Imaginé par l’agence québécoise Nature Humaine, le Soufflet est un projet de réhabilitation destiné à moderniser un ancien édifice commercial de la rue Baubien à Montréal. Le programme reste inchangé et les différents usages commerciaux viennent se superposer à l’intérieur des murs. Doté d’une extension caractérisée par une toiture monolithique, le soufflet est un savant mélange entre réinterprétation de l’existant et cadrage de vues.
L’idée conceptuelle de l’agence pour élaborer ce projet était d’accorder une importance particulière au contexte de l’édifice, à savoir le Parc Molson. Il était donc essentiel de pouvoir offrir des vues panoramiques sur ce dernier. La réponse à cette problématique va ainsi devenir le point caractéristique du projet et même lui donner son nom : une série de brises-soleil installée sur le toit inspirés des anciens appareils photo à soufflet.
Cette rétinterprétation contemporaine de la pergolas – matérialisée par une structure noir en acordon – permet d’inscrire le projet dans son environnement en lui conférant une échelle similaire à celle de ses voisins afin de se positionner dans la continuité du paysage urbain.
Pour plus de profondeur et de matière, un jeu de relief dans l’appareillage des briques de la façade a été mis en place couplé à une série de fenêtres.
A l’intérieur, les bureaux du troisième l’étage s’organisent selon une typologie longitudinale avec en avant la salle de conférence bénéficiant d’une vue sur la terrasse, la réception et les espaces de circulation – naturellement éclairés par des puits de lumière – prennent place au coeur de l’édifice.
Pour évoquer le passé du lieu et le souvenir de son temps, plusieurs lampes d’origine ont été réutilisées contrastant tout en subtilité avec les lignes minimalistes des nouvelles suspensions.
Plaqués de chêne blanc, les rangements des bureaux transpercent les cloisons vitrées, dévoilant ainsi la perception d’une trame régulière depuis le couloir.
Enfin, l’ajout de couleurs vives rehausse les tonalités monochromes de l’ensemble. Le bloc bleu renferme les services, tandis que le rouge vif irradie l’escalier d’issue.
Sid Lee Architecture, en collaboration avec le propriétaire Ivanhoé Cambridge et l’exploitant Hôtel W Montréal, a récemment terminé la transformation de trois suites Extrême WOW au W Montréal.
Situé au cœur du Quartier International de Montréal et logé dans l’immeuble historique de la Banque du Canada, le W Montréal est un hôtel de luxe qui se distingue grâce à son identité racée, à la fois élégante et extravertie, toujours à la page des tendances du design, de la mode et de la musique.
Le récent projet de rénovation a permis de redonner vie aux suites WOW 1001, 1012, et 1013. Celles-ci offrent aujourd’hui un décor muséal, inspiré des emblèmes culturels de la ville de Montréal. Les artéfacts sont revisités et adaptés au contexte de l’hôtel. Ensemble, ils racontent une histoire, celle d’une ville d’avant-garde, fière de son patrimoine.
La suite 1001, la plus spacieuse, en est un brillant exemple : l’espace dînatoire et le bar Habitat reprennent les formes déconstruites d’Habitat 67, le tapis central et la bibliothèque font un clin d’œil à la station de métro Villa Maria, le tapis du coin cinéma frétille sous un feu d’artifice d’été, le luminaire suspendu surplombe le lit d’une dense structure géométrique telle la biosphère, les coussins en fourrure naturelle posés sur le lit rappellent la traite industrielle ayant marquée l’histoire de la métropole, enfin les œuvres d’art sont le reflet de l’éclectisme et de l’avant-garde des mouvements artistiques locaux.
Les lieux ont été complètement revampés afin de refléter la philosophie haute en couleur de la bannière. L’espace est multifonctionnel, modulable et amovible. En effet, tout le mobilier a été conçu sur mesure et réfléchit dans l’optique de pouvoir complètement vider l’espace de ses meubles. Celui-ci devient alors un local vaste, 100 % appropriable, dans lequel un spectaculaire panorama de la ville est mis en valeur.
La suite 1001 est une destination aux multiples usages, que ce soit pour une nuitée exclusive ou un évènement privé : réunions d’entreprise, lancement de produits, soirée avec DJ, ou défilé de mode.La suite est dotée d’un grand écran circulaire et d’un projecteur, pour un usage libre, aux goûts du visiteur. Elle inclut également un garde-manger et une entrée de service pour permettre la tenue d’un service de traiteur.
Sid Lee Architecture a récemment terminé les travaux de rénovations majeures de l’emblématique hôtel Fairmont Le Reine Elizabeth. L’équipe s’active depuis sur plusieurs mandats de repositionnement dans le domaine hôtelier, pour diverses bannières, dans plusieurs villes en Amérique du Nord. Fondée en 2009 par l’intégration de la firme d’architecture Nomade, Sid Lee Architecture est le fruit des talents et des habiletés conjugués des deux architectes et designers urbains Jean Pelland et Martin Leblanc, et de l’agence créative Sid Lee. Œuvrant à l’échelle mondiale à partir de ses ateliers de Montréal, Sid Lee Architecture compte près de 50 architectes, techniciens, designers, gestionnaires et autres artisans. Les projets de Sid Lee Architecture se distinguent par leurs unicités et par leurs identités fortes, imprégnées de l’histoire, de la culture et de la communauté. Depuis 2015, Sid Lee Architecture fait partie de Kyu, un nouveau collectif d’entreprises créatives établi par Hakuhodo DY Hodlings, le deuxième plus vaste réseau d’agences en Asie.
3 Mars 2018 : Montréal n’est pas couchée, quand les montréalais remixent leur ville le temps d’une soirée pour composer la métropole de leurs rêves.
Le week-end prochain, Montréal célèbrera la 15e édition de sa Nuit blanche sur le thème (re)mix. La nuit la plus attendue de l’année attire quelque 300 000 noctambules venus vivre une expérience urbaine exceptionnelle grâce à des activités réparties à travers la ville. Présenté en collaboration avec le Casino de Montréal, l’évènement se déroule chaque année durant le célèbre festival Montréal en Lumière. Fondé en l’an 2000, Montréal en Lumière est devenu au fil des ans un des plus grands festivals d’hiver au monde, enregistrant chaque année un million de visites de festivaliers venus vivre pleinement l’hiver montréalais par le biais d’une programmation inusitée qui allie arts de la scène, gastronomie et activités familiales extérieures gratuites, sans oublier une Nuit blanche de découvertes et de folies.
Nuit blanche à Montréal 15e édition
Cette année, le comité jeunesse d’Héritage Montréal propose aux participants de réinventer Montréal le temps d’une nuit. Formé en 1975, cet organisme privé sans but lucratif œuvre à promouvoir et à protéger le patrimoine architectural, historique, naturel et culturel des quartiers et communautés de Montréal. Au cœur d’un vaste réseau de partenaires, Héritage Montréal agit par l’éducation et la représentation pour faire la promotion de l’intégration harmonieuse et dynamique des dimensions patrimoniales, environnementales ou sociales dans un modèle de développement urbain qui en assure la viabilité économique autant que la durabilité culturelle.
Durant cette nuit tous les rêves seront permis à la Maison de l’architecture du Québec (MAQ). Catalyseur de créativité architecturale depuis 2001, la MAQ est un centre d’artistes autogéré qui agit pour le développement d’une culture de l’architecture au Québec et au Canada, en lien avec ses praticiens actifs ici et aujourd’hui, par le biais d’expositions, de laboratoires, de publications, d’ateliers, de débats et d’activités éducatives. Ce lieu, unique du genre au Canada, a pour mission de stimuler et diffuser la création et la réflexion touchant aux disciplines de l’architecture, de l’architecture de paysage et de l’urbanisme.
C’est à travers la réalisation d’un collage imaginé sur un dispositif lumineux et la mise en scène de divers éléments architecturaux et d’édifices iconiques à Montréal, que les noctambules concevront leur ville fictive. Entre imaginaire et réel, le projet se développera autour de 4 secteurs :
Cette installation interactive, outre son caractère ludique et artistique, s’inscrit dans une démarche de participation citoyenne comme outil de fabrication des métropoles de demain. Dans un monde de plus en plus urbanisé, il est intéressant de noter que les citoyens expriment une réelle volonté à s’impliquer dans la prise de décision pour l’aménagement territorial et urbain de leur milieu de vie. Une consultation publique qui peut s’appuyer sur différents supports comme ici celui d’un festival.
« Dans un processus d’urbanisme participatif, les activités proposées vont permettre d’informer et de consulter les citoyens, mais il faut aussi leur permettre de participer afin d’influencer les idées développées ou le diagnostic pour un secteur. Faire participer, c’est plus qu’informer et recueillir des réactions. Il existe plusieurs occasions de participation que vous pouvez offrir aux citoyens », précise Odile Craig, chargée de projets et développement pour le Centre d’écologie urbaine de Montréal (CEUM).
Archifete (MAQ)
L’approche participative favorise le dialogue et l’interaction productive entre les experts de l’aménagement et l’expérience vécue des citoyens. Une perception qui permet de compléter les informations techniques des professionnels et ainsi favoriser la pérennité du projet à long terme. De plus en plus, la question de la durabilité des villes et des métropoles se retrouve associée à l’intervention collective. En Amérique du Nord, la participation publique est pensée comme un instrument de mise en oeuvre de ce développement urbain pour une croissance intelligente. Une approche collaborative qui conçoit la planification urbainecomme un processus d’interactions avec la volonté d’intégrer au maximum les impératifs des usagers. Dans ce genre de démarche, les activités proposées doivent offrir aux participants la possibilité d’avoir une réelle influence sur les idées développées mais également sur la prise de décision.
Dans le cadre de la Nuit blanche, Montréal rend ainsi un bel hommage à la participation citoyenne avec l’objectif d’amener les participants à se rassembler pour créer un rêve commun. Espérons que la créativité de nos homologues québécois fera émerger des villes fictives plus inspirantes que jamais pour nos métropoles de demain.
Le premier Sommet mondial du design* s’est tenu en octobre à Montréal. Dans une vision volontairement transdisciplinaire sur cette question, « Le design peut-il changer le monde ? », l’évènement réunissait des designers, des architectes mais aussi des paysagistes autour des enjeux environnementaux. C’était ainsi l’occasion de rencontrer le Québécois Claude Cormier, grande figure du paysage outre-Atlantique.
Paysage dual : entre nature et artifice
« Pour moi, le paysage c’est tout. Ce n’est pas seulement la nature ; elle n’est qu’un élément. J’ai grandi à la campagne et, à mon sens, ce n’était pas très sexy, c’était même « plat ». Par contre, l’idée de la ville, c’était magique, c’était même puissant », exprime-le très acclamé architecte et paysagiste star montréalais Claude Cormier, moins connu de ce côté de l’Atlantique, mais dont le nombre de sollicitations à faire des selfies lors du Sommet mondial du design de Montréal ne laissait aucun doute sur sa popularité. Ses réalisations débordent du cadre traditionnel de l’architecture de paysage, pour tisser des liens entre le design urbain, l’art public et l’architecture. A l’agence Claude Cormier + Associés, la création de paysage s’inspire d’éléments culturels puisés dans les musées et autres lieux. Ces éléments sont ensuite mis en scène, commente l’architecte paysagiste, qui n’hésite pas à convoquer la figure du théâtre. Ainsi, il n’utilise pas forcement des éléments naturels à proprement dit ou, « si je le fais, explique-t-il, je mets en opposition artifice et naturel dans des milieux urbains très durs.J’aime créer ces contrastes, car c’est souvent là qu’apparaissent de nouvelles choses. » En résultent des paysages tous sauf conventionnels, à l’instar du créateur, exaltant l’artifice, mêlant subrepticement réalité et surréalité. « Par l’utilisation de la couleur, des motifs et de la texture, l’optimisme contagieux et l’humour subversif de Claude Cormier se transforment en espaces sérieusement enjoués », peut-on lire sur le site internet de l’agence.
Sugar Beach, Toronto (Ontario), Canada : Face à la mer, s’affirme un espace dual séparé d’une diagonal, où s’opposent des parasols roses fichés dans le sable à des arbres plantés dans le bitume.
L’activité de l’agence a débuté à Montréal, puis s’est déplacée à Toronto, une ville en effervescence, avant de rejoindre les Etats Unis, avec notamment deux projets au centre-ville de Chicago. Selon l’architecte paysagiste, la création contemporaine montréalaise – qu’elle concerne l’architecture, le paysage ou le design urbain – semble dépendante d’un système bien particulier : les concepteurs travaillent essentiellement sur appels d’offres, et sont surtout choisis sur l’estimation des coûts, alors qu’en France il y a davantage de considération pour la qualité des propositions. Pour Claude Cormier, ce fonctionnement québécois est discutable, surtout face à un Canada anglais affamé de nouveautés : « Je m’aperçois que le Canada anglais est très réceptif à de nouvelles idées. Je suis très inquiet pour Montréal là-dessus, parce qu’il faut suivre la parade, mais il faut alors reconnaître la valeur ajoutée de ce que l’on apporte à l’espace public. » Pour lui, il est temps que les décisionnaires prennent conscience de la valeur de l’aménagement de l’espace public, véritable atout pour la ville et ses citoyens. A la question « Le design peut-il changer le monde ? », thématique annoncée du Sommet du design, Claude Cormier nous répond : « Oui, je pense que le design peut changer le monde, mais le vrai design. Pas le design à la mode, mais celui qui a une authenticité et qui répond à des problèmes. Le design, c’est l’art de mettre en relation les choses, de les mettre en symbiose. »_Amélie Luquain
Hôtel et résidences Four Seasons, Toronto (Ontario), Canada : Dans la cour intérieure, se confrontent deux parterres : l’un pavé, orné de motif de roses et embelli d’une fontaine rouge rubis en son centre, l’autre planté de massifs sur des plates-bandes, dont la composition prend l’allure d’un puzzle éclaté.
*Le Sommet Mondial du Design a pris place à Montréal du 16 au 25 octobre dernier. Une première édition qui s’inscrit dans une année historique pour la ville Unesco du design qui fête en 2017, a fêté simultanément trois dates : le 150e anniversaire du Canada, le 375e anniversaire de la ville de Montréal et le 50e anniversaire de l’Expo 67.
Claude Cormier en quelques dates
2009 : reçu chevalier de l’Ordre national du Québec, la plus prestigieuse distinction accordée par le gouvernement du Québec.
1994 : fondation de l’entreprise Claude Cormier + Associés
1994 : maîtrise en histoire et théorie du design à la Harvard Graduate School of Design 1986 : baccalauréat en architecture de paysage à l’Université de Toronto 1982 : baccalauréat en sciences de l’agriculture (agronomie) à l’Université de Guelph
Lire aussi :
Il y a quelques mois, en octobre 2017, Architectures CREE se rendait au Sommet Mondial du Design. A l’occasion, nous y avons rencontré Phyllis Lambert, alors conférencière vedette, qui était surtout en tête d’affiche des expositions du Centre Canadien d’Architecture – dont elle est fondatrice – avec Phyllis Lambert, 75 ans au travail et Pierre grise, des outils pour comprendre la ville. La revue revient sur son travail, sous le regard de Marie-Andrée Lamontagne qui a écrit un article intitulé Le regard de Phyllis Lambert, dans le numéro 291 d’Archicree, publié en 1999 :
« Phyllis Lambert a voué sa vie à faire connaître et promouvoir l’architecture. Avec une volonté tenace, elle a patiemment créé le Centre Canadien d’Architecture dont collections et expositions sensibilisent le grand public et alimentent recherches comme débats professionnels. Pourquoi ? Parce que depuis un demi-siècle, elle défend « les villes ». Depuis l’attribution du Seagram Building à Mies Van der Rohe jusqu’au récent prix de la FICCA, elle est toujours au cœur des problèmes liés à la qualité de vie et à la modernité.
A Wesmount, l’avenue Cedar est une artère paisible, aux pentes et aux courbes harmonieusement étudiées, qui traverse la ville et vient rejoindre le mont Royal, avant de perdre son nom et de devenir l’avenue des Pins. Avenue Cedar, le passant n’est pas tout à fait à Montréal, mais dans une enclave urbaine cossued’un peu plus de vingt mille habitants appelée Westmount, pourvue de tous les services municipaux d’une ville, et dont le demeures patriciennes de style néo-georgien sont elles-mêmes autant d’enclaves domestiques entre les murs desquelles vivent, luttent, croissent et se transmettent quelques-unes des plus belles fortunes du Canada.
En 1936, une petite-fille – elle a 9 ans – emprunte chaque jour l’avenue Cedar pour se rendre à l’école, longeant ainsi le collège des Sulpiciens, un bâtiment aux pierres imposantes, derrière lesquelles est enseignée la philosophie. La fillette est curieuse. De surcroît, elle a l’esprit fondateur et support mal l’autorité, peu importe ses avatars-père, école, religion, conventions sociales. Mais cette enfant, c’est avant tout un regard, une paire d’yeux braqués sur la réalité, qu’elle fouille, enregistre, recueille, transforme, cherche à comprendre et à assimiler à travers toute chose vue… »_Marie-Andrée Lamontagne
Lire aussi : Quand Montréal veut changer le monde grâce au design, un article signé Amélie Luquain, paru dans le numéro 384 d’Architectures CREE
Interroger le rôle du design dans le développement de nos sociétés, débattre des idées et actions novatrices destinées à bâtir un monde meilleur, questionner le design face aux défis du quotidien… Telles étaient les ambitions sans complexes du Sommet mondial du Design (SMD) – World Design Summit – qui s’est tenu à Montréal du 16 au 25 octobre dernier. Une première édition qui s’inscrit dans une année historique pour Montréal, ville UNESCO du design qui fête en 2017 trois commémorations simultanées : le 150e anniversaire du Canada, le 375e anniversaire de la ville de Montréal et le 50e anniversaire de l’Expo 67.
Qu’est-ce que le design ? Bien des choses, sûrement, mais d’abord un mot propice à faire fleurir partout biennales et manifestations. Le Sommet Mondial du Design (SMD) de Montréal, qui se voulait d’une envergure inégalée, s’inscrit dans un panorama de grands évènements déjà̀ bien ancrés comme, localement, C2 Montréal, qui depuis 2012 propose des conférences à la forme expérimentale augmentées d’installations et performances artistiques dans le tout Montréal, ou encore, de ce côté-ci de l’Atlantique, la Paris Design Week, elle aussi siglée en trois lettres (PDW). Pour sa septième édition, la PDW a de nouveau converti Paris en capitale du design en ouvrant au public galeries, écoles de design, ateliers et studios de créations. Des évènements au caractère festif qui se déploient dans la ville, attirant les foules, amateurs et professionnels. Le SMD, lui, fait le choix de recevoir dans le Palais des Congrès un public plutôt averti. Conçu dans les années 70, par l’architecte Victor Prus, le palais a doublé́ sa superficie au début des années 2000 sous la supervision de l’architecte Mario Saia. Derrière sa façade de verre multicolore, designers, architectes, paysagistes et urbanistes, ont étroitement collaboré afin de présenter une position commune sur le rôle du design dans le monde contemporain. Sous l’égide de Pierre-Alain Gariépy, président et directeur général de l’organisation du SMD, se sont rassemblées trois organisations internationales, partenaires et fondatrices du Sommet : la Fédération internationale des architectes paysagistes (IFLA), la Fédération internationale pour l’habitation, l’urbanisme et l’aménagement du territoire (FIHUAT), le Conseil international du design (ico-D).
Les organisateurs avaient segmenté ce rassemblement international en trois volets bien distincts. Le premier, un salon où près de 350 exposants devaient présenter leurs innovations à près de 30 000 visiteurs attendus. Un panel d’exposants répondait présent au rendez-vous, même si les innovations n’étaient pas toujours de l’ordre de l’inédit. Plusieurs projets ont déjà été présentés ailleurs, en témoigne l’exposition des AJAP 2014, recyclée une dernière fois pour faire la promotion de la création des jeunes architectes et paysagistes français à l’export. Promotion discrète s’il en est, car les trois jeunes architectes présents pour l’occasion – Boris Nauleau (CLAAS), Jean Rehault (Studio 1984) et Vincent Lavergne (Nadau Lavergne) – n’ont pas eu l’honneur de voir leurs conférences inscrites au programme, et ont donc présenté́ leurs réalisations devant … pas grand monde, si ce n’est pour ainsi dire, personne. Heureusement, l’exposition du VIA (Valorisation de l’Innovation dans l’Ameublement) « No taste for bad taste », qui avait, elle, la chance d’être installée à l’entrée du salon, semble avoir obtenu de meilleurs résultats, réaffirmant le rôle de la France dans la création de mobilier. Inaugurée en avril à Milan lors du Salon du meuble, elle faisait à Montréal sa première étape sur le Nouveau Continent, avant de rejoindre New York puis d’autres lieux d’exposition.
Second volet, le congrès se voulait, selon les communiqués « un incubateur inter- national pour repenser la mission du designer et ses process de conception ». Eloge du design thinking, il comportait plus de 600 conférences regroupées en 6 thèmes – design pour la terre, design pour la participation, design pour la transmission, design pour la beauté́, design pour la vente, design pour les extrêmes. De quoi noyer les qualités individuelles dans une masse où il est bien difficile de faire le tri. Une quarantaine de conférenciers tenaient la vedette, remplissant cette fois les grandes salles qui leurs étaient attribuées, comme l’architecte chilien Alejandro Aravena, commissaire de la Biennale d’architecture de Venise 2016, qui s’est exprimé́ lors de la cérémonie d’ouverture, le graphiste français Ruedi Baur ou encore le directeur de Roset USA, Antoine Roset.
Également, étaient présentes des personnalités locales comme Moshe Safdie, auteur des logements Habitat 67 sur l’île Sainte-Hélène conçu pour l’Exposition universelle de 1967, la fondatrice du Centre Canadien d’Architecture et Phyllis Lambert, ou encore le très acclamé architecte paysagiste star de Montréal, Claude Cormier, peut-être moins connu de ce côté́ de l’Atlantique, mais dont le nombre de sollicitations à faire des selfies ne laissaient aucun doute sur la popularité́. Dernier volet de cet évènement, le Sommet, pensé comme « une occasion d’exprimer et de promouvoir la valeur du design grâce à la création de ponts et de synergies entre les différentes disciplines de conception. Une approche multidisciplinaire globale devait être utilisée pour aborder les problèmes mondiaux tels que l’évolution dynamique de la population, la lutte contre le changement climatique et la création de villes intelligentes et innovantes » indiquaient les communiqués. En effet, l’approche est bien transversale puisque ce sommet regroupe six disciplines : design graphique, design industriel, design d’intérieur, architecture, paysagisme, urbanisme. Et la thématique du SMD, sous des allures simples, est bel et bien complexe : le design est-il en capacité de résoudre les problèmes liés aux changements de notre ère ? Peut-on provoquer le changement par le design ? Le terme « design » est donc bien ici à comprendre dans sa traduction anglo-saxonne, soit au sens de « conception ».
Vibrant pendant une semaine au rythme du design, quel visage présentait Montréal hors du Palais des Congrès ? Fondée en 1642, Montréal forme avec ses deux mil- lions d’habitants la plus grande métropole du Québec, et la deuxième ville franco- phone au monde. En 1991, elle est devenue la première ville d’Amérique du Nord à créer un poste de Commissaire au design, exclusivement dédié au développement et à la promotion de ce secteur ainsi qu’à la sensibilisation des acteurs privés et publics aux bénéfices d’un design de qualité. Elle a ouvert de nombreux lieux dédiés à la création – le Centre de design de l’Université du Québec à Montréal, le Centre canadien d’architecture, le Musée des beaux-arts de Montréal et la Maison de l’architecture du Québec – jusqu’à intégrer le réseau des villes créatives UNESCO dans la catégorie design en 2006. Et pourtant, Montréal ne semble pas avoir toujours eu conscience de la richesse de son patrimoine ni de la nécessité de créer un environnement urbain, pour le moins « esthétique ». En ce qui concerne le patrimoine, on pourrait se demander ce que seraient devenues les « pierres grises » – un calcaire extrait de carrières locales – de la ville aux cents clochers sans l’intervention d’une figure comme Phyllis Lambert, surnommée « Citizen Lambert ». Bataillant pour préserver le patrimoine et améliorer le sort de la métropole, elle participe à la naissance d’Héritage Montréal en 1975. Elle fonde quatre ans plus tard le Centre d’Architecture Canadien (CCA), installé depuis 1989 dans la maison Shaughnessy, une somptueuse demeure victorienne rescapée in extremis. Au-delà du patrimoine, elle préside le Fonds d’investissement de Montréal (FIM) depuis 1997 qui a vu naître depuis plus de 300 logements destinés à des familles à faibles revenus. Une personnalité incontournable maintes fois récompensée, dont certains disent qu’elle possède la « fortune d’Eliane Bettencourt avec l’aura de Simone Weil ».
Quant à l’architecture contemporaine, celle-ci semble dépendante d’un système bien particulier : les concepteurs travaillant avec des offres de services sont choisis sur la valeur économique. Sont donc sélectionné les moins disants – en version québécoise « les plus bas solutionaires » – ce qui, pour Claude Cormier, est une erreur majeure, surtout face à un Canada anglais affamé de nouvelles idées. Pour lui, il est temps que les décisionnaires reconnaissent la valeur de l’aménagement de l’espace public, véritable atout pour la ville et ses citoyens, et abandonne cette habitude de construire à l’économie. Une logique dont ne semble pas avoir souffert le CHUM, nouveau Centre Hospitalier Universitaire de Montréal, à peine inaugurée, que nous avons pu visiter lors des journées du SMD. Peut-être parce qu’il a été conçu en Partenariat Public Privé (PPP) par NEUF architect(e)s et CannonDesign pour Construction Santé Montréal ? Ce complexe colossal de 22 étages pour 275 000 m2 regroupant trois hôpitaux existants en centre-ville est le plus grand projet de construction en santé en Amérique du Nord. Une irruption propre à bouleverser le paysage de Montréal, même l’équipement fait un geste à minima envers le patrimoine, en intégrant le clocher de l’église Saint-Sauveur et une façade de la Maison Garth.
Le design peut-il changer le monde ? S’il n’a pas apporté́ de réponse concrète à cette question, posée d’ailleurs sous forme d’affirmation, le Sommet Mondial du Design entérinait au terme de cet évènement une grande première mondiale : la « Déclaration de Montréal sur le design », un plan d’action d’une durée de 10 ans destiné à faire face aux défis mondiaux à venir. Une cinquantaine d’organisations internationales, venant des différentes branches de la conception, design, architecture, paysagisme, urbanisme, ainsi que des organisations comme l’UNESCO, l’OECD, l’UNEP, l’ICLEI se sont rassemblées, avec pour objectif « d’écrire et de promulguer un énoncé conjoint de position qui mettra en valeur le rôle, la capacité et la valeur unique du design et des disciplines qui lui sont liées. ». De quoi donner au sommet un semblant de COP 21, sous des airs de design. Espérons qu’il soit plus suivi d’effet que cette dernière. Sans attendre les résultats, Pierre-Alain Gariépy, souhaite faire du sommet un évènement biennal. Un autre défi pour ce SMD, qui devra se battre pour exister dans un panorama déjà bien encombré._Amélie Luquain
NEUF architect(e)s et CannonDesign reçoivent un INSIDE World Festival of Interiors 2017. Les architectes sont récompensés pour la construction du Centre Hospitalier de l’Université de Montréal (CHUM), plus grand projet hospitalier en Amérique du Nord. Le projet se distingue par des intérieures soignés et généreux, où même les dispositifs architecturaux se font oeuvres, notamment les escaliers. Sans compter les 13 oeuvres artistiques conçus spécialement pour le projet, et qui se greffent à l’architecture.
Le premier sommet mondial du design qui se tiendra à Montréal pour 10 jours, du 16 au 25 octobre 2017, a lancé 108 sujets de débats pour aider à encadrer les discussions et générer des propositions et des solutions aux défis mondiaux.
Ils sont regroupés en 6 thèmes interdisciplinaires principaux : le design et la terre, la participation, la transformation, la beauté, la vente, les extrêmes. Seront interrogées les questions de densité, d’infrastructures vertes, de résilience, d’action collective, de patrimoine, d’architecture éphémère et bien d’autres sujets passionnants.
Ce congrès annonce 3500 professionnels, 500 conférenciers experts, 108 sujets provocateurs et 35 conférenciers vedettes. Parmi eux, seront présents :
Alejandro Aravena, Elemental (Chili), Moshe Safdie, Safdie Architects (Canada), et Phyllis Lambert, Centre Canadien d’Architecture (Canada), mais aussi Jan Gehl, Gehl Architects (Danemark), Ruedi Baur, Intégral (France), Dirk Sijmons, H+N+S Landscape Architects (Pays-Bas), Claude Cormier, Claude Cormier + Associés (Canada), Jean Blaise, Le voyage à Nantes (France) et bien d’autres.
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