La spectaculaire Philharmonie de l’Elbe, à Hambourg, conçue par les architectes suisses Herzog et de Meuron, a été inaugurée mercredi 11 janvier, au son de Ludwig van Beethoven et de Richard Wagner. Située dans le port de Hambourg, à l’extrémité d’un quai au bord de l’Elbe, cette icône déjà surnommée Elphi par les Hambourgeois est édifiée dans la zone de la Speicherstadt, littéralement « ville aux entrepôts » classée monument historique depuis 1991 et au patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2015. La Philharmonie est bâtie sur un ancien entrepôt de cacao, dont seul la peau de brique a été conservée. Au-dessus, s’élève une structure de verre dont le sommet prend la forme de vagues. Les 10 000 m² de façades comprennent 1100 facettes concaves et convexes. Entre l’ancien et le nouveau, une place publique offre une vue spectaculaire sur le port et le ciel. A l’intérieur, la salle de concerts de 2100 places propose une des meilleures acoustiques du monde, dûe au japonais Yasuhisa Toyota. En chiffres, l’édifice du haut de ses 137 mètres pèse 200 000 tonnes, soit 722 Airbus A380, signale les Echos. Le bâtiment est aussi majestueux que controversé, avec une première pierre posée en 2007, 6 ans de retard sur le délai de livraison et un coût passé de 77 à 789 millions d’euros, soit 10 fois plus que le budget initial, de quoi déculpabiliser Jean Nouvel et sa Philharmonie de Paris. A la décharge des architectes, le bâtiment a vu s’alourdir son programme en cours de conception, renfermant un hôtel 5 étoiles de 247 chambres et 45 appartements de luxe.
Courtesy Elbphilarmonie / Maxim Schultz
Architectures CREE propose un voyage d’études de trois jours permettant de découvrir l’Elbphilharmonie mais aussi les modèles d’aménagement des quartiers emblématiques qui lui sont rattachés, comme le quartier de l’IBA 13 ou de HafenCity (2025).
2016 2017 Bilan et perspectives architecturales : OMA, BIG, Herzog et de Meuron, Snøhetta, Zaha Hadid en 2016. Heatherwick, Norman Foster, MAD, encore Snøhetta, BIG, Zaha Hadid pour 2017. Nouveaux matériaux. L’université d’architecture de Pyongyang. Orthodoxisme vs Constructivisme
2016, année terrible ?
Le 31 décembre à 23:59, beaucoup se préparaient à pousser un soupir de soulagement au moment de laisser derrière eux une année laissant une impression de malheur assez partagée. Attentats, disparitions des stars comme Bowie, Prince, Leonard Cohen, Georges Michael et Zaha Hadid, dont la mort parait presque occultée par celles des étoiles de la musique pop/rock. L’ombre de ces poids lourds aura caché le départ de Kenneth Snelson, sculpteur émule de Buckminster Fuller, ou de Luigi Caccia-Dominioni figure du modernisme italien parti à l’âge Niemeyerien de 103 ans. Faut-il pour autant en conclure que 2016 fut une annus horribilis pour l’architecture ? Non, selon Wired, par exemple, qui cite les 25 chefs-d’oeuvre qui prouvent, bâtiments à l’appui, que l’année passée fut incroyable sur le plan architectural. Parmi la sélection du magazine anglais, qui recoupe celles d’autres sites spécialisés, le Faena Forum de OMA (Miami), l’immeuble de logement sur la 57e rue, à New York, par BIG, la philharmonie d’Hambourg et la New Tate d’Herzog et de Meuron, le SFMOMA, extension du MOMA de San Francisco par Snøhetta, ou le port house d’Anvers, par la défunte Zaha Hadid qui n’aura pu assister à l’inauguration, comme elle manquera à l’inauguration des nouveaux projets gagnés par l’agence après son décès, plus d’une dizaine, selon son attaché de presse.
Via 57 West, apartments soaring 467 feet, redrew Manhattan’s western skyline. Credit Philip Greenberg for The New York TimesOMA, Faena Forum, Miami. Photos Iwan Baan via WiredZaha Hadid Architects, The Port House, Antwerp. Photos HUFTON & CROW via Wired
À venir en 2017
Malgré la mort régulièrement annoncée de la starchitecture, l’année qui vient sera féconde en architecture spectaculaire. Dezeen recommande tout particulièrement de guetter la livraison de dix bâtiments phares, dont le Zeitz Museum of contemporary art africa, reconversion de silos à grain de Cap Town dirigée par le Heatherwick Studio, le centre Roi Abulaziz pour la culture mondiale, l’un des plus gros projets de Snøhetta, ou le Campus Apple de Sir Norman Foster. De son côté, la BBC recommande de garder un œil sur le musée de la Deuxième Guerre mondiale à Gdansk (Design Engine architectes), la controversée reconstruction à l’identique de la tour de l’Église de Postdam, suivant les plans établis par Phillip Gerlach en 1730, les bâtiments de l’exposition universelle de 2017 à Astana, Kazakhstan, ou le polercoaster, une tour fête foraine d’Orlando, munie de toboggans et grand huit garantissant une descente rapide et mouvementée du sommet de cette structure dessinée par Bill Kitchen’s US Thrill Rides. Pour CNN, la maison du LEGO (BIG), les tours du Huangshan Mountain Village de MAD (Anhui, Chine), le centre Botin (Renzo Piano, Santander), l’immeuble de logement du 520 de la 28e rue Ouest et la gare TGV de Naples-Afragola, un bâtiment lombric signé comme le précédent par Zaha Hadid, seront parmi les édifices remarquables de cette année qui débute.
Apple Campus 2, USA, by Foster + Partners via DezeenThe WWII museum in Gdańsk is supposed to tell the story of the impact of the conflict on ordinary people (Credit: Design Engine Architects) via BBCLEGO House, BIG, Billund via CNN
Quatre matériaux pour une nouvelle année
Du côté des matériaux, il faudra compter sur Shotcrete, affirme Worlbuilding 365. Développé par des chercheurs de l’université de Nebraska-Lincoln, ce béton possède la capacité d’absorber et de refléter les ondes électromagnétiques. 2017 sera aussi l’année des aérogels, une invention déjà ancienne qui devrait prendre son essor dans les prochains mois, pour exploser jusqu’à atteindre une part de marché de 612 millions d’US $ d’ici 2020. 200 fois plus résistant que l’acier, le graphène sera un autre matériau futuriste à surveiller. La production d’un gramme de ce nanomatériau inventé voici 12 ans s’élevant à 500 US $ le gramme, son futur proche se déroulera à l’état d’adjuvant plutôt que de bloc massif. En comparaison, la « cool brick », brique rafraîchissante réalisée par impression 3D semble ouvrir un horizon plus accessible, mettant le futur quasiment à portée de truelle.
Architecte, et depuis le premier janvier, Chevalier, tel est le destin de David Adjaye, qui vient d’être anoblit par Sa Majesté Élisabeth II à l’occasion de la promotion de Nouvel An. Cette consécration incite à rechercher les Adjaye de demain. Pour The Guardian, ils répondent au nom d’Interrobang, nom valise formé de la réunion du point d’exclamation et du point d’interrogation « qui suggère aventures et questionnement », explique l’un des trois associés de cette agence qui a pour credo les pensées « hybrides » et « non spécialisées ». Webb Yates Engineers, Orkidstudio, Concrete action et Adam Nathaniel Furman sont aussi des agences à suivre.
En France, les nouveaux architectes jouent collectifs, explique M le magazine du Monde, même si le seuil de réunion, commençant à deux architectes, permet à beaucoup d’agences ayant plus d’un associé de rentrer dans cette catégorie. Peu importe, avec ces jeunes architectes, s’en est fini de l’architecte diva « le concept mégalo pourrait bien s’éteindre avec eux (Nouvel ou Gehry, NDLR), tant l’époque est aux égaux lissés ». Lissés au risque de la transparence, craint même la journaliste. Les figures de cette nouvelle vague ont pour nom Cigue, Bruther, Festen, Studio KO, et semblent partager un certain goût pour le minimalisme. « Fini l’architecture ostentatoire et iconique aujourd’hui symbolisée par le Qatar, l’heure est à l’économie de moyens, à l’intérêt pour l’environnement local, à la création de valeur. Une philosophie résumée par la formule “More with less”, variante du célèbre “Less is more” de Ludwig Mies van der Rohe, directeur du Bauhaus de 1930 à 1933. “Faire mieux avec moins”, c’est l’antienne du duo Festen : “La simplicité, le dépouillé, n’utiliser que des matériaux qui font sens avec l’histoire du lieu, c’est tout ce qui nous intéresse” . Un bémol pourtant dans ce manifeste de frugalité, à l’exception de Bruther, les projets traités semblent regarder vers le haut de gamme : hôtel 5 étoiles les Roches Rouges pour Festen, pour le Studio KO d’autres hôtels de luxe et le musée Yves Saint-Laurent de Marrakech, dont l’inauguration est programmée en 2017. Le décalage entre l’économie de moyen proclamée et le prestige des programmes incite à se demander si les maîtres d’ouvrage n’auraient pas leur propre maxime percutante, style « less is more in my pocket » ?
Les membres fondateurs du collectif d’architectes Ciguë, qui dessine notamment les boutiques d’Aesop. Maris Mezulis Via M le magazine du MondeStéphanie Bru et Alexandre Theriot, de l’agence Bruther, revendiquent une démarche pragmatique et fonctionnelle, visible au Dôme, à Caen Via M le magazine du MondeLe duo de Studio KO – Karl Fournier et Olivier Marty – s’est imposé à l’étranger. Après avoir rénové le Château Marmont à Los Angeles, ils termineront en 2017 le Musée Yves Saint Laurent, à Marrakech. N. Manalili/Studio KO/Fondation Pierre Bergé-Y. Saint Laurent Via M le magazine du Monde
Pyongyang, tendances 2017
L’architecture semble tenir une place toute particulière dans le coeur du nouveau maître de la Corée du Nord. Pour accomplir le renouveau souhaité par Kim Jong un, Ma Won-Chun, que l’on présente comme le cerveau architectural du grand leader, a fait de son ancienne université un fer de lance. « L’université d’architecture de Pyongyang a apporté de nombreux fruits à divers projets avec la conception d’édifices monumentaux durant cette année de grande importance en raison de l’organisation du 7e Congrès du Parti du travail», a rapporté la radio nord-coréenne en mettant en lumière le statut renforcé de cet établissement depuis l’arrivée au pouvoir de Kim Jong-un ». Souhaitant se démarquer des anciens gouvernements – dirigés par son père et son grand-père – « le régime de Kim Jong-un s’efforce de bâtir de grands édifices partout dans le pays », ce qui se traduit par des tours de trente étages le long de la rue Ryomyong, artère qui mène au palais présidentiel. Kim Jong-un semble faire fi du fameux adage autrefois éprouvé par Ceaucescu « Dictateur bâtisseur, dictateur battu ».
Parmi les projets qui devraient sortir de terre en 2017, cette maison de Taiwan à laquelle l’agence hollandaise MVRDV a donné la forme de la 25e lettre de notre alphabet. Un parti qui étonne BFMTV : « Outre son architecture, l’autre particularité de la Y House est sa ressemblance avec un morceau d’emmental. La maison est recouverte de fenêtres circulaires. Pas seulement sur les façades, mais également à l’intérieur même de la villa, dans les escaliers. Un moyen efficace de faire circuler la lumière et les flux d’énergies Feng shui. Une signature également du cabinet néerlandais. En effet, aux Pays-Bas, pays protestant, il n’est pas pour habitude de mettre des rideaux aux fenêtres. En créant des ouvertures rondes, les architectes empêchent ainsi les futurs propriétaires d’en mettre aux fenêtres, au risque de dénaturer la beauté du lieu ». Pour les mêmes raisons, l’architecte s’est abstenu de mettre son projet-fromage sous cloche.
Respectivement premier et deuxième producteurs de cuivre de Russie, les oligarques Andrei Kozitsyn (UMMC) et Igor Altushkin (Russian Copper Company) veulent faire cadeau à la ville d’Ekaterinenbourg d’une basilique orthodoxe de style XVIe siècle, époque ou cette ville de fondation créée en 1723 n’existait pas encore. L’anachronisme n’est pas le seul souci de cette cathédrale Sainte-Catherine, que les deux « bienfaiteurs » veulent construire sur un étang pour lui donner plus de visibilité. Quitte à écraser le stade Dynamo, un bâtiment constructiviste, style aujourd’hui prisé des citoyens de la ville. « Architectes et intellectuels se sont mobilisés contre les plans des mécènes, craignant que ce “corps étranger” n’altère la perception du centre d’Ekaterinenbourg, caractérisé par la présence abondante d’architecture constructiviste, ici préservée comme ensemble à la différence des autres villes russes, où l’héritage des années 20 est plus fragmenté ». Les citoyens réclament l’inscription du centre-ville au patrimoine mondial de l’humanité, mais pèsent de peu de poids face aux pressions conjuguées des oligarques et l’église orthodoxe sur les autorités et les médias locaux – un journaliste opposant au projet a été licencié de son journal. Estimés à 95 millions d’euros, les travaux ont été approuvés par la région et commenceront en 2017, au grand dam de la population. « Les deux bienfaiteurs ne veulent pas une simple église, mais une église exceptionnelle, et veulent la construire sur l’eau parce qu’ils ne voient pas de meilleur emplacement pour cela. Autrefois, on considérait que la majorité avait raison. Aujourd’hui, nous vivons dans une autre société, où ce n’est plus la majorité qui a raison, mais bien une minorité talentueuse concentrant les moyens financiers, et il semble que nous ne sommes pas prêts à respecter les décisions de cette minorité » regrette Vladimir Puzenkov, directeur de la société qui batiera l’église. Ensemble ou séparément, Kozitsin et Altushkin ont financé la construction de dizaines d’églises, jusqu’en Tchétchénie ou à Londres. « Les bienfaiteurs (toujours Kozitsyn et Altuschkin) sont des gens qui arrivent toujours à leurs fins, tant dans le mécénat que dans les affaires», explique Puzenkov. À Paris, nous avons déjà une église orthodoxe grotesque : souhaitons que cela calme les ardeurs de ces deux grands altruistes.
Koolhaas s’oppose au Brexit, inauguration de la New Tate modern, les architectes anglais face aux référendum du 23 juin, des décibels qui coûtent de l’Or, Calatrava à l’amende
New Tate Modern » The Switch » – Herzog et de Meuron architectes. Courtesy (c) Luc Boegly+Sergio Grazia
Remxin
Hollandais, mais aussi ancien étudiant de la AA school, Rem Koolhaas s’est prononcé pour le maintien du Royaume-Uni dans l’Union Européenne sur les ondes de la BBC. Il y a bien plus en jeu qu’être dedans ou dehors, a affirmé l’architecte se souvenant des effets que l’entrée dans la CEE avait eu sur son ex-école. Des Allemands, Tchécoslovaques et Français arrivant dans l’établissement avaient contribué à « moderniser la mentalité anglaise, l’ensemble de la civilisation britannique », a encore expliqué l’architecte. Une sortie de l’UE la ramènerait en revanche aux temps qu’a connu Rem à ses tous débuts à l’AA : une ère où les serveuses du restaurant de l’école portaient des bonnets victoriens. Pas sexy pour un moderne, et dur à avaler pour la figure de proue d’une agence qui s’est plusieurs fois penchée sur la communication de la Commission européenne.
Si pour Rem Koolhaas, le Brexit ramènerait l’Angleterre aux mauvais temps anciens, les grandes agences d’architectures britanniques se déclarent mal préparées aux conséquences du « Oui » au référendum du 23 juin. Le magazine Building Design a interrogé une douzaine d’agences parmi les principales du Royaume-Uni. Pour Brendan Kilpatrick, associé de PRP, les conséquences sur l’emploi seraient très négatives : notre agence est très internationale, et craint de voir partir de Londres ses employés d’origines polonaise, lituanienne, espagnole ou grecque. Les perspectives d’emploi devraient cependant les retenir au nord du continent… Un directeur d’AHR s’attend à une période d’instabilité d’une durée inconnue et des répercussions sur l’activité économique difficiles à évaluer. En mai dernier, 78% des architectes se prononçaient pour un maintien dans l’UE et 11% pour le Brexit, selon un sondage réalisé par le magazine Building auprès de 180 architectes.
Au-delà du Brexit, l’actualité architecturale britannique se focalise sur l’inauguration de la New Tate Modern, bâtiment livré par Herzog et de Meuron après 10 années de chantier. Déjà un succès public, si l’on en croit les notes données par les lecteurs du Guardian à l’extension de l’ancienne centrale électrique de Bankside. Harry Hickmore, 23 ans, observe qu’il est difficile de prendre un selfie avec le nouvel édifice, admettant que ce n’est peut-être pas un mal. Adam Smith apprécie l’illusion de vivre dans le décor des SIM. L’accès aux pièces avec panorama sur la Tamise lui donne l’impression de vivre dans un des luxueux appartements occupés par les personnages du jeu vidéo, sensation qu’il évalue comme une performance artistique du XXIe siècle. Les deux ont donné 4 étoiles sur 5 au bâtiment, beaucoup plus qu’à l’usine Sainsbury, construite dans les années 30 par Owen Williams, dont la destruction récente est passée inaperçue. Nina Rappaport rend hommage dans les colonnes de Building Design à cette ancienne usine de saucisses. Il faut se faire une raison : francforts, chipolatas et autres merguez ont désormais plus de chance de sortir aujourd’hui des murs d’un atelier d’artiste que d’un établissement de confection industrielle.
La Tate se fera-t-elle voler son jeune public par un concurrent féroce, Kidzania ? Dans ce parc d’attraction qui a pour thème le capitalisme, les enfants apprennent « que rien ne tombe du ciel » tout en éprouvant les « valeurs de la vie réelle ». France TV info visite cet espace de 7 000 m2 ouvert il y a un an – une ville en miniature, décrit la chaine – dans l’ouest londonien. On peut y essayer 60 métiers, et dépenser des dollars kidzaniens durement gagnés pour acheter le droits d’exercer des professions attractives, comme pompier, ou aller étudier pour s’élever dans la société. Le reportage ne dit pas si l’on peut y exercer le métier d’architecte en herbe, ni même si cette profession est enviable financièrement. Voila comment les vocations se perdent.
Et pourtant, l’exercice du métier d’architecte peut s’avérer coûteux. Santiago Calatrava, architecte valencien exilé en Suisse, vient d’en faire l’amère expérience. Le Tribunal suprême de Madrid vient de confirmer la condamnation de l’architecte à 2,96 millions de dommages et intérêts en réparation des malfaçons du Palais des congrès d’Oviedo. Le dernier recours juridique espagnol impute une faute de prévision dans le dessin, la fabrication et l’exécution de la couverture de ce projet détonnant pour une ville de 200 000 habitants. La société Santiago Calatrava LLC s’était vue confier par le promoteur Jovellanos XXI l’ensemble des missions, de la conception à la livraison du bâtiment. Trancadiz, Zubi-zuri, passerelle de Venise… souhaitons que les dommages de ces oeuvres calatraviennes construites à Valence, Bilbao ou dans la serenissime ne perturbent pas le sommeil de l’architecte
En France, l’État en mal d’argent pourrait, plutôt que de s’en prendre à Calatrava, poursuivre… le bruit ! D’après une étude réalisée par le cabinet EY (ex Ernst&Young) à la demande du Conseil national du bruit, le coût du bruit s’élèverait à 57 milliards ! L’étude financée par l’ADEME repose sur une méthode de l’OMS mesurant la relation entre l’exposition à un agent (le bruit) et ses effets (son impact sanitaire). On veut bien admettre que les traitements pour la surdité aient un coût mesurable, on reste plus sceptique quand à la quantification financière des dommages induits par la gêne du sommeil (40% des cas selon l’étude). On guette l’apparition prochaine de nouvelles normes anti-bruit pouvant faire rimer affaiblissement acoustique et renforcement budgétaire. Pourquoi ne pas tous se taire pendant quatre ans pour réduire le déficit ? L’idée pourra séduire, et pas seulement le Conseil du bruit, qui fait décidément un sacré vacarme autour de ce « coût social » des nuisances sonores.
L’extension de la Tate Modern vient d’être inaugurée ce vendredi 17 juin en présence de Sadiq Khan, le nouveau maire de Londres. Une double Tate, donc, prise entre quatre yeux par les photographes Luc Boegly et Sergio Grazia, associant leurs regards pour mieux rendre compte des projets exceptionnels, telle cette pyramide de brique dessinée par l’agence bâloise Herzog & de Meuron. Les architectes suisses ont le rare privilège de réaliser l’extension du très remarqué musée qu’ils ont livré en 2000.
L’installation de la branche contemporaine de la Tate Gallery dans une ancienne centrale électrique avait suscité un scepticisme certain. Qu’allait faire un musée dans ce quartier en déshérence, malgré sa proximité avec le centre ville ? Le succès de la Tate Modern a entrainé la construction de nouveaux immeubles résidentiels haut de gamme, contraignant l’institution à prendre de la hauteur pour augmenter ses surfaces d’exposition.
336 000 briques recouvrent la nouvelle aile de la Tate Modern, baptisée The Switch House (le commutateur) en référence à une sous station construite sur cette partie de la parcelle.
Inaugurée en 1952, la centrale de Bankside a été désaffectée en 1981. En octobre 2000, la Tate Modern a emménagé dans l’usine réhabilitée, reliée depuis le moins de juin de la même année à la rive droite de Londres par le Millenium bridge, passerelle piétonne conçue par Arup, Foster et Caro. La New Tate Modern doit être vue depuis le nord de la ville, sans pour autant concurrencer la cheminée iconique du bâtiment de Gilbert Scott.
Suivant les voeux du commanditaire, l’extension favorise les rencontres et les contacts entre les visiteurs, et pas uniquement la valorisation des oeuvres. Les circulations sont nombreuses, elles intègrent des bancs ou des espaces plus intimes propices à la socialisation.
La réhabilitation de la centrale avait été attribuée par concours à l’agence Herzog & de Meuron en 1995. Cinq ans après la l’inauguration, en 2000, la Tate confiait aux mêmes architectes l’extension du musée. Il s’agissait d’accueillir un nombre de visiteurs trois fois supérieurs aux estimations initiales, atteignant 5,7 millions annuels au lieu des 2 millions prévus.
La Switch house a coûté 260 millions de livres. Les travaux ont été financés à hauteur de 63 millions par des fonds publics et 197 millions de dons privés. A titre de comparaison, 134 millions de livres avaient dépensés pour la réhabilitation de la Bankside Power Station.
Conservés, les vestiges souterrains d’anciens réservoirs de carburant (ouvrages en béton à gauche de l’image) forment les fondations symboliques de l’extension
La volumétrie pyramidale est le fruit du croisement entre une série de contraintes programmatiques et contextuelles. La brique soude les parties neuves aux anciennes. Le traitement imaginé par les architectes transforme le matériau massif en une sorte de voile léger qui suit les différentes inflexions de la tour.
Toujours facilement repérable, l’escalier principal définit un axe vertical reliant sans ambiguïtés les différents espaces dédiés à des activités publiques : lieu de repos, salles d’apprentissage en groupe ou salles d’étude individuelles.
800 oeuvres et 300 artistes sont présentées dans les nouvelles salles. 50% sont réalisées par des femmes – sont ainsi exposées Ana Lupas, Marisa Merz, Joan Jonas, Louise Bourgeois, Georgia O’Keefe…
Après le feu vert donné à la rénovation de la Samaritaine, le 19 juin, et aux tours Hermitage à la Défense, le 24 juin, c’est aux architectes Herzog & De Meuron de voir leur projet de Tour Triangle validé le 30 juin par le Conseil de Paris.
La tour Triangle depuis l’arc de triomphe
Officiellement présenté le 28 septembre 2008, cet Immeuble de Grande Hauteur (IGH) a subi un scrutin négatif en novembre 2014. Suite à un recours devant le tribunal administratif, porté par la maire PS de Paris, Anne Hildago, le promoteur Unibail-Rodamco revoit son projet.
La tour se dévoile au bout de la rue de Vaugirard
Situé porte de Versailles dans le 15ème arrondissement, ce gratte ciel à l’emprise au sol trapézoïdale de 35 m de large et de 16 m au sommet vient marquer le paysage parisien. Du haut de ses 180 m, soit 42 étages, il accueille essentiellement des bureaux. Leurs surfaces ont été révisées, passant de 80 000 m² à 70 000 m², permettant de dégager un espace de coworking, une crèche de 60 berceaux, et un centre de santé. Le lien avec la ville est lui aussi renforcé. En plus d’une nouvelle rue commerçante formant un trait d’union urbain entre Paris et Issy-les-Moulineaux, un atrium de 850 m² offre un espace public, tandis qu’au R+1 se trouve un centre de conférence et au R+2 un espace culturel.
Avenue Ernest Renan, trait d’union urbain commerçant
Entre le douzième et le dix-septième étage se loge un hôtel 4 étoiles de 120 chambres, un sky bar avec vue panoramique et un restaurant ouvert à tous. Tout en haut, après une montée dans des ascenseurs panoramiques inclinés et vitrés, un restaurant offre des perspectives inédites, en plus d’un belvédère situé au plus haut point. Par ailleurs, équipée de capteurs solaires et d’un système à géothermie, la tour augmente ses performances de 40% par rapport à la RT 2012 et est soumise aux certifications HQE et BREEAM. Son positionnement est prévu pour générer des ombres uniquement au dessus des halls du parc des expositions. Le projet de 92 200 m² s’inscrit dans la logique du Grand Paris.
Synergie renforcée avec le parc des expositions
Anne Hildago a jugé cette nouvelle version « plus intéressante, plus riche, plus forte dans son lien avec la ville ». Le centre et la droite s’étant ralliés, c’est avec 87 voix pour et 74 contre que le projet Tour Triangle 2 verra ses travaux débuter fin 2016 pour être achevé en 2020.
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