Ville intelligente, connectée, 4.0… La ville du futur s’invite aux Journées Granvelle, qui se tiendront les 20 et 21 mars 2018 à Besançon. Au centre des débats, un sujet stratégique pour toutes les agglomérations : dépasser le prisme technologique pour mettre le citoyen au coeur des usages.
En 2050, 66 % de la population mondiale habitera dans les villes. L’irrésistible urbanisation qui modèle la démographie planétaire soulève des enjeux colossaux. Comment rendre « vivables les grandes métropoles ? » Comment organiser leur « soutenabilité économique, sociale et environnementale ? »
Si la Smart City occupe une place de plus en plus centrale dans la réflexion stratégique des territoires, c’est qu’elle pourrait bien être un instrument commun de réponse aux principaux défis de la ville du futur. « Les opportunités inédites d’analyse et de compréhension des usages offertes par le numérique constituent un réel atout pour une orientation pragmatique et utilitaire de l’action publique dans ses différents champs d’application », affirme Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon et président de la Communauté d’agglomération du Grand Besançon.
Gestion énergétique, régulation des mobilités, continuité de l’offre de santé, confort de l’habitat, sécurité publique… « Il n’est pas une grande ville qui n’ait aujourd’hui amorcé un projet de ville intelligente », confirme Emilien Maudet, directeur solutions Smart Cities chez Embix, start-up épaulant les collectivités dans la transition numérique et énergétique.
Pour l’heure, les initiatives restent encore souvent canalisées dans une posture très technologique, quand elles ne sont pas gadgétisées – combien d’applications mobiles éditées par des collectivités pour une utilisation quasi nulle ? « La vision ‘human centric’ de la Smart City va peu à peu gagner du terrain. A terme, il y aura sans doute moins d’applications, mais elles seront réellement utiles et intuitives dans leur utilisation, car pensées pour faciliter le confort de vie des citadins », avance Jean-Baptiste Bouzige, président d’Ekimetrics, agence conseil en marketing et Big Data.
Des villes truffées de capteurs
Aux avant-postes de cette approche servicielle, des bataillons de capteurs, installés un peu partout, enregistreront les données de fonctionnement de la ville et de ses différents espaces, à partir desquels des start-up pourront imaginer des solutions en matière de mobilité douce en libre-service, de mesure de la qualité de l’air, ou de maintien à domicile des personnes âgées.
A Oslo, 10.000 lampadaires connectés permettent d’ajuster le niveau d’éclairage selon l’heure du coucher du soleil, la luminosité et le trafic routier. A Dubaï, il suffit d’être muni de son smartphone pour prendre indifféremment le métro, le bus, le tramway, le bateau, le taxi. A Boston, une application de signalement des problèmes de voierie a permis aux habitants d’accélérer le rétablissement des connexions routières et électriques après le passage de l’ouragan Sandy en 2012. A Besançon, les résidents ont été parmi les premiers à bénéficier d’une redevance incitative sur le tri des ordures ménagères, grâce à des capteurs apposés sur toutes les poubelles publiques. « Ce dispositif nous a déjà permis en cinq ans de diminuer de 30 % le volume de déchets ménagers incinérés. Nous comptons désormais aller plus loin, en analysant les données collectées. Dans quelques années, Besançon sera l’une des villes les moins chères en matière de traitement des ordures ménagères », développe Jean-Louis Fousseret.
La déclinaison multidirectionnelle de la Smart City oblige les différents acteurs en jeu à décloisonner la réflexion. D’où l’émergence, dans de nombreux territoires, de clubs, groupements, laboratoires interdisciplinaires et associations plus ou moins formelles. « La stimulation des échanges constitue une garantie de performance et d’acceptation de l’écosystème numérique et de la ville intelligente par ses bénéficiaires finaux », explique Yves Tannier, président de l’association Silicon Comté, qui regroupe une centaine de professionnels, startuppeurs, chercheurs, communicants de la filière numérique.
Coeur du réacteur de cette Smart City coopérative : la data, véritable combustible de la ville intelligente.
En France, la métropole lyonnaise a été parmi les premières à embaucher un data scientist. D’autres sont en chasse. Parmi les missions de ces futurs hommes clefs : réussir les changements d’échelle. Car l’objet de la Smart City est inclusif. « Tant sur le plan technique que sur celui de la gouvernance, passer de l’écoquartier à un déploiement à l’ensemble du territoire et de ses habitants est en soi un vrai chantier. On peut supposer que les villes petites et moyennes auront ici un avantage », soutient Florent Boithias, directeur de projet Villes et territoires intelligents de Cerema, établissement public tourné vers l’appui aux politiques publiques.