Jørn Oberg Utzon : du Danemark à Sydney.

Pritzker Price 2003, Jørn Oberg Utzon est un architecte danois, né en avril 1918 à Copenhague, et décédé dans la même ville en novembre 2008. Il est à l’origine de la construction du mythique Opéra de Sydney, mais aussi de réalisations de plus petites envergures au Danemark.

 

 

Enfant, le milieu familial dans lequel il grandit favorise son accès à la culture, et il se fait vite remarquer par ses talents en dessin. Comme son père – architecte naval – il se lance dans des études en architecture aux Beaux-Arts de l’Académie Royale de Copenhague. Durant la Seconde Guerre Mondiale, il fuit le conflit et se rend en Suède où il travaille pour l’agence de l’architecte Hakon Ahlberg, mais également pour Alvar Aalto. Il développe ainsi des affinités avec l’univers artistique scandinave. Comme beaucoup d’architectes de son temps, il voyage, et s’inspire de l’architecture du Maroc, de la Chine, du Mexique, des Etats-Unis… Il rencontre en outre Ludwig Mies van der Rohe et Frank Llord Wright. La guerre terminée, il faut penser reconstruction. Il rentre à Copenhague et ouvre son agence. Dans un premier temps, il répond à de nombreux concours publics, en architecture comme en aménagement paysager. A l’heure où les quartiers pavillonnaires abondent autour de la capitale danoise, il conçoit la construction de deux villages : Helsingor et Fredenborg. Par la suite, il réalisera de nombreux lotissements, au Danemark mais aussi en Suède.

 

utzon_fredensborg
Fredensborg

 

L’Opéra de Sydney est la réalisation la plus connue de l’architecte, et sans doute l’un des bâtiments les plus emblématiques de l’architecture du XXe siècle. Inauguré en 1976, le chantier aura duré 16 ans. En béton, Utzon le conçoit comme un élément vivant et sculptural, qui joue avec les reflets de l’eau et les rayons du soleil. Bagsværd Church, près de Copenhague, est une réalisation remarquable de l’architecte, terminée la même année, à son retour d’Australie. La justesse des espaces qui y sont dessinés – et exécutés, montre l’attachement de Jørn Oberg Utzon à un architecture sensible mais fonctionnelle. Rassemblant espaces paroissiaux et lieu de culte, le projet peut paraître abrupte depuis l’extérieur. Mais une fois à l’intérieur, cela est vite oublié. Les courbes qu’il dessine joue avec la lumière. Sa dernière réalisation sera le Utzon Center, à Allborg, au Danemark, qu’il réalise en collaboration avec son fils Kim Utzon. Plus qu’un musée, cet espace culturel, ouvert au public en 2008, tend à être un lieu d’échanges entre jeunes architectes. Son architecture s’inspire du design industriel de la ville.

 

sydney_opera_house_utzon
L’opéra de Sydney
sydney_opera_house_jorn_oberg_utzon_realisations
L’opéra de Sydney
utzon_church_badsvaerd_pays_bas
L’église de Bagsværd, près de Copenhague
utzon_center_jorn_oberg_utzon_réalisations_portrait_architectureè
Utzon Center – Aalborg,, Danemark

Petez Zumthor : pour une architecture sensible !

Peter Zumthor est un architecte suisse, né en avril 1943 à Bâle. Fils d’ébéniste, il entreprend un apprentissage au côté de son père, avant d’étudier à la Schule für Gestaltung, une école d’arts appliqués qui tire sa pédagogie du courant du Bauhaus. Enfin, il part à New York suivre des études en design industriel, au Pratt Insitut. Installé dans les Alpes Suisses, l’architecte se démarque par le peu de projets qu’il réalise, mais dont la justesse surprend toujours !

 

peter_zumthor_architecte_architecture_cree_portrait

 

A son retour en Suisse, il est dans un premier temps responsable de la Conservation des Monuments historiques du canton des Grisons, période durant laquelle il analyse la matérialité et les types de construction de nombreux bâtiments. En 1979, il ouvre sa propre agence. Celle-ci se trouve au fond d’une vallée, dans les Grisons en Suisse. A Haldenstein, il s’installe dans l’atelier d’architecture qu’il se construit en 1985. Au delà de la conception constructive de ses réalisations, il tient tout particulièrement à créer une architecture juste, et à transporter le visiteur dans des atmosphères particulières. Dans ses projets, sensibilité, poésie et humilité sont au rendez-vous.

 

Loin des projecteurs de la scène internationale dont il reste en retrait, il soutient une architecture plus lente. Il aime prendre le temps d’analyser le site, de s’en inspirer pleinement, quitte à faire fuir certains clients. Il veut étudier plusieurs possibilité, notamment avec un travail de maquette très poussé.  Il pose un regard attentif sur l’artisanat et le savoir faire local, qu’il essaie toujours de faire intervenir dans ses réalisations. Il ne réalise que très peu de constructions – une trentaine en quarante ans – , et se tient toujours éloigné des grosses métropoles et des structures XXL qui fleurissent à vue d’oeil.

 

peter_zumthor_chapelle_ste_benedicte_suisse
Chapelle Ste Bénédicte – Sumvitg
Photos : Felipe Camus
peter_zumthor_chapelle_ste_benedicte_suisse_interieur_architecture_grisson
Chapelle Ste Bénédicte – Sumvitg
Photos : Felipe Camus

 

Parmi ses réalisations, on note la construction des Termes de Vals, entre 1986 à 1996, qui lui permet d’être reconnu à une échelle internationale. Avant cela,  il réalisait la Chapelle Ste Bénédicte à Sumvitg, un petit village de 1300 âmes, à plus de 1000 m d’altitude. En 2007, Petez Zumthor fait une exception à ses constructions suisses pour réaliser le Kolumba Museum, à Cologne, Allemagne. Il y met en valeur une ancienne petite chapelle, et les ruines qui l’entourent, tout en construisant des espaces d’expositions. En 2009, il reçoit le Pritzker Price, pour son travail « modeste et sans compromis ». Il est alors fier d’être récompensé, bien que n’ayant jamais reçu de formation spécifique dans le domaine de l’architecture !

 

les_thermes_de_vals_zumthor_architecture_suisse_
Thermes de Vals – Peter Zumthor
© Fernando Guerra | FG+SG
peter_zumthor_kolumba_museum_musee_koln_cologne
Kolumba Museum – Peter Zumthor
© Anders Sune Berg
peter_zumthor_kolumba_museum_musee_koln_cologne_inside
Kolumba Museum – Peter Zumthor
© Anders Sune Berg

 

Frank Lloyd Wright, l’architecte qui conquit l’Amérique

Frank Lloyd Wright est un architecte américain qui compte plus de 500 réalisations à son actif. Né le 8juin 1867 dans le Wisconsin aux États-Unis, il s’éteint en avril 1959, dans l’Arizona, à l’âge de 91 ans. Il est notamment connu pour la Maison sur la Cascade (Fallingwater House) et la réalisation du Musée Solomon R. Guggenheim à New York.

 

portrait_architecture_archicree_architecte_frank_lloyd_wright

Le jeune Frank Lloyd Wright débute sa carrière en tant que dessinateur technique à Chicago. En effet, dans la ville dévastée par l’incendie de 1871, les projets ne manquent pas et de nombreux cabinets d’architecture recrutent de petites mains. Il apprend donc sur le terrain, aux côtés de plusieurs architectes, mais sa collaboration avec Louis Henry Sullivan le marque tout particulièrement. En 1893 et après six an de travail auprès de l’agence Adler and Sullivan, il démissionne pour pouvoir lancer sa propre activité et construire ses propres réalisations.

 

Maison sur la Cascade
Frank Lloyd Wright

 

Il apporte un soin très particulier à intégrer les projets dans leur environnement. Lors d’un voyage au Japon, il est tout particulièrement touché par la culture architecturale nippone. Celle-ci place les habitations au cœur de la Nature. Cette inspiration se traduit dans les travaux de l’architecte, par des horizontales marquées, de grandes ouvertures pour apporter la lumière, malgré une toiture souvent imposante. Né alors le « Style Prairie ». Les matériaux qu’il utilise sont variés : briques et pierre, béton et acier. Il intègre des vitraux en verre inspirés de l’art Déco. Les maisons possèdent généralement des puits de lumière centrales.

 

Il reprendra ce puit central dans la construction du Musée du Guggenheim à New York. Achevé en 1956, ce bâtiment situé sur la 5th Avenue est encore aujourd’hui une des attractions principales de la ville, par les collections d’art moderne qu’il abrite, mais également par l’architecture que Frank Lloyd Wright a développée. La circulation se fait autour de ce puit de lumière centrale, le long d’une rampe qui parcourt toute la hauteur du bâtiment.

 

galerie_musee_frank_lloyd_wright_guggenheim_exterieur_vue_urbaine
Photo : Laurian Ghinitouiu
galerie_musee_frank_lloyd_wright_guggenheim_exterieur
Photo : Laurian Ghinitouiu
galerie_musee_frank_lloyd_wright_guggenheim
Photo : Laurian Ghinitouiu

 

Après des années aux Etats unis, Frank Lloyd Wright s’échappe en Europe, à la recherche d’un nouveau souffle, aussi bien sur le plan personnel que sur le plan professionnel. A son retour outre Atlantique, il peine à trouver du travail. Face à la crise économique, et aux changements sociétaux, Frank Lloyd Wright développe le style « usonian », qui permet aux Américains d’être propriétaires de belles maisons à prix raisonnables, tout en profitant des qualités spatiales que l’architecte met en oeuvre. Il travaille son propre style, de manière hétéroclite. Les formes, les matériaux, les couleurs et les modes de construction, ne sont en aucun cas influencés par les désirs de l’architecte, mais pas le contexte du projet et le désir des clients.

 

Il s’applique également à dessiner le mobilier, les tapis, les vitraux et les luminaires des résidences qu’il construit. Frank Lloyd Wirght termine sa carrière en voyageant, pour présenter l’exposition Frank Lloyd Wright: Sixty Years of Living Architecture à travers le monde, en enseignant et en donnant de nombreuses conférences. Cet homme de 91 ans fut reconnu comme le plus grand architecte américain de l’histoire, par l’Institut des architectes américains. 

Le déconstructivisme et Frank O. Gehry.

Le déconstructivisme et Frank O. Gehry.

L’architecte Américano-canadien Frank Owen Gehry fait partie du cercle des starchitectes du XXIe siècle. Il s’inscrit dans le mouvement déconstructiviste. Architecte contemporain, ses oeuvres singulières sont devenues de véritables attractions touristiques.

 

frank_gehry_architecte_starchitecte_portrait_deconstructivisme_bilbao_archicree

 

Né le 28 février 1929 à Toronto au Canada, le jeune étudiant qu’il est se passionne tout particulièrement pour l’ingénieurie. Il étudie successivement à l’Université de Californie du Sud puis à celle de Los Angeles. Il en sortira diplômé en 1954. Par la suite, il voyage à travers l’Europe, où il découvre une architecture résolument différente que celle dont il a l’habitude en Californie.  En 1962, il ouvre sa propre agence : Frank O. Gehry and Associates Inc, à Los Angeles. Aujourd’hui, il travaille entouré d’architectes expérimentés qui concrétisent les projets dessinés par Frank Gehry lui même.

 

L’effet Bilbao.

Parler de Frank O. Gehry sans évoquer l’effet Bilbao n’aurait pas de sens. La ville catalane de Bilbao, alors en déclin, lui demande de construire un bâtiment capable de relancer son économie. En créant le Guggeinheim Biblao, Frank Gehry redonne à cette ville espagnole un avenir plus prometteur. Ce musée d’art contemporain attire désormais des touristes du monde entier. C’est pour cela que beaucoup d’autres municipalités ont souhaité la création de leur projet bâtiment-icone. Mais l’effet escompté n’est pas toujours à la hauteur de leur attente. Dans son architecture, les voiles de titane du musée sont devenues le symbole de l’architecture de Frank Gehry.

 

Bilbao_frank_gehry
Musée Guggenheim de Bilbao – Frank Gehry

 

L’architecte du déconstructivisme

Le travail de Frank Gehry s’inscrit dans le mouvement du déconstructivisme. Par ses projets, il souhaite donner une nouvelle dynamique, un nouveau souffle dans des villes qu’il considère comme parfois trop froides et rigides. Un mouvement des formes furtif, qui semble non maîtrisé mais qui requiert en réalité une étude et des compétences techniques extrêmement poussées. Les formes des bâtiments surprennent et perturbent notre représentation de l’architecture.

 

Walt_disney_concert_hall_gehry_franck
Walt Disney Concert Hall – Frank Gehry
© Dave Toussaint

 

Parmi ces réalisations les plus reconnues, on peut citer bien évidemment le Guggeinheim de Bilbao, le Walt Disney Concert Hall à Los Angeles, mais aussi le Musée Vitra en Suisse ou encore la Fondation Louis Vuitton à Paris. A Prague, en République Tchèque, il réalise la Dancing House, en s’inspirant d’un couple de danseurs de comédie musicale américaine  Fred Astaire et Ginger Rogers. La liste des projets réalisés par l’agence Frank O. Gehry and Associates Inc est encore longue ! Son travail a été récompensé en 1989 par l’obtention du Pritzker Price.

Jean Nouvel : L’architecture, c’est dehors et dedans

Jean Nouvel : L’architecture, c’est dehors et dedans

Il y a quelques mois, le tant attendu Louvre Abu Dhabi ouvrait ses portes dans les Emirats Arabes Unis. On n’en présente plus l’architecte : Jean Nouvel. Retour sur sa carrière et les valeurs qu’il défend.

Né le 12 août 1945, Jean Nouvel est sans doute l’un des architectes français contemporains dont on se souviendra encore et encore. Il étudie l’architecture à l’Ecole des Beaux-Arts de Bordeaux en 1964, puis rejoint celle de Paris deux ans plus tard. Il en sort diplômé en 1972. Il crée sa première petite agence en 1970, puis enchaîne les collaborations avec différents architectes. Jean Nouvel est un homme de position. Rapidement, il s’oppose à la Charte d’Athènes élaborée par le Corbusier quelques années auparavant, il monte le Syndicat de l’architecture…

le_louvre_abu_dhabi_emirats_arabes_unis_atelier_jean_nouvel_realisation_projet_architecture_architecte
Le Louvre d’Abu Dhabi – Ateliers Jean Nouvel

« Un architecte, c’est quelqu’un qui pétrifie un moment de culture »

En 1987, le Président de la République François Mitterrand lui passe commande d’un bâtiment qui fera décoller sa renommée : l’Institut du monde arabe dans le 5e arrondissement de la capitale. Un véritable tournant dans sa carrière d’architecte, qui lui ouvre les portes de la scène internationale.

Les jeux de lumière et l’utilisation du verre et du métal caractérisent les projets de l’Atelier Nouvel : l’Opéra de Lyon, la Fondation Cartier… Cependant, Jean Nouvel défend l’absence absolue de « Style nouvel ». Pour lui, chaque projet est l’occasion de se lancer des défis. Une approche du projet par le contexte social, culturel et géographique, qui permet de rendre chaque projet unique. Il se donne corps et âme dans ses projets, qu’il appelle affectueusement ses enfants.

jean_nouvel_institut_du_monde_arabe
L’institut du monde arabe – Ateliers Jean Nouvel

Jean Nouvel milite pour que l’architecture reprenne sa place, au cœur de la Cité, notamment en stoppant la systématisation de la construction estampillée « constructeur ». Selon lui, c’est la clé qui permettrait de régler – en partie – la question des banlieues, en instaurant une vigilance sur l’architecture de cette zone tampon, entre la ville et la campagne. Il se positionne également contre l’urbanisme d’urgence et la construction à la va-vite.

En France comme à l’étranger, le travail de Jean Nouvel est à plusieurs reprises récompensé. Il reçoit le Prizker Price en 2008. Dans les projets à venir, l’Atelier livrera bientôt le Musée National du Qatar, les Tours Duo sur la Rive Gauche de Paris ou encore la tour de Verre 53W53 à New York…

L’architecture, c’est dehors et dedans

Pour accompagner la réalisation de gros œuvres de ses projets, Jean Nouvel crée en 1995 « Jean Nouvel Design », un studio de design qui travaille en étroite collaboration avec son agence d’architecture. Il dessine du mobilier, et porte une attention particulière à la justesse des proportions : la « tension ». Rien n’est de trop, rien ne manque.

Patrick Bouchain et l’architecture H.Q.H…

Patrick Bouchain et l’architecture H.Q.H…

H.Q.H : Haute Qualité Humaine.

 

Patrick Bouchain est un architecte, scénographe français. Né le 31 mai 1945 à Paris, il étudie les Beaux-Arts dans la capitale. Il commence sa carrière en tant qu’enseignement. Dans un premier temps il est professeur à l’école Camondo à Paris, puis à l’Ecole des Beaux-arts de Bourges. En 1981, il crée Les Ateliers – École nationale supérieure de création industrielle ( ENSCI ). Cette école encadre tous les champs de la création industrielle et du design de produit. Autant l’espace, la communication, les services ou le design numérique.  Rapidement, il développe un sens critique qui surprend. Il s’intéresse tout particulièrement à la politique, au sens large de sa signification : La cité, les citoyens, le peuple.

 

Patrick_bouchain_portrait_architecture_archicree_participation_citoyenne
©Julie Balagué

 

Il commence à construire alors qu’il a déjà 40 ans, après avoir mûri ses convictions durant des années. Ce temps de réflexion lui a également permis de comprendre les besoins des français, afin de s’investir pleinement dans des projets qui ont du sens. Son attrait pour la pédagogie pendant ses années d’enseignement lui permet d’être à l’écoute des habitants et occupants des lieux qu’il transforme. Patrick Bouchain accorde une part très importante à la participation active des citoyens, et à la défense de l’intérêt général, bien avant ses propres intérêts. Ces valeurs ci sont présentes aussi bien dans ses théories et ses réflexions lors de la phase de conception, mais également au cours des chantiers qu’il supervise. De toute manière, la conception d’un projet signé Patrick Bouchain ne se fait pas sans concertation ! Sa personnalité humble l’emmène loin de la carrure d’une starchitecte. Il se met en retrait afin de livrer des projets où l’humain occupe une part prépondérante.

 

Réunion avec les habitants des logements réhabilités de Roubaix
Photo : Sébastien Jarry

 

En 2016, Patrick Bouchain publie « Pas de toit sans toi », ouvrage dans lequel il explique la manière dont il a géré la participation citoyenne lors de trois chantiers : un à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-calais), un autre à Tourcoing près de Lille et le dernier à Beaumont (Ardèche). Ouvert et favorable aux échanges avec les habitants, il prend le temps d’expliquer ses interventions et le déroulé du projet et du chantier. Il milite pour une architecture engagée, autant sur le plan humain, économique et culturel.

Il est reconnu pour avoir réhabilité de nombreux lieux industriels en espace culturel. C’est le cas de La Condition à Roubaix, ou encore du Magasin de Grenoble. Ses chantiers surprennent par leurs interventions. Il n’est pas rare que les équipes de son agence viennent habiter les lieux quelques semaines, qu’ils installent une architecture temporaire pour accueillir les occupants, ou qu’il organise de grands repas entre ouvriers, architectes et habitants.

 

la_condition_roubaix_réhabilitation_hangar_industriel_espace_culturel_patrick_bouchain
La condition – Roubaix © La condition
The_unborn_museum_magasin_grenoble_patrick_bouchain
Espace muséal – Le magasin, Grenoble
Photo : Blaise Adilon.

 

Le parcours de Patrick Bouchain n’est pas des plus ordinaires. Il se nourrit d’expériences et de fragments de vie, afin de construire une architecture qui répond au plus près aux attentes des occupants. Une humilité qui surprend, mais qui semble parfois nécessaire de rappeler, dans un monde qui court souvent après l’argent et le succès, parfois au détriment des projets architecturaux.

Arc en Rêve oeuvre pour la sensibilisation à l’architecture

Arc en Rêve oeuvre pour la sensibilisation à l’architecture

En 1981, Francine Fort et Michel Jacques créent Arc en rêve, à Bordeaux, un centre culturel dédié à l’architecture, mais aussi au design, au paysage, et à l’urbanisme. Ils avaient bien pris conscience que notre monde évolue à grande vitesse. La croissance démographique ne cesse d’augmenter, la société consomme de plus en plus, autant les biens, les marchandises, que les territoires. Des bouleversements qui impactent sur nos modes de vie, et donc influent sur nos manières d’habiter. Une inquiétude née de tous ces changements. Ils décident alors de créer Arc en rêve.

 

exposition_centre_culturel_architecture_bordeaux_arc_en_reve exposition_centre_culturel_architecture_bordeaux_arc_en_reve exposition_centre_culturel_architecture_bordeaux_arc_en_reve

 

 

Apprendre à aimer l’architecture

Arc en rêve oeuvre pour la sensibilisation à la culture architecturale et à la qualité du cadre de vie. L’équipe du centre organise de nombreux événements : Expositions, conférences et débats, séminaires, activités pour enfants autour d’expérimentations, ou encore des visites guidées de bâtiments, de villes ou de chantiers. Ces actions ludiques, interactives, sont bien évidemment à but pédagogique. Le centre propose également des ateliers pour les scolaires. A l’issue de certains expositions ou conférences, Arc en rêve édite des ouvrages qui sont co-édités par le centre lui même. L’idée est de partager au plus grand nombre ce sur quoi les intellectuels de l’architecture se penchent. Le public doit être acteur et non subir l’architecture qui l’entoure. La culture joue un rôle essentiel et donne une impulsion dynamique pour construire un avenir qui nous sera propre.

 

Pour cela, Arc en rêve s’entoure d’architectes et d’urbanistes, d’ingénieurs, mais aussi d’élus, de promoteurs et de maîtres d’ouvrages, qui permettent aux habitants, petits et grands, de découvrir le monde de l’architecture, de l’urbanisme, du design et du paysage.

 

exposition_centre_culturel_architecture_bordeaux_arc_en_reve exposition_centre_culturel_architecture_bordeaux_arc_en_reve

 

Le centre culturel Arc en rêve s’est installé dès son ouverture dans les locaux réhabilités de l’Entrepôt, qu’il partage avec le Musée d’Art Contemporain de Bordeaux. Ce lieu a été réhabilité par l’agence Valode & Pistre, et permet au public de bénéficier de salles d’expositions et de réunions, d’un auditorium, d’une salle de projection ou encore d’ateliers. Ces infrastructures sont nécessaires pour faire expérimenter l’architecture, faire comprendre la ville et développer la sensibilité du public.

 

La programmation du centre est fournie. Chaque mois, de nombreux événements y prennent part. Dans les dernières actualités, une exposition sur l’architecte Jacques Hondelatte se tient jusqu’au 27 mai 2018. Vous pourrez également assister à une grande conférence organisée le 25 avril 2018, à 18h30. Cette conférence de Dominique Perrault, architecte et urbaniste français, a pour thématique « Groundscape Stories », repris de son ouvrage « Groundscapes: autres topographies », publié en 2016.  Au mois de juin aura lieu une exposition sur les architectes chinois  Wang Shu et Lu Wenyu .

 

Centre Arc en rêve
Adresse : Entrepôt, 7 Rue Ferrere, 33000 Bordeaux
Ouverture : Du mardi au dimanche, de 11h à 18h, jusque 20h le mercredi.
Contact : info[at]arcenreve.com – 05 56 52 78 36

 

Anne Vanrapenbusch

Tadao Andō, la lumière, et le béton…

 

Tadao Andō est un architecte autodidacte japonais, qui fait aujourd’hui partie de ce que l’on appelle les « starchitectes ». Connu mondialement pour ses réalisations en béton, il désigne la lumière comme la matière première de l’architecte. Primé à de nombreuses reprises, son travail de la matérialité et de l’espace est un incontournable du monde de l’architecture !

 

https://development.archicree.com/wp-content/uploads/wpallimport/files/2018/04/Portrait_architecte_tadao_ando_nobuyoshi_araki

 

Un parcours d’autodidacte

Né en 1941 à Osaka au Japon, Tadao Andō grandit aux côtés de sa grand-mère. Durant son enfance, il côtoie régulièrement les petits artisans locaux de son village : verrier, menuisier, ferronnier… C’est là que commence sa formation : il est constamment en contact avec différents matériaux. Il dévore également les livres, à travers lesquels il développe sa sensibilité pour l’architecture et acquiert des connaissances. Il y découvre l’oeuvre de Le Corbusier, qu’il souhaite rencontrer. Malheureusement, il apprend sa mort une fois arrivé en France, après un voyage à travers l’Asie et l’Europe. Il profite tout de même de sa visite européenne pour découvrir son oeuvre architecturale. Comme Le Corbusier, Tadao Andō voyagera beaucoup. Durant 7 ans, il traverse les continents, et analyse ce qu’il voit. Inspiré, il rentre au Japon en 1969, et décide de créer son agence d’architecture. Depuis, il est devenu un architecte mondialement connu et récompensé par de nombreux prix, notamment le Pritzker Price qu’il reçoit en 1995.

 

Le contexte urbain dans lequel il grandit est complexe : les grandes villes japonaises telles qu’Osaka sont des zones de tension, laissant peu de place au silence. C’est pourquoi il dirige son travail d’architecture vers des espaces intérieurs calmes, propices à la sérénité et au repos. Il préfère créer des lieux silencieux.

 

Parmi ses plus grandes réalisations, on retrouve en premier lieu l’église de la lumière, à Ibaraki, au Japon. Réalisée en 1989, la simplicité apparente de l’espace dissimule un travail minutieux et un traitement de la lumière magnifiée. Les matériaux sont laissés bruts, pour mettre en valeur le mur du fond, dans lequel l’architecte dessine deux ouvertures, horizontales et verticales, formant une croix.

 

Tadao_ando_church_of_light_chapelle_de_la_lumière_portrait_lumière_archicree_Nobuyoshi_Araki
Credit photo : Nobuyoshi Araki

 

 

Tadao_ando_maison_koshino_lumière_béton_architecture_cree_portrait
Maison Koshino
Tadao Ando – 1984

 

https://development.archicree.com/wp-content/uploads/wpallimport/files/2018/04/Tadao_ando_architecture_portrait_béton_lumière_ombre_musee_prefectoral_art_hyogo.jpg
Musée Préfectoral d’art d’Hyogo
Tadao Ando – 2002

 

Le béton comme matériau de prédilection

D’autres réalisations de l’architecte japonais sont marquantes par le silence qui s’instaure naturellement dans ces lieux bétonnés. La maison Koshino s’installe dans un terrain en pente, et propose des entrées de lumières remarquables. Les formes qu’utilise Tadao Andō sont simples, et permettent une lecture efficace de l’espace : carré, cercle, rectangle. Le béton est le matériau qu’il préfère, et qu’il manie avec brio ! Il utilise le plus souvent un béton banché, dont les trous de banches sont restés apparents, créant un rythme sur les longues surfaces brutes.

Dernièrement, Tadao Andō travaille sur le projet de la Fondation Pinault à la Bourse du Commerce à Paris, concours qu’il a remporté en 2017. Il s’agira de présenter la collection d’art contemporain de François Pinault, grand collectionneur. Un projet dont l’élément phare est la création d’un cylindre de béton au sein même de l’espace de la rotonde et sa coupole classique. Le projet devrait voir le jour en 2019.

 

Anne Vanrapenbusch

Lacaton & Vassal, l’architecture au service de l’habitat

Lacaton & Vassal, l’architecture au service de l’habitat

Anne Lacaton est née en 1955 en Dordogne et Jean-Philippe Vassal est né en 1954 au Maroc. Ils étudient à l’école d’architecture de Bordeaux et en sortent tous les deux diplômés en 1980. A leur sortie d’école, Anne Lacaton travaille au centre culturel de Bordeaux Arc-en-Rêve, alors que Jean-Philippe Vassal travaille durant cinq ans au Niger, en tant qu’architecte et urbaniste. Après ces expériences personnelles, Anne et Jean-Philippe se retrouvent, travaillent ensemble chez l’architecte bordelais Jacques Hondelatte, où ils apprennent la rigueur, la précision et intelligence d’esprit. Puis, ils décident de s’associer pour créer l’agence Lacaton et Vassal en 1987, à Bordeaux. En 2000, face à l’ampleur que prennent les projets confiés à l’agence, celle-ci déménage à Paris.

 

Transformation_logement_lacaton_et_vassal
Transformation de 530 logements, bâtiments G, H, I, quartier du Grand Parc – Lacaton & Vassal, Druot, Hutin, 2016

 

Face à une architecture-objet et parfois exubérante, l’agence Lacaton et Vassal s’impose à contre-courant et souhaite une architecture simple, et efficace. Mais cela n’est possible uniquement grâce à un travail colossal dans la conception du projet architectural. Dans leurs réalisations, ils mettent tout particulièrement en avant les qualités spatiales du projet au service de l’usager. Les architectes s’imprègnent d’un contexte, d’un site, qu’ils analysent et dans lequel ils puissent leurs idées pour la conception du projet. Ils aiment également s’inspirer de l’architecture du monde, à travers leurs voyages notamment. Pourtant, l’agence répond principalement à des projets dans l’Hexagone. Elle met un point d’honneur à la notion d’habiter, qui est – après le contexte – le point de départ de leur projet. Penser l’espace de l’intérieur vers l’extérieur, pour passer de l’échelle de l’habitat à celle de l’urbain.

 

_maison_bordeaux_Maison Latapie_lacaton_vassal_architecture_cree _maison_bordeaux_Maison Latapie_lacaton_vassal_architecture_cree

 

L’économie du projet au coeur des préoccupations

Parmi leur premiers projets, on compte la Maison Latapie, à Floirac près de Bordeaux. Elle est la seconde réalisation de l’agence qui se tient à un budget très serré, pour un couple et deux enfants. Sur un plan carré simple, deux plateaux organisent l’espace. Les façades sont modulables, du plus ouvert au plus fermé, et un « module » en bois est disposé à l’intérieur. La serre, à l’est, est un espace de vie baigné de lumière dès le matin. L’utilisation de tôles de polycarbonate ondulées, matériau peu coûteux, devient comme une marque de fabrique pour l’agence. C’est cette économie de projet qui fait connaitre l’agence à plus grand échelle. Mais cependant, l’économie financière ne prendra jamais le dessus sur l’espace, loin d’être un espace standardisé.

 

lacaton_vassal_portrait_credit_lacaton_vassal_architecture_cree

 

Lacaton & Vassal, une agence primée

Depuis ces premières réalisations, le succès de l’agence ne s’est pas arrêté. C’est sans doute leur intérêt pour l’habitant, au delà de l’objet architectural, qui séduit. En 1999, Lacaton et Vassal reçoit le Grand Prix national d’architecture jeune talent , puis le Prix « Innovation, Habitat et Développement durable »  de la Ville de Madrid en 2006. En 2008, la ville de Bordeaux lui décerne le prix d’architecture de la ville de Bordeaux. La même année, le ministère de la Culture et de la Communication lui adresse le Grand Prix national de l’architecture. En 2011, le travail de l’agence est récompensée par le Prix de l’Équerre d’argent.

Anne Vanrapenbusch

Junya Ishigami, l’architecte qui libère l’architecture

Junya Ishigami, l’architecte qui libère l’architecture

Du 30 mars 2018 au 10 juin 2018 se tiendra l’exposition « Freeing Architecture » à la fondation Cartier pour l’art contemporain, à Paris. Cette exposition organisée par l’architecte japonais Junya Ishigami est l’occasion de revenir sur son parcours, sa philosophie et ses réalisations.

Né en 1974 à Kanagawa, Junya Ishigami étudie à l’Université des beaux-arts et de musique de Tokyo, d’où il sort diplômé en 2000. Il travaille ensuite pour l’agence d’architecture SANAA (anciennement appelée Kazuyo Seijima&Associates), puis il ouvre sa propre agence en 2004 sous l’appellation « junya.ishigami+associates ». Il travaille aussi bien l’architecture que le design, l’urbanisme et le paysage, alliant ingénierie, technologie, formes et espaces.  En 2010, son travail est récompensé à la Biennale de l’architecture de Venise avec l’obtention du Lion d’Or.

 

junya_ishigami_kanagawa_institute_of_technology_portrait
Portrait de l’architecte

 

L’architecture traditionnelle japonaise est très souvent associée à ce lien fort qu’elle entretien avec son environnement. Junya Ishigami n’échappe pas à la règle et travaille en étroite relation avec la Nature, et tente de flouter les limites entre les espaces intérieurs et extérieurs. L’architecte ne s’enferme pas dans les préjugés de l’architecture, il puise son inspiration dans les paysages, les éléments naturels. Il cherche à créer des espaces fluides, souples. Il prône une vision plus libre de l’architecture. Les continuités spatiales qu’il instaure entre l’intérieur et l’extérieur donnent un caractère fin et empli de délicatesse à ses architectures. Elles s’effacent, laissant place à la nature et au contexte !

Parmi ses réalisations phares, l’Institut de Technologie de Kanagawa est sans doute le plus marquant. Un bâtiment léger, transparent, qui se substitue aux usages des étudiants. Une architecture minimaliste, mais qui demande un grand travail technique en amont. D’un blanc immaculé, les 305 poteaux soutiennent la toiture, et laisse libre court à l’appropriation de l’espace par les usagers. Un dispositif qui laisse également une large place aux vues sur l’extérieur. L’enveloppe en verre donne à lire les espaces depuis l’extérieur.

 

junya_ishigami_kanagawa_institute_of_technology_portrait

 

junya_ishigami_kanagawa_institute_of_technology_portrait

 

junya_ishigami_kanagawa_institute_of_technology_portrait

 

L’exposition « Freeing architecture »

Du 30 mars au 10 juin 2018, il s’empare de la fondation Carier pour l’art contemporain et présente 20 projets, emprunts de poésie. Ses réalisations l’amènent à travailler en Asie et en Europe. Il les présente aussi bien sous forme de vidéos, de dessins ou encore de grandes maquettes, qui évoquent le processus de projet de l’architecte , tout en archivant les étapes de construction.  Ses projets qu’il expose durant ces 3 mois dans le bâtiment de Jean Nouvel reflète ce sentiment d’autonomie face aux règles imposées à l’architecture. C’est d’ailleurs la première fois que la Fondation accueille une exposition consacrée à l’oeuvre d’un architecte. Une première qui correspond bien aux frontières qui volent en éclat, ces mêmes frontières que l’on pose à l’architecture et que l’architecte ne compte pas respecter !

 

 

Anne Vanrapenbusch