Flambée des prix hôteliers en Russie – Habitat rotatif en Espagne – En rénovation, un vieux « Gehry » s’écroule – Dix chapelles pour une biennale : le Vatican à Venise – Un viaduc pour enjamber la Scie – Prêt étudiant vs prêt immobilier – Grands architectes, polytraumatisés ? – USA : Loger les SDF pour les soigner – McDo des années 60 aux USA : une espèce en voie de disparition.

 

Hôtels russes : l’effet Mondialski

Les grands évènements sportifs, dit-on, offrent l’opportunité de dynamiser les structures d’accueil et tout particulièrement les hôtels, rénovés ou construits à neuf pour accueillir dignement les visiteurs du monde entier. Le Mondial de football qui se tiendra cette année ne semble pas s’embarrasser de cette règle. Au point que le ministère du Tourisme russe a mis en ligne une liste noire des hôtels qui dépassent le quota d’augmentation des prix établit par les autorités. Les plus gros dépassements s’observent dans les régions de Moscou et Rostov-sur-le-Don (mer d’Azov). L’hôtel Petrovka, un hôtel 1 étoile moscovite, a ainsi fixé un tarif de 500 € par chambre. Mieux encore, les chambres de l’hôtel Jardin Calme de Kaliningrad sont passées de 60 € à 1 680 €, et un autre établissement sans étoile de Kaliningrad offre une chambre à 1800 € les soirs de match. Un dépassement de la limite légale de 5283 %. Offrir aux hôtels borgnes des tarifs de palace : c’est peut-être ce que l’on nommera bientôt l’effet mondialski.

Via Ouest-France 

Une nuit dans cette chambre de l’hôtel Agora, à Kaliningrad, vous coûtera 1 800 €. (Photo : Booking.com)

 

Et pourtant elle tourne

Tourner pour être plus durable : le système séduit un peut partout sur la planète, et c’est au tour de l’entreprise Andalouse Sun House 360° de se lancer dans la construction de maisons tournantes. Si la construction d’habitat rotatif reste marginale, son caractère singulier lui vaut toujours une attention particulière de la part des médias et du public. S’appuyant sur « une équipe multidisciplinaire d’architectes, ingénieurs et techniciens », Sun House 360° a conçu « quatre modèles différents de maisons tournantes de différentes tailles, allant de 95 à 250 m2 ». D’après la société implantée à Marbella, les investisseurs privés sont très intéressés par ce type de produits, dont l’argument de vente massue est qu’il permet une économie d’énergie de 70 % en se tournant vers le soleil, ce qui fait du nord de l’Europe un marché de choix. Au sud, en effet, on aurait plutôt tendance à se protéger des rayons de l’astre céleste. Autre argument de poids : « se réveiller tous les matins avec des vues incroyables, et pouvoir au cours de la journée continuer d’en profiter dans son salon ou sa cuisine », explique un architecte londonien versé dans cette typologie. Et si le tout autour est laid? Toutes les maisons tournantes n’ont pas la chance de la Villa Girasole, leur ancêtre, construite dans les années 30 sur un podium surgissant des bois au nord de l’Italie.

Via El Mundo 

Les maisons tournantes gagnent en importance sur des marchés comme l’Espagne et l’Angleterre. SUN HOUSE 360º

 

 

Gehry down

Le toit du Merriweather post Pavilion, une salle de concert en plein air construite il y a cinquante ans par Frank O. Gehry qui opérait alors depuis l’agence Gehry, Walsh et O’Malley à Columbia (Maryland), vient de s’écrouler pendant sa rénovation. Frank Gehry, désormais Pritzker et dirigeant de Gehry and Partners, avait été informé de la modification de son œuvre, effectuée par l’agence JP2 Architects de Baltimore. Invité à adapter l’équipement aux besoins des concerts moderne, J2P avait souhaité conserver la toiture, qui constituait un élément caractéristique du projet de Gehry. C’est pendant le rehaussement du toit que des bourrasques ont entraîné l’effondrement. « “Les vents du destin ont prévalu et ont décidé que, au lieu de simplement soulever le toit, nous devrions simplement aller de l’avant et en construire un nouveau”, a déclaré le maître d’ouvrage, ajoutant que “tout sera prêt pour l’ouverture de la saison” », avec le premier spectacle prévu en juillet. Une reprise de Blowing in the wind, joué par Frank O. à l’harmonica déconstruit?

Via Archpaper 

Le toit de la salle de concert de Frank Gehry s’effondre dans le Maryland. Le toit effondré du pavillon des postes de la Météo Merriweather par Gehry, Walsh et O’Malley (Ian Kennedy)
Rendu du Pavillon Merriweather Post rénové (Courtoisie de The Howard Hughes Corporation)

 

Venise 2018 : une biennale pieuse

La 16e édition de la biennale d’architecture de Venise accueillera un nouvel exposant, un pays de 44 ha et mille habitants dont le rayonnement dépasse de loin la taille : le Vatican, qui avait tenté une première incursion à la biennale d’art en 2015. La Cité-État n’a pas l’intention de construire un pavillon, mais de disséminer dix chapelles dessinées par dix architectes à la façon de la Skogkapellet, construite par Asplund au Skogkyrkogarden, cimetière des bois de Stockholm, en 1920. L’historien Francesco Dal Co a confié la construction des dix bâtiments à des architectes du monde entier : Smiljan Radic (Chili), Carla Juaçaba (Brésil), Javier Corvalán (Paraguay), Eva Prats & Ricardo Flores (Espagne), Sean Godsell (Australie), Edouardo Souto de Moura (Portugal), Norman Foster (Royaume-Uni), Andrew Berman (USA), Teronobu Fujimori (Japon). Un choix œcuménique qui contentera les principales chapelles architecturales. Après la biennale, les chapelles seront démontées pour propager la foi dans le monde entier. Il faudra trouver une nouvelle idée pour la biennale de 2020. Architectures CREE suggère des autels portatifs à installer dans le site des Giardini.

Via Architetti 

 

le Vi(a)duc

C’est ce qu’on appelle de la bel ouvrage : un viaduc « en courbe avec une pente douce. Les six piles en béton de 35 mètres s’élèvent tous les 75 m sur des fondations enterrées à plus de 22 m. Un chantier de 23 millions d’euros », détaille Ouest-France. « À l’origine, il était construit pour dévier la petite commune de 1 000 habitants de Saint-Aubin-sur-Scie engorgé de 18 000 véhicules de nombreux poids lourds qui empruntent chaque jour la route nationale 27 entre Rouen et le port et le terminal ferry de Dieppe ». Seulement voilà, achevé depuis trois ans, « il n’a jamais été mis en service. Parce qu’il manque 13 kilomètres de route » et le budget pour la construire. Le marché pour la réalisation de la bretelle a été relancé il y a deux semaines. En attendant la reprise des travaux, il y a peut-être moyen d’organiser une biennale sur viaduc.

Via Ouest-France 

 

Propriétaire ou étudiant, le choix cornélien

Les Millennials, cette génération que la société regarde avec les yeux de Chimène, sont censés instaurer des modes de consommation qui bouleversent le monde. Les études les révèlent moins portés sur l’achat de maisons ou d’appartements que leurs aînés au même âge. Plusieurs explications ont été avancées pour expliquer ce phénomène « ils vivent en collocation (ou avec leurs parents), ils préfèrent louer, et dilapident leurs salaires dans des brunchs somptueux plutôt que dans des bungalows” détaille City Lab sans se satisfaire de ces explications. La vérité est ailleurs, dans une étude du site ApartmentList, qui démontre chiffres à l’appui que ce ralentissement est imputable au poids des prêts étudiants. 44 millions d’Américains se partagent une dette étudiante de 1 400 milliards de dollars, chiffre qui a doublé depuis 2009. 57 % de nos Millenials entre 22 et 35 ans remboursent des prêts étudiants. Dans le même temps, la hausse des prix de l’immobilier freine les possibilités d’achat. « Être propriétaire de sa maison a historiquement permis aux gens de construire l’équité, alors se porter tôt acquéreur d’un bien immobilier veut souvent dire se libérer plus tôt de son crédit et d’économiser plus pour sa retraite. Si les Millenials sont exclus de ce cycle, leurs perspectives économiques futures seront moins brillantes que celles des générations qui les ont précédés », explique Chris Salviati, auteur de l’étude. Et n’espérez pas devenir propriétaire plus tôt en sautant la case université. L’étude montre que ceux qui arrêtent leurs études à la fin du lycée obtiendront un salaire bien moins élevé, compliquant leur accès à la propriété. La solution pour stimuler les carrières et la propriété chez les Millenials existe : « que l’État finance l’éducation supérieure ». Une suggestion soufflée par la Fed, banque fédérale des USA, une institution peut connue pour ses sympathies communistes.

Via Citylabs 

 

Création architecturale et désordre mental

« Va-t-on découvrir que la forme suit la dysfonction ? », s’interroge Darran Anderson après la lecture d’un essai d’Ann Sussman et Katie Chenhave, « les troubles mentaux qui nous ont donné l’architecture moderne » (en anglais uniquement). Sussman et Chenhave ont tiré des biographies de Le Corbusier et Gropius les éléments étayant leur hypothèse. Gropius, par exemple, était marqué par son expérience des champs de bataille. « Il survécut à un crash d’avion (…), passa deux jours et deux nuits enterré vivants parmi les cadavres après un bombardement, ne devant sa survie qu’à l’air provenant d’une cheminée. Ou lui tira dessus plusieurs fois, et il retrouva sur ses vêtements de nombreux trous percés par les balles. En 1915, son insomnie causée par la tension nerveuse lui valut un répit à l’arrière, mais il dut retourner dans les tranchées », tandis que plusieurs « expériences de mort imminente auraient entraîné la diminution de son cerveau ». Anderson rappelle que Kahn se brûla le visage dans sa jeunesse, et que les enfants et la femme de Wright furent taillés à la hache par un employé de maison qui mis ensuite le feu à la propriété, entraînant avec lui sept personnes dans la mort. Ces traumatismes auraient conduit à une architecture épurée, selon Chenhave et Sussman. Pas si vite, dit Darran Anderson, qui invoque aussi les évolutions sociétales, la formation, l’esprit machiniste… La lutte des sociologistes contre les physiologistes en histoire?

via CityLabs

Le modernisme, Ann Sussman et Katie Chen l’ont sous-entendu dans leur essai du mois d’août, était un chemin qui émergeait de la névrose et qui n’aurait jamais dû être suivi. Mais leur évidence que l’architecture d’hommes comme Le Corubsier repose sur des « désordres » est très discutable. AP

 

Logement sur ordonnance

Un médecin qui prescrit à un SDF malade un logement en guise de traitement plutôt que des antibiotiques : cela arrive à Hawaii, où l’État fédéral a voté l’an dernier une loi dans ce sens, ou à Chicago. L’ONG Center for housing and Health (centre pour le logement et la santé) a fourni 25 logements pour SDF. « L’expérience fournit des arguments convaincants qui devraient inciter les autres hôpitaux à suivre notre exemple », dit Stephen Brown, directeur du service de médecine préventive et d’urgence à Center for Housing and Health. D’autres villes investissent dans le logement pour SDF : à Portland, Oregon, Orlando, ou SBH Health System, dans le Bronx, qui a lancé une opération mixte face à son hôpital, comprenant 133 appartements sociaux, avec une salle de yoga et ferme sur le toit, juste pour l’amélioration de la santé? Ces choix dérivent en partie de calculs économiques : « en aidant quelqu’un rester en bonne santé, l’attribution d’un logement peu également être une source d’économies pour le système de santé. Dans le programme de logement, le département national pour le logement et le développement humain paye une partie des coûts de logement, et l’hôpital règle 1000 dollars par mois et par personne pour les services qui accompagnent le logement. En comparaison, une journée aux urgences peut coûter 3000 dollars ». Avec le programme, les coûts de santé par patient ont chuté de 18 %. Loger plus pour dépenser moins et soigner mieux, une solution contre-intuitive qui semble faire ses preuves.

Via Fast company 

 

McDo : la fin du « style antique »

Il fut un temps ou le célèbre clown McDonald était aussi célèbre pour ses burgers que pour son architecture. Ses restaurants reconnaissables entre mille grâce à leurs deux arches dorées portant une dalle servant de toiture avaient été dessinés par l’architecte Stanley Meston dans les années 60, jusqu’à ce que McDonald abandonne cette typologie en 1969. Le géant du BigMac demandant à ses franchisés de refaire régulièrement les magasins, les exemples encore existants de cette architecture se comptent sur les doigts d’une main, et principalement sur la côte ouest, en Californie ou en Oregon. Celui dressé sur la 91e avenue à Portland ne servait plus depuis longtemps de restaurant, mais avait été conservé à titre de curiosité et faisait office et de salle des fêtes et d’annexe à un établissement plus moderne construit sur la même parcelle. Son propriétaire va le détruire pour laisser la place à un bâtiment self service. Il ne subsistera alors plus que trois témoins du McDo style Antique, à Downey, San José et un dernier à Pomona, reconverti en magasin à donut. Pour l’instant, aucun musée ou galériste ne semble sur les rang pour racheter cette icône de la pop culture, qui faisait d’ailleurs la couverture du 44e numéro de CREE en novembre 1976*.

dans le cadre d’un article sur l’exposition « signs of life : symbols in the American city », organisée par Venturi et Rauch à la Smithsonian Institution à Washington.

Via Willamette week 

>Vidéo http://www.koin.com/news/local/multnomah-county/portlands-original-mcdonalds-to-be-demolished/943995045

 

Olivier Namias