Le Soufflet, un projet à couper le souffle !

Le Soufflet, un projet à couper le souffle !

Imaginé par l’agence québécoise Nature Humaine, le Soufflet est un projet de réhabilitation destiné à moderniser un ancien édifice commercial de la rue Baubien à Montréal. Le programme reste inchangé et les différents usages commerciaux viennent se superposer à l’intérieur des murs. Doté d’une extension caractérisée par une toiture monolithique, le soufflet est un savant mélange entre réinterprétation de l’existant et cadrage de vues.

L’idée conceptuelle de l’agence pour élaborer ce projet était d’accorder une importance particulière au contexte de l’édifice, à savoir le Parc Molson. Il était donc essentiel de pouvoir offrir des vues panoramiques sur ce dernier. La réponse à cette problématique va ainsi devenir le point caractéristique du projet et même lui donner son nom : une série de brises-soleil installée sur le toit inspirés des anciens appareils photo à soufflet.
Cette rétinterprétation contemporaine de la pergolas – matérialisée par une structure noir en acordon – permet d’inscrire le projet dans son environnement  en lui conférant une échelle similaire à celle de ses voisins afin de se positionner dans la continuité du paysage urbain.
Pour plus de profondeur et de matière, un jeu de relief dans l’appareillage des briques de la façade a été mis en place couplé à une série de fenêtres.
A l’intérieur, les bureaux du troisième l’étage s’organisent selon une typologie longitudinale avec en avant la salle de conférence bénéficiant d’une vue sur la terrasse, la réception et les espaces de circulation – naturellement éclairés par des puits de lumière – prennent place au coeur de l’édifice.
Pour évoquer le passé du lieu et le souvenir de son temps, plusieurs lampes d’origine ont été réutilisées contrastant tout en subtilité avec les lignes minimalistes des nouvelles suspensions.
Plaqués de chêne blanc, les rangements des bureaux transpercent les cloisons vitrées, dévoilant ainsi la perception d’une trame régulière depuis le couloir.
Enfin, l’ajout de couleurs vives rehausse les tonalités monochromes de l’ensemble. Le bloc bleu renferme les services, tandis que le rouge vif irradie l’escalier d’issue.
Photographies de Adrien Williams

« La Prossima Fermata » : un glacier devenu design grâce à l’intervention de Studio Wok

Si vous êtes à Milan , dans le quartier de Maggiolina, vous ne pouvez passer à côté de la gelateria historique de Curzio Baraggi : la Prossima Fermata. Ayant fait peau neuve, la nouvelle identité visuelle de ce magasin de crème glacée est le fruit de deux réalités créatives de la région ayant collaboré ensemble : Studio Wok en termes d’architecture et de design, Atto pour le graphisme et la communication.

Dans ce projet la méthode de travail du glacier, le projet architectural et la nouvelle communication de l’image perdent les limites entre l’une et l’autre discipline et se mélangent pour produire un espace cohérent dans toutes ses parties. 

«Aujourd’hui, la glace est achetée parce que c’est un élément d’agrégation, une nourriture complète et, pourquoi pas, un achat impulsif. La clientèle, en évolution, nous amène à changer notre travail vers le maximum de sincérité. Il serait en effet conseillé d’inviter le public à participer à la préparation de la crème glacée, en leur faisant prendre conscience de ce qu’ils mangent « , raconte le propriétaire du lieu. 

Cette gelateria a été conçue comme un véritable laboratoire , mais beaucoup plus esthétique, comme l’expliquent les architectes de Studio Wok :

« D’un point de vue architectural, les points cardinaux de l’intervention étaient au nombre de trois: une piscine bourguignonne, un comptoir monolithique et la réorganisation du groupe de réfrigérateurs. Trois matériaux caractérisent ces opérations: le linoléum, la pierre et le bois. La barre de glace à la forme carrée et monolithique est recouverte de plaques de terrazzo, un matériau noble qui évoque les valeurs authentiques de la tradition. Le groupe de réfrigérateurs existants, qui montrent les fruits frais et de saison, a été inséré dans un cadre en bois afin d’être intégré dans l’espace avec une plus grande fonctionnalité et améliorer son apparence.  » 

En ce qui concerne la partie graphique du projet tout a commencé à partir de l’étude de la communication relative aux parfums proposés , comme l’explique l’agence Atto:

« Les goûts, maintenant, sont racontés à travers un mur de cadres en bois contenant les fiches techniques des différentes glaces ou sorbets.Ce système d’information conduit le client à une consommation plus consciente, en se concentrant non seulement sur les ingrédients mais aussi sur les allergènes et les valeurs nutritionnelles. Le logo, sobre et linéaire, veut se démarquer de l’imagerie typique des glaciers et être reconnaissable. Les lettres deviennent un instrument avec lequel jouer: elles évoquent l’image des cônes empilés les uns sur les autres et indiquent une direction à suivre pour atteindre le «Next Stop». Le logo et la couleur bourgogne, appliqués sur différents consommables tels que des tasses, des sacs et des plateaux, amènent le magasin de crème glacée hors du périmètre du magasin lui-même. »

Design intérieur : Medly, une nouvelle pharmacie 2.0

Des carreaux de ciment graphiques, un bureau en béton pigmenté et une palette mentholée. Voilà ce que Sergio Mannino Studio a imaginé pour l’aménagement intérieur de Medly, une nouvelle pharmacie new-yorkaise proposant un service de prescription en ligne. Un design rétro et original influencé par la culture italienne de l’agence.

Pharmacie Medly © Sergio Mannino Studio
Pharmacie Medly © Sergio Mannino Studio

Dans une ville de plus de 8,5 millions d’habitants, il n’est pas surprenant que le simple fait de visiter une pharmacie soit souvent une expérience impersonnelle. La communauté étant une valeur clé de la pharmacie Medly, SM Studio a veillé au respect de cet objectif en concevant un aménagement intérieur adapté et propice à la création de lien social. En effet, la nature du petit espace signifie que les clients vont se connecter instinctivement entre eux et avec le personnel. Contrairement aux grandes pharmacies qui séparent par inadvertance les gens avec des allées et des rayons souvent imposants et occultants.

Pharmacie Medly © Sergio Mannino Studio
Pharmacie Medly © Sergio Mannino Studio

Marg et Sahaj Patel, les propriétaires du lieu, ont une grande expérience de ce qui rend ces endroits plus chaleureux, plus confortables et plus axés sur la convivialité pour les clients mais aussi pour le personnel. Cette pharmacie qui sort de l’ordinaire se caractérise principalement par une application destinée à offrir aux new-yorkais un moyen plus efficace et plus agréable de commander des médicaments sur ordonnance. En plus du  service de livraison, elle permet aux utilisateurs de recueillir leurs ordonnances commandées en ligne et d’organiser des consultations en personne avec des professionnels.

 

 

Pharmacie Medly © Sergio Mannino Studio
Pharmacie Medly © Sergio Mannino Studio

«Medly a conçu une application complémentaire gratuite qui évite aux clients de devoir quitter la maison lorsqu’ils sont malades, sans parler des heures d’attente pour obtenir des ordonnances», a déclaré Sergio Mannino. « Mais une entreprise en ligne réussie a besoin d’une contrepartie physique et notre conception pour Medly a été créée dans cet esprit.»

Pharmacie Medly © Sergio Mannino Studio
Pharmacie Medly © Sergio Mannino Studio

Le SM studio s’est donc inspiré de l’identité visuelle de Medly pour utiliser une palette de couleurs mentholées dans la salle d’attente de la pharmacie. Les murs peints d’un vert pastel sont associés à des formes colorées arrondies qui correspondent au logo de la marque et à des carreaux de sol en ciment, créés par le designer espagnol Jaime Hayón pour Bisazza.

« Le design est à la fois ludique et élégant, un comptoir en ciment poli sur mesure avec des carreaux géométriques propres dans le cadre d’un schéma de couleur aqua-lumière« , a déclaré SM studio.

Pharmacie Medly © Sergio Mannino Studio
Pharmacie Medly © Sergio Mannino Studio

Le cuir vert foncé et le chrome des assises rendent hommage au concepteur japonais du 20ème siècle Shiro Kuramata. Ces sièges accueillent chacun quatre personnes, deux de chaque côté, et sont disposés de manière à encourager les conversations entre les clients.

Promenades en cœur d’îlot autour de la Fondation Lafayette

Promenades en cœur d’îlot autour de la Fondation Lafayette

Le groupe Galeries Lafayette investit les rez-de-chaussée de son propre patrimoine immobilier. Il déploie ses activités commerciales à l’horizontal, entre le BHV du Marais et la nouvelle Fondation Lafayette Anticipations. Un micro plan directeur coordonné par Citynove et l’agence parisienne DATA.  

 

L’histoire commence en 2012, lorsque le groupe Galeries Lafayette choisit comme signature architecturale l’agence internationale OMA de Rem Koolhaas pour réaliser une fondation dédiée à la production et à la diffusion de l’art dans le Marais (Paris 4e), un projet alors encore à définir. OMA a choisi parmi un large panel la très jeune agence parisienne DATA, tout juste fondée en 2010, pour l’assister. L’acronyme, peut-être, l’un signifiant Office for Metropolitan Architecture, l’autre Department of Advanced Typologies for Architecture. A moins que ce ne soit pour l’acuité projectuelle de cette jeune agence qui s’est illustrée par des réalisations ambitieuses, bien que de taille réduite, comme l’insertion d’une structure cylindrique suspendue dans une petite maison du directeur de l’usine Sudac à Paris Rive Gauche ou la construction d’une déchetterie en briques de verres structurelles sous le périphérique Porte de Pantin.*

*Retrouvez les projets de DATA publiés dans les numéros 382 et 383 d’Architectures CREE

Projet DATA Architectes / Images ArtefactoryLab

Un patrimoine immobilier à investir

Une fois cette équipe constituée, maîtrise d’ouvrage (Citynove, branche immobilière du groupe Galerie Lafayette) et maîtrise d’œuvre, ont établi le projet de la Fondation Lafayette Anticipations, prémices d’une restructuration du patrimoine immobilier du BHV, propriété du groupe Galeries Lafayette depuis 1991. Présent depuis plus de 160 ans face à l’Hôtel de Ville, il a acquis progressivement les bâtiments compris entre la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie au nord et la rue de la Verrerie au sud, la rue du Temple à l’ouest et la rue des Archives à l’est. DATA, après avoir assisté Koolhaas, a été en charge d’un projet plus vaste : le micro plan directeur de la restructuration de cet îlot, reliant la nouvelle fondation, rue du Plâtre, jusqu’au BHV, rue de Rivoli.

Les rez-de-chaussée sous-utilisés, servant de stockage ou autre, constituent un patrimoine qu’il s’agissait d’optimiser. Leurs restructurations furent confiées à différents architectes. Ainsi, la boutique A Rebours, d’une surface de 120 m2, qui vient d’emménager au 46 de la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie, est restructurée par Ciguë. Les façades du 9 au 13 rue des Archives arborent depuis 2015 les encadrements en bronze de Jamie Fobert, le londonien qui entreprend la deuxième phase de son projet, consistant à investir les cours avec des cubes empilés, occupés par les commerces, amenant l’échelle de la ville au cœur des d’îlots domestiques.

Projet DATA Architectes / Images ArtefactoryLab

Restructuration en cœur d’îlot

L’agence DATA, quant à elle, est en charge de la restructuration lourde de 3200 m2 au 37 de la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie, juste en face de la fondation. Le bâtiment, daté des années 1860, occupe l’angle sur 4 niveaux. A l’arrière, subsistait l’ancien restaurant d’entreprise du BHV, sans qualité architecturale. Démoli, il laisse place à un bâtiment vitré en R+2 dont les planchers reposent sur de grandes poutres métalliques de 18 m de portées. La cour, maintenant abritée sous une verrière, devient un atrium en double hauteur que les échafaudages ne laissent pas encore deviner. Les vues transversales de l’atrium jusqu’au passage devenu public se dévoilent à peine. Quant au volume existant, sa structure mixte composée de bois béton et métal au gré des interventions, est préservée au maximum et renforcée, y compris ses sous-sols, qui seront totalement réinvestis. Sur rue, rien ne signalera l’intervention contemporaine, hormis peut-être à rez-de-chaussée les menuiseries aciers posées sur la pierre, définissant des vitrines qui reprendront les rythmes des percements d’origine. L’adresse accueillera le premier Eataly en France, une chaîne de grands magasins spécialisés dans la nourriture italienne, à la fois supermarché, lieu de production, restaurant et centre culturel. Un chantier compliqué, en site occupé par des logements en étages, qui devrait être livré à l’état brut au mois d’avril de cette année. Les preneurs s’installeront ensuite dans les lieux pour une ouverture au public courant 2019.

Projet DATA Architectes / Images ArtefactoryLab

Déploiement horizontal

En réinvestissant ces rez-de-chaussée et ces cours intérieures, ce réaménagement dessine un parcours culturel et commercial nord sud, depuis la fondation Lafayette jusqu’au BHV, complété de passages transversaux entre la rue du Temple et la rue des Archives. Les codes traditionnels des accès publics ou privés se bousculent. Les cours d’échelles domestiques sont rendues accessibles, les passages sont réouverts. Une intervention qui n’est pas sans rappeler celle du village Saint-Paul, à quelques centaines de mètres. Là, l’entité urbaine comprise dans un périmètre bien défini fut elle aussi structurée autour de cours intérieures augmentées de commerces. Les grands magasins se déploieront bientôt à l’horizontal ; s’ils ne retiendront pas captifs leurs visiteurs, qui entreront et sortiront au grès de leur flânerie, ils seront pourtant en proie permanente au désir d’achat, à l’intérieur comme à l’extérieur. Le commerce parisien poursuit sa mutation, engagée ailleurs avec Les Halles, le Bon marché ou la Samaritaine, avec toujours pour pivot le patrimoine historique, bien souvent investi par le haut de gamme._Amélie Luquain

Citizen M La Défense : un hôtel à destination du Millennial

Ils ont pour nom MOB, Okko, Eklo, Yooma, Jo & Joe ou CitizenM,
 et ont en commun de vouloir casser les codes de l’hôtellerie classique pour mieux servir une population particulière : le Millennial, urbain connecté et voyageur. Ils instaurent un style qui gagne à grande vitesse les hôtels mainstream, et s’insinue jusque dans la sphère domestique.

Le « Millennial Hôtel » ou le nouvel âge du Fun Palace, un article d’Olivier Namias a retrouver dans le numéro 384 d’Architectures CREE

CitizenM La Défense est la deuxième adresse grand-parisienne de cette chaîne créée par Kul Rattan Chadha, homme d’affaires d’origine indienne installé aux Pays-Bas depuis 1971 où il a fondé une chaîne de magasin de vêtement. L’établissement met en application son concept de « luxe accessible à tous » à proximité de la Grande Arche et à un jet de pierre de la nouvelle U Arena dessinée par Christian de Portzamparc.
 Les hôtels de CitizenM prennent le parti de réduire la chambre à sa plus simple expression — une cellule dimensionnée sur le module d’un container, petite, mais équipée d’un lit king size, d’un équipement audiovisuel et digital poussé, et d’une douche aux parois de verre sablé bombés, le recours à la préfabrication des éléments permettant de réduire les coûts tout en augmentant la prestation. En compensation, les visiteurs se voient offrir de grandes parties communes foisonnantes de mobilier design
 et œuvre d’art sans crainte de la collision la plus totale. L’autre adresse parisienne de CitizenM occupe une ancienne tour de bureau près de la gare de Lyon. À La Défense, l’agence MAAC a été chargée d’organiser la rencontre 
entre le cahier des charges de l’hôtelier et les exigences des réglementations urbaine. Sa réponse tient en un immeuble aux façades sophistiquées et minimalistes révélant l’unité
 des 175 chambres, logées dans
 un volume posé sur un socle mettant en correspondance les nombreux dénivelés du terrain avec les espaces communs des salles de réunion
 et de restaurant. Le groupe AVAF 
a réalisé la décoration de la façade.

© Richard Powers
© Richard Powers
© Richard Powers

© Gilles Luneau

© Richard Powers

© Gilles Luneau
© Gilles Luneau

 

Programme : Hotel 175 chambres et locaux commerciaux

Lieu : La Défense, Paris, France
Maitrise d’ouvrage : Citizen M. Maitrise d’ouvrage d’exécution : HPM (Hotel Project Managment).
Maitrise d’oeuvre : Studio MAAC – (Cottrell Macary Michelangeli Associated Architects). Architecte d’intérieur : Concrete. Façade : Joseph ingénierie. Artiste façade : AVAF. 
Calendrier :  concours : Aout 2011. Démarrage chantier : novembre 2015. Livraison : juin 2017
Surface : 5 780 M2
Le come-back de Cacharel signé Jean Nouvel

Le come-back de Cacharel signé Jean Nouvel

Après une longue absence, la griffe Cacharel ouvre une boutique mono marque dans le quartier parisien de Saint-Germain-des-Prés (Paris 6e), un écrin signé les ateliers Jean Nouvel Design.

jean nouvel cacharel saint germain des près

Rien d’étonnant à ce que Jean Bousquet, président fondateur de la marque Cacharel en 1958, ait fait appel à Jean Nouvel, pour travailler sur son nouveau flagship. En effet, pour les deux Jean, c’est une collaboration de longe date qui a commencé à Nîmes, lorsque Mr Bousquet en était le Maire, de 1983 à 1995. A cette époque, on se souvient tous du Némausus (1986), le gigantesque ensemble d’immeubles-bateaux, renouveau dans le logement à loyer modéré. Un maire amoureux de la mode, mais aussi de l’architecture et du design, dont on se rappelle avant toutes choses pour ses réalisations urbaines majeures.

jean nouvel cacharel saint germain des près

Aujourd’hui, à l’âge de 83 ans, il fait à nouveau appel à Jean Nouvel pour redorer le blason de Cacharel. Marque mythique, prenant le nom d’un oiseau de Camargue, elle a su s’introduire dans toutes les vitrines du monde, depuis le fameux boom du chemisier crépon, suivi des motifs Liberty. Actuellement, elle est représentée dans les grands magasins tels que les Galeries Lafayette ou le Printemps, mais aussi dans plus de 200 point de vente à l’international. Cependant, pour Jean Bousquet, il était urgent de retrouver les centres-villes : « C’est une politique globale de la société de retrouver le centre-ville. Ce sont des cœurs de ville qui se sont vidés avec le temps pour favoriser les extérieurs. Où est le confort de la consommatrice de devoir faire la queue pendant des heures dans les embouteillages avant de se rendre dans les boutiques. L’attractivité des centres-villes offre une qualité de service inégalée » dit-il dans les lignes d’Objectif Gard.

jean nouvel cacharel saint germain des près

Ainsi, la première boutique mono marque depuis 2008 a ouvert au public lundi 11 juillet 2016, un espace de 140 m² sur deux niveaux, à l’angle du boulevard Saint Germain et de la rue de Buci, dans lequel Jean Nouvel Design propose un aménagement graphique. Dès l’extérieur, le regard est attiré par le motif romantique orangé, inspiré des peintures impressionnistes. Au rez-de-chaussée, celui-ci court le long d’une toile tendue rétroéclairée de 13m, accompagnant le visiteur jusqu’à la cabine d’essayage, entièrement habillée de miroir et mettant à disposition un écran selfie. Si miroir il y a, on notera surtout celui qui accompagne l’escalier de bois déstructuré sur toute la hauteur, dans un mouvement ascensionnel. A l’étage, le motif impressionniste digne d’un soleil couchant se retourne en plafond, habillant les lightbox qui s’en détachent. Un plafond qui magnifie aussi le jeu des lignes déstructurées, avec différentes fuyantes soulignées par les éclairages. Au sol, de grandes dalles de 60×60 cm en chêne naturel rythment l’espace ; le matériau étant souhaité par Jean Bousquet, précise Léo Chapuis, coordinateur de projet chez Jean Nouvel Design. Volumes monolithiques de bois, les meubles de rangements et présentoirs, créés sur-mesure, s’inscrivent dans la géométrie du sol, telle une extrusion de celui-ci. Les portants, quant à eux, intègrent un dispositif d’éclairage constitué de deux barrettes orientables, l’une vers les vêtements, l’autre vers le plafond, de quoi diffuser une lumière chatoyante en toute saison, en plus de celle des niches vitrées existantes – façades et menuiseries étant classées.

jean nouvel cacharel saint germain des près

Le concept, bien que graphique, laisse place à la collection de prêt-à-porter. Au final sept magasins devraient ouvrir en 2016, notamment à Lille, Marseille, Strasbourg, Nîmes… Ce qui devrait arriver très rapidement puisque le chantier de celle de Saint-Germain-des-Prés n’a duré que 2 mois.

Amélie Luquain

Fiche technique
Lieu : Paris 6e, 40 Rue de Buci. 
Maître d’ouvrage : Cacharel. Maîtrise d’œuvre : Jean Nouvel Design. Superficie : 140m². Travaux : 5 semaines. Ouverture : 11 juillet 2016. 

Matériaux : Sol : chêne de fil clair en plaque de 60x60cmPlafonds : papier imprimé avec motif graphique et surfaces lumineuses avec bâche rétroéclairéeMur : mur lumineux de 12,5m de long sur 6,3 m de haut dans l’escalier avec bâche imprimée graphique. Meubles : en chêne de fil clair identique au sol.

 

Photos : Philippe Ruault

Inauguration de la Canopée et du Forum des Halles

Projet Halles

Flânerie sous un nouveau parapluie

La Canopée et le Forum des Halles, lancés en 2002 par la ville de Paris et dont le chantier a débuté il y a plus de cinq ans, ont été inaugurés mardi 5 avril 2016.

Canopée Entrée Lescot

Histoire compliquée, projet décrié

Ce projet très décrié, qui a subi bien des aléas et une histoire compliquée est, sommes toutes, une nouvelle révolution pour le Ventre de Paris. En effet, si l’histoire du marché des Halles commence en 1137, elle est notamment marquée par les douze pavillons de métal et de verre de Victor Baltard construits à partir de 1852. En 1963, le marché saturé est transféré vers Rungis et La Villette. Le Forum des Halles, tel qu’on l’a connu ces dernières années, a lui été inauguré en 1979, mais rapidement mal-aimé, il ne tiendra qu’une trentaine d’année. Arrive alors le concours d’urbanisme de 2004, où se sont affrontés Rem Koolhaas, Winy Maas, Jean Nouvel et David Mangin, ce dernier étant lauréat et à l’initiative d’un toit pour le trou des Halles. Par ailleurs, le projet a été le fruit d’une large polémique en vue de l’augmentation du coût des travaux, passé pour l’ensemble du chantier de 250 millions d’euros en 2006 à 918 millions en 2016, dont 216 millions pour la seule canopée, selon Le Monde – les chiffres étant toujours aussi difficile à trouver, pour ce projet piloté par quatre maîtres d’ouvrages.

forum canopée halles

Porte de Paris

Cependant, les Halles, qui abritent commerces et équipements, ainsi que le plus grand pôle d’échange d’Europe, constituent la porte principale de Paris. 750 000 personnes traversent chaque jour la gare ou, pour 150 000 d’entre eux, les boutiques du Forum. Pour la ville de Paris, il était indispensable d’ouvrir cet espace renfermé sur lui-même pour redorer le centre de la capitale.

« La Canopée et le Forum des Halles modernisé offrent un nouveau visage aux Halles et à leur quartier, véritable cœur battant de Paris, mais aussi de toute la métropole. Fruits d’une architecture gracieuse permise et soutenue par une incroyable prouesse technique, ils incarnent notre volonté de faire d’un lieu de passage un lieu de vie. » nous dit Anne Hidalgo, maire de Paris.

Canopée niveau 0

Et si le cœur battait son plein ?

Cette lourde tache a été confiée à Patrick Berger et Jacques Anziutti en 2007, qui font de la Canopée le signe distinctif du renouveau des Halles. Ainsi, cette immense structure de 2,5 ha, s’étendant sur 140m de long et 80m de large et culminant a 14m au-dessus du sol, cherche a faire apparaître au grand jour la ville souterraine. Ses 18 000 écailles de verre et d’acier, quasiment chacune unique, sont comparables à une immense feuille ondoyant à la hauteur de la cime des arbres, surplombant la nouvelle Agora. Pour magnifier ce lieu de rassemblement, est dégagée une perspective Est / Ouest allant de la rue Pierre Lescot à la Bourse du Commerce, en passant par un jardin de 4 ha à venir d’ici 2018. Les entrées, elles, sont démultipliées, avec 8 entrées directes et 5 entrées pour les transports. C’est aussi 7 niveaux qui sont abrités sous les ailes, soit 28m au-dessus et de même en-dessous*.

Halles_canopée

Malgré la lenteur et la complexité de ce chantier hors norme, la Canopée installe un Paris contemporain, ouvrant la voie à la Samaritaine, preuve qu’à Paris il ne se passe pas rien.

Décrié lors du concours et de sa conception, le projet commence sa vie réelle ce 5 avril. Déambuler sous ce nouveau parapluie, revisitant ceux de Baltard, ne semble pas si désagréable. Seul le temps nous dira si les gens se l’approprieront et peut être un jour se l’offriront-ils à la boutique Lego, attenante à la Canopée !

Amélie Luquain

 

*- 2 étages d’équipements culturels comprenant conservatoire (2600m2), centre culturel Hip Hop (1400m2), médiathèque (1050m2), et centre des pratiques artistiques amateurs (5 grandes salles de répétitions)

– 18 nouvelles enseignes au rez-de-chaussée

– 4 niveaux du centre commercial en contrebas

 

Maître d’ouvrage Ville de Paris, SemParisienne ; STIF ; RATP ; Scoiété Civile du Forum des Halles de Paris. Maître d’œuvre Patrick Berger et Jacques Anziutti. BET Ingerop, Arcora. Transformateur verre Atelier Emmanuel Barrois.

 

Courtesy Patrick Berger et Jacques Anziutti

 

Les Piaules, l’auberge de jeunesse design signée Kristian Gavoille

Les Piaules, l’auberge de jeunesse design signée Kristian Gavoille

Nichée dans un immeuble Art Déco du quartier de Belleville (Paris 11e), à l’angle de la rue de la Fontaine-au-Roi et du boulevard de Belleville, cette auberge de jeunesse nouvelle génération créée par trois trentenaires, propose un design soigné, conçu par l’architecte et designer Kristian Gavoille – et des prix abordables.

Chambre double, Les Piaules
Chambre double, Les Piaules

Le lit dans une chambre de huit est à partir de 20 euros et les sept chambres doubles à partir de 100 euros. Ces dernières et toutes les chambres donnant sur le rooftop (avec vue sur le Sacré Coeur, Notre Dame et la Tour Eiffel) disposent d’une salle de bain individuelle.

La vue depuis le rooftop. Les Piaules
La vue depuis le rooftop. Les Piaules

Les chambres de quatre, six et huit lits sont équipées de “Plumards”, “le lit superposé du futur, qui répond à tous les problèmes du voyageur”. Chacun bénéficie d’une prise, d’une lampe, de rideaux et d’un matelas “made in France”. Les rangements se ferment à clé et sont munis d’une prise pour pouvoir recharger son ordinateur ou son téléphone pendant son absence.

Une chambre de huit "Plumards". Les Piaules
Une chambre de huit « Plumards ». Les Piaules

L’hôtel fournit les couettes, draps et oreillers, mais il faut tout de même apporter ses serviettes et son gel douche.

Salle de bain. Les Piaules
Salle de bain. Les Piaules

Les voyageurs ne disposent pas de cuisine, mais un chaleureux bar, doté d’un comptoir de 14 mètres de long en chêne massif, propose une sélection de produits locaux : bières Bapbap, Deck & Donohue, Demory, café de la Brûlerie de Belleville, pâtisseries de chez Rachel, planche de charcuterie, vin français…

Le Bar des Piaules
Le Bar des Piaules

Les Piaules donnent accès au wifi gratuit, à des jeux (punching-ball, babyfoot), à un coin lecture aménagé à côté d’un poêle et de son stock de bûches. Des soirées raclette, stand-up, DJ set, sont régulièrement organisées. Et le bar est ouvert à tous, même aux non-clients.

Le bar et le coin lecture. Les Piaules
Le bar et le coin lecture. Les Piaules
Le rooftop. Les Piaules
Le rooftop. Les Piaules
L'auberge de jeunesse Les Piaules
L’auberge de jeunesse Les Piaules

59 Boulevard de Belleville, 75011 Paris
www.lespiaules.com

Astrid Avédissian

Réouverture du Café de l’Homme

Le Café de l’Homme

Tables avec vue

Installé au cœur de l’un des lieux mythiques de la Capitale, le Palais de Chaillot, le Café de l’Homme qui tire son nom du musée éponyme, a rouvert ses portes fin 2015, après une éclipse de 5 ans. De cet emplacement exceptionnel chargé d’histoire, le tandem d’architectes d’intérieur Gilles & Boissier a su réécrire une nouvelle page de l’art de vivre à la française.

vue terrasse café de l'homme

Une longue histoire

Si le Palais de Chaillot évoque avant tout les grandes heures des Arts Décoratifs, l’histoire a commencé en 1583 sous Catherine de Médicis par une maison de Plaisance bâtie sur ce qui s’appelait la colline de Chaillot, jouissant d’un point de vue remarquable sur la Seine en contrebas.café de l'homme La topographie du lieu inspira moult projets, pour la plupart jamais édifiés. En 1824, le projet de « villa Trocadéro » autour d’une place semi circulaire fut avancé par Antoine-Marie Peyre, faisant référence au nom du fort de la ville de Cadix que les Français avaient repris pour rétablir le roi d’Espagne en 1823. En 1826, lors d’une reconstitution historique de cette bataille, la colline de Chaillot symbolisa… le fort du Trocadéro reconquis.

Servant de panorama pour l’exposition universelle de 1867 qui se tenait sur la rive gauche, la place située en haut de la colline de Chaillot est alors terrassée, nivelée puis reliée au pont d’Iéna par un escalier en granit. En 1878, le Palais du Trocadéro (architectes Gabriel Davioud et Jules Bourdais) est édifié pour l’exposition universelle sur un plan mauresque et néo byzantin.

N’ayant pas vocation à durer, il subsistera néanmoins jusqu’en 1937; détruit, il est remplacé par le Palais de Chaillot conçu par les architectes et prix de Rome Léon Azéma, Jacques Carlu et Louis Hyppolyte Boileau, pour l’Exposition universelle de 1937café de l'homme
qui voulait promouvoir l’esprit de paix. Ils en conservent le plan initial avec ses ailes en demi-cercles.

Pas moins de 40 sculpteurs, 20 peintres et ferronniers travaillent sur le
bâtiment désormais incontournable de la Capitale. Paul Valéry créa la police de caractère de la devise qui coiffe le fronton : « Il dépend de celui qui passe – Que je sois tombe ou trésor – Que je parle ou me taise – Ceci ne tient qu’à toi – Ami n’entre pas sans désir.”

En 1940, les lieux abritent l’un des premiers réseaux de la résistance connu sous le nom de réseau du Musée de L’homme et, en 1948 c’est là qu’est signée la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme par l’assemblée générale des Nations Unies. Le bâtiment abrite aujourd’hui le Musée de l’Homme, le musée de la Marine, la Cité de l’Architecture et du Patrimoine et le Théâtre national de Chaillot.

 

Dédié à l’art de vivre à la française

café de l'hommeInstallé en 2004 dans l’aile Passy, le Café de l’Homme dévoile ses nouveaux atours en un vibrant hommage à l’Art Déco, alliant minéral et végétal, magistralement interprété par les meilleurs artisans du patrimoine français. Le mobilier intérieur, créé sur mesure et en exclusivité, mêlant marbre et frêne, fait écho aux boiseries de cèdre sablé brossé et aux moucharabiehs de marbre. Le volume de quelque 6,50 m de haut prend vie sous un éclairage réalisé de main de maître par Gilles Guilhot.

Une mezzanine surplombant la salle accueille une quinzaine de personnes dans un esprit de convivialité élégante. Quelle que soit la saison, la terrasse de 300 m² dévoile au visiteur une vue époustouflante sur la Tour Eiffel, le Champ de mars et les jardins, à l’abri des regards, confortablement installé sur des banquettes de châtaignier ou des fauteuils en rotin dessinés sur mesure.
Ce cadre unique de 200 m² peut accompagner toutes sortes d’événement et accueille jusqu’à 125 personnes lors d’une privatisation complète.

Le Café de l’Homme propose une carte de brasserie contemporaine alliant tradition et inspiration du Monde, emmenée par le Chef Mickaël Foubert et une brigade d’une soixantaine de personnes. Quant à la cave, baptisée l’Incunable, elle recèle une sélection de 3000 références et peut être ouverte sur demande pour vivre une expérience inoubliable.

 

Une histoire de passion

À l’origine de cette belle aventure Coco Couperie-Eiffel et Christophe Bonnat, ont uni leur expérience, l’une de la restauration et l’autre de l’hôtellerie, au service du Café de l’Homme. Ils ont mis en commun leur passion pour les savoir-faire et le patrimoine qu’il soit culturel,culinaire ou viticole, et ont su constituer une équipe de passionnés partageant ces mêmes valeurs. Un pari osé et réussi qui porte haut les couleurs de nos traditions dans ce qu’elles ont de meilleur.

http://www.cafedelhomme.com/

café de l'homme

 

 

 

Restaurant design… dans une prison italienne

Restaurant design… dans une prison italienne

La prison de Milan Bollate a adopté une politique carcérale qui vise à la réhabilitation des détenus. Elle vient d’ouvrir en son sein un restaurant ouvert au public. InGalera (en prison, en italien) a été pensé comme un pont tendu entre l’intérieur et l’extérieur.

Le restaurant de la prison de Milan Bollate, photo Andrea Guermani
Le restaurant de la prison de Milan Bollate, photo Andrea Guermani

L’équipe est exclusivement composée de détenus, à l’exception du chef et du maître d’hôtel. Le directeur de la prison, Massimo Parisi, souhaite que le restaurant permette aux prisonniers de reprendre contact avec la société.

InGalera, le restaurant de la prison de Milan Bollate, photo Andrea Guermani
InGalera, le restaurant de la prison de Milan Bollate, photo Andrea Guermani

Conçu dans des teintes pastel par l’architecte Augusta Comi, l’espace, moderne, élégant et lumineux, rompt totalement avec le décor carcéral classique, dont certains restaurants « traditionnels » jouent au contraire pour attirer une clientèle en quête d’exotisme.

InGalera, le restaurant de la prison de Milan Bollate, photo Andrea Guermani
InGalera, le restaurant de la prison de Milan Bollate, photo Andrea Guermani

Le mobilier provient de chez Pedrali : sièges « Volt » blancs dessinés par Claudio Dondoli et Marco Pocci, et tables « Inox » à plateau en bois, avec piètement époxy blanc.
Ouvert midi et soir du lundi au samedi, le restaurant dispose de 52 places assises. On peut par exemple y déguster des pappardelles aux châtaignes et au cerf. Un joli projet dont on pourrait bien s’inspirer.

Astrid Avédissian