A 2 pas de la Grande Arche, l’U Arena vient d’ouvrir avec un concert des Rolling Stones qui ont rempli les 40 000 places de la salle en version spectacle. Ce projet, qui rentre dans le cadre de l’ »opération Seine-Arche d’intérêt national », a été voulu et financé par Jacky Lorenzetti, Président du Racing 92. Suite à un concours d’architecture en 2010, il a choisi Christian de Portzamparc pour le réaliser avec Vinci. Portant sur un stade de rugby et 31 000 m2 de bureaux en partie sud pour assurer la rentabilité, le programme du concours s’est enrichi en cours d’étude jusqu’à ce que l’aspect salle de spectacle prédomine, rejoignant ainsi le fleurissement d’équipements culturels parisiens de ces dernières années. Inséré dans un tissu urbain dense, et non en dehors de la ville, il est situé dans le grand axe de La Défense et de Nanterre, entre la voie ferrée et le cimetière. En toile de fond, se profile le skyline des tours.
Le volume compact de cette salle en U, avec seulement trois côtés, contraste avec l’immensité que l’on ressent en pénétrant à l’intérieur sous les 40 mètres de sa voûte. Fait nouveau pour un stade, permis par la fédération de rugby, il comporte une toiture fermée et inamovible. Il n’y fera jamais trop froid, ni trop chaud. Il n’y pleuvra pas. La toiture est composée de 4 méga poutres et repose sur une charpente de très grande portée – 150 x 110 m. L’ensemble est enveloppé sous des écailles de verre et d’aluminium – un sujet cher à l’architecte déjà exploité dans de précédentes constructions comme la Tour One 57 à New York, le siège de Bouygues Immobilier à Issy-les-Moulineaux ou encore l’hôtel Renaissance avenue de Wagram à Paris, – surmonté, en attique, d’une coque de béton.
Comme posée là, face à son parvis, l’U Arena, qu’elle plaise ou déplaise, étonne. Explication en images avec Christian de Portzamparc.
L’un sur la conception du projet architectural, regroupant esquisses et images de synthèse de différents bâtiments classés par ordre chronologique d’élaboration.
Les dessins et les jours, Christian de Portzamparc. Somogy éditions d’art, janvier 2016, 30 x 24,5 cm, 40 €. ISBN : 978-2-75720-371-2
L’autre à caractère plus monographique, sur l’œuvre de l’architecte.
Portzamparc Buildings, Philip Jodidio et Christian de Portzamparc. Rizzoli USA, novembre 2017, $85. ISBN : 978-0-8478-4872-0
« Il y a quelques merdouilles (it has a couple of screw-ups) » a admis Rafael Viñoly évoquant des malfaçons sur sa tour du 432 Park Avenue, l’un de ces nouveaux gratte-ciel pour super-riches qui crèvent la skyline de Manhattan. L’architecte uruguayen présentait son bâtiment de 96 niveaux et 426 mètres de haut lors d’une conférence organisée par des promoteurs. En cause, notamment, six fenêtres carrées de 10 pieds (environ 3x3m) à chaque étage, qui transformeraient les appartements en serres tropicales. « C’était l’idée d’Harry », a dit l’architecte en montrant presque du doigt son maître d’ouvrage, le promoteur Harry Macklowe. Peut-être, mais ce n’est pas le premier problème de Viñoly avec les ardeurs de l’astre solaire : son immeuble de bureau londonien, surnommé le talkie-walkie par la population locale, avait littéralement mis le feu aux véhicules stationnés sur le parking voisin. La façade incurvée concentrait les rayons à la façon d’un four solaire. « Nous avions fait beaucoup d’erreur sur ce bâtiment », avait dit l’architecte. Faute avouée, à moitié pardonnée ?
Décidément désireux d’en découdre, Viñoly ne s’est pas contenté d’égratigner ses promoteurs. Il s’en est pris à ses collègues, passant de la contrition à l’offensive au cours de la même conférence : « Quel est le nom de ce bâtiment fait par ce type français ? Il aurait été bien mieux sans toutes ses vitres. Je pense que c’est un bâtiment absolument horrible ». Qui c’est celui-là? Transmis au French Guy, Christian de Portzamparc, qui appréciera cette description synthétique de sa tour du One 57 sur la 57e rue.
Pendant que Viñoly éreinte son monde à New York, on inaugure un musée sur la Côte Est. Frédéric Edelmann a visité l’imprononçable SFMOMA (San Francisco Museum of Modern Art) à quelques jours de son ouverture au public. L’occasion pour le critique d’architecture du quotidien Le Monde de confronter les –otta et les –etta, soit Mario Botta, architecte tessinois du premier SFMOMA construit en 1995, et Snøhetta, agence norvégienne qui construira d’ailleurs le futur siège du Monde. La comparaison n’est pas à l’avantage du musée originel, icône post moderne vieillissante qui présente pour Edelmann « l’embonpoint d’un temple khmer » totalement dépourvu d’élégance. L’éclairage « zenithophile » bottien jette dans les salles de l’ancien musée l’ambiance d’un tombeau passablement triste, juge le critique, préférant les nouvelles ouvertures latérales imaginées par les Norvégiens. Comparant l’accroche de l’extension sur l’existant à « un gros cocon oblong et ventru, qui s’accroche en en dévorant un morceau, au bâtiment initial », Edelmann rejoint cependant ses confrères américains, qui ont qualifié le bâtiment de «paquebot», «grosse meringue» ou encore «d’iceberg». Cette masse forme-t-elle au moins un «beau tas» ? La question reste pour l’instant sans réponse…
Frédéric Edelmann, « un cocon blanc pousse sur le SFMOMA », Le Monde, 10 mai 2016.
Déçu
L’architecte Pablo Katz n’est pas revenu enthousiaste de sa visite du Wilhelmsburg Centre, quartier innovant réalisé dans le cadre de l’IBA 2013 (Exposition internationale du bâtiment) à Hambourg. « L’innovation technique n’a pas produit de qualité urbaine ni architecturale », constate Pablo Katz, qui voit dans le quartier une réussite en terme de communication, et un échec du point de vue du projet social. Plus fâcheux, les défaillances de l’Algenhaus, une maison dite intelligente devenue l’une des attractions de l’IBA, grâce à ses panneaux de verre intégrant la culture d’algue à l’édifice. Les algues qui devaient transformer la biomasse en chaleur se sont décomposées, émettant des gaz toxiques plutôt que de la chaleur. Lors du passage de Katz, les 129 panneaux étaient en cours de dépose ! Souhaitons plus de succès aux projets français explorant des systèmes similaires.
Lu dans le n° 23 de Construire! Tribune libre aux architectes, urbanistes et acteurs de la ville et du logement. Disponible sur demande par mail à construire.archi@gmail.com
Mayatown
En croisant des images Google earth avec le plan des constellations, un jeune canadien de 14 ans a découvert une cité maya inconnue à la barbe des archéologues les plus chevronnés. La nouvelle cité se trouve sur la pointe d’un triangle d’étoiles reporté sur le plancher des vaches. Les deux autres sommets sont déjà occupés par des villes antiques. Problème : les Mayas utilisaient leur propre système de constellations qui demeure largement inconnu, et n’a rien à voir avec le nôtre, hérité des traditions helléniques. Enfin, aucun archéologue fouillant la zone depuis plus de 20 ans n’aurait pu passer à côté de ce site de plus de 102 m2, aussi grand que Paris. Le carré vert perceptible sur les images satellites laissant supposer la présence d’une intervention humaine serait plutôt un champs de cannabis qu’une ville, expliquent les spécialistes, critiques sur la capacité des médias à propager cette information sans la vérifier. Un abus des substances tirées du carré vert maya chez nos confrères de la presse canadienne ?
Nouvelle star
Ne cherchez plus les cités Mayas dans les constellations ni l’étoile montante de l’architecture dans les palmarès NAJA ou autres prix de la première œuvre. L’architecte le plus prometteur de Paris s’appelle Félix Millory, nous révèle le cahier de tendance de l’obs, présentant celui qui, « à 30 ans pile, compte déjà parmi les architectes stars de l’hexagone », rien de moins ! Après des débuts comme stagiaire puis chef de projet chez Franck Salama, il se décide à voler de ses propres ailes lorsque Vanessa Paradis lui demande de refaire totalement son modeste pied-à-terre de 420 m2. Lâchant illico son CDI, il n’a rien eu à regretter, puisqu’il «jongle» aujourd’hui avec plusieurs projets de luxe « bien conçus, mais surtout pas à des tarifs absurdes » — presque un agenda social exposé par l’architecte à la journaliste Elvire Emptaz. « L’architecture, c’est comme un vêtement, il faut les bonnes proportions » explique aussi la future star dont rien ne semble entraver la marche vers le succès. Avertissement aux clients potentiels « On ne va pas voir Félix si on veut un appartement ultra coloré, son style est chic et épuré » Amateur d’ambiances typées «hacienda mexicaine» s’abstenir !
Ce site utilise des cookies de Google Analytics, ces cookies nous aident à identifier le contenu qui vous intéresse le plus ainsi qu'à repérer certains dysfonctionnement. Vos données de navigations sur ce site sont envoyées à Google Inc.