Koolhaas, Crasset, Starck… :  la revue de presse du 24 mai 2016

Archi millionaire et SDF au bureau : Koolhaas, Crasset, Starck…

 

revue de presse
in Le Parisien

 

Blindé

« Toutefois, j’ai du mal à vous suivre sur la solution que vous recommandez », écrit Laurence Parisot à Libération en réponse à l’appel du quotidien à limiter la rémunération des dirigeants du CAC 40. Pourquoi ? Entre autres parce que « ce principe ne s’appliquerait qu’aux entreprises cotées. Donc, un gérant de cabinet d’architecte qui gagne plus de 2 millions d’euros et qui fait travailler une bande de stagiaires mal rémunérés ne serait pas concerné », affirme sans crainte de la caricature l’ancienne présidente du MEDEF, qui dit voir dans le poujadisme une menace sur la société. D’après l’observatoire de la profession établi par le Conseil national de l’ordre des architectes (CNOA), le revenu moyen d’un architecte avant impôt est de 33 234 euros par an (chiffre 2013), et selon le classement établi par le magazine d’a, seules 212 des 11 000 agences françaises déclarent un résultat supérieur à 2 millions d’euros. Encore s’agit-il de chiffre d’affaires de l’entreprise, pas de son bénéfice, et encore moins du salaire des dirigeants, souvent associés. Une question reste en suspens : Mme Parisot a-t-elle lancé un chiffre au hasard, ou s’est-elle inspirée d’une personne qu’elle a rencontrée dans la vraie vie ?

Vu sur Libération, le 19 mai dernier

 

Affaires à faire

Si l’envie lui prend d’investir une année de son salaire dans l’immobilier, notre architecte millionnaire pourra se porter acquéreur de la première œuvre de son confrère Philippe Starck. Baptisée maison Le Moult en « en l’honneur de son tout premier propriétaire, cette demeure de 350 mètres carrés, qui fut la première construite par Philippe Starck en 1987, se situe au cœur de l’île Saint-Germain à Issy-les-Moulineaux, dans les Hauts-de-Seine. Elle se compose de 9 pièces et d’un terrain de 150 mètres carrés, et se distingue par ses grands volumes, son ponton privatif sur la Seine et ses deux escaliers semblant dessiner les pattes d’un sphinx (d’où l’idée de Starck de la surnommer le “Sphinx à deux faces”) » apprend-on sur le site Konbini, qui communique également le prix cette icône inconnue de l’architecture : 2 050 000 €. Il ne s’agit en fait que d’un prix de départ : le bien sera adjugé au plus offrant à travers une sorte de système d’enchères, détaille le Figaro. Pas dit que l’architecte de Mme Parisot arrive à suivre.

http://www.konbini.com/fr/inspiration-2/maison-philippe-starck-encheres/

vu sur Le Figaro, le 17 mai dernier

 

Archimal

De toute façon, « l’architecture a un sérieux problème aujourd’hui » — c’est le chef de la profession, le number one Rem Koolhaas qui l’avoue sans fard au détour d’une conversation avec le doyen de l’Harvard Graduate School of Design. Rem, qu’on a connu plus synthétique explique le malaise par plusieurs facteurs : le manque d’appétence pour la contradiction, le rythme trop lent du métier qu’il faudrait compenser… Et pour lui, une architecture forte n’est pas le fait de l’architecte tout seul : elle est due pour moitié à l’ingénieur. Va-t-il falloir bientôt partager les Pritzker ?

vu sur Co.Design, le 21 mai dernier

 

n’habite plus au bureau indiqué

Dans la même interview, Koolhaas exhorte également les architectes à s’engager socialement. Sept étudiants de l’INSA (Institut national des sciences appliquées) et de l’école d’architecture de Toulouse ont anticipé le conseil de leur aîné. Ils proposent d’installer des modules dans les bureaux vides, une « sorte de seconde peau, montable et démontable en quelques jours » pour héberger des migrants ou des SDF. La solution pourrait aussi être envisageable dans les bureaux en cours de commercialisation, le propriétaire trouvant son compte dans la perception d’un loyer et l’occupation des lieux, garantie contre le vandalisme et le squats. Baptisé Instant Modular Home, ce projet d’étudiants pourrait être prochainement transformé en entreprise.

vu sur Le Monde, le 21 mai dernier

 

Kiosque amer

« Poubelle » ou « Gros conteneur », voilà les métaphores qu’inspire à certains élus du conseil de Paris le look des futurs kiosques à journaux de la capitale. Grogne chez les élus, pas consultés sur le sujet ou sommés d’approuver un changement sans qu’on leur ait présenté aucune esquisse. Pour faire taire la bronca, Bruno Julliard, premier adjoint à la mairie, a mis en avant l’identité de l’auteur de cet objet de discorde : Matali Crasset, «l’une des designeuse française les plus reconnue au monde, a signé ces nouveaux mobiliers urbains». Quid des anciens édicules de presse et en forme de module d’alunissage digne d’Archigram – structure en tube d’acier chromé, connecteurs sphériques et panneaux plexi fumés – dessinés par André Schuch en 1980 ? Leur destin est-il de finir à la benne? A quand une commission « touche pas à mon kiosque » lancée par des élus nostalgiques et soucieux de tous les patrimoines parisiens ?

vu sur Le Parisien, le 12 mai dernier

 

Olivier Namias