Architectures CREE 384

Architectures CREE 384

Hyper Espace

Quel terme n’a pas aujourd’hui son préfixe en hyper- ? Pas le texte, qui est devenu hypertexte depuis plus de 20 ans avec internet. Pas le paysage, qui, par mimétisme, est devenu hyperpaysage — le préfixe omni- est aussi une variante acceptée. Pas les lieux, propulsés au rang d’hyper par le géographe Michel Lussault, se sauvant du néant ou l’anthropologue Marc Augé les avait abandonné. L’hypérification des marchés n’est que partielle. Réalisée depuis des années dans les grandes surfaces, elle ne s’applique pas encore au marché qui régule la vie des hommes de sa main invisible. Son extension à tous les domaines d’activités, architecture et urbanisme compris, mériterait pourtant qu’on lui accole ce suffixe. De même, l’optimisation de la sphère productive par le numérique devrait conduire à qualifier notre société contemporaine d’hyperindustrielle. Avec l’hyper-, le signe d’une intensification du monde obtenue par une pression accrue sur les ressources naturelles, donc bien peu compatible avec le développement durable que nos sociétés entendent mettre en œuvre. Une hyperarchitecture sera-t-elle capable de nous replacer dans un temps long auquel nous n’accédons plus depuis l’accélération du présent, versant temporel des dynamiques d’intensification ? Le philosophe Pierre Caye, que nous avons interviewé dans ces pages, veut le croire. Le moment de projeter des hyperespaces serait-il arrivé ?

Olivier Namias

 

Architectures CREE 384

Acheter votre exemplaire

Architectures CREE 383

Architectures CREE 383

Sentiers, lignes de fuites

La ville de demain n’est pas encore construite qu’elle nous semble déjà familière. Dégoulinante de verdure, elle sera smart, pourra communiquer avec ses voisines, gérera en temps réel des flux hétéroclites : données, eaux usées, circulation automobile, flux de marchandises, déplacements humains… Avec, derrière cet attirail de systèmes régulateurs et de tuyaux, la promesse saint-simonienne d’une ville heureuse, car efficace. Tel est le scénario sur lequel s’accordent les grands acteurs du secteur du bâtiment et de tous ceux qui interviennent de près ou de loin sur la chose urbaine. Le futur est déjà sur ses rails que la population prend la tangente. Elle marche, pour aller voir l’ailleurs, pour reprendre contact avec elle-même, renouer et retisser des liens avec le territoire et ce qui fait sa substance : ses habitants, sa géographie, son architecture, même abîmée. Les sentiers que des écrivains, des artistes où des métropolitains parcourent et tracent affirment le retour du refoulé, demandent la prise en compte des territoires secondaires de l’urbanité, zones périphériques, ville diffuse. En deux mots, le back-office chaotique de la ville moderne dans lequel jamais aucun GAFA ou aucune super-entreprise ne cherchera à remettre un peu d’ordre. Le bazar de ce territoire en fait une zone ouverte à de nouvelles dérives, prélude à la création d’une ville remise sur pied par la marche. Non contentes d’utiliser le moyen de déplacement le plus archaïque, les populations refusent d’être sérieuses, utilisant l’espace public comme une aire de jeux à ciel ouvert. Derrière l’esprit ludique comme derrière la marche, une manière de reprendre la ville, d’opposer aux scénarios ficelés un récit ouvert, joyeux et utopique.

Olivier Namias

Architectures CREE 383

Acheter votre exemplaire

Architectures CREE 382

Architectures CREE 382

A comme Architecte

Qui est vraiment l’Architecte ? Un génie visionnaire et tyrannique, un affairiste en costume blanc, le dernier des artisans ? À défaut d’une réponse, la galerie de portraits exposée à la Cité de l’architecture montre que la profession renvoie une image plurielle, occupant le vaste champs des possibles entre artiste et homme d’affaires. Toujours sommé de se repositionner pour garder sa légitimité, l’architecte se fait caméléon, tel Kenzo Tange, plus ou moins à l’aise dans un uniforme d’académicien des Beaux-Arts paraissant trop grand pour lui.

La photographie, visible dans l’exposition que le Pavillon de l’Arsenal consacre aux architectes japonais à Paris, rappelle que l’architecte est aussi un propagateur d’idée, activant des réseaux qui lui sont propres, important et exportant des concepts que chaque déplacement reformule. Que l’on cherche aujourd’hui à mieux cerner la figure de l’architecte et son rôle n’a rien de fortuit. La conception d’un bâtiment reste une œuvre collective, ouverte de plus en plus précocement à l’ensemble des équipes de maîtrise d’œuvre par les technologies BIM. Se donner un nouveau « rôle social », ainsi que le suggère le Global Award, sera-t-il la seule façon de survivre ? Qu’une profession cherche ainsi à justifier de son utilité n’est jamais très bon signe, et encore moins dans une époque évaluant l’intérêt de chaque chose avec la circonspection d’un cabinet comptable. Risquons une définition moins quantifiable, aux limites du bancal : l’architecte ne serait-il pas celui qui invente un espace remplissant sa fonction, allant au-delà de la seule réponse à une contrainte ? Nous ne savons pas s’il s’habille toujours en noir, mais nous sommes certains que les projets d’intérieur ou les maisons figurant dans ces pages n’auraient pu exister sans l’architecte. Puissent-ils servir de pièces à conviction pour la défense de l’architecture.

Olivier Namias

 

Architectures CREE 382

Acheter votre exemplaire

 

 

Architectures CREE 381

Architectures CREE 381

Le bureau autrement

À en croire la presse généraliste et spécialisée, c’est pour demain : les formes collaboratives du travail 2.0 vont signer la mort de l’immeuble de bureau, mastodonte archaïque qui atteint son crépuscule. L’atmosphère festive des espaces de co-working tient lieu d’utopie du moment, et se substitue aux mégastructures qui ont longtemps hanté les imaginaires architecturaux. De magnifiques édifices incarnent la promesse du travail ludique de demain. Ils détournent et recyclent à l’occasion les structures du travail d’hier, comme pour mieux exorciser la peine et la douleur associées à l’activité depuis la Bible. Croire qu’ils vont devenir la norme reste, au mieux, un fol espoir. Le Google office restera l’apanage des entreprises triomphant dans les IT. L’utopie 2.0, peut se muer en dystopie, ainsi que le rappelle la Biennale Internationale Design de Saint-Etienne, dont la dernière édition avait pour thème Working Promesse, les mutations du travail. Quant aux espaces tertiaires, ils doivent, in fine, trouver asile dans un immeuble. Nous avons choisi de présenter plusieurs exemples tertiaires allant à rebours des « produits » standardisés encombrant ce secteur du marché immobilier. Des immeubles dont l’ambition utopique et révolutionnaire passe inaperçue, car elle se place dans l’utilisation des matériaux, le renouvellement des formes et les relations qu’ils entretiennent avec la ville. Une révolution silencieuse qui n’a pas encore saisi les allées du MIPIM. Nous saluons Didier Fiuza Faustino, qui quitte la rédaction en chef du magazine après en avoir conduit la refonte. À n’en pas douter, nous le recroiserons prochainement dans nos colonnes, au travers d’une de ses futures installations, d’un projet d’architecture ou d’une publication. 

Olivier Namias

 

Architectures CREE 381

Acheter votre exemplaire

 

Architectures CREE 380 

Architectures CREE 380 

En cette époque de profondes mutations politiques, sociales, économiques, où les extrêmes dominent, où les écarts entre riches et pauvres se creusent effrontément, nous sommes amenés à reconsidérer les fondamentaux et à appréhender le monde autrement. Dans ce contexte, l’éducation est une des clés du renouveau d’une société démocratique où l’égalité des chances ne serait pas un mirage. Pour ce faire, il convient de croire dans les jeunes générations qui construiront demain et de leur donner les moyens de réussir en les soutenant. C’est ce que tentent de faire les Albums des Jeunes Architectes & Paysagistes (AJAP) par exemple, dont les lauréats 2016 seront exposés à la Cité de l’Architecture du 1er mars au 9 avril prochain. L’éducation, c’est aussi transmettre des savoirs et des savoirs-faire, des convictions. C’est enfin apprendre à accepter ses erreurs, apprendre du passé imparfait pour nourrir un futur antérieur.

Didier Fiúza Faustino

 

 

Architectures CREE 380

Acheter votre exemplaire

 

Architectures CREE 379

Architectures CREE 379

Architectures CREE 379 - Archicree

Quels lieux pour montrer l’art aujourd’hui ?

Tandis que le Centre Georges Pompidou va fêter ses quarante ans et le Guggenheim de Bilbao ses 20 ans, il semblerait qu’une nouvelle ère, en rupture, s’ouvre pour les lieux de monstration. Preuve en est l’échec cuisant du projet de musée Guggenheim à Helsinki qui vient d’être définitivement abandonné suite au refus des élus locaux de cofinancer cette chimère. Si le musée «classique» prend toujours vie, comme récemment le musée ethnographique à Tartu, ou le MAAT à Lisbonne, leur architecture affirmée n’est plus l’objet premier de l’attraction touristique. Par ailleurs, de par un contexte économique et culturel en mutation, de nouvelles formes apparaissent pour mettre en valeur une création artistique, elle-même multiforme. Dans une logique différente des Pinault ou Arnaud, dont les fondations s’apparentent à des institutions, les collectionneurs privés sortent de l’ombre. Acteurs engagés et émergents du développement de nouvelles configurations, ils font la démonstration que tout est encore possible, loin du marketing culturel de ces dernières décennies.

Didier Fiúza Faustino

 

 

Architectures CREE 379

Acheter votre exemplaire

Architectures CREE 378

Architectures CREE 378

Architectures CREE 378 - ArchicreeEn 1982, le numéro 191 de CREE, du mois de nov/dec, faisait sa couverture avec une image issue de Tron – un film de Steven Lisberger. Un réel choc esthétique et symbolique nous plongea tous, contre toute attente, dans un univers numérique encore lointain mais qui pourtant, allait profondément changer nos vies. Rien de surprenant dès lors que ce film soit encore une référence majeure pour nombre d’architectes, qui ont vu dans cette production inattendue des Studios Disney le signe avant-coureur de nouveaux possibles qui s’offraient à eux. Aujourd’hui, ce retour vers le futur nous donne à réfléchir sur la notion même d’anticipation, à l’heure des avatars et du 3.0. Cette couverture nous rappelle qu’anticiper c’est autant savoir regarder le passé que d’être capable de se projeter dans un monde à inventer.

Didier Fiúza Faustino

 

 

Architectures CREE 378

Acheter votre exemplaire

 

 

Architectures CREE 377

Architectures CREE 377

architectures cree 377Dans ce numéro Habiter, nous avons souhaité mettre l’accent sur une nouvelle génération de maisons remarquables qui dénotent toutes d’une tendance commune. Après l’ostentatoire et le recours au luxe et au précieux, on assiste aujourd’hui à une certaine forme de rigorisme, si ce n’est d’épure, de pair avec l’utilisation de matériaux bruts ou presque. Le bois, le béton, la tôle sont sculptés, façonnés ou déployés pour mettre en oeuvre des abris. Les maisons-représentation d’il y a quelques années font place à des maisons- cocon, voire, des maisons-bunker. Elles sont le lieu d’un repli sur soi, bien que connectées sur le monde. L’occasion également d’un retour aux éléments, plus qu’à la nature à proprement parler. De quoi témoignent ces architectures ? Peut-être de l’envie, si ce n’est le besoin, du simple plaisir d’habiter.. Le souhait de s’isoler et de s’éloigner du regard des autres. Ne plus faire la démonstration de ses capacités, mais profiter d’un lieu pour manger, dormir et contempler. Apprécier le temps, certainement, dans cette époque de vie accélérée.

Didier Fiúza Faustino

 

 

Architectures CREE 377

Acheter votre exemplaire