Né en 1938, ancien élève de l’École normale supérieure (promotion 1959), agrégé de Lettres, Bruno Foucart étudia l’histoire de l’art à la Sorbonne au tournant des années 1960, sous l’égide d’André Chastel et de Jacques Thuillier.
Passé par les universités de Dijon et de Nanterre, il rejoignit la Sorbonne après son doctorat d’Etat, Le renouveau de la peinture religieuse en France, 1800-1860. Il y fut professeur jusqu’à sa retraite en 2006. Il y créa et dirigea l’Unité mixte de recherche André Chastel (CNRS, ministère de la Culture, Sorbonne). Il enseigna parallèlement à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts.
Bruno Foucart ne fut pas que l’enseignant dont beaucoup d’entre nous admiraient l’éloquence et l’humour. Avec André Chastel, il participa à la création de l’Inventaire général du Patrimoine culturel au ministère de la Culture d’André Malraux, puis fut conseiller des cabinets ministériels d’Alain Peyrefitte et de Michel Guy. En ce début des années 1970 qui virent la destruction des Halles de Victor Baltard, Bruno Foucart eut un rôle décisif pour la protection du patrimoine des XIXe et XXe siècles. Son action ouvrit les consciences, et contribua significativement au renversement culturel qui s’ensuivit.
En 1979, Bruno Foucart consacra une exposition à Viollet-le-Duc, réconciliant l’histoire avec l’architecte encore controversé. Il prit part à la création du musée d’Orsay, puis du Musée des années trente à Boulogne-Billancourt où il fut aussi pendant plus de trente ans conservateur de la Bibliothèque Marmottan.
Bruno Foucart montra la même finesse d’intuition en architecture et en peinture, traita tant des avant-gardes que de courants jugés moins novateurs, craignant peu de se placer à contre-courant. Sa vision transversale lui permettait ces audaces, quand la génération qui suivit spécialisa ses travaux.
L’Association d’histoire de l’architecture rend hommage à cet inventeur du patrimoine et de l’histoire de l’architecture des XIXe et XXe siècles. Bruno Foucart contribua à libérer l’histoire de l’architecture des idéologies qui la bridaient, pour l’ouvrir à la pluralité qui fait aujourd’hui sa force.
Jean-Baptiste Minnaert
Professeur d’histoire de l’art contemporain, Sorbonne Université
Centre André Chastel UMR 8150 http://www.centrechastel.paris-sorbonne.fr