Des logements, des architectes traumatisés, des toits qui s’écroulent : la revue de presse du 30 janvier 2018

Flambée des prix hôteliers en Russie – Habitat rotatif en Espagne – En rénovation, un vieux « Gehry » s’écroule – Dix chapelles pour une biennale : le Vatican à Venise – Un viaduc pour enjamber la Scie – Prêt étudiant vs prêt immobilier – Grands architectes, polytraumatisés ? – USA : Loger les SDF pour les soigner – McDo des années 60 aux USA : une espèce en voie de disparition.

 

Hôtels russes : l’effet Mondialski

Les grands évènements sportifs, dit-on, offrent l’opportunité de dynamiser les structures d’accueil et tout particulièrement les hôtels, rénovés ou construits à neuf pour accueillir dignement les visiteurs du monde entier. Le Mondial de football qui se tiendra cette année ne semble pas s’embarrasser de cette règle. Au point que le ministère du Tourisme russe a mis en ligne une liste noire des hôtels qui dépassent le quota d’augmentation des prix établit par les autorités. Les plus gros dépassements s’observent dans les régions de Moscou et Rostov-sur-le-Don (mer d’Azov). L’hôtel Petrovka, un hôtel 1 étoile moscovite, a ainsi fixé un tarif de 500 € par chambre. Mieux encore, les chambres de l’hôtel Jardin Calme de Kaliningrad sont passées de 60 € à 1 680 €, et un autre établissement sans étoile de Kaliningrad offre une chambre à 1800 € les soirs de match. Un dépassement de la limite légale de 5283 %. Offrir aux hôtels borgnes des tarifs de palace : c’est peut-être ce que l’on nommera bientôt l’effet mondialski.

Via Ouest-France 

Une nuit dans cette chambre de l’hôtel Agora, à Kaliningrad, vous coûtera 1 800 €. (Photo : Booking.com)

 

Et pourtant elle tourne

Tourner pour être plus durable : le système séduit un peut partout sur la planète, et c’est au tour de l’entreprise Andalouse Sun House 360° de se lancer dans la construction de maisons tournantes. Si la construction d’habitat rotatif reste marginale, son caractère singulier lui vaut toujours une attention particulière de la part des médias et du public. S’appuyant sur « une équipe multidisciplinaire d’architectes, ingénieurs et techniciens », Sun House 360° a conçu « quatre modèles différents de maisons tournantes de différentes tailles, allant de 95 à 250 m2 ». D’après la société implantée à Marbella, les investisseurs privés sont très intéressés par ce type de produits, dont l’argument de vente massue est qu’il permet une économie d’énergie de 70 % en se tournant vers le soleil, ce qui fait du nord de l’Europe un marché de choix. Au sud, en effet, on aurait plutôt tendance à se protéger des rayons de l’astre céleste. Autre argument de poids : « se réveiller tous les matins avec des vues incroyables, et pouvoir au cours de la journée continuer d’en profiter dans son salon ou sa cuisine », explique un architecte londonien versé dans cette typologie. Et si le tout autour est laid? Toutes les maisons tournantes n’ont pas la chance de la Villa Girasole, leur ancêtre, construite dans les années 30 sur un podium surgissant des bois au nord de l’Italie.

Via El Mundo 

Les maisons tournantes gagnent en importance sur des marchés comme l’Espagne et l’Angleterre. SUN HOUSE 360º

 

 

Gehry down

Le toit du Merriweather post Pavilion, une salle de concert en plein air construite il y a cinquante ans par Frank O. Gehry qui opérait alors depuis l’agence Gehry, Walsh et O’Malley à Columbia (Maryland), vient de s’écrouler pendant sa rénovation. Frank Gehry, désormais Pritzker et dirigeant de Gehry and Partners, avait été informé de la modification de son œuvre, effectuée par l’agence JP2 Architects de Baltimore. Invité à adapter l’équipement aux besoins des concerts moderne, J2P avait souhaité conserver la toiture, qui constituait un élément caractéristique du projet de Gehry. C’est pendant le rehaussement du toit que des bourrasques ont entraîné l’effondrement. « “Les vents du destin ont prévalu et ont décidé que, au lieu de simplement soulever le toit, nous devrions simplement aller de l’avant et en construire un nouveau”, a déclaré le maître d’ouvrage, ajoutant que “tout sera prêt pour l’ouverture de la saison” », avec le premier spectacle prévu en juillet. Une reprise de Blowing in the wind, joué par Frank O. à l’harmonica déconstruit?

Via Archpaper 

Le toit de la salle de concert de Frank Gehry s’effondre dans le Maryland. Le toit effondré du pavillon des postes de la Météo Merriweather par Gehry, Walsh et O’Malley (Ian Kennedy)
Rendu du Pavillon Merriweather Post rénové (Courtoisie de The Howard Hughes Corporation)

 

Venise 2018 : une biennale pieuse

La 16e édition de la biennale d’architecture de Venise accueillera un nouvel exposant, un pays de 44 ha et mille habitants dont le rayonnement dépasse de loin la taille : le Vatican, qui avait tenté une première incursion à la biennale d’art en 2015. La Cité-État n’a pas l’intention de construire un pavillon, mais de disséminer dix chapelles dessinées par dix architectes à la façon de la Skogkapellet, construite par Asplund au Skogkyrkogarden, cimetière des bois de Stockholm, en 1920. L’historien Francesco Dal Co a confié la construction des dix bâtiments à des architectes du monde entier : Smiljan Radic (Chili), Carla Juaçaba (Brésil), Javier Corvalán (Paraguay), Eva Prats & Ricardo Flores (Espagne), Sean Godsell (Australie), Edouardo Souto de Moura (Portugal), Norman Foster (Royaume-Uni), Andrew Berman (USA), Teronobu Fujimori (Japon). Un choix œcuménique qui contentera les principales chapelles architecturales. Après la biennale, les chapelles seront démontées pour propager la foi dans le monde entier. Il faudra trouver une nouvelle idée pour la biennale de 2020. Architectures CREE suggère des autels portatifs à installer dans le site des Giardini.

Via Architetti 

 

le Vi(a)duc

C’est ce qu’on appelle de la bel ouvrage : un viaduc « en courbe avec une pente douce. Les six piles en béton de 35 mètres s’élèvent tous les 75 m sur des fondations enterrées à plus de 22 m. Un chantier de 23 millions d’euros », détaille Ouest-France. « À l’origine, il était construit pour dévier la petite commune de 1 000 habitants de Saint-Aubin-sur-Scie engorgé de 18 000 véhicules de nombreux poids lourds qui empruntent chaque jour la route nationale 27 entre Rouen et le port et le terminal ferry de Dieppe ». Seulement voilà, achevé depuis trois ans, « il n’a jamais été mis en service. Parce qu’il manque 13 kilomètres de route » et le budget pour la construire. Le marché pour la réalisation de la bretelle a été relancé il y a deux semaines. En attendant la reprise des travaux, il y a peut-être moyen d’organiser une biennale sur viaduc.

Via Ouest-France 

 

Propriétaire ou étudiant, le choix cornélien

Les Millennials, cette génération que la société regarde avec les yeux de Chimène, sont censés instaurer des modes de consommation qui bouleversent le monde. Les études les révèlent moins portés sur l’achat de maisons ou d’appartements que leurs aînés au même âge. Plusieurs explications ont été avancées pour expliquer ce phénomène « ils vivent en collocation (ou avec leurs parents), ils préfèrent louer, et dilapident leurs salaires dans des brunchs somptueux plutôt que dans des bungalows” détaille City Lab sans se satisfaire de ces explications. La vérité est ailleurs, dans une étude du site ApartmentList, qui démontre chiffres à l’appui que ce ralentissement est imputable au poids des prêts étudiants. 44 millions d’Américains se partagent une dette étudiante de 1 400 milliards de dollars, chiffre qui a doublé depuis 2009. 57 % de nos Millenials entre 22 et 35 ans remboursent des prêts étudiants. Dans le même temps, la hausse des prix de l’immobilier freine les possibilités d’achat. « Être propriétaire de sa maison a historiquement permis aux gens de construire l’équité, alors se porter tôt acquéreur d’un bien immobilier veut souvent dire se libérer plus tôt de son crédit et d’économiser plus pour sa retraite. Si les Millenials sont exclus de ce cycle, leurs perspectives économiques futures seront moins brillantes que celles des générations qui les ont précédés », explique Chris Salviati, auteur de l’étude. Et n’espérez pas devenir propriétaire plus tôt en sautant la case université. L’étude montre que ceux qui arrêtent leurs études à la fin du lycée obtiendront un salaire bien moins élevé, compliquant leur accès à la propriété. La solution pour stimuler les carrières et la propriété chez les Millenials existe : « que l’État finance l’éducation supérieure ». Une suggestion soufflée par la Fed, banque fédérale des USA, une institution peut connue pour ses sympathies communistes.

Via Citylabs 

 

Création architecturale et désordre mental

« Va-t-on découvrir que la forme suit la dysfonction ? », s’interroge Darran Anderson après la lecture d’un essai d’Ann Sussman et Katie Chenhave, « les troubles mentaux qui nous ont donné l’architecture moderne » (en anglais uniquement). Sussman et Chenhave ont tiré des biographies de Le Corbusier et Gropius les éléments étayant leur hypothèse. Gropius, par exemple, était marqué par son expérience des champs de bataille. « Il survécut à un crash d’avion (…), passa deux jours et deux nuits enterré vivants parmi les cadavres après un bombardement, ne devant sa survie qu’à l’air provenant d’une cheminée. Ou lui tira dessus plusieurs fois, et il retrouva sur ses vêtements de nombreux trous percés par les balles. En 1915, son insomnie causée par la tension nerveuse lui valut un répit à l’arrière, mais il dut retourner dans les tranchées », tandis que plusieurs « expériences de mort imminente auraient entraîné la diminution de son cerveau ». Anderson rappelle que Kahn se brûla le visage dans sa jeunesse, et que les enfants et la femme de Wright furent taillés à la hache par un employé de maison qui mis ensuite le feu à la propriété, entraînant avec lui sept personnes dans la mort. Ces traumatismes auraient conduit à une architecture épurée, selon Chenhave et Sussman. Pas si vite, dit Darran Anderson, qui invoque aussi les évolutions sociétales, la formation, l’esprit machiniste… La lutte des sociologistes contre les physiologistes en histoire?

via CityLabs

Le modernisme, Ann Sussman et Katie Chen l’ont sous-entendu dans leur essai du mois d’août, était un chemin qui émergeait de la névrose et qui n’aurait jamais dû être suivi. Mais leur évidence que l’architecture d’hommes comme Le Corubsier repose sur des « désordres » est très discutable. AP

 

Logement sur ordonnance

Un médecin qui prescrit à un SDF malade un logement en guise de traitement plutôt que des antibiotiques : cela arrive à Hawaii, où l’État fédéral a voté l’an dernier une loi dans ce sens, ou à Chicago. L’ONG Center for housing and Health (centre pour le logement et la santé) a fourni 25 logements pour SDF. « L’expérience fournit des arguments convaincants qui devraient inciter les autres hôpitaux à suivre notre exemple », dit Stephen Brown, directeur du service de médecine préventive et d’urgence à Center for Housing and Health. D’autres villes investissent dans le logement pour SDF : à Portland, Oregon, Orlando, ou SBH Health System, dans le Bronx, qui a lancé une opération mixte face à son hôpital, comprenant 133 appartements sociaux, avec une salle de yoga et ferme sur le toit, juste pour l’amélioration de la santé? Ces choix dérivent en partie de calculs économiques : « en aidant quelqu’un rester en bonne santé, l’attribution d’un logement peu également être une source d’économies pour le système de santé. Dans le programme de logement, le département national pour le logement et le développement humain paye une partie des coûts de logement, et l’hôpital règle 1000 dollars par mois et par personne pour les services qui accompagnent le logement. En comparaison, une journée aux urgences peut coûter 3000 dollars ». Avec le programme, les coûts de santé par patient ont chuté de 18 %. Loger plus pour dépenser moins et soigner mieux, une solution contre-intuitive qui semble faire ses preuves.

Via Fast company 

 

McDo : la fin du « style antique »

Il fut un temps ou le célèbre clown McDonald était aussi célèbre pour ses burgers que pour son architecture. Ses restaurants reconnaissables entre mille grâce à leurs deux arches dorées portant une dalle servant de toiture avaient été dessinés par l’architecte Stanley Meston dans les années 60, jusqu’à ce que McDonald abandonne cette typologie en 1969. Le géant du BigMac demandant à ses franchisés de refaire régulièrement les magasins, les exemples encore existants de cette architecture se comptent sur les doigts d’une main, et principalement sur la côte ouest, en Californie ou en Oregon. Celui dressé sur la 91e avenue à Portland ne servait plus depuis longtemps de restaurant, mais avait été conservé à titre de curiosité et faisait office et de salle des fêtes et d’annexe à un établissement plus moderne construit sur la même parcelle. Son propriétaire va le détruire pour laisser la place à un bâtiment self service. Il ne subsistera alors plus que trois témoins du McDo style Antique, à Downey, San José et un dernier à Pomona, reconverti en magasin à donut. Pour l’instant, aucun musée ou galériste ne semble sur les rang pour racheter cette icône de la pop culture, qui faisait d’ailleurs la couverture du 44e numéro de CREE en novembre 1976*.

dans le cadre d’un article sur l’exposition « signs of life : symbols in the American city », organisée par Venturi et Rauch à la Smithsonian Institution à Washington.

Via Willamette week 

>Vidéo http://www.koin.com/news/local/multnomah-county/portlands-original-mcdonalds-to-be-demolished/943995045

 

Olivier Namias

Tele di marmo : la céramique imite le marbre

Tele di marmo : la céramique imite le marbre

L’aspect est un domaine dans lequel la céramique ignore les limites. L’adoption de méthodes d’impression numérique en progrès constant fait passer le « rotocolor » – technique limitée en terme de trame, car s’appuyant sur des supports d’impression prenant la forme de rouleaux – pour une technologie préhistorique. Dans la chaîne industrielle de la céramique, il faut désormais compter avec ces sociétés scannant toutes les surfaces possibles pour arriver à des dalles céramiques imitant à la perfection un très large spectre de matériaux. Le marbre, d’abord, avec les noirs et les blancs vedettes de Calacatta, les aciers Corten, le cuivre, le ciment et le bois sous toutes ses formes – peint, huilé, vieilli – le papier peint… finalement, comme nous avons pu le remarquer ces dernières années, le plus difficile devient presque de trouver une céramique… ressemblant à du carrelage._ON

Retrouvez notre dossier céramique – 50 nuances de grès et au-delà au Cersaie 2017 – dans le numéro 384 d’Architectures CREE

 

Tele di marmo chez EMILCERAMICA

La gamme Tele di marmo chez Emilceramica propose des imitations marbre grandes dimensions, disponibles sous deux formes : surface pierre unie, et dalles où le matériau semble avoir été brisé en morceaux pour être rassemblé dans une nouvelle composition : dè de marbre, « moellon », etc. Disponible dans une multitude de format du 30×60 au 120×120 mm pour les pièces principale, et plus encore pour toutes les pièces d’accessoire (baguette de 4×120 mm, nez de marche, etc.)

Lustri Veneziani : une gamme de céramique émaillée en partie

Lustri Veneziani : une gamme de céramique émaillée en partie

Imperceptible sur les photographies, la dimension tactile prend une importance dans la céramique contemporaine. Outre l’aspect, c’est aussi le toucher qui est reproduit, avec des différences tactiles perceptibles selon que l’on met le doigt sur la reproduction du gravier ou du mortier qui le lie. Suite logique de cette invitation à toucher, le jeu sur les reliefs introduit une troisième dimension dans un produit que l’on croirait condamné à l’éternelle platitude. Le passage à la 3D se fait tout en subtilité, avec des reliefs parcimonieux ou par l’illusion d’optique, pour tous les produits d’intérieur._ON

Retrouvez notre dossier céramique – 50 nuances de grès et au-delà au Cersaie 2017 – dans le numéro 384 d’Architectures CREE

 

INDUSTRIE COTTO POSSAGNO : Lustri Veneziani Variety

La collection Lustri Veneziani se distingue par l’application artisanale d’émail sur des carreaux d’argile très pure. Dans cette variante, la finition n’est réalisée que sur une partie du carreau, laissant réapparaitre le support brut qui se trouve alors confronté aux surfaces chromées, cristallines et irrégulières produites par les émaux obtenus en deuxième ou troisième cuisson. La fabrication du produit restant pour une bonne part artisanale, des teintes peuvent être réalisées à la demande. Pensé pour la pose murale dans les salles de bain, spa, living, etc. Dimension : environ 15×15 cm

Be-square : les carreaux carrés déco de chez Emilceramica

Be-square : les carreaux carrés déco de chez Emilceramica

Les cinquante nuances de grès se déclinent principalement du blanc au gris, en passant par le crème, le beige et le marron, teintes passe-partout utilisables dans un maximum de programmes possibles. Ultime limite que tente de franchir le carrelage, celle du temps, avec des motifs renvoyant au bon vieux temps d’avant, et aux carreaux de ciment colorés, une référence récurrente de stand en stand, tandis que l’utilisation de motifs plus intemporels, détachés de toute connotation rétro, ne se rencontre que plus rarement._ON

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Retrouvez notre dossier céramique – 50 nuances de grès et au-delà au Cersaie 2017 – dans le numéro 384 d’Architectures CREE

La gamme Be Square de chez Emil Ceramica célèbre l’aspect le plus essentiel du béton, lui conférant un rôle de premier plan dans l’espace. Disponible aux formats 60×120,60×60,30×60, 80×80 (en version mate et rodée), 40×80, en 4 couleurs tendance allant de l’Avorio au Nero, Be-square est pleinement mise en valeur dans les dalles 120×240 et 120×120 : créant des surfaces linéaires, inscrites dans la continuité visuelle, elle est idéale pour le revêtement des espaces urbains et des lofts métropolitains.

Mais Be-Square est aussi et surtout la version céramique des carreaux de ciment classique. S’ajoute à cette gamme unie une ligne décorative. Un mélange de 9 carreaux de ciment décorés 20×20, aux nuances équilibrées dans leur intensité, et un mélange de faïences 20×20 que distingue une finition effet mat et brillant, viennent enrichir la collection. Les décors sont complétés par des carreaux en 30×30 bicolore Conceret/Black, Ivory/ Sand, sur lesquels alternent des figures géométriques de cercles et de carrés.

Entre lignes unies et lignes décoratives, la gamme Be-Square se prêtera à de nombreux projets en intérieurs, au sol comme en surface murale, dessinant là un tapis, affirmant ici une crédence.

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Country Wood : le carreau de céramique imitation bois

Country Wood : le carreau de céramique imitation bois

L’aspect est un domaine dans lequel la céramique ignore les limites. L’adoption de méthodes d’impression numérique en progrès constant fait passer le « rotocolor » – technique limitée en terme de trame, car s’appuyant sur des supports d’impression prenant la forme de rouleaux – pour une technologie préhistorique. Dans la chaîne industrielle de la céramique, il faut désormais compter avec ces sociétés scannant toutes les surfaces possibles pour arriver à des dalles céramiques imitant à la perfection un très large spectre de matériaux. Le marbre, d’abord, avec les noirs et les blancs vedettes de Calacatta, les aciers Corten, le cuivre, le ciment et le bois sous toutes ses formes – peint, huilé, vieilli – le papier peint… finalement, comme nous avons pu le remarquer ces dernières années, le plus difficile devient presque de trouver une céramique… ressemblant à du carrelage._ON

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Retrouvez notre dossier céramique 50 nuances de grès et au-delà au Cersaie 2017 – dans le numéro 384 d’Architectures CREE

Les matériaux se confondent, s’imitent les uns les autres. Chez Casalgrande Padana la céramique prend l’aspect du bois. En arborant un aspect rustique sans trop en faire pour pouvoir rester dans le registre contemporain du matériau de réemploi, la gamme Country Wood veut se positionner comme une surface romantique évoquant le passage du temps. Ce revêtement de sol en grès cérame évoque la beauté naturelle du bois, jusque dans les couleurs choisies, qui sont aux nombres de 4 : du plus clair au plus foncé, Bianco, Greige, Marrone et Tortora. Ce matériau se lie en toute harmonie avec un ameublement moderne ou de récupération. Les carreaux de céramique se déclinent dans des formats lame de bois pour les poses en intérieur – 20×120 ou 15×120 cm – ils passent au format 45×90 cm dans leur version dalle sur plot, spécifique à l’outdoor. Leur épaisseur est de 20 mm. Pour parfaire les finitions, des pièces spéciales complètent la gamme, comme les pièces d’angles, les grilles, les bords ou les plinthes. De quoi assurer une continuité esthétique depuis l’intérieur jusque dans nos extérieurs.

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Claude Cormier, scénographe québécois du paysage

Le premier Sommet mondial du design* s’est tenu en octobre à Montréal. Dans une vision volontairement transdisciplinaire sur cette question, « Le design peut-il changer le monde ? », l’évènement réunissait des designers, des architectes mais aussi des paysagistes autour des enjeux environnementaux. C’était ainsi l’occasion de rencontrer le Québécois Claude Cormier, grande figure du paysage outre-Atlantique.

 

Paysage dual : entre nature et artifice

« Pour moi, le paysage c’est tout. Ce n’est pas seulement la nature ; elle n’est qu’un élément. J’ai grandi à la campagne et, à mon sens, ce n’était pas très sexy, c’était même « plat ». Par contre, l’idée de la ville, c’était magique, c’était même puissant », exprime-le très acclamé architecte et paysagiste star montréalais Claude Cormier, moins connu de ce côté de l’Atlantique, mais dont le nombre de sollicitations à faire des selfies lors du Sommet mondial du design de Montréal ne laissait aucun doute sur sa popularité. Ses réalisations débordent du cadre traditionnel de l’architecture de paysage, pour tisser des liens entre le design urbain, l’art public et l’architecture. A l’agence Claude Cormier + Associés, la création de paysage s’inspire d’éléments culturels puisés dans les musées et autres lieux. Ces éléments sont ensuite mis en scène, commente l’architecte paysagiste, qui n’hésite pas à convoquer la figure du théâtre. Ainsi, il n’utilise pas forcement des éléments naturels à proprement dit ou, « si je le fais, explique-t-il, je mets en opposition artifice et naturel dans des milieux urbains très durs. J’aime créer ces contrastes, car c’est souvent là qu’apparaissent de nouvelles choses. » En résultent des paysages tous sauf conventionnels, à l’instar du créateur, exaltant l’artifice, mêlant subrepticement réalité et surréalité. « Par l’utilisation de la couleur, des motifs et de la texture, l’optimisme contagieux et l’humour subversif de Claude Cormier se transforment en espaces sérieusement enjoués », peut-on lire sur le site internet de l’agence.

© Industryous Photography
© Industryous Photography
© Industryous Photography
© Industryous Photography

Sugar Beach, Toronto (Ontario), Canada : Face à la mer, s’affirme un espace dual séparé d’une diagonal, où s’opposent des parasols roses fichés dans le sable à des arbres plantés dans le bitume.

L’activité de l’agence a débuté à Montréal, puis s’est déplacée à Toronto, une ville en effervescence, avant de rejoindre les Etats Unis, avec notamment deux projets au centre-ville de Chicago. Selon l’architecte paysagiste, la création contemporaine montréalaise – qu’elle concerne l’architecture, le paysage ou le design urbain – semble dépendante d’un système bien particulier : les concepteurs travaillent essentiellement sur appels d’offres, et sont surtout choisis sur l’estimation des coûts, alors qu’en France il y a davantage de considération pour la qualité des propositions. Pour Claude Cormier, ce fonctionnement québécois est discutable, surtout face à un Canada anglais affamé de nouveautés : « Je m’aperçois que le Canada anglais est très réceptif à de nouvelles idées. Je suis très inquiet pour Montréal là-dessus, parce qu’il faut suivre la parade, mais il faut alors reconnaître la valeur ajoutée de ce que l’on apporte à l’espace public. » Pour lui, il est temps que les décisionnaires prennent conscience de la valeur de l’aménagement de l’espace public, véritable atout pour la ville et ses citoyens. A la question « Le design peut-il changer le monde ? », thématique annoncée du Sommet du design, Claude Cormier nous répond : « Oui, je pense que le design peut changer le monde, mais le vrai design. Pas le design à la mode, mais celui qui a une authenticité et qui répond à des problèmes. Le design, c’est l’art de mettre en relation les choses, de les mettre en symbiose. »_Amélie Luquain

© Industryous Photography
© Guillaume Paradis (CC+A)
© Guillaume Paradis (CC+A)

Hôtel et résidences Four Seasons, Toronto (Ontario), Canada : Dans la cour intérieure, se confrontent deux parterres : l’un pavé, orné de motif de roses et embelli d’une fontaine rouge rubis en son centre, l’autre planté de massifs sur des plates-bandes, dont la composition prend l’allure d’un puzzle éclaté.

 

*Le Sommet Mondial du Design a pris place à Montréal du 16 au 25 octobre dernier. Une première édition qui s’inscrit dans une année historique pour la ville Unesco du design qui fête en 2017, a fêté simultanément trois dates : le 150e anniversaire du Canada, le 375e anniversaire de la ville de Montréal et le 50e anniversaire de l’Expo 67.

 

Claude Cormier en quelques dates

2009 : reçu chevalier de l’Ordre national du Québec, la plus prestigieuse distinction accordée par le gouvernement du Québec.

1994 : fondation de l’entreprise Claude Cormier + Associés

1994 : maîtrise en histoire et théorie du design à la Harvard Graduate School of Design
1986 : baccalauréat en architecture de paysage à l’Université de Toronto
1982 : baccalauréat en sciences de l’agriculture (agronomie) à l’Université de Guelph
Lire aussi :

Quand Montréal veut changer le monde grâce au design

Rétro : le regard de Phyllis Lambert

Le premier sommet mondial du design s’installe à Montréal

 

 

Rétro : Le regard de Phyllis Lambert

Rétro : Le regard de Phyllis Lambert

Il y a quelques mois, en octobre 2017, Architectures CREE se rendait au Sommet Mondial du Design. A l’occasion, nous y avons rencontré Phyllis Lambert, alors conférencière vedette, qui était surtout en tête d’affiche des expositions du Centre Canadien d’Architecture – dont elle est fondatrice – avec Phyllis Lambert, 75 ans au travail et Pierre grise, des outils pour comprendre la ville. La revue revient sur son travail, sous le regard de Marie-Andrée Lamontagne qui a écrit un article intitulé Le regard de Phyllis Lambert, dans le numéro 291 d’Archicree, publié en 1999 :

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Téléchargez la version pdf : Phyllis Lambert_archicree 291

 

« Phyllis Lambert a voué sa vie à faire connaître et promouvoir l’architecture. Avec une volonté tenace, elle a patiemment créé le Centre Canadien d’Architecture dont collections et expositions sensibilisent le grand public et alimentent recherches comme débats professionnels. Pourquoi ? Parce que depuis un demi-siècle, elle défend « les villes ». Depuis l’attribution du Seagram Building à Mies Van der Rohe jusqu’au récent prix de la FICCA, elle est toujours au cœur des problèmes liés à la qualité de vie et à la modernité.

 

A Wesmount, l’avenue Cedar est une artère paisible, aux pentes et aux courbes harmonieusement étudiées, qui traverse la ville et vient rejoindre le mont Royal, avant de perdre son nom et de devenir l’avenue des Pins. Avenue Cedar, le passant n’est pas tout à fait à  Montréal, mais dans une enclave urbaine cossued’un peu plus de vingt mille habitants appelée Westmount, pourvue de tous les services municipaux d’une ville, et dont le demeures patriciennes de style néo-georgien sont elles-mêmes autant d’enclaves domestiques entre les murs desquelles vivent, luttent, croissent et se transmettent quelques-unes des plus belles fortunes du Canada.

En 1936, une petite-fille – elle a 9 ans – emprunte chaque jour l’avenue Cedar pour se rendre à l’école, longeant ainsi le collège des Sulpiciens, un bâtiment aux pierres imposantes, derrière lesquelles est enseignée la philosophie. La fillette est curieuse. De surcroît, elle a l’esprit fondateur et support mal l’autorité, peu importe ses avatars-père, école, religion, conventions sociales. Mais cette enfant, c’est avant tout un regard, une paire d’yeux braqués sur la réalité, qu’elle fouille, enregistre, recueille, transforme, cherche à comprendre et à assimiler à travers toute chose vue… »_Marie-Andrée Lamontagne

 

 

Lire aussi : Quand Montréal veut changer le monde grâce au design, un article signé Amélie Luquain, paru dans le numéro 384 d’Architectures CREE

 

 

Quand Montréal veut changer le monde grâce au design

Interroger le rôle du design dans le développement de nos sociétés, débattre des idées et actions novatrices destinées à bâtir un monde meilleur, questionner le design face aux défis du quotidien… Telles étaient les ambitions sans complexes du Sommet mondial du Design (SMD) – World Design Summit – qui s’est tenu à Montréal du 16 au 25 octobre dernier. Une première édition qui s’inscrit dans une année historique pour Montréal, ville UNESCO du design qui fête en 2017 trois commémorations simultanées : le 150e anniversaire du Canada, le 375e anniversaire de la ville de Montréal et le 50e anniversaire de l’Expo 67.

Article paru dans le numéro 384 d’Architectures CREE

 

Qu’est-ce que le design ? Bien des choses, sûrement, mais d’abord un mot propice à faire fleurir partout biennales et manifestations. Le Sommet Mondial du Design (SMD) de Montréal, qui se voulait d’une envergure inégalée, s’inscrit dans un panorama de grands évènements déjà̀ bien ancrés comme, localement, C2 Montréal, qui depuis 2012 propose des conférences à la forme expérimentale augmentées d’installations et performances artistiques dans le tout Montréal, ou encore, de ce côté-ci de l’Atlantique, la Paris Design Week, elle aussi siglée en trois lettres (PDW). Pour sa septième édition, la PDW a de nouveau converti Paris en capitale du design en ouvrant au public galeries, écoles de design, ateliers et studios de créations. Des évènements au caractère festif qui se déploient dans la ville, attirant les foules, amateurs et professionnels. Le SMD, lui, fait le choix de recevoir dans le Palais des Congrès un public plutôt averti. Conçu dans les années 70, par l’architecte Victor Prus, le palais a doublé́ sa superficie au début des années 2000 sous la supervision de l’architecte Mario Saia. Derrière sa façade de verre multicolore, designers, architectes, paysagistes et urbanistes, ont étroitement collaboré afin de présenter une position commune sur le rôle du design dans le monde contemporain. Sous l’égide de Pierre-Alain Gariépy, président et directeur général de l’organisation du SMD, se sont rassemblées trois organisations internationales, partenaires et fondatrices du Sommet : la Fédération internationale des architectes paysagistes (IFLA), la Fédération internationale pour l’habitation, l’urbanisme et l’aménagement du territoire (FIHUAT), le Conseil international du design (ico-D).

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Vue sur le CHUM à partir de la tour de la bourse © Adrien Williams

A Montréal, un évènement en trois volets

Les organisateurs avaient segmenté ce rassemblement international en trois volets bien distincts. Le premier, un salon où près de 350 exposants devaient présenter leurs innovations à près de 30 000 visiteurs attendus. Un panel d’exposants répondait présent au rendez-vous, même si les innovations n’étaient pas toujours de l’ordre de l’inédit. Plusieurs projets ont déjà été présentés ailleurs, en témoigne l’exposition des AJAP 2014, recyclée une dernière fois pour faire la promotion de la création des jeunes architectes et paysagistes français à l’export. Promotion discrète s’il en est, car les trois jeunes architectes présents pour l’occasion – Boris Nauleau (CLAAS), Jean Rehault (Studio 1984) et Vincent Lavergne (Nadau Lavergne) – n’ont pas eu l’honneur de voir leurs conférences inscrites au programme, et ont donc présenté́ leurs réalisations devant … pas grand monde, si ce n’est pour ainsi dire, personne. Heureusement, l’exposition du VIA (Valorisation de l’Innovation dans l’Ameublement) « No taste for bad taste », qui avait, elle, la chance d’être installée à l’entrée du salon, semble avoir obtenu de meilleurs résultats, réaffirmant le rôle de la France dans la création de mobilier. Inaugurée en avril à Milan lors du Salon du meuble, elle faisait à Montréal sa première étape sur le Nouveau Continent, avant de rejoindre New York puis d’autres lieux d’exposition.

Second volet, le congrès se voulait, selon les communiqués « un incubateur inter- national pour repenser la mission du designer et ses process de conception ». Eloge du design thinking, il comportait plus de 600 conférences regroupées en 6 thèmes – design pour la terre, design pour la participation, design pour la transmission, design pour la beauté́, design pour la vente, design pour les extrêmes. De quoi noyer les qualités individuelles dans une masse où il est bien difficile de faire le tri. Une quarantaine de conférenciers tenaient la vedette, remplissant cette fois les grandes salles qui leurs étaient attribuées, comme l’architecte chilien Alejandro Aravena, commissaire de la Biennale d’architecture de Venise 2016, qui s’est exprimé́ lors de la cérémonie d’ouverture, le graphiste français Ruedi Baur ou encore le directeur de Roset USA, Antoine Roset.

Également, étaient présentes des personnalités locales comme Moshe Safdie, auteur des logements Habitat 67 sur l’île Sainte-Hélène conçu pour l’Exposition universelle de 1967, la fondatrice du Centre Canadien d’Architecture et Phyllis Lambert, ou encore le très acclamé architecte paysagiste star de Montréal, Claude Cormier, peut-être moins connu de ce côté́ de l’Atlantique, mais dont le nombre de sollicitations à faire des selfies ne laissaient aucun doute sur la popularité́. Dernier volet de cet évènement, le Sommet, pensé comme « une occasion d’exprimer et de promouvoir la valeur du design grâce à la création de ponts et de synergies entre les différentes disciplines de conception. Une approche multidisciplinaire globale devait être utilisée pour aborder les problèmes mondiaux tels que l’évolution dynamique de la population, la lutte contre le changement climatique et la création de villes intelligentes et innovantes » indiquaient les communiqués. En effet, l’approche est bien transversale puisque ce sommet regroupe six disciplines : design graphique, design industriel, design d’intérieur, architecture, paysagisme, urbanisme. Et la thématique du SMD, sous des allures simples, est bel et bien complexe : le design est-il en capacité de résoudre les problèmes liés aux changements de notre ère ? Peut-on provoquer le changement par le design ? Le terme « design » est donc bien ici à comprendre dans sa traduction anglo-saxonne, soit au sens de « conception ».

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Les portes du nouveau CHUM, maquette numérique © Cannon Design + NEUF architect(e)s
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CHUM : la vie en montagne, intervention de Doyon-Rivest, une des dix oeuvres d’art installées dans le CHUM

De la com’ à la pratique

Vibrant pendant une semaine au rythme du design, quel visage présentait Montréal hors du Palais des Congrès ? Fondée en 1642, Montréal forme avec ses deux mil- lions d’habitants la plus grande métropole du Québec, et la deuxième ville franco- phone au monde. En 1991, elle est devenue la première ville d’Amérique du Nord à créer un poste de Commissaire au design, exclusivement dédié au développement et à la promotion de ce secteur ainsi qu’à la sensibilisation des acteurs privés et publics aux bénéfices d’un design de qualité. Elle a ouvert de nombreux lieux dédiés à la création – le Centre de design de l’Université du Québec à Montréal, le Centre canadien d’architecture, le Musée des beaux-arts de Montréal et la Maison de l’architecture du Québec – jusqu’à intégrer le réseau des villes créatives UNESCO dans la catégorie design en 2006. Et pourtant, Montréal ne semble pas avoir toujours eu conscience de la richesse de son patrimoine ni de la nécessité de créer un environnement urbain, pour le moins « esthétique ». En ce qui concerne le patrimoine, on pourrait se demander ce que seraient devenues les « pierres grises » – un calcaire extrait de carrières locales – de la ville aux cents clochers sans l’intervention d’une figure comme Phyllis Lambert, surnommée « Citizen Lambert ». Bataillant pour préserver le patrimoine et améliorer le sort de la métropole, elle participe à la naissance d’Héritage Montréal en 1975. Elle fonde quatre ans plus tard le Centre d’Architecture Canadien (CCA), installé depuis 1989 dans la maison Shaughnessy, une somptueuse demeure victorienne rescapée in extremis. Au-delà du patrimoine, elle préside le Fonds d’investissement de Montréal (FIM) depuis 1997 qui a vu naître depuis plus de 300 logements destinés à des familles à faibles revenus. Une personnalité incontournable maintes fois récompensée, dont certains disent qu’elle possède la « fortune d’Eliane Bettencourt avec l’aura de Simone Weil ».

Quant à l’architecture contemporaine, celle-ci semble dépendante d’un système bien particulier : les concepteurs travaillant avec des offres de services sont choisis sur la valeur économique. Sont donc sélectionné les moins disants – en version québécoise « les plus bas solutionaires » – ce qui, pour Claude Cormier, est une erreur majeure, surtout face à un Canada anglais affamé de nouvelles idées. Pour lui, il est temps que les décisionnaires reconnaissent la valeur de l’aménagement de l’espace public, véritable atout pour la ville et ses citoyens, et abandonne cette habitude de construire à l’économie. Une logique dont ne semble pas avoir souffert le CHUM, nouveau Centre Hospitalier Universitaire de Montréal, à peine inaugurée, que nous avons pu visiter lors des journées du SMD. Peut-être parce qu’il a été conçu en Partenariat Public Privé (PPP) par NEUF architect(e)s et CannonDesign pour Construction Santé Montréal ? Ce complexe colossal de 22 étages pour 275 000 m2 regroupant trois hôpitaux existants en centre-ville est le plus grand projet de construction en santé en Amérique du Nord. Une irruption propre à bouleverser le paysage de Montréal, même l’équipement fait un geste à minima envers le patrimoine, en intégrant le clocher de l’église Saint-Sauveur et une façade de la Maison Garth.

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Panneau de l’exposition présentée par le SMD au Palais des congrès. Design graphique Ruedi Baur © Ruedi Baur
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Pierre grise : des outils pour comprendre la ville. Vue d’installation présentée au CCA, 2017 © CCA, Montréal

Réinventer le futur du design

Le design peut-il changer le monde ? S’il n’a pas apporté́ de réponse concrète à cette question, posée d’ailleurs sous forme d’affirmation, le Sommet Mondial du Design entérinait au terme de cet évènement une grande première mondiale : la « Déclaration de Montréal sur le design », un plan d’action d’une durée de 10 ans destiné à faire face aux défis mondiaux à venir. Une cinquantaine d’organisations internationales, venant des différentes branches de la conception, design, architecture, paysagisme, urbanisme, ainsi que des organisations comme l’UNESCO, l’OECD, l’UNEP, l’ICLEI se sont rassemblées, avec pour objectif « d’écrire et de promulguer un énoncé conjoint de position qui mettra en valeur le rôle, la capacité et la valeur unique du design et des disciplines qui lui sont liées. ». De quoi donner au sommet un semblant de COP 21, sous des airs de design. Espérons qu’il soit plus suivi d’effet que cette dernière. Sans attendre les résultats, Pierre-Alain Gariépy, souhaite faire du sommet un évènement biennal. Un autre défi pour ce SMD, qui devra se battre pour exister dans un panorama déjà bien encombré._Amélie Luquain

 

Lire aussi : Le premier sommet mondial du design s’installe à Montréal

Glassiled : le verre d’AGC qui intègre des LEDs

Glassiled : le verre d’AGC qui intègre des LEDs

Glassiled est le verre d’AGC, fabricant de verre plat, qui intègre des LEDs monochromes ou RGB alimentées par une couche conductrice transparente. 

 

AGC, fabricant de verre plat, a développé la gamme Glassiled. Sa propriété :  intégrer des LEDs, monochromes ou RGB, au vitrage. Créé sur-mesure, ce verre lumineux autorise de nombreuses compositions, autant pour la disposition des LEDs, leur nombre ou leur couleur. La transparence est préservée, grâce a une couche conductrice transparente ; un câblage quasi invisible, de l’épaisseur d’un cheveux. Les LEDs étant peu énergivore, les composants électroniques se maintiennent dans le temps. Sans compter que les sources lumineuses sont protégées des dégradations atmosphériques par le double vitrage.

Les produits de la gamme sont fabriqués en Belgique. Les composants électroniques ainsi que tous les systèmes de contrôle sont développés par SmartiWorks. Les verres sont garantis 10 ans, et doivent être changés intégralement si les LEDs le nécessite.

Batiment Le Flow à Lille © Atelier d’architecture King Kong – Glassiled Motion

 

Glassiled Motion

Convenant particulièrement aux façades des bâtiments tels que les stades sportifs, les centres commerciaux ou de loisirs, les hôtels ou autres, la version Motion propose un contrôle individuel des LEDs, permettant à la façade de devenir un élément de médiation interactif, diffusant des projets animés. Les LEDs a très forte luminosité sont visibles jusqu’à 3 kilomètres.

Brussels Airport Glassiled – Sign
Galeo Glassiled – Sign Artlite – EVA Creation

 

Glassiled Smart 

La version Smart est conçue pour les projets de rénovation. Elle confère une touche lumineuse a un bâtiment existant dont l’architecture générale ne peut subir aucune modification, et dont les châssis d’origine doivent être préservés. Chaque vitrage est remplacé individuellement. Un composant optique sur chaque LEDs empêche toute réflexion interne (<0.01%), n’occasionnant aucune gêne pour les résidents.

Glassiled

 

Glassiled Sign

Sign est la première génération de verre Glassiled qui intègre uniquement des LEDs monochromes. Applicable en intérieure comme en extérieure, il répond à des projets nécessitant une signature permanente, tel un logo, un motif, une signalétique.

East Pacific International Center Glassiled – Sign

 

« Sciences Po » investit l’hôtel de l’Artillerie

Les agences Wilmotte, Moreau Kusunoki et Sasaki ont remporté avec le promoteur Sogelym-Dixence le projet de restructuration de l’ancien hôtel de l’Artillerie, site militaire qui va être intégré au campus de l’institut d’études politiques de Paris.

Jardin des savoirs – Gribeauval © crédit photo Sogelym Dixence _ Wilmotte & Associés Architectes _ Moreau Kusunoki et Sasaki

Qu’il reste entre les mains des institutions publiques ou gagne celles d’institutions et propriétaires privés, le patrimoine parisien est en pleine ébullition. L’hôtel de la Monnaie, rénové par Philippe Prost, vient d’être livré, l’ancienne bibliothèque nationale (site Richelieu) entreprend un ambitieux chantier de rénovation, les travaux d’aménagements de la bourse du commerce en lieu d’exposition pour la fondation Pinault ont débuté, et à deux pas, la transformation controversé de la poste du Louvre se poursuit. D’autres chantiers parisiens (L’hôtel de la Marine, le Lutetia, etc.) attestent de la valeur et des enjeux qui entourent les édifices historiques dans le Paris du XXIe siècle. Jeudi 11 janvier, Science Po a présenté son projet d’extension dans le noviciat fondé par les dominicains en 1631. Le transfert du bien à la Grande muette, advenu le 18 floréal de l’An III avec l’installation dans les murs du comité central de l’Artillerie, a retiré le site de la carte. L’ouverture partielle des lieux au public a cessé en 1905, avec la fermeture du musée de l’Artillerie. On prête à la section technique de l’armée qui prend possession des murs à partir d’avril 1945, la charge de conduire des opérations mystérieuses et secrètes, justifiant la fermeture totale du site par de sévères barbelés. Quoiqu’il en soit, ce département a déménagé vers le « Balargone », libérant les lieux pour un nouvel usage. Il semble revenir à Richard Descoings, directeur de Sciences Po mort brutalement en 2012, l’idée d’utiliser l’hôtel de l’Artillerie pour suivre la politique de croissance et de rayonnement international qu’il avait engagé à la tête de l’institution. Sciences Po, une fondation privée reconnue d’utilité publique, avait là une possibilité inespérée de s’étendre. Fermement ancrée dans le VIIe arrondissement, l’école n’a pu assouvir ses besoins de surfaces qu’en multipliant les locations dans le quartier, atteignant le nombre de 20 adresses différentes louées à différents propriétaires. De plus, l’hôtel de l’Artillerie partage un mur mitoyen avec le « 13U », 13 rue de l’université, locaux occupés par SciencesPo depuis le départ de l’ENA pour Strasbourg. L’installation avait fait jaser jusque dans les rangs des élèves de ScPo. 

Amphitéâtre Gribeauval © crédit photo Sogelym Dixence – Wilmotte & Associés Architectes _ Moreau Kusunoki et Sasaki

4 équipes en lice

Après cinq ans d’études et de développement du projet en interne, la direction de SciencePo a dévoilé le projet de transformation de l’hôtel de l’Artillerie en « Campus 2022 » . Le projet a été choisi par concours, ouvert d’abord à 19 équipes, nombre restreint à 4 dans une deuxième phase. Les participants étaient regroupés dans des équipes conduites par des promoteurs. La proposition du trio Wilmotte/Moreau Kusunocki/Sasaki l’a emporté sur celles des agences DVVD, Snøhetta et Kengo Kuma. La direction de Sciences Po ne souhaitant pas diffuser les projets non retenus, on ne peut se faire une idée des différentes options proposées qu’à partir des comptes rendus sommaires glanés au hasard des interlocuteurs. La nécessité de faire rentrer un programme dense dans une surface de 14 000 m2, qui restait réduite au regard des besoins, impliquait de pratiquer des excavations et d’éventuellement de réaliser une extension, dans les limites très restrictives fixées par le PSMV (Plan de sauvegarde et mise en valeur, qui régit le développement urbain dans les secteurs protégés au titre des monuments historiques). Ces deux éléments ont déterminé les options des uns et des autres. Snøhetta aurait créé une extension sculpturale et ultra contemporaine, Kuma aurait proposé de créer deux patios circulaires dans une des cours pour apporter de la lumière au sous-sol, DVVD aurait joué sur l’emphase, accentuant la diagonale qui relie l’hôtel de l’Artillerie avec l’U13. Tout cela au conditionnel, bien sur, puisqu’encore une fois les propositions de concours sont tenues secrètes par le maitre d’ouvrage pour des raisons que l’on ignore, la peur, sans doute, de voir son choix contesté. Voila qui nous prive d’un débat architectural sur le réaménagement d’un site historique. 

Cloitre actuel de l’Artillerie © Marie Sorribas _ O.H.N.K

Trois cours

Revenons justement au site. L’hôtel de l’Artillerie se déploie autour de trois cours. La cours Sébastopol, sur l’ancien cloître, dont une partie a été surélevée très discrètement par les militaires. Moins discret en revanche, l’axe ouvert dans le côté oriental du cloître, pointant vers la cour Treuille de Beaulieu, qui servait d’entrepôts à canons. Assez vaste et fermé par un mur bas, cet espace que n’égaye pas la vue des colonnes de Gallimard est interdit à la construction par le PSMV. Le département journalisme de l’école occupera ce vide en souterrain. Dernière cour, la cour Gribeauval, occupée en son centre par une construction massive et sans intérêt édifiée dans les années 20, et dont le PSMV impose la destruction. Cet espace devient le coeur du projet, parce qu’il met en communication l’hôtel de l’Artillerie et le 13 U, dont le jardin devient la quatrième cour du site, et surtout parce qu’il est l’espace où les aménagements sont les plus visibles. L’agence Moreau Kusunoki y implante un édifice qu’elle a souhaité le plus neutre possible, une boite en verre de trois niveaux qui rappelle un peu les Apple Stores dessinés par Norman Foster. On aurait peut-être aimé un peu plus d’extravagance et de folie pour cette petite construction, qui, placé à un point clé du site, est un petit observatoire sur toute cette partie du campus. Les règlements drastiques du PSMV limitaient sévèrement le gabarit constructible, interdisant de rendre le toit accessible – les émergences et les gardes corps seraient sortis du volume capable. Reste que ce pavillon, réservé à la bibliothèque, articule l’ensemble du programme. Sa position en fond de cour redonnera une lecture simultanée des deux façades existantes, actuellement impossible du fait de la présence du bloc construit dans les années 20. Il règle aussi les différents hauteurs de sol, décaissé pour permettre d’éclairer les extensions souterraines du programme. Le parti d’enfouir une partie des salles allait à l’encontre du PSMV, qui entrait lui même en contradiction avec les ambitions parisiennes affichées lors du deuxième volet de la consultation « réinventer Paris », qui partait à la reconquête des sous-sols parisiens. « Le règlement interdisait les affouillements » explique Franck Boutté, BET environnemental de l’équipe, ce qui empêchait d’éclairer naturellement les nouveaux espaces par des prises de lumière naturelle. Comment Jean-Louis Missika, adjoint à l’urbanisme, impliqué aussi bien sur les « Réinventer Paris » que sur le réaménagement de Sciences Po, établissement dans lequel il enseigne, pouvait-il accepter cette contradiction flagrante ? Finalement, l’adjonction d’un large escalier instaurant une continuité entre sol haut et bas de la cour Gribeauval a dissipé le dilemme, même si, pour l’instant, l’adjoint à l’urbanisme ne goute pas les verrières plates qui délimitent les parties hautes et basses de la cour Gribeauval. L’ajout d’escalier agencé en gradins permettra de transformer cet espace en amphithéâtre à ciel ouvert.

Cours sébastopol © crédit photo Sogelym Dixence _ Wilmotte & Associés Architectes _ Moreau Kusunoki

Un campus nommé Paris

Avec l’hôtel de l’Artillerie, Sciences Po occupe désormais 45 000 m2 de locaux dans le quartier. Les rôles des différentes agences prenant part au projet sont clairement définis : Wilmotte prend en charge tout le réaménagement de l’existant, rénové dans une optique environnementale sous le contrôle de Franck Boutté, qui supervise ces questions sur l’ensemble du projet. Pierre Bortolussi, architecte des bâtiments de France, traite des question liés à la préservation du patrimoine. Les parties neuves sont dessinées par Moreau-Kusunoki, l’agence Sasaki traite les problèmes relevant de sa spécialité, l’organisation de campus. Le promoteur Sogelym Dixence chapeaute l’ensemble du projet, réalisé selon la procédure du CPI, contrat de promotion immobilière. Les cinq années d’études précédant le concours devraient éviter les mauvaises surprises, embarrassante ans ce type de contrat ou le promoteur devenu maitre d’ouvrage s’engage sur un prix et un délai – ici l’ouverture de l’école pour la rentrée de 2021, et le 150e anniversaire de l’école en 2022. La Ville de Paris s’est impliqué dans le financement en garantissant aux ⅔ le prêt de 160 millions d’euros contracté par l’Institut. L’achat du bâtiment à l’Etat pour 93 millions d’euros sera compensé par une économie de 11 millions d’euros dépensés pour la location de différents locaux dispersés dans le quartier. Sciences Po apporte 10 millions d’euros de fond propre et compte sur le mécénat pour lever 20 millions d’euros supplémentaires.

Pour Anne Hidalgo, qui a justifié l’implication de la ville dans ce projet, les futurs étudiants pourront devenir les ambassadeurs de Paris à travers le monde. La grandeur de l’établissement est un gage de ce rayonnement international qui semble être devenu la priorité de nombreux maires de métropoles, focalisés sur l’attractivité et le rang de la ville au classement des « villes-mondes » « Le campus, c’est Paris » a énoncé Anne Hidalgo, au risque de rendre chagrin les étudiants exilés sur le plateau de Saclay, encore bien peu hospitalier en dépit des aménagement en cours. Avec l’éducation, les bâtiments du « vieux paris » sont un atout maitre, au point que l’on pourrait proposer cette définition du patrimoine parisien : «  élément historique destiné à supporter un projet moderne pour augmenter l’attractivité de la capitale »._Olivier Namias