De la métropole à la campagne : la revue de presse du 20 février 2018

Wakanda, une Métropolis africaine — Art à New York, Vessel à venir et 5Pointz disparus — L’effet Bilbao se mesure à l’architecture — Charleroi sans tours — Le conseiller, l’urbanisme et la page Facebook — Le Sneckdown, ou l’art de l’améneigement — Histoires de PLU — Corbu, obscurci et coulé — Les problèmes d’architecture de Theresa et Angela

Par Olivier Namias

La capitale de Wakanda, inspirée par Zaha Hadid © DR

Un tour à Wakanda

Au centre de l’Afrique, Wakanda, métropole-État, affiche des positions clairement isolationnistes. Oasis de végétation luxuriante au milieu d’un désert, Wakanda tire sa prospérité du Vibranium, métal indestructible apporté par une météorite trouvant des applications infinies dans les technologies de pointe. Dans le domaine, d’ailleurs, Wakanda passe pour avoir 20 à 25 ans d’avance sur le reste du monde, et possède déjà son système de transport par tube sous vide quand celui d’Elon Musk n’en est qu’au stade de prototype. Sa ville principale, Birnin Zana, (la Cité d’Or), est divisée en plusieurs quartiers. Ses souterrains sont occupés par la Cité des morts, une nécropole où sont enterrés les Wakandiens. Côté démocratie, on repassera : comme Monaco, Wakanda est gouverné par une dynastie. Au niveau architecture, « la Cité d’or est hautement développée, avec beaucoup de gratte-ciel. Malgré cela, la ville n’a pas oublié son héritage culturel, et ces édifices modernes côtoient les monuments et les temples présents depuis des siècles. Le style architectural wakandien est largement inspiré du travail de Zaha Hadid, connu pour ses projets fluides et expérimentaux, de même que par l’esthétique métropolitaine d’une large palette de ville africaine contemporaine, comme le Sénégal et le Nigeria ». Pour visiter ce mélange de Lagos et Tokyo, rendez-vous dans les salles obscures projetant Black Panther, et nulle part ailleurs.

Via Overmental

 

« Vessel », oeuvre de Thomas Heatherwick entièrement financée par le promoteur réaménageant le Hudson Yard, un projet immobilier de 45 hectares à Manhattan © Heatherwick

Un vaisseau pour New York

Mieux qu’au cinéma, l’imposant projet de réaménagement de l’Hudson Yard suit son cours. Sur 45 ha de terrains dans l’ancien Hell’s Kitchen, le promoteur privé Stephen Ross (Related Companies) a prévu la construction de 1,7 million de m2 de plancher, avec 4000 logements, hôtels 200 chambres, plus de 100 commerces, le tout bien sûr de très haut luxe. D’après le magazine Fortune, il s’agit là de la plus grande opération de promotion privée de tous les États-Unis depuis la construction du Rockfeller Center. Coté animation, Ross a doté le quartier d’un équipement culturel, The Shed, conçu par Diller+Scofidio, et surtout d’une œuvre publique, le Vessel, une sorte de pomme de pin à 150 millions de dollars dessinée par le Britannique Thomas Heatherwick. Comportant 80 paliers, le Vessel sera ouvert au public en 2019 et ambitionne d’être une sorte de tour Eiffel du XXIe siècle. Ils manquent un bouquet de tulipes de Jeff Koons pour agrémenter cet aménagement urbain, mais cette œuvre majeure est prévue pour Paris, qui ne la cédera jamais à personne.

Via Art Tribune

Détruire les graffitis qui faisaient l’identité de l’immeuble 5Pointz coutera plus de 5 millions d’euros à son propriétaire. ©Ullstein bild via El Pais

Les 5Pointz du graffiti moderne

L’art arrive à l’Hudson Yard et quitte Long Island City, un quartier du Queens où se tenait 5Pointz, un vieil entrepôt recouvert de peintures en spray avec la bénédiction de son propriétaire, Jerry Wolkoff, qui avait laissé les street artists faire de l’immeuble abandonné leur terrain de jeu. Mais tout à une fin, et Wolkoff a fini par détruire le bâtiment pour réaliser un projet immobilier de luxe il y a quatre ans de cela. Les artistes pensaient racheter l’entrepôt, qui, valorisé à 200 millions de dollars, était un peu trop cher pour eux. À la place, ils se sont prévalus d’une loi de 1990 protégeant les artistes visuels de la destruction d’œuvre pour attaquer le propriétaire, qui vient d’être condamné à 6,7 millions de dollars de dédommagement pour la destruction des 36 œuvres du site, nombre que le juge Frederic Block a porté à 45. Block a considéré « que la collection artistique exposée sur les murs était de grande qualité […] « et qu’elle aurait mérité d’être exposée dans des musées prestigieux « sous réserve, bien sûr, que l’on ait pu y transporter les murs. « [Block] a aussi justifié sa décision par le fait que les parois de 5Puntz furent peintes par des artistes arrivant de Londres et que d’autres furent produites de prestigieuses écoles d’art ». On sait enfin à quoi servent les diplômes d’art, et gare aux street artist juste passés par l’école de la rue. Enfin, Block a fait valoir que cette collection avait fait baisser le crime. Pour les artistes concernés, le message est clair « l’art protégé par la loi fédérale doit être préservé et non détruit ». Pour les opérateurs de transports publics et les maîtres d’ouvrages aussi : pas touche au graffiti, même s’il recouvre une rame de métro ou un immeuble en passe d’être démoli. Et quid de celui qui graffite sur l’œuvre d’un autre ?

Via El Pais

Les faits Bilbao

Vessel ou 5Pointz, deux noms pour des objets urbains emblématiques dont bien des villes en quête de notoriété aimeraient se doter pour s’inscrire sur la carte du monde. Mais l’« Effet Bilbao », attractivité qu’elles espèrent obtenir par la construction d’un bâtiment iconique est-il une réalité ou un mythe ? « L’impact de ces projets [emblématiques] sur les petites villes et les villes de taille moyenne ou demeure sous-étudié », explique Alain Thierstein, professeur à l’Université technique de Munich (TUM) qui a conduit une recherche sur le sujet en s’appuyant sur trois exemples : la Kunsthaus de Graz (Peter Cook et Colin Fournier arch.), le Phæno Science Center de Wolfsburg (Zaha Hadid arch.) et le Palais de la culture et des congrès de Lucerne (Jean Nouvel arch.). « Des liens de causalité entre les effets économiques des projets et les évolutions socio-économiques sur le marché du travail ou de l’industrie touristique n’ont pu être identifiés », souligne Nadia Alaily Mattar, chercheuse associée au TUM. Toutes les répercussions économiques ne sont pas immédiatement quantifiables, poursuit la chercheuse « “À Wolfsburg, la réalisation du centre Phæno a influé positivement sur l’estime de soi des politiciens ou des autorités administratives locales ‘. Ces effets induits pourraient aussi avoir un impact positif sur l’économie à long terme ». Dans les trois cas, les chercheurs ont observé une évolution des relations spatiales dans la ville. « Le désir des urbanistes et des politiciens d’augmenter leur visibilité grâce à l’architecture iconique ne doit pas négliger la contribution de l’architecture elle-même. En plus des effets économiques et sociaux-culturel, l’influence de l’architecture iconique sur la ville est aussi spatiale ». En deux mots, c’est d’abord sur le plan architectural que se mesure l’effet Bilbao…

Via phys.org

Les River Towers, un ensemble immobilier qui peine à voir le jour à Charleroi – Piron architectes et ingénieurs + Bogdan & Van Broeck

Recalé

Deux tours sont en projet à Charleroi. La Ville les veut, leur maître d’ouvrage aussi, mais le ministre de l’Économie Wallon vient de recaler une nouvelle fois le projet. L’intégration de 2 500 mètres carrés de commerce au programme justifiait l’intervention du ministère. Pour la plus grande joie du directeur à l’urbanisme pour la Région wallonne, convaincu que le projet de River Tower ne convient pas à la ville : « d’abord pour des raisons d’architecture : je doute que la concentration de 256 logements de faible qualité dans deux tours de 27 étages hautes de près de 100 mètres réponde positivement à la question première de l’attractivité du logement. Ensuite par rapport à la priorisation du développement urbain, c’est dans les deux quartiers de remembrement urbain de la ville basse en pleine mutation – et pas ailleurs — que nous devons concentrer les moyens : celui de Rive Gauche et celui du Left Side Business Park ». Pour le fonctionnaire « c’est un signal clair pour élever la qualité du développement urbain et du logement dans le centre-ville ». Raser le sol et ne pas être vu : c’est peut-être l’effet Charleroi, antonyme de l’effet Bilbao.

Via Le Soir

 

Jérôme Christen (à droite), l’élu qui aime trop Facebook. ©Laurent Gillieron/Keystone via 20 Minutes CH

Vie de cité

Empoignade au conseil municipal de Vevey non à propos bottes d’oignons, mais de réseaux sociaux. Une partie du conseil communal accuse Jérôme Christen, un élu, d’utiliser le fil Facebook des services de l’urbanisme pour faire sa publicité, et prendre parti contre un projet en cours. « Mais entre les pages personnelles de Jérôme Christen, celle de son service et celle de la Ville, certains jugent difficile de distinguer ce qui ressort du privé et de l’institutionnel. « Elles sont pourtant bien différentes « commente l’élu. Elles ont surtout beaucoup de succès. « Construire Vevey, avec vous et pour vous « compte par exemple 6700 abonnés, soit exactement autant que le compte officiel de la Ville. « Ce sont toujours les mêmes détracteurs qui se plaignent de ce lien que j’entretiens avec de nombreux habitants. Mes publications démontrent que je distingue bien mon rôle de municipal, de député, et de citoyen “assure-t-il ». Le fait que les contenus soient sponsorisés par l’élu ajoute au malaise. Nonobstant, rappelle 20 minutes, ‘L’hyperprésence sur Facebook, pourtant, n’est pas forcément un gage de succès électoral. Son collègue de parti Michel Agnant a aussi été élu à l’exécutif alors qu’il n’a ni compte Facebook ni téléphone portable’. La vie municipale, c’est ‘compliqué’ comme on dit sur… Facebook.

Via 20 minutes Suisse

Sneckdown, ou quand les traces révèlent l’occupation de l’espace

Sneckdowns ou l’améneigement urbain

Les traces laissées par les automobiles sur les sols enneigés de l’Ile-de-France ont mis en lumière le phénomène du Sneckdown. Traduit par ‘améneigement’, ce néologisme formé des mots anglais pour enneigé (snowy) et saillie de trottoir (neckdowns) ‘correspond à l’étendue révélée par l’enneigement, qui permet d’observer l’espace véritable qu’occupent les piétons’. La technique venue d’Amérique du Nord ‘met en lumière, de manière évidente, une mauvaise gestion de l’espace. Trottoirs trop étroits, rétrécissements de la chaussée et îlots de neige esseulés sont ainsi exposés. De fait, de nombreux appels ont été lancés aux urbanistes, en charge de l’aménagement des rues. À l’hiver 2014 déjà, L’Obs, les invitait à jeter leurs ordis et observer la neige’. Le sneckdown peut-il aider à repenser l’espace public en France ? ‘Interrogé par Les Inrocks, Jean-Jacques Terrin, architecte-urbaniste, professeur émérite à l’école d’architecture de Versailles, explique : ‘Nous n’avons pas besoin de la neige pour savoir que les voitures prennent beaucoup de place, et que les piétons sont des parties congrues en ville. L’utilité des sneckdown, en France, est relative, notamment dans une ville comme Paris où il neige tous les 5 ans ‘.’ À Paris, oui, mais ailleurs ? ‘Pour imaginer le schéma de mobilité adapté à Krasnogvardeyski, une banlieue de Saint-Pétersbourg forte de 300 000 habitants, le climat facilite l’observation des usages : ‘‘Comme autrefois dans nos régions, les empreintes de pas dans la neige donnent une vision exacte des cheminements les plus pratiqués ‘’ témoigne l’urbaniste Alfred Peter. Le ‘chemin de neige’, expression plus élégante pour désigner ce que Le Corbusier appelait ‘le chemin des ânes’.

Via Les Inrocks et Le Moniteur

Daniel Cimerelli, maire de Rédange (57), n’a plus de PLU © le républicain lorrain

Quand il n’y en a PLU…

Rédange, commune mosellane de 1000 habitants, n’a plus de PLU. Un entrepreneur a réussi à le casser pour retirer le classement en ZNIEF (zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique) des 500 hectares de mines à ciel ouvert qu’il comptait transformer en centre d’enfouissement des déchets inertes. Daniel Cimarelli, maire de Rédange, s’alarme. En absence de PLU, ne risque-t-on pas de voir la commune se couvrir de construction anarchique «  Ses craintes se portent sur les nouveaux quartiers, comme Nouvelle Cité. Ici, rien n’empêche un propriétaire de modifier sa maison, d’y accoler une tour, ou de construire une annexe dans le jardin, excepté un refus de permis de construire’. Heureusement, le RNU (règlement d’urbanisme national) va prendre le relais, protégeant la commune d’une urbanisation anarchique. À Thenay, dans le Loir-et-Cher, le maire Daniel Roinsolle peste contre le PLUi. A-t-on encore le droit d’habiter à la campagne ? — la commune, ‘qui compte 900 habitants, espérait parvenir à mille, de quoi assurer le maintien de ses nombreux commerces et services, dont l’école. Son dernier lotissement de dix-sept parcelles, à peine viabilisé, est déjà vendu aux trois quarts. La commune a réalisé une station de traitement écologique des eaux usées, fonctionnant sans énergie et calibrée pour 1.100 habitants. ‘On veut notre mort ‘soupire le maire. ‘Après avoir décentralisé, l’État reprend les commandes dans tous les domaines ‘’. Le PLUi limite le nombre d’habitant, mais, encore plus inadmissible pour le maire, insère des secteurs NGV et AGV, soit ‘Zone naturelle gens du voyage’ et ‘Zone agricole gens du voyage’ que les élus disent découvrir lors de la finalisation de ces documents d’urbanisme. Une chose est sûre : l’intercommunalité ne risque pas d’être classée ZAO (Zone accueillante de ouf), même à l’insu des élus.

Via Le Républicain Lorrain et La Nouvelle République

La mue du refuge d’Ortu di Piobbu attendra la révision du PLU © M-S.A-V. via Corse Matin

 

… Il y en a encore

Rien n’est simple en matière de PLU. En Charente, la mise au point de ce document révèle des villages sclérosés par les vignobles. ‘Les vignes ne se remplacent pas facilement, elles sont plantées pour plusieurs décennies, contrairement aux régions céréalières qui se renouvellent chaque année. L’arrivée massive de nouvelles vignes, liées aux droits de plantation accordés aux viticulteurs, n’arrange rien. Résultat : pas de terrains constructibles pour accueillir de nouvelles familles et leurs enfants qui seront scolarisés, et donc un problème d’effectifs dans les écoles rurales’. En Corse, le PLU bloque l’extension du refuge d’Ortu di Piobbu, sur le GR20. ‘Sur ce site, le PLU précise qu’une extension ne peut excéder 30 % de la surface existante. Le projet prévoyant un nouveau refuge couvrant près de 300 m2, la commune de Calenzana a donné un avis défavorable, au début de l’année, au certificat d’urbanisme déposé par le Parc naturel régional de Corse’. L’issue est dans le dialogue ‘la planche de salut va peut-être venir de la concertation qui s’engage entre le Parc, la commune de Calenzana, son intercommunalité et les services préfectoraux, dans le contexte plutôt favorable de la révision du plan local d’urbanisme de Calenzana’. Est-ce à dire que sans le PLU, tous ces gens ne se parleraient plus ?

Via France Bleu et Corse Matin

La Villa le Lac, œuvre de Le Corbusier inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, outrageusement défigurée par un lampadaire illégalement installé. L’objet du délit a été démonté fin janvier. © 24 Heures CH

Corbu : obscurci à Corseaux…

Planté devant la Villa Le Lac, que Le Corbusier avait construit au bord du Léman pour sa chère maman, ce candélabre n’était pas à sa place ‘ni les services techniques de Corseaux ni ses autorités politiques n’avaient remarqué que cet éclairage est illégal. Monument historique national et bien d’importance internationale, la Villa Le Lac est en effet protégée en elle-même, mais aussi son environnement direct (y compris les végétaux du jardin)’. Le lampadaire portant atteinte à l’intégrité du monument, inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO, devait être déplacé, mais restait insolemment en place pour d’obscures raisons juridico-administratives. ‘Franck Rolland, ingénieur spécialisé de la sécurité routière à la Direction générale de la mobilité et des routes, indiquait que l’éclairage est du ressort de la Commune, même sur une route cantonale. ‘Il n’y a pas d’obligation – hormis des cas spécifiques comme des passages piétons ou des giratoires en localité –, mais lorsque la Commune décide d’éclairer, alors elle doit le faire selon les règles de l’art ‘.’ C’est finalement la tenue de l’assemblée générale annuelle de l’Association des sites Le Corbusier qui a coûté sa place au lampadaire ‘Une cinquantaine de spécialistes, essentiellement de France, mais également du Japon, sont attendus. Il fallait donc éviter à tout prix que tous ces défenseurs de l’œuvre du grand architecte ne découvrent le couac de Corseaux : un lampadaire installé pile devant la Villa Le Lac, pourtant Patrimoine mondial de l’UNESCO. Cette verrue sera donc démontée ce mardi ou ce mercredi’. Envoyer un comité UNESCO pour venir à bout d’une verrue stradale : une astuce dermatologique que l’on ne connaissait pas encore.

Via 24 heures Suisse

La péniche Louise-Catherine avant son naufrage © Pierre Verdy AFP via FranceInfo TV

… coulé à Paris

Elle s’appelait Louise-Catherine, et repose désormais au fond de la Seine. Plus connue sous le nom de ‘Péniche de l’Armée du Salut’, cette barge en ciment armé de 70 mètres conçu pour le transport du charbon avait été transformée par Le Corbusier en logement pour sans-abri, ce qui lui avait valu le statut de monument historique. C’est lors de la remise à l’eau du navire, qui s’était déplacé avec la crue de la Seine, qu’est apparu le trou dans la coque causant le naufrage. Depuis longtemps désaffectée, la barge allait être transformée en lieu culturel, explique sa propriétaire, Alice Kertekian. ‘Le but est de la sauver, il existe des techniques pour la sortir de l’eau. Mais tant qu’il y a la crue, les plongeurs ne peuvent aller explorer et voir l’ampleur exacte de l’avarie’, a déclaré Kertekian ». Nous allons créer un compte sur KissKissBankBank pour trouver de l’argent et payer la grue pour la sortir de là’ a expliqué un autre propriétaire au Parisien ». Pour ne pas dire Bye Bye à cette œuvre négligée du Corbu, il fallait bien un Kisskissbankbank

Via Le Figaro

Theresa May, premier ministre du Royaume-Uni, n’aurait pas selon certains blogger l’architecture intellectuel qui sied à un bon Brexit. ©DR

L’architecture par Theresa et Angela

On ne sait pas ce que Theresa May pense de l’architecture, mais le blogger du labour Peter Edwards pense qu’elle n’a pas ‘l’architecture intellectuelle’ pour conduire le pays à un Brexit avantageux. Quant à Angela Merkel, elle ferait mieux de passer chez son maître d’œuvre, car l’architecture constitutionnelle de la République fédérale rend le pays fragile… Vous étiez bien dans notre rubrique ‘architecture partout, bâtiment nulle part’.

Via Talk Radio et Settimana News

2/7 : Pourquoi le Brutalisme : le regard des médias sur la  « Grey Pride »

A l’occasion de cette semaine consacrée au Brutalisme, la revue de presse d’Architectures CREE s’intéresse à la réception de ce phénomène dans les médias. Une véritable « Grey Pride », ainsi que la qualifiait le quotidien anglais The Guardian, dont notre revue de presse c’était déjà fait l’écho ici, mais que nous examinerons cette fois à travers les parutions des trois dernières années plutôt que des deux dernières semaines, comme il est de coutume ici.

 

Savoir aimer… le Brutalisme

« Êtes-vous un dingue du béton ? Votre coeur s’emballe-t-il quand vous traversez le foyer du National Theatre ? Planifiez-vous un  voyage express à la Cathédrale de Coventry (et son autel de béton bouchardé) ou à la Leeds University, où les étudiants stupéfaits vous regardent poliment quand vous vous exaltez de la magnificence brutaliste du hall de leur résidence ? ». Si vous avez répondu oui à une ou plusieurs de ces questions, vous êtes frappé par cette brutalmania qui bouleverse notre vision du patrimoine architectural. « Des immeubles autrefois réputés monstrueux sont maintenant des trésors nationaux. Nous faisons la queue pour acheter des appartements dans les chefs d’œuvre de l’architecture de la deuxième moitié du 20e siècle, comme le London Barbican ou le Brunswick Centre de Patrick Hodgkinson (tout deux inscrits à l’inventaire des monuments historiques). Le National Theatre (1976) en béton banché de Denys Lasdun, (que le Prince Charles avait comparé à une centrale nucléaire) vient juste de recevoir une réhabilitation admirée pour 80 millions de livres ». Natif de Birmingham, une cité marquée par la reconstruction de devenir un synonyme moqueur de Bétonville, l’auteure admet s’être convertie tardivement au Brutalisme. Mais le béton, présent depuis l’Antiquité Romaine, est aussi un matériau durable. Et la Concrete Nostalgy (nostalgie du béton) peut s’interpréter comme « une protestation contre l’avidité du marché immobilier contemporain, qui a vu des villes comme Londres passer aux mains d’une élite internationale de super-riches. « La réévaluation du Brutalisme au 21e siècle est en partie une tentative de revenir aux valeurs de la social-démocratie en vogue avant 1979 » dit l’auteure en se référant à un ouvrage de Christopher Beanland* . Au-delà de la politique, il y a d’autres raisons d’apprécier ce mouvement « les paysages urbains de Bristol à Berlin ont inspiré la musique de Joy Division, David Bowie et Pulp, et les nouvelles de BS Johnson et JG Ballard ». Que ceux qui restent insensibles aux charmes bétonnant allument l’autoradio pour être touchés à leur tour par cette grâce brutale. Peut-être que « Fade to Grey » (devenir gris) tube du groupe Eurythmics, traine encore sur les ondes…

*Concrete Concept: Brutalist Building around the World, ed. Frances Lincoln

Via The Telegraph

Le Brunswick Centre : un bâtiment classé conçu par Patrick Hodgkinson dans un style brutaliste. © ALAMY

 

Le Brutalisme, un patrimoine urbain

« Quelque chose d’étrange se passe dans le monde des monuments historiques. Ce qui était autrefois un univers de manoirs et de portraits moisis d’ancêtre poussiéreux laisse maintenant la place aux tours d’appartements, aux voutes de béton bouchardé et aux ensembles de logements sociaux » constate Edwin Heathcote. Le critique d’architecture du Financial Time ne cesse de s’étonner : le National Trust, bastion des grandes demeures et des paysages bucoliques, organise désormais des Parcours Brutalistes autour d’opérations des années 60, et les billets pour les visites de la Trellick Tower d’Erno Goldfinger partent dans les minutes qui suivent leur mise en vente. Une volte face incroyable du public anglais qu’Heathcote explique par plusieurs raisons : la nostalgie d’un État social, souvent évoquée, l’inventivité de cette architecture, et, de façon plus inattendue, un intérêt nouveau pour la ville. « Alors qu’autrefois les gens étaient impatients d’aller habiter les banlieues (le terme centre-ville était devenu synonyme de crime et désespoir), aujourd’hui ils ne rêvent que de retrouver les délices croustillants de la vie urbaine ». Des centre-villes qui ne sont plus menacés aujourd’hui par aucun projet de modernisation brutale. « Le Brutalisme, avec tout son cortège de noirceur et de danger, a été absorbé par une implacable industrie du patrimoine. Le Modernisme est le passé ». Le nouveau nouveau brutalisme serait-il l’architecture contemporaine ?

Via The Financial Times 

 

Bonbonnière architecturale

La Brutalmania semble avoir pris racine dans les pays anglo-saxons, avec pour berceau l’Angleterre, pays abondamment pourvu d’oeuvre brutalistes érigées sur les ruines des quartiers bombardés par la Luftwaffe. La France n’est pas encore habituée à classifier son patrimoine selon ce filtre. Le Brutalisme y est une nouveauté que l’écrivain architecturophile Aurélien Bellanger décrypte avec enthousiasme dans sa chronique de France culture : « Le brutalisme, c’est que vous allez adorer si vous détestez les bardages, les habillages, les secondes peaux et Jean Nouvel, si vous voulez que le béton soit nu, et presque à l’état sauvage — tout plein des empreintes noueuses du bois de la forêt primaire qui lui a servi de coffrage. Si l’on retrace à gros trait l’architecture de la seconde moitié du XX e siècle, le brutalisme commence à disparaître, d’ailleurs, dans les années 80, remplacé par l’architecture high-tech — celle du Lloyd’s Building de Londres ou de l’Institut du monde arabe à Paris. C’est comme si le coffrage l’avait emporté sur la matière : toutes ses créations sophistiquées et métalliques pourraient avoir servi d’échafaudages ou d’étais à ces grandes coulées de béton en disgrâce. Ou bien être des constructions brutalistes très anciennes, érodées jusqu’à la réapparition de leur treille métallique. Le brutalisme, ce sont les confiseries du temps ». Ce qui fait donc des démolisseurs de ces oeuvres de sacrés casse-bonbons.

Via France-Culture 

João da Gama Filgueiras, centre des expositions, Salvador de Bahia, Brésil, 1974 © Jorn Konijn – Extrait du livre SOS Brutalism, Park Books, 2017

 

Que le brut meure !

Si la brutalmania fait tous les jours de nouveaux adeptes, on oublie un peu vite que la brutalphobia demeure tout aussi vivace. Fin 2016, elle a pu compter ses troupes grâce à une sortie du ministre des transports John Hayes. Durant un discours appelant à la construction d’« édifices publics plus jolis », il a dénoncé le Brutalisme comme « sans valeur esthétique » et objet d’un « culte de la laideur ». « Faites attention, a prévenu Hayes, les descendants des Brutalistes conçoivent et construisent encore chaque jour de nouvelles horreurs aux grandes dalles de béton hors d’échelle, des immeubles mal dégrossis, et des structures massives aux formes sculpturales qui n’entretiennent que peu, voire aucune relation avec les quartiers anciens qui les entourent ». Le ministre des transports aimerait que plusieurs gares londoniennes retrouvent leur état pré-brutaliste, notamment celle de Euston, ou il verrait bien une arche dorique reconstruite en lieu et place du bâtiment qui l’a brutalistement évincé.

Via Curbed 

Un parking brutaliste des années 70 à Londres © JasonParis/Flickr

 

David contre le Brutalisme

Hayes avait chargé David Cameron d’étudier la possibilité de reconstruire Saint Pancras et d’autres gares de Londres. Quelques mois auparavant, encore premier ministre, Cameron souhaitait investir 140 millions de livres pour la régénération – passant par moultes destructions – des ensembles sociaux construits dans les grandes villes anglaises, et s’en était pris violemment au brutalisme « Dans les pires cités vous êtes confronté aux dalles et murs de béton, à la brutalité de tours vertigineuses et aux allées sombres, du pain béni pour les criminels et les trafiquants de drogue. La police parle souvent du rôle de l’urbanisme dans la criminalité; ces habitations ont été conçues pour l’encourager ». L’information ne manquera pas d’intéresser les historiens de la période.

Le locataire du 10 Downing Street avait dans son viseur une centaine de bâtiments de l’après-guerre. John Watson, directeur de l’exposition Brutal Utopia organisée par le National Trust, prenait la défense de ce patrimoine décrié « Il n’y a pas si longtemps, beaucoup de gens avaient ce genre d’opinion négative au sujet de l’architecture Victorienne… toute une génération évoquait les « monstruosités victoriennes » et oeuvrait à détruire systématiquement toute trace architecturale de cette époque. Nous somme aujourd’hui confronté à ce même danger avec le Brutalisme ». Puis Cameron est parti : dernier premier ministre de l’Angleterre pre-Brexit, il n’eut pas le temps de devenir celui du post-Brutalisme.

Via France télévision

Trellick Tower, Kensington, Londres. 1967-1972. Architecte: Ernö Goldfinger © Scott Barbour/Getty Images

 

Brutal sur dalle

Le Brutalisme fait aussi débat aux antipodes, à Sydney, ou une bataille homérique s’est livrée autour du Sirius Building, un immeuble de logement, ou du Remand Centre, une sorte de tribunal pour enfant. « Les immeubles brutalistes des années 80 sont maintenant vus comme des objets à idolâtrer », constate Chris Johnson, dont on devine qu’il n’adhère pas à cette chapelle. le président d’Urban Taskforce australia, une organisation qui représente l’industrie de l’immobilier chez les Wallabies, a étayé ses positions anti-brutalistes par des visites sur sites, en Angleterre, dans cette Mecque du béton qu’est le Barbican Center. Après un détour un peu fallacieux par le cinéma et Orange mécanique « l’arrière plan des logements brutalistes de Thamesmead a aidé Kubrick à positionner le gang (des Droogs) comme rejetant le confort normal de l’architecture traditionnelle », Johnson convoque le plan Voisin de Le Corbusier pour arriver à une conclusion définitive. « Le Brutalisme semble être issu d’une approche punk rock, anti-establishment qui s’en prend au domaine public traditionnellement défini par la rue. La tendance actuelle à inclure dans le patrimoine les immeubles brutalistes vient également d’un mouvement anti-establishment qui finira par produire des environnements urbains non conviviaux ». Le Brutalisme appellerait donc la dalle, qui finirait par engloutir la rue.

Via Sourceable 

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Sirius Building, The Rocks, Sydney. Conçu par Tao Gofers, en 1978-1979 © Nikki To pour the Design Files

 

Neave Brown, architecte abasourdi

Lieu de pèlerinage pour les étudiants en architecture et les cinéastes en quête de lieux de tournage, l’ensemble de logement d’Alexandra Road est devenu une icône du Brutalisme. Un revirement du destin pour cette bande de 500 logements en gradins adossée à une voie ferrée. Après l’accueil de premiers résidents enthousiastes, le lieu devient vite une sorte de no-go zone de Londres, ou les livreurs de pizza refusaient d’aller. « Il fut un temps ou dire que l’on vivait ici provoquait au choix un haussement de sourcils ou le regard de sympathie de votre interlocuteur », explique une résidente de la première heure. Depuis, l’ensemble a été salué comme « le plus célèbre complexe de logement construit en Angleterre ces cinquante dernières années » et le projet a finalement valu à son auteur, l’architecte américain Neave Brown, la médaille du RIBA. Une récompense qui arrive 40 ans après la livraison de l’ensemble, et malheureusement pour Brown, quelques temps avant sa mort en janvier dernier. Ne vous en voulez pas trop si vous ignoriez tout de cet architecte : la construction de ce projet fut pour son concepteur un véritable cauchemar. Les dépassements de couts et de délais placèrent Brown au centre d’une interminable enquête publique qui mis un terme à sa carrière, bien qu’il fut finalement dégagé de toute responsabilité quand aux débordements du chantier. Sa médaille du RIBA fut « « une surprise abasourdissante » (…) « j’ai arrêté de suivre l’actualité architecturale depuis des années, je n’avais donc aucune idée que mon travail avait récemment suscité un interet nouveau. Je pensais que mes bâtiment étaient une curiosité du passé que le public avait depuis longtemps oublié ». Le Brutalisme lui a offert une nouvelle postérité.

Via The Guardian 

Lotissement Alexandra Road Camden londres brutalisme
Lotissement Alexandra Road à Camden, Londres. Architecte : Neave Brown © Alamy

 

Touche pas à ma voute

Le métro de Washington est-il brutaliste ? Grave question que se pose l’architecte Lance Hosey, remarquant que les caissons béton des voutes de ses stations rappellent ceux de la Union Station, gare de Washington dessinée en 1908 par Daniel Burham. Pour Hosey, l’attribution du label serait trop restrictive et empêcherait de comprendre ce qu’est vraiment l’architecture de cette infrastructure. « Je ne rangerais pas le métro dans la catégorie brutaliste. Le seul fait d’utiliser le béton n’est pas suffisant pour obtenir ce label », explique la directrice du Washington-Alexandria Architecture Center (WAAC). Dur pour les Instagramer qui ont déjà tranché en l’admettant au panthéon brutaliste, ou les éditeurs de papiers peint qui ont inclus la voute dans leur collections dédiées à ce style. Pendant ce temps, le WMATA, gestionnaire du réseau métropolitain de Washington, a fait savoir qu’il s’apprêtait à repeindre les voutes… en blanc « mais les voutes de la Union Station (celle construite dans les années 1980, NDLR) étaient sinistres, crasseuses et mornes. La solution du WMATA : plusieurs couches de peinture blanche qui seront appliquées au cours des prochaines semaines. «Le nettoyage haute pression avait été envisagé, mais des années de poussière, saleté et couche de crasse accumulé sur la voute ne peuvent efficacement être éliminé par ce procédé qui reste insuffisant à améliorer les problématiques de luminosité » a déclaré le porte parole du WMATA ». Bill Gallagher, architecte qui avait participé à la conception du projet, s’est déclaré « absolument choqué » par cette solution, tout comme un commissaire du National Building Museum. Le Brutalisme, c’est cendré et ça doit le rester : say it loud, i’m grey and i’m proud (dites le fort, je suis gris et j’en suis fier).

Via Huffington Post et City Labs 

metro Washington Harry Weese brutalisme
Métro de Washington, conçu par Harry Weese, 1966-1976 © CREATIVE COMMONS
metro Washington Daniel Burnham brutalisme
Union Station, Washington DC. Conçu par Daniel Burnham, 1908 © CREATIVE COMMONS

 

Robin-Hood : le Brutalisme en kit

Programmée depuis 2008, la destruction du Robin Hood Gardens, ensemble de 252 logements construits par les Smithsons en 1972, a finalement débuté en décembre 2017. Pour conserver une partie de cet ensemble, le Victoria and Albert Museum (V&A) s’est porté acquéreur d’un morceau d’immeuble. « Le fragment mesure 8,8 mètres de hauteur, 5,5 mètres de largeur et huit mètres de profondeur. Il comprend l’intérieur éventré d’un appartement maisonnette, des coupes d’escalier béton et une partie de la coursive connue comme « rue dans le ciel », qui devait encourager les interactions entre voisins. Il y a aussi les ailettes bétons verticales de trois tonnes qui donnaient à l’immeuble son aspect caractéristique. Il a été démonté et sera déplacé par des transporteurs spécialisés en art vers un site de stockage ». Il n’y a pas encore de plan précis pour reconstituer cet écorché, mais Bingham, le conservateur responsable de l’acquisition, espère qu’il pourra être remonté pour que les visiteurs puissent le parcourir. 

Via The Guardian 

Robin Hood Gardens à Tower Hamlets, dans l’est de Londres, achevé en 1972. © Musée Victoria et Albert

 

New Haven : Breuer vs Ikea

L’immeuble avait été inauguré en 1969. Breuer l’avait dessiné pour une société de pneumatiques, l’Armstrong Rubber Company. Le maire de l’époque avait imposé l’architecte, exigeant en outre la construction d’un immeuble haut pouvant faire signe dans le paysage urbain. En 2003, la ville autorisa Ikea à implanter un magasin sur le site, que l’Armstrong Rubber Company avait laissé suite à son rachat par Pirelli en 1988. Le géant du meuble ne fit pas dans la dentelle : il démolit une partie de l’immeuble pour les besoins d’un parking, s’attirant les foudres de la population locale. Pour se rattraper, le géant du meuble accepta de louer le lieu à une galerie d’art pour la modique somme de 1$ par an, dans le cadre d’un programme pour l’installation d’artistes hors de la bulle New Yorkaise. Tom Burr, artiste natif de New Haven et fan de Brutalisme, aurait occupé allègrement les lieux si la ville n’avait fini par s’en mêler, exigeant une drastique mise en sécurité. « Les inspecteurs ne nous ont pas fait de cadeaux, relate Burr. Nous avons rencontré des inspecteurs en bâtiment, des inspecteurs de santé, des inspecteurs en sécurité incendie. Ils étaient tous très impliqués, en particulier car ils gardaient en tête l’incendie du Ghost Ship à Oakland (l’incendie d’un entrepôt converti en lieu artistique qui avait fait 36 morts en 2016, NDLR). D’un seul coup, nous devions dépenser tout notre budget en remise aux normes. (…) A ce moment, d’un point de vue conceptuel autant que par nécessité, il paraissait logique de faire de ces restrictions, réglementations et obligations le cœur d’une intervention artistique ».  Burr a programmé une performance en 6 phases. Ikea serait désormais intéressé par la réactivation de l’espace. Faire vivre les bâtiments brutalistes hors des centres-villes n’est pas une mince affaire.

Via City Lab

Immeuble conçu pour l’Armstrong Rubber Company par Breuer, New Haven, 1969 © Mark Byrnes

 

Vêtement, meuble : sous influence brutaliste

Pas d’immeuble brutaliste à coté de chez vous ? Rien n’est perdu, car le Brutalisme peut s’emporter à la maison, en version lampe combinée pot de fleur, ou base béton pour douille. Le site Dezeen présente une horloge de grand-père que son créateur dit inspirée par l’architecture brutaliste, bien que ni le matériau ni le dessin, ni les finitions lisses et polies n’y renvoie. Une profusion d’objet sous influence du style phare des années 60, car, suivant le constat d’une journaliste « Brutalism is the new black ». D’ou le fait qu’on puisse aussi porter le brutalisme sur soi « Je voulais appliquer ce principe à la mode de Dirk Bikkembergs en racontant le vêtement de façon directe, sans fioritures », confie Lee Wood. « J’ai utilisé les matières de façon très directe, comme le maçon qui laisserait le ciment ou le béton apparents », ajoute le designer ». La collection de chaussure « Ten Acts of Brutalism » est la réponse du créateur Chris Francis à l’architecture brutaliste. « L’idée l’a frappé au Sunkist Building à Sherman Oaks, Californie, ou Francis s’est sentie inspiré par « la confrontation avec une symphonie de béton Géométrique ». Bien que son but n’était pas de creer un Brutalisme à porter, Francis admet que ses chaussures sont fidèle à leur nom : confortable, elle ne sont pas » mais autant, peut-être, que des chaussures de Zaha.

Via FastCoDesignCurbedDezeen, Metropolis Mag 

Collection de chaussure « Ten Acts of Brutalism », inspirées par l’esthétique et la philosophie de l’architecture brutaliste. Designer : Chris Francis © Chris Francis

 

Brutalisme à boire

Si vous ne trouvez pas, et pour cause, chaussure à votre pied, il vous reste la possibilité de vous rendre au Little Red Door, bar à cocktail parisien qui vient d’ajouter à sa carte « onze breuvages dans ce qui ressemble à un catalogue d’architecture. Les intitulés ? Minimalisme, Modernisme, Art Nouveau ». Et bien sûr « avant de boire, on touche : le Brutalisme s’accompagne d’une page en relief effet béton ». Le Parisien n’en dévoile pas la composition, mais s’étend en revanche sur celle du cocktail Baroque « Comme dans un restaurant gastronomique, la bartender qui l’a conçu prend le temps de nous expliquer son cocktail. « Je suis partie d’un digestif à base de rhum, vin cuit, sirop de grenade et liqueur d’orange, plutôt lourd et sucré donc, pour le transformer en quelque chose de léger. Twister le classique, c’est comme ça que je vois le baroque ! ». Comme le Baroque, le Brutaliste est à boire pour 14 euros. On ne sait pas s’il contient du ciment ou de la pomme, mais on espère que « c’est du lourd, c’est du brutal ».

Via Le Parisien 

Olivier Namias

 

A lire dès demain : Vous avez dit Brutalisme ?  Une question de définition

Entre local et global de Saigon à Clermont : la revue de presse du 6 février 2018

Côté global : Calatrava s’exporte en Italie, Ole Scheeren séduit par le Vietnam, les conteneurs prolifèrent à Baie-Comeau. Côté local : les peuples autochtones du Canada s’affirment par l’architecture, Londres voudrait se doter d’un globe, l’École d’architecture de Clermont-Ferrand est en prise avec son territoire. Des scientifiques imaginent des soins pour le béton. La revue de presse du 6 février 2018 

 

Cosenza : inauguré

Et de 6! Avec l’inauguration du pont de Cosenza, le suisso-valencien Calatrava livre sa sixième œuvre italienne. L’ouvrage, destiné au trafic automobile et piéton, vient s’ajouter à une liste qui comporte un pont piétonnier à Venise (le pont de la constitution), un ensemble de trois ponts à Bologne ainsi que la gare ferroviaire Mediopadana. S’ajoute à cela deux projets non construits ou inachevés, comme la salle de spectacle Ecuba et des bâtiments pour l’université romaine de Tor Vergata, explique La Vanguardia.

Dressant sa structure à 104 mètres de haut, l’ouvrage serait le plus haut d’Europe. L’opposition municipale affirme que sa construction a été financée par un fonds d’épargne public constitué de la fin des années 70 à 1991 pour les besoins du logement social. « La boîte en acier mince du pylône a une forme quadrilatérale avec des coins arrondis. Elle est inclinée vers l’arrière pour exprimer la tension et créer une direction visuelle claire vers la ville. Les cordes et la forme de cette structure suggèrent une harpe géante », détaille l’architecte sur son site. Dans un monde en perpétuelle mutation, le design immuable des ponts du plus barde des architectes apportent une rassurante permanence.

Via La Vanguardia 

 

Londres : globe en vue?

Déjà pourvu d’un Concombre, d’un Talkie-Walkie et d’une Rape-à-Fromage, le skyline londonien va-t-il bientôt s’enrichir d’une Balle de Golf? Selon The Guardian, qui a pu avoir accès aux plans, une sphère de verre plus haute que la cathédrale Saint-Paul est en projet du côté du parc Olympique à l’est de la capitale britannique. Le promoteur MSG a chargé l’agence Populous, spécialiste des stades et grandes salles de concert, de la conception de cet équipement qui accueillera 20 000 personnes, autant que le Millenium Dome de Greenwich, d’ailleurs une œuvre de Populous (ex-HOK sport). Le London Legacy Development Corporation (LLDC), l’autorité chargée de l’aménagement de la zone olympique, affirme ne pas être au courant d’éventuels projets « nous n’avons entamé aucune discussion officielle avec aucune des parties concernées par ce site. Après l’abandon du projet précédent de snow dome (une piste de ski fermée comme à Dubai), nous n’avons reçu aucun dossier complet ni tenu aucune réunion préparatoire ». Proche de Trump, le directeur exécutif de MSG James Dolan est pris dans la tourmente de l’affaire Weinstein : il aurait eu connaissance des agissements du producteur et n’aurait rien dit. Sur l’affaire de la Balle de Golf, il a l’air tout aussi muet. Elle fait pourtant 130 mètres de haut, ce qui la rend difficile à cacher!

Via The Guardian 

Via The Guardian

 

Canada : vers une architecture Innus

Les revendications des membres des premières nations explosent avec la démographie de ces populations autochtones du Canada. Après avoir donné leur nom au pays — kanada veut dire « village » en Huron Iroquois — elles demandent de rebaptiser nombres d’avenues et bâtiments publics de l’État à la feuille d’érable. Elles s’affirment également à travers l’architecture « Pour passer de la tente à la maison, ça a pris peut-être 50, 60 ans, explique le technicien pour le Musée Shaputuan à Sept-Îles, Jean St-Onge. On a su s’adapter, on s’adapte encore et on va s’adapter encore. » Dans la dernière année seulement, les Premières Nations de la Côte-Nord ont bâti ou agrandi plusieurs écoles, deux centres de santé ainsi que de nombreux logements, entre autres. Le style architectural première nation se reconnaît à « la présence de lumière naturelle, des plafonds hauts, des analogies avec la nature, la tente ou les symboles traditionnels. “Les couleurs terres, des couleurs chaudes, ce sont des couleurs qui ramènent beaucoup aux traditions”, résume Julie Foster, associée de l’agence DMG architecture. Autres traits, la forme du cercle, qui structure plusieurs bâtiments Innus, peuple autochtone du Labrador. Elle “évoque la tente, la rencontre autour d’un feu, mais aussi le tambour, objet spirituel de première importance. En érigeant des bâtiments modernes, mais au style unique, le Conseil de bande de Uashat-Maliotenam espère prouver que les Innus de la Côte-Nord peuvent innover tout en restant fidèles à leur identité et leurs racines”. Une nouvelle version du régionalisme critique…

Via Radio-Canada 

 

Baie-Comeau : Halte aux laids conteneurs

Toujours au Canada, à 400 kilomètres au nord de Québec, la municipalité de Baie-Comeau veut réglementer l’usage des conteneurs. Ils prolifèrent dans cette petite cité portuaire, où les commerçants les utilisent comme espace de stockage, ce qui leur évite de déménager ou d’entreprendre d’agrandir leurs locaux. La mairie estime qu’ils dégradent le paysage. “Dorénavant, les propriétaires de ces équipements devront formuler une demande d’autorisation au conseil consultatif d’urbanisme, par le biais du service d’urbanisme de la Ville, afin de se conformer à la nouvelle réglementation. ‘Ça va être analysé au mérite. Il va y avoir des critères d’utilisés pour déterminer si c’est acceptable ou pas ce qu’ils nous proposent et ça va être soumis au conseil (municipal) pour décision finale’, explique le directeur général, François Corriveau, en parlant de cas par cas”. Suggestion d’Architectures CREE : lancer un concours d’embellissement des conteneurs auprès des écoles, les étudiants étant très familiers de ces boîtes-reine du commerce mondialisé.

Via Le Manic

Baie-Comeau modifie son règelement de zonage afin d’encadrer l’usage de conteneurs maritimes (photo) à proximité des commerces et entreprises. Photo archives Le Manic

 

Clermont-Ferrand : Retour à Sabourin

En septembre 2015, l’École nationale supérieure d’architecture de Clermont-Ferrand (ENSACF) a quitté ses locaux exigus du centre ville pour emménagé dans l’ancien Sanatorium Sabourin, désaffecté depuis le transfert du service de pneumo-phisiologie et autre service à compétence thoracique et vasculaire fin 1997. Deux ans et demi après, le quotidien La Montagne est allé visiter les locaux réhabilités par Du Besset-Lyon. Les nouveaux occupants respirent bien, merci pour eux “En pénétrant dans l’école (…) on a l’impression de mettre les pieds dans une start-up californienne. Le grand hall d’entrée est le lieu de vie. De réunion. Un bar (‘Parfois, il y a des tireuses à bière, c’est une idée des profs’), une table de ping-pong faite par les élèves. Chaises. Hamacs”. Et ce n’est pas qu’une mise en scène arrangée pour le hall “En se promenant dans les étages, l’impression persiste. Des élèves partout. Assis sur les tables, les bureaux. En train de manger, de discuter avec passion. Sur quatre étages, nous croisons un professeur. Un vent de liberté, de créativité souffle. Parce qu’il ne faut pas croire, les élèves sont en plein travail. Il suffit de s’approcher de l’un de leurs tableaux. ‘L’ambivalence de la Meuse dans une péréquation architecturale…’ C’est du sérieux! ». L’ouverture de l’école s’est accompagnée de la création de logements étudiants, cinémas, qui concourent à la revitalisation de ce quartier du nord de Clermont. L’architecte et enseignant Simon Teyssou détaille l’esprit qui anime la formation, qui se veut proche du terrain et les enjeux des territoires ruraux “‘On ne veut pas que nos élèves refassent le Guggenheim. On veut qu’ils aient un rôle dans la société’. C’est pour ça que nous faisons beaucoup d’immersion. ‘Pour qu’ils n’oublient pas que des gens vivent dans leurs créations. Il est primordial de faire redescendre l’architecture de son élite.’ Pour Simon Teyssou, ‘l’esthétique a longtemps prévalu sur la pratique, aujourd’hui c’est l’inverse. L’esthétique est devenue presque tabou’. Less Aesthetics, more Ethics : c’était déjà le motto de la Biennale de Venise 1999, dirigée par Fuksas. Un slogan péché du côté des brutalistes de l’après-guerre. Less Aesthetics, More Tabus sera-t-il le cri de ralliement de la nouvelle génération

Via La Montagne 

L’école d architecture de Clermont-Ferrand vue d’intérieure le 10 janvier 2018. © Francis CAMPAGNONI via la montagne
L’école d architecture de Clermont-Ferrand vue d’intérieure le 10 janvier 2018. © Francis CAMPAGNONI via la montagne
L’école d architecture de Clermont-Ferrand vue d’intérieure le 10 janvier 2018. © Francis CAMPAGNONI via la montagne
L’école d architecture de Clermont-Ferrand vue d’intérieure le 10 janvier 2018. © Francis CAMPAGNONI via la montagne

 

Saigon : bienvenue à Empire City

Direction Saigon, ou Ole Scheeren vient de démolir les plans d’Empire City, un micro-quartier construit en bord de rivière autour d’un gratte-ciel de 333 mètres de haut, qui ‘promet une forêt dans le ciel’ et évoque dans ses parties basses ‘les rizières du nord du pays’. L’ancien associé de OMA et ex-compagnon de l’actrice hongkongaise Maggie Cheung se dit étonné par la vitalité du Vietnam ‘L’architecte ajoute : ‘Il y a dans ce pays une véritable volonté de réfléchir sur la croissance de la ville. Ce n’est pas une réflexion purement économique. L’économie joue un rôle, mais il y a vraiment une ambition de créer des lieux qui ont du sens pour les habitants de la ville et de créer une nouvelle identité qui liera leur passé et leur futur. Sur place, je constate un incroyable esprit d’entreprise, une grande culture de la start-up et même un goût pour le co-working. Toutes les choses dont nous parlons dans le monde occidental se développent intensément à Ho Chi Minh. Je suis impatient de voir comment nous pourrons participer à cet élan entrepreneurial avec l’architecture’’. D’après le site belge 7 sur 7 qui publie l’article, 58 % des lecteurs ont jugé l’info intéressante, 4 % réjouissante, 23 % la trouvent inquiétante ou déprimante, et 1 % énervante. On espère les Vietnamiens plus ouverts à l’art moderne.

Via 7 sur 7 

© Bureau d’architecture Ole Scheeren.
© Bureau d’architecture Ole Scheeren.
© Bureau d’architecture Ole Scheeren.
© Bureau d’architecture Ole Scheeren.

 

Un champignon pour guérir le béton malade

Dure nouvelle pour tout ceux, nombreux, qui recherchent activement le termite mangeuse de béton. Une équipe de scientifiques des universités Binghamton et Rutgers conduite par un certain Congrui Jin vient de découvrir un champignon capable de régler les microfissures qui apparaissent à la surface du béton, menaçant à terme son intégrité plastique et structurelle. Après plusieurs tâtonnements, les chercheurs ont testé 20 espèces susceptibles de résister aux conditions chimiques extrêmes auxquelles est soumise cette pierre liquide. ‘Tous moururent, sauf un : le Trichoderma reesei.(…) Le T. reesei est un champignon respectueux de l’environnement, ‘il n’est pas toxique et reste inoffensif pour la santé, et s’utilise dans différents procédés industriels’. L’expression ‘aller aux champignons’ désignera-t-elle demain un soin du béton plutôt qu’une promenade en forêt?

Via Xataka

Via Xataka

 

Olivier Namias 

Des logements, des architectes traumatisés, des toits qui s’écroulent : la revue de presse du 30 janvier 2018

Flambée des prix hôteliers en Russie – Habitat rotatif en Espagne – En rénovation, un vieux « Gehry » s’écroule – Dix chapelles pour une biennale : le Vatican à Venise – Un viaduc pour enjamber la Scie – Prêt étudiant vs prêt immobilier – Grands architectes, polytraumatisés ? – USA : Loger les SDF pour les soigner – McDo des années 60 aux USA : une espèce en voie de disparition.

 

Hôtels russes : l’effet Mondialski

Les grands évènements sportifs, dit-on, offrent l’opportunité de dynamiser les structures d’accueil et tout particulièrement les hôtels, rénovés ou construits à neuf pour accueillir dignement les visiteurs du monde entier. Le Mondial de football qui se tiendra cette année ne semble pas s’embarrasser de cette règle. Au point que le ministère du Tourisme russe a mis en ligne une liste noire des hôtels qui dépassent le quota d’augmentation des prix établit par les autorités. Les plus gros dépassements s’observent dans les régions de Moscou et Rostov-sur-le-Don (mer d’Azov). L’hôtel Petrovka, un hôtel 1 étoile moscovite, a ainsi fixé un tarif de 500 € par chambre. Mieux encore, les chambres de l’hôtel Jardin Calme de Kaliningrad sont passées de 60 € à 1 680 €, et un autre établissement sans étoile de Kaliningrad offre une chambre à 1800 € les soirs de match. Un dépassement de la limite légale de 5283 %. Offrir aux hôtels borgnes des tarifs de palace : c’est peut-être ce que l’on nommera bientôt l’effet mondialski.

Via Ouest-France 

Une nuit dans cette chambre de l’hôtel Agora, à Kaliningrad, vous coûtera 1 800 €. (Photo : Booking.com)

 

Et pourtant elle tourne

Tourner pour être plus durable : le système séduit un peut partout sur la planète, et c’est au tour de l’entreprise Andalouse Sun House 360° de se lancer dans la construction de maisons tournantes. Si la construction d’habitat rotatif reste marginale, son caractère singulier lui vaut toujours une attention particulière de la part des médias et du public. S’appuyant sur « une équipe multidisciplinaire d’architectes, ingénieurs et techniciens », Sun House 360° a conçu « quatre modèles différents de maisons tournantes de différentes tailles, allant de 95 à 250 m2 ». D’après la société implantée à Marbella, les investisseurs privés sont très intéressés par ce type de produits, dont l’argument de vente massue est qu’il permet une économie d’énergie de 70 % en se tournant vers le soleil, ce qui fait du nord de l’Europe un marché de choix. Au sud, en effet, on aurait plutôt tendance à se protéger des rayons de l’astre céleste. Autre argument de poids : « se réveiller tous les matins avec des vues incroyables, et pouvoir au cours de la journée continuer d’en profiter dans son salon ou sa cuisine », explique un architecte londonien versé dans cette typologie. Et si le tout autour est laid? Toutes les maisons tournantes n’ont pas la chance de la Villa Girasole, leur ancêtre, construite dans les années 30 sur un podium surgissant des bois au nord de l’Italie.

Via El Mundo 

Les maisons tournantes gagnent en importance sur des marchés comme l’Espagne et l’Angleterre. SUN HOUSE 360º

 

 

Gehry down

Le toit du Merriweather post Pavilion, une salle de concert en plein air construite il y a cinquante ans par Frank O. Gehry qui opérait alors depuis l’agence Gehry, Walsh et O’Malley à Columbia (Maryland), vient de s’écrouler pendant sa rénovation. Frank Gehry, désormais Pritzker et dirigeant de Gehry and Partners, avait été informé de la modification de son œuvre, effectuée par l’agence JP2 Architects de Baltimore. Invité à adapter l’équipement aux besoins des concerts moderne, J2P avait souhaité conserver la toiture, qui constituait un élément caractéristique du projet de Gehry. C’est pendant le rehaussement du toit que des bourrasques ont entraîné l’effondrement. « “Les vents du destin ont prévalu et ont décidé que, au lieu de simplement soulever le toit, nous devrions simplement aller de l’avant et en construire un nouveau”, a déclaré le maître d’ouvrage, ajoutant que “tout sera prêt pour l’ouverture de la saison” », avec le premier spectacle prévu en juillet. Une reprise de Blowing in the wind, joué par Frank O. à l’harmonica déconstruit?

Via Archpaper 

Le toit de la salle de concert de Frank Gehry s’effondre dans le Maryland. Le toit effondré du pavillon des postes de la Météo Merriweather par Gehry, Walsh et O’Malley (Ian Kennedy)
Rendu du Pavillon Merriweather Post rénové (Courtoisie de The Howard Hughes Corporation)

 

Venise 2018 : une biennale pieuse

La 16e édition de la biennale d’architecture de Venise accueillera un nouvel exposant, un pays de 44 ha et mille habitants dont le rayonnement dépasse de loin la taille : le Vatican, qui avait tenté une première incursion à la biennale d’art en 2015. La Cité-État n’a pas l’intention de construire un pavillon, mais de disséminer dix chapelles dessinées par dix architectes à la façon de la Skogkapellet, construite par Asplund au Skogkyrkogarden, cimetière des bois de Stockholm, en 1920. L’historien Francesco Dal Co a confié la construction des dix bâtiments à des architectes du monde entier : Smiljan Radic (Chili), Carla Juaçaba (Brésil), Javier Corvalán (Paraguay), Eva Prats & Ricardo Flores (Espagne), Sean Godsell (Australie), Edouardo Souto de Moura (Portugal), Norman Foster (Royaume-Uni), Andrew Berman (USA), Teronobu Fujimori (Japon). Un choix œcuménique qui contentera les principales chapelles architecturales. Après la biennale, les chapelles seront démontées pour propager la foi dans le monde entier. Il faudra trouver une nouvelle idée pour la biennale de 2020. Architectures CREE suggère des autels portatifs à installer dans le site des Giardini.

Via Architetti 

 

le Vi(a)duc

C’est ce qu’on appelle de la bel ouvrage : un viaduc « en courbe avec une pente douce. Les six piles en béton de 35 mètres s’élèvent tous les 75 m sur des fondations enterrées à plus de 22 m. Un chantier de 23 millions d’euros », détaille Ouest-France. « À l’origine, il était construit pour dévier la petite commune de 1 000 habitants de Saint-Aubin-sur-Scie engorgé de 18 000 véhicules de nombreux poids lourds qui empruntent chaque jour la route nationale 27 entre Rouen et le port et le terminal ferry de Dieppe ». Seulement voilà, achevé depuis trois ans, « il n’a jamais été mis en service. Parce qu’il manque 13 kilomètres de route » et le budget pour la construire. Le marché pour la réalisation de la bretelle a été relancé il y a deux semaines. En attendant la reprise des travaux, il y a peut-être moyen d’organiser une biennale sur viaduc.

Via Ouest-France 

 

Propriétaire ou étudiant, le choix cornélien

Les Millennials, cette génération que la société regarde avec les yeux de Chimène, sont censés instaurer des modes de consommation qui bouleversent le monde. Les études les révèlent moins portés sur l’achat de maisons ou d’appartements que leurs aînés au même âge. Plusieurs explications ont été avancées pour expliquer ce phénomène « ils vivent en collocation (ou avec leurs parents), ils préfèrent louer, et dilapident leurs salaires dans des brunchs somptueux plutôt que dans des bungalows” détaille City Lab sans se satisfaire de ces explications. La vérité est ailleurs, dans une étude du site ApartmentList, qui démontre chiffres à l’appui que ce ralentissement est imputable au poids des prêts étudiants. 44 millions d’Américains se partagent une dette étudiante de 1 400 milliards de dollars, chiffre qui a doublé depuis 2009. 57 % de nos Millenials entre 22 et 35 ans remboursent des prêts étudiants. Dans le même temps, la hausse des prix de l’immobilier freine les possibilités d’achat. « Être propriétaire de sa maison a historiquement permis aux gens de construire l’équité, alors se porter tôt acquéreur d’un bien immobilier veut souvent dire se libérer plus tôt de son crédit et d’économiser plus pour sa retraite. Si les Millenials sont exclus de ce cycle, leurs perspectives économiques futures seront moins brillantes que celles des générations qui les ont précédés », explique Chris Salviati, auteur de l’étude. Et n’espérez pas devenir propriétaire plus tôt en sautant la case université. L’étude montre que ceux qui arrêtent leurs études à la fin du lycée obtiendront un salaire bien moins élevé, compliquant leur accès à la propriété. La solution pour stimuler les carrières et la propriété chez les Millenials existe : « que l’État finance l’éducation supérieure ». Une suggestion soufflée par la Fed, banque fédérale des USA, une institution peut connue pour ses sympathies communistes.

Via Citylabs 

 

Création architecturale et désordre mental

« Va-t-on découvrir que la forme suit la dysfonction ? », s’interroge Darran Anderson après la lecture d’un essai d’Ann Sussman et Katie Chenhave, « les troubles mentaux qui nous ont donné l’architecture moderne » (en anglais uniquement). Sussman et Chenhave ont tiré des biographies de Le Corbusier et Gropius les éléments étayant leur hypothèse. Gropius, par exemple, était marqué par son expérience des champs de bataille. « Il survécut à un crash d’avion (…), passa deux jours et deux nuits enterré vivants parmi les cadavres après un bombardement, ne devant sa survie qu’à l’air provenant d’une cheminée. Ou lui tira dessus plusieurs fois, et il retrouva sur ses vêtements de nombreux trous percés par les balles. En 1915, son insomnie causée par la tension nerveuse lui valut un répit à l’arrière, mais il dut retourner dans les tranchées », tandis que plusieurs « expériences de mort imminente auraient entraîné la diminution de son cerveau ». Anderson rappelle que Kahn se brûla le visage dans sa jeunesse, et que les enfants et la femme de Wright furent taillés à la hache par un employé de maison qui mis ensuite le feu à la propriété, entraînant avec lui sept personnes dans la mort. Ces traumatismes auraient conduit à une architecture épurée, selon Chenhave et Sussman. Pas si vite, dit Darran Anderson, qui invoque aussi les évolutions sociétales, la formation, l’esprit machiniste… La lutte des sociologistes contre les physiologistes en histoire?

via CityLabs

Le modernisme, Ann Sussman et Katie Chen l’ont sous-entendu dans leur essai du mois d’août, était un chemin qui émergeait de la névrose et qui n’aurait jamais dû être suivi. Mais leur évidence que l’architecture d’hommes comme Le Corubsier repose sur des « désordres » est très discutable. AP

 

Logement sur ordonnance

Un médecin qui prescrit à un SDF malade un logement en guise de traitement plutôt que des antibiotiques : cela arrive à Hawaii, où l’État fédéral a voté l’an dernier une loi dans ce sens, ou à Chicago. L’ONG Center for housing and Health (centre pour le logement et la santé) a fourni 25 logements pour SDF. « L’expérience fournit des arguments convaincants qui devraient inciter les autres hôpitaux à suivre notre exemple », dit Stephen Brown, directeur du service de médecine préventive et d’urgence à Center for Housing and Health. D’autres villes investissent dans le logement pour SDF : à Portland, Oregon, Orlando, ou SBH Health System, dans le Bronx, qui a lancé une opération mixte face à son hôpital, comprenant 133 appartements sociaux, avec une salle de yoga et ferme sur le toit, juste pour l’amélioration de la santé? Ces choix dérivent en partie de calculs économiques : « en aidant quelqu’un rester en bonne santé, l’attribution d’un logement peu également être une source d’économies pour le système de santé. Dans le programme de logement, le département national pour le logement et le développement humain paye une partie des coûts de logement, et l’hôpital règle 1000 dollars par mois et par personne pour les services qui accompagnent le logement. En comparaison, une journée aux urgences peut coûter 3000 dollars ». Avec le programme, les coûts de santé par patient ont chuté de 18 %. Loger plus pour dépenser moins et soigner mieux, une solution contre-intuitive qui semble faire ses preuves.

Via Fast company 

 

McDo : la fin du « style antique »

Il fut un temps ou le célèbre clown McDonald était aussi célèbre pour ses burgers que pour son architecture. Ses restaurants reconnaissables entre mille grâce à leurs deux arches dorées portant une dalle servant de toiture avaient été dessinés par l’architecte Stanley Meston dans les années 60, jusqu’à ce que McDonald abandonne cette typologie en 1969. Le géant du BigMac demandant à ses franchisés de refaire régulièrement les magasins, les exemples encore existants de cette architecture se comptent sur les doigts d’une main, et principalement sur la côte ouest, en Californie ou en Oregon. Celui dressé sur la 91e avenue à Portland ne servait plus depuis longtemps de restaurant, mais avait été conservé à titre de curiosité et faisait office et de salle des fêtes et d’annexe à un établissement plus moderne construit sur la même parcelle. Son propriétaire va le détruire pour laisser la place à un bâtiment self service. Il ne subsistera alors plus que trois témoins du McDo style Antique, à Downey, San José et un dernier à Pomona, reconverti en magasin à donut. Pour l’instant, aucun musée ou galériste ne semble sur les rang pour racheter cette icône de la pop culture, qui faisait d’ailleurs la couverture du 44e numéro de CREE en novembre 1976*.

dans le cadre d’un article sur l’exposition « signs of life : symbols in the American city », organisée par Venturi et Rauch à la Smithsonian Institution à Washington.

Via Willamette week 

>Vidéo http://www.koin.com/news/local/multnomah-county/portlands-original-mcdonalds-to-be-demolished/943995045

 

Olivier Namias

Réinventions en cascades : la revue de presse du 23 janvier 2018

Bref inventaire de ce qui doit être réinventé en 2018 : la baraque à frites, la rémunération des architectes, la Loire à Nantes, Paris en Chine, Patrik Schumacher chez Zaha Hadid, l’Espagne, les fermes éoliennes, l’impression 3D, la basket et les transports en commun, Hong Kong. La revue de presse du 23 janvier 2018

Réinventer la baraque à frites

Heureux comme le Morris Vandenberghe et Thomas Hick en Belgique. Ces deux architectes associés au sein du Studio Moto viennent de remporter le concours portant sur la rénovation d’un symbole bruxellois, voire belge : le fritkot ou baraque à frite. L’échevine du commerce et l’échevin de l’urbanisme de la ville de Bruxelles s’étaient unis pour lancer un concours visant à rénover ces édicules tout en leur apportant une nouvelle identité. Les idées du Studio Moto ont été distinguées parmi 52 propositions : « de forme simple et épurée, l’objet, de par sa taille et sa superficie, s’implante parfaitement dans le tissu urbain. Son revêtement réfléchissant en aluminium poli favorise le dialogue avec son contexte; ainsi, par un jeu de réflexions, les abords se trouvent changés au gré des passages et c’est en se déplaçant autour du volume que celui-ci se dessine. Ce matériau, résistant et facile d’entretien, permettra également de venir à bout des détériorations liées aux actes de vandalisme. Enfin, le fritkot est couronné par une enseigne lumineuse unique. Chaque frituriste aura l’autonomie de la confectionner lui-même afin de garder son identité propre ». Le fritkot nouveau ouvrira ses auvents début 2019, à moins que les élections à venir ne soient remportées par des élus qui auraient moins la frite.

via Sud infos 

 

Réinventer la rémunération des architectes

Le métier d’architecte est toujours aussi mal payé : dans les bilans des promoteurs, la ligne conception est bien loin derrière les frais de publicité ou les dépenses de commercialisation, constate Catherine Sabbah dans Les Échos. Honoraires en berne, dumping, casse des prix par les maîtrises d’ouvrage privées, repli des maîtrises d’ouvrage publiques, tout concourt à tirer les prix vers le bas. « Les récentes consultations baptisées “Réinventer”… Paris, la Métropole, et le Monde encore tout récemment, ne rassurent pas tellement les architectes. Sollicités par des maîtres d’ouvrage privés pour inventer des nouvelles formes, techniques, usages… ils retrouvent des commandes et du travail. Mais se retrouvent aussi noyés au milieu d’une kyrielle d’autres prestataires désormais associés à la conception des bâtiments : experts de l’environnement, innovation, co-living, co-working et autres espaces partagés… qui se paient aussi sur le prix final ». Et dans une économie de service qui mise sur l’innovation et la pensée, personne ne s’occupe de réinventer la rémunération des prestations intellectuelles?

Via Les Échos 

 

Réinventer la Loire

Nantes Métropole les avait repérés alors qu’ils planchaient sur des projets de guinguette en bord de Loire. Cette année, elle a demandé à ces étudiants de master en architecture navale d’imaginer des projets pour rendre ludiques les bords de la Loire ou de l’Erdre. À côté du « projet pragmatique qui ne coûtent pas trop cher » de passerelle avec son miroir d’eau, on trouve un café submersible, ou un bassin de surf sur l’ancien parking de la gloriette, point final d’une promenade aquatique. « L’équipe d’étudiants est partie des 30 engagements pour la Loire des élus de Nantes métropole qui visent à “une réappropriation physique, sensible et imaginaire du fleuve”’ ». Après alerte à Malibu, alerte pas loin de Vertou?

via Ouest-France 

La « vague de Gloriette », spot de surf à ciel ouvert sur le parking de Gloriette. © ENSA

 

Réinventer Schumi

« On m’a fait passer pour un fasciste », s’indigne Patrik Schumacher, dirigeant de Zaha Hadid Architects depuis la mort de sa célèbre associée. Cassant, pas naturellement d’un abord sympathique, Schumacher s’était attiré les foudres du public après une conférence donnée en 2016 au World architecte forum, ou il suggérait de supprimer le logement social, de privatiser l’espace public — rue comprise — et de vendre Hyde Park aux promoteurs. Certaines voix demandaient à ce qu’on ne lui donne plus la parole. Sur tous ces sujets, Patrik Schumacher affirme avoir été mal compris. Ses propositions entendaient remédier à ce qu’il voit comme des cercles vicieux, et aux mécanismes de régulation qui entraînent paradoxalement une hausse des prix, obligeant la plupart des gens à quitter les zones de centre-ville, pourtant les plus intéressantes du point de vue des connexions et des opportunités économiques. « C’est ce que je critiquais, dit-il. Ce n’est pas que je veuille attaquer les franges vulnérables de la société et les jeter à la rue. J’ai été dépeint comme ce scélérat (…). On a diffusé mon portrait avec la moustache d’Hitler durant une campagne de diffamation. La question centrale ici est de savoir comment nous pouvons réellement créer la prospérité pour tous ». Si certains arguments de Schumi font mouche chez les partisans du logement social, d’autres, tels que l’élimination du logement social sur Hyde Park au motif que cela renchérirait le prix des logements privés ne passent toujours pas. Cela peut-il suffire à lui ôter cette vilaine moustache?

Via The Guardian 

Protestants devant les bureaux de Zaha Hadid Architects après le discours controversé de Schumacher fin de 2016. Photographie: Alamy

 

Réinventer Prada

Amoureuse du Nylon noir, Muccia Prada a demandé à deux agences d’architectures amies — Herzog et de Meuron et OMA – de donner leur interprétation de ce matériau pour une collection. Toujours à la demande de Prada, les architectes ont convié les designers Grcic et les frères Bourroulec à faire de même. Pour remédier à l’incommodité des sacs à dos, qu’on est obligé d’enlever dès que l’on souhaite prendre un objet, Rem a imaginé un sac marsupial bardé de fermetures à glissière, évoquant le gilet pare-balle et l’armoire normande par son côté imposant. Herzog et de Meuron ont orné les vêtements de textes en caractères noirs posés sur un fond blanc, célébration ironique de l’âge des « fake news ». Au risque d’en lancer une, en faisant croire que le diable s’habille désormais en H & (d) M.

Via The New York Times

 

Réinventer l’Espagne

Aucun Français un peu versé dans l’aménagement du territoire n’ignore cette diagonale du vide qui traverse l’hexagone en vidant ses villes et villages. Mais qui connaît la « Laponie du Sud », dix régions occupant une surface du territoire espagnol grande comme deux fois la Belgique, ou la densité de population atteint à peine 7,72 habitants au km2, soit celle du nord de la Finlande? Et cette zone identifiée par l’Universitaire Francisco Burillo, ne représente qu’une partie de la España vacía, l’Espagne vide, du titre d’un essai du journaliste Sergio del Molino publié en 2016, ou il est fait état de secteurs « biologiquement morts » : Orense, León, Zamora, Salamanca, Ávila, Palencia, Ciudad Real… Il y a désormais deux Espagne, « une Espagne urbaine et européenne, identique par toutes ses caractéristiques aux autres sociétés européennes, et une Espagne intérieure et dépeuplée. La communication entre ces deux Espagne est difficile. Elle donne le sentiment de deux pays étrangers l’un à l’autre » , relate El Diario. Une série de mesure est envisagée pour réduire l’hémorragie — incitations fiscales, maintien minimal de services publics, etc. Comme le rappelle la fédération espagnole des communes et provinces (FEMP), « la lutte contre la dépopulation n’est pas une fin, c’est un moyen de rendre la planète plus durable ».

Via El Diario 

 

Réinventer la ferme d’éolienne

Implanté à 125 km à l’est des cotes du Yorkshire, cette ferme éolienne d’un genre nouveau pourrait surpasser tout ce qui se fait en la matière. D’une échelle bien supérieure aux fermes éoliennes traditionnelles, ce projet de la compagnie hollandaise TenneT alimenterait en électricité le Royaume-Uni et les Pays-Bas, et éventuellement la Belgique, l’Allemagne et le Danemark. Au centre de l’installation, une nouveauté : une île de 6 kilomètres carrés pour convertir le courant et le diriger vers la demande du moment, ce qui permettrait des économies d’échelles et une plus grande flexibilité. Alors que le défi d’ingénierie de la construction de l’île semble énorme, Rob der Hage (responsable du programme éolien offshore pour TenneT) n’est pas découragé. « C’est difficile? Aux Pays-Bas, lorsque nous voyons un plan d’eau, nous voulons construire des îles ou des terres. Nous faisons cela depuis des siècles. Ce n’est pas le plus grand défi », a-t-il déclaré. Trouver le milliard et demi pour la construction du programme s’annonce plus difficile.

Via The Guardian 

Vidéo TenneT pour le concept d’îlot éolien 

 

Réinventer l’impression 3D

C’est une des nombreuses Arlesiennes qui entoure la marque à la pomme : est-ce que 2018 sera pour Apple l’année de l’impression 3D. Le dépôt le 16 janvier de 44 brevets dont un pour « Méthodes et appareils pour l’impression 3D d’objets en couleur » a relancé les spéculations, anticipant implicitement une potentielle explosion du secteur. «  Parmi les caractéristiques de la potentielle imprimante 3D d’Apple, la marque explique que le fichier 3D pourrait être créé à partir d’un ordinateur, d’un téléphone ou d’un serveur avec la possibilité de se connecter avec tous les appareils électroniques de la marque » explique 3D natives. Pour réinventer la pomme et pallier à ses batteries défectueuses et son matériel indémontable

Via 3D natives 

 

Réinventer la grolle

Malgré le froid de l’hiver berlinois, il y a la queue depuis plusieurs heures devant Outside Overkill, un magasin de chaussure de sport branché de Kreuzberg, pour la sortie d’un nouveau modèle de la marque Adidas. Éditées à 500 exemplaires seulement, ces chausses sont bien plus qu’une paire de baskets. Portant les couleurs camouflage de la BVG (l’opérateur de transports en commun local), elles offrent un accès gratuit à tout le réseau de la BVG pendant une année — le ticket est dans la languette. Pour 180 euros, l’heureux et patient acheteur se voit allouer un pass normalement facturé 728 €. De quoi être motivé. Pour la BVG, qui fête cette année ces 90 ans, l’opération fait partie d’une stratégie plus large de rajeunissement de son image. La compagnie multiplie les produits dérivés et actions de communications ironiques, tel ce tweet encourageant Trump à postuler à un poste de conducteur de bus à Berlin plutôt que de briguer la présidence des États-Unis. Pas besoin de ce genre d’artifice à Paris : le développé officieux du sigle RATP (rentre avec tes pieds) montre que du mocassin à la basket en passant par l’escarpin ou la tong, un moyen transport public est automatiquement intégré à chaque paire de chaussures.

Via The Guardian 

 

Réinventer Paris (à Tiandu Cheng)

Modèle urbain envié, le Paris Haussmannien s’est largement exporté jusqu’à la Première Guerre mondiale. Au XXIe siècle, il semble connaître un revival en Chine : la ville de Tiandu Cheng a construit un quartier entier autour d’une tour Eiffel — pas vraiment haussmannienne il est vrai — bordé de tout un tas d’immeubles inspirés de l’œuvre urbaine du divin baron. Le photographe François Prost a tenté de comparer les deux villes termes à terme. Difficile parfois de faire la différence, entre avenues plantées, allées inspirées des jardins à la française… Tout l’urbanisme à l’âge classique est convoqué dans cet aménagement patchwork. « À Tiandu Cheng, en plus de l’architecture très largement inspirée – même copiée – de Paris, le photographe fait part de la vie sur place, qui ne diffère en rien des autres villes chinoises : la classe moyenne a investi la ville, et l’on ne déguste pas de macarons ou croissants au petit-déjeuner. Tiandu Cheng devient un îlot pseudo-français dans l’architecture, mais où le syndrome de Paris n’existe plus. Dans la relation entre les deux villes, François Prost a comparé les pierres, mais aussi les âmes ». Et, pour paraphraser la regrettée France Gall, a vu un chinois dans son miroir urbain.

Via Les inrocks 

Crédits diaporama : Paris Syndrome, © François Prost
Crédits diaporama : Paris Syndrome, © François Prost

 

Réinventer HK

Retour à l’âge des cavernes : en manque constant de terrains constructibles, Hong Kong envisage de bâtir sous ses collines. Les activités générant des nuisances ou les infrastructures seraient implantées en priorités dans ces grottes modernes : station d’épurations, data center, centres logistiques, réservoirs, mais aussi piscine, prévoit un nouveau plan directeur qui espère ainsi libérer mille hectares de terrains constructibles. 48 sites potentiels sont identifiés. Pas assez, estime le Think tank Our Hong Kong Foundation, qui a chiffrer à 9000 ha les besoins de terrain pour la construction de logements. Les possibilités de poldérisation étant déjà bien utilisées, Hong Kong va-t-il devoir s’installer sous la mer?

Via The Guardian 

Avec le prix des maisons les plus élevés au monde, et la plupart de ses terrains non constructibles, la ville a trouvé une nouvelle façon de s’agrandir – en déplaçant les installations dans les grottes dans les montagnes.

 

Olivier Namias

Questions patrimoniales : la revue de presse du 16 janvier 2018

Questions patrimoniales : la revue de presse du 16 janvier 2018

Disparition de Neave Brown – maisons préfabriquées des années 60, un habitat bon marché à prix d’or – La vie dans les lotissements du Prince Charles – Jean Bossu à La Réunion : entre classement et destruction – Oran, ville Art-déco – Whitefish se débarrasse de Wright – le cadre de la polémique – Des granges dans les Pyrénées – L’école d’architecture de Kigali imaginée par un Alsaciens. La revue de presse du 16 janvier 2018

 

Disparition brutale

Couronné très récemment de la médaille d’or du RIBA, Neave Brown nous a quitté à l’âge de 88 ans. Américain installé en Angleterre, il avait réalisé des logements sociaux remarquables, tel l’Alexandra Estates, un projet d’habitat intermédiaire en bande. Entièrement en béton, ce projet possède une touche brutaliste qui devrait le ranger dans la catégorie du patrimoine trendy et désirable. « La communauté architecturale a perdu un géant » a déclaré Ben Derbyshire, président du RIBA. « Ses idées pour des logements bas et denses comportant des espaces communs pour tous les habitants, reste un antidote radical a bien des projets conçus sans réflexion (..) typiques de la production de logement de l’époque ». Voire de la production d’aujourd’hui, pourrait-on ajouter.

Via The Spaces 

Alexandra Estate, conçu par Neave Brown. Photographie : Courtesy of The Modern House

 

Million dollar Cahute

Ce sont des abris plus ou moins rudimentaires, conçus comme des objets à produire en série entre les années 50 et 70. Pensés pour être financièrement accessibles à tous, ils se négocient aujourd’hui entre 1 et 8 millions d’euros – loin des 10 000 euros de moyenne que coutent les Tiny Houses,  leur équivalent contemporain, ou des 145 000 euros qu’il faut débourser pour s’offrir une « bulle six coques », capsule de vacance dessinée par Maneval à la fin des années 60. Ces sommes astronomiques sont justifiées par le nom prestigieux de leurs concepteurs – Perriand, Prouvé – ou la relative étrangeté de leurs formes, telle la maison Futuro, dessiné par l’architecte Matti Suuronen, soucoupe volante construite à une centaine d’exemplaire seulement. « La manie de collectionner (…) les préfabriqués de designers dans les foires d’art contemporain et les ventes aux enchères à commencé lorsqu’André Balazs – propriétaire des hôtels Mercer à New York et de Chiltern Firehouse à Londres, pour n’en citer que quelques uns – a acheté la « Maison Tropicale » de Jean Prouvé, pour 4,97 millions de dollars à Christies New York en 2007. Le collectionneur précoce Brad Pitt fit l’acquisition du préfabriqué modulaire ‘’Mini Capsule hotel’’ dessiné par l’Atelier van Lieshout(…) pour son pied à terre sur le front de mer de Santa Monica », explique Architectural Digest. Des « pièces » plus récentes sont également prisées des amateurs, à l’instar du pavillon de thé en tubes de carton de Shigeru Ban. « Il est difficile d’imaginer que les équivalent contemporains du mobile home – les maisons de réfugiés Better Shelter de l’ONU sponsorisées par IKEA, l’Abri Ukrainien constitué de boucliers de polices, les maisons de Shigeru Ban pour les victimes du tremblement de terre au Népal – finissent dans le futur dans des galeries d’art ». Si elle n’avait été rasée, la jungle de Calais et ses cabanes aurait surement fait l’objet de la « Monumenta 2020 » au Grand Palais. Encore une occasion manquée.

Via Architectural Digest 

Conçue comme un « flatpack maison » pour la production de masse, la ‘Demountable House 6×6’ fait partie des 20 maisons de la Galerie Patrick Seguin de Jean Prouve vendues en 2007 pour 1,25 million d’euros à 8 millions d’euros chacune. Photo: Galerie Patrick Seguin

 

Le fait du Prince

Le Journaliste du Monde Grégoire Allix a traversé le Channel pour visiter ces villes dont un prince est l’urbaniste. A Newquay, en Cornouailles, la « fondation du prince pour construire une communauté » doit mettre en pratique les princiers principes de Charles de Galles sur 4000 logements à construire sur 40 ans. L’héritier de la couronne d’Angleterre, comme on le sait, n’aime pas l’architecture moderne. Pas facile d’être Charlie en matière de lotissement : les constructions érigées sur ses terrains doivent donner « une sensation d’intemporalité, une tradition vivante », pour créer un « puissant sentiment d’identité locale et de communauté ». Les habitants de ces décors semblent heureux, malgré les contraintes d’aménagement imposées par son altesse «  ‘’Je voulais une porte d’entrée vitrée, mais c’est interdit, regrette Angela KeerEt on ne peut pas avoir de carreaux dépolis à la fenêtre de la salle de bains, le prince n’aime pas ça…’’ La couleur des peintures est strictement réglementée. Quant aux plates-bandes de plantes aromatiques et d’arbres fruitiers, c’est aux résidents de les entretenir, mais pas question de modifier les plantations sans soumettre une demande au duché, ‘’par souci de la biodiversité’’ ». Du client au constructeur, personne n’est épargné : « notre manière de construire est plus coûteuse à court terme, mais il faut raisonner sur la rentabilité à long terme, argumente Alastair Martin, le dirigeant du duché. Ce n’est qu’en pensant à un horizon de cinquante ans qu’on peut bâtir une ville complète, avec écoles, commerces, bureaux, église, et pas des lotissements dortoirs. Malheureusement, les promoteurs ne pensent généralement qu’à leur profit immédiat. » Si c’est un prince qui le déplore…

Via Le Monde 

Nansledan en octobre 2017. Cette extension de la ville de Newquay, en Cornouailles, dans le sud-est de l’Angleterre, a été réalisée selon les préceptes du prince Charles.

 

Un Bossu anéanti par les démolisseurs

Collaborateur de Le Corbusier et figure oubliée de la reconstruction en France, Jean Bossu a construit plus de 300 bâtiments dans l’ile de la Réunion entre 1950, date de son arrivée, et 1979, année où il cesse son activité. La Commission régionale du patrimoine et des sites envisage d’en inscrire plusieurs à l’inventaire des monuments historiques, parmi lesquels une gendarmerie, la direction de l’agriculture et un immeuble d’habitation. « Pour la Caisse d’allocation familiales, c’est trop tard. Elle a été rasée pour laisser la place à un établissement d’hébergement pour les personnes âgées dépendantes et à une crèche pour des enfants en situation de handicap ». D’après l’historien Xavier Dousson, spécialiste de l’oeuvre de l’architecte « c’était une des plus belles réalisations de Jean Bossu tout court. »

Via Clicanoo

Le siège historique de la Caisse générale de la Sécurité Sociale devait rejoindre les quatre réalisations de Jean Bossu déjà inscrites à l’inventaire des monuments historiques

 

Oran Art-Déco

Avant son installation à La Réunion, Jean Bossu avait travaillé en Algérie : un pays qui commence à prendre en compte son patrimoine. Des voix s’élèvent à Oran pour sauver les bâtiments construits avant l’indépendance. Nabila Métaïr, architecte et historienne, a organisé une exposition sur l’architecture Art Déco « « Il s’agit d’un style assez customisé. Quand il entre dans un pays, il s’adapte complètement à la culture locale. Il est à la fois universel, régional, mais régionaliste aussi, ce qui fait que quand on évoque le cas d’Oran, on va retrouver des motifs et décors qui existent un peu partout dans le monde, comme on va trouver des décors qui sont propres à Oran à travers la faune et la flore ». Ce patrimoine étant presque caché, faire refleurir les plâtres d’Oran s’annonce comme un chantier de grande envergure, mais passionnant.

Via El Watan 

 

« Poisson Blanc » se débarrasse de Wright

L’Etat du Montana n’est pas à Frank Lloyd Wright ce que l’ile de la Réunion est à Jean Bossu : il n’y a construit que trois bâtiments, dont le Lockridge Medical Center, à Whitefish, en 1958. Le bâtiment fut achevé après la mort du Prince de Taliesin, et sévèrement altéré : adjonction d’additions, suppression d’éléments décoratifs et démolition du jardin pour faire place à un parking. Après avoir affirmé être disposé à vendre le bâtiment à quiconque lui donnerait 1,7 million de dollar – à peine le prix d’une cabane Prouvé – le propriétaire a finalement refusé l’offre d’achat de la fondation Wright, qui n’aurait disposé de la somme qu’après le 10 janvier, date butoir qu’il avait fixé. La démolition serait imminente. La fondation investira-t-elle les fonds recueillis dans l’achat de la Norman Lykes Home, à Phoenix, de nouveau à vendre pour 3,25 millions de dollar : une demi-maison tropicale de Prouvé pour un bien entièrement meublé à la façon du maitre…

Via Curbed et Curbed 

Lockridge Medical Clinic en 2016. photo Adam Jeselnick
Norman Lykes Home. La maison est de retour sur le marché avec une réduction de prix. Photos courtesy of The Agency

 

Archidependance Day

Que restera-t-il du patrimoine architectural mondial, si, après les humains, les extraterrestres se piquent à leur tour de le détruire ? S’inspirant du film Independance Day, une association culturelle italienne se présentant comme Le Désordre des Architectes propose un concours fiction pour la reconstruction du Colisée, du Dôme de Milan, de la tour de Pise et le phare de Gênes après leur destruction par des êtres venus d’une planète hostile à l’architecture. L’occasion, pour le Désordre des Architectes, de lancer un débat qui ne serait pas exclusivement économique mais aussi culturel et social autour de ces icônes dont le territoire italien est parsemé. Les architectes intéressés ont jusqu’au 3 février pour réagir à cette question brulante.

Via Professione Architetto

 

Paysage à encadrer

Dubai, la ville où le dernier projet est encore plus fou que l’avant dernier. On croyait avoir tout vu avec la livraison de la Burj Khalifa ou de The World, archipel artificiel reproduisant la mappemonde, mais c’était avant que ne soit inauguré The Frame, un cadre de 150 mètres de hauteur venant cerner le merveilleux paysage urbain dubaïote. Pour 50 dirhams (environ 11 euros), les visiteurs peuvent emprunter un ascenseur « tourbillon » – l’effet est produit par un éclairage LED – qui leur donne accès à une galerie de 93 mètres leur offrant une magnifique vue panoramique à l’est et à l’ouest de l’Emirat. Problème : ce plus grand cadre du monde est aussi le plus grand projet volé du monde, explique The Guardian. Il avait été présenté par l’architecte mexicain Fernando Donis à l’occasion du concours organisé par l’ascensoriste Thyssen Krupp en 2008, consultation qui avait pour thème « une structure emblématique pour promouvoir le nouveau visage de Dubai ». L’Emirat ne s’est même pas donné la peine de cacher son larcin sous son imper « Le système juridique de Dubai empêche de faire un procès à la municipalité à moins que la municipalité vous donne le droit de lui faire un procès », explique l’avocat New-Yorkais Edward Klaris. Aussi forts en cadre bâti qu’en cadre légal, les Dubaïotes…

Via The Guardian 

 

Le peuple des Granges

« Elles sont 5.000 à peupler les Hautes-Pyrénées, comme autant d’emblèmes de nos montagnes. Un peu à l’écart des derniers villages, sur les chemins menant vers les sommets, les granges foraines, autrefois utilisées pour loger les animaux et stocker les fourrages, sont désormais des biens que l’on veut préserver.’’Ces bâtiments sont d’une beauté, d’une qualité architecturale et d’une singularité remarquables. Ils représentent la vie entre les villages de vallées et les estives, assure la préfète Béatrice Lagarde. Participer à leur réhabilitation, c’est sauvegarder le patrimoine rural et paysager de notre territoire’’.» L’unité départementale de l’architecture et du patrimoine a organisé un concours pour encourager les restaurations de ces édifices, que la loi montagne de 1985 autorise à convertir en résidence secondaire.

Via La Dépêche 

 

Schweitzer en Afrique

C’est dans un bâtiment conçu par l’Alsacien Patrick Schweitzer que les futurs architectes Rwandais se formeront à l’art de bâtir. « Pour ce centre de formation destiné à ses jeunes collègues africains, l’Alsacien s’est inspiré des volcans tous proches. Il utilise de la pierre de lave et ses bâtiments ressemblent à des volcans » apprend-on par France Bleu. Le gouvernement Rwandais doit se prononcer sur un autre projet du Strasbourgeois, l’antenne rwandaise d’un institut de recherche sur le cancer alsacien. La nature médicale du programme ne doit pas tromper le lecteur : il est archi, docteur Schweitzer.

Via France Bleu 

Montrer aux futurs architectures toutes les facettes du métier – @S&AA

 

Olivier Namias

 

Folies architecturales et délires constructifs : la revue de presse du 8 janvier 2018

Archicopieurs en Chine – Les clocháns, huttes de Star Wars et refuge de Luke Skywalker – bulles en tout genre – Palais de glace à Québec – « Jenkgi », un style moderne pour l’Indonésie indépendante – Patrimoine et « banlieue » – Mercedes Benz s’installe à Sophia Antipolis – Apple : quand l’architecture tombe dans les pommes – Le Monde interview Jean Nouvel – Des historiens disparus en 2017. La revue de presse du 8 janvier 2018

L’architecture Ctrl+C

« En l’espace d’une seule journée, on peut visiter en Chine toutes les curiosités insolites du monde. Il suffit par exemple de se rendre dans le sud du pays et de visiter le parc «Window of the World» pour voir plus d’une centaine de reproductions de sites touristiques célèbres » explique le site Sputnik, dévoilant un scoop qui n’en est plus un depuis le film The World, de Jia Zhangke, réalisé en 2004, et dont certains passages sont tournés dans ce parc d’attraction. On connaissait moins, en revanche, les autres sites mentionnés dans l’article : la réplique de Stonehenge, construite à Hefie dans une une cour d’immeuble « Les riverains y font des pique-niques ». L’Académie des Beaux-Arts de la province de Hebei est construite d’après Poudlard, l’école d’Harry Potter, et à Zhengzhou, vous pourrez chasser des dinosaures sur une île dédiée. Le site Archdaily recense de son côté une série de copies d’architectures contemporaines : le Nopera de Sydney, le Pompidon’t, la chapelle de Wrongchamp, etc. L’imitation étant la plus sincère des flatteries, selon Charles Caleb Colton, gare à qui ne retrouve pas son clone : c’est le signe qu’il n’existe pas.

Via Sputnik et Archdaily 

© Sam / Olai Ose / Skjaervoy
© AFP 2017 FRED DUFOUR

 

Luke Skywalker aime le vernaculaire irlandais

Habituée des fantaisies architecturales futuristes, la saga Star Wars a surpris en donnant pour gite à Luke Skywalker un igloo en pierre évoquant les trulli, ces huttes de la région des Pouilles, en Italie, la terminaison pointue en moins. Erreur : s’il s’agit bien d’architecture vernaculaire, l’habitat Skywalkerien n’est autre qu’un clochán, caractéristique de la fort fort lointaine île de Skellig Michael, en Irlande, où a été tournée cette partie de l’épisode Les Derniers Jedi. « Skellig Micheal et ses clocháns ont été habités sans discontinuer de la fondation du monastère jusqu’en 1200, date à laquelle les moines quittèrent l’île après que ses conditions climatiques empirèrent jusqu’à la rendre inhabitable. Avec les huttes, ils abandonnèrent deux oratoires et une église (…) L’ordre monastique continue d’entretenir Skellig Michael, qui a été inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO ». Espérons que l’isolement épargne au site le sort de Dubrovnik, ville croate elle aussi inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Ses remparts ne la protège plus des assauts par les fans de Game of Thrones déferlant en véritables hordes. Les moines irlandais sauront-ils se préserver du retour de la force touristique ?

Via Atlas Obscura et Citylab 

Des huttes de ruche sur Skellig Michael, regardant en face vers Little Skellig. PETER BARRITT/ALAMY
Une des cabanes et un cimetière sur Skellig Michael. JIBI44/ CC BY-SA 3,0

 

50 nuances d’Igloo

Skellig Michael n’a pas le monopole des habitats en coupole. Notre bel hexagone en est richement pourvu. Outre les maisons bulles d’Antti Lovag et celle de Pascal Häusermann, l’inclassable Jacques Couëlle a réalisé cinq « maisons paysages », dont une est actuellement à vendre du coté de Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes). « Dans un domaine privé et sécurisé, l’acheteur aura tout le loisir de profiter d’une piscine et d’une vue dégagée sur la baie de la Napoule et sur le massif de l’Estérel. Et pour l’intérieur, il ne sera pas trop mal servi entre les 4 chambres et les trois salles de bains. Une architecture qui se caractérise par une grande variété de formes et de matières. Une chose est sûre: les angles droits chers au mouvement moderne de l’époque sont proscrits au profit de formes organiques et arrondies, inspirées et intégrées parfaitement dans la nature » détaille Boursorama. Et si vous n’avez pas les 2,45 millions nécessaires à financer l’achat, vous pourrez vous rabattre sur les gites développés par la société « Somn’en bulle » : « C’est une réelle expérience qui nous amène à prendre conscience de la nature qui nous entoure. Dans sa bulle, dans un vrai cocon, nos visiteurs seront en communion avec le ciel et la nature environnante. Ici, on dort à la belle étoile avec vue sur le causse et l’Aveyron tout en ayant le confort d’un hôtel ». Une architecte diplômée de l’école de Marseille est auteur de ces bulles immobilières qui dament le pion à la Yourte, autre forme d’habitat très en vogue dans les gites français.

Via Boursorama et La Dépêche du Midi 

 

Palais de glace

Au rayon « délire », la construction de glace répond toujours présent. Catherine de Russie avait construit un palais de glace pour son bon plaisir. À Quebec, deux étudiants en architecture édifient en glace le Palais de Bonhomme pour le carnaval. Un mode constructif qui a ses contingences thermiques : « la température est de notre côté, se réjouit le sculpteur Mathieu Lepire, qui est responsable de la construction du palais. Ce n’est pas comme l’an passé, quand on a eu beaucoup de redoux, ce qui a fait en sorte qu’on a dû fermer le chantier ». Le matériau glace est d’un maniement délicat «  ll fait tellement froid que ça crée un choc de température. Ça fait en sorte que lorsqu’on sort le bloc, il est extrêmement fragile. Lorsqu’il y a un choc, le bloc peut éclater ou casser plus facilement, et c’est la même chose lorsqu’on ajoute de l’eau » explique Mathieu Lepire, responsable de la construction du palais. Avec 200 blocs de 330 livres, le Palais de Bonhomme 2018 sera le plus imposant de ces dix dernières années.

Via Radio Canada

Une des cabanes et un cimetière sur Skellig Michael. JIBI44/ CC BY-SA 3,0
Une des cabanes et un cimetière sur Skellig Michael. JIBI44/ CC BY-SA 3,0

 

Style « Jengki »

Avec la découverte d’une villa année 50 appartenant à un certain Haji Samsul sur l’île de Madura (Indonésie), le photographe jakartanais Tariq Khalil a levé un lièvre. Interpelé par ces bâtiments à l’allure sauvage et libre, éclos à l’indépendance du pays, il s’est fait le héraut de cette architecture éclose à l’indépendance du pays. « Après l’expulsion des Hollandais en 1957, l’Indonésie s’est retrouvée sans architectes. Samsul, (Baron local du tabac) a transmis ses croquis aux constructeurs locaux, qui ont bâti sa maison de rêve en 1967. Cette habitude s’est vite répandue autour des grandes villes de Madura où les entreprises et les propriétaires ont intégrés en toute liberté des éléments art-deco et modernistes ». Paradoxalement, ce style associé à l’indépendance dérive des conceptions des ingénieurs hollandais, et a été baptisé « Jengki », d’après le mot Yankee. Khalil en a traqué les avatars à travers tout l’archipel, en utilisant une méthodologie précise. Son modus opérandi consistait à suivre l’argent. « Dans chaque nouvelle ville la première chose à faire est de visiter les Chinatown. Où sont les commerçants ? Où sont les magasins ? (…) Dans ces alentours, vous trouverez surement des bâtiments du milieu de siècle qui ont survécus ». Une des découvertes les plus notables de Khalil ? La pharmacie Sputnik, surmontée du satellite lancé par l’URSS en 1957. La technologie soviétique avec le plus pur style yankee : la mythologie grecque aurait qualifié de chimère ce mariage contre nature.

Via smh

The Hansel and Gretel house, commissioned by Madura tobacco baron Haji Samsul in the 1960s. Photo: Tariq Khalil
A 1950s revival style fun palace at Blok M, Jakarta. Photo: RONI BINTANG
The Apotek Sputnik in Semarang, on Java’s north coast. Photo: Tariq Khalil

 

Banlieue, un patrimoine ?

Pas Yankee mais Hard French, ainsi que l’avait baptisé l’historien Bruno Veyssiere, l’architecture française des Trente Glorieuses peine à trouver ses défenseurs. « Au nom de programmes de rénovation, les bâilleurs veulent détruire ce qui pourrait être réglé autrement. Pour régler un déficit thermique, ils sont prêts à dénaturer le bâtiment, changer l’identité du quartier et, in fine, à déplacer une partie des habitants. Or, l’architecture ne se résume pas à une feuille de chiffres, surtout quand elle a une valeur patrimoniale. L’approche des pouvoirs publics est d’autant plus scandaleuse que nous parlons ici de logements sociaux » s’insurge Julien Lacaze, vice président de Sites et Monument, qui a engagé une campagne pour la préservation de ce patrimoine mal aimé. Conseiller de l’association, le conservateur général honoraire du patrimoine Bernard Toulier veux mobiliser l’opinion autour de ces architectures « Dans les années Jack Lang, de grandes expositions sur les gares ont éveillé les consciences et suscité des travaux de réhabilitation respectueux. Il faudrait organiser une grande expo sur la banlieue au Centre Pompidou. Mais le ministère de la Culture a-t-il aujourd’hui le poids nécessaire pour faire respecter son patrimoine face aux appétits des collectivités locales et aux promoteurs ? ». Chiche ? En Australie, les autorités envisagent de reconvertir une petite barre de logement social en musée de l’habitat social – et demandent au promoteurs locaux de contribuer au financement du projet. 

Via Libération et Libération  et The Sydney Morning Herald 

Dans les tours Nuages créées par Emile Aillaud au pied de La Défense, en novembre. Photo Cyril Zannettacci pour Libération

 

Canard à la pomme

Le nouvel Apple Store de Chicago est bien plus qu’un simple magasin : avec sa toiture en forme de couvercle d’ordinateur portable, c’est la version hi-tech des rustiques « architectures-canards » théorisées par Robert Venturi et Denise Scott Brown. Hautement technologique, ce palmipède est plus fragile que ses avatars animaliers. Sous l’effet du froid de la Windy City, des stalactites se sont formées sur les bords de la toiture, incitant à interdire des périmètres d’accès. « Apple n’a pas tenu compte du climat de Chicago », se sont rapidement gaussés les mauvaises langues ! En fait, la couverture est équipée d’un système de chauffage qui fait fondre les stalactites et autres congères. S’il n’a pas fonctionné, c’est qu’un bug de software l’a empêché de se mettre en route. A-t-il suffit de fermer toutes les fenêtres et de tout éteindre pour le relancer ?

Via Chicago Curbed et Patch 

 

La pomme de la discorde

Les problèmes de Chicago ne sont que des broutilles comparés à ceux que la firme à la pomme rencontre en Australie. Un tollé général accompagne l’annonce de la construction d’un nouvel Apple Store sur le site du square de la fédération à Melbourne, le cœur culturel de la ville. « Le public prend tout juste connaissance des images du projet. Le magasin clinquant et doré semble tiré d’un vieux calendrier de la NASA. Son aspect diffère radicalement des bâtiments existants de Federation Square et procurera sans aucun doute l’effet retard que provoquent les boutiques Apple  – l’impression de sortir d’un vaisseau spatial extraterrestre échoué au centre de la vie culturelle de Melbourne ». Les melbourniens n’ont pas l’air d’être prêts d’accueillir ces envahisseurs qui n’offrent même plus leurs breloques, mais les vendent au prix fort.

Via The Guardian

Apple’s design for its new flagship store in Federation Square, Melbourne. Photograph: Apple

 

Un cylindre pour Mercedes-Benz

Après Toyota Europe, Mercedes Benz installe son bureau de style dans la French Silicon Valley, à Sophia Antipolis. « Le bâtiment qui va accueillir les designers de Mercedes Benz est né il y a déjà quelques années. Il a été construit à fin des années 80 par Albert Loridan (fondateur de Micromania) sur un dessin que l’on doit à l’architecte Pierre Fauroux. Ce cylindre fait de béton, d’acier et de verre se singularise notamment par une voûte vitrée dite en écailles de poisson » relate The Automobilist. Le constructeur automobile a promis de réaménager les lieux en respectant l’architecture existante, et va jusqu’à parler de mise en valeur du bâtiment.

Via The Automobilist

Via The Automobilist

 

In bed with Jean Nouvel

Dans une longue interview au Monde, Jean Nouvel livre ses secrets de création : « L’architecture doit être un don, un cadeau, on est là pour faire plaisir, comme dans les meilleurs restaurants. Vous imaginez une situation unique qui correspond au désir du client et aux paramètres de la situation. Il faut s’investir totalement, se « faire le film ». Et pour ça, le meilleur outil de travail que j’ai, c’est mon lit. Dans la plus grande obscurité, le plus grand silence, une fois réveillé, avec toutes les informations en tête, je reste des heures à me raconter telle hypothèse, telle autre, à laisser flotter les idées, à les arrêter quand elles deviennent intéressantes ». Moins trivialement, le Pritzker revient sur la Philharmonie, une blessure « Tout cela montre à quel point l’architecte est devenu quantité négligeable, même quand il a fait quelques petites choses avant… A travers moi, c’est son rôle qui a été bafoué. C’est le plus grand traumatisme de ma vie. Une humiliation totale ». Et un très mauvais signe pour la profession.

Via Le Monde

Jean Nouvel, en décembre 2016. AUDOIN DESFORGES / PASCO

 

Ingénierie des tissus

Voila une nouvelle technologie de visualisation 3D des tissus, qui fait appel à trois techniques : la microscopie confocale, la microscopie multiphotonique et la tomographie en cohérence optique. Il s’agit ici de tissus humains et non de tissus urbains, et vous parcouriez le premier épisode 2018 de notre rubrique « architecture partout, espace nul part ».

Via News Medical 

 

 

2017, année noire pour l’histoire de l’art et de l’architecture

L’année 2017 a été particulièrement dure pour les historiens de l’architecture. Nous ont quitté à la fin de l’année passée Gérard Monnier (le 23/11), Vincent Scully (le 30/11), Hubert Damish (le 14/12), et Gavin Stamp (le 30/12). Gageons que d’autres historiens puissent prendre la relève tout en approfondissant les voies que ces personnalités avaient ouvertes.

Via Archicree, Forbes, Le monde, The Guardian

Vincent Scully, Vincent Scully, former architecture professor and historian at Yale
Portrait de Hubert Damisch, philosophe francais ©Jacqueline Salmon/Artedia/Leemage Publicite soumise a autorisation prealable
Pendant près de 40 ans, la colonne pseudonyme de Gavin Stamp dans Private Eye a fait la guerre aux promoteurs immobiliers et aux autorités de planification qui défiguraient les villes britanniques par leur cupidité et leur incompétence.

 

Olivier Namias

 

Les cent formes de la folie architecturale : la revue de presse du 5 décembre 2017

La LC4, chaise longue ou star du porno ? — Archisutra, le Kama Sutra pour architectes — Un dôme et un tore pour Dubaï — Dubaï : sauver le patrimoine grâce à l’énergie — Comment Vincent Callebaut reconstruirait Mossoul — Quand « Guitare » rime avec « Canard » — 5 raisons de supporter Calatrava — Tour en cours à Toulouse — Mr. Bean chez Richard Meier. La revue de presse du 5 décembre 2017 

 

 

Du X pour la LC4

C’est un versant de la Corbumania peu connu, ou que ceux qui connaissent prétendront ignorer : l’utilisation du mobilier du Corbu dans le cinéma porno, en particulier de la LC4. La chaise longue où se reposait Charlotte Perriand, sa co-conceptrice, a été rebaptisée candidement « la chaise à baise » dans un film dont on ignore le nom. « Elle fait partie de ces objets qui ont été tellement utilisés dans les films X qu’ils sont devenus un peu comme des amis pour les chefs déco. J’aurais rêvé d’avoir cette pièce de Le Corbusier dans mon arsenal », confie Christopher Norris qui a longtemps été en charge de la décoration sur les tournages du site kink.com. Augustine et Josephine Rockebrune (de Cap Martin) on consacré un ouvrage à cette pièce de mobilier, qu’elles ont recherché dans 800 films disponibles sur le web « Nous avons trouvé nous-mêmes les cent premières scènes. Pour effectuer le reste des recherches, nous avons embauché sur le web de la main-d’œuvre basée à Chandigarh. C’était notre façon de rendre hommage à Le Corbusier, mais aussi à l’Inde qui est l’un des plus gros consommateurs de porno en ligne. » Un travail sans nul doute harassant, au terme duquel on peut avancer deux hypothèses quant à l’omniprésence de la LC4 sur les plateaux pornos : le tournage dans une poignée de maisons louées dans la vallée de San Fernando, et la versatilité de l’objet « Il suffit que les chefs décorateurs équipent ces propriétés de quelques (fausses) chaises Le Corbusier pour que l’objet finisse par apparaître partout à l’image. (…) Dans le milieu du X, avec le rythme effréné des tournages, le décorateur doit pouvoir créer un nouvel espace en réagençant différemment les éléments qu’il possède », explique Christopher Norris. L’historienne du design Alexandra Midal prophétise «  Maintenant, ce fauteuil incarne certainement pour une génération entière quelque chose de l’ordre de la pornographie. C’est formidable d’emmener par exemple des étudiants au MoMA pour voir ce fauteuil. Car ils diront : “Ah je l’ai vu dans un porno !” ». Utiliser le porno pour promouvoir l’archi moderne : une tactique déjà employée par Hugh Heffner, qui se servait de son magazine Play Boy pour faire la propagande du mobilier design.

Via Slate 

Photos DR via Slate

 

Sex and the archi

Ne dites plus « je regarde des livres de “boules” », mais « j’approfondis ma connaissance de l’architecture ». Les sœurs Rockebrune ont rassemblé les ébats des acteurs du X sur chaise longue LC4 dans un ouvrage intitulé « We don’t embroider Cushions here* » — commentaire que Le Corbusier avait lancé à la jeune Charlotte Perriand qui venait lui présenter son portfolio. Miguel Bolivar, un architecte installé à Londres, vient de publier Archisutra, version architecturale du Kamasutra. Oubliez la vague, le grand pont ou le derviche à grand braquet : l’art d’aimer rejoint ici l’art de bâtir, et les positions se réfèrent à l’architecture, prenant le nom de Eames it in, the Petronas, Truss me. Elles sont illustrées par des personnages normalisés tracés au normographe – détourné ici en pornographe – avec indication des angles à respecter façon Neufert. Après le Modulor, de Le Corbusier, le Copulor, manuel orthonormé de l’amour en bâtiment ?

* Ici, on ne brode pas des coussins

Via Dezeen 

Match Dubaï/Abu Dhabi : bientôt 1 dôme partout

Après les folies du corps dans l’architecture, place aux folies architecturales tout court. Cap sur les Émirats Arabes Unis, ou le vent du délire bâtisseur souffle plus fort qu’ailleurs. Dubaï, sans doute jaloux du dôme du Louvre d’Abu Dhabi, annonce qu’il construira un dôme de 67,5 m de haut et large de 130 mètres à l’occasion de l’Expo 2020, suivant des plans de Adrian Smith + Gordon Gill Architecture. Quand Abu Dhabi exprime le poids du dôme de Nouvel en équivalent tour Eiffel, Dubaï préfère utiliser des unités plus locales : son ouvrage, utilisant 13 600 mètres d’acier, pèsera le poids de 500 éléphants, soit 2 265 tonnes. « Je suis très impatient de voir ce dôme s’élever et prendre forme, déclare Ahmed Al Khatib, Vice président de l’immobilier à l’Expo 2020. à l’occasion de l’attribution du marché à la société Cimolai Rimond. “Les dimensions de la structure sont impressionnantes — assez grande pour héberger un Airbus A380 d’Emirates, avec une surface au sol équivalent à pratiquement cinq terrains de football” ». Autant d’idées pour la reconversion du site quand l’expo aura fermé ses portes.

Via Albawaba

 

Match Dubaï/Abu Dhabi : 1 tore à 0

Le dôme n’est que la première cartouche de la riposte architecturale Dubaïote. L’Émirat a dans ses cartons un autre projet, le musée du Futur, qui remporte déjà un prix alors qu’il n’est même pas sorti de terre. L’Autodesk University 2017 a attribué son trophée AEC (Architecture, Engineering and Construction) à ce projet conçu en BIM, catégorie Édification : « Le musée sera implanté à côté des tours Emirates, à Dubaï, et aura la forme d’un tore déformé, avec une façade de verre et d’acier inoxydable sérigraphié d’une calligraphie arabe rétroéclairée ». Selon le jury, « alors que l’intérieur de bien des musées regarde vers le passé, dans ses sept étages, le musée du Futur présentera des expositions d’innovation et d’incubation de nouvelles idées, et de plus sera équipé d’un laboratoire et d’un auditorium pour 400 personnes ». Nous voilà rassurés : la forme du lieu laissait penser que le musée serait dédié à Spirou, personnage de BD évoluant dans un univers peuplé de bâtiments virgulomorphes (soit en forme de virgules).

Via Clarin

impact. La forme torique du futur musée de Dubaï via Clarin

 

Derby dubaïote : passé contre présent

L’architecture spectacle n’est que le versant médiatique d’une fièvre constructive toujours haute à Dubaï « Nous voyons, dans notre quotidien d’ingénieurs structures, beaucoup de bâtiments anciens, historiques et culturels être démoli pour laisser la place à de nouveaux bâtiments, explique Mohamad Khodr Al-Dah. Nous démolissons une villa pour construire un immeuble de quatre étages. Puis, avant que l’on s’en rende compte, on détruit l’immeuble de quatre étages pour construire une tour de 20 niveaux », poursuit l’ingénieur, conscient des conflits d’intérêts générés par sa position. La construction d’une tour donne du travail et fait tourner les bureaux d’études, mais la destruction continue risque de faire perdre le patrimoine architectural de l’Émirat. Le performance based contracting — contrat avec résultat — pourrait peut-être favoriser la réhabilitation plutôt que la destruction. Avec ce système, c’est l’entreprise qui finance les travaux et la modernisation des équipements fluides : elle se paie sur les économies d’énergie réalisées. Les propriétaires ne déboursent pas un sou. Ceux qui voudraient faire valoir un manque à gagner (un immeuble de trois étages rapporterait 54 451 US $, contre 544 514 US $ pour un bâtiment qui en compterait dix) pourraient se voir accorder une subvention ou faire racheter leur immeuble par le gouvernement. Il est des lieux ou rester bas coûte de l’argent…

Via Construction Week On Line 

 

Ruches saoules à Mossoul

Mossoul libérée, mais Mossoul dévastée. « La vieille ville a été laminée, ses immeubles écroulés, ses ruelles anéanties. Les quartiers de la rive ouest n’existent pratiquement plus et la mosquée Al-Nouri et son minaret ont été dynamités par Daech. Au total, entre 50 et 75 % de la ville ont été rayés de la carte, ne laissant que des millions de tonnes de gravats. Selon le gouvernement irakien, il faudra plus d’un milliard de dollars pour réhabiliter les services de base à Mossoul. Près de 700 000 habitants ont fui la cité et ne sont pas rentrés », relate l’édition belge de Paris-Match. Vincent Callebaut, connu pour ses visions futuristes, a un plan pour reconstruire la ville martyre « Fasciné par les villes vertes, cet architecte souhaite non pas reconstruire la ville à neuf vers sa périphérie, mais la recycler depuis son cœur. ‘Les pelleteuses commencent à déblayer les gravats… Dans une logique d’économie circulaire et d’upcycling, tout ce qui peut être réutilisé, recyclé et transformé doit être inventorié et valorisé’, explique-t-il. Il a donc imaginé ‘Les 5 ponts agricoles’, un projet qui vise à reconstruire les cinq ponts de Mossoul qui reliaient les quartiers ouest et Est avant d’être détruits par l’armée irakienne pour encercler Daech ». L’ensemble évoque un avatar d’Habitat 67 en version orientale, rappelant l’architecture indienne et le croisement d’une ruche avec les jardins de Babylone. Mais comment construire cette opération de 55 000 logements possédant potagers sur le toit ? Vincent a un plan : il « souhaite s’appuyer, une nouvelle fois, sur la technologie et cinq imprimantes 3D en forme d’araignées articulées. Des drones autonomes leur apporteraient, en continu, des matériaux de construction provenant des quartiers en ruines, préalablement broyés et transformés dans des recycleries. Grâce à ces ressources, les araignées robotisées pourraient ainsi imprimer les modules d’habitation ‘en dirigeant n’importe quelle buse de construction comme celles utilisées pour verser le béton et les matériaux isolants ou encore en utilisant une tête de fraisage ». C’est comme si c’était fait…

Via Paris-Match

Le projet est intitulé « Les 5 ponts agricoles » | © Vincent Callebaut Architecture via Paris Match

 

Guitarchitecture

L’information était presque passée inaperçue, et pourtant, comme le dit justement Charles Trainor, journaliste du Miami Herald « Hard Rock n’a pas donné dans la finesse sur ce coup ». La chaine aux 168 cafés, 23 hôtels et 11 casinos célébrait fin octobre le lancement du chantier de son nouvel hôtel. Au son de la batterie de Nicko McBrain, batteur d’Iron Maiden, les dignitaires des tribus indiennes Seminole, nouveaux propriétaires de la chaîne, et les pontes du Hard Rock, brisaient en cœur une guitare acoustique sur une guitare électrique pour annoncer la construction de leur tour hôtelière… en forme de guitare ! James Allen, Directeur général du groupe, se rappelle avoir eu l’idée d’un hôtel guitaromorphe en 2007. « À l’époque, même les architectes chargés du projet ne comprenaient pas ma vision. Leur premier projet accolait un bloc rectangulaire à une façade de verre en forme de guitare. (…) J’ai dit, nous parlons bien d’un bâtiment qui prend effectivement la forme d’une guitare », a dit Allen lors de l’inauguration « C’est un autre moment de ma vie où les gens ont vraiment pensé que j’étais totalement dingue ». Ses architectes auraient-il mieux compris s’il avait demandé un canard architectural prenant en l’espèce la silhouette de l’instrument roi du rock ? Peu importe, Allen jubile « il n’y a vraiment, sans aucune exagération, rien de comparable au monde ». Dommage que sa guitare soit privée de manche avec restaurant panoramique. McBrain a également exprimé ses regrets à la presse « où est l’hôtel en forme de batterie ? ». Heureusement qu’Hard Rock est peu versé dans la musique symphonique : son complexe hôtelier s’étendrait de Miami à New York.

Via Miami Herald 

http://www.miamiherald.com/news/business/article180878501.html

 

Valence : apprivoiser Calatrava

Une fois la folie construite, il faut vivre avec. Les Valenciens souffrant des projets de Calatrava l’ont bien réalisé, et tentent de trouver des raisons de vivre avec leur cité des sciences calatravesques disproportionnées, ou leur opéra qui perd son revêtement de carrelage. Un article envisage sous l’angle ironique la réconciliation de la ville avec le « divin de Benimàmet », commune de la métropole de Valence, grâce à cinq axes stratégiques. Profiter de la célébrité de l’architecte, s’approprier ses ‘produits’, l’utiliser comme cheval de Troie touristique, le séparer de la classe politique qui l’a promu, et laisser faire le temps, en comptant sur un retournement critique spectaculaire. « Des œuvres comme la sienne demandent du recul, explique le président du syndicat des acteurs valenciens (…). Il peut se passer la même chose qu’avec Gaudi : à son époque, tous les barcelonais voulaient le tuer, mais dès que c’est devenu un produit commercial tous se sont mis à l’aimer. Nous préférerions sans doute que Valence soit connue pour la Lonja (bourse du commerce du XVe siècle), mais elle est réputée pour Calatrava. Si tu n’en fais pas ton icône, Abu Dhabi le fera »— si l’icône vient à manquer aux Emiratis.

Via Valencia Plaza

 

Au haut Toulouse

À propos d’icônes, où en est la Tour Occitanie ? se demande La dépêche du Midi. La compagnie de Phalsbourg a chargé Libedskind de concevoir une centaine d’appartement et de chambres d’hôtel, 10 000 m2 de bureau et deux restaurants sur un terrain bordant le canal du Midi, à Toulouse. Haute de 150 mètres, la tour sera le premier IGH de la Ville Rose. « (La) demande de permis de construire doit être présentée à la fin du 1er trimestre 2018. Après environ cinq mois d’instruction, le permis doit être déposé par la Métropole. ‘’Nous travaillons déjà à son instruction, afin qu’il entre dans les règles d’urbanisme’’, précise Annette Laigneau, vice-présidente de Toulouse métropole. Et le chantier pourrait commencer au premier semestre 2019. Si tout va bien. (…) «Il faut prendre en compte d’éventuels recours, et peut-être miser davantage sur un début du chantier à fin 2019’’, poursuit Annette Laigneau. Après ? Le chantier devrait durer 36 mois, soit une livraison, au plus tôt, pour mi-2022 ». L’architecte des bâtiments de France donnera un avis, une commission du ministère de la transition écologique et la DRAC étudieront également le dossier, et une pétition contre le projet a recueilli 1200 signatures. En bref, l’affaire suit son cours.

Via La depeche

 

Le Meier d’entre nous

On peut incarner un personnage maladroit à la télévision et aimer l’architecture moderne. Rowan Atkinson a remplacé son manoir année 30 par une maison dessinée par Richard Meier. Après 5 millions de livres de travaux, Atkinson règne sur une bâtisse équipée d’un salon atrium, de toiture à panneaux solaires, d’une maison d’ami et d’un garage secret caché sous un toit végétalisé ou il entrepose sa flotte de voiture de luxe. Le jardin a été dessiné par le paysagiste Tom Stuart-Smith qui a reproduit une prairie devant la maison.

Via Ary News

Picture courtesy: Dezeen
Picture courtesy: Dezeen

 

Olivier Namias

Retour vers les futurs : la revue de presse du 28 novembre 2017

Retour vers les futurs : la revue de presse du 28 novembre 2017

Des buildings trop smart — une bibliothèque en trompe l’œil — Skier sur les déchets — Habiter Mars — La ville des drones — l’aménagement contre les SDF — La reconstruction de la Penn Station — Quel futur pour le marché aux bestiaux de Padoue ? — Sgarbi vs Ratti : un conservateur affronte un futurologue — Flambée immobilière dans les favelas de Sao Paulo, des feux qui préparent les projets immobiliers de demain ? La revue de presse du 28 novembre 2017

 

L’architecture classée UX

Les smart buildings sont-ils devenus trop intelligents pour leurs usagers ? Julia K. Day, assistante au département conception/construction de la Washington State University a commencé à le penser après avoir réalisé que tous les occupants d’un immeuble ultra performant de l’État de Washington confondaient le boîtier de régulation environnementale signalant le moment d’ouvrir les fenêtres avec l’alarme incendie. D’ailleurs, les usagers ignoraient que les fenêtres pussent s’ouvrir… Une enquête menée ensuite par Day et William O’Brien liste quelques astuces déployées par les occupants de sept bâtiments intelligents au Canada et aux USA pour arriver à vivre malgré les systèmes de gestion automatisés équipant leurs locaux. Cela va de l’oiseau buveur — un jouet fonctionnant sur des principes de thermodynamique — employé pour activer la détection infrarouge déclenchant l’éclairage d’une pièce, au tapis posé sur un sol conçu pour absorber l’énergie solaire, qui rendait inopérant le système mais évitait aux habitants la sensation de froid quand ils marchaient pieds nus. La palme revient à l’éclairage d’un laboratoire de recherche, forçant ses utilisateurs à rester totalement immobiles pendant 15 minutes pour obtenir l’extinction des lumières nécessaire à leurs expériences… « Les anecdotes sont remarquables. Beaucoup ne sont pas seulement des hommages aux technologies architecturales avancées — mais aussi à l’ingéniosité des occupants qui les ont piratés » explique Day, qui plaide pour une attention accrue à l’UX (User expérience — expérience de l’usager).

Via Fastco design 

 

 

Bibliothèque Potemkine

L’inauguration de la bibliothèque de Binhai a été accueillie par un concert dithyrambique de louange dans la presse grand public. La sphère bouléenne imaginée par MVRDV a valu au lieu le qualificatif de « plus belle bibliothèque du monde », « la plus futuriste », etc. Une semaine plus tard, déception. Les murs-étagères ondulants de la grande salle ne peuvent pas stocker de livres « À l’origine, les étagères placées en hauteur devaient être accessibles via des salles situées derrière elles, explique MVRDV à l’AFP. Mais un calendrier trop serré pour les travaux les a forcés à abandonner l’idée. La décision a été prise “au niveau local et contre la volonté de MVRDV”, indique la porte-parole du cabinet, Zhou Shuting. Pour Liu Xiufeng, le directeur adjoint de la bibliothèque, le design du bâtiment n’en est pas moins un petit casse-tête. Dans les plans validés par les autorités, l’atrium était conçu comme un lieu où circuler, s’asseoir, lire ou discuter… mais pas où stocker des livres, dit-il. » Autre problème « les escaliers blancs, taillés de façon irrégulière, se révèlent dangereux pour les amateurs de selfies, aux yeux souvent rivés sur leur smartphone. “Beaucoup de gens chutent. La semaine dernière, une vieille dame a glissé et s’est violemment cogné la tête. Il y avait du sang”, explique un des gardiens. » dans le magazine Challenges. Bonne nouvelle parmi ce cortège d’ennuis : « l’exposition médiatique de la bibliothèque a entraîné une hausse du nombre de lecteurs : les emprunts quotidiens de livres ont été multipliés par quatre depuis l’ouverture. Et les salles dédiées aux enfants débordent de familles parcourant les albums illustrés. »

Via challenges

Dotée d’une architecture futuriste, cette bibliothèque chinoise inaugurée le mois dernier a fait sensation sur l’internet mondial (c) FRED DUFOUR / AFP

 

Expansion

Après avoir acquis en 2015 51 % des parts de Projacs, un BET basé à Dubai, le groupe Egis vient de prendre une participation majoritaire dans 10 Design, une société Hong Kongaise qui a développé dans l’Émirat dubaïote une activité de projets allant de « l’immeuble aux villes dans tous les secteurs, y compris bureaux, commerce, hôtellerie, résidentiel, culturel et éducation ». Le PDG de 10 Design explique l’intérêt de cette union « Dubai est l’antenne régionale de 10 Design, alors qu’Egis à une grande présence à travers l’Europe, l’Afrique et l’Asie du Sud-Est. Les synergies entre les deux sociétés auront indubitablement des effets positifs pour 10 Design au MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) ». Souhaitons au groupe Montreuillois que cette association soit une win-win situation…

Via Zawya

Une maquette de l’île Meraas Bluewaters de Dubaï, qui abritera Ain Dubaï, la plus haute et la plus grande roue d’observation au monde. Image à titre d’illustration. via Zawya

 

La montagne d’ordure sacrée

Avec l’inauguration du Noma 2.0, restaurant étoilé au Guide Michelin, l’ouverture la plus attendue de 2018 à Copenhague est celle du CopenHill, une usine d’incinération de déchets construite dans la périphérie de la capitale danoise. Elle produira 25 % d’énergie en plus que l’usine qu’elle remplace, à partir du même volume de déchet, et fournira chaleur et électricité à 160 000 foyers. Elle est aussi copieusement éclairée par la lumière naturelle. Mais ce ne sont bien sûr pas ces performances qui ont suscité l’enthousiasme des participants au voyage de presse organisé à quelques semaines de l’inauguration du bâtiment. « Comme nous approchions de CopenHill, notre groupe de journaliste abandonna toute contenance professionnelle, et commença à pousser des Oh ! et des Ah !, prenant des selfies, retenant le chef de projet… » relate le journaliste LinYee Yuan, au nombre des enthousiastes visiteurs. La raison de leur étonnement tient à la piste de ski dont BIG, l’architecte du projet, à coiffé le bâtiment. Haute de 88 mètres et large de 10, elle tutoie le sommet du pays, le Møllehøj, qui culmine à presque 171 mètres, mais avec zéro déchet.

Via Quartzy 

Vues de Copenhague depuis le sommet de la piste de ski à Amager Bakke / CopenHill de l’ARC. Le site est encore en construction et devrait être ouvert au public en 2018. via Quartzy 

 

Mars : et ça repart

« Ce n’est pas si loin », affirme Monsi C. Roman, de la NASA. « Mais tout de même, après l’atterrissage, nous y serons pour un bout de temps. Contrairement aux voyages express pour la lune, une visite à la lointaine Mars implique un engagement de plusieurs mois » contredit le journaliste. Quoi qu’il en soit, les équipements et le matériel devront être arrivés bien avant les premiers pionniers martiens. Pour développer l’habitat sur la planète rouge, la NASA en appelle à l’imagination des citoyens à travers un concours d’idée « si vous demandez à des gens de la NASA à quoi ressemble une maison sur Mars, ils vous dessineront tous la même chose, explique Roman, chargé de la consultation. Nous voulions quelque chose des gens qui ont la liberté de penser différemment ». Challenge il y a « Quand notre maison est endommagée sur terre, nous pouvons dormir sur le canapé des amis en attendant qu’arrive l’entreprise. Sur Mars, notre destin est plus sombre : mort par congélation, empoisonnement au dioxyde de carbone, exposition aux radiations ou aspiration dans l’espace par un énorme diable de poussière ». Tout spectateur de Total Recall sait les changements que l’air martien impose à la morphologie terrienne… Sur 165 propositions, la NASA a classé première celle d’un igloo gonflable imaginé par différentes universités américaines. Dans la catégorie meilleure matériau, elle a retenu un échafaudage 3D capable, en dépit de son très faible poids, de supporter sans faillir une Toyota Prius posée à son sommet. Le concours entre maintenant dans sa phase la plus difficile, celle de la construction à l’échelle 1/3 de la proposition en impression 3D. Résultats en mars ?

Via Mercury News 

Une structure basée à Mars appelée ICE HOUSE, conçue par le collectif Space Exploration Architecture and Clouds Architecture Office of New York City, a remporté la première place dans le concours de conception du concours 3-D Printed Habitat Challenge de la NASA. (Bureau d’architecture de l’équipe Exploration spatiale et architecture des nuages) via mercury news

 

Droneville

En dépit des efforts de la NASA pour nous concocter un habitat douillet sur la planète Mars, il est probable que la majorité d’entre nous restera sur Terre. Et dans quelle ville vivrons-nous ? De nombreux films, du Métropolis de Fritz Lang au Cinquième élément de Besson ont imaginé le futur  de la cité dans les cieux, striés de voitures volantes slalomant entre des falaises de gratte-ciel, rappelle un article de la Cranfield School of Management publié par le Financial Times. Le futur urbain sera sans doute bien aérien, mais pas avec la technologie que l’on croyait, explique l’article. Oubliez l’idée de vous déplacer dans un taxi volant conduit par Bruce Willis. Le ciel sera plutôt encombré de drones, livrant en flux continu des marchandises dans les appartements. Amazon expériment déjà cette technique, qui « pourrait être dévastatrice pour les petits négoces, et aussi pour la mixité des tissus urbains. Les petits magasins pourraient disparaître, rendant les rues plus tristes et concentrant le commerce entre encore moins de mains ». Et ce n’est pas tout « Quid des immeubles ? Comment l’architecture pourrait s’adapter à un système où la marchandise pourrait arriver n’importe quand dans un cycle de 24 heures ? ». En se dotant de micro entrepôts, ou en équipant les immeubles de plateforme de livraison, donnant une architecture un peu similaire à la tour 56 léonard dessiné par Herzog et de Meuron à New York. Mais quid de l’intimité, mise à mal par des drones-espions ? Des drones armés qu’on anticipe déjà ? « Peut-être les rues seront-elles laissées aux pauvres quand les plus riches occuperont les niveaux supérieurs de la cité » ? On va finir par préférer une ville un peu moins drone…

Via The Financial Time 

 

Contre la ville qui pique

A-t-on vraiment attendu la technologie pour déshumaniser la ville ? Solidarity TDS, une association impliquée auprès des sans-abri irlandais, a lancé un projet de loi pour stopper l’installation de pointes et splinkers installés en nombre croissant à Dublin et ailleurs pour éloigner les SDF. « L’exclusion des sans-abri, leur donnant le sentiment d’être rejeté et indésirables, est un acte de violence souvent perpétré par l’État (…) une agression qui ne laisse pas de cicatrices visibles qui pourraient se refermer, mais des cicatrices invisibles dans leur esprit qui ne guériront peut-être jamais », affirme Peter McVerry, membre d’une association de soutien aux sans-abri. Le projet de loi, qui obligerait les commerces à enlever tous leurs dispositifs anti-SDF, sera vraisemblablement rejeté par le gouvernement. « Leur votre contre donnera un exemple clair du caractère impitoyable et du déni (gouvernemental) envers les sans-abri », déclare un autre membre de Solidarity TDS.

via Belfast Telegraph 

 

Double Penn

« Traverser la gare de Grand Central, un des espaces publics de New York les plus exaltants, est une expérience ennoblissante, un cadeau. Faire une correspondance dans les intestins de Penn Station, à quelques pâtés de maisons, est une humiliation. Quelle est la valeur de l’architecture ? Elle peut être mesurée humainement, culturellement et historiquement, dans le gouffre qui sépare ces deux endroits », affirmait le critique Michael Kimmelman. McKim, Mead and White avait construit la gare en forme de thermes romains, bâtiment inauguré en 1910 et détruit dans les années 60 pour laisser place à un bâtiment sans grâce. C’est dans les toilettes de cette gare que l’on retrouva un certain Louis Kahn mort à la suite d’une crise cardiaque.

Un groupe emmené par la National Civic art Society fait campagne pour la reconstruction du bâtiment original. Les questions surgissent à cette occasion : faut-il reconstruire tel quel, alors que certaines technologies comme le rivetage des structures métalliques ont disparu ? Peut-on retrouver l’équivalent en 3D ? Utiliser le bois ? « Quand on pense qu’un Leonard de Vinci un peu restauré vient de se vendre pour 430 millions de dollars, alors les 3,5 milliards nécessaires à la reconstruction et la restauration de la Penn Station semblent plutôt bon marché ». Ceux que l’argument convainc peuvent rejoindre la campagne de reconstruction sur www.rebuildpennstation.org

Via Tree Hugger 

 

Pyramide bétonnée en péril

Construit selon les plans de Giuseppe Davanzo, l’ex-marché aux bestiaux de Padoue avait dès la phase esquisse reçu le prix pour « une idée architectonique ». En 1969, année de son inauguration, il recevait le prix in/Arch et dix plus tard, le MoMA l’incluait dans son archive d’architecture moderne. Malgré ce succès critique, le « palais des vaches », avec sa ziggourat et ses degrés en béton préfabriqués, fut boudé des éleveurs. Vide et sans un meuglement bovin, elle se cherche un nouveau destin. En 2008, on cru en un nouveau destin : l’équivalent des monuments historiques le proclame, selon une formule toute en légèreté  « Élément qualificatif actif et épisode de très haute émergence panoramique dans l’environnement urbain environnant, défini de manière totalement inédite ». Une chaîne française de bricolage s’apprête à investir les lieux, après un appel d’offres un peu expéditif dont il fut le seul concurrent « Leroy Merlin a compris mieux que les Padouans la valeur publicitaire de ce site. Plutôt qu’un centre commercial, qu’elle en fasse le siège de sa multinationale, son étendard européen, un monument en soi. Je ne combats pas le privé, mais j’imagine une gestion culturelle du lieu. Et il faut un lien entre le centre historique (…) la ville doit se réapproprier (l’édifice) », s’exalte l’architecte Bepi Contin, invitant un peu rapidement l’entreprise à déménager son millier de collaborateurs de la banlieue de Lille à celle de Padoue. Martina Davanzo, fille de l’architecte et architecte elle même, invite à sauver l’œuvre du père de « l’arrogance du présent ». En attendant, il semble bien qu’elle doive survivre en magasin de bricolage.

Via Vvox

via Vvox

 

 

Ratti vs Sgarbi

l’indéboulonnable et outrancier critique d’art Vittorio Sgarbi étrille sans ménagement Carlo Ratti, l’architecte star de l’ère digitale, dans les colonnes du Giornale. Entrée en matière « Vêtus de jeans délavés comme il faut et d’une veste courte trop de deux tailles en dessous de ce qui lui faudrait, suivant une mode des jeunes en vogue il y a vingt ans, s’est présenté à la une table ronde pour les 70 ans de la Confapi (confédération italienne de la petite et moyenne entreprise) Carlo Ratti, l’un des 160 000 architectes italiens à n’avoir jamais rien construit ». Pour le bonheur de Sgarbi, Ratti semble maîtriser autant sa langue natale que Jean-Claude Vandamme le français « Vivant depuis longtemps à l’étranger, il a oublié l’italien. Il est devenu ainsi un analphabète sur le retour. Pour se faire comprendre il s’appuie sur l’anglais : nous avons écrit des papers ». Ces écarts de langage n’empêchent pas le bouillonnant Sgarbi de comprendre la vision du futur dispensée par Ratti. « Nous nous réveillerons dans quelques années dans une Smart-City, en lisant un paper, avec la peau irritée. Et nous nous sentirons seuls. Anticipant les prophéties de Ratti, tous les dermatologues auront fermé leurs cabinets (Ratti à prévu leur disparition, NDLR). Dans la nouvelle ville interconnectée, nous errerons comme des fantômes, nous parlerons aux murs. Et, n’obtenant aucune réponse, nous renoncerons à nous rendre au prochain congrès de la Confapi, pour éviter des révélations inquiétantes ».

Via Il Giornale 

 

Ancien architecte, futur concierge

Avant que n’adviennece futur noir dépeint par Sgarbi/ratti, il ne restera peut-être plus d’architecte en Italie. À Trévise, découragé par les stages et les emplois sous-payés, architectes et avocats se tournent vers l’éducation nationale, postulant à des emplois de concierges, ou, si tout va bien, d’administratifs ou d’assistants techniques. « Si au niveau national plus de deux millions de personnes postulent pour un poste à l’école, on note cette année un afflux de diplômés, en plus des travailleurs arrivants d’autres secteurs ». Italie, le pays ou l’architecture rime avec no future

Via Tribuna di Treviso 

 

Flambée immobilière dans les favelas

Cumulant les risques — concentration, vétusté des équipements, matériaux inflammables — les favelas brésiliennes sont facilement la proie des incendies. Entre 2001 et 2012, les pompiers de Sao Paulo ont enregistré 1648 incendies dans les favelas, 202 en 2016 et au moins ce nombre pour l’année en cours. La précarité de l’habitat explique-t-elle à elle seule cette épidémie ? L’examen des statistiques réveille les suspicions d’incendie volontaire : une analyse montre que le feu frappant 80 favelas paulistes s’est déclaré dans des secteurs ou la valeur du foncier était 76 % plus élevé que dans d’autres quartiers d’habitat informel. Ces conclusions vont à l’encontre de celles formulées par une commission d’enquête parlementaire formée en 2012… composée de membres qui avaient financé leur campagne électorale avec des dons de promoteurs privés ! « ce qui s’est passé est que les gouvernements ont commencé à adopter des politiques de retrait de la population pour construire de grands projets urbains, comme dans le cas de Urban Espraiada Water Operation », une opération d’assainissement d’un quartier aisé mené après le déplacement de 11 000 familles vers des zones périphériques. Une flambée tout immobilière qui libère opportunément des réserves foncières.

Via The Guardian 

 

Olivier Namias

 

Le Louvre Abou Dhabi : la revue de presse du 15 novembre 2017

Le Louvre Abou Dhabi : la revue de presse du 15 novembre 2017

Le musée le plus connu au monde semble repositionner la capitale des Emirats arabes unis (EAU) face à sa consœur Dubaï. L’antenne du Louvre à Abou Dhabi, attendue depuis 10 ans, a été inaugurée en grande pompe ce 8 novembre, par Emmanuel Macron et les Emirs. Ce ne sont pas moins de 400 journalistes du monde entier qui ont été accueillis en avant-première, avant l’ouverture au public le 11 novembre dernier. « Si vous êtes aussi nombreux, c’est parce qu’il se joue ici quelque chose d’unique, d’exceptionnel, qui intéresse l’ensemble de l’humanité et marquera l’histoire des musées », a commenté Jean-Luc Martinez, le président-directeur du Louvre. Comme un symbole, la pyramide du Louvre conçue par Pei à Paris en 1989 entre en résonne avec le dôme du « musée de sable » de Jean Nouvel, bâti sur l’île de Saadiyat, en français « l’île du bonheur ». Certainement l’une des réussites majeures de l’architecte star français, le musée a fait la couverture de toute la presse ces derniers jours. Mais alors, qu’en disent les médias ?

© Roland Halbe

 

 

Record-dôme

 « Pour moi, la grande architecture arabe, c’est une géométrie des lumières » énonce Jean Nouvel. Une immense coupole surbaissée dilue une pluie de lumière sur les fragments d’une architecture blanche, celle d’une médina arabe. De quoi battre des records sous des airs de poésie : « un dôme d’acier de 180 mètres de diamètre culmine à 40 mètres, son poids total de 7 500 tonnes avoisine celui de la tour Eiffel ; 10 000 éléments, pré assemblés en 85 autres, pesant chacun près de 50 tonnes, forment un plafond de près de 8 000 étoiles de métal dont la superposition, sous les soleils les plus durs, ne laisse passer que 1,8 % de la lumière extérieure, créant une fine pluie de rayons blancs, comme ceux qui, dans les oasis, filtrent au travers des palmiers. » La gigantesque voute recouvre 55 bâtiments blancs séparé par des avenues et des rues soit les 64 000 m² de la « cité-musée », selon les termes de Nouvel. 26 d’entre eux abriteront les collections permanentes, soit 6400 m² d’espaces dédiés, 2000 pour les expositions temporaires, 200 pour le musée des enfants. Et aussi « un bel auditorium, un restaurant très Nouvel et un café qui l’est tout autant. »

Via Le Monde

 

 

Passoire en majesté

Si nombreux sont ceux qui pensent qu’il est l’un des plus beaux projets du Pritzker septuagénaire de ces dix dernières années, d’autres sont plus réservés, évoquant « une passoire renversée sur la plage » qui « ne donne pas grand-chose de l’extérieur ». « Un groupe de blocs blancs s’étend sous la grande coupole comme des cubes de sucre éparpillés. Comparé aux tours de verre miroir criardes de la corniche du front de mer de la ville, ce palais culturel de plusieurs millions de livres semble presque modeste. » Ce qui pourrait être une qualité.

Via The Guardian

 

 

L’ombre de Nouvel

Une modestie qui nous rappelle celle d’« Hala Wardé, l’autre architecte du Louvre Abu Dhabi », Le monde dresse le portrait de cette femme discrète, dont la seule fierté est celle du travail bien fait. La libanaise s’est installée sur place pour consacrer dix ans de sa vie au projet de l’Emirat. Longtemps dans l’ombre de Jean Nouvel,  elle est son ancienne élève, devenue l’une des huit « architectes partenaires » de ses ateliers. « Quand tu sors de l’école, viens me voir ! », lui avait lancé Jean Nouvel. « C’est normal, c’était ma meilleure élève, la plus vive et volontaire », a confié la star. « Pour conduire le chantier, Hala Wardé fonde sa propre agence en 2008, marque d’indépendance acceptée. » Originaire de Beyrouth, « elle va construire le BeMA, Beirut Museum of Art, une institution d’art moderne et contemporain dont elle a gagné le concours, en solo cette fois, en 2016. »

Via Le Monde

 

 

#architectureporn

Mais dans les Emirats, la modestie ne semble pas chose acquise pour tous. « C’était une destination prestigieuse, destinée à attirer les visiteurs avec un cachet culturel, dans la compétition permanente avec son voisin plus glamour, Dubaï. A côté des hectares de villas luxueuses et de terrains de golf (qui furent les premières choses à être construites), il devait y avoir un nouveau musée Guggenheim gargantuesque de Frank Gehry, sept fois plus grand que sa maison mère new-yorkaise, conçue comme un tas de cônes tourbillonnant. » lance The Guardian. Il devait être rejoint par le Sheikh Zayed National Museum de Norman Foster, sous la forme d’une aile de faucon de course (en l’honneur du passe-temps préféré du cheikh), un musée maritime de Tadao Ando, sous la forme d’une voûte angulaire s’élevant de la mer, et un centre des arts du spectacle de feu Zaha Hadid, modelé sur un enchevêtrement tordu d’ectoplasmes. Si aucun d’entre eux n’a encore pris racine, les megalo-architectures de ces cinq grands architectes internationaux, tous lauréats du Pritzker, formeront ainsi les principales « attractions » architecturales de ce pôle culturel.

Via The Guardian

 

 

Ile du melon

Un pôle qui ne prend pas place au cœur de la capitale des Emirats arabes unis, mais juste en face donc, sur l’île artificielle Saadiyat – en français : l’île du Bonheur. « Un mirage, à la jonction du golfe Arabique (dit aussi Persique côté Iran), bout de mer militairement agité, et du croissant des émirats, gorgé d’un pétrole propice aux délires urbains et architecturaux les plus fous (…) Là où il n’y avait que sable et mangrove, les Emirats sont en train de faire pousser un endroit merveilleux : une trentaine d’hôtels de luxe, 8 000 villas de grand standing, 19 km de plages immaculées, trois marinas pouvant accueillir jusqu’à 1 000 bateaux, deux parcours de golf. » explique le journaliste. Une destination de carte postale : « l’île du Bonheur est un nouvel horizon de l’humanité, le plus beau peut-être ».

Via Libération

 

 

Clientélisation

Le Louvre, un support de fidélisation client ? C’est en tous cas ce que dénonce le politologue Alexandre Kazerouni, une des rares voix négatives dans ce concert d’éloge. Pour lui l’ouverture de musées dans les pays du Golfe participe à la « clientélisation des élites culturelles occidentales ». « A rebours du discours officiel, qui présente le Louvre Abu Dhabi comme un levier d’ouverture culturelle et de libéralisme, il estime que cette institution donne à voir l’exclusion politique des classes moyennes émiriennes et la dérive absolutiste des Emirats arabes unis (…)Les émirs de la côte ont réalisé à cette occasion que pour intéresser les pays occidentaux à leur survie, il leur fallait disposer de relais dans l’opinion publique, notamment parmi les artistes, qui fabriquent en partie cette opinion. Les musées, tout comme les universités étrangères qui fleurissent dans la région, sont des supports de clientélisation des élites culturelles occidentales » dénonce-t-il. « Le Louvre Abu Dhabi a pour objectif de reprendre à Dubaï la part régalienne de la culture, de rappeler que la capitale du pays, c’est Abou Dhabi. » conclue-t-il. Alors que le Louvre parisien est un lieu d’émancipation dans l’esprit des Lumières, qu’en sera-t-il pour le Louvre Abou Dhabi ?

Via Le Monde

 

 

Foule en délire

L’événement a en effet attiré une foule diverse et cosmopolite. Des centaines d’Emiratis, d’Asiatiques, d’Européens et d’Arabes ont parcouru le vaste musée. « Badria al-Mazimi, une architecte émirati de 26 ans explique avoir roulé deux heures avec son mari, depuis l’émirat de Charjah, pour être parmi les premiers à entrer dans le musée. Le couple observe une statuette d’Asie centrale qui date de 1700 avant J.C. «Tous ces gens de différentes nationalités qui attendent dans cette longue file pour visiter le Louvre (…) c’est ce qu’on voit lorsqu’on voyage à l’étranger, et maintenant on voit ça ici», se réjouit-elle. Des adolescentes émiraties se prennent en selfie à côté de la peinture de Bonaparte franchissant le Grand-Saint-Bernard de Jean-Louis David, une œuvre prêtée par un musée français. À l’extérieur, deux Brésiliens se prennent aussi en photo sur une plateforme sur la mer, avec des embarcations traditionnelles émiraties en arrière plan. « Je suis allé au Louvre à Paris trois fois. J’adore l’histoire. J’aime tout dans le Louvre (…) Je trouve vraiment bien de le voir dans un contexte moderne », explique l’un d’eux, Alex Viera, qui travaille dans un hôtel cinq étoiles à Dubaï. » Quelques 5.000 visiteurs étaient attendus dans les premiers jours. L’objectif est de capter 800.000 à 1 million de visiteurs par an, « ce qui semble réaliste, sachant que la Grande Mosquée d’Abu Dhabi en reçoit un million. Et Dubaï, à une heure vingt en voiture, est l’un des premiers hubs aéroportuaires au monde, avec 84 millions de passagers ; il recevra en outre en 2020 l’Exposition universelle. » Mais à quel coût ?

Via le Figaro

 

 

Ouest France et Les Echos font la facture

Cette antenne du Louvre est un investissement de près de 2 milliards d’euros sur 30 ans. Le chantier a 561 millions d’euros, soit 8 800 €/m2, à la charge de l’Emirat, a largement explosé les budgets, son coût étant estimé à 83 millions d’euros en 2007. « Un montant probablement optimiste et qui a dérapé fortement avec le retard de près de cinq ans pris par le chantier. » Un accord intergouvernemental d’une durée de 30 ans, signé en 2007 entre Paris, représenté par l’agence France Museums (AFM) et Abou Dhabi, prévoit le versement de la modique somme de 400 millions d’euros pour la seule utilisation du nom du premier musée parisien, « Louvre ». Ainsi qu’une rémunération de 164 millions d’euros sur 20 ans, jusqu’en 2027, à l’AFM, pour « ses prestations de pilotage et de coordination. » « Pas de musée sans œuvres. Parti de rien, le Louvre Abu Dhabi consacre un budget annuel de 40 millions d’euros à l’acquisition de ses propres collections. Cet effort doit se poursuivre sur près de 15 ans pour constituer un fonds suffisant. Soit un investissement total de l’ordre de 600 millions d’euros ». Un budget « confortable mais pas faramineux au vu des prix du marché. » Le Louvre Abou Dhabi « entraîne dans son sillage Orsay, Branly, Pompidou, Guimet, Rodin, Cluny, la BNF, les Arts décoratifs, Sèvres, le musée d’archéologie nationale de Saint-Germain-en-Laye, les châteaux de Versailles et Fontainebleau, chargés de prêter eux aussi leurs chefs-d’œuvre. Les 13 institutions se partageront 265 millions d’euros (ou 190, selon les sources) en contrepartie des prêts octroyés sur les quinze ans à venir ». Et en recette : « avec quelque 100 employés et 300 prestataires, le Louvre arabe prévoit d’accueillir un million de visiteurs par an. En spéculant sur une recette de 30 € par visiteur, il faudra près de 70 ans pour retrouver la mise de départ. » Avant d’ironiser :  « Il ne faudrait pas cependant que la menace terroriste vienne gâcher la fête et prendre pour cible ce symbole occidental. Un plan d’évacuation rapide des œuvres a été prévu… »

Via Ouest France et Les Echos

 

 

Art antiterroriste

Sur ce plan, ce sera le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, qui prendra la parole. Ce musée « se veut avant tout un musée « universel ». Tel est le message martelé par le chef de l’Etat. « En saluant ce « Louvre du désert et de la lumière » construit par l’architecte Jean Nouvel, le président français n’a cessé de rappeler avec lyrisme et en citant Dostoïevski que « la beauté sauvera le monde » et qu’elle représente aussi une barrière contre « l’obscurantisme ». En matière de lutte contre le terrorisme, les Emirats sont un partenaire essentiel dont le président français a plusieurs fois salué l’engagement à lutter contre les groupes armés djihadistes, notamment en participant à la coalition internationale contre l’organisation Etat islamique (EI). Le président français souhaite manifestement renforcer les liens avec les Emirats. Et pas seulement sur l’art. « Les défis que vous affrontez avec détermination, a-t-il affirmé le 8 novembre, font que la France sera toujours à vos côtés, sur le défi du beau comme sur tous les autres. »

Via Le Monde

 

 

Deux journalistes suisses arrêtés

Dernière actualité en date : l’arrestation de deux journalistes suisses. « Durant l’inauguration du Louvre Abu Dhabi, les autorités ont arrêtées deux journalistes suisses qui filmaient sur un marché. Après une garde à vue de 50 heures et plusieurs interrogatoires, leur matériel a été confisqué. » une arrestation que les EAU ont tenté de justifier « affirmant qu’ils avaient violé des réglementations en vigueur. » Le National Media Council (NMC), qui supervise les activités des médias aux Émirats, a déclaré « respecter le droit de tous les médias d’informer librement à travers les Émirats arabes unis. » « Mais la police d’Abou Dhabi les a vus « entrer sans autorisation » dans la zone « sécurisée » de Moussaffah et les a arrêtés « à des fins d’interrogatoire » (…) Les autorités voulaient apparemment savoir pourquoi ils prenaient des images sur le marché et semblaient contrariées par le fait que des travailleurs pakistanais aient été filmés, alors que des critiques ont été émises dans le passé par des ONG sur des abus contre des migrants travaillant sur des chantiers de construction dans le Golfe. Dans un communiqué publié lundi, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) a condamné « la disproportion du traitement » réservé aux journalistes suisses, ainsi que « la pratique d’intimidation » qui démontre de la part des Emirats « une méfiance excessive à l’égard des médias ». RSF a demandé la « restitution immédiate » du matériel confisqué lors de l’arrestation. »

Via BFMTV

 

 

Jean qui rit, Rem qui pleure

Non loin de là, une autre actualité s’est gentiment retrouvée étouffée par l’affaire du Louvre : la librairie nationale du Qatar est passé à l’as. Conçue par OMA, elle a ouvert ses portes dans le district de Doha. Le bâtiment ne semble pourtant pas totalement dénué d’intérêt « Quelques images étonnantes de la bibliothèque ont déjà commencé à circuler sur les médias sociaux, montrant la forme frappante du bâtiment et ses intérieurs expansifs, y compris les rangées de cheminées, les salons suspendus, les murs interactifs et le labyrinthe central, entre autres. »

Via Archdaily

 

 

 

Amélie Luquain