House for trees : un arbre par-dessus les toits

House for trees, signée par l’architecte Vo Trong Nghia, injecte un peu de verdure dans un paysage urbain bétonné et pollué au Vietnam. Un vrai miracle ! Hélas, si Ho Chi Minh Ville est bien le poumon économique du pays réunifié, elle n’en est pas vraiment le poumon vert. En effet, son territoire hyperdense (3500 habitants/km²) ne compte aujourd’hui qu’à peine 0,25% d’espaces verts, bien qu’en pleine région tropicale.  

 

Photographie de la maison House for trees de jour

 

Motocyclette, moto-dop, tuk-tuk, mini van, autobus… le tohu bohu pétaradant d’Ho Chi Minh Ville a de quoi user le plus urbain des hommes. A quelques encablures des grands axes qui mènent à l’aéroport international, l’impression de chaos perdure mais l’étourdissant mouvement s’évanouit à mesure des pas. Dans ce contexte incroyablement dense de Tân Bình, Vo Trong Nghia entretient le secret espoir d’introduire un peu de nature tout en construisant.

 

Photographie de la maison House for trees à l'intérieur

 

L’œuvre de Vo Trong Nghia : un idéal vert conceptuel

 

Photographie de la House of tree à l'extérieur

Loin de proposer une simple «moumoute» verdoyante sur une perspective, cet architecte, auteur, entre autres, du pavillon du Vietnam à l’exposition universelle de Milan, imagine «l’architecture comme une chance de retrouver la nature en ville (…) Nous pensons que les espaces verts sont essentiels. Du fait d’une urbanisation rapide et d’une déforestation importante, la nature a progressivement été réduite à sa plus simple expression voire a purement et simplement été détruite. C’est ainsi que les populations urbaines perdent le contact avec tout milieu naturel. Cette rupture amène un stress social et psychologique».

Pour répondre à ce défaut et mettre à l’épreuve cet idéal vert, une famille de cinq personnes – un couple et leur trois filles – a réclamé au jeune maître d’œuvre non pas un projet mais «une façon de vivre ouverte et en harmonie avec la nature». Soit. La commande était succincte et Vo Trong Nghia y a vu vent de liberté. Aussi, a-t-il conçu «une maison pour les arbres». Peut-être aurait-il du employer un pluriel car en lieu d’un bâtiment unitaire, l’architecte a fractionné son projet en différentes unités. «Nous voulions faire exploser l’échelle de la maison pour dessiner cinq volumes séparés tout en considérant la continuité de l’espace extérieur et celle du paysage», assure l’homme de l’art. En guise de nature, la maison ne dispose que d’une maigre cour en dalles engazonnées drainantes. Néanmoins l’ingénieux concepteur a su profiter de cette occasion pour «réintroduire de la verdure». A des fins privées ? Pas seulement.

 Photographie de la maison House for trees de nuit

 

House for trees : entre habitation, hameau et oasis

 

Photographie de la maison House for trees de nuitSi pour des raisons évidentes de sécurité, la maison-hameau se révèle complètement aveugle depuis la rue, elle laisse apparaitre, sur ses toits, d’exubérants ficus benjamina offerts au regard du voisinage. «Nous avons décidé la position et l’orientation de chaque unité en fonction de la parcelle informe qui nous était donnée. Nous avons ensuite souhaité créer de plus petites cours afin d’aménager différents degrés d’intimité», explique l’architecte. Le reste est question de logique : en rez-de-cour, les pièces communes (salon, salle à manger, bibliothèque et cuisine), à l’étage, les chambres dotées chacune d’un semblant d’indépendance. Voilà une réponse à la ville dense qui agglomère en de hauts immeubles des centaines d’individus. Ici, l’architecte a voulu assurer à ses occupants un brin d’individualité. Enfin, pour parfaire le dessin, il a usé de matériaux naturels locaux tant pour réduire le coût de construction que l’emprunte carbone du chantier. Tous les murs ont d’ailleurs été réalisés en béton brut coffré par des banches de bambou, un choix innovant pour le maitre d’œuvre qui assure ainsi une texture singulière à son projet. «Ce type de réalisation unique est un phénomène nouveau au Vietnam. Il est d’ailleurs encore difficile d’innover tant l’industrie de la construction est mal organisée», assure-t-il.

Voilà un manque qui invite et incite, assurément, à une plus grande inventivité. Ce qui valut – à juste titre – à ce projet atypique et à son auteur, The Architectural Review House Award 2014.

 

Jean-Phillippe Hugron

Toutes photos courtesy Vo Trong Nghia Architects / Hiroyuki Oki

 

 

Maître d’ouvrage, American University of Beirut AUB

Projet, Vo Trong Nghia, Masaaki Iwamoto, Kosuke Nishijima (Vo Trong Nghia Architects)
Superficie, du lot : 474.32 m² (parcelle), 126 m² (brute utile espaces extérieurs compris).
Calendrier, 2012/2014
Entreprise générale, Wind and Water House JSC
Revêtements de sol intérieur, béton poli, parquet de chêne rouvre

 

 

 

Vault House : envoûtement pacifique …

Vault House : envoûtement pacifique …

L’agence californienne Johnston Marklee signe, non loin de Santa Barbara, un éloge à la courbe : Vault House, la maison voûte. Sur la plage abandonnée. Coquillage et… béton armé. Sans déplorer la perte de l’été, le promeneur solitaire découvrira, par delà les dunes d’Oxnard Beach, une étrange demeure. Le tout dans un alignement improbable de résidences principales et de maisons de vacances toutes plus ou moins parallelo-cubiques, néo-modernistes ou pseudo-wrightiennes. 

 

photographie de la résidence Vault House de jour

 

Non loin de Santa Barbara, à une heure d’autoroute de Los Angeles, un couple a décidé de réaliser son rêve : en sus d’un appartement à Downtown LA, une maison contemporaine en bord de mer. Pour cette dernière, ils se sont tournés vers Sharon Johnston et Mark Lee, deux jeunes et brillants architectes formés, entre autres, au GSD (graduate school of design) de la prestigieuse Harvard University.

 

photographie de la Vault House

L’agence Johnston Marklee revisite les archétypes architectoniques

 

La parcelle face à l’océan qu’ils leur proposèrent était loin d’être confortable puisqu’exigüe à l’image de bien de ses voisines sur le Strip d’Oxnard Beach. Mais il y avait toutefois de quoi imaginer une construction les pieds dans le sable. « Nous y avions même vu l’occasion d’imaginer un prototype », se réjouit rétrospectivement Mark Lee. Business is business. La configuration du site – usuelle dans la région – lance, comme à chaque fois, le même défi : comment faire, dans un volume contraint, pour que plusieurs pièces puissent bénéficier de la même vue en dehors des sacro-saints salon et suite parentale ? « La voûte ! répond Mark Lee. Nous avons organisé notre plan selon cette bonne vieille notion d’enfilade ou, comme nous le disons aux Etats Unis, en fusil de chasse. Nous voulions donner une seule et unique orientation aux différentes pièces et faire en sorte qu’elles puissent regarder la plage plutôt que le voisin ». Plein ouest donc, face au Pacifique.

 

photographie de la Vault House en intérieur

La Vault House : formes simples pour effet complexe

 

A l’intérieur, la maison se décompose selon une organisation que les architectes veulent représentative de leur travail : il s’agissait d’y mêler familiarité, collectivité et intimité. Pour cela, un jeu de transparence et d’alignement a été mis en œuvre où chaque pièce en vis à vis finit par jouer un rôle de « filtre » par rapport à l’autre. Certes, la vue n’est, au plus profond de la maison, plus panoramique, mais reste présente en tout point. Les voûtes, quant à elles, cadrent selon une composition quasi expressionniste, les perspectives et assurent, ici et là, quelques séparations. De largeur et de rayon de courbure différents, les plafonds voûtés – moulés sur place au sol sur des ossatures bois avant d’être suspendus au plancher haut – engendrent pour chaque pièce un volume spécifique, croissant jusqu’à son summum s’ouvrant sur l’océan. En effet, leurs berceaux – plein cintre, surbaissé, en anse de panier, brisé – semblent sculpter les deux niveaux à la façon d’un gruyère.

 

Ce rapport au paysage omniprésent n’aurait pas eu d’intérêt sans lumière naturelle. Point, ici, de camera obscura : pour les chambres des invités situées à l’arrière, Johnston Marklee a imaginé un patio permettant, autant que les baies latérales, une bonne luminosité. Ainsi, les architectes dissocient ouvertures destinées aux vues et celles à l’apport de lumière.

 

photographie de la Vault House en intérieur

photographie de la Vault House     photographie de la Vault House vue sur la mer      photographie de la Vault House en intérieur     photographie de la Vault House en intérieur

Inventent-ils l’eau chaude ? En guise de réponse, Mark Lee aime à paraphraser l’artiste Ed Ruscha pour qui « les anciens ont volé toutes les grandes idées. (…) Vault House reflète surtout la manière dont nous dessinons nos projets à partir d’éléments archétypaux, tous réinterprétés, par la suite, de façon contemporaine ». Bref, en Californie, de l’air du temps et de l’air du large.

 

Jean-Philippe Hugron

Toutes photos Courtesy Johnston Marklee / Eric Staudenmaier

 

Superficies, 930 m2 (terrain), 335 m2 (maison).

Livraison, 2003.

Maîtres d’ouvrage, Steven & Jerri Nagelberg.

Architectes, Sharon Johnston et Mark Lee. Chef de projet, Katrin Terstegen.

Architecte d’intérieur, Associates III.

BET Structure, William Koh & associates. Eclairagiste, Luminescence.

Entreprise générale, RJP Construction& Painting, Raymond Puzio.

Enduit élastomère, Grailcoat. Isolant acoustique, Bawasphon. Menuiseries extérieures et intérieures, Fleetwood. Luminaires, C. W. Cole & Co.

Cuisine Poggenpohl. Sanitaires, kwc, Vola. Robinetterie, Hansgrohe, Kohler.

 

 

 

La plus belle vue du canal de l’Ourcq

La plus belle vue du canal de l’Ourcq

A la confluence du Canal de l’Ourcq et de la petite ceinture (19e), quartier Jaurès, se dessine un ensemble de logements.

 

Un secteur en transformation

TVK schéma localisation

Depuis plusieurs années, le canal de l’Ourcq connait une fière transformation. Son caractère strictement fonctionnel, reposant sur une activité artisanale et industrielle – notamment sur le transport de marchandises – se voit relégué au second plan au profit d’activités de loisirs. En lieu et place de l’ancienne usine de chauffage urbain (CPCU), particulièrement reconnaissable avec son grand cube métallique et sa haute cheminée qui participaient de l’identité du quartier, se trouve aujourd’hui un îlot entier au bord du canal accueillant un ensemble de 134 logements (ainsi qu’un supermarché, un commerce, un café) conçu par l’agence TVK pour BDP Marignan. Ce projet illustre l’évolution des lieux et sa nouvelle identité, de la même manière que la crèche conçue par VEA Architectes (2014) située quai de l’Oise, et les immeubles de logements étudiants et sociaux de Lacaton & Vassal (2014), face à la rue de Thionville.

 

 

Tour de manivelle

« L’idée fondatrice du projet consiste à déployer les bâtiments en manivelle, afin de créer deux ambiances fortement liées aux grandes pièces infrastructurelles du site. […] Cette disposition instaure une relation indéfectible entre le tout et les parties en même temps qu’une indépendance claire de chaque édifice »

TVK axonométrie

L’îlot entretient une relation directe avec les éléments du patrimoine infrastructurel du site, rendue possible par la reconnaissance et l’appropriation de l’infrastructure du canal. C’est donc le paysage ouvert de celui-ci qui pénètre dans la profondeur de la parcelle, grâce à la réinterprétation du « plan en manivelle », archétype spatial de l’architecture moderne. Au-delà de la condamnation habituelle dont ce plan fait l’objet, Pierre Alain Trévelo & Antoine Viger-Kohler (TVK) l’envisage ici comme la ré-intégration forte d’un élément urbain spécifique. La disposition des bâtiments en manivelle permet à chaque logement de s’installer dans l’environnement, tout en privilégiant les ouvertures et les vues sur le canal grâce à un dispositif en gradin. Depuis les plus petits volumes bâtis aux pieds de l’eau jusqu’aux étages les plus hauts du bâtiment du fond, des plans successifs se juxtaposent, accentuant la profondeur de champ. Les gradins accompagnent la pente douce de la rue de la Marne qui mène au canal, comme une invitation à la promenade sur les quais.

 

Diversité des modes de vie

TVK vue 2

Trois corps de bâtiments sont reliés par leur niveau bas au travers des cours, passages et venelles. Un premier corps bâti, aligné sur le quai de la Marne, est revêtu d’une brique sombre, lui conférant une présence étonnante. Le second, orienté est-ouest créé à la charnière entre le canal et la petite ceinture, revêt une brique moutarde de couleur énergisante. Le troisième aligné sur la rue de Thionville se pare d’une brique blanche pour mieux y refléter la lumière. Parallèlement à ce dernier volume, se décline des logements que l’on qualifiera ici « d’intermédiaires » comprenant des toitures terrasses privatives, puis trois maisons de ville en duplex, presque de plain-pied avec le canal, unies à deux jardins, l’un à l’avant, l’autre à l’arrière. La disposition en manivelle, en plus d’offrir trois entrées sur chacune des rues qui bordent l’îlot, permet une grande variation typologique de logements : des T1 et T2 mono-orientés mais toujours bien exposés, des grands lofts en duplex au dernier niveau, des T3, T4, T5 d’angle, des T4 en duplex mono-orientés sur le canal… De fait, chaque logement se voit doté d’une ouverture sur le paysage et de vues privilégiées.

TVK schema vues

TVK plan R+6

TVK plan R+2

 

Extérieurs soignés

Par ailleurs, on note la qualité et la diversité des espaces extérieurs. En effet, chaque logement en bénéficie ; les typologies varient selon l’orientation, l’exposition, la hauteur et la caractéristique des logements desservis. Pour certains, ce seront des jardins terrasses, d’autres des balcons filants, d’autres encore de petites loggias en saillies au-dessus du canal. Ces espaces interagissent avec l’environnement proche. A l’arrière de l’îlot, les habitants bénéficient d’un grand jardin collectif privatif – dessiné par Paula Paysage – dont la densité végétale se fond dans le square avoisinant.

 

« La matière construit à la fois un ensemble simple et unitaire car constitué de la même brique mais témoigne aussi de chacune de ses parties et de sa complexité par le jeu des teintes juxtaposées »

Au delà de la simplicité apparente qu’inspire la brique dans ce programme résidentiel bien conçu, elle rallie le tissu traditionnel faubourien du nord-est parisien et dévoile de grandes qualités de vie extrêmement diversifiées. Depuis ce 22 septembre 2015, les acquéreurs bénéficient d’ores et déjà de la plus belle vue sur le canal de l’Ourcq.

 

Amélie Luquain

 

Courtesy TVK / Clément Guillaume

Dentelle de béton pour la résidence Nakâra

Dentelle de béton pour la résidence Nakâra

Dans ce cadre idyllique du Cap d’Agde, Jacques Ferrier a dessiné une dentelle de béton enveloppant la résidence de tourisme 4* Odalys, Nakâra.

 

Un site d’exception

Le Cap d’Agde (34), destination balnéaire et pittoresque du Languedoc, est bordé sur 14 km de plages de sable fin. Au carrefour des eaux douces et salées, celle que l’on appelle « la perle noire de la méditerranée » se reconnait par son architecture faite de pierres basaltiques. C’est dans ce cadre idyllique que le cabinet d’architecture Jacques Ferrier et Promeo Patrimoine ont construit la résidence de tourisme 4* Odalys Nakâra qui se distingue par ses reflets de nacre.

Nakâra résille

Le projet Nakâra a réellement démarré le 5 février 2014 avec la pose de la première pierre sur un terrain rocailleux, comme accidenté, paré de zones de végétation éparse, en friche. Livré ce 2 juillet 2015, elle a, d’ores et déjà, pu accueillir de nombreux résidents pour sa première saison estivale.

 

Dissémination des volumes

Nakâra intérieur

A 150 m de la plage de Rochelongue, sur un terrain de près de 2 hectares, les volumes suivent la topographie initiale du site : une pente douce vers la mer. L’ensemble, composé de 161 appartements et de 42 villas, semble se disséminer lentement depuis les trois bâtiments principaux qui marquent l’entrée du site, jusqu’aux villas jumelées à l’arrière, comme protégées, s’immisçant dans l’environnement des maisons avoisinantes. Edifiés entre les pins et la végétation boisée, ce sont de véritables cocons, de 23 à 55 m², de 2 à 8 couchages entièrement meublés et équipés, qui accueillent les touristes pour leur plus grand confort (sans oublier restaurant, salle de séminaire, espace bien-être, club enfants…).

 

Dentelle de béton

Nakâra reception

Nakâra atriumAinsi, depuis le salon de réception, le résident traverse un long atrium – qui n’en porte que le nom – dont la verrière anime la longueur. Celui-ci s’ouvre sur le restaurant, lui-même faisant face à la piscine. Dommage que le parcours et la vue s’arrêtent face à un mur revêtu si simplement de blanc. On lui préférera la double peau environnante, une résille ajourée en Béton Fibré Ultra-haute Performance (BFUP), celui là même que celui dont s’est servi Rudy Ricciotti pour le Mucem de Marseille. Ce matériau à structure micrométrique présente un fort dosage en ciment et en adjuvants, assurant une durabilité et une résistance exceptionnelles, et une ductilité unique. Moulé dans du latex grâce à de grandes presses, ce matériau permet une résille aux multiples couleurs et motifs, bien que, comme ont pu s’en apercevoir les constructeurs, il ne supporte pas encore des dessins trop complexes. Fixé par des loquets sur des montants métalliques verticaux, la plus grande pièce du projet de 4 x 1,7 m et 4 cm d’épaisseur atteint 350 kg. A noter : les résilles horizontales sont en métal.

 

Inspiration méditerranéenne

Nakâra piscine

Cette peau participe de l’unité de la résidence : réinterprétation des moucharabiehs orientaux, elle conjugue à la fois grands auvents et façades, mais aussi petites ombrières et lambrequins. Assurant la continuité entre intérieur et extérieur, elle est tant un brise soleil qu’un pare vue et relève des engagements Bâtiment Basse Consommation (BBC). Immaculée de blanc, renvoyant la luminosité propre au sud de la France et formant de délicates ombres au sol, cette dentelle contribue à l’esprit méditerranéen des lieux.

 

Par ailleurs, on notera que des éléments d’origine (rochers, arbustes…) ont été volontairement conservés pour mieux s’intégrer aux paysages existants. Elément remarquable : le basalte trouvé lors des fondations a été réutilisé pour constituer les jardins des villas.

 

Architecte singulier

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On reconnait alors la patte architecturale de Jacques Ferrier, qui utilise souvent des résilles et auvents comme on peut le voir notamment dans ses projets de concours tels que le musée de la romanité à Narbonne (11) en 2011 et la gare nouvelle de Montpellier (34) en 2014. Travaillant en France et à l’international, Jacques Ferrier conçoit tant des ouvrages culturels que des bâtiments de prestige ; il est aussi le concepteur du pavillon français à l’Exposition Universelle 2010 de Shanghai.

 

Amélie Luquain

 

Courtesy FANTASY DØGMA – Architectures

Pierre Gautier conçoit l’îlot Grange Dame Rose

Pierre Gautier, architecte et urbaniste, conçoit l’îlot Triangle Grange Dame Rose à Velizy-Villacoublay, composé notamment de la Tour Morane et d’un bâtiment de 165 logements.

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Entre zone d’activité et d’habitation

Vélizy-Villacoublay (78), une commune en devenir marquée par l’arrivé de la ligne de Tramway T6, où les 40 000 emplois surpassent les 20 000 habitants. L’îlot triangulaire Grange Dame Rose s’inscrit dans une politique de restructuration ; d’une superficie de 17 700 m², il se situe à l’articulation d’une zone d’activité et d’une zone d’habitation. Inspiré par la particularité de ce site, Pierre Gautier Architecture (PGA) lie les deux logiques urbaines présentes sur le site et dessine des volumétries dont l’échelle respecte à la fois celles des bâtiments d’habitation et tertiaires. Un axe majeur, des transitions progressives et une centralité façonnent l’espace continu piéton. Au vu de l’échelle des bâtiments, les volumétries sont fragmentées par des fenêtres urbaines, ouvrant des perspectives. A leurs pieds, les façades dédiées aux activités commerciales au rez-de-chaussée sont en retrait d’ 1 m, distinguant commerces et habitations et assurant un socle uniforme.

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Restructuration de la Tour Morane

En cœur d’îlot se trouve la Tour Morane, témoin des années 70. L’histoire entre Eiffage et la commune de Vélizy a démarré en 1973 avec la construction de cette tour, siège social de Fougerolles, devenu Eiffage. Désireux de locaux plus vastes, le groupe lance une opération tiroir. Il construit son nouveau siège de l’autre coté de l’avenue en 2011, avant de lancer la restructuration de la tour. Après de nombreuses études de marché, c’est finalement une résidence de tourisme d’affaires 4 étoiles de 159 chambres que Pierre Gautier livre en 2015. Ce bâtiment, le plus haut de la zone, est composé de T1 et T2. La volumétrie existante et le rythme de la façade sont conservés. Les fenêtres initiales sont remplacées par des fenêtres au vitrage plus performant, assurant un plus grand clair vitrage avec des menuiseries PVC invisibles de l’extérieur. Le béton des éléments préfabriqués a été rénové et revêtu d’une couleur blanche immaculée. La tour s’inscrit dans un patio planté, un niveau en dessous de la dalle de l’espace public. A cet étage se trouvent les espaces communs de la résidence. Dans un esprit seventies, PGA lance un projet de décoration avec l’atelier Ravage. A chaque étage sa couleur tonique, agencée avec les mobiliers et revêtements issus d’une création originale des deux agences.

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Logements en vue

En 2014, PGA livre 165 PGA_VEL_FACADE_SUD_OUEST_v2_v2015-®Pierre_Gautier_Architecture-compressedlogements (avec l’agence Pietri, à 50/50) allant du studio au T5. Haut de 7 niveaux, auxquels s’ajoute un étage partiel, le bâtiment respecte les limites de hauteurs prescrites par les servitudes aéronautiques de la base aérienne militaire de Villacoublay. S’y trouvent différentes typologies de logements : une maison sur le toit, des logements traversants desservis par des
Com_PGA_Velizy_Chantier_20141204_20141209_37491_-®Julien_Lanoo-compressedcoursives offrant une vue plongeante sur le patio végétalisé et des T2 en duplex au rez-de-chaussée. Les ouvertures sont particulièrement généreuses et presque tous les logements possèdent loggia ou terrasse. Deux fenêtres urbaines ouvrent le bâtiment vers le cœur de quartier et l’avenue Morane-Saulnier. L’une d’elle, particulièrement remarquable, est composée d’une ouverture sur 3 niveaux, abritée par un pont de deux niveaux de logements. Celle-ci offre une vaste terrasse de 500 m² mise en scène par un éclairage nocturne fait de rais de lumière. D’ores et déjà, les habitants ont pu profiter de ce salon urbain lors de la fête des voisins, en attendant de recevoir le mobilier. Les façades de l’agence Pierre Gautier sont en béton coulé en place, recevant une finition en matriçage et lasure qui suggère différents effets selon le point de vue.

Ainsi, le travail de Pierre Gautier se distingue par une intervention à
toutes les échelles : urbanisme, architecture, mobilier.

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Amélie Luquain

Courtesy PGA / Julien Lanoo et Jérôme Fleurier

Logements entre deux rives à l’Ile-Saint-Denis

Sur l’Ile-Saint-Denis (93), les logements conçus par l’agence Philippon Kalt profitent d’un site exceptionnel, entre deux rives de la Seine.

 

L’Ile-Saint-Denis, un petit lieu de paradis en région parisienne ; entourée par deux bras de la Seine, l’île est une commune de 7500 habitants, reliée par 6 ponts aux villes voisines. Le long de ces 7 km se déroule un territoire étroit au séquençage marqué : parc départemental, équipements publics, centre ville et grands entrepôts se succèdent.

Brigitte Philippon et Jean Kalt ont posé la première pierre de l’éco-quartier fluvial de l’Ile-Saint-Denis. Également urbanistes des lieux, ils y ont reconverti une ancienne friche industrielle située dans le quartier Sud. 165 logements BBC – dont 20 en accession social – répartis dans 5 bâtiments sur 3 îlots sont sortis de terre en 2014.

 

Principal objectif, retrouver le rapport à la Seine qui confère à ce lieu tout son exotisme.

 

Du petit bras au grand brasLes bâtiments rectangulaires se succèdent en un épanelage

Sur un site de 50 m de large et 250 m de long, les bâtiments rectangulaires parallèles aux berges se succèdent en un épanelage allant du R+2 au R+6. Deux visages s’offrent aux berges : le « petit bras » plus sauvage, des logements sur 3 niveaux revêtus de mélèze reprennent l’échelle des maisons de ville avoisinante. Le « grand bras » un front bâti de 7 niveaux vêtu de caissettes d’aluminium thermolaqué souligne le quai du Châtelier.

 

Façade industrielle

Système innovant de façades légères, inspiré des bâtiments tertiaires

Pour ce projet, un système innovant et précurseur de façades légères et recyclables a été mis au point. Afin d’économiser la matière et les coûts, seuls les éléments porteurs du bâtiment, les refends et dalles, sont réalisés en béton. La façade en ossature métal est non porteuse. Inspirés des bâtiments tertiaires tels que les hangars, les architectes utilisent des composants industrialisés autorisant un montage rapide de la façade: les plateaux de bardage et précadre de fenêtres en acier sont fixés sur les nez de dalle, l’isolation protégée par le pare-pluie est placée devant le bardage, puis vient la vêture.

Système innovant de façades légères, inspiré des bâtiments tertiaires

Loggias portées par des consoles métalliques en acier galvaniséChaque élément est déconstructible et recyclable. La façade devient un manteau isolant dont l’épaisseur global est de seulement 27 cm, dont 20 cm d’isolant, soit 30 % de gain de matière. Les loggias, quant à elles, sont portées par des consoles métalliques en acier galvanisé. Structurellement indépendantes, elles évitent les ponts thermiques.

 

Perméabilités et vues panoramiques

Perméabilités et vues panoramiques

Des porosités, tant physiques que visuelles, nous rappelle sans cesse qu’on se situe sur une île. Redonnant sa vraie place à l’espace public et aux piétons, les îlots largement décloisonnés sont traversant. Implantées dans le prolongement du séjour, les loggias sont véritablement une pièce en plus de 6m de long sur 2 m de profondeur, offrant une vue panoramique sur les rives.

 

L’île verte

Les volumes bâtis alternent avec des jardins arborés

Dans une volonté de biodiversité, les volumes bâtis alternent avec des jardins arborés dont la superficie représente 50 % de chaque îlot, soit 12 200 m² de construction bâti et 11 100 m² de surface plantée.

Sur le plan vertical, les loggias à l’est revêtent une fine résille métallique posée d’un seul tenant à la manière d’un tissu et habillée de plantes grimpantes.

les loggias à l’est revêtent une fine résille métallique

Coté ouest, de grandes parois vitrées teintées de jaunes illuminent l’intérieur du logement.

de grandes parois vitrées teintées de jaunes illuminent l’intérieur du logement

Élément déclencheur de la végétalisation des balcons, ceux-ci ont été livrés avec une arrivée d’eau et des bacs acier.

 

Entre innovation technique et respect de la charte environnementale de l’éco-quartier, le projet urbain et architectural de l’agence Philippon Kalt fut permis par une ville investie et tournée vers l’avenir.

 

Amélie Luquain

Courtesy Philippon Kalt / Hervé Abbadie et Philippe Monges

Maison M, une Maison bien… lotie

Maison M, une Maison bien… lotie

Maison M, seilh, France

Architectes, PPA Architectures

Bâtie dans une banlieue résidentielle en périphérie de Toulouse, la maison M impose avec radicalité ses volumes de béton dans le contexte spécifique d’un lotissement. Très fermée sur trois côtés, elle accueille le paysage à bras ouverts par ses grandes baies vitrées à l’ouest pour se laisser traverser par la vision sereine de l’étendue engazonnée d’un golf.

 

Maison-M-baie-vitree

 

 

Le projet s’inscrit sur un terrain de 34×34 m dans un lotissement pavillonnaire dont il s’affranchit des codes « petits-bourgeois » (tuiles canal, génoises et enduits orangés). Il se glisse entre deux parcelles compactes en fond ‘impasse et en vis-à-vis du green du Golf international de Toulouse. Ces deux caractéristiques ont conduit les architectes – Jean-Manuel Puig, Guillaume Pujol, Charles Séguier et Olivier Companyo – à une stratégie d’implantation radicale en regard des limites, des proximités et des vis-à-vis d’une part, et de l’étendue, d’autre part, qui vise à exploiter au maximum les potentialités du site. Ainsi, la maison s’organise-t-elle autour d’un vide structurant qui la protège du voisinage, éclaire ses différents espaces et en distribue les fonctions. Elle se caractérise par des volumes abstraits en béton et tôle d’inox, une façade mutique sur rue et une autre entièrement vitrée vers le golf. Mais si sa position est clairement affichée, elle soulève – en raison de son programme complexe et fluctuant depuis la commande – une somme de questions quant à la définition des espaces, la réversibilité des fonctions, l’appropriation par les usages…

 

Pièce intérieur Maison M, blanche
Intérieur blanc, pur et lumineux. Maison M

 

Un projet laboratoire

Le programme – atypique – définit ce pavillon comme le support de multiples destinations et usages. Tout en étant considérée comme un lieu de vie, la maison devait aussi pouvoir être un lieu de réception, de travail, d’exposition, de création, d’hébergement… Thème important et récurrent dans le travail de cette très dynamique agence toulousaine le programme ouvert est ici élément de conception. Le projet se compose de trois boites juxtaposées – mono-orientées vers le paysage artificiel du golf – qui engendrent un espace central introverti. Chaque volume tente de se dégager des contraintes techniques afin de pouvoir assurer diverses fonctions, à la fois spécifiques et évolutives. Ainsi, les pièces telles les chambres avec salle de bains/bureaux sont peu marquées par leur usage et davantage caractérisées par l’ambiance, en cohérence avec l’ensemble du projet. Le vaste volume transparent du séjour – salle de réunion – réception est entièrement ouvert d’un côté sur le patio pavé et sa piscine/bassin d’apparat et de l’autre sur la terrasse vers le gold. L’atelier, lui, est autonome, d’où son traitement spécifique, mais il assume néanmoins l’objectif commun en proposant un espace capable. C’est un vaste volume éclairé par une grande fenêtre au nord, dont le parement en polycarbonate, fait vibrer les parois. Il se prolonge par une « placette extérieure » pour recevoir ou encore exposer des œuvres.

 

Maison M photo extérieur
Photographie de la Maison M, extérieur

 

Sobre dualité des matériaux

Combiné à un travail sur les textures, le choix de matériaux simples n’est pas issu d’une question de budget mais d’une volonté délibérée. Le plafond en béton banché brut est commun à l’ensemble de la maison ; de même le sol unique en lames de bois naturel ne marque aucune différence entre les niveaux, ni même entre pièces de vie et pièces humides. Cependant l’attention a également portée sur la complémentarité des matériaux et la dualité entre l’industriel, telle la tôle ondulée, et le naturel comme le parquet bois et les pavés de pierre, mais aussi sur la combinaison des deux, dans le béton coulé très soigneusement sur un coffrage de planchettes. Ceci concourt à offrir des espaces neutres qui ne sont ni froids, ni inexpressifs.

A l’extérieur, le sol s’affirme monochrome en cubes de pierre noire posés à la main et gravillon sombre. D’ailleurs, le terrain est juste pacifié et non véritablement aménagé en jardin. Le traitement des espaces non bâtis en périphérie de la parcelle et autour de la maison reste ouvert en termes d’usages et d’appropriation. Quelques cyprès protègent des vues depuis la maison voisine et la limite avec le golf est marquée par une haie épaisse et un fossé. D’une grande sobriété – à ne pas confondre avec de l’austérité car elle recèle de la générosité, des matières, des textures, de la lumière, des vues, des potentiels… -, cette maison fait preuve d’une belle exigence, d’une haute précision qui cependant n’en font pas un projet suisse défini, net, lissé, figé. L’objectif des architectes n’a pas été d’être minimal ni esthétisant, même si l’image se révèle ambiguë du fait de l’absence de signes et de l’évanescence des fonctions. Le projet affiche une spatialité fluide dont témoignent la discrétion des articulations, l’escalier masqué, les portes qui se dessinent à peine dans les parois, les vitrages qui s’effacent pour mieux embrasser le paysage.

 

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Surface habitable : 275 m² | Délais : études 12 mois, travaux 18 mois | Maitrise d’ouvrage : privée | Architecte : Olivier Companyo (PFA architectures) | Chef de projet : Amandine Hernandez | Bet Structure, Befs Grontmij | Gros-Œuvre, Construit 3 | Menuiseries extérieur : Gayrel, Dewerpe | Agene=cement : M. Bannelier | Structure : Cir Prefa | Panneaux de façade : ArcelorMittal | Verre : Vitrocsa | Sanitaires : Ideal Standard | Robinetterie : Cristina | Chauffage / Climatisation : Toshiba | Luminaires : Zangra (int.), Wever & Ducre, Bega, Modular (ext.) 

Catherine Pierre

Crédit photo : © Philippe RUAULT PHOTOGRAPHE

Casa Brutale : 20 milieux sous la terre

Convergence de la terre et de l’eau environnante, la Casa Brutale imaginée par l’agence OPA pénètre au sein de la falaise.

Référence inversée à la Casa Malaparte, la Casa Brutale préserve l’horizon du paysage. Pas un volume construit de la boîte de béton, de verre et d’eau, ancrée dans la falaise, n’émerge au dessus du niveau du sol. Après avoir descendu 50 marches au cœur du volume d’habitation, une haute porte tournante s’ouvre sur une vue imprenable face à la mer Égée, cadrée par une immense façade de verre à fleur de l’escarpement rocheux.

 

La pièce à vivre intérieur de la casa brutale

 

Dans une continuation poétique de la mer, la toiture est constituée d’un vitrage renforcé accueillant une piscine cristalline. En communication parfaite avec le grand bleu du ciel grec, celle-ci filtre la lumière naturelle abondante, adoucissant la brutalité du béton imprimé par les traces du banchage de bois. Enfermée et protégée par la terre tendre, la maison profite des avantages thermiques du sol et des propriétés de refroidissement de la piscine.

 

 

Intérieur cuisine de la Casa Brutale

 

A l’intérieur, l’espace de vie constitué de larges bancs invite à la contemplation et le lit en mezzanine ne cesse d’orienter le regard vers l’océan. Un promontoire s’élance au-dessus du vide, laissant l’habitant seul au beau milieu de l’immensité du paysage. Le soir, le logement s’apparente à un point lumineux dessinant une faille dans la falaise. Rêvée par OPA (Open Platform for Architecture), la Casa Brutale redéfinit la coexistence de l’homme et de la nature.

Amélie Luquain

Casa Brutale vue de face
Photographie de la Casa Brutale en Grèce de jour.

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Crédits OPA Works

Fayland House : un trait sur la colline

Fayland House : un trait sur la colline

Fayland House dessine un paysage horizontal au sein des collines de Chiltern Hills.

Situé au sud-est de l’Angleterre (Buckinghamshire), le paysage des collines crayeuses de Chiltern Hills, l’une des zones les plus densément boisées du pays, a été désigné zone de beauté naturelle exceptionnelle en 1965. David Chipperfield (AR Award 2015) vient revaloriser les lieux en concevant en 2013 la Fayland House, une vaste maison de famille. Se présentant comme un grand terrassement inscrit dans la pente, elle dessine un nouveau paysage horizontal auquel la toiture de béton végétalisée participe. Orienté sud-ouest, face à la vallée, un généreux auvent soutenu par de larges piliers s’étire sur toute la longueur du bâtiment, servant d’intermédiaire entre l’espace privé intérieur et le grand paysage. Par opposition, les pièces annexes à l’arrière de la maison, en contact étroit avec la nature, s’ouvrent sur de petites cours et patios plantés d’arbres. Les murs de briques blanches, laissées visibles tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, rappellent la nature crayeuse du terrain.

Ainsi, d’un coté, la maison s’apparente à un escarpement naturel dans le paysage, de l’autre, elle s’affirme comme une structure artificielle caractérisée par les colonnes de briques.

Courtesy David Chipperfield 

 

Brenac&Gonzalez : logements

Face à la nudité originelle du projet inhabité, les architectes de l’agence Brenac&Gonzalez priment la vie après l’architecture : « L’architecture se vit au quotidien, elle est le quotidien de chacun de nous : nous habitons l’architecture. » nous disent-ils dans One/un(bg) : une architecture du quotidien. Ainsi, les architectes ont choisi de nous dévoiler ces opérations tardivement, les habitants ayant déjà pris possession des deux ensembles de logement l’année dernière.

Brenac&Gonzalez orchestre à Boulogne-Billancourt un « macro-(î)lot »

 

Brenac&Gonzalez

Le premier se pointe au croisement de deux rues. Le hall d’entrée traversant rappelle les cheminements en cœur d’îlot. Développant un linéaire de façade maximal, le bâtiment se creuse en quête de lumière, générant une géométrie sculpturale. De larges balcons ceinturent l’édifice, soulignant les étages qui ne cessent de se superposer. Revêtues de panneaux de bois qui se retournent en sous-face, les coursives de profondeur variable prolongent les 95 logements à double ou triple orientation. Les montants des garde-corps quant à eux sont orientés de façon aléatoire, captant la lumière tout en privilégiant l’intimité. Aux derniers étages, de généreuses terrasses s’ouvrent sur de grands duplex ouverts à 180° sur la ville, coup de théâtre de la construction.

Brenac&Gonzalez

Le second héberge 46 logements en accession libre à l’arrière de l’ensemble pastoral. Des jardins privatifs à rez-de-chaussée surélevé gèrent l’interstice entre les deux édifices, tandis que le hall prolonge en longueur l’espace public. Au Nord, la façade sur rue se veut lisse et blanche, perforée de quelques loggias. Au Sud, elle se déploie tel un origami accueillant balcons et jardins d’hiver (équipés de vitrages coulissants). La forme en losange des espaces extérieurs étire habillement la surface perçue au delà de la réalité, donnant la sensation d’aller chercher le paysage qui lui fait face.

Brenac&Gonzalez

Par cet habile jeu de pliage, les architectes tentent de satisfaire chacun des occupants.

« Nous privilégions la recherche d’une cohérence englobant tous les éléments du projet : le plan, l’esthétique, la narration. L’ensemble doit fabriquer du sens. Aux modèles dogmatiques et réducteurs de nos ainés nous préférons mettre en avant les différences, les singularités, la recherche d’émotions. C’est cela qui nous motive. » Face à cette « liberté retrouvée », l’agence Brenac&Gonzalez conçoit un ensemble qui fait sens.

Amélie Luquain

Courtesy Brenac&Gonzalez ©SergioGrazia