projet dit « remarqué » sur le site de Lille. Ce jury était constitué́ de représentants de la commande publique et privée en France, de professionnels architectes urbanistes et paysagistes européens.

 

Guebwiller, l’attrait du paysage 

Pour cette 14e édition, la thématique « villes productives » initiait l’idée de réintégrer l’économie productive dans les villes par le biais de de proximités proactives, économies circulaires proches, alternatives de co-production, éco-partage. Guebwiller, une ville moyenne du Haut Rhin, a su séduire avec 42 projets rendus. Ses attraits touristiques y sont certainement pour quelques choses : forêt, vignoble, patrimoine … Ce territoire étroit, qui s’étire le long du fleuve à l’entrée d’une vallée vosgienne se distingue tant par son paysage de coteaux que par son ancien site industriel revêtu de brique rouge. Les uns viennent densifier d’équipements les lieux sur la même trame orthogonale que celle existante, les autres répondent d’une acupuncture urbaine combinant revalorisation du paysages, identification de nouveaux support dédiés à l’économie circulaire et développement de mobilité.

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Grigny / Ris-Orangis, le désamour d’une ville nouvelle

Le site de Grigny / Ris-Orangis, qui souhaite intégrer le Grand Paris Sud, est celui qui a le moins captivé avec tout de même 15 projets rendus. Ancien eldorado de la classe moyenne, sa géographie est révélatrice des stigmates d’un urbanisme autoritaire, qui n’a pas échappé à 30 ans de crises. Le site de projet se distingue en deux parties très différentes : celle de la très dense copropriété de Grigny 2 et la friche industrielle des Terres Saint Lazare. Il se singularise aussi par ses capacités en géothermie avec deux forages en cours d’exploitation, et des ressources d’eau chaude locale (lac de l’Essonne, aqueduc, château, d’eau …). Réseau énergétique qu’ont mis en valeur les lauréats, tandis que les seconds semblent avoir privilégié une mise en réseau des moyens via une application. _AL

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Les prochaines semaines, la suite en image des 33 projets retenus sur les 11 sites Europan France

Pour mieux comprendre les enjeux du concours et des différents sites, lire aussi :  Europan 14 : les villes productives ainsi que les volets 2 et 3 des résultats du concours Les lauréats d’Europan imaginent des villes productives 2/3 et Les lauréats d’Europan imaginent des villes productives 3/3

 

 

Les cent formes de la folie architecturale : la revue de presse du 5 décembre 2017

La LC4, chaise longue ou star du porno ? — Archisutra, le Kama Sutra pour architectes — Un dôme et un tore pour Dubaï — Dubaï : sauver le patrimoine grâce à l’énergie — Comment Vincent Callebaut reconstruirait Mossoul — Quand « Guitare » rime avec « Canard » — 5 raisons de supporter Calatrava — Tour en cours à Toulouse — Mr. Bean chez Richard Meier. La revue de presse du 5 décembre 2017 

 

 

Du X pour la LC4

C’est un versant de la Corbumania peu connu, ou que ceux qui connaissent prétendront ignorer : l’utilisation du mobilier du Corbu dans le cinéma porno, en particulier de la LC4. La chaise longue où se reposait Charlotte Perriand, sa co-conceptrice, a été rebaptisée candidement « la chaise à baise » dans un film dont on ignore le nom. « Elle fait partie de ces objets qui ont été tellement utilisés dans les films X qu’ils sont devenus un peu comme des amis pour les chefs déco. J’aurais rêvé d’avoir cette pièce de Le Corbusier dans mon arsenal », confie Christopher Norris qui a longtemps été en charge de la décoration sur les tournages du site kink.com. Augustine et Josephine Rockebrune (de Cap Martin) on consacré un ouvrage à cette pièce de mobilier, qu’elles ont recherché dans 800 films disponibles sur le web « Nous avons trouvé nous-mêmes les cent premières scènes. Pour effectuer le reste des recherches, nous avons embauché sur le web de la main-d’œuvre basée à Chandigarh. C’était notre façon de rendre hommage à Le Corbusier, mais aussi à l’Inde qui est l’un des plus gros consommateurs de porno en ligne. » Un travail sans nul doute harassant, au terme duquel on peut avancer deux hypothèses quant à l’omniprésence de la LC4 sur les plateaux pornos : le tournage dans une poignée de maisons louées dans la vallée de San Fernando, et la versatilité de l’objet « Il suffit que les chefs décorateurs équipent ces propriétés de quelques (fausses) chaises Le Corbusier pour que l’objet finisse par apparaître partout à l’image. (…) Dans le milieu du X, avec le rythme effréné des tournages, le décorateur doit pouvoir créer un nouvel espace en réagençant différemment les éléments qu’il possède », explique Christopher Norris. L’historienne du design Alexandra Midal prophétise «  Maintenant, ce fauteuil incarne certainement pour une génération entière quelque chose de l’ordre de la pornographie. C’est formidable d’emmener par exemple des étudiants au MoMA pour voir ce fauteuil. Car ils diront : “Ah je l’ai vu dans un porno !” ». Utiliser le porno pour promouvoir l’archi moderne : une tactique déjà employée par Hugh Heffner, qui se servait de son magazine Play Boy pour faire la propagande du mobilier design.

Via Slate 

Photos DR via Slate

 

Sex and the archi

Ne dites plus « je regarde des livres de “boules” », mais « j’approfondis ma connaissance de l’architecture ». Les sœurs Rockebrune ont rassemblé les ébats des acteurs du X sur chaise longue LC4 dans un ouvrage intitulé « We don’t embroider Cushions here* » — commentaire que Le Corbusier avait lancé à la jeune Charlotte Perriand qui venait lui présenter son portfolio. Miguel Bolivar, un architecte installé à Londres, vient de publier Archisutra, version architecturale du Kamasutra. Oubliez la vague, le grand pont ou le derviche à grand braquet : l’art d’aimer rejoint ici l’art de bâtir, et les positions se réfèrent à l’architecture, prenant le nom de Eames it in, the Petronas, Truss me. Elles sont illustrées par des personnages normalisés tracés au normographe – détourné ici en pornographe – avec indication des angles à respecter façon Neufert. Après le Modulor, de Le Corbusier, le Copulor, manuel orthonormé de l’amour en bâtiment ?

* Ici, on ne brode pas des coussins

Via Dezeen 

Match Dubaï/Abu Dhabi : bientôt 1 dôme partout

Après les folies du corps dans l’architecture, place aux folies architecturales tout court. Cap sur les Émirats Arabes Unis, ou le vent du délire bâtisseur souffle plus fort qu’ailleurs. Dubaï, sans doute jaloux du dôme du Louvre d’Abu Dhabi, annonce qu’il construira un dôme de 67,5 m de haut et large de 130 mètres à l’occasion de l’Expo 2020, suivant des plans de Adrian Smith + Gordon Gill Architecture. Quand Abu Dhabi exprime le poids du dôme de Nouvel en équivalent tour Eiffel, Dubaï préfère utiliser des unités plus locales : son ouvrage, utilisant 13 600 mètres d’acier, pèsera le poids de 500 éléphants, soit 2 265 tonnes. « Je suis très impatient de voir ce dôme s’élever et prendre forme, déclare Ahmed Al Khatib, Vice président de l’immobilier à l’Expo 2020. à l’occasion de l’attribution du marché à la société Cimolai Rimond. “Les dimensions de la structure sont impressionnantes — assez grande pour héberger un Airbus A380 d’Emirates, avec une surface au sol équivalent à pratiquement cinq terrains de football” ». Autant d’idées pour la reconversion du site quand l’expo aura fermé ses portes.

Via Albawaba

 

Match Dubaï/Abu Dhabi : 1 tore à 0

Le dôme n’est que la première cartouche de la riposte architecturale Dubaïote. L’Émirat a dans ses cartons un autre projet, le musée du Futur, qui remporte déjà un prix alors qu’il n’est même pas sorti de terre. L’Autodesk University 2017 a attribué son trophée AEC (Architecture, Engineering and Construction) à ce projet conçu en BIM, catégorie Édification : « Le musée sera implanté à côté des tours Emirates, à Dubaï, et aura la forme d’un tore déformé, avec une façade de verre et d’acier inoxydable sérigraphié d’une calligraphie arabe rétroéclairée ». Selon le jury, « alors que l’intérieur de bien des musées regarde vers le passé, dans ses sept étages, le musée du Futur présentera des expositions d’innovation et d’incubation de nouvelles idées, et de plus sera équipé d’un laboratoire et d’un auditorium pour 400 personnes ». Nous voilà rassurés : la forme du lieu laissait penser que le musée serait dédié à Spirou, personnage de BD évoluant dans un univers peuplé de bâtiments virgulomorphes (soit en forme de virgules).

Via Clarin

impact. La forme torique du futur musée de Dubaï via Clarin

 

Derby dubaïote : passé contre présent

L’architecture spectacle n’est que le versant médiatique d’une fièvre constructive toujours haute à Dubaï « Nous voyons, dans notre quotidien d’ingénieurs structures, beaucoup de bâtiments anciens, historiques et culturels être démoli pour laisser la place à de nouveaux bâtiments, explique Mohamad Khodr Al-Dah. Nous démolissons une villa pour construire un immeuble de quatre étages. Puis, avant que l’on s’en rende compte, on détruit l’immeuble de quatre étages pour construire une tour de 20 niveaux », poursuit l’ingénieur, conscient des conflits d’intérêts générés par sa position. La construction d’une tour donne du travail et fait tourner les bureaux d’études, mais la destruction continue risque de faire perdre le patrimoine architectural de l’Émirat. Le performance based contracting — contrat avec résultat — pourrait peut-être favoriser la réhabilitation plutôt que la destruction. Avec ce système, c’est l’entreprise qui finance les travaux et la modernisation des équipements fluides : elle se paie sur les économies d’énergie réalisées. Les propriétaires ne déboursent pas un sou. Ceux qui voudraient faire valoir un manque à gagner (un immeuble de trois étages rapporterait 54 451 US $, contre 544 514 US $ pour un bâtiment qui en compterait dix) pourraient se voir accorder une subvention ou faire racheter leur immeuble par le gouvernement. Il est des lieux ou rester bas coûte de l’argent…

Via Construction Week On Line 

 

Ruches saoules à Mossoul

Mossoul libérée, mais Mossoul dévastée. « La vieille ville a été laminée, ses immeubles écroulés, ses ruelles anéanties. Les quartiers de la rive ouest n’existent pratiquement plus et la mosquée Al-Nouri et son minaret ont été dynamités par Daech. Au total, entre 50 et 75 % de la ville ont été rayés de la carte, ne laissant que des millions de tonnes de gravats. Selon le gouvernement irakien, il faudra plus d’un milliard de dollars pour réhabiliter les services de base à Mossoul. Près de 700 000 habitants ont fui la cité et ne sont pas rentrés », relate l’édition belge de Paris-Match. Vincent Callebaut, connu pour ses visions futuristes, a un plan pour reconstruire la ville martyre « Fasciné par les villes vertes, cet architecte souhaite non pas reconstruire la ville à neuf vers sa périphérie, mais la recycler depuis son cœur. ‘Les pelleteuses commencent à déblayer les gravats… Dans une logique d’économie circulaire et d’upcycling, tout ce qui peut être réutilisé, recyclé et transformé doit être inventorié et valorisé’, explique-t-il. Il a donc imaginé ‘Les 5 ponts agricoles’, un projet qui vise à reconstruire les cinq ponts de Mossoul qui reliaient les quartiers ouest et Est avant d’être détruits par l’armée irakienne pour encercler Daech ». L’ensemble évoque un avatar d’Habitat 67 en version orientale, rappelant l’architecture indienne et le croisement d’une ruche avec les jardins de Babylone. Mais comment construire cette opération de 55 000 logements possédant potagers sur le toit ? Vincent a un plan : il « souhaite s’appuyer, une nouvelle fois, sur la technologie et cinq imprimantes 3D en forme d’araignées articulées. Des drones autonomes leur apporteraient, en continu, des matériaux de construction provenant des quartiers en ruines, préalablement broyés et transformés dans des recycleries. Grâce à ces ressources, les araignées robotisées pourraient ainsi imprimer les modules d’habitation ‘en dirigeant n’importe quelle buse de construction comme celles utilisées pour verser le béton et les matériaux isolants ou encore en utilisant une tête de fraisage ». C’est comme si c’était fait…

Via Paris-Match

Le projet est intitulé « Les 5 ponts agricoles » | © Vincent Callebaut Architecture via Paris Match

 

Guitarchitecture

L’information était presque passée inaperçue, et pourtant, comme le dit justement Charles Trainor, journaliste du Miami Herald « Hard Rock n’a pas donné dans la finesse sur ce coup ». La chaine aux 168 cafés, 23 hôtels et 11 casinos célébrait fin octobre le lancement du chantier de son nouvel hôtel. Au son de la batterie de Nicko McBrain, batteur d’Iron Maiden, les dignitaires des tribus indiennes Seminole, nouveaux propriétaires de la chaîne, et les pontes du Hard Rock, brisaient en cœur une guitare acoustique sur une guitare électrique pour annoncer la construction de leur tour hôtelière… en forme de guitare ! James Allen, Directeur général du groupe, se rappelle avoir eu l’idée d’un hôtel guitaromorphe en 2007. « À l’époque, même les architectes chargés du projet ne comprenaient pas ma vision. Leur premier projet accolait un bloc rectangulaire à une façade de verre en forme de guitare. (…) J’ai dit, nous parlons bien d’un bâtiment qui prend effectivement la forme d’une guitare », a dit Allen lors de l’inauguration « C’est un autre moment de ma vie où les gens ont vraiment pensé que j’étais totalement dingue ». Ses architectes auraient-il mieux compris s’il avait demandé un canard architectural prenant en l’espèce la silhouette de l’instrument roi du rock ? Peu importe, Allen jubile « il n’y a vraiment, sans aucune exagération, rien de comparable au monde ». Dommage que sa guitare soit privée de manche avec restaurant panoramique. McBrain a également exprimé ses regrets à la presse « où est l’hôtel en forme de batterie ? ». Heureusement qu’Hard Rock est peu versé dans la musique symphonique : son complexe hôtelier s’étendrait de Miami à New York.

Via Miami Herald 

http://www.miamiherald.com/news/business/article180878501.html

 

Valence : apprivoiser Calatrava

Une fois la folie construite, il faut vivre avec. Les Valenciens souffrant des projets de Calatrava l’ont bien réalisé, et tentent de trouver des raisons de vivre avec leur cité des sciences calatravesques disproportionnées, ou leur opéra qui perd son revêtement de carrelage. Un article envisage sous l’angle ironique la réconciliation de la ville avec le « divin de Benimàmet », commune de la métropole de Valence, grâce à cinq axes stratégiques. Profiter de la célébrité de l’architecte, s’approprier ses ‘produits’, l’utiliser comme cheval de Troie touristique, le séparer de la classe politique qui l’a promu, et laisser faire le temps, en comptant sur un retournement critique spectaculaire. « Des œuvres comme la sienne demandent du recul, explique le président du syndicat des acteurs valenciens (…). Il peut se passer la même chose qu’avec Gaudi : à son époque, tous les barcelonais voulaient le tuer, mais dès que c’est devenu un produit commercial tous se sont mis à l’aimer. Nous préférerions sans doute que Valence soit connue pour la Lonja (bourse du commerce du XVe siècle), mais elle est réputée pour Calatrava. Si tu n’en fais pas ton icône, Abu Dhabi le fera »— si l’icône vient à manquer aux Emiratis.

Via Valencia Plaza

 

Au haut Toulouse

À propos d’icônes, où en est la Tour Occitanie ? se demande La dépêche du Midi. La compagnie de Phalsbourg a chargé Libedskind de concevoir une centaine d’appartement et de chambres d’hôtel, 10 000 m2 de bureau et deux restaurants sur un terrain bordant le canal du Midi, à Toulouse. Haute de 150 mètres, la tour sera le premier IGH de la Ville Rose. « (La) demande de permis de construire doit être présentée à la fin du 1er trimestre 2018. Après environ cinq mois d’instruction, le permis doit être déposé par la Métropole. ‘’Nous travaillons déjà à son instruction, afin qu’il entre dans les règles d’urbanisme’’, précise Annette Laigneau, vice-présidente de Toulouse métropole. Et le chantier pourrait commencer au premier semestre 2019. Si tout va bien. (…) «Il faut prendre en compte d’éventuels recours, et peut-être miser davantage sur un début du chantier à fin 2019’’, poursuit Annette Laigneau. Après ? Le chantier devrait durer 36 mois, soit une livraison, au plus tôt, pour mi-2022 ». L’architecte des bâtiments de France donnera un avis, une commission du ministère de la transition écologique et la DRAC étudieront également le dossier, et une pétition contre le projet a recueilli 1200 signatures. En bref, l’affaire suit son cours.

Via La depeche

 

Le Meier d’entre nous

On peut incarner un personnage maladroit à la télévision et aimer l’architecture moderne. Rowan Atkinson a remplacé son manoir année 30 par une maison dessinée par Richard Meier. Après 5 millions de livres de travaux, Atkinson règne sur une bâtisse équipée d’un salon atrium, de toiture à panneaux solaires, d’une maison d’ami et d’un garage secret caché sous un toit végétalisé ou il entrepose sa flotte de voiture de luxe. Le jardin a été dessiné par le paysagiste Tom Stuart-Smith qui a reproduit une prairie devant la maison.

Via Ary News

Picture courtesy: Dezeen
Picture courtesy: Dezeen

 

Olivier Namias

Bee Medias publie le Guide du Contract 2018

Bee Medias publie le Guide du Contract 2018

Le groupe Bee Medias, spécialisé dans l’univers de l’habitat, du meuble et de la décoration, publie le Guide du Contract 2018.

Le marché du contract connait actuellement un essor soutenu ; les architectes d’intérieur et autres designers sont désormais sollicités non plus exclusivement pour des projets d’envergure, mais aussi par des clients désireux de faire aménager et décorer des établissements de taille plus modeste, dont l’enjeu principal reste d’offrir à leurs visiteurs ou salariés une expérience inédite. Esthétique, ambiance, fonctionnalité, ergonomie… Les prescripteurs, corps de métier et fabricants se retrouvent confrontés à des défis de taille, parfois ardus, mais ô combien passionnants. Pour les acteurs des secteurs concernés – et nous évoquons ici particulièrement les fabricants de mobiliers et autres équipements, ainsi que les agenceurs – cette diversification des horizons amène bien souvent des sociétés initialement positionnées sur l’activité B to C à s’intéresser progressivement à ce marché de projets, que ce soit sur le territoire national ou hors des frontières. Le contract leur offre ainsi l’opportunité d’exprimer leur savoir-faire sur un autre terrain, avec tous les défis, donc, que cela comporte… Ce Guide 2018 met en avant de très belles réalisations et produits signés de ces acteurs – mais aussi, bien évidemment, de sociétés implantées depuis plus longtemps, voire exclusivement positionnées sur le marché de projets – qui sont donc systématiquement les fruits d’un travail minutieux, réalisé en équipe, sous la coordination de maîtres d’un chef d’orchestre. Décryptages, dossiers, rencontres et focus complètent cette édition qui, réalisée avec le concours de toutes les publications du groupe Bee Medias, se veut un véritable outil d’aide à la décision, pour tous les types de projets.

Les rédactions de Bee Medias

 

 

Béton empathique pour une maison d’accueil spécialisée

Pour un public de grands épileptiques, l’architecture peut-être une source de blessures. Des contraintes d’usage drastiques ont amené́ l’Atelier Martel à des solutions d’aménagement complexes et minimalistes, pour des coûts réduits laissant entrevoir la possibilité́ d’emploi dans d’autres programmes.

Focus paru dans CREE 376, p 144 à 149, en vente ici

Implantée dans le vaste territoire diffus de la métropole nancéienne, la maison d’accueil spécialisée (MAS) de Dommartin-lès-Touls s’insère dans une enceinte hospitalière de 50 ha créée par l’armée américaine pour les besoins de l’OTAN en 1951, puis transférée en 1969 au CHR de Nancy qui ferme l’établissement en 20071. Tournant le dos à l’hôpital Jeanne d’Arc et ses fantômes, le MAS est aux antipodes du gigantesque équipement existant, comportant 40 000 m2 répartis sur 21 pavillons pour un total de 1000 lits. D’une capacité d’accueil de 88 pensionnaires en chambre simple ou double, il se présente comme un bloc compact et fermé, de 60 mètres de côté, posé de plain-pied au sommet d’un coteau dominant une plaine vallonnée. Le terrain dégage une ambiance champêtre et bucolique, en dépit de sa proximité avec une grande friche médicale et la présence d’une zone d’activité en contre- bas. Plutôt comparable à un EHPAD qu’à un hôpital général, la MAS héberge sans limitation de durée une population souffrant de formes d’épilepsie résistantes à tout traitement médicamenteux. C’est un lieu de vie à part entière, comprenant chambres, salons, salles d’activités et de restaurant. Des associations de malades ont porté ce programme qui n’a que trois équivalents en France. L’élaboration du projet a été menée en concertation avec les médecins, malades et architectes, ce qui a permis de comprendre les besoins des occupants et d’adapter l’architecture en conséquence. Les résidents de la MAS peuvent connaître plusieurs crises par jour – entre 20 et 30 – qui ne se traduisent pas nécessairement par la grande crise convulsive, se manifestant, par exemple, par de courtes absences.

Éloge du lisse

Ici, l’architecture est au centre du dispositif de soin. Suscités par une multitude de causes, les troubles épileptiques peuvent être déclenchés par une large série de facteurs, qui vont du claquement brutal d’une porte, à des conditions de lumières changeantes, au stress ou autre. Le choix d’un site isolé, même s’il résulte d’abord de contraintes de disponibilité foncière, contribue à apaiser le résident. Ouvert avec parcimonie sur le monde extérieur, que l’on aperçoit depuis les salons, depuis certaines chambres ou au débouché de certains couloirs, la MAS développe un univers ponctué de patios, lieux immuables affectés à différentes activités : jardins, potagers, cours. Des baies vitrées coulissantes mettent en communication ces espaces avec les couloirs, les salles d’ergothérapie ou les restaurants. On peut aussi y accéder depuis les chambres ou les bureaux. L’épilepsie exposant aux chutes fréquentes, l’architecte doit aussi s’attacher à régler les nombreux détails prévenant les blessures occasionnées par ces chutes au sein du bâtiment. L’architecture intérieure donne la priorité au lisse, à l’intégré, au mou. Les plinthes sont placées dans des parois, comme les grilles de ventilation, les seuils surélevés sont bannis, les sols des patios réalisés dans un revêtement souple également utilisé dans les aires de jeux pour enfants. D’autres dispositifs spatiaux, plus ou moins visibles, découlent de ces contraintes : intégration du système de chauffage dans les faux plafonds, option préférée aux radiateurs saillants, gorges lumineuses, dégagement devant les chambres permettant l’ouverture des portes vers l’extérieur et non vers l’intérieur, où la chute d’un résident peut en bloquer l’accès. Bizarrement, les stores en bois intégrés à chaque baie restent autorisés, alors que l’on aurait pu croire que leurs réseaux de lignes serrées les auraient proscrits du centre. Il existe deux écoles dans l’aménagement des espaces à destination des épileptiques : l’une prône la protection maximale, l’autre souhaite conserver certaines aspérités, a n de familiariser les patients aux univers non médicalisés. La MAS de Dommartin se tient à mi-chemin entre ces deux possibilités. Si de nombreux dispositifs réduisent les risques pour les patients, l’impression générale est celle d’un espace normal, qui ne serait pas surprotégé par l’ajout de mousses dans les angles et autres éléments antichocs proéminents.

Un des quatre patios séparés par une circulation.

Plan du rez-de-chaussée

Doux béton

Conjointement au lisse, la continuité est privilégiée. Plutôt qu’un repérage démonstrative identifiant des différentes zones par des couleurs spécifiques, les architectes ont basé la signalétique sur un système de tapisseries au point d’Aubusson réparties aux endroits stratégiques de l’espace. Au total, 100 m2 de tissés bicolores ont été réalisés par l’artiste Mayanna von Ledebur, d’après une photographie de nuages prise à la verticale du site. Transformant régulière- ment son agence en galerie, l’atelier Martel a cherché à pousser plus loin l’intégration des œuvres à l’architecture. Mayanna von Ledebur s’est aussi chargée de la création du motif de creux appliqué sur les parois béton. Il s’agissait d’adoucir la dureté de la matière, de redonner au matériau une certaine sensualité. Développé avec l’aide d’une start-up parisienne, ces cavités atteignent une profondeur de 4 cm environ pour un diamètre maximal de 30 cm. Une matrice en silicone a été fabriquée en Allemagne à partir d’un contremoule usiné numériquement.

Tests de teinte de béton

Le motif béton a été inspiré à Mayanna von Ledebur par les stèles anthracite portant des inscriptions pré-cunéiforme. Pour suivre cette référence apparue 3000 ans avant notre ère en Mésopotamie, la teinte du béton en noir fut envisagée. Un béton rose s’approchant de la pierre locale a aussi été testé, mais c’est un gris, jugé plus neutre, qui finalement été retenu. Les tests sur le contre-moule ont permis d’éviter l’apparition d’effet de trame et de répétition, pouvant devenir sensible sur des murs atteignant parfois huit mètres de haut. A n de ne pas interrompre la matrice, le béton a été coulé en place, puis scié au droit des fenêtres, laissant apparaître l’épaisseur des parois : 30 cm, la largeur nécessaire pour supporter des dalles alvéolaires lancées de mur à mur, sans appui intermédiaire.

Moule en silicone, placé en fond de coffrage pour former le motif

En dépit de prestations non standard, le prix au m2 ne dépasse pas les 1500 € HT en surface de plancher, VRD comprise. Un coût contrôlé du fait de la stratégie de projet « incluant une approche globale efficiente sur le plan. Lors du développe- ment du projet, nous avons tendance à enlever des choses plutôt qu’à en rajouter » explique Marc Chassin. Du moins qui fait plus, une équation connue appliquée ici avec une sensualité souvent absente du minimalisme. À Dommartin-lès-Touls, on aurait vu les gens caresser le béton. La réconciliation du public avec le plus mal aimé des matériaux de construction serait-elle en marche ?

Le contremoule en fabrication dans le Start Up Nouvelle Fabrique

1.Les Américains étaient familiers du site depuis 1918. Pour un historique plus complet, voir « L’hôpital Jeanne d’Arc », par P. Labrude et P. Thiebaud, www.professeurs-medecine- nancy.fr/Hopital_ J_dArc.htm

Olivier Namias

 

Maison d’accueil spécialisée (MAS) à Dommartin-les-Touls (57) par Atelier Martel ArchitectesMaîtrise d’ouvrage : OHS de Lorraine Maîtrise d’œuvre : Atelier Martel architecte BET : Egis bâtiment. Collaboration artistique : Mayanna von Ledebur Mission Mobilier : Régine le Couteur Prototype contre- moule béton : Nouvelle fabrique Surface : 3 200 m2 Coût : 5,2 M €

Tous visuels courtesy © Mayanna von Ledebur 

Les bureaux et le logement de Dominique Coulon à Strasbourg

C’est à Strasbourg, un territoire à l’écart des enjeux de la métropolisation, mais pourtant en profondes mutations, que Dominique Coulon s’est implanté, imbriquant dans un même lieu son bureau et son logement.

Retrouvez ici l’intégralité du portrait filmé de l’agence de Dominique Coulon 

La ville de Strasbourg possédait un certain nombre de dents creuses, de terrains libres trop petits pour intéresser les promoteurs. En 2009, elle lance une consultation auprès des architectes afin de vendre et d’aménager ses parcelles. Au 13 rue de la tour des pécheurs, dans le quartier historique de la Krutenau, la surface au sol de 120 m2 est petite, mais cela n’effraie pas Dominique Coulon qui y voit l’opportunité d’y implanter son agence. « La contrepartie a un prix attractif, c’était de faire un bâtiment exemplaire engagé notamment sur des performances énergétiques élevées, l’utilisation de matériaux bio-sourcés et un projet de mixité. » précise l’architecte, dans une ITW filmée pour Architectures CREE datée du mois d’avril.

Se montrer ou se cacher

L’immeuble est une petite tour en bois brulé, du mélèze, une technique qui rend pérenne la peau du bâtiment grâce à la brulure du matériau. La façade masque l’imbrication des programmes. Le jeu des percements semble aléatoire, ne suivre aucun impératif fonctionnel et leurs différentes tailles brouillent la lecture des étages. Des stores de projection rajoutent une teinte colorée. Les bureaux sont légèrement en contrebas, de 80 cm par rapport au niveau de la rue.  « On a mis l’atelier de maquette devant les baies vitrées. Il y a quelque chose d’intéressant parce qu’on peut voir comment un bureau d’architecture travail. C’est une attitude, c’est une posture. Quand on fait ça, on est probablement plus enclin à dialoguer » assume l’architecte, influencé par l’attitude des pays nordiques.

Séparer ou échanger

Ce bâtiment est aussi un exemple de mixité, imbriquant dans un même lieu bureau et logement. « Pour moi c’est une chance d’habiter et de travailler dans un bâtiment qu’on a dessiné. Il y le logement, il y a le bureau. Tout ça fonctionne en harmonie. » explique Dominique Coulon. A la manière du Raumplan d’Adolf Loos, dans un jeu d’imbrication complexe, les espaces ont des proportions presque adaptées à leur fonction. Il n’y a pas de régularité dans les hauteurs de dalle. L’escalier du bureau est imbriqué avec celui des logements, séparé d’une maille de métal. Le bureau n’est finalement jamais fermé vis-à-vis des logements. « On peut imaginer des échanges, ce n’est pas une imbrication étanche entre les éléments de programmes » indique l’architecte. Le bâtiment se termine avec une toiture plate comprenant une terrasse avec bassin et jardin. Dans ces hauteurs, un volume de béton brut pivote de 10 degrés. Il s’autonomise par rapport à la masse noire du socle de bois et donne une lecture dynamique de l’angle._Amélie Luquain

 

Maitrise d’ouvrage : Privé Maitrise d’œuvre : Dominique Coulon & associés Architectes : Dominique Coulon, Olivier Nicollas, Benjamin Rocchi, Steve Letho Duclos BET Structure : Batiserf ingénierie BET Electricité : BET G. Jost BET Fluides : Solares Bauen Economiste : E3 Economie Programme : Bureaux, appartements Lieu : 13 rue de la Tour des pêcheurs, 67 000 Strasbourg Surface : SHON 500 m2 Coût : 1 320 000 € H.T Concours : 10 terrains pour 10 immeubles durables, novembre 2009 Livraison : septembre 2015

Entreprises : CBA (GO), CARCERERI (étanchéité), VOLLMER (menuiserie extérieure bois), KEMS plâtrerie, FALIERES (CVC), FRANK SANITAIRE, VEIT électricité, KERN (menuiserie intérieure bois), SIGWALD (serrurerie), HEINRICH SCHMITT (peinture), BALENA (piscine)

Photographes : Eugeni Pons, David Romero-Uzeda

Rê Majeur présente deux nouvelles gammes : Kiwi Wall et Altea

Rê Majeur présente deux nouvelles gammes : Kiwi Wall et Altea

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Spécialisé dans les solutions d’éclairage intérieur et extérieur, Rê Majeur présente deux nouvelles gammes : Kiwi Wall, une applique murale exclusivement destinée à la salle de bain, et Altea de la marque britannique Astro Lighting, une gamme d’appliques et de plafonniers en verre blanc opalin.

 

Kiwi Wall : une applique de salle de bain élégante et versatile

Spécialement conçue pour la salle de bain. Cette applique murale aux lignes modernes et élégantes associe un support en cuivre ou chrome poli et un diffuseur en verre pour offrir une lumière douce et agréable. L’applique Kiwi Wall est orientable vers le haut ou vers le bas et a une hauteur de 356mm et une largeur de 130mm. Elle fonctionne avec 1 ampoule LED 6,1W fournie. Finition : cuivre poli et chrome poli. Évaluation : IP : IP44.

Altea d’Astro Lighting : une gamme d’appliques et de plafonniers aux lignes galbées

Idéales pour l’éclairage de salle de bain, de couloir ou de cuisine. Leur forme intemporelle et épurée s’intègre à toutes les décorations intérieures. Leur diffuseur en verre blanc opalin génère une lumière chaude et agréable propice aux instants bien-être.

Les appliques ALTEA sont équipées d’un variateur d’intensité permettant de gérer la luminosité selon les besoins. La gamme est composée de deux appliques murales de forme ronde et longitudinale et d’un plafonnier. Finition chrome poli. Evaluation IP: IP44

 

 

 

Denis Dessus, nouveau président du Cnoa

Ex-vice-président, Denis Dessus a été élu nouveau président du Conseil national de l’Ordre des architectes (Cnoa). Il a été élu à ce poste, le 30 novembre 2017, et succède ainsi à Catherine Jacquot. Sa présidence se situera dans la continuité de ce qui a été fait, avec une équipe renouvelée, par moitié.

 

Le bureau, élu pour trois ans, se compose à présent des personnes suivantes :

– vice-présidents : Eric Wirth et Valérie Flicoteaux ;

– trésorier : Régis Rioton ;

– secrétaire : Anne Desplanques-Bettinger.

 

Denis Dessus dirige une agence d’architecture basée à Privas (Ardèche).

Son activité syndicale :

2011-2013 : délégué juridique Unsfa
2006-2010 : et depuis novembre 2013, vice-président du Cnoa

2004-2010 : président de la commission marchés publics du Cnoa
2000-2004 : président du conseil régional Rhône-Alpes de l’Ordre des architectes

1993-1996 : président du groupement des professionnels de la construction et de l’immobilier
 

Le Doge à Lomme : le grand détournement version terre cuite

L’Atelier Tarabusi livre un immeuble de bureau dans un secteur de la métropole lilloise dédié aux start-up et autres entreprises des TIC. Rigoureux et rationnel, le projet construit sa façade avec un unique élément en terre cuite normalement utilisé pour l’habitat individuel.  
Inauguré en juin 2017, le « Doge », une opération tertiaire de 5 100 m2, s’inscrit dans la ZAC des Rives de la Haute-Deûle. Le développement de ce secteur de la métropole lilloise s’appuie sur l’ancienne filature Le Blan et Lafont, fleuron du textile au début du XXe siècle, qui fermât définitivement ses portes en 1989, laissant 2 500 personnes au chômage. Remarquable « château de l’industrie », l’usine réhabilitée par Vincent Brossy héberge désormais une pépinière d’entreprises du secteur des technologies et de la communication. Le vaisseau de brique troque chaîne et trame des tissus pour les fibres et les nœuds des réseaux informatiques, au sein d’un quartier dont le nom, Euratechnologie, affirme la persistance dans la mutation des activités économiques.
Les bureaux du « Doge » accompagnent la croissance de ce parc d’activité. Le cahier des charges établi lors du concours organisé par le promoteur à la demande de l’aménageur prescrivait l’utilisation de la terre cuite pour répondre au contexte local. Une contrainte que l’architecte Paolo Tarabusi a su interpréter de manière originale. Plutôt qu’un appareillage de brique, Tarabusi a choisi d’employer en façade un produit habituellement utilisé pour la réalisation de jambage dans l’habitat individuel. Posé brute et sans enduit, cet élément tiré du catalogue Terreal donne son identité au projet. La démarche n’est pas sans rappeler celle d’un autre architecte, comme Tarabusi, un Génois installé en France, Renzo Piano, qui détourna des bardeaux de terre cuite pour les poser en façade d’un ensemble de logements construits rue de Meaux, et déclina ensuite le procédé dans plusieurs projets.

Jambages siamois

L’application du produit catalogue au secteur tertiaire n’a nécessité qu’une adaptation minime, compatible avec un budget de construction serré. Les jambages sont fabriqués par paire, et sortent comme jumelés des lignes d’extrusion. Les deux pièces disposées en miroir sont séparées par la cassure d’une ligne en creux. C’est précisément ce sillon introduisant une fragilité volontaire qui a été supprimé de la chaîne de fabrication. Devenue monolithe de terre cuite, la pièce présente une cavité qui a été comblée avec du ciment armé de deux torons. Les pattes de fixation des éléments béton ont été scellées dans ce béton. Posé suivant un intervalle tant plein que vide, le meneau de terre cuite est l’unique pièce verticale de la façade. Il est recoupé horizontalement par un bandeau en ciment blanc préfabriqué qui marque chaque hauteur d’étage, évocation minérale des pierres claires insérées dans les appareillages de brique des façades de la région. Une pièce de céramique également disponible au catalogue de Terreal a permis de faire les raccords d’angles, s’adaptant aux situations où les façades ne suivent pas une géométrie perpendiculaire.
1500 pièces ont été posées sur l’ensemble du bâtiment suivant des méthodes d’assemblage à sec. Rationaliste dans l’âme, Paolo Tarabusi a voulu révéler à l’œil averti le caractère non porteur des pièces de façades, en ménageant un creux entre les terres cuites et les bétons. Les menuiseries bois ont été installées en retrait, et leurs montants verticaux sont dissimulés par les éléments de façade. Vibrant des lignes verticales de « peignage » prévues pour accrocher l’enduit sur les jambages, le Doge peut apparaître fermé dans sa radicalité. Une impression de forteresses qui se dissipe une fois à l’intérieur, largement ouvert sur le quartier. _ON
 

 

Maîtrise d’ouvrage : Nacarat
Maîtrise d’œuvre : architecte : Atelier Tarabusi – Paolo Tarabusi avec M. Del Gaudio, A. Benarroche, I. Feltrin, M. Kopecky, A. Raffaelli. BET TCE : PROJEX.
Surface : 5 080 m2
Coût : 6 M€ HT
Labelisation : BREEAM niveau very good

 

Principaux matériaux utilisés
Élément en terre cuite : brique monolithe à hauteur d’étage, Terreal
Béton préfabriqué : BMP béton matériaux préfabriqués
Menuiserie aluminium : Wicona
Menuiserie bois : Riche
Isolant façade : Kingspan Kooltherm

 

Courtesy Atelier Tarabusi / Sergio Grazia

Des diplômes d’Ile-de-France récompensés par la Maison de l’Architecture

La maison de l’architecture en Ile-de-France valorise le travail réalisé dans les écoles au travers d’un nouveau prix, décerné à des diplômes et mémoires réalisés dans des écoles d’architecture parisiennes. Parmi les 84 diplômes et 42 mémoires, ont été distingués respectivement 13 et 6 travaux. Gilles Delalex, co-fondateur de l’agence MUOTO (équerre d’argent 2016) est le parrain de cette première édition. Exposés jusqu’au 20 décembre, les projets sont regroupés sous la thématique Horizons lointains.

 

Félix Borel et Joseph Vincent, dir. François Chochon, ENSA Versailles

Face à l’essor des philharmonies disposées dans des villes à la recherche d’images attractives, la Philharmonie Phoenix est itinérante, fugitive, tractée sur l’eau

Félix Chameroy et Clara Chotil, dir. Nicolas Leduc, Jean-Aimé Shu, Frank Minnaërt. ENSA Paris-Malaquais

Un pavillon gonflable globalement modifiable

Mathilde Cornu, dir. Sébastien Chabbert et Stéphane Bonzani. ESA

La ville martyre d’Alep laisse derrière elle les décombres d’un habité qui n’a plus lieu. L’enjeu : recoudre le tissu social en réintroduisant des lieux primordiaux à la quotidienneté

Ulysse Daufresne et Jean Renaud et Romuald Fontaine, dir. Dominique Brard. ENSA Paris Val de Seine

Trois projets architecturaux aux programmes hybrides pour une ville adaptable et productive

Estelle Desallais, dir. Luca Merlini et Orfna Fatigato. ENSA Paris-Malaquais

Partant de l’hypothèse que la limite étatique est un espace contenant des strates programmatiques et des substances spatiales, l’épreuve de la traversée devient une distance intermédiaire pouvant être matérialisée à travers l’architecture.

Lina Jaïdi, dir. Luca Merlini et Léa Mosconi. ENSA Paris-Malaquais

Un déversoir de crue cohabite avec une bibliothèque de recherche

Julien Lafontaine, dir. Pierre David et Marc Armengaud. ENSA Paris Malaquais

Le projet propose dans un territoire de la répétition, périphérie de Clermont-Ferrand, un territoire qui pense un théâtre et un théâtre qui panse le territoire – variations de tragédies automatiques

David Lambert, dir. Marc Iseppi et Stéphane Degoutin. ENS Arts Décoratifs

Dans un pays inondé par l’eau salée, les bangladeshis construisent un nouveau sol dur et stable avec le sel prelevé en mer. Le chlorure de sodium présent dans l’eau passe d’un état liquide désordonné à un état rigide ordonné.

Alice Loumeau, dir. Luca Merlini & Mathieu Mercuriali. ENSA Paris-Malaquais

Dans le Sahara, est questionné le système de gestion de l’eau tout en explorant un choc des vitesses entre la lenteur du pas du dromadaire et la rapidité des voitures de courses

Antoine Maréchal et Neïla Saidi, dir. David Mangin & Rémi Ferrand. ENSA Marne-la-Vallée

Dans la perspective d’un meilleur partage des infrastructures dans un monde post-carbone, un rééquilibrage des implantations logistiques s’impose – programme d’immobilier logistique

Gabriel Vuillemin et Thomas Roger, dir. Luca Merlini. ENSA Paris-Malaquais

Une course-poursuite entre l’observé et l’observateur, entre la nudité visible et la nudité cachée, entre les parcours du quotidien et ceux de l’autre côté du miroir

Raphaël Saillard et Bernard Touzet, dir. Catherine Rannou et Alain Guiheux. ENSA Paris Val de Seine

Un guide pour comprendre l’espace urbain de la périphérie de Paris Intramuros

Solenne Plet-Servant, dir. F. Brugel, S.Guével, M.Dujon, P. De Jean, B. Azimi. ENSA Paris-Belleville

Réactivation d’une dalle à Thamesmead (Londres) versus tabula rasa

 

 

Avec la présentation des mémoires

Carmen Maurice, En quête d’école, ENSAPVS

Armelle Breuil, Psychotropes et architecture, ENSAPVS

Delphine Lewandowski, L’insecte, habitant de l’architecture, présence incontrôlée ou anticipée, ENSAPM

Edouard Fizelier, High Rise, la tour d’habitation en Angleterre d’après l’œuvre  ctive de J.G. Ballard, ENSAPB

Francelle Cane, Learning from Tirana, ENSAV

Aurélie Reuther, Une architecture de l’expiation, ENSAPV

 

Jury du PFE : Frédéric Bonnet, Philippe Simon, Pierre Paulot, Emmanuelle Borne, Jacques Franck Degioanni, Henri Bony, Fabienne Ponsolle, Thomas Corbasson, Simon Bauchet, Anne Pellissier, Julie André Garguillo, Lucie Morand, Ludovic Boesp ug, Nicolas Dorval Bory, Margotte Lamouroux, Luca Merlini, Bénédicte Lorenzetto.

Jury du mémoire : Bérénice Gaussuin, Margaux Darrieus, Georgi Stanishev, Mathias Rollot

 

Scénographie : Superdetail

 

Retour vers les futurs : la revue de presse du 28 novembre 2017

Retour vers les futurs : la revue de presse du 28 novembre 2017

Des buildings trop smart — une bibliothèque en trompe l’œil — Skier sur les déchets — Habiter Mars — La ville des drones — l’aménagement contre les SDF — La reconstruction de la Penn Station — Quel futur pour le marché aux bestiaux de Padoue ? — Sgarbi vs Ratti : un conservateur affronte un futurologue — Flambée immobilière dans les favelas de Sao Paulo, des feux qui préparent les projets immobiliers de demain ? La revue de presse du 28 novembre 2017

 

L’architecture classée UX

Les smart buildings sont-ils devenus trop intelligents pour leurs usagers ? Julia K. Day, assistante au département conception/construction de la Washington State University a commencé à le penser après avoir réalisé que tous les occupants d’un immeuble ultra performant de l’État de Washington confondaient le boîtier de régulation environnementale signalant le moment d’ouvrir les fenêtres avec l’alarme incendie. D’ailleurs, les usagers ignoraient que les fenêtres pussent s’ouvrir… Une enquête menée ensuite par Day et William O’Brien liste quelques astuces déployées par les occupants de sept bâtiments intelligents au Canada et aux USA pour arriver à vivre malgré les systèmes de gestion automatisés équipant leurs locaux. Cela va de l’oiseau buveur — un jouet fonctionnant sur des principes de thermodynamique — employé pour activer la détection infrarouge déclenchant l’éclairage d’une pièce, au tapis posé sur un sol conçu pour absorber l’énergie solaire, qui rendait inopérant le système mais évitait aux habitants la sensation de froid quand ils marchaient pieds nus. La palme revient à l’éclairage d’un laboratoire de recherche, forçant ses utilisateurs à rester totalement immobiles pendant 15 minutes pour obtenir l’extinction des lumières nécessaire à leurs expériences… « Les anecdotes sont remarquables. Beaucoup ne sont pas seulement des hommages aux technologies architecturales avancées — mais aussi à l’ingéniosité des occupants qui les ont piratés » explique Day, qui plaide pour une attention accrue à l’UX (User expérience — expérience de l’usager).

Via Fastco design 

 

 

Bibliothèque Potemkine

L’inauguration de la bibliothèque de Binhai a été accueillie par un concert dithyrambique de louange dans la presse grand public. La sphère bouléenne imaginée par MVRDV a valu au lieu le qualificatif de « plus belle bibliothèque du monde », « la plus futuriste », etc. Une semaine plus tard, déception. Les murs-étagères ondulants de la grande salle ne peuvent pas stocker de livres « À l’origine, les étagères placées en hauteur devaient être accessibles via des salles situées derrière elles, explique MVRDV à l’AFP. Mais un calendrier trop serré pour les travaux les a forcés à abandonner l’idée. La décision a été prise “au niveau local et contre la volonté de MVRDV”, indique la porte-parole du cabinet, Zhou Shuting. Pour Liu Xiufeng, le directeur adjoint de la bibliothèque, le design du bâtiment n’en est pas moins un petit casse-tête. Dans les plans validés par les autorités, l’atrium était conçu comme un lieu où circuler, s’asseoir, lire ou discuter… mais pas où stocker des livres, dit-il. » Autre problème « les escaliers blancs, taillés de façon irrégulière, se révèlent dangereux pour les amateurs de selfies, aux yeux souvent rivés sur leur smartphone. “Beaucoup de gens chutent. La semaine dernière, une vieille dame a glissé et s’est violemment cogné la tête. Il y avait du sang”, explique un des gardiens. » dans le magazine Challenges. Bonne nouvelle parmi ce cortège d’ennuis : « l’exposition médiatique de la bibliothèque a entraîné une hausse du nombre de lecteurs : les emprunts quotidiens de livres ont été multipliés par quatre depuis l’ouverture. Et les salles dédiées aux enfants débordent de familles parcourant les albums illustrés. »

Via challenges

Dotée d’une architecture futuriste, cette bibliothèque chinoise inaugurée le mois dernier a fait sensation sur l’internet mondial (c) FRED DUFOUR / AFP

 

Expansion

Après avoir acquis en 2015 51 % des parts de Projacs, un BET basé à Dubai, le groupe Egis vient de prendre une participation majoritaire dans 10 Design, une société Hong Kongaise qui a développé dans l’Émirat dubaïote une activité de projets allant de « l’immeuble aux villes dans tous les secteurs, y compris bureaux, commerce, hôtellerie, résidentiel, culturel et éducation ». Le PDG de 10 Design explique l’intérêt de cette union « Dubai est l’antenne régionale de 10 Design, alors qu’Egis à une grande présence à travers l’Europe, l’Afrique et l’Asie du Sud-Est. Les synergies entre les deux sociétés auront indubitablement des effets positifs pour 10 Design au MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) ». Souhaitons au groupe Montreuillois que cette association soit une win-win situation…

Via Zawya

Une maquette de l’île Meraas Bluewaters de Dubaï, qui abritera Ain Dubaï, la plus haute et la plus grande roue d’observation au monde. Image à titre d’illustration. via Zawya

 

La montagne d’ordure sacrée

Avec l’inauguration du Noma 2.0, restaurant étoilé au Guide Michelin, l’ouverture la plus attendue de 2018 à Copenhague est celle du CopenHill, une usine d’incinération de déchets construite dans la périphérie de la capitale danoise. Elle produira 25 % d’énergie en plus que l’usine qu’elle remplace, à partir du même volume de déchet, et fournira chaleur et électricité à 160 000 foyers. Elle est aussi copieusement éclairée par la lumière naturelle. Mais ce ne sont bien sûr pas ces performances qui ont suscité l’enthousiasme des participants au voyage de presse organisé à quelques semaines de l’inauguration du bâtiment. « Comme nous approchions de CopenHill, notre groupe de journaliste abandonna toute contenance professionnelle, et commença à pousser des Oh ! et des Ah !, prenant des selfies, retenant le chef de projet… » relate le journaliste LinYee Yuan, au nombre des enthousiastes visiteurs. La raison de leur étonnement tient à la piste de ski dont BIG, l’architecte du projet, à coiffé le bâtiment. Haute de 88 mètres et large de 10, elle tutoie le sommet du pays, le Møllehøj, qui culmine à presque 171 mètres, mais avec zéro déchet.

Via Quartzy 

Vues de Copenhague depuis le sommet de la piste de ski à Amager Bakke / CopenHill de l’ARC. Le site est encore en construction et devrait être ouvert au public en 2018. via Quartzy 

 

Mars : et ça repart

« Ce n’est pas si loin », affirme Monsi C. Roman, de la NASA. « Mais tout de même, après l’atterrissage, nous y serons pour un bout de temps. Contrairement aux voyages express pour la lune, une visite à la lointaine Mars implique un engagement de plusieurs mois » contredit le journaliste. Quoi qu’il en soit, les équipements et le matériel devront être arrivés bien avant les premiers pionniers martiens. Pour développer l’habitat sur la planète rouge, la NASA en appelle à l’imagination des citoyens à travers un concours d’idée « si vous demandez à des gens de la NASA à quoi ressemble une maison sur Mars, ils vous dessineront tous la même chose, explique Roman, chargé de la consultation. Nous voulions quelque chose des gens qui ont la liberté de penser différemment ». Challenge il y a « Quand notre maison est endommagée sur terre, nous pouvons dormir sur le canapé des amis en attendant qu’arrive l’entreprise. Sur Mars, notre destin est plus sombre : mort par congélation, empoisonnement au dioxyde de carbone, exposition aux radiations ou aspiration dans l’espace par un énorme diable de poussière ». Tout spectateur de Total Recall sait les changements que l’air martien impose à la morphologie terrienne… Sur 165 propositions, la NASA a classé première celle d’un igloo gonflable imaginé par différentes universités américaines. Dans la catégorie meilleure matériau, elle a retenu un échafaudage 3D capable, en dépit de son très faible poids, de supporter sans faillir une Toyota Prius posée à son sommet. Le concours entre maintenant dans sa phase la plus difficile, celle de la construction à l’échelle 1/3 de la proposition en impression 3D. Résultats en mars ?

Via Mercury News 

Une structure basée à Mars appelée ICE HOUSE, conçue par le collectif Space Exploration Architecture and Clouds Architecture Office of New York City, a remporté la première place dans le concours de conception du concours 3-D Printed Habitat Challenge de la NASA. (Bureau d’architecture de l’équipe Exploration spatiale et architecture des nuages) via mercury news

 

Droneville

En dépit des efforts de la NASA pour nous concocter un habitat douillet sur la planète Mars, il est probable que la majorité d’entre nous restera sur Terre. Et dans quelle ville vivrons-nous ? De nombreux films, du Métropolis de Fritz Lang au Cinquième élément de Besson ont imaginé le futur  de la cité dans les cieux, striés de voitures volantes slalomant entre des falaises de gratte-ciel, rappelle un article de la Cranfield School of Management publié par le Financial Times. Le futur urbain sera sans doute bien aérien, mais pas avec la technologie que l’on croyait, explique l’article. Oubliez l’idée de vous déplacer dans un taxi volant conduit par Bruce Willis. Le ciel sera plutôt encombré de drones, livrant en flux continu des marchandises dans les appartements. Amazon expériment déjà cette technique, qui « pourrait être dévastatrice pour les petits négoces, et aussi pour la mixité des tissus urbains. Les petits magasins pourraient disparaître, rendant les rues plus tristes et concentrant le commerce entre encore moins de mains ». Et ce n’est pas tout « Quid des immeubles ? Comment l’architecture pourrait s’adapter à un système où la marchandise pourrait arriver n’importe quand dans un cycle de 24 heures ? ». En se dotant de micro entrepôts, ou en équipant les immeubles de plateforme de livraison, donnant une architecture un peu similaire à la tour 56 léonard dessiné par Herzog et de Meuron à New York. Mais quid de l’intimité, mise à mal par des drones-espions ? Des drones armés qu’on anticipe déjà ? « Peut-être les rues seront-elles laissées aux pauvres quand les plus riches occuperont les niveaux supérieurs de la cité » ? On va finir par préférer une ville un peu moins drone…

Via The Financial Time 

 

Contre la ville qui pique

A-t-on vraiment attendu la technologie pour déshumaniser la ville ? Solidarity TDS, une association impliquée auprès des sans-abri irlandais, a lancé un projet de loi pour stopper l’installation de pointes et splinkers installés en nombre croissant à Dublin et ailleurs pour éloigner les SDF. « L’exclusion des sans-abri, leur donnant le sentiment d’être rejeté et indésirables, est un acte de violence souvent perpétré par l’État (…) une agression qui ne laisse pas de cicatrices visibles qui pourraient se refermer, mais des cicatrices invisibles dans leur esprit qui ne guériront peut-être jamais », affirme Peter McVerry, membre d’une association de soutien aux sans-abri. Le projet de loi, qui obligerait les commerces à enlever tous leurs dispositifs anti-SDF, sera vraisemblablement rejeté par le gouvernement. « Leur votre contre donnera un exemple clair du caractère impitoyable et du déni (gouvernemental) envers les sans-abri », déclare un autre membre de Solidarity TDS.

via Belfast Telegraph 

 

Double Penn

« Traverser la gare de Grand Central, un des espaces publics de New York les plus exaltants, est une expérience ennoblissante, un cadeau. Faire une correspondance dans les intestins de Penn Station, à quelques pâtés de maisons, est une humiliation. Quelle est la valeur de l’architecture ? Elle peut être mesurée humainement, culturellement et historiquement, dans le gouffre qui sépare ces deux endroits », affirmait le critique Michael Kimmelman. McKim, Mead and White avait construit la gare en forme de thermes romains, bâtiment inauguré en 1910 et détruit dans les années 60 pour laisser place à un bâtiment sans grâce. C’est dans les toilettes de cette gare que l’on retrouva un certain Louis Kahn mort à la suite d’une crise cardiaque.

Un groupe emmené par la National Civic art Society fait campagne pour la reconstruction du bâtiment original. Les questions surgissent à cette occasion : faut-il reconstruire tel quel, alors que certaines technologies comme le rivetage des structures métalliques ont disparu ? Peut-on retrouver l’équivalent en 3D ? Utiliser le bois ? « Quand on pense qu’un Leonard de Vinci un peu restauré vient de se vendre pour 430 millions de dollars, alors les 3,5 milliards nécessaires à la reconstruction et la restauration de la Penn Station semblent plutôt bon marché ». Ceux que l’argument convainc peuvent rejoindre la campagne de reconstruction sur www.rebuildpennstation.org

Via Tree Hugger 

 

Pyramide bétonnée en péril

Construit selon les plans de Giuseppe Davanzo, l’ex-marché aux bestiaux de Padoue avait dès la phase esquisse reçu le prix pour « une idée architectonique ». En 1969, année de son inauguration, il recevait le prix in/Arch et dix plus tard, le MoMA l’incluait dans son archive d’architecture moderne. Malgré ce succès critique, le « palais des vaches », avec sa ziggourat et ses degrés en béton préfabriqués, fut boudé des éleveurs. Vide et sans un meuglement bovin, elle se cherche un nouveau destin. En 2008, on cru en un nouveau destin : l’équivalent des monuments historiques le proclame, selon une formule toute en légèreté  « Élément qualificatif actif et épisode de très haute émergence panoramique dans l’environnement urbain environnant, défini de manière totalement inédite ». Une chaîne française de bricolage s’apprête à investir les lieux, après un appel d’offres un peu expéditif dont il fut le seul concurrent « Leroy Merlin a compris mieux que les Padouans la valeur publicitaire de ce site. Plutôt qu’un centre commercial, qu’elle en fasse le siège de sa multinationale, son étendard européen, un monument en soi. Je ne combats pas le privé, mais j’imagine une gestion culturelle du lieu. Et il faut un lien entre le centre historique (…) la ville doit se réapproprier (l’édifice) », s’exalte l’architecte Bepi Contin, invitant un peu rapidement l’entreprise à déménager son millier de collaborateurs de la banlieue de Lille à celle de Padoue. Martina Davanzo, fille de l’architecte et architecte elle même, invite à sauver l’œuvre du père de « l’arrogance du présent ». En attendant, il semble bien qu’elle doive survivre en magasin de bricolage.

Via Vvox

via Vvox

 

 

Ratti vs Sgarbi

l’indéboulonnable et outrancier critique d’art Vittorio Sgarbi étrille sans ménagement Carlo Ratti, l’architecte star de l’ère digitale, dans les colonnes du Giornale. Entrée en matière « Vêtus de jeans délavés comme il faut et d’une veste courte trop de deux tailles en dessous de ce qui lui faudrait, suivant une mode des jeunes en vogue il y a vingt ans, s’est présenté à la une table ronde pour les 70 ans de la Confapi (confédération italienne de la petite et moyenne entreprise) Carlo Ratti, l’un des 160 000 architectes italiens à n’avoir jamais rien construit ». Pour le bonheur de Sgarbi, Ratti semble maîtriser autant sa langue natale que Jean-Claude Vandamme le français « Vivant depuis longtemps à l’étranger, il a oublié l’italien. Il est devenu ainsi un analphabète sur le retour. Pour se faire comprendre il s’appuie sur l’anglais : nous avons écrit des papers ». Ces écarts de langage n’empêchent pas le bouillonnant Sgarbi de comprendre la vision du futur dispensée par Ratti. « Nous nous réveillerons dans quelques années dans une Smart-City, en lisant un paper, avec la peau irritée. Et nous nous sentirons seuls. Anticipant les prophéties de Ratti, tous les dermatologues auront fermé leurs cabinets (Ratti à prévu leur disparition, NDLR). Dans la nouvelle ville interconnectée, nous errerons comme des fantômes, nous parlerons aux murs. Et, n’obtenant aucune réponse, nous renoncerons à nous rendre au prochain congrès de la Confapi, pour éviter des révélations inquiétantes ».

Via Il Giornale 

 

Ancien architecte, futur concierge

Avant que n’adviennece futur noir dépeint par Sgarbi/ratti, il ne restera peut-être plus d’architecte en Italie. À Trévise, découragé par les stages et les emplois sous-payés, architectes et avocats se tournent vers l’éducation nationale, postulant à des emplois de concierges, ou, si tout va bien, d’administratifs ou d’assistants techniques. « Si au niveau national plus de deux millions de personnes postulent pour un poste à l’école, on note cette année un afflux de diplômés, en plus des travailleurs arrivants d’autres secteurs ». Italie, le pays ou l’architecture rime avec no future

Via Tribuna di Treviso 

 

Flambée immobilière dans les favelas

Cumulant les risques — concentration, vétusté des équipements, matériaux inflammables — les favelas brésiliennes sont facilement la proie des incendies. Entre 2001 et 2012, les pompiers de Sao Paulo ont enregistré 1648 incendies dans les favelas, 202 en 2016 et au moins ce nombre pour l’année en cours. La précarité de l’habitat explique-t-elle à elle seule cette épidémie ? L’examen des statistiques réveille les suspicions d’incendie volontaire : une analyse montre que le feu frappant 80 favelas paulistes s’est déclaré dans des secteurs ou la valeur du foncier était 76 % plus élevé que dans d’autres quartiers d’habitat informel. Ces conclusions vont à l’encontre de celles formulées par une commission d’enquête parlementaire formée en 2012… composée de membres qui avaient financé leur campagne électorale avec des dons de promoteurs privés ! « ce qui s’est passé est que les gouvernements ont commencé à adopter des politiques de retrait de la population pour construire de grands projets urbains, comme dans le cas de Urban Espraiada Water Operation », une opération d’assainissement d’un quartier aisé mené après le déplacement de 11 000 familles vers des zones périphériques. Une flambée tout immobilière qui libère opportunément des réserves foncières.

Via The Guardian 

 

Olivier Namias