La ville « citizen centric » se dessine à Besançon

La ville « citizen centric » se dessine à Besançon

Ville intelligente, connectée, 4.0… La ville du futur s’invite aux Journées Granvelle, qui se tiendront les 20 et 21 mars 2018 à Besançon. Au centre des débats, un sujet stratégique pour toutes les agglomérations : dépasser le prisme technologique pour mettre le citoyen au coeur des usages.

En 2050, 66 % de la population mondiale habitera dans les villes. L’irrésistible urbanisation qui modèle la démographie planétaire soulève des enjeux colossaux. Comment rendre « vivables les grandes métropoles ? » Comment organiser leur « soutenabilité économique, sociale et environnementale ? »

 Si la Smart City occupe une place de plus en plus centrale dans la réflexion stratégique des territoires, c’est qu’elle pourrait bien être un instrument commun de réponse aux principaux défis de la ville du futur. « Les opportunités inédites d’analyse et de compréhension des usages offertes par le numérique constituent un réel atout pour une orientation pragmatique et utilitaire de l’action publique dans ses différents champs d’application », affirme Jean-Louis Fousseret, maire de Besançon et président de la Communauté d’agglomération du Grand Besançon.

Gestion énergétique, régulation des mobilités, continuité de l’offre de santé, confort de l’habitat, sécurité publique… « Il n’est pas une grande ville qui n’ait aujourd’hui amorcé un projet de ville intelligente », confirme Emilien Maudet, directeur solutions Smart Cities chez Embix, start-up épaulant les collectivités dans la transition numérique et énergétique.

Pour l’heure, les initiatives restent encore souvent canalisées dans une posture très technologique, quand elles ne sont pas gadgétisées – combien d’applications mobiles éditées par des collectivités pour une utilisation quasi nulle ? « La vision ‘human centric’ de la Smart City va peu à peu gagner du terrain. A terme, il y aura sans doute moins d’applications, mais elles seront réellement utiles et intuitives dans leur utilisation, car pensées pour faciliter le confort de vie des citadins », avance Jean-Baptiste Bouzige, président d’Ekimetrics, agence conseil en marketing et Big Data.

 

Des villes truffées de capteurs

Aux avant-postes de cette approche servicielle, des bataillons de capteurs, installés un peu partout, enregistreront les données de fonctionnement de la ville et de ses différents espaces, à partir desquels des start-up pourront imaginer des solutions en matière de mobilité douce en libre-service, de mesure de la qualité de l’air, ou de maintien à domicile des personnes âgées.

A Oslo, 10.000 lampadaires connectés permettent d’ajuster le niveau d’éclairage selon l’heure du coucher du soleil, la luminosité et le trafic routier. A Dubaï, il suffit d’être muni de son smartphone pour prendre indifféremment le métro, le bus, le tramway, le bateau, le taxi. A Boston, une application de signalement des problèmes de voierie a permis aux habitants d’accélérer le rétablissement des connexions routières et électriques après le passage de l’ouragan Sandy en 2012. A Besançon, les résidents ont été parmi les premiers à bénéficier d’une redevance incitative sur le tri des ordures ménagères, grâce à des capteurs apposés sur toutes les poubelles publiques. « Ce dispositif nous a déjà permis en cinq ans de diminuer de 30 % le volume de déchets ménagers incinérés. Nous comptons désormais aller plus loin, en analysant les données collectées. Dans quelques années, Besançon sera l’une des villes les moins chères en matière de traitement des ordures ménagères », développe Jean-Louis Fousseret.

La déclinaison multidirectionnelle de la Smart City oblige les différents acteurs en jeu à décloisonner la réflexion. D’où l’émergence, dans de nombreux territoires, de clubs, groupements, laboratoires interdisciplinaires et associations plus ou moins formelles. « La stimulation des échanges constitue une garantie de performance et d’acceptation de l’écosystème numérique et de la ville intelligente par ses bénéficiaires finaux », explique Yves Tannier, président de l’association Silicon Comté, qui regroupe une centaine de professionnels, startuppeurs, chercheurs, communicants de la filière numérique.

 

Coeur du réacteur de cette Smart City coopérative : la data, véritable combustible de la ville intelligente.

En France, la métropole lyonnaise a été parmi les premières à embaucher un data scientist. D’autres sont en chasse. Parmi les missions de ces futurs hommes clefs : réussir les changements d’échelle. Car l’objet de la Smart City est inclusif. « Tant sur le plan technique que sur celui de la gouvernance, passer de l’écoquartier à un déploiement à l’ensemble du territoire et de ses habitants est en soi un vrai chantier. On peut supposer que les villes petites et moyennes auront ici un avantage », soutient Florent Boithias, directeur de projet Villes et territoires intelligents de Cerema, établissement public tourné vers l’appui aux politiques publiques.

UNSense, la nouvelle start-up technologique d’UNStudio, pour la création de villes intelligentes axées sur l’humain

UNSense, la nouvelle start-up technologique d’UNStudio, pour la création de villes intelligentes axées sur l’humain

UNSense, une nouvelle start-up technologique basée à Amsterdam, vient d’être lancée par l’agence d’architecture néerlandaise UNStudio. Fonctionnant comme une société soeur indépendante à UNStudio. La firme explorera et développera de nouvelles solutions technologiques pour rendre les bâtiments plus sains et les villes plus intelligentes.

©UNSense / UNStudio

Ces dernière années, une abondance d’innovations technologiques ont vu le jour menant ainsi à la théorisation et à la mise en œuvre de « villes intelligentes » matérialisées par le développement d’environnements urbains basés sur les données et conçus pour être efficaces. Bien que la plupart des technologies intelligentes soient axées sur l’infrastructure, l’approche d’UNSense semble différente puisqu’elle sera centrée sur l’humain, la santé et le bien – être .

« La révolution numérique entraîne des changements dans toutes les parties de notre vie, sauf dans l’environnement bâti« , peut-on lire dans le communiqué de presse d’UNSense. « Le moment est maintenant venu de rattraper ce retard. »

Fondé par Ben van Berkel, architecte principal de l’agence UNStudio, et basé dans un  centre d’innovation d’Amsterdam, UNSense vise à utiliser des interventions techniques dans le domaine urbain pour améliorer la santé physique, mentale et sociale des personnes. S’attaquant au manque de ressources dans les firmes d’architecture traditionnelles pour développer de nouvelles technologies, UNSense fonctionnera indépendamment d’UNStudio, et bénéficiera d’un large éventail de collaborations avec des analystes de données, des algorithmes, des neuroscientifiques, des décideurs, des étudiants, des municipalités, des sociologues, des économistes, des architectes de données, des modélisateurs économiques, des architectes et plus encore… des domaines spécialisés non disponibles dans la pratique générale. Bien qu’indépendants de UNStudio, les créateurs d’UNSense reconnaissent son potentiel pour « permettre à notre studio d’étendre son potentiel architectural en intégrant l’innovation technologique dans nos conceptions ».

©UNSense / UNStudio

 UNSense se spécialisera dans la technologie axée sur les capteurs pour une architecture centrée sur l’utilisateur.

« Nous vivons à l’ère de l’iPhone, pourtant les industries de l’architecture et de la construction sont encore dans la phase Walkman. Avec UNSense, je veux intégrer pleinement les technologies innovantes dans l’environnement bâti et améliorer la façon dont les gens vivent, travaillent et passent de A à B. Ce n’est pas le matériel ou le logiciel qui m’intéresse, mais comment cela peut être appliqué dans l’architecture et le design urbain pour améliorer notre quotidien. » explique Ben van Berkel.

UNSense explorera les technologies basées sur les capteurs à trois niveaux: la ville, le bâtiment et les environnements intérieurs. Conçues en fonction de la santé humaine, ces technologies peuvent être utilisées pour soulager le stress, créer un sentiment de sécurité et optimiser l’environnement pour le confort humain grâce à l’éclairage et à la ventilation. Les capteurs pourraient donc être utilisés pour mieux réguler le flux d’air dans les bâtiments, en éliminant plus efficacement les bactéries et les polluants. Si ce système était employé dans les bureaux et les écoles, cela pourrait réduire considérablement les absences.
« Si vous regardez la qualité de l’air dans les écoles, je suis très fâché de voir à quel point les conditions environnementales sont mauvaises« , a-t-il dit, ajoutant que les architectes avaient perdu l’intérêt de créer des bâtiments sains. « Les modernistes s’intéressaient à la santé« , a-t-il déclaré. « Aalto avec son sanatorium, mais aussi Le Corbusier, Hertzberger, les Smithson, mais ils n’avaient pas les données: en architecture, il n’y a pas tellement de discussions sur le design adaptatif sensoriel, il n’a pas vraiment été repris par les architectes ces derniers temps. Je veux le faire. »
UNSense sera également un pionnier des technologies pour rendre les villes plus durables. « Nous devons faire beaucoup pour protéger notre planète« , a déclaré Van Berkel. « Nous essayons de rendre nos bâtiments neutres en énergie. »

©UNSense / UNStudio

Les solutions UNSense sont déjà en train de passer du laboratoire à la ville. «CitySense», une infrastructure sensorielle qui recueille des données afin de mettre en œuvre des expériences personnelles positives pour les gens qui vivent et travaillent, mène actuellement des essais à Amsterdam et dans d’autres villes néerlandaises.

©UNSense / UNStudio

Pendant ce temps, «Solar Brick», un  module PV solaire alliant performance et esthétique, pouvant être utilisé sur les toits et sur des façades entières, a le potentiel de transformer l’ensemble du tissu urbain de nos villes en véritables centrales électriques. Permettant l’application de l’énergie solaire à une échelle beaucoup plus grande; non seulement comme une couverture sur le toit, mais comme un matériau de revêtement pour la façade ou l’enveloppe entière des bâtiments.

MVRDV voit la vie en rose avec le Musée d’art de Taoyuan

MVRDV vient de dévoiler sa proposition pour un grand musée d’art à Taiwan. Un design qui s’est classé troisième dans le cadre d’un concours international. Située à proximité de Taipei, la capitale du pays, ainsi que de l’aéroport national, la ville de Taoyuan s’est agrandie ces dernières années. En tant que nouvelle institution culturelle, le Musée d’art de Taoyuan cherche à donner à la région un sentiment d’identité et de caractère pour sa population croissante.

©MVRD
©MVRD

La conception de MVRDV, agence néerlandaise basée à Rotterdam, pour le musée de 29 000 mètres carrés est inspirée du symbole de la fleur de pêche de Taoyuan. Le plan directeur du vaste complexe comprend une série de salles qui contiennent différents aspects du programme global. Le musée, qui se trouve dans la zone rose (ou cerise), comprend une série de bâtiments à échelle humaine. 

©MVRD
©MVRD

Le projet se définit principalement par une programmation répartie au sein d’une configuration spatiale circulaire, une superposition de volumes semblables à des pétales et un jeu de connexions organiques. Ces figures en forme de fleurs se dessinent dans le parc donnant ainsi naissance à des ombres aussi subtiles que délicates. A travers cette expression architecturale et paysagère, MVRDV souhaitait réaffirmer l’héritage culturel et identitaire du lieu grâce à une ré-interprétation des symboles locaux.

©MVRD
©MVRD

Les façades, en aluminium rosé, sont utilisées tout au long du projet pour donner un caractère unique et reconnaissable au site. Pour MVRDV, «le Musée d’art Taoyuan et son paysage environnant deviennent une véritable destination culturelle avec un parc qui transforme la région en une sorte de salle de cerisiers pour la ville» . La compétition a finalement été remportée par Joe Shih architect, Riken Yamamoto et Field shop.

©MVRD
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Outre le résultat de ce concours, cette semaine marque aussi le début de la construction de Lyon Part-Dieu, la proposition primée de MVRDV pour transformer le centre commercial de la ville datant de 1975. Le complexe de 166 000 m2 sera réaménagé en un mélange de centre commercial et de loisirs associé à un nouvel espace public qui intègrera le centre commercial à la ville. Dans le but d’améliorer le complexe original, le design de MVRDV a pour objectif de revitaliser la façade existante en lui donnant une touche contemporaine. En cohérence avec l’identité existante et pour réduire l’empreinte de construction du bâtiment, les panneaux de façade actuels seront redistribués tout au long de la conception afin de mettre en place une entrée distincte, semi-transparente et accueillante. « Lyon Part-Dieu, nous dessinons cette façade avec de grands pixels qui, nous l’espérons, donneront une dimension plus humaine non seulement au centre commercial, mais à l’ensemble du site« , explique Winy Maas, co-fondateur de MVRDV. « En 2020, Lyon Part-Dieu sera à la fois un lieu de vie et de shopping, mais aussi de culture et de détente dans un cadre réinventé. » Les bâtiments resteront ouverts pendant la construction.

 

Aérotropolis d’Oslo, en route vers la ville durable du futur

Haptic et Nordic, deux agences d’architecture norvégiennes, viennent de dévoiler les plans du tout premier aéroport urbain positif au monde. Etendue sur un site de 370 hectares, cette ville durable située à côté de l’aéroport d’Oslo sera entièrement alimentée grâce à un système d’auto-production énergétique et desservie par des véhicules électriques sans conducteur pour devenir ainsi la première ville aéroportuaire positive pour l’énergie.

©Haptic & Nordic

« C’est une occasion unique de concevoir une nouvelle ville à partir de zéro», a déclaré Tomas Stokke, directeur de Haptic Architects . «En utilisant des stratégies d’urbanisme robustes telles que la mobilité piétonne, des densités appropriées, des façades actives et un centre-ville sans voiture, combinées avec les derniers développements technologiques, nous serons en mesure de créer une ville verte et durable du futur. »

©Haptic & Nordic

Aérotropolis : quand un système d’échanges fabrique la ville et dessine le développement urbain de demain.

À une époque bercée par la mondialisation et par un système économique axé sur la vitesse,  les environnements urbains sont de plus en plus étroitement liés aux aéroports. Une réalité à l’origine d’un phénomène architectural qui se répand dans le monde entier : l’aérotropolis . Le concept définit au début des années 2000 par l’universitaire américain John Kasarda, se définit par une vaste région urbaine cosmopolite ouverte sur le monde et qui se développe autour d’un grand aéroport. Selon lui, «les aéroports dessineront le développement urbain et l’implantation des entreprises au 21e siècle comme l’ont fait les autoroutes au 20e, les chemins de fer au 19e et les ports au 18e.» L’aérotropolis fonctionne dans un système concentrique, autour duquel se développent des secteurs industriels, des services hôteliers, des services culturels et scientifiques, et enfin des écoles et des universités.

©Haptic & Nordic

Le cas d’Oslo : un support technologique, vecteur d’innovations et de durabilité

Les deux firmes norvégiennes ont visé plus haut, cherchant à concevoir le premier aerotropolis du monde à énergie positive pour la capitale norvégienne. La nouvelle ville fonctionnera uniquement avec l’énergie renouvelable produite, en vendant l’électricité excédentaire aux villes voisines ou en l’utilisant pour déglacer les avions. Cette Cité du futur n’aura que des véhicules électriques et les architectes ont promis que ses citoyens ne seront jamais à plus de cinq minutes des transports en commun.

©Haptic & Nordic

La technologie verte sera utilisée pour réduire au maximum les émissions de carbone de la ville. Le projet servira de banc d’essai pour les technologies futures, y compris les voitures électriques sans conducteur , l’éclairage automatique, la gestion intelligente des déchets et de la sécurité, et peut-être une flotte d’avions électriques.

« Oslo Airport City servira de catalyseur pour une activité économique de grande valeur en Norvège . Nous nous attendons à ce qu’il crée des emplois hautement qualifiés et à long terme  des produits scientifiques et technologiques. En tant que développeurs urbains axés sur des solutions durables et innovantes, nous pensons que l’avenir du développement d’une ville aéroportuaire en Norvège et à Oslo ne dépend pas de si, mais de quand ! » affirme Thor Thoeneie, directeur général d’Oslo Airport City

©Haptic & Nordic

Plus qu’un terrain de jeu pour une ère technologique, le CAO incorpore des stratégies centrées sur l’humain. Les effectifs de l’aéroport d’Oslo devraient presque doubler, passant de 22 000 à 40 000 d’ici 2050. Avec les travailleurs et leurs familles, le CAO fournira des logements à une communauté de résidents de longue durée ainsi que des visiteurs de courte durée. Au coeur d’un parc public, la ville durable répondra à la passion de la Norvège pour les activités sportives et de loisirs de plein air.

©Haptic & Nordic

La construction de la première étape de la ville devrait débuter à la fin de 2019, les premiers bâtiments devant être achevés en 2022.

©Haptic & Nordic

Le programme OAC a été soutenu par le gouvernement norvégien, qui est en train de passer du pétrole à l’énergie verte. L’aéroport d’Oslo, qui appartient au gouvernement norvégien, prévoit d’exploiter sa propre flotte de véhicules exclusivement électriques d’ici 2025.

OMA : la « Tour » de la Fondation Prada bientôt ouverte au public

La Fondation Prada de Milan a annoncé l’ouverture au public de la « Tour » le 20 avril 2018. 

Inaugurée en 2015 et imaginée par l’agence OMA sous la direction de Rem Koolhaas, la Fondation est devenue en l’espace de ces deux dernières années un haut lieu culturel italien. Le nouveau site, une ancienne distillerie datant des années 1910, est aujourd’hui un complexe architectural composé de sept bâtiments préexistants et trois nouvelles constructions : le Podium, le Cinéma et la Tour. Dernière pièce architecturale du complexe, la Tour abritera la collection permanente de l’institution. Ce nouveau volume s’inscrira comme une nouvelle référence visuelle pour la ville. 

© Fondation Prada

D’une hauteur de 60 mètres, la structure de ciment blanc se dressera sur la skyline milanaise et offrira une vue imprenable sur la ville. Sur les neuf étages de la structure, six seront des espaces consacrés à l’exposition d’œuvres de grande envergure et d’installations issues de la collection Prada, des œuvres du 20e et 21e siècle. Les trois autres étages abriteront des restaurants et des aménagements dédiés aux visiteurs. Au sommet du bâtiment, une terrasse panoramique accueillera un bar.

© Fondation Prada

Chaque étage de la tour est configuré comme un seul espace avec des conditions environnementales spécifiques. La moitié des niveaux se développe sur une base trapézoïdale tandis que les autres évoluent sur un plan rectangulaire. Les façades extérieures sont caractérisées par une succession de surfaces de verre et de béton, exposant l’intérieur à la lumière de tous les angles sauf au Sud où un élément en acier et en béton unit la tour à un dépôt. 

© Fondation Prada

La structure géométrique complexe comprend une variété d’oppositions et de fragments conçus pour ne jamais former une seule image définie. Ceci différencie l’aspect extérieur de la tour selon la perspective de l’observation, incarnant la vision architecturale de la fondation entière. 

© Fondation Prada

« En introduisant de nombreuses variables spatiales, la complexité du projet architectural contribue au développement d’une programmation culturelle ouverte et en constante évolution », affirme Rem Koolhaas. Il ajoute que le projet de la Fondation Prada n’est pas un travail de conservation ni même de création d’une nouvelle architecture. Il s’agit plutôt de la mise en oeuvre de deux dimensions coexistant et se confrontant dans un processus d’interaction continue. Ancien et nouveau, horizontal et vertical, large et étroit, noir et blanc, ouvert et fermé … ces contrastes établissent la variété des oppositions qui décrit la nature de la nouvelle Fondation. En introduisant autant de variables spatiales, la complexité de l’architecture favorisera une programmation ouverte et instable, où l’art et l’architecture bénéficieront des défis de l’autre.

L’architecture se féminise, les inégalités persistent

L’architecture se féminise, les inégalités persistent

A l’occasion de la journée internationale du Droit des Femmes, la Maison de l’Architecture recevra ce Jeudi 8 Mars à 19h00, l’association MéMo, pour un temps d’échanges sur la place et la situation des femmes à l’heure actuelle dans les métiers de l’architecture.

La disparité entre les hommes et les femmes sur le lieu de travail est depuis longtemps une source de préoccupation, à la fois  au sein de la profession d’architecte et au-delà. Au cours de ces dernières années, le débat sur l’égalité des sexes en architecture est devenu peu à peu une réalité non négligeable et beaucoup se demandent pourquoi, au XXIe siècle, notre profession peut être une voie de carrière si difficile pour les femmes. 

Les chiffres le prouvent, depuis les années 1970 la profession d’architecte se féminise de manière manifeste. Le nombre de femmes inscrites à l’Ordre des architectes est passé de 7.5% en 1983 à 27% en 2015. Elles représentent également plus de 55% des diplômé.e.s des Ecoles Nationales Supérieures d’Architecture en 2009, contre 46% en 2000. Pourtant derrière ces chiffres, demeurent des inégalités au sein de la profession. Auto-entrepreneuriat, temps partiel, inégalité de rémunération et d’accès à la commande, sont autant de précarités auxquelles les femmes architectes sont plus souvent confrontées. En 2014, le revenu moyen de celles exerçant en libéral représentait 57% du revenu moyen de leurs confrères.

Atteindre la parité en architecture est essentiel. Au-delà des inégalités professionnelles à combattre et de l’invisibilité des femmes dans la profession (dans les média, les grands prix, l’accès à la commande d’envergure, à la tête des agences,…), il s’agit de transformer la vision de la ville et de générer de nouvelles pratiques pour construire des territoires plus inclusifs, où l’ensemble des modes de vies sera pris en compte. Nos villes devraient pouvoir être construites par et pour tous et toutes.
« Nous savons que les femmes assurent également une grande partie de la diversité des pratiques, essentielle à l’existence d’une architecture de qualité. Agissant bien souvent dans l’ombre, elles conseillent les maîtres d’ouvrage, sensibilisent les plus jeunes, démocratisent l’architecture et sont de véritables atouts au service de nos territoires.» précise Christine Leconte, Présidente de l’Ordre des architectes d’Île-de-France.

Cette rencontre organisée par Mémo et soutenue par l’Ordre régional sera l’occasion de revenir au travers d’une série de vidéos sur la féminisation de la profession et de questionner les enjeux de cette métamorphose sur la construction de nos territoires. Seront aussi exposées des affiches réalisées par des étudiants.es de l’école d’architecture de la Ville & des Territoires de Marne la Vallée, dans le cadre de l’intensif : (DÉ)GENRER UN ESPACE DU « COMMUN », cours coordonné par les enseignantes Fanny Lopez (Mcf Eavt) avec Lucile Biarrotte (Lab’Urba) et le collectif La rage.

 Créée en 2017, l’association MéMo (Mouvement pour l’Equité dans la Maîtrise d’œuvre) lutte contre les discriminations professionnelles observées au sein des métiers de la construction. Cette association regroupe architectes, urbanistes et paysagistes, et a pour objectif d’identifier les inégalités professionnelles, de comprendre leurs mécanismes et de proposer un certain nombre d’actions. La sensibilisation auprès du grand public, au sein de l’enseignement professionnel, auprès des institutions et des pouvoirs publics et privés, doit permettre de rendre visible et de promouvoir le travail des professionnelles pour atteindre l’égalité et permettre ainsi une mutation de nos environnements en territoires inclusifs. 

Lien vers le Facebook de Mémo Collectif Mémo

David Adjaye révèle les plans de la nouvelle cathédrale nationale du Ghana

Après avoir imaginé un musée d’espionnage qui a récemment ouvert ses portes en plein coeur de Manhattan, l’architecte britanno-ghanéen, David Adjaye surprend de nouveau en dévoilant la conception de la future cathédrale nationale du Ghana, à Accra.

Cathédrale nationale du Ghana ©Adjaye Associates

C’est à l’occasion du 61ème anniversaire de l’indépendance du pays, que le président Nana Addo Dankwa Akufo-Addo a présenté au grand jour ce tout nouveau projet qui accueillera notamment un auditorium de 5000 places sous un toit concave spectaculaire. La conception de ce nouveau bâtiment emblématique a été envisagée comme «une incarnation physique de l’unité, de l’harmonie et de la spiritualité», un lieu où les gens de toutes confessions seront les bienvenus pour recueillir et pratiquer leur foi.

Cathédrale nationale du Ghana ©Adjaye Associates

« La cathédrale adressera le chaînon manquant dans l’architecture de notre nation en fournissant une église de but national« , a déclaré le président Akufo-Addo. « Il s’agira d’une maison de culte et de prière interconfessionnelle, et servira aussi de lieu d’événements officiels de nature religieuse, tels que les inaugurations présidentielles, les funérailles nationales et les services d’action de grâces nationaux.« 

Cathédrale nationale du Ghana ©Adjaye Associates

Adjaye Associate signe ici son premier grand projet à Accra. Si auparavant l’agence ne travaillait que sur des projets résidentiels privés dans la région, elle prévoit désormais d’ouvrir son propre bureau sur place afin de répondre à une clientèle qui ne cesse de croître depuis ces dernières années, en plus de ceux déjà présents à Londres et New-York.

Cathédrale nationale du Ghana ©Adjaye Associates

David Adjaye, qui est née en Tanzanie de parents ghanéens, a déjà réalisé une série de bâtiments sur le continent, y compris un centre de traitement du cancer pour enfants au Rwanda et un immeuble d’appartements à Johannesburg .

Cathédrale nationale du Ghana ©Adjaye Associates

La cathédrale nationale du Ghana sera construite à côté du cimetière Osu, près de la place de l’Indépendance et du stade sportif d’Accra, dans un jardin paysager de 5,5 hectares perché sur un socle dramatique et accessible par des escaliers monumentaux aux extrémités Nord-Est et Sud-Ouest.

Cathédrale nationale du Ghana ©Adjaye Associates

« C’est un immense honneur d’avoir eu l’opportunité de contribuer à quelque chose de cette envergure et de l’importer dans mon pays d’origine (…) J’ai cherché à construire un bâtiment qui non seulement comprend son paysage, mais qui soit unique à Accra et à la nation ghanéenne », déclare David Adjaye.

Le concept de ce lieu spirituel repose sur l’idée de mettre un place un bâtiment «où la religion, la démocratie et la tradition locale sont étroitement et symboliquement entrelacées», faisant ainsi référence à la culture ghanéenne.

Cathédrale nationale du Ghana ©Adjaye Associates

À l’intérieur, Adjaye Associates collaborera avec certains des artistes les plus célèbres du Ghana et d’Afrique pour créer des ornements et des meubles sur mesure. La cathédrale contiendra un certain nombre de grandes chapelles, un baptistère, un auditorium de deux étages, une vaste salle centrale, une école de musique, des installations pour les chorales, une galerie d’art, un magasin et plusieurs salles polyvalentes. Le bâtiment abritera également le premier musée biblique et centre de documentation de l’Afrique, qui éduquera les visiteurs sur l’histoire du christianisme et de la construction de la nation au Ghana. Le projet verra également le développement d’une nouvelle route cérémoniale qui reliera la cathédrale à d’autres sites à proximité, y compris la State House d’Accra et la place de l’Indépendance.

Cathédrale nationale du Ghana ©Adjaye Associates

En plus, d’avoir remporté le prix de Design of the Year 2017 avec le Musée national de l’histoire et de la culture afro-américaine à Washington DC, l’architecte britannique n’a pas fini de nous surprendre. Plus d’une demi douzaine de projets aussi remarquables les uns que les autres sont amenés à voir le jour au cours des prochaines années.

 

  • Ruby City pour la Fondation Linda Pace, San Antonio, États-Unis, prévu pour fin 2018. Les façades distinctives du musée d’art contemporain de 2 000 pieds carrés seront constituées de panneaux de béton préfabriqués cramoisis parsemés de granulats de verre.
  • Observatoire Mémorial de l’Extinction de masse (MEMO), île de Portland, Royaume-Uni, prévu pour 2019 Cette spirale de pierre de 30 mètres de haut sera un mémorial pour les espèces éteintes du présent et du futur. Le mémorial abritera une documentation sur les 860 espèces identifiées comme disparues depuis la disparition du dodo au 17ème siècle.
  • Studio Museum, New York, États-Unis, prévu pour 2019
  • Bibliothèque et centre d’événements publics de Winter Park, Orlando, États-Unis, prévus pour 2020
  • 130 William St, New York, États-Unis, prévu pour 2020. Ce gratte-ciel résidentiel de 66 étages, situé dans le quartier financier sera dotée d’un extérieur texturé en béton, conçu pour compléter la matérialité des bâtiments commerciaux en brique historiques environnants.
  • Musée letton d’art contemporain, Riga, Lettonie, 2021. Lauréat d’un concours international de design, le bâtiment aura un paysage de toit angulaire, référençant les maisons traditionnelles en bois de l’architecture baltique domestique.
  • UK Holocaust Memorial, Londres, Royaume-Uni, prévu pour 2021

Architecture acoustique : le Voxman Music Building

LMN Architects imagine une architecture audacieuse aux performances acoustiques sans précédent pour la nouvelle salle de concert d’Iowa City.

Voxman Music Building © Tim Griffith

En juin 2008, après des semaines de pluies incessantes dans l’Iowa, des inondations ont englouti les terres agricoles, les routes et les villes. Le déluge, l’une des pires catastrophes naturelles de l’histoire de l’État, a également submergé des parties du campus de l’Université de l’Iowa à Iowa City, laissant les installations artistiques de l’école noyées dans un lac d’eau brune. Près d’une décennie plus tard, la nouvelle école de musique de l’institution a ouvert ses portes. A présent, le Voxman Music Building est situé entre le campus de l’université et le centre-ville d’Iowa City. En forme de L, le bâtiment de six étages et de 184 000 pieds carrés, établit un véritable lien entre la vie du campus universitaire et le centre-ville d’Iowa City. Conçue par l’agence LMN Architects basée à Seattle en association avec la firme locale Neumann Monson Architects, cette architecture propose des systèmes acoustiques personnalisés, fruit d’une collaboration intensive entre architecte, acousticien et machine.

Voxman Music Building : images techniques © LMN

Le Voxman Music Building vise à célébrer la musique « à chaque tournant », et à fournir un environnement collaboratif et exploratoire qui permet à chacun des espaces d’être utilisé pour des spectacles en étant traité comme un espace de performance. Le bâtiment partage ce sens de la découverte musicale avec les usagers à travers une expression transparente. D’un point de vue conceptuel, la configuration des rues et des espaces ouverts dans ce quartier d’Iowa City s’étend directement aux espaces intérieurs à plusieurs niveaux, elle permet ainsi de cultiver un sentiment de vitalité urbaine verticale et d’offrir à ce bâtiment une place dans le tissu urbain, mais aussi dans la communauté.

Voxman Music Building : images techniques © LMN


Le Voxman Music Building occupe un site important à l’angle des rues Clinton et Burlington, une intersection très fréquentée. Recouvert d’un écran texturé de nageoires grises qui reflètent et captent la lumière du soleil, ce bâtiment en terre cuite est défini par ce jeu dramatique de volume et de lumière. 

Voxman Music Building © Tim Griffith
Voxman Music Building © Tim Griffith
Voxman Music Building © Tim Griffith

Mais ce drame spatial est né de la nécessité de satisfaire les besoins programmatiques complexes de l’école dans les limites de son site relativement compact. En plus d’une salle de concert de 700 places et d’une salle de récital de 200 places, les architectes avaient besoin de 65 salles de pratique, de 58 studios de professeurs, d’une salle d’orgue, d’une salle de livres rares et d’une bibliothèque qui devait être isolée de manière sonore dans des volumes autonomes.

Voxman Music Building © Tim Griffith
Voxman Music Building © Tim Griffith

Par ailleurs, les salles de performance devaient être situées au deuxième étage pour faciliter le transport d’instruments lourds tels que des pianos (le bâtiment en contient 140) et des timbales à travers un seul niveau. 

Voxman Music Building © Tim Griffith

Un coin vitré revigore la façade. Comme une maison de poupée, le bâtiment offre aux passants un aperçu des multiples activités qui se déroulent à l’intérieur. Une expérience urbaine où les visiteurs peuvent ainsi apercevoir, depuis la rue, la salle de récital couleur vermillon, ou encore, les élèves gravissant un escalier en zigzag dans un atrium central imposant. Une manière de mettre en contact le bâtiment avec la ville et ses habitants mais aussi de baigner les espaces intérieurs dans une lumière naturelle quasi permanente.

Voxman Music Building © Tim Griffith
Voxman Music Building © Tim Griffith

Bien que ce mur de 30 pieds de haut entièrement réalisé en verre bardé offre une vue sur la vie de ce centre de spectacle, sa matérialité, quant-à elle, pose certains défis acoustiques. Un problème contrecarré par la mise en place d’un mur écarlate constitué de panneaux acoustiques personnalisés avec des moulages en forme de pierres précieuses pour une absorption sonore optimale. Des composants de façade aux systèmes acoustiques que LMN a travaillés pour optimiser les besoins souvent contradictoires de performance acoustique, de qualité esthétique et de constructibilité.

Voxman Music Building © Tim Griffith
Voxman Music Building © Tim Griffith

Presque tous les espaces sont acoustiquement accordés et accordables, améliorant ainsi la flexibilité pédagogique, renforçant la valeur d’une collaboration fortuite et cultivant des opportunités d’apprentissage actif et en équipe. Chaque espace doit s’adapter à un large éventail de performances, de la voix à la percussion.

Voxman Music Building © Tim Griffith

De nombreuses exigences des espaces de performance de l’installation sont satisfaites par une conception architecturale de haute performance. Pour ce faire, LMN souhaitait adopter une approche rationalisée dans ce nouveau bâtiment notamment pour la salle de concert principale où ils ont mis en place un dispositif  suspendu « theatro-acoustique ». Un système qui allie l’éclairage, le son et l’architecture dans un écran en aluminium. Contrairement aux approches traditionnelles, qui traitent l’acoustique et la structure du bâtiment comme des entités distinctes, le design de LMN réinvente tout le matériel technique comme une seule surface sculpturale qui se verrouille dans la structure globale de la salle. Si le design acoustique standard est une armure, le système de LMN est une feuille particulièrement inventive. Les architectes ont utilisé un modèle paramétrique pour façonner 946 panneaux d’aluminium composite unique en une seule forme avec toutes les bonnes ouvertures pour le logement des haut-parleurs, l’éclairage théâtral et domestique, et même les gicleurs d’incendie. 

Voxman Music Building : images techniques © LMN

«L’intention était de réunir une série de composants nécessaires pour une pièce comme celle-ci», explique Stephen Van Dyck, le directeur de LMN, «dans un système ou un geste unifié  deviendrait l’expression sculpturale principale de la pièce».

Voxman Music Building : images techniques © LMN

Van Dyck ajoute que même s’il ne connaît pas une salle de concert moderne qui englobe ces fonctions dans une seule surface, l’idée n’est pas unique. «Les cathédrales gothiques feraient de même avec leurs plafonds voûtés, unissant le son, la structure et la lumière en un geste cohérent (…) Nous voyons cela comme une approche similaire et intégrée.« 

Voxman Music Building : images techniques © LMN
Voxman Music Building : images techniques © LMN

Malgré cette preuve de concept historique, les architectes ont dû faire fonctionner leur trouvaille et démontrer sa faisabilité. En utilisant leur modèle paramétrique pour générer des données de fabrication, ils ont réalisé des prototypes à grande échelle des composants du système avec le routeur CNC et construit une douzaine de modèles.

« La plus grande victoire de notre prototypage interne prouvait que cela pouvait être fait (…) Le fait de montrer des composants prototypes aux acousticiens, aux constructeurs et aux clients les a convaincus qu’un système aussi complexe et unique pouvait fonctionner. » nous explique Van Dyck.

Voxman Music Building © Tim Griffith
Voxman Music Building © Tim Griffith

Le résultat est une conception de plafond sculpturale et performante qui présente un nouveau modèle de collaboration et de résolution de problèmes entre les disciplines. Une réflexion qui a valu à ce projet de remporter le prix d’excellence 2017 dans la conception éco-énergétique décerné par l’AIA Iowa Chapter et le prix du choix populaire dans la catégorie Architecture + Fabrication des A + Awards en 2013.

L’architecture au service des sans-abris

Alors que le nombre de personnes sans-abri ne cesse d’augmenter chaque année, des architectes aux quatre coins du monde s’intéressent de plus en plus à ce problème afin d’offrir des refuges ingénieux aux plus démunis.

 

Greffe urbaine dans les rues de Londres © James Furzer

Homes for Homeless

C’est le cas de James Furzer. Cet architecte britannique, indigné par le sort réservé aux sans-abris londoniens, a imaginé une solution pour les abriter. Suite à l’augmentation du nombre de personnes dormant dans les rues de la capitale, la municipalité de Londres a parsemé des pics en métal dans les rues de la ville et plus particulièrement devant les vitrines des commerçants pour empêcher les personnes sans domicile de s’y réfugier. Face à ces nouvelles installations, l’architecte a conçu des moyens d’hébergement temporaire. Il s’agit de refuges, prenant la forme de greffes sur les façades des immeubles. Ce dispositif  architectural vient ensuite se fixer à hauteur d’hommes comme des excroissances. Bien que rudimentaires car dépourvues d’eau et d’électricité, ces petites cabanes urbaines rendues accessibles grâce à une échelle repliable, offrent un refuge sécurisé comprenant un matelas et quelques rangements. Néanmoins, le toit vitré de ces micro-architectures pourrait accueillir un panneau solaire pour combler le manque de confort et ainsi chauffer l’installation. Notons que les personnes sans domicile qui en plus d’être exposées à une humiliation sociale quotidienne, seraient ainsi abritées des violences dont elles sont très souvent victimes dans les rues, en plus des éventuels intempéries.

Greffe urbaine dans les rues de Londres © James Furzer

« Les personnes sans-abri sont des personnes aussi. Si mon concept peut encourager un changement d’attitude du public envers les sans-abri, alors le projet sera un succès. » James Furzer

Greffe urbaine dans les rues de Londres © James Furzer

Tiny house

De l’autre côté de l’Atlantique, Gregory Kloehn s’est penché sur la question en créant des petites maisons mobiles confectionnées à partir d’objets recyclés. Cet artiste américain s’est inspiré de la débrouillardise des sans-domiciles et de leur capacité à récupérer des objets pour créer des abris comme moyen de subsistance. Il utilise ainsi tout ce qu’il trouve, la plupart du temps des palettes, des lattes de lit, des portes, des cageots, du contre-plaqué dénichés principalement dans les décharges publiques. Pour construire une cabane il lui faut environ une semaine. Une fois les maisons terminées, il les installe dans la rue pour en faire don à ceux dans le besoin. La mobilité de la construction est importante quand on sait que les sans-abri se déplacent souvent et changent d’endroit régulièrement. Fixée sur des roulettes la cabane peut ainsi être déplacée d’une ville à l’autre.

Petites maisons recyclées © Gregory Kloehn
Petites maisons recyclées © Gregory Kloehn

« Avec la réserve sans fin de déchets et le nombre important de sans-abri, je pense déjà que je vais encore être occupé pour un petit moment. J’ai en tête plusieurs nouveaux designs et j’adorerais fabriquer une ville fonctionnelle à partir de déchets, ou au moins quelques commerces. » Gregory Kloehn

Petites maisons recyclées © Gregory Kloehn

Made

Enfin, au Vietnam, Truong Tuan Duy, architecte et Pham Van Thanh étudiant en architecture se sont associés pour imaginer ensemble un abris à court terme nommé « Made ». Inspirée de l’origami, cette tente mobile offre un endroit où dormir et se reposer. Elle est destinée aux personnes ayant perdu leur logement lors de catastrophes naturelles ou à celles travaillant sur des chantiers de construction. Son système d’assemblage habilement conçu lui permet d’être facilement démontable et transportable dans un sac à dos.

Made © Truong Tuan Duy et Pham Van Thanh
Made © Truong Tuan Duy et Pham Van Thanh
Made © Truong Tuan Duy et Pham Van Thanh

De l’architecture temporaire au relogement

Si la production d’abris temporaires est une nécessité aujourd’hui, elle ne demeure pas moins limitée à long terme. La fondation Architectes de l’urgence suggère ainsi d’abandonner cette réponse pour mettre en oeuvre des propositions répondant au contexte du pays avec des solutions plus adaptées et plus économiques. Pour rappel, les Architectes de l’urgence sont nés suite aux inondations de la Somme en 2001, région dans laquelle près de 2000 familles ont été à l’époque, relogées dans des mobil-home, dans des appartements du parc immobilier et temporairement aussi dans des gymnases et équipements publics. Selon l’organisme, la mise en oeuvre de refuges éphémères décents est un devoir, il n’y a pas de discussion sur ce point. Cependant, le choix de la réponse est possible. Une réponse que la fondation Architectes de l’urgence a déjà mise en pratique grâce à des propositions d’aménagement de bâtiments existants et désaffectés (principalement industriels) pour accueillir des populations vulnérables. En témoigne, un projet de relogement provisoire lancé en 2015 par l’association. Il s’agit d’une expérimentation destinée à réhabiliter et sécuriser un bâtiment délaissé, pour reloger plus de 170 personnes dans la ville de Montreuil en région parisienne. Un franc succès pour ce projet qui a remporté le Grand Prix du Jury des Trophées de la Construction 2017.

Construction en terre : une bibliothèque au Ghana

Depuis Mars 2017, une nouvelle école est en construction et accueillera bientôt les enfants d’Abetenim, un petit village situé dans la région Ashanti au Ghana. Dessinée par les architectes françaises Maude Cannat et Rachel Méau, sa bibliothèque d’une surface de 164m2 a été réalisée à partir de matériaux locaux tels que la terre et le bois.

Une bibliothèque au Ghana ©Eskaapi

Toutes les deux passionnées par la terre, elles ont fondé ensemble l’association Eskaapi. Leur sensibilité commune pour ce matériau, mais également pour l’écologie et le patrimoine, les a poussé à réinsuffler des méthodes de construction d’une pratique ancestrale dans un projet contemporain.

« Il y a quelque chose de séduisant dans l’usage de la terre. Elle est déjà là, elle appartient au lieu, elle habille l’espace naturel par sa couleur, sa souplesse et son grain avant même de voir la naissance d’une architecture. Le plaisir de devoir simplement déplacer et modeler pour voir la construction émerger est irremplaçable. »

Une bibliothèque au Ghana ©Eskaapi

Avec un petit budget de 9000€, il a donc fallu beaucoup d’imagination à cette équipe pour mettre en oeuvre une architecture intelligente et respectueuse de son environnement, tout en économisant les ressources mais aussi en s’adaptant à l’absence d’électricité sur le site. Un projet ingénieux, riche d’échanges et de savoirs-faire, ayant remporté le 1er prix de la 4th earth Architecture Compétition en 2016, un concours lancé par la Fondation Nka. Développée en 2005, la Fondation NKA promeut le développement social par le biais des arts. Ainsi, par les arts visuels, les arts littéraires, l’art du spectacle, le design, les films, l’histoire des arts, la critique et l’enseignement des arts, depuis 2007, la Fondation a rassemblé des équipes pour s’engager auprès d’actions humanitaires locales et mondiales. La Fondation est à l’initiative de différents projets en rapport direct avec l’Art que ce soient des projets proprement artistiques, ou humanitaires ou éducatifs, toujours dans l’objectif de créer en lien entre l’Afrique et le reste du monde.

Une bibliothèque au Ghana ©Eskaapi

Soutenue par la fondation la bibliothèque est avant tout un puits de savoir. Elle unit diverses activités en offrant à tout moment de la journée un temps de pause, le fruit d’une recherche, la dynamique d’un travail de groupe, le calme d’une lecture. Module simple, le bâtiment offre un premier lieu de sérénité et de concentration pour les prémices de l’école secondaire.

Une bibliothèque au Ghana ©Eskaapi

Ses murs réalisés en pisé sont relativement épais et permettent ainsi d’isoler l’espace sans dévoiler ce que cache l’intérieur grâce à d’étroites fenêtres. En pénétrant dans le volume, on découvre dans une ambiance aérée et lumineuse, deux espaces articulés autour d’un patio paysager. L’un, de plain-pied depuis l’entrée est propice au travail et à la recherche, l’autre dans un renfoncement sculpté par des marches en gradins, invite le visiteur à s’asseoir pour une lecture.

Une bibliothèque au Ghana ©Eskaapi

« Le pisé est une technique de construction de murs en terre crue, compacté dans un coffrage (également appelé banches) en couches successives à l’aide d’un pilon. Les banches des murs sont le plus couramment réalisées en bois. Mais il existe également au village des banches métalliques, ayant servi à construire les deux derniers bâtiments en pisé d’Abetenim. L’avantage pour nous d’utiliser ces banches métalliques est le gain de temps : n’ayant pas à les construire, nous économisons cinq jours de travail que nous pouvons consacrer à d’autres tâches. »

Une bibliothèque au Ghana ©Eskaapi

L’inertie des murs en terre apporte une fraîcheur à l’intérieur du bâtiment complétée par la toiture décollée et les fenêtres verticales assurant la ventilation. La bibliothèque et son mobilier ne font qu’une seule et même entité. Les étagères en bois sont directement intégrées dans les murs, l’embrasure évasée des fenêtres fait aussi office d’assise et une longue table de travail longe le mur du patio, prête à accueillir les futurs écoliers.

Une bibliothèque au Ghana ©Eskaapi
Une bibliothèque au Ghana ©Eskaapi

Tout a été minutieusement pensé pour économiser les ressources : la terre excavée pour les fondations est compactée dans les murs à l’aide de banches métalliques, le bois des coffrages est réutilisé pour le plancher, et des matériaux de récupération ont permis de réaliser les portes et toutes les finitions bois de la bibliothèque.

Une bibliothèque au Ghana ©Eskaapi

Les architectes responsables de l’association eskaapi qui encadre le projet ont réuni une équipe d’une trentaine de volontaires internationaux et d’une dizaine d’ouvriers locaux pour travailler ensemble sur le projet. La construction de la bibliothèque était le premier workshop mené au village pour la nouvelle école. Depuis, trois classes supplémentaires réalisées par trois autres équipes internationales ont vu le jour à côté du bâtiment d’eskaapi.

Une bibliothèque au Ghana ©Eskaapi

Véritable travail d’équipe et source d’apprentissage, ce projet est aussi une expérience humaine propice aux échanges où chaque participant a pu apporter ses connaissances.

« Être bénévole international c’est d’abord une rencontre avec l’autre, avec une culture différente, un nouveau pays, une langue inconnue. On apprend et on découvre auprès des populations locales, on échange avec le maçon ou la cuisinière, l’instituteur ou les enfants. C’est aussi la rencontre des bénévoles venant d’autres coins du monde et partageant les mêmes envies et motivations que nous. (…) Ensemble, nous construisons la bibliothèque. Nous cherchons le meilleur mélange de terre, nous réfléchissons aux détails d’assemblage, nous imaginons le mobilier intérieur, nous creusons le sol, nous tassons la terre, nous coupons le bois. L’activité est autant intellectuelle que physique. »

Une bibliothèque au Ghana ©Eskaapi

La fondation Nka vient de retenir une nouvelle proposition destinée à construire une école d’Art et d’Artisanat à Kassi Kunda, dans le district de Kantora en Gambie. Floran Martineau et Marie Gilliard cherchent à développer une architecture durable avec pour but initial de revaloriser la terre crue dans la culture constructive africaine grâce a leur projet A Sheltering RoofSi vous êtes volontaires, enthousiastes et que vous souhaitez vous impliquer dans un projet concret! Etudiants, jeunes diplômés ou bien professionnels en quête de nouvelles expériences constructives et culturelles. N’hésitez pas à contacter l’équipe pour participer à cette nouvelle aventure qui se déroulera du 6 Août au 2 Décembre 2018.

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