Mai 68. L’architecture aussi !

Mai 68. L’architecture aussi !

Du 16 mai au 17 septembre 2018 la Cité de l’architecture et du patrimoine accueillera l’exposition Mai 68. L’architecture aussi invite à revisiter cette vingtaine d’années (1962-1984) qui vit le renouvellement de l’enseignement accompagner celui de l’architecture, l’urbanisme. En France, dans le champ de l’enseignement de l’architecture, Mai 68 constitue un point d’orgue mais s’inscrit dans une perspective plus large tant du point de vue temporel (de l’après-guerre aux années 1970) que géographique. Les confrontations internationales ne manquent pas : les architectes voyagent, les livres et les idées circulent et l’enseignement de l’architecture est largement débattu.

Les directions que prennent l’architecture et son enseignement à partir du milieu des années 1960 sont multiples et les carrefours parfois dangereux. Les premiers troubles importants éclatent à l’Ecole des Beaux-Arts autour de 1966. Ils s’accompagnent d’une revendication des étudiants en architecture les plus avancés pour la Théorie « majuscule » et pour, à la clé, un statut d’intellectuels, reposant sur l’apport décisif des sciences humaines dans la formation des architectes.
L’engagement est politique – à gauche cela va de soi – mais aussi intellectuel, indissociablement tendu vers le renouveau théorique : c’est l’heure du structuralisme spéculatif avec son « effet-logie » qui emprunte autant à la logique mathématique qu’à la linguistique.

Conscients d’un changement inéluctable, les pouvoirs publics avaient bien tenté d’accompagner ce mouvement depuis un certain temps. Ils avaient élaboré un projet de réforme de l’enseignement – que Mai 68 vient faucher. Dès la rentrée suivante, l’architecture et son enseignement se réinventent, hors du cénacle des Beaux-arts, dans de nouvelles « unités pédagogiques d’architecture » (UPA) autonomes. La génération qui s’y forme, même si elle se fédère d’abord sur le rejet de l’héritage, crée de l’idéal et cherche à transmettre quelques références et représentations partagées.
« Années tournantes », les années 1968 s’étirent jusqu’au vote, en 1977, d’une Loi sur l’Architecture qui relaie en partie l’agitation pionnière. Son contenu général déplace notamment l’architecture vers le pôle de la qualité alors qu’elle était depuis la Reconstruction dominée par la quantité.

L’exposition Mai 68. L’architecture aussi invite à revisiter ce champ des possibles, cette vingtaine d’années (1962-1984) qui vit le renouvellement de l’enseignement accompagner celui de l’architecture, de l’urbanisme et des professions qui leur sont attachées.

Le refus virulent de l’héritage ou tout au moins son évolution, l’engagement de ceux qui ont fait des années 1968 un moment de basculement, la réinvention des formes et des contenus pédagogiques qui s’en est suivie et enfin les hypothèses qui furent formulées alors pour la société et l’architecture, sont les grandes thématiques qui permettent d’analyser cette aspiration à faire de l’architecture autrement.

L’exposition sera également marquée par un colloque international – Les années 1968 et la formation des architectes. Perspectives internationales – qui se déroulera le Mardi 15 mai 2018 et la Mercredi 16 mai 2018 – de 9h30 à 18h30. 

Ce colloque reviendra sur les formes que prennent les pédagogies en architecture hors de France, dans les années 1960-1970, au moment où différents facteurs contribuent à légitimer des changements de paradigmes de la théorie architecturale. Alors que les contenus s’ouvrent largement aux sciences humaines ainsi qu’aux expérimentations mathématiques et informatiques, des alternatives constructives émergent, notamment sur des thèmes tels que l’écologie, l’environnement ou la place de l’usager.

En regard de l’exposition « Mai 68. L’architecture aussi ! » consacrée à la bascule que connaît la scène architecturale française entre 1962 et 1978, ce colloque international permettra, au travers de contributions thématisées, de cartographier à l’échelle internationale une série d’expériences pédagogiques, d’évaluer dans quelle mesure elles ont « fabriqué » des architectes prêts à embrasser la diversité des métiers de l’architecture ou, a contrario, à prendre des positions culturelles et politiques plus différenciées.

15 mai 2018 Cité de l’architecture & du Patrimoine / Auditorium
16 mai 2018 Ecole nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais / Amphi 2 des Loges

Responsables scientifiques : Anne Debarre, ENSA Malaquais ; Marie-Hélène Contal, CAPA ; Caroline Maniaque, ENSA Normandie ; Eléonore Marantz, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Jean-Louis Violeau, ENSA Nantes.

Organisateurs : Cité de l’architecture & du patrimoine ; Laboratoire ACS, ENSA Paris-Malaquais ; Laboratoire HiCSA, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Laboratoire ATE Normandie, ENSA Normandie ; Laboratoire CRENAU, ENSA Nantes.

La Fondation Wilmotte récompense les lauréats du Prix W 2018 pour la réhabilitation du Fort de Villers en une fabrique sportive

Depuis 12 ans, la Fondation Wilmotte favorise la rencontre du patrimoine et de la création contemporaine à travers l’organisation du Prix W. Pour sa huitième édition, les participants, étudiants ou diplômés d’écoles d’architecture européennes ou suisses, étaient invités à redonner vie au Fort de Villiers, dans la petite couronne parisienne, dans le but d’en faire un lieu ouvert, propice à la rencontre et à la promenade, et porteur d’un programme culturel et sportif dans la perspective des Jeux Olympiques de 2024. Les candidats étaient tenus de respecter certaines contraintes pour proposer un projet à la hauteur du site et de ses ambitions futures. Le concours d’idées a séduit pas moins de 132 participants et après examens des 80 projets soumis, le jury a choisi trois projets lauréats et en a mentionné cinq autres. Une exposition se tiendra à la galerie de la Fondation à Venise, dans le cadre de la Biennale internationale d’architecture.

Le contexte

Le Fort de Villiers est situé dans la petite couronne de Paris, sur la commune de Noisy-le-Grand à 1 km au sud de son centre ville. Bordé par l’autoroute A4, son environnement proche est constitué d’équipements municipaux et sportifs, d’un ensemble résidentiel. Erigé sur un terrain de 4 hectares, cet ouvrage a été conçu pour protéger Paris, par le Général Séré de Rivières de 1878 à1880.  Propriété du Ministère de la Défense, il abrite à l’origine un casernement militaire. Du centre d’hébergement au lieu d’accueil des associations sportives, le Fort a connu de multiples usages.

Le programme

Le Fort de Villiers de demain sera résolument tourné vers l’avenir dans toutes ses dimensions. Cette « fabrique sportive » d’une surface pourra accueillir festivals et manifestations éphémères se traduisant comme :

-un lieu de rencontre ouvert au public, support global pour les rencontres, les échanges et les évènements sportifs et culturels.

– un centre dédié à l’innovation, au sport et à la culture. Cette enceinte accueillera activités sportives et culturelles qui inventent, innovent et accompagnent l’émergence de nouveaux usages, de nouveaux projets ainsi qu’une programmation évènementielle liée aux Jeux Olympiques de 2024 contribuant au rayonnement du Grand Paris.

– un poumon vert, révélant le potentiel paysager du site, afin d’en faire un véritable lieu de promenade, de découverte et de détente : parcours sportifs, aires de jeux, agriculture urbaine, jardins familiaux, parc de sculptures, etc.

Les étudiants et jeunes diplômés ont rendu leurs projets le18 avril, le jury s’est réuni le 24 avril 2018 pour élire les gagnants et mentionnés de l’édition 2018 du Prix W.

Les membres du jury et la présidence de la Fondation Wilmotte, de gauche à droite :

Mme Brigitte MARSIGNY, Maire de Noisy-le-Grand, Présidente du jury / Mme Pascale COTTE-MORRETON, Maire Adjointe déléguée au patrimoine / (M. Jean-Michel WILMOTTE, Architecte, Président de la Fondation Wilmotte – hors jury) / Mme Pauline POLGAR, Journaliste – Batiactu / Mme Anne DEMIANS, Architecte / M. Andrea BRUNO, Architecte / Mme Marie-Douce ALBERT, Journaliste – Le Moniteur / M. Julien ROUSSEAU, Architecte / Mme Saadia TAMELIKECHT, AUCE ABF, cheffe du service territorial de l’architecture et du patrimoine de Seine-Saint-Denis / (Mme Borina ANDRIEU, Directrice de la Fondation Wilmotte – hors jury) / M. Patrick COTTE, Président de l’Association de sauvegarde du Fort de Villiers / M. Olivier BROCHET, Architecte

Lauréats :

1er prix : projet «  Casus Belli » – Clément Raimbault, 26 ans, et Enguerran Willaume-Real, 24 ans, tous deux Français et diplômés de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nancy. Ils seront récompensés par un prix de 7 000 €.

2e prix : projet « E-Fort » – Arnaud Jouanchicot, 27 ans, Français, diplômé de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Toulouse. Il recevra un prix de 5 000 €.

3e prix : Projet « O » – Andrei Ionita, 27 ans, et Ioana Penescu, 27 ans. De nationalité roumaine, ils sont diplômés de l’University of architecture and urbanism Ion Mincu de Bucarest. Ils recevront un prix de 2 000 €.

Mentions :

Projet « Le Fort » – Margaux Bitton, 25 ans, Française, diplômée de l’Ecole spéciale d’architecture de Paris, et Daphné Zanzen, 26 ans, Belge, diplômée de l’Université de Liège.

Projet « Au-delà de la colline » – Emanuele Piersanti, 28 ans, Italien, diplômé de l’Università degli studi Gabriele D’Annunzio, à Pescara, et Romain Alies, 25 ans, Français, diplômé de l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux.

Projet « Double host » – Petar Petricevic, 25 ans, Bosniaque, et Ksenia Chernobrovtseva, 26 ans, Russe, tous deux diplômés de la Hochschule Anhalt – University of applied sciences de Berlin.

Projet « Un fort data ville » – Clément Besnault, 28 ans, et Chloé Coffre, 24 ans, tous deux Français et diplômés de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris-La villette.

Projet « La fabrique des champions » – Jeanne Chaley, 25 ans, Française, diplômée de l’Ecole nationale supérieure d’architecture Paris-Val de Seine.

Palmarès du Concours BIM 2018 : un « Nouvel Air » pour Suresnes

Le 26 avril 2018 s’est tenue la cérémonie de remise de prix du Concours BIM 2018. Les convives, tous professionnels de la construction, ont été accueillis par Polantis et ses partenaires à la Halle Pajol (Paris 18ème) pour découvrir les lauréats de cette année très spéciale.

Pour cette 3 édition, Polantis s’est associé à la ville de Suresnes et à L’INS HEA (Institut National Supérieur de Formation et de Recherche pour l’Éducation des Jeunes Handicapés) afin de faire susciter une réflexion sur un trésor urbanistique des années 30 : l’École de Plein Air de Suresnes (classée Monument historique).
L’École de Plein Air devait faire l’objet d’une proposition de réaffectation. Les candidats –architectes et étudiants en architecture – devaient aussi concevoir la maquette numérique d’un collège de 500 élèves qui serait situé sur le terrain adjacent à l’école, en lieu et place de l’INS HEA (amené à déménager prochainement).
Les propositions des candidats ont été évaluées selon cinq critères. Le respect du programme et des attentes de la ville et de l’INS HEA (notamment l’accessibilité à toutes les personnes handicapées).
La qualité architecturale et l’intégration maîtrisée du projet dans le site. La méthodologie BIM devait être respectée et prouvée. Enfin, les produits des sponsors industriels du concours devaient être intégrés dans la maquette numérique.

1er prix pour le projet « Nouvel Air » de Marisol Declercq et Emmanuel Lara  
Marisol Declercq est étudiante en architecture à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Val de Seine, Emmanuel Lara est architecte. Finalistes malheureux des deux premières éditions, ils se hissent brillamment à la première place en 2018.

1er prix pour le projet « Nouvel Air » de Marisol Declercq et Emmanuel Lara
1er prix pour le projet « Nouvel Air » de Marisol Declercq et Emmanuel Lara

Les délibérations :
Instantanément renommé par les membres du jury le « projet environnemental », ce projet a provoqué l’enthousiasme. Il faut dire que le bâtiment ne laisse pas indifférent.

De la forme du projet : rectangle modeste et puissant parallèle à l’École de Plein Air, pensé pour créer un lien intime avec le site et un lien étroit avec la nature… jusqu’à l’attention portée au moindre… Tout s’explique, tout se justifie, tout est intelligent, organique… naturel. Un membre du jury parle du parfait équilibre entre rigueur et folie, d’une proposition « super poétique ». Un autre évoque « l’intelligence du geste, la singularité de l’intention, l’élégance de la proposition ».

Du côté de l’École de Plein Air, Suresnes explique : « Ce projet de réaffectation est à la mode… oui… mais il est aussi très pertinent ». La volonté d’Henri Sellier, maire de Suresnes de 1919 à 1941, de faire l’École un lieu privilégié pour le développement du bien-être et de la santé est respectée.
Enfin, last but not least, la maquette numérique est admirable : légère, complète, navigable. L’export de paramètres pour compléter le COBIe est impeccable. La maîtrise du BIM (Building Information Modeling), cette méthode de construction du futur, est parfaite.

2ème prix pour le projet « Le Collège Beaudouin & Lods / L’École de Plein Temps » de Jean-René Manon, Aurore Crouzet et Aurélien Ferry

2ème prix pour le projet « Le Collège Beaudouin & Lods / L’École de Plein Temps » de Jean-René Manon, Aurore Crouzet et Aurélien Ferry
2ème prix pour le projet « Le Collège Beaudouin & Lods / L’École de Plein Temps » de Jean-René Manon, Aurore Crouzet et Aurélien Ferry

Les délibérations :
A première vue, la façade de ce projet peut paraître « austère », la forme des bâtiments simpliste… mais en réalité … les candidats relèvent un pari audacieux : il s’agit d’un bâtiment contemporain de style moderne.

Le bâtiment est un hybride très intéressant sur le plan esthétique. Vert, épuré, minéral et puissant, en accord parfait avec l’École.

La pérennité du collège se retrouve aussi dans la réaffectation proposée : des logements et des activités pouvant générer du lien intergénérationnel et … des finances ! « Cela ouvre des perspectives pour la ville et pourrait faire revivre le site » précise Suresnes.

3ème prix pour le projet « EMA – École à Mobilité Augmentée » de Roberto Fioretti, Lorenzo Pede, Gianmarco Tancioni et Arianna Cavallo

3ème prix pour le projet « EMA – École à Mobilité Augmentée » de Roberto Fioretti, Lorenzo Pede, Gianmarco Tancioni et Arianna Cavallo
3ème prix pour le projet « EMA – École à Mobilité Augmentée » de Roberto Fioretti, Lorenzo Pede, Gianmarco Tancioni et Arianna Cavallo

Les délibérations :
Lorsque vient le tour de ce projet d’être observé… c’est d’abord le fouillis parmi les membres du jury… certains détails gênent l’œil…
Et puis le jury se replonge dans les notes d’intention et fait un zoom sur les planches – belles, mais dramatiques – …

On souligne que le projet « n’a pas peur du site actuel » : c’est la proposition qui s’intègre le mieux au site. On comprend aussi la grande ambition de l’équipe : créer une nouvelle perspective éducative, faisant de tout lieu, un lieu d’apprentissage…

Le jury est aussi particulièrement enthousiaste à la lecture de la notice d’accessibilité. « C’est une des équipes qui est allée le plus loin sur ce point-là, on voit que c’est très travaillé : l’accès pour les personnes handicapées est un point fort du projet ».

Côté BIM, c’est impeccable, le contrat est respecté.

En somme, il semble évident que ce projet est le fruit d’un grand investissement et d’un travail où rien n’a été laissé au hasard.

Composition du jury : Marie-Pierre Deguillaume, Directrice du MUS de Suresnes ; Didier Sadoine, chargé d’opérations pour l’INS HEA ; Pierre-Gilles Parra, Responsable de la prescription chez ISOBOX isolation ; Emmanuel di Giacomo, Responsable Europe Développement des écosystèmes BIM chez Autodesk ; Eddie Alix, Chef de Projet du Plan Transition Numérique dans le Bâtiment ; Jérôme Bonnet, BIM Manager Groupe chez AIA associés ; Jacques Lévy-Bencheton, Vice-Président SIGHTLINE GROUP et Architecte Associé de Brunet Saunier Architecture ; Fabrice Lagarde et Vladimir Doray, Architectes associés chez WRA ; Kévin Bailly, Lauréat du 2ème prix du Concours BIM 2017 et Itaï Cellier, Architecte, Fondateur et PDG de Polantis.

Le Narkomfin, symbole soviétique en réhabilitation

Le Narkomfin, symbole soviétique en réhabilitation

 

Le Narkomfin, ensemble de logements moscovite, renaît lentement de ses cendres après avoir été longtemps laissé à l’abandon. Malgré un grand nombre d’appartements vacants, ce symbole du constructivisme soviétique avait toujours été habité, mais son entretien laissait à désirer. Aujourd’hui, le petit-fils de l’architecte du Narkomfin est en charge de sa rénovation.

 

narkomfin_batiment_sovietique_architecture_constructiviste_rehabilitation_moscou

 

1928. La société soviétique vit au rythme du stalinisme. Une société dont les habitudes de vie sont modelées par la pensée communiste, qui influence aussi l’architecture. Les architectes Moïseï Ginzbourg et Ignaty Milinis sont mandatés par le Ministère des Finances pour réaliser quatre ensembles de logements pour leurs employés. Le projet, pourtant amputé de deux bâtiments sur quatre, est terminé en 1932.  En béton armé et sur cinq étages, le Narkomfin est entouré d’un parc. Le rez-de-chaussée devait initialement laisser place à un espace végétal, et le bâtiment était supporté par de larges pilotis noirs. Cependant, quelques années après, on y construira des bureaux et d’autres logements, pour rentabiliser l’espace… Les appartements, dont l’accès se fait uniquement aux couloirs des étages 1 et 4, sont en duplex. Un salon en double hauteur offre une grande luminosité, alors que les chambres sont plus basses de plafond.  Une configuration qui fait écho aux unités d’habitations que Le Corbusier construira dans ses Cités radieuses françaises, une vingtaine d’années plus tard.

 

Cette architecture radicale et fonctionnelle répond aux attentes du constructivisme. Icone de l’architecture soviétique des années 1920, le Narkomfin concrétise des idées théoriques bien arrêtées sur la vie communautaire. Au delà de logements, il met à disposition de ses habitants des cuisines collectives – aucun logement n’en possède à titre individuelle – , une crèche, une salle de sport, des terrasses et toit partagés… Ces nouveautés offrent un luxe indéniable aux habitants ! Mais ce mode de vie utopique est confronté à la réalité, et le Narkomfin tombe vite en désuétude. Les 54 unités de logements sont abandonnées aux fils des ans. La faute à une architecture qui influe -trop- sur les modes de vie des habitants ?

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Le nombre important de propriétaires et l’absence de copropriété empêchait l’avancement des projets de réhabilitation. En 2016, la société Liga Prav achète 95% du bâtiment et confie la restauration à Alexeï Ginzbourg, qui n’est autre que le petit fils de l’architecte de l’époque. Il souhaite redonner une lecture d’origine à ce bâtiment. Et c’est en libérant le rez de chaussé de ses artifices qu’il commence.  Il restaure l’idée originelle du projet, en ayant une vision globale de l’ensemble du Narkomfin. Un projet qui modifiera sans doute les plans initiaux du projet. En effet, les normes de sécurité ont bien évolué en 80 ans, et il faudra très probablement se plier aux nouvelles réglementations, tout en gardant l’esprit souhaité par les architectes fondateurs. Alexeï Ginzbourg, qui espère que la rénovation sera terminée d’ici l’année prochaine, souhaite ainsi donner un exemple de réhabilitation pour les autres bâtiments emblématiques de l’air soviétique tombés dans l’oubli.

 

Anne Vanrapenbusch

The XI premier projet résidentiel et hôtelier de Bjarke Ingels Group à New York 

De nouveaux détails concernant le premier projet résidentiel et hôtelier de Bjarke Ingels Group à New York ont été dévoilés. Intitulé « The Eleventh » ou « The XI », le projet, développé par le groupe de capital HFZ, comprend deux tours torsadées asymétriques réalisées en bronze et reliées à un skybridge. Les derniers rendus du projet montrent également l’évolution du design, présenté pour la première fois en 2016. 

Les tours conçues par BIG accueilleront un programme résidentiel mais aussi hôtelier en association avec l’opérateur d’hôtel Six Sens. Six sens New York sera situé dans la tour Est, qui comprendra en parallèle 87 condominiums de luxe avec des intérieurs conçus par les designers parisiens Gilles & Boissier. Tandis que la tour Ouest en contiendra 149, imaginés cette fois par Gabellini Sheppard Associates. Elle se composera  de simplexes et de duplex aux 5e et 6e étages, qui commenceront à 50 pieds au-dessus du niveau du sol pour offrir une vue sur la rivière Hudson. Le programme disposera également d’une gamme complète d’équipements avec notamment un espace privé de loisirs et de bien-être doté de son propre centre de remise en forme et d’une immense piscine accompagnée d’une verrière. Un salon à double hauteur, situé à l’intérieur du pont connectant les tours, accueillera une bibliothèque et un écran de cinéma rétractable mais également une salle de dégustation de vin privée avec un coin repas, un espace de restauration ainsi qu’un salon avec tables de billard pour des expériences culinaires et divertissantes. De plus, une salle réservée aux adolescents et une salle de jeux pour enfants permettront à ce projet de réponde à des enjeux intergénérationnels en offrant des espaces spécialement conçus pour chaque membre de la famille.

The XI premier projet résidentiel et hôtelier de Bjarke Ingels Group à New York

 «Les deux tours se transforment et s’adaptent à leur environnement et à l’autre lorsqu’elles s’élèvent du sol, se réorientant pour répondre à la ligne haute, la rivière Hudson et le quartier artistique environnant», déclare Bjarke Ingels. 

Bjarke Ingels explique que parce que les deux tours asymétriques étaient situées sur des parcelles différentes, l’une le long de la rivière Hudson, l’autre le long de la High Line, elles avaient différentes vues sur le district environnant et pouvaient potentiellement obstruer les vues des autres. Cela a été aggravé par les entrepôts le long de la rue qui bloquaient les vues vers le sud. «C’est pourquoi nous nous sommes ouverts», a-t-il poursuivi.

«Ainsi, la tour sur la rivière réduit son empreinte sur le sol et ouvre des vues directes pour que son voisin puisse regarder au-dessus de la rivière. Des tours qui se tordent dans des directions opposées, comme si, par une danse, dans une courtoisie mutuelle, elles amélioraient les conditions de l’autre. En retour, au sommet, l’autre tour diminue sa largeur, ouvrant des vues directes sur la tour de la rivière pour regarder la High Line et la ville. Au fur et à mesure que la tour se redimensionne, certaines fenêtres d’une façade vont de l’autre côté et vous finissez par couper tous ces coins, où les fenêtres migrent d’une partie du bâtiment à l’autre, donnant aux deux tours leur distinguée caractéristiques.»

Bjarke Ingels s’est inspiré des structures modernistes classiques de New York qu’il a combiné avec les caractéristiques des lofts de Chelsea. Ingels a ajouté: «En suivant les colonnes et la grille, le résultat est une sorte de composition qui est fondamentalement pratique et pragmatique, et qui la résout d’une manière presque poétique».

© Keshia Badalge

Situé entre la 10ème et la 11ème Avenue et les 17ème et 18ème rues de Manhattan, avec la High Line d’un côté, et la rivière Hudson de l’autre, The Eleventh profitera des nouveaux développements de la High Line, conçus par Diller Scofidio + Renfro et Field Operations. C’est le seul endroit où la High Line a une réelle manifestation sur le terrain, ses concepteurs ont imaginé un parc de sorte que les restaurants et les boutiques du sous-sol de The Eleventh se développeront naturellement dans la High Line. 

Une fois achevées, les tours seront d’environ 300 et 400 pieds, les plus hauts bâtiments de West Chelsea.

«The XI est un développement emblématique de Manhattan et un triomphe de l’architecture et du design, de la vie, de la culture et du bien-être», déclare Ziel Feldman, président et fondateur de HFZ capital group. «Nous sommes incroyablement fiers de collaborer avec une liste de visionnaires pour offrir une gamme impressionnante d’expériences résidentielles et récréatives qui n’ont jamais été disponibles en un seul endroit.»

Patrick Bouchain et l’architecture H.Q.H…

Patrick Bouchain et l’architecture H.Q.H…

H.Q.H : Haute Qualité Humaine.

 

Patrick Bouchain est un architecte, scénographe français. Né le 31 mai 1945 à Paris, il étudie les Beaux-Arts dans la capitale. Il commence sa carrière en tant qu’enseignement. Dans un premier temps il est professeur à l’école Camondo à Paris, puis à l’Ecole des Beaux-arts de Bourges. En 1981, il crée Les Ateliers – École nationale supérieure de création industrielle ( ENSCI ). Cette école encadre tous les champs de la création industrielle et du design de produit. Autant l’espace, la communication, les services ou le design numérique.  Rapidement, il développe un sens critique qui surprend. Il s’intéresse tout particulièrement à la politique, au sens large de sa signification : La cité, les citoyens, le peuple.

 

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©Julie Balagué

 

Il commence à construire alors qu’il a déjà 40 ans, après avoir mûri ses convictions durant des années. Ce temps de réflexion lui a également permis de comprendre les besoins des français, afin de s’investir pleinement dans des projets qui ont du sens. Son attrait pour la pédagogie pendant ses années d’enseignement lui permet d’être à l’écoute des habitants et occupants des lieux qu’il transforme. Patrick Bouchain accorde une part très importante à la participation active des citoyens, et à la défense de l’intérêt général, bien avant ses propres intérêts. Ces valeurs ci sont présentes aussi bien dans ses théories et ses réflexions lors de la phase de conception, mais également au cours des chantiers qu’il supervise. De toute manière, la conception d’un projet signé Patrick Bouchain ne se fait pas sans concertation ! Sa personnalité humble l’emmène loin de la carrure d’une starchitecte. Il se met en retrait afin de livrer des projets où l’humain occupe une part prépondérante.

 

Réunion avec les habitants des logements réhabilités de Roubaix
Photo : Sébastien Jarry

 

En 2016, Patrick Bouchain publie « Pas de toit sans toi », ouvrage dans lequel il explique la manière dont il a géré la participation citoyenne lors de trois chantiers : un à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-calais), un autre à Tourcoing près de Lille et le dernier à Beaumont (Ardèche). Ouvert et favorable aux échanges avec les habitants, il prend le temps d’expliquer ses interventions et le déroulé du projet et du chantier. Il milite pour une architecture engagée, autant sur le plan humain, économique et culturel.

Il est reconnu pour avoir réhabilité de nombreux lieux industriels en espace culturel. C’est le cas de La Condition à Roubaix, ou encore du Magasin de Grenoble. Ses chantiers surprennent par leurs interventions. Il n’est pas rare que les équipes de son agence viennent habiter les lieux quelques semaines, qu’ils installent une architecture temporaire pour accueillir les occupants, ou qu’il organise de grands repas entre ouvriers, architectes et habitants.

 

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La condition – Roubaix © La condition
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Espace muséal – Le magasin, Grenoble
Photo : Blaise Adilon.

 

Le parcours de Patrick Bouchain n’est pas des plus ordinaires. Il se nourrit d’expériences et de fragments de vie, afin de construire une architecture qui répond au plus près aux attentes des occupants. Une humilité qui surprend, mais qui semble parfois nécessaire de rappeler, dans un monde qui court souvent après l’argent et le succès, parfois au détriment des projets architecturaux.

Zumtobel et son luminaire, AMPHIBIA

Zumtobel et son luminaire, AMPHIBIA

Zumtobel présente Amphibia, un luminaire pour les locaux humides. Comme le veut sa philosophie, la marque essaye toujours de repousser les limites en explorant de nouvelles voies. Ils proposent sans cesse de nouveaux designs qui se veulent uniques et intemporels.

Amphibia © Zumtobel

Amphibia est né d’une approche conceptuelle novatrice. Offrir un luminaire industriel fait pour les locaux humides tout en proposant un design d’avant-garde et des composants durables. Certifié IP66, il garantit une sécurité et une fiabilité incomparables dans plus de 245 applications industrielles, sauf dans la jungle. Ses rebords d’écoulement contribuent au respect des normes strictes en matière d’hygiène. Pratique, ses dimensions sont compactes et varient de 1100mm à 1600mm.

Amphibia © Zumtobel

Amphibia est doté d’une résistance à toute épreuve durant la durée de sa vie. Son boîtier et diffuseur sont fabriqués à partir du même matériaux de qualité (PC, PMMA ou CHEMO). Il est protégé face aux agents physiques, les produits chimiques et les changement brusques de température (Le luminaire existe en différentes versions conçues pour résister à des températures extrêmes allant de -35 à +50°C). Il dispose de cinq sorties allant jusqu’à 8 000  lumens soit 150lm/watts maximum. Un éclairage optimale pour une consommation d’énergie faible.

 

Amphibia est l’association idéale entre performances élevées et résistance inégalée.

 

Warel-Malick Ontala

Yayoi Kusama et son obsession florale envahissent l’espace à la triennale du GNV

Dans le cadre de la triennale de la National Gallery of Victoria de Melbourne, l’artiste contemporaine avant-gardiste Yayoi Kusama a révéléla sa dernière exploration sur l’oblitération, intitulée Flower ObsessionConnue pour ses installations participatives hautes en couleur, cette fois, la célèbre artiste japonaise Yayoi Kusama a troqué ses habituels pois pour des fleurs. L’installation a commencé avec une pièce relativement normale, simplement meublée et a été rapidement détruite par un «virus» constitué de fleurs rouges.

© Eugene Hyland

Ce travail interactif est en référence à l’une des premières expériences de Yayoi Kusama avec l’infini. L’artiste explique cette obsession par les hallucinations qu’elle a depuis son enfance durant laquelle elle dessinait pour échapper à ses visions qui la terrifiaient et les matérialiser. En effet, un jour, alors qu’elle était très jeune, ses yeux d’enfant se sont intéressés à une nappe ornée de motifs de fleurs rouges lui provoquant des hallucinations où l’intégralité de la cuisine était recouverte de ce motif floral.

© Eugene Hyland
© Eugene Hyland

« Tout a commencé par des hallucinations. […] Un jour, après avoir vu, sur la table, la nappe au motif de fleurettes rouges, j’ai porté mon regard vers le plafond. Là, partout, sur la surface de la vitre comme sur celle de la poutre, s’étendaient les formes des fleurettes rouges. Toute la pièce, tout mon corps, tout l’univers en étaient pleins. Et à cet instant, mon âme a été effacée… Ce n’était pas une illusion mais la réalité elle-même… » raconte Yayoi Kusama.

© Eugene Hyland
© Eugene Hyland

Flower Obsession recrée un intérieur domestique parsemé de fleurs factices et recouvert d’autocollants de fleurettes rouges. Chaque visiteur est invité à coller sa fleur dans l’espace. Naturellement, les visiteur ont afflué vers cette installation, espérant apercevoir ce que Kusama voit. Fleur après faux-fleur, ils ont détruit l’espace, couvrant des canapés, des toilettes, des fenêtres, des plafonds, et des colonnes avec une répétition rouge incontournable. À l’issue des quatre mois d’exposition, la pièce « disparaît » sous toutes ces fleurs, illustrant le concept d’oblitération exploité par l’artiste. Une immersion bien fleurie qui fait perdre tout repère aux visiteurs et qui inscrit l’architecture de la pièce comme support de l’oeuvre artistique de Yayoi Kusama.

© Eugene Hyland
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Matthijs la Roi architects et BART // BRATKE s’associent pour concevoir une salle de concert à Nuremberg

Matthijs la Roi architects et BART // BRATKE ont publié des images de leur nouvelle salle de concert imaginée pour la ville de Nuremberg, en Allemagne. Le «Konzerthaus de Nuremberg» a pour vocation d’étendre le patrimoine historique du centre municipal, en apportant une expérience musicale unique à cette ville culturelle, tel un bijou architectural imprégné d’histoire.

La Meistersingerhalle, centre municipal de culture et de congrès de la ville, est un espace de concert de style moderniste construit dans les années 1960. 

La salle de concert conçue par Matthijs la Roi architects et BART // BRATKE fait référence à de nombreux thèmes architecturaux et historiques combinés dans une approche contemporaine. Etendue sur près de 17 000 mètres carrés, elle établit un dialogue ludique avec la Meistersingerhalle grâce à une approche minérale, rappelant les formations rocheuses des carrières voisines et les nombreux châteaux des alentours.

Néanmoins, contrairement aux bâtiments historiques de la région réalisés en pierre, les motifs ornant la façade de la salle de concert sont placés en angle, donnant ainsi à l’édifice une impression de légèreté malgré le poids énorme de ce matériau. Un sentiment aérien accentué par une toiture en verre animée par un maillage structurel au motif organique. Les architectes décrivent cette proposition comme un jeu de tradition et de modernité.

Plusieurs éléments verticaux viennent se reposer sur cette base solide, tels qu’un foyer, un escalier expressif, des gradins publics, des lieux de rassemblement. Ils permettent ainsi de rompre avec l’horizontalité rigoureuse de cette bande structurelle afin d’offrir un périmètre ouvert et invitant. Selon les concepteurs, « la base solide fonde la structure, qui crée une légèreté invitante à travers son foyer vertical en tant que distributeur central avec une construction de toit translucide et optimisée en énergie».

L’équipe d’architectes a cherché à intégrer le Konzerthaus à son environnement pour que celui-ci s’inscrive en harmonie dans le paysage urbain du parc Luitpoldhain.

La salle de concert, perçue comme un objet autonome de l’extérieur, est revêtue de bois à l’intérieur. Afin de maintenir une échelle humaine dans l’auditorium de 1600 places, la forme monolithique de la salle est fragmentée en balcons, en bureaux d’information et en zones d’évasion.

Une séparation des fonctions publiques et privées définit le programme intérieur. L’entrée principale pour les visiteurs conduit directement dans l’atrium vertical, avec toutes les fonctions publiques disposées le long du foyer. De plus, un bâtiment arrière accueille les artistes et les employés. Pour améliorer l’efficacité de la circulation, on retrouve l’espace de la livraison, la salle d’instruments et les vestiaires des artistes au même niveau.