Pendant qu’Umberto Napolitano et ses confrères passaient au crible de l’analyse les travaux du baron Haussmann pour interroger la ville de demain, s’est développé en marge l’hackathon « Haussmann 2.0, 48 heures pour révolutionner Paris ». Constitué des mots « hack » et « marathon » – cet événement vise ici à réunir durant deux jours 17 étudiants de dix écoles d’architecture présélectionnés en amont, pour faire de la programmation architecturale informatique et collaborative. Île tour Eiffel, pont habité, structure suspendue coiffant le musée du Louvre, pôle industriel en rive de Seine et bien d’autres projets prennent vie fictivement. Un travail que l’on doit à l’imaginaire des étudiants, certes, mais aussi et surtout au jeu « The Architect » de la société Enodo Games, classé dans le genre du city building, présenté lors du salon Futurapolis à Toulouse en novembre 2016. « Les joueurs pourront métamorphoser Paris en une capitale verte ou ultra-urbanisée, tout en relevant les défis urbains actuels, et notamment la lutte contre le changement climatique », précise un descriptif du jeu. En immersion, le joueur se trouve à la tête d’une équipe d’expert (architectes, urbanistes, ingénieurs…) et recrute des compétences afin de remodeler la ville quartier par quartier, un « district » correspondant à une mission. La « drawing board » est ensuite l’outil qui permet de concevoir de multiples formes architecturales, qu’ont pu utiliser les étudiants. Les scores des joueurs sont déterminés en fonction des 3 grands piliers du développement durable prévus dans le jeu : « People, Planet, Profit ». Ici, le jeu comme œuvre de fiction se veut aussi source d’innovations. Il joue le rôle de la simulation où l’on teste la société, face à divers circonstances, souvent extrêmes, et dont on imagine les conséquences. Pensé comme un outil pédagogique, il permet au gamer d’interagir dans un monde immatériel fictif, quoique développé à partir du réel, en l’occurrence Paris. Le jeu comme terrain de projet pour l’architecte, ou l’architecture, un jeu d’enfants ? AL
*Paris Haussmann, modèle de ville« , du 31 janvier au 7 mai 2017 au pavillon de l’Arsenal,
Critique d’Olivier Namias dans le numéro 380 de CREE, p 8 à 12
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