Alors que le nombre de personnes sans-abri ne cesse d’augmenter chaque année, des architectes aux quatre coins du monde s’intéressent de plus en plus à ce problème afin d’offrir des refuges ingénieux aux plus démunis.

Homes for Homeless
C’est le cas de James Furzer. Cet architecte britannique, indigné par le sort réservé aux sans-abris londoniens, a imaginé une solution pour les abriter. Suite à l’augmentation du nombre de personnes dormant dans les rues de la capitale, la municipalité de Londres a parsemé des pics en métal dans les rues de la ville et plus particulièrement devant les vitrines des commerçants pour empêcher les personnes sans domicile de s’y réfugier. Face à ces nouvelles installations, l’architecte a conçu des moyens d’hébergement temporaire. Il s’agit de refuges, prenant la forme de greffes sur les façades des immeubles. Ce dispositif architectural vient ensuite se fixer à hauteur d’hommes comme des excroissances. Bien que rudimentaires car dépourvues d’eau et d’électricité, ces petites cabanes urbaines rendues accessibles grâce à une échelle repliable, offrent un refuge sécurisé comprenant un matelas et quelques rangements. Néanmoins, le toit vitré de ces micro-architectures pourrait accueillir un panneau solaire pour combler le manque de confort et ainsi chauffer l’installation. Notons que les personnes sans domicile qui en plus d’être exposées à une humiliation sociale quotidienne, seraient ainsi abritées des violences dont elles sont très souvent victimes dans les rues, en plus des éventuels intempéries.

« Les personnes sans-abri sont des personnes aussi. Si mon concept peut encourager un changement d’attitude du public envers les sans-abri, alors le projet sera un succès. » James Furzer

Tiny house
De l’autre côté de l’Atlantique, Gregory Kloehn s’est penché sur la question en créant des petites maisons mobiles confectionnées à partir d’objets recyclés. Cet artiste américain s’est inspiré de la débrouillardise des sans-domiciles et de leur capacité à récupérer des objets pour créer des abris comme moyen de subsistance. Il utilise ainsi tout ce qu’il trouve, la plupart du temps des palettes, des lattes de lit, des portes, des cageots, du contre-plaqué dénichés principalement dans les décharges publiques. Pour construire une cabane il lui faut environ une semaine. Une fois les maisons terminées, il les installe dans la rue pour en faire don à ceux dans le besoin. La mobilité de la construction est importante quand on sait que les sans-abri se déplacent souvent et changent d’endroit régulièrement. Fixée sur des roulettes la cabane peut ainsi être déplacée d’une ville à l’autre.


« Avec la réserve sans fin de déchets et le nombre important de sans-abri, je pense déjà que je vais encore être occupé pour un petit moment. J’ai en tête plusieurs nouveaux designs et j’adorerais fabriquer une ville fonctionnelle à partir de déchets, ou au moins quelques commerces. » Gregory Kloehn

Made
Enfin, au Vietnam, Truong Tuan Duy, architecte et Pham Van Thanh étudiant en architecture se sont associés pour imaginer ensemble un abris à court terme nommé « Made ». Inspirée de l’origami, cette tente mobile offre un endroit où dormir et se reposer. Elle est destinée aux personnes ayant perdu leur logement lors de catastrophes naturelles ou à celles travaillant sur des chantiers de construction. Son système d’assemblage habilement conçu lui permet d’être facilement démontable et transportable dans un sac à dos.



De l’architecture temporaire au relogement
Si la production d’abris temporaires est une nécessité aujourd’hui, elle ne demeure pas moins limitée à long terme. La fondation Architectes de l’urgence suggère ainsi d’abandonner cette réponse pour mettre en oeuvre des propositions répondant au contexte du pays avec des solutions plus adaptées et plus économiques. Pour rappel, les Architectes de l’urgence sont nés suite aux inondations de la Somme en 2001, région dans laquelle près de 2000 familles ont été à l’époque, relogées dans des mobil-home, dans des appartements du parc immobilier et temporairement aussi dans des gymnases et équipements publics. Selon l’organisme, la mise en oeuvre de refuges éphémères décents est un devoir, il n’y a pas de discussion sur ce point. Cependant, le choix de la réponse est possible. Une réponse que la fondation Architectes de l’urgence a déjà mise en pratique grâce à des propositions d’aménagement de bâtiments existants et désaffectés (principalement industriels) pour accueillir des populations vulnérables. En témoigne, un projet de relogement provisoire lancé en 2015 par l’association. Il s’agit d’une expérimentation destinée à réhabiliter et sécuriser un bâtiment délaissé, pour reloger plus de 170 personnes dans la ville de Montreuil en région parisienne. Un franc succès pour ce projet qui a remporté le Grand Prix du Jury des Trophées de la Construction 2017.