Normal Studio signe le nouveau parcours de la Folle histoire du Design du MAD

Normal Studio signe le nouveau parcours de la Folle histoire du Design du MAD

Entamée en 2013 avec l’arrivée d’Olivier Gabet à la direction du Musée des Arts Décoratifs, la réflexion autour d’une relecture des collections du département moderne et contemporain arrive à son terme avec l’ouverture le 19 octobre 2018 d’un nouveau parcours. La scénographie est signée par les designers Eloi Chafaï et Jean-François Dingjian, fondateurs de Normal Studio. 

 

 

Proposant une vision à la fois globale et transversale des collections, le duo donne à voir sept décennies du design à travers une histoire qui débute au 3 ème étage . Retour sur une visite sens dessus dessous ! 

Privilégiant une approche thématique et pluridisciplinaire l’exposition embrasse pleinement la nouvelle identité de l’institution qui propose une présentation inédite de l’histoire des formes et des usages. Elle permet de découvrir l’évolution culturelle de la société à travers ses artefacts.

Articulées autour de grandes figures du design moderne comme Philippe Starck, Roger Tallon, Charlotte Perriand ou encore Jean Prouvé, les galeries invitent le visiteur à cheminer des arts décoratifs à la mode en passant par les jouets, les verres ou la photographie.

 

La folle histoire du design à travers un nouveau parcours

 Le parcours débute au 3ème étage ou le public découvre au travers une série de six salles, autrefois dédiées à des galeries d’étude, d’importantes scènes de l’histoire du design. Qu’il s’agisse de l’oeuvre prolifique de Starck, de modèles exclusifs de la Galerie Steph Simon ou des créations réalisées par outils numériques, le travail réalisé par le Normal Studio manifeste avant tout une réflexion particulière sur le principe de monstration des oeuvres, gommant la distance visiteur-objet.

 

Nouveau principe de monstration des oeuvres

 

La scénographie constituée d’éléments simples (estrades, socles, stèles, vitrine) est organisée en fonction d’une grille et témoigne d’une grande flexibilité. Chaque alcôve est ainsi aménagée avec la même gamme de mobilier, sur la même trame, mais selon une organisation propre à chaque oeuvre.

La visite se poursuit au 5ème étage, au niveau du Pavillon de Marsan. Une transition difficile pour le duo de designers, qui insiste sur la spatialité complexe du musée. Ne dérogeant pas à leur image de « touche à tout » et travaillant à différentes échelles, Normal Studio assure néanmoins  grâce à certains procédés habiles de signalétique, la cohérence du projet envisagé dans sa globalité permettant une fluidité dans la circulation.

 

Déshabiller l’espace pour revenir à l’architecture d’origine

Dans la continuité de leur démarche élémentaire, Normal Studio imagine pour le Pavillon de Marsan une série de transformations. Afin de garantir lumière et transparence, les mots d’ordre du projet, le duo a dû entièrement repenser la structure du pavillon privilégiant une enveloppe très légère au service des oeuvres. En redonnant à voir au visiteur les vues spectaculaires sur Paris et ses incroyables perspectives, Normal Studio parvient à faire entrer la ville dans le musée qui, dès lors, fait partie intégrante de l’expérience muséale.

Felice Varini : S’amuser avec la rigueur corbuséenne

Felice Varini : S’amuser avec la rigueur corbuséenne

Après Xavier Veilhan, dans le but de prendre la mesure du lieu, Daniel Buren afin de le maîtriser, Dan Graham dans l’optique de le démultiplier, le designer propriétaire du MaMo (pour Marseille Modulor) Ora Ito a invité Felice Varini à s’emparer du toit corbuséen.

Connu pour son travail sur l’utilisation de la perspective italienne, son œuvre interroge le génie du lieu dans lequel il intervient. Le toit de l’unité d’habitation de Marseille relève du défi pour l’artiste tessinois. Même si c’était une première pour lui de monter sur le toit de « la maison du fada », le Parisien d’adoption, a mis en place son protocole habituel. D’abord il déambule dans les différentes espaces du lieu, repère tel ou tel matériau, se documente sur son histoire. Ensuite il utilise son corps et la hauteur de ses yeux comme étalon pour déterminer le (ou les) points de vue. A Marseille, trois points de vue ont été choisis. Tels des meubles, plusieurs volumes architectoniques peuplent le toit. Pensées à l’échelle de la vue panoramique sur la métropole, les microarchitectures ne rendent pas la tâche facile. Avec discernement Felice Varini a opté pour trois « points de lecture ». Celui aux bandes jaunes se place sur la terrasse devant la façade principale du gymnase. L’autre aux aplats rouges est à l’opposé, côté école et bassin. Le troisième se situe à l’intérieur du gymnase et entremêle le jaune et le rouge. Juste après avoir fermé la porte qui donne sur le toit-terrasse et avoir effectué un 360° degré, aspiré par la lumière qui l’entoure, le visiteur essaie immédiatement de trouver l’emplacement idéal pour comprendre et lire la peinture murale « parfaite ». Cette quête de compréhension et de pureté absolue du point de vue est certainement à mettre sur le compte de notre aliénation volontaire à la perspective albertienne. Tout le travail de Varini aspire à détruire cette convention. Il souhaite nous emmener ailleurs, dans la multitude, la fragmentation, pas dans l’unique ni la pureté.

Christophe Le Gac

 

Retrouvez ce reportage dans CREE 377 Habiter / Intérieurs, en kiosque le 29 juillet 2016

 

Felice Varini, A ciel ouvert, MaMo, Centre d’art de la Cité Radieuse, 280 Boulevard Michelet, 13008 Marseille

Agenda : A ciel ouvert, Felice Varini au MaMo

Via Intramuros : Les jeux graphiques de Felice Varini au MaMo à Marseille

https://mamo.fr