La Fondation Wilmotte récompense les lauréats du Prix W 2018 pour la réhabilitation du Fort de Villers en une fabrique sportive

Depuis 12 ans, la Fondation Wilmotte favorise la rencontre du patrimoine et de la création contemporaine à travers l’organisation du Prix W. Pour sa huitième édition, les participants, étudiants ou diplômés d’écoles d’architecture européennes ou suisses, étaient invités à redonner vie au Fort de Villiers, dans la petite couronne parisienne, dans le but d’en faire un lieu ouvert, propice à la rencontre et à la promenade, et porteur d’un programme culturel et sportif dans la perspective des Jeux Olympiques de 2024. Les candidats étaient tenus de respecter certaines contraintes pour proposer un projet à la hauteur du site et de ses ambitions futures. Le concours d’idées a séduit pas moins de 132 participants et après examens des 80 projets soumis, le jury a choisi trois projets lauréats et en a mentionné cinq autres. Une exposition se tiendra à la galerie de la Fondation à Venise, dans le cadre de la Biennale internationale d’architecture.

Le contexte

Le Fort de Villiers est situé dans la petite couronne de Paris, sur la commune de Noisy-le-Grand à 1 km au sud de son centre ville. Bordé par l’autoroute A4, son environnement proche est constitué d’équipements municipaux et sportifs, d’un ensemble résidentiel. Erigé sur un terrain de 4 hectares, cet ouvrage a été conçu pour protéger Paris, par le Général Séré de Rivières de 1878 à1880.  Propriété du Ministère de la Défense, il abrite à l’origine un casernement militaire. Du centre d’hébergement au lieu d’accueil des associations sportives, le Fort a connu de multiples usages.

Le programme

Le Fort de Villiers de demain sera résolument tourné vers l’avenir dans toutes ses dimensions. Cette « fabrique sportive » d’une surface pourra accueillir festivals et manifestations éphémères se traduisant comme :

-un lieu de rencontre ouvert au public, support global pour les rencontres, les échanges et les évènements sportifs et culturels.

– un centre dédié à l’innovation, au sport et à la culture. Cette enceinte accueillera activités sportives et culturelles qui inventent, innovent et accompagnent l’émergence de nouveaux usages, de nouveaux projets ainsi qu’une programmation évènementielle liée aux Jeux Olympiques de 2024 contribuant au rayonnement du Grand Paris.

– un poumon vert, révélant le potentiel paysager du site, afin d’en faire un véritable lieu de promenade, de découverte et de détente : parcours sportifs, aires de jeux, agriculture urbaine, jardins familiaux, parc de sculptures, etc.

Les étudiants et jeunes diplômés ont rendu leurs projets le18 avril, le jury s’est réuni le 24 avril 2018 pour élire les gagnants et mentionnés de l’édition 2018 du Prix W.

Les membres du jury et la présidence de la Fondation Wilmotte, de gauche à droite :

Mme Brigitte MARSIGNY, Maire de Noisy-le-Grand, Présidente du jury / Mme Pascale COTTE-MORRETON, Maire Adjointe déléguée au patrimoine / (M. Jean-Michel WILMOTTE, Architecte, Président de la Fondation Wilmotte – hors jury) / Mme Pauline POLGAR, Journaliste – Batiactu / Mme Anne DEMIANS, Architecte / M. Andrea BRUNO, Architecte / Mme Marie-Douce ALBERT, Journaliste – Le Moniteur / M. Julien ROUSSEAU, Architecte / Mme Saadia TAMELIKECHT, AUCE ABF, cheffe du service territorial de l’architecture et du patrimoine de Seine-Saint-Denis / (Mme Borina ANDRIEU, Directrice de la Fondation Wilmotte – hors jury) / M. Patrick COTTE, Président de l’Association de sauvegarde du Fort de Villiers / M. Olivier BROCHET, Architecte

Lauréats :

1er prix : projet «  Casus Belli » – Clément Raimbault, 26 ans, et Enguerran Willaume-Real, 24 ans, tous deux Français et diplômés de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Nancy. Ils seront récompensés par un prix de 7 000 €.

2e prix : projet « E-Fort » – Arnaud Jouanchicot, 27 ans, Français, diplômé de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Toulouse. Il recevra un prix de 5 000 €.

3e prix : Projet « O » – Andrei Ionita, 27 ans, et Ioana Penescu, 27 ans. De nationalité roumaine, ils sont diplômés de l’University of architecture and urbanism Ion Mincu de Bucarest. Ils recevront un prix de 2 000 €.

Mentions :

Projet « Le Fort » – Margaux Bitton, 25 ans, Française, diplômée de l’Ecole spéciale d’architecture de Paris, et Daphné Zanzen, 26 ans, Belge, diplômée de l’Université de Liège.

Projet « Au-delà de la colline » – Emanuele Piersanti, 28 ans, Italien, diplômé de l’Università degli studi Gabriele D’Annunzio, à Pescara, et Romain Alies, 25 ans, Français, diplômé de l’Ecole nationale supérieure d’architecture et de paysage de Bordeaux.

Projet « Double host » – Petar Petricevic, 25 ans, Bosniaque, et Ksenia Chernobrovtseva, 26 ans, Russe, tous deux diplômés de la Hochschule Anhalt – University of applied sciences de Berlin.

Projet « Un fort data ville » – Clément Besnault, 28 ans, et Chloé Coffre, 24 ans, tous deux Français et diplômés de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Paris-La villette.

Projet « La fabrique des champions » – Jeanne Chaley, 25 ans, Française, diplômée de l’Ecole nationale supérieure d’architecture Paris-Val de Seine.

Revoir Paris en Grand – Guide d’architecture de Paris chez DOM

Vue sur La Défense (c) Jean-Philippe Hugron

Quoi de plus banal et indispensable qu’un guide d’architecture? Au fil des pages s’égrène l’inventaire tranquille des trésors construits : l’incontournable icône côtoie l’injustement méconnu à redécouvrir. La proximité du papier rétablit un semblant de justice et de démocratie architecturale. Plus la ville est grande et célèbre, plus l’exercice est difficile. Comment faire son choix dans la masse de bâtiments que renferme un ensemble métropolitain comme Paris? Comment, aussi, éviter de répéter les choix des auteurs s’étant précédemment essayés à l’exercice? Jean-Philippe Hugron, critique et chercheur, avait parfaitement conscience de ces écueils lors de la rédaction de son guide tentant le pari de décrire 120 années de patrimoine architectural parisien en 257 exemples — à peine 2 par an! Une gageure, d’autant que le guide dépasse les limites du Paris intra-muros pour couvrir ce que l’on appelait hier la banlieue, et que l’on nomme désormais « Grand Paris ». À titre de comparaison, le Guide d’architecture Paris 1900-2008 édité par le pavillon de l’Arsenal rassemblait 1200 exemples construits sur la commune de Paris en 110 ans.

C’est à la découverte de ces territoires variés autant que de l’hypercentre que l’ouvrage se propose d’aller, en dosant habilement découvertes et incontournables, en privilégiant les édifices accessibles dans leur localisation ou leur ouverture au public.

Des choix difficiles

Les choix de l’auteur sont clairs « réaliser un guide d’architecture portant sur la période 1900-2016 relève d’un exercice quasi-cleptomane… Bien d’autres ouvrages ont d’ores et déjà compilé, à défaut de quelques récentes actualités, les richesses architecturales de Paris. Toutefois, aucun n’a jusqu’alors présenté Paris et sa banlieue ». C’est à la découverte de ces territoires variés autant que de l’hypercentre que l’ouvrage se propose d’aller, en dosant habilement découvertes et incontournables, en privilégiant les édifices accessibles dans leur localisation ou leur ouverture. Hormis 5 images, toutes les images de grande qualité sont de l’auteur, ce qui mérite d’être signalé. Le guide suit un fil chronologique découpant 120 années en 7 périodes, bornées de préférence par les évènements qui provoquèrent des changements en architectures : 68 et la réforme de l’enseignement, 74 et l’arrivée de Giscard au pouvoir, marquant le rejet de l’architecture moderne et la fin d’une architecture étatique entreprenante… Non sans ironie, le chapitre 1968-1974 appelé « interdit d’interdire » appose le slogan libertaire soixante-huitard sur les préfectures d’île de France, pur produit de ce dirigisme gaulliste qui dénonçait la chienlit estudiantine envahissant les rues en mai 68. La sélection globale présente beaucoup de bâtiments publics, qu’ils soient civils ou religieux. Les églises de l’après-guerre sont bien représentées, à juste titre puisqu’il s’agit d’un patrimoine à la fois méconnu et intéressant. Les OVNI y ont aussi leur place — MAPAD de Nuñez-Yanowsky à Alfortville, conservatoire de Le Goas à Montreuil, MJC (maison des jeunes et de la culture) de Dubrulle à Argenteuil.

MAPAD (maison d’accueil pour personnes âgées dépendantes), Manuel Nuñez-Yanowsky architecte, 1987 (c) Jean-Philippe Hugron

La métropole d’Amélie Poulain ?

Les tours ou IGH figurent aussi en bonne place, reflétant un tropisme de Jean-Philippe Hugron pour la grande hauteur. On aurait aimé un même intérêt pour le logement, qui n’apparaît que sporadiquement dans le guide, et souvent sous ses formes les plus spectaculaires — Nuñez-Yanowsky et Bofill à Marne, Bofill à Cergy. La production de logements, abondante à toutes les époques et aussi ces dernières années, contredisait sans doute trop une grande thèse de l’auteur : Paris deviendrait une ville-musée s’amélipoulinisant pour plaire au touriste. On cherche encore la belle Amélie dans tous les logements de l’Est Parisien construits depuis 1990, entre les opérations ponctuelles des arrondissements chiffrés de 18 à 20 (et éventuellement 10-11-12), ou dans les grands secteurs d’aménagements de la Seine-Rive-Gauche et Batignolles. Et dans les quartiers centraux, en laissant le logement de coté, on se demande ce que la canopée de Halles — pas un petit morceau —, la transformation de la samaritaine et de bien d’autres bâtiments — Gaîté Lyrique, Halle au grain, Poste du Louvre — à encore à voir avec l’héroïne du film de Jeunet.

À vouloir à tout prix rentrer dans le cliché que les touristes appliquent à Paris, on finit par en oublier la particularité : une ville qui se transforme et s’adapte en permanence en gardant son image, et se prépare aujourd’hui tant bien que mal à prendre sa dimension métropolitaine et affronte la mondialisation en jouant sur une des cartes les plus prisées, le patrimoine, cible d’enjeux économiques remarquablement décrits par Luc Boltanski  et Arnaud Esquerre dans l’ouvrage « Enrichissement » (1). On peut ne pas aimer ce tournant, ou trouver certains projets ratés – que dire d’autre de la rénovation de la piscine Molitor, devenus bains de luxe surmontés d’un hôtel ? Mais un guide sur Paris se devrait aussi de restituer l’impact de ses enjeux sur le bâti dans leur complexité plutôt que de reconduire les lieux communs les plus paresseux, surtout à l’aube des transformations olympiques qui attendent la métropole.

_Olivier Namias

  1. Au-delà de l’industrie du tourisme, rappelons que le Grand Paris est le troisième marché mondial de l’immobilier tertiaire, et que sa partie la plus dynamique, le QCA – quartier central des affaire, occupe le centre ouest de la capitale.
Ex-Soufflerie Hispano-Suiza, Bois-Colombe. Vestige du passé industriel de l’Ouest Parisien, le batiment construit en 1937 par les frères Haour a été reconverti en école primaire en 2006 par Patrice Novarina et Alain Béraud (c) Jean-Philippe Hugron

 

Guide d’architecture, Paris

Par Jean-Philippe Hugron

DOM Publishers, Berlin, 2017

312 p., 24,4 x13, 4 cm, 38 €

ISBN 978-3-86922-655-2 (en français)

ISBN 978-3-86922-445-9 (en allemand)

https://dom-publishers.com/

 

Église Notre-Dame-de-la-Paix, Suresnes, Dom Bellot architecte, 1934 (c) Jean-Philippe Hugron

 

Conservatoire de Montreuil, Claude Le Goas architecte, 1977. (c)Jean-Philippe Hugron
Fondation Louis Vuitton, Paris, Frank O. Gehry architecte, 2014 (c) Jean-Philippe Hugron
Les espaces d’Abraxas, Noisy-le-Grand, Ricardo Boffil architecte, 1983 (c) Jean-Philippe Hugron
Long de plus de 600 mètres, les anciens entrepôts Macdonald, au nord de Paris, ont fait l’objet d’un important projet de restructuration impliquant quinze architectes (2015). Ici, de gauche à droite, logements de Brenac&Gonzales et Stéphane Maupin. Architecte de l’entrepot : Marcel Forest, 1970. (c) Jean-Philippe Hugron
Concours Acier 2014

Concours Acier 2014

Bon an, mal an, ConstruirAcier, l’organisme de promotion de la filière acier dans le BTP, poursuit son action pédagogique dans les écoles d’architecture, mais encore celles de design et d’architecture intérieure. Points d’orgue de cette action, des concours sont organisés entre étudiants sur ces deux fronts, avec des candidatures libres ou bien encadrées, voire intégrées à l’enseignement.

Concours Acier 2014
1er prix Architecture: Projet de reconstruction de la gare de Nantes

 

Pour les étudiants en architecture, le thème retenu cette année était la création d’un pôle d’échanges multimodal, sans contrainte de taille ni de type d’opération, implantation neuve ou restructuration d’un site existant. Dans la conception de ces lieux, la définition de l’espace public en termes de flux et d’accessibilité prend le pas sur la conception du bâtiment, ce dernier devant apporter l’ouverture, la fluidité et la lisibilité souhaitées, sans jamais verrouiller le lieu. Un écueil que la construction métallique s’emploie à éviter par son aptitude à libérer l’espace et à le couvrir en captant la lumière au moyen de grandes portées et d’un encombrement structurel réduit.

Le premier prix du Concours Acier 2014 – dont le jury était présidé par l’architecte Odile Decq – revient au projet “Tram on way” (Nicola Barbisan, Victor Martial, Nathalya Yankovska / ENSA Nantes), refondation-reconstruction de l’actuelle gare de Nantes scindée en deux pôles, nord et sud, avec un passage sous les voies pour liaison et desserte des quais. Cette bipolarisation qui occasionne une redondance des services, complique le fonctionnement et brouille l’image de la gare, contribue de surcroît à creuser l’écart entre la ville historique et les quartiers périphériques. Pour y remédier, un nouveau bâtiment voyageurs est érigé en franchissement au-dessus des voies, doublé d’une large chaussée empruntée par le tramway depuis la ligne existante en direction des quartiers excentrés (Malakoff…). Extrudé d’un seul tenant, le bâtiment ouvre sur un long parvis en regard de la ville et avance en porte-à-faux sur la place actuelle, dessinant un pignon signalétique dont le profil varie sur la longueur de l’ouvrage. La fluidité des parcours, la clarification du fonctionnement et la lisibilité urbaine font de ce projet une contribution séduisante à la réflexion engagée sur la gare par la métropole nantaise.

Concours Acier 2014
2ème prix Architecture: Projet de rénovation de la gare de St Denis

Le deuxième prix revient à une autre gare existante au fonctionnement problématique, celle de Saint-Denis marquée par la présence d’un talus ferroviaire à l’approche du canal à franchir. La proposition (Héloïse Guilmin, Romaric Perrot / ENSA Paris-La Villette et Mathilde Florentin / ESTP + ENSAPLV) s’appuie sur une analyse des lieux et des parcours spatio-temporels pour simplifier une situation confuse sans renoncer à la variété des cheminements et à la richesse des situations. Le bâtiment voyageurs existant est étoffé de commerces, de services et d’équipements adossés des deux côtés à la convergence d’un large passage sous le talus. Sur cette esplanade double face, les bâtiments font acte de présence en affirmant leur appartenance au pôle d’échanges par des alignements de portiques métalliques déclinant une identité commune.

Concours Acier 2014
2ème prix Architecture: Projet de rénovation de la gare de St Denis

Troisièmes prix ex æquo, la gare d’Oz à Montpellier (Thibaud Becquer, Hicham Jabiroune, Aurijoy Mitter, Gaël Oudin, Pierre Rachou-Langlatte / ENSA Montpellier) et le centre multimodal “Afflux” de Pompey (Floriane Gradel, Arthur Lanceraux, Kevin Risse / ENSA Nancy) sont des créations originales proposées à l’articulation de la future gare TGV de Montpellier et de la gare TER de Pompey.

Concours Acier 2014
3ème prix ex-aequo: Projet de la gare d’Oz

La gare d’Oz revêt la forme d’une place publique posée au-dessus du sillon ferroviaire et cadrée de programmes immobiliers sur lesquels vient s’ancrer une couverture en verrière dont la nappe tridimentionnelle est générée par les alignements bâtis et la voirie.

Le tramway s’y glisse et différents édicules ponctuent la place, assortis de trémies apportant aux quais la lumière du jour.

Le centre multimodal de Pompey se dresse en lévitation aux abords de la gare et en fond de parking, sa structure en pont réveillant la nostalgie des installations sidérurgiques d’antan, quand la vallée était industrielle.

Concours acier 2014
3ème prix ex-aequo: Projet Centre Multimodal Afflux de Pompey

Le Défi Culture Acier proposé aux étudiants des écoles de design est l’aboutissement d’un programme pédagogique complet (conférences et visites d’atelier), chaque école présentant un projet finaliste. L’accent était mis cette année sur la découpe au laser en partenariat avec l’industriel Oxycentre, lequel s’est engagé à réaliser un prototype du projet lauréat. Ce dernier est un banc public modulaire de 2 à 4 places en tôle ajourée, “Guipure” (Paul Gaudriault, Morgane Wermuth / EFET), dont les dossiers peuvent basculer indépendamment autour d’un axe horizontal commun.

 

Courtesy Construir’Acier