Villa d’Iron Man ou vie post carcerale : la revue de presse du 27/09/2016

Villa d’Iron Man ou vie post carcerale : la revue de presse du 27/09/2016

Une philharmonie trois fois plus couteuse, la villa d’Iron Man, BIGcraft, reconstitution d’une prison à l’aveugle, vie post carcerale, vivre face à la Tate, presqu’Arche de la Défense, l’Algérie pour l’archi

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Via archionline

 

208%

La Philharmonie de Paris a coûté trois fois plus que prévu, annonce le Figaro relayant les conclusions de la Chambre régionale des comptes d’Île-de-France. « Evaluée à 173,1 millions d’euros lors de son préprogramme en 2006, la construction du Philharmonie de Paris a en réalité coûté 534,7 millions (valeur en 2015) », relève le quotidien. Pointés du doigt : un mode de financement trop coûteux, des emprunts chers, et la dissimulation de la dette par sa transformation en subvention à une association privée, montage dénoncé par l’opposition comme « une tromperie très limite moralement ». Pas de sous-estimations du coût des travaux, donc, comme l’affirmait dès le concours l’architecte Zaha Hadid, raison qui l’avait conduite à se retirer de la consultation.

Via Le Figaro

 

Le million

Un million et deux cent mille euros : ce n’est pas un gain au loto, mais la somme levée par la start-up Archionline « pour provoquer le coup de foudre avec l’architecte ». Et par quel biais? « Vous avez un projet en tête ? Trouvez de l’inspiration parmi plus d’un millier de plans en 3D et confiez votre projet aux architectes pour recevoir des prestations sur mesure avec l’architecte de votre région à la hauteur de vos projets » peut-on lire sur son site. Les services que proposent cette société promettant de mettre la commande à l’heure de la net economy sont pourtant à l’opposé du métier d’architecte, puisqu’il s’agit de la vente de plans types : maisons modernes, maisons traditionnelles, ou « maisons insolites », telles la cabane de Tarzan (41 m2, une chambre), le repère des tortues Ninja ou la villa d’Iron Man (2 212 m2 pour cinq chambres seulement, il n’a jamais prétendu être le super héros de l’optimisation spatiale). Bref, de la maison sur catalogue pour une somme à préciser. Les maitres d’ouvrages en puissance désireux rétif au commerce 2.0 et ne souhaitant pas partager leurs salles de bain avec Superman ou La Chose pourront se reporter utilement à « 120 plans et modèles de maisons », aux éditions Eyrolles pour la modique somme de 30,40 euros.

Via frenchweb

 

BIGcraft

Bjarke Ingels (BIG) pourrait-il être parmi les premiers clients de ces start-up vendant les plans en ligne? « Par exemple, au 57 WEST [un immeuble de logement récemment livré par son agence à New York, NDR], nous n’avons pas dessiné les plans des appartements, c’est l’architecte d’opération qui s’en est chargé », explique-t-il au magazine Wired entreprenant le tour des œuvres récentes de l’architecte Danois. Il y avait une bonne raison à cela « à l’époque nous nous installions en Amérique, nous n’avions pratiquement aucun levier de négociation ». Présenté par le magazine comme « ouvert aux idées audacieuses et ne craignant pas de les envisager », Ingels décrit son architecture comme un « world craft », équivalent du jeu vidéo « Minecraft » dans le monde réel. « Un enfant sur Minecraft peut construire un monde et l’habiter par le jeu, nous avons la possibilité de construire le monde que nous voulons habiter » conclut la starchitecte danoise, qui voudrait aussi trouver un moyen de mieux contrôler le travail des entreprises de construction, dont il estime qu’elles sabotent souvent les réalisations. Il ne suffit pas d’être « Big in Minecraft » alors !

Via Wired 

 

Bagne 3D

« Les gens ne connaissent pas cet endroit. Il n’en existe ni photographies ni documentations, excepté dans la tête des témoins » raconte Eyal Weizman, directeur de Forensic Architecture – un groupe d’architecte rattaché à l’université Goldsmith de Londres exposé à la biennale de Venise 2016, dont le travail est à l’architecture ce que la médecine légale est à la médecine générale. Cet endroit, c’est la prison de Saydnaya, en Syrie, haut lieu de torture du régime syrien que Forensic a pu reconstituer en 3D à partir des témoignages d’anciens détenus. Un travail difficile, du fait que les prisonniers avaient souvent les yeux bandés, et que l’éclairage des espaces était pratiquement inexistant. Collaborant avec Amnesty international, Forensic architecture a fait appel à la mémoire auditive des témoins. Les oreilles ont des murs.

Via Wired 

 

Vie post carcerale

« Prison de 1277.42 m2, fin XIXème, dans le centre de Grasse, vendue sans garage, ni parking. Travaux à prévoir ». Ce n’est pas une annonce du Bon Coin, mais du ministère des Finances, qui commercialise les prisons désaffectées par l’administration pénitentiaire. Déclassées par des bâtiments plus modernes, mais classées – souvent – au titre des monuments historiques, elles connaissent des fortunes diverses. À Fontainebleau, la maison d’arrêt adjugée 480 000 euros sera transformée en logements, avec sans doute une belle réflexion sur la cellule d’habitation. Coulommiers a reconverti sa prison de 1851 en bibliothèque, et celle de Saint-Michel, près de Rennes, est devenue « une boite de nuit prisée des étudiants ». Après les cris des détenus, le vacarme des DJ : Jailhouse Rock et Portes du pénitencier de rigueur sur la playlist.

AFP Via le Moniteur 

 

Art-NIMBY

« Votre intimité serait mieux préservée si vous acceptiez de mettre un store, un rideau ou n’importe quoi du même genre, comme cela se fait dans des tas d’endroits », a répondu en substance le sieur Nicholas Serota à ses voisins. Sauf que les voisins en question n’estiment pas être dans « n’importe quel endroit » et jugent le propos insultant. Propriétaires d’appartements faisant face à la Tate Gallery – institution dirigée par le dit Serota – ils se plaignent du comportement des foules arpentant la galerie panoramique du Switch House Building, extension de la Tate récemment livrée par Herzog et de Meuron. Les visiteurs du musée ne se gênent pas pour lorgner ostensiblement à travers les généreuses façades vitrées d’un groupe de tours distant d’une vingtaine de mètres de la Tate dans les situations de proximité les plus étroites. L’occupante d’un de ces logements vendus à 4,5 millions de livres en moyenne raconte son martyr au Guardian « C’est vraiment terrible, car mes filles sont encore jeunes et que des gens les regardent. Un jour où j’étais dans mon appartement, j’ai pu dénombrer jusqu’à 50 personnes en train de m’observer. J’ai l’impression d’être en exposition tout le temps ». Ferait-elle, à l’insu de son plein grès, partie d’une performance artistique façon Truman Show, montée par les facétieux architectes suisses de mèche avec le cabotin Richard Rogers, auteur des immeubles en question, avec la complicité du promoteur ?

Via The Guardian 

 

Mi-arche

Insensible aux problématiques de vis-à-vis et de voisins râleurs, c’est une Arche de la Défense rénovée qui devrait fêter ses trente ans en présence du président de la République. Seulement voilà, «c’est une « presque Arche » qui va être inaugurée, une Arche béquillarde et claudicante, car les ­propriétaires de la paroi Nord ont ­décidé de ne pas se coordonner avec les travaux menés par l’Etat, et même de remplacer les plaques de marbre manquantes par des plaques en tôle émaillée « de même ton », nous assure-t-on », s’insurge une brochette d’architectes célèbres dans un appel publié par Le Monde. Chemetov, Andreu, Huidobro, Piano, Ott (l’architecte de l’Opéra Bastille), et d’autres, parties prenantes des grands travaux mitterandiens, demandent « que leurs projets soient mis à l’abri d’interventions aveugles et irréversibles », craignant que « ce qui risque de se passer à la Défense en [soit] un exemple ». Pendant ce temps, au Maroc, l’une des arches de Lezgira s’écroulait, victime de l’érosion. Un présage?

Via Le Monde 

 

l’Algérie pour l’archi

Tandis qu’en France des architectes appellent à ne pas défigurer l’Arche de La Défense, le collège national des experts architectes (CNEA) algérien veut stopper la prolifération des architectures anarchiques qui défigurent le territoire. Abdelhamid Boudaoud, président du CNEA, « a souligné que le pays offre un spectacle désolant en matière de construction car « à travers toute l’étendue du territoire national on enregistre quotidiennement des constructions ne répondant à aucune norme architecturale ou urbanistique » ». Pour l’architecte, la faute de cette dégradation architecturale revient en partie à l’administration, qui a mis en place des procédures allégeant le permis de construire, et dénonce un projet de loi qui verrait « l’Assemblée populaire communale [mettre] à disposition un catalogue de cellules et les plans types y afférents. […] une telle initiative consisterait à anéantir purement et simplement le rôle de l’architecte qui a une mission de créativité ». Pas bien, les plans types? Pourquoi ne pas en acheter des plus beaux auprès de la start-up du coin?

via Maghreb Emergent 

Olivier Namias