
Flânerie sous un nouveau parapluie
La Canopée et le Forum des Halles, lancés en 2002 par la ville de Paris et dont le chantier a débuté il y a plus de cinq ans, ont été inaugurés mardi 5 avril 2016.

Histoire compliquée, projet décrié
Ce projet très décrié, qui a subi bien des aléas et une histoire compliquée est, sommes toutes, une nouvelle révolution pour le Ventre de Paris. En effet, si l’histoire du marché des Halles commence en 1137, elle est notamment marquée par les douze pavillons de métal et de verre de Victor Baltard construits à partir de 1852. En 1963, le marché saturé est transféré vers Rungis et La Villette. Le Forum des Halles, tel qu’on l’a connu ces dernières années, a lui été inauguré en 1979, mais rapidement mal-aimé, il ne tiendra qu’une trentaine d’année. Arrive alors le concours d’urbanisme de 2004, où se sont affrontés Rem Koolhaas, Winy Maas, Jean Nouvel et David Mangin, ce dernier étant lauréat et à l’initiative d’un toit pour le trou des Halles. Par ailleurs, le projet a été le fruit d’une large polémique en vue de l’augmentation du coût des travaux, passé pour l’ensemble du chantier de 250 millions d’euros en 2006 à 918 millions en 2016, dont 216 millions pour la seule canopée, selon Le Monde – les chiffres étant toujours aussi difficile à trouver, pour ce projet piloté par quatre maîtres d’ouvrages.

Porte de Paris
Cependant, les Halles, qui abritent commerces et équipements, ainsi que le plus grand pôle d’échange d’Europe, constituent la porte principale de Paris. 750 000 personnes traversent chaque jour la gare ou, pour 150 000 d’entre eux, les boutiques du Forum. Pour la ville de Paris, il était indispensable d’ouvrir cet espace renfermé sur lui-même pour redorer le centre de la capitale.
« La Canopée et le Forum des Halles modernisé offrent un nouveau visage aux Halles et à leur quartier, véritable cœur battant de Paris, mais aussi de toute la métropole. Fruits d’une architecture gracieuse permise et soutenue par une incroyable prouesse technique, ils incarnent notre volonté de faire d’un lieu de passage un lieu de vie. » nous dit Anne Hidalgo, maire de Paris.

Et si le cœur battait son plein ?
Cette lourde tache a été confiée à Patrick Berger et Jacques Anziutti en 2007, qui font de la Canopée le signe distinctif du renouveau des Halles. Ainsi, cette immense structure de 2,5 ha, s’étendant sur 140m de long et 80m de large et culminant a 14m au-dessus du sol, cherche a faire apparaître au grand jour la ville souterraine. Ses 18 000 écailles de verre et d’acier, quasiment chacune unique, sont comparables à une immense feuille ondoyant à la hauteur de la cime des arbres, surplombant la nouvelle Agora. Pour magnifier ce lieu de rassemblement, est dégagée une perspective Est / Ouest allant de la rue Pierre Lescot à la Bourse du Commerce, en passant par un jardin de 4 ha à venir d’ici 2018. Les entrées, elles, sont démultipliées, avec 8 entrées directes et 5 entrées pour les transports. C’est aussi 7 niveaux qui sont abrités sous les ailes, soit 28m au-dessus et de même en-dessous*.

Malgré la lenteur et la complexité de ce chantier hors norme, la Canopée installe un Paris contemporain, ouvrant la voie à la Samaritaine, preuve qu’à Paris il ne se passe pas rien.
Décrié lors du concours et de sa conception, le projet commence sa vie réelle ce 5 avril. Déambuler sous ce nouveau parapluie, revisitant ceux de Baltard, ne semble pas si désagréable. Seul le temps nous dira si les gens se l’approprieront et peut être un jour se l’offriront-ils à la boutique Lego, attenante à la Canopée !
Amélie Luquain
*- 2 étages d’équipements culturels comprenant conservatoire (2600m2), centre culturel Hip Hop (1400m2), médiathèque (1050m2), et centre des pratiques artistiques amateurs (5 grandes salles de répétitions)
– 18 nouvelles enseignes au rez-de-chaussée
– 4 niveaux du centre commercial en contrebas
Maître d’ouvrage Ville de Paris, SemParisienne ; STIF ; RATP ; Scoiété Civile du Forum des Halles de Paris. Maître d’œuvre Patrick Berger et Jacques Anziutti. BET Ingerop, Arcora. Transformateur verre Atelier Emmanuel Barrois.
Courtesy Patrick Berger et Jacques Anziutti