Le 21 avril 1960, le gouvernement brésilien annonce son souhait de créer une nouvelle capitale. En effet, deux villes se disputaient ce statut : Rio de Janeiro en tant que capitale politique et culturelle, et São Paulo, capitale économique. Au lieu de trancher pour l’une ou l’autre, Juscelino Kubitschek, président du Brésil à l’époque, propose de créer Brasilia. Son emplacement géographique est stratégique, et a pour but de décentrer l’activité du pays, qui se tenait majoritairement sur les côtes. En quatre ans seulement, l’architecte et urbanisme Oscar Niemeyer, épaulé par l’urbaniste Lucio Costa, va concevoir et faire naître une ville fonctionnaliste, sous l’influence du mouvement moderne des années 1930.
Ensemble, Lucio Costa et Oscar Niemeyer établissent donc le plano piloto de la ville de Brasilia. Cette planification urbaine se décompose en plusieurs étapes, qui permettront de structurer les besoins de la ville naissante, ainsi que les grandes étapes de construction. Dans un premier temps, il s’agit de créer les infrastructures, les routes, ainsi que d’amener l’eau et l’électricité dans une zone inhabitée.
La ville se développe ensuite de manière stratégique, autour de deux axes : l’Eixo Rodoviário du Nord au Sud et l’Eixo monumental de l’Est à l’Ouest, limité à l’Est par un lac artificiel, créé pour assainir la ville. Conçue pour 500 000 habitants, Brasilia se développe finalement bien au delà de ses limites, engendrant la création de villes satellites. Celles-ci sont vite débordées et ne respecteront pas forcément les plans urbains prévues. Aujourd’hui, l’agglomération ne compte pas moins de 3,5 millions d’habitants.
Lucio Costa et Oscar Niemeyer définissent précisément l’emplacement des bâtiments et des infrastructures. L’élaboration du Plan Pilote est largement inspirée du mouvement moderne et de la Charte d’Athènes. Ainsi, les secteurs géographiques sont délimités en fonction des activités, et celles ci sont reliées par les axes de transports. Chaque secteur à son lieu dédié dans la ville. L’utopie sociale du mouvement moderne induit une répartition égalitaire en terme de logement : les résidences sociales côtoient celles plus aisées, dans un cadre sécurisé et arboré.

La ville se développe de manière presque symétrique autour de l’axe Est-Ouest. A son extrémité, le plan d’urbanisme prévoit l’emplacement de la Place des Trois Pouvoirs. C’est le lieu de décision du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire. Elle dirige la ville, c’est pourquoi elle se trouve symboliquement à la tête de l’avion qui peut être imaginé lorsque l’on regarde la ville depuis les airs.
Malgré un travail en duo, on retient plus facilement le nom d’Oscar Niemeyer car il est à l’origine de nombreux bâtiments construits dans la capitale dans les années qui suivirent sa création. Il s’agit aussi bien d’édifices politiques, religieux, ou encore culturels. Parmi les plus emblématiques, on retrouve la Cathédrale de Brasilia construite en 1970, le Palais de l’Aurore, qui est la résidence principale du Président de la République fédérative du Brésil, ou encore le Musée de Brasilia. Ces trois édifices sont influencés par les codes du mouvement moderne, tout en étant emprunts de la culture brésilienne.
Brasilia est une ville nouvelle, elle n’a pas un siècle d’âge. Aujourd’hui, le plano piloto de la ville est classé au Patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, depuis 1987, à peine 30 ans après sa création. Elle est une ville qui permet d’observer un patrimoine architecturale de renom, mais qui rencontre des problématiques face à une croissance démographique importante et une importante population pauvre. L’utopie moderniste aura-t-elle suffit à ralentir ce phénomène ? Quelles solutions pour un avenir plus radieux pour ces populations ? La question reste entière.
Anne Vanrapenbusch