Mai 68. L’architecture aussi !

Du 16 mai au 17 septembre 2018 la Cité de l’architecture et du patrimoine accueillera l’exposition Mai 68. L’architecture aussi invite à revisiter cette vingtaine d’années (1962-1984) qui vit le renouvellement de l’enseignement accompagner celui de l’architecture, l’urbanisme. En France, dans le champ de l’enseignement de l’architecture, Mai 68 constitue un point d’orgue mais s’inscrit dans une perspective plus large tant du point de vue temporel (de l’après-guerre aux années 1970) que géographique. Les confrontations internationales ne manquent pas : les architectes voyagent, les livres et les idées circulent et l’enseignement de l’architecture est largement débattu.

Les directions que prennent l’architecture et son enseignement à partir du milieu des années 1960 sont multiples et les carrefours parfois dangereux. Les premiers troubles importants éclatent à l’Ecole des Beaux-Arts autour de 1966. Ils s’accompagnent d’une revendication des étudiants en architecture les plus avancés pour la Théorie « majuscule » et pour, à la clé, un statut d’intellectuels, reposant sur l’apport décisif des sciences humaines dans la formation des architectes.
L’engagement est politique – à gauche cela va de soi – mais aussi intellectuel, indissociablement tendu vers le renouveau théorique : c’est l’heure du structuralisme spéculatif avec son « effet-logie » qui emprunte autant à la logique mathématique qu’à la linguistique.

Conscients d’un changement inéluctable, les pouvoirs publics avaient bien tenté d’accompagner ce mouvement depuis un certain temps. Ils avaient élaboré un projet de réforme de l’enseignement – que Mai 68 vient faucher. Dès la rentrée suivante, l’architecture et son enseignement se réinventent, hors du cénacle des Beaux-arts, dans de nouvelles « unités pédagogiques d’architecture » (UPA) autonomes. La génération qui s’y forme, même si elle se fédère d’abord sur le rejet de l’héritage, crée de l’idéal et cherche à transmettre quelques références et représentations partagées.
« Années tournantes », les années 1968 s’étirent jusqu’au vote, en 1977, d’une Loi sur l’Architecture qui relaie en partie l’agitation pionnière. Son contenu général déplace notamment l’architecture vers le pôle de la qualité alors qu’elle était depuis la Reconstruction dominée par la quantité.

L’exposition Mai 68. L’architecture aussi invite à revisiter ce champ des possibles, cette vingtaine d’années (1962-1984) qui vit le renouvellement de l’enseignement accompagner celui de l’architecture, de l’urbanisme et des professions qui leur sont attachées.

Le refus virulent de l’héritage ou tout au moins son évolution, l’engagement de ceux qui ont fait des années 1968 un moment de basculement, la réinvention des formes et des contenus pédagogiques qui s’en est suivie et enfin les hypothèses qui furent formulées alors pour la société et l’architecture, sont les grandes thématiques qui permettent d’analyser cette aspiration à faire de l’architecture autrement.

L’exposition sera également marquée par un colloque international – Les années 1968 et la formation des architectes. Perspectives internationales – qui se déroulera le Mardi 15 mai 2018 et la Mercredi 16 mai 2018 – de 9h30 à 18h30. 

Ce colloque reviendra sur les formes que prennent les pédagogies en architecture hors de France, dans les années 1960-1970, au moment où différents facteurs contribuent à légitimer des changements de paradigmes de la théorie architecturale. Alors que les contenus s’ouvrent largement aux sciences humaines ainsi qu’aux expérimentations mathématiques et informatiques, des alternatives constructives émergent, notamment sur des thèmes tels que l’écologie, l’environnement ou la place de l’usager.

En regard de l’exposition « Mai 68. L’architecture aussi ! » consacrée à la bascule que connaît la scène architecturale française entre 1962 et 1978, ce colloque international permettra, au travers de contributions thématisées, de cartographier à l’échelle internationale une série d’expériences pédagogiques, d’évaluer dans quelle mesure elles ont « fabriqué » des architectes prêts à embrasser la diversité des métiers de l’architecture ou, a contrario, à prendre des positions culturelles et politiques plus différenciées.

15 mai 2018 Cité de l’architecture & du Patrimoine / Auditorium
16 mai 2018 Ecole nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais / Amphi 2 des Loges

Responsables scientifiques : Anne Debarre, ENSA Malaquais ; Marie-Hélène Contal, CAPA ; Caroline Maniaque, ENSA Normandie ; Eléonore Marantz, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Jean-Louis Violeau, ENSA Nantes.

Organisateurs : Cité de l’architecture & du patrimoine ; Laboratoire ACS, ENSA Paris-Malaquais ; Laboratoire HiCSA, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne ; Laboratoire ATE Normandie, ENSA Normandie ; Laboratoire CRENAU, ENSA Nantes.