Six géants de l’architecture en compétition pour redessiner la skyline de Melbourne

Six géants de l’architecture en compétition pour redessiner la skyline de Melbourne

Dans le cadre de la refonte de Southbank, six des plus célèbres studios d’architecture au monde ont été sélectionnés pour proposer une vision novatrice de ce quartier de Melbourne : BIG , OMA, UNStudio, MAD Architects, MVRDV et Coop Himmelb(l)au. Avec l’ambition d’être conçu comme «un environnement à la fine pointe de la technologie et à vocation mixte» axé sur l’innovation en architecture et en design, le projet de 2 milliards de dollars sera le plus important projet en une phase de l’histoire de Victoria, en Australie.

Tours en torsion, blocs entrelacés, quartiers empilés … les six projets présélectionnés et révélés lors d’un symposium public  qui s’est déroulé le 27 juillet dernier se positionnent tous sur le site BMW Southbank de 6 000 mètres carrés.

Le projet lauréat s’inscrira comme un mélange de fonctions commerciales, hôtelières, résidentielles, commerciales, culturelles et publiques, qui seront développées par les spécialistes immobiliers de Melbourne. Après avoir été choisies en Avril, les six agence n’ont eu que quelques mois pour développer le concept de ce projet. Les dessins seront exposés au Pavillon Beulah à Melbourne jusqu’au 1er août, avec l’annonce du  gagnant attendu au cours de ce même mois.

« The Lanescraper » de  BIG – Groupe Bjarke Ingels /  Fender Katsalidis Architects

Le « Lanescraper » comporte deux blocs, qui s’emboîtent créant une connexion rigide entre les espaces et formant ainsi une séries de ruelles. Atteignant une hauteur de près de 360 ​​mètres, le projet propose une gamme de commodités résidentielles, commerciales et culturelles, y compris des bureaux, des appartements avec services et une bibliothèque. Un « auditorium concentrique à deux niveaux » est également proposé pour accueillir plus de 3000 personnes, ainsi qu’un « centre d’expérience BMW » occupant quatre niveaux, reliés par un vide central et un ascenseur de voiture.

« The Beulah Propeller City » de Coop Himmelb (l) au  /  Architectus

« The Beulah Propeller City » est une ville verticale de 335 mètres de haut divisée en quatre fonctions: podium public, bureau, hôtel et tour d’appartements. Le programme comprend 18 étages d’espaces commerciaux et publics à usage mixte, y compris des espaces d’exposition, des cinémas et des studios d’enregistrement. Cet hôtel de 15 étages dispose d’une terrasse avec jardin d’hiver, d’une piscine et d’une forêt tropicale humide.

« Urban Tree » par  MAD Architects /  Elenberg Fraser

« Urban Tree » dispose de petits contreforts verts menant à un « village de montagne » comprenant une aire de jeux pour enfants, des œuvres d’art publiques et une fontaine d’eau.  43 étages résidentiels et 24 étages d’hôtels cohabitent dans cette tour de 360 ​​mètres de haut. Le programme comprend également un auditorium de 1 200 places, une salle de concert de 800 places, une bibliothèque, un cinéma et des bureaux. L’originalité du projet réside dans « The Cloud », un espace public d’agrément de 317 mètres de haut dans le ciel, offrant des panoramas à 360 degrés de Melbourne . « The Cloud » change d’aspect en transitions diurnes, illuminées par un spectacle de LED.

« Stack » par  MVRDV /  Woods Bagot

« Stack » est un gratte-ciel de 359 mètres de haut comprenant « des quartiers empilés reliés de bas en haut et vice versa par des ascenseurs, des escaliers et des escaliers mécaniques pour créer une ville verticale interconnectée. » Chacune des barres verticales du système contient une fonction unique. Au centre du bâtiment, une piscine entourée d’un amphithéâtre, de terrasses et d’escaliers, tandis qu’un jardin tropical sur le dessus de l’hôtel offre des vues sur la ville.

OMA  /  Conrad Gargett

Le projet imaginé par OMA et Conrad Gargett met l’accent sur la base du bâtiment, plutôt que sur sa couronne, en s’inspirant des arcades historiques de Melbourne et des marchés voûtés. La base se compose d’une ville verticale à usage mixte, ouverte 24h / 24 et 7j / 7, dominée par des éléments culturels, commerciaux, éducatifs et sociaux, et traversée par de grands escaliers mécaniques et des ruelles. Au-dessus de la ville verticale, le programme comprend des espaces de bureaux commerciaux, un hôtel, des résidences et des équipements de soutien. La fonction résidentielle est située au sommet de la tour, maximisant les vues sur la ville et la lumière du jour.

« Green Spine » par  UNStudio /  Cox Architecture

« Green Spine » se compose de deux tours de verre en torsion. La première tour, destinée à un programme résidentiel et couronnée par un futur jardin botanique accessible au public s’élève à 356 mètres, tandis que la seconde, accueillant un hôtel et des bureaux atteint 252 mètres. Envisagé comme une prolongation conceptuelle du boulevard Southbank, le projet prévoit une liaison piétonnière au niveau de la rue jusqu’à un quartier commercial et de divertissement.

La Casa de Música à Porto, signée OMA & Rem Koolhaas

La Casa de Música à Porto, signée OMA & Rem Koolhaas

A Porto, deuxième ville du Portugal, la Casa de Música a installé ses quartiers depuis 2005. Réalisé par OMA, cette gemme taillée dans le béton surprend par son architecture. Lieu de spectacle, elle accueille à la fois l’Orquestra Nacional do Porto, l’Orquestra Barroca et Remix ensemble.

 

La genèse de ce bâtiment date des années 90, mais le projet se concrétise en 2000, avec la nomination de la ville de Porto en tant que Capitale Européenne de la Culture. Ainsi, un concours est lancé, et c’est Rem Koolhass, avec son agence d’architecture néerlandaise OMA, qui le remporte. Il collaborera avec dUCKS scéno, qui traite également de l’insertion urbaine et la mixité sociale, des thématiques importantes pour ce projet.

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© Philippe Ruault

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Contexte urbain

A l’époque du concours, OMA travaille sur une habitation de 200 m². Vient alors l’idée de reprendre la volumétrie de celle-ci, et de multiplier les échelles et les proportions pour arriver au 40 000 m² nécessaire à Porto. Les espaces s’adapteront à un autre programme que celui prévu initialement.  L’intention première était de créer un équipement culturel qui soit accessible à tous. C’est pourquoi la Casa de Música se trouve proche d’un quartier ouvrier de la ville. Le projet inclue un travail sur l’espace public, qui place la Casa en retrait par rapport à la rue et la place de Mouzinho de Albuquerque, aussi surnommée Rotunda da Boavista. Ce parvis en XX se soulève pour abriter un parking de 600 places et intègre la station de métro et des espaces publics.

 

Le bâtiment se déploie sur 9 étages. Rem Koolhaas y imbrique des espaces vides autour de circulations verticales et horizontales. Il innove avec la grande salle de spectacle qui est la première à s’ouvrir sur la ville. Elle n’est pas une boite noire et fermée, mais de grandes ouvertures vitrées donnent sur les environs. Un symbole fort qui marque l’envie de l’architecte de donner cet espace à un public large.

 

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© Philippe Ruault
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© Philippe Ruault
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© Philippe Ruault

 

Rem Koolhaas aime jouer avec les matérialités. On retrouve dans ce projet de nombreux matériaux, même si celui qui prédomine reste le béton. Des poteaux et tirants à l’intérieur du bâtiment assurent la structure voiles de béton qui composent la façade. On retrouve également le verre, qui permet de lire l’espace depuis l’extérieur, et du bois dans la salle de concert principale. L’architecte reprend également un élément de la culture portugaise, les azulejos, pour les disposer dans les salons VIP.

La Casa de Música accueille différents espaces dont une grande salle de concert. Il y a également deux autres salle de représentations plus appropriables par leur conception, des studios d’enregistrements, un atelier pédagogique. On peut également s’y restaurer, avec un bar et un restaurant. Chaque jour, des visites guidées sont organisées. Durant 1h, à 11h et 16h pour des visites en anglais.

 

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© Philippe Ruault
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© Philippe Ruault
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© Philippe Ruault

Rem Koolhaas & OMA

Rem Koolhaas est un architecte, urbaniste et théoricien néerlandais. Né en 1944, il fait ses études à Londres. Il travaille dans un premier temps en tant que journaliste. En 1975, à Rotterdam son agence d’architecture : OMA (Office for Metropolitan Architecture). Celle ci gagne une renommée internationale grâce à des projets culturels de grandes envergures. Ces publications sont également mondialement connues, notamment New-York délire : Un Manifeste rétroactif pour Manhattan (1978) et S,M,L,XL (1995). Il reçoit le Pritzker Price en 2000.

Anne Vanrapenbusch

OMA / Shohei Shigematsu : conception dévoilée pour Audrey Irmas Pavilion, une nouvelle extension du temple de Wilshire Boulevard à Los Angeles 

OMA / Shohei Shigematsu : conception dévoilée pour Audrey Irmas Pavilion, une nouvelle extension du temple de Wilshire Boulevard à Los Angeles 

Le projet imaginé par OMA New York en partenariat avec Shohei Shigematsu, Jake Forster et Gruen Associates (architecte exécutif) est la première commande d’institution religieuse et le premier bâtiment culturel en Californie pour OMA. Audrey Irmas Pavilion servira de lieu de rassemblement polyvalent, établissant de nouvelles connexions au sein du campus existant et créant une nouvelle présence urbaine pour impliquer Los Angeles dans ce projet. 

© OMA

Ce pavillon, qui porte le nom du principal donateur du centre culturel, sera voisin du temple juif du Boulevard Wilshire à mi-chemin entre le Los Angeles County Museum of Art (LACMA) et le Walt Disney Center Hall. L’édifice incliné de cinq étages descendra de la synagogue byzantine historique datant de 1929, symbolisant la déférence pour la plus ancienne congrégation juive de Los Angeles.

«Audrey Irmas Pavilion, offrira une invitation irrésistible à se rassembler, célébrer, apprendre et atteindre les autres. Dans une ville aussi vaste et diversifiée, nous avons besoin d’une communauté et nous avons besoin d’endroits inspirants et accueillants. Los Angeles mérite un chef-d’œuvre moderne consacré à rassembler les gens, situé au cœur du quartier le plus diversifié de la ville. Nous sommes très fiers que le temple de Wilshire Boulevard soit une partie vitale d’une conversation culturelle, religieuse et socialement responsable qui définit le 21ème siècle à Los Angeles.» déclare le rabbin Steve Leder.

La forme résultante, sculptée par ses relations avec ses voisins, est à la fois énigmatique et familière, permettant également d’établir une nouvelle présence urbaine. 

«Nous voulions nous concentrer sur la communication de l’énergie de la collecte et de l’échange», explique Shohei Shigematsu. «Le pavillon est un geste actif, formé par des mouvements respectueux loin des bâtiments historiques environnants, qui s’étend sur le boulevard Wilshire pour créer une nouvelle présence. A l’intérieur du bâtiment, une série d’espaces de réunion interconnectés à plusieurs échelles offre une flexibilité ultime pour l’assemblage tout en maintenant des connexions visuelles qui établissent la porosité intérieure extérieure et des moments de rencontres surprises.»

À l’intérieur, le bâtiment comprendra trois espaces principaux : un espace principal d’événements, une salle polyvalente plus petite et un jardin immergé. Ces trois espaces de rassemblement imbriqués sont empilés les uns sur les autres pour établir des points de vue et des vues encadrées à l’intérieur mais aussi en dehors de chaque espace tout en créant une série d’ouvertures qui filtrent la lumière et réorientent les visiteurs vers le complexe et au-delà.

 «Wilshire Boulevard Temple a été une partie importante de ma famille depuis des générations. Je suis si heureux d’avoir fourni le premier don majeur, et j’espère que les autres seront inspirés pour soutenir le pavillon Audrey Irmas et le mener à terme.» explique Audrey Irmas.

Le bâtiment devrait être inauguré fin 2018, avec une ouverture publique en 2020.

Rem Koolhaas inaugure Lafayette Anticipations à Paris

Comment créer un lieu inédit, en plein cœur de Paris, dans un bâtiment classé ? Comment faire pour que les volumes contemporains soient à la fois modulables et en harmonie avec le patrimoine existant, qui doit être respecté ?  Une question que l’architecte néerlandais Rem Koolhaas a saisie, et dont il nous livre une réponse avec le bâtiment de Lafayette Anticipations, en plein Paris.

 

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Photographies : Delfino Sisto Legnani and Marco Cappelletti
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Photographies : Delfino Sisto Legnani and Marco Cappelletti

 

Inauguré le samedi 10 mars dernier, les locaux de Lafayette Anticipations se situent en plein coeur du Marais parisien.  Ils s’inscrivent dans un ancien bâtiment industriel, en pierre. Classé, il s’accompagne de bons nombres de contraintes. Ce qui n’a pas fait peur à l’agence OMA, puisque, rénové à l’identique et conservant ses proportions d’origine, le projet promet de devenir un nouveau symbole pour l’empire Lafayette. Cela fait 5 ans, depuis 2013 et la création de Lafayette Ancipiation, que l’on attendait son ouverture. 3 ans après le début des travaux,  la réhabilitation de cet immeuble parisien par l’agence d’architecture OMA, et son architecte phare Rem Koolhaas, dévoile son architecture. Une architecture discrète mais radicale : invisible depuis la rue, mais marquante par sa verticalité une fois qu’on y pénètre.

Il ne s’agissait pourtant pas de construire un énième musée contemporain, dans une ville qui déborde de lieux culturels. La fondation n’est pas un écrin pur où l’on viendrait uniquement observer une collection. C’est une boite à outil pour les artistes d’aujourd’hui. Lieu pluridisciplinaire, Lafayette Anticipations mélange art, mode et design. Il se veut aussi lieu de rencontre et d’échange, de production et de création… Guillaume Houzé est aujourd’hui à la tête de ce projet. Arrière-arrière-petit-fils du fondateur des Galeries Lafayettes, il souhaite participer à cet engagement qui lie la création et le public, comme les Galeries l’ont toujours promu. Sa passion pour l’art, c’est une histoire de famille, que Guillaume Houzé tente de faire perdurer à travers ce nouveau concept. Souhaitant un lieu hybride, il fait tout naturellement confiance à Rem Koolhaas, habitué à la question de la pluridisciplinarité et de la modularité d’un espace.

 

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Photographies : Delfino Sisto Legnani and Marco Cappelletti
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Photographies : Delfino Sisto Legnani and Marco Cappelletti

 

Le rez de chaussée est ouvert au public, et fait le lien entre les rues Plâtre et Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie : un lieu de passage, qui favorisera, on l’espère, la rencontre entre la culture et le grand public. L’espace réhabilité de 2 200 m² comprend, sur quatre niveaux : des salles d’expositions, une boutique et un café. Le sous-sol est complètement destiné à la production : 400 m² de machines et divers ateliers, dédiés aux artistes et à la création artistique !

Le clou du spectacle ? La tour de verre et d’acier de 20 m de haut, que Rem Koolhaas a imaginé dans la cour intérieur du bâtiment. Il s’agit d’une structure métallique composée de 6 poteaux, sur lesquels sont fixées des crémaillères (tige métallique crantée) ainsi que 2 plateaux, qui seront modulables au grès des envies et des besoins artistiques. Chaque plateau peut être divisé en 2, donnant 4 plateformes mobiles. En tout, 49 configurations différentes sont possibles, afin que la tour s’adapte à la création, et non l’inverse !

 

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Photographies : Delfino Sisto Legnani and Marco Cappelletti

 

C’est finalement la contrainte du patrimoine classé qui a poussé OMA à penser autrement et à raisonner d’une manière différente pour la conception de ce projet. L’envie d’un espace de rencontre entre artistes et publics, entre expositions et productions, permettra sans doute de générer de la curiosité, et de mettre en valeur le travail réalisé par les artistes sur place.

Lafayette Anticipations,
9 Rue du Plâtre
75004 Paris

Anne Vanrapenbusch

OMA : la « Tour » de la Fondation Prada bientôt ouverte au public

La Fondation Prada de Milan a annoncé l’ouverture au public de la « Tour » le 20 avril 2018. 

Inaugurée en 2015 et imaginée par l’agence OMA sous la direction de Rem Koolhaas, la Fondation est devenue en l’espace de ces deux dernières années un haut lieu culturel italien. Le nouveau site, une ancienne distillerie datant des années 1910, est aujourd’hui un complexe architectural composé de sept bâtiments préexistants et trois nouvelles constructions : le Podium, le Cinéma et la Tour. Dernière pièce architecturale du complexe, la Tour abritera la collection permanente de l’institution. Ce nouveau volume s’inscrira comme une nouvelle référence visuelle pour la ville. 

© Fondation Prada

D’une hauteur de 60 mètres, la structure de ciment blanc se dressera sur la skyline milanaise et offrira une vue imprenable sur la ville. Sur les neuf étages de la structure, six seront des espaces consacrés à l’exposition d’œuvres de grande envergure et d’installations issues de la collection Prada, des œuvres du 20e et 21e siècle. Les trois autres étages abriteront des restaurants et des aménagements dédiés aux visiteurs. Au sommet du bâtiment, une terrasse panoramique accueillera un bar.

© Fondation Prada

Chaque étage de la tour est configuré comme un seul espace avec des conditions environnementales spécifiques. La moitié des niveaux se développe sur une base trapézoïdale tandis que les autres évoluent sur un plan rectangulaire. Les façades extérieures sont caractérisées par une succession de surfaces de verre et de béton, exposant l’intérieur à la lumière de tous les angles sauf au Sud où un élément en acier et en béton unit la tour à un dépôt. 

© Fondation Prada

La structure géométrique complexe comprend une variété d’oppositions et de fragments conçus pour ne jamais former une seule image définie. Ceci différencie l’aspect extérieur de la tour selon la perspective de l’observation, incarnant la vision architecturale de la fondation entière. 

© Fondation Prada

« En introduisant de nombreuses variables spatiales, la complexité du projet architectural contribue au développement d’une programmation culturelle ouverte et en constante évolution », affirme Rem Koolhaas. Il ajoute que le projet de la Fondation Prada n’est pas un travail de conservation ni même de création d’une nouvelle architecture. Il s’agit plutôt de la mise en oeuvre de deux dimensions coexistant et se confrontant dans un processus d’interaction continue. Ancien et nouveau, horizontal et vertical, large et étroit, noir et blanc, ouvert et fermé … ces contrastes établissent la variété des oppositions qui décrit la nature de la nouvelle Fondation. En introduisant autant de variables spatiales, la complexité de l’architecture favorisera une programmation ouverte et instable, où l’art et l’architecture bénéficieront des défis de l’autre.

OMA : Rem Koolhaas rénove la galerie Tretyakov à Moscou

Après la signature du nouveau palais de justice lillois, l’agence néerlandaise OMA vient de dévoiler son projet de rénovation d’un des plus grands musées de Russie. C’est en Décembre dernier, que Vladimir Medinsky, ministre russe de la culture, a annoncé la transformation de la Maison centrale des artistes en un complexe d’expositions intégrées. Un projet qui a failli ne pas voir le jour car le bâtiment était menacé de démolition dix ans auparavant. La firme d’architecture russe Reserve collaborera sur ce projet. La compagnie pétrolière locale Transnfet et le GUM Department Store, quant-à eux, le sponsoriseront.

OMA
Rem Koolhaas / OMA : une nouvelle identité pour la galerie Tretyakov à Moscou

 

Construit en 1983 et situé en face du parc Gorky, le musée se compose de plusieurs petites salles. Au fil du temps, les espaces d’exposition et les couloirs ont été fragmentés. L’édifice abrite les collections d’art moderne russe les plus significatives au monde, avec entre autres des oeuvres phares de Malevich, Kandinsky, Chagall, mais aussi d’artistes soviétiques tels qu’Aleksandr Deyneka et Vera Mukhina. OMA propose une réorganisation spatiale complète du lieu, conçu à l’origine en 1964 par les architectes Nikolay Sukoyan et Yury Sheverdyaeven. Cette transformation se caractérise notamment par la création de quatre secteurs distincts : un espace de stockage, un centre d’éducation, la collection et une salle des fêtes. Viendront également s’ajouter une bibliothèque, un restaurant et une plate-forme d’observation sur le toit. Au final, le projet s’étendra sur plus de 60 000m².

 

OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou
Autonomie des espaces. OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou

 

Le concept imaginé par OMA, repense totalement la perception actuelle du Tretyakov. Pour offrir une meilleure lecture architecturale de ce haut lieu culturel, l’agence suggère une transformation délicate rappelant l’architecture moderniste soviétique. Avec des codes couleurs et un jeu de matérialité, les plans de Rem Koolhaas révèlent une toute nouvelle identité.

 

OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou
Retour à la modernité soviétique. OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou
OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou
Amélioration de la visibilité et la circulation. OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou

 

Rem Koolhaas: « Notre proposition est une reconsidération du nouveau Tretyakov, en se concentrant sur l’amélioration de son infrastructure spatiale et l’élimination des parties dysfonctionnelles. Nous défaisons également la séparation absolue entre le musée et la Maison de l’artiste, et supprimons un certain nombre de murs pour rendre les différents composants plus accessibles et visibles. En raison de sa taille, il est presque impossible de le considérer comme une entité homogène; interventions modernes inabordables à l’époque soviétique, telles que les escaliers mécaniques, améliorer la circulation et rassembler les différents éléments autonomes du complexe muséal. « 

 

OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou
Quatre secteurs. OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou

 

Enfin, ces nouveaux espaces à l’identité et au rôle clairement définis, seront reliés entre eux par un patio central découvert. Directement ouvertes sur la ville et reliées à une nouvelle voie piétonne longeant la rive de la Moskova, les entrées de la galerie laisseront entrevoir l’intérieur par un subtil jeu de découpage des façades.

 

OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou
Un musée ouvert sur la ville. OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou

 

Avec ses recherches pour le Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et le Musée du Garage d’Art Contemporain à Moscou, OMA signe ici son troisième projet culturel en Russie.

 

Promenades en cœur d’îlot autour de la Fondation Lafayette

Promenades en cœur d’îlot autour de la Fondation Lafayette

Le groupe Galeries Lafayette investit les rez-de-chaussée de son propre patrimoine immobilier. Il déploie ses activités commerciales à l’horizontal, entre le BHV du Marais et la nouvelle Fondation Lafayette Anticipations. Un micro plan directeur coordonné par Citynove et l’agence parisienne DATA.  

 

L’histoire commence en 2012, lorsque le groupe Galeries Lafayette choisit comme signature architecturale l’agence internationale OMA de Rem Koolhaas pour réaliser une fondation dédiée à la production et à la diffusion de l’art dans le Marais (Paris 4e), un projet alors encore à définir. OMA a choisi parmi un large panel la très jeune agence parisienne DATA, tout juste fondée en 2010, pour l’assister. L’acronyme, peut-être, l’un signifiant Office for Metropolitan Architecture, l’autre Department of Advanced Typologies for Architecture. A moins que ce ne soit pour l’acuité projectuelle de cette jeune agence qui s’est illustrée par des réalisations ambitieuses, bien que de taille réduite, comme l’insertion d’une structure cylindrique suspendue dans une petite maison du directeur de l’usine Sudac à Paris Rive Gauche ou la construction d’une déchetterie en briques de verres structurelles sous le périphérique Porte de Pantin.*

*Retrouvez les projets de DATA publiés dans les numéros 382 et 383 d’Architectures CREE

Projet DATA Architectes / Images ArtefactoryLab

Un patrimoine immobilier à investir

Une fois cette équipe constituée, maîtrise d’ouvrage (Citynove, branche immobilière du groupe Galerie Lafayette) et maîtrise d’œuvre, ont établi le projet de la Fondation Lafayette Anticipations, prémices d’une restructuration du patrimoine immobilier du BHV, propriété du groupe Galeries Lafayette depuis 1991. Présent depuis plus de 160 ans face à l’Hôtel de Ville, il a acquis progressivement les bâtiments compris entre la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie au nord et la rue de la Verrerie au sud, la rue du Temple à l’ouest et la rue des Archives à l’est. DATA, après avoir assisté Koolhaas, a été en charge d’un projet plus vaste : le micro plan directeur de la restructuration de cet îlot, reliant la nouvelle fondation, rue du Plâtre, jusqu’au BHV, rue de Rivoli.

Les rez-de-chaussée sous-utilisés, servant de stockage ou autre, constituent un patrimoine qu’il s’agissait d’optimiser. Leurs restructurations furent confiées à différents architectes. Ainsi, la boutique A Rebours, d’une surface de 120 m2, qui vient d’emménager au 46 de la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie, est restructurée par Ciguë. Les façades du 9 au 13 rue des Archives arborent depuis 2015 les encadrements en bronze de Jamie Fobert, le londonien qui entreprend la deuxième phase de son projet, consistant à investir les cours avec des cubes empilés, occupés par les commerces, amenant l’échelle de la ville au cœur des d’îlots domestiques.

Projet DATA Architectes / Images ArtefactoryLab

Restructuration en cœur d’îlot

L’agence DATA, quant à elle, est en charge de la restructuration lourde de 3200 m2 au 37 de la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie, juste en face de la fondation. Le bâtiment, daté des années 1860, occupe l’angle sur 4 niveaux. A l’arrière, subsistait l’ancien restaurant d’entreprise du BHV, sans qualité architecturale. Démoli, il laisse place à un bâtiment vitré en R+2 dont les planchers reposent sur de grandes poutres métalliques de 18 m de portées. La cour, maintenant abritée sous une verrière, devient un atrium en double hauteur que les échafaudages ne laissent pas encore deviner. Les vues transversales de l’atrium jusqu’au passage devenu public se dévoilent à peine. Quant au volume existant, sa structure mixte composée de bois béton et métal au gré des interventions, est préservée au maximum et renforcée, y compris ses sous-sols, qui seront totalement réinvestis. Sur rue, rien ne signalera l’intervention contemporaine, hormis peut-être à rez-de-chaussée les menuiseries aciers posées sur la pierre, définissant des vitrines qui reprendront les rythmes des percements d’origine. L’adresse accueillera le premier Eataly en France, une chaîne de grands magasins spécialisés dans la nourriture italienne, à la fois supermarché, lieu de production, restaurant et centre culturel. Un chantier compliqué, en site occupé par des logements en étages, qui devrait être livré à l’état brut au mois d’avril de cette année. Les preneurs s’installeront ensuite dans les lieux pour une ouverture au public courant 2019.

Projet DATA Architectes / Images ArtefactoryLab

Déploiement horizontal

En réinvestissant ces rez-de-chaussée et ces cours intérieures, ce réaménagement dessine un parcours culturel et commercial nord sud, depuis la fondation Lafayette jusqu’au BHV, complété de passages transversaux entre la rue du Temple et la rue des Archives. Les codes traditionnels des accès publics ou privés se bousculent. Les cours d’échelles domestiques sont rendues accessibles, les passages sont réouverts. Une intervention qui n’est pas sans rappeler celle du village Saint-Paul, à quelques centaines de mètres. Là, l’entité urbaine comprise dans un périmètre bien défini fut elle aussi structurée autour de cours intérieures augmentées de commerces. Les grands magasins se déploieront bientôt à l’horizontal ; s’ils ne retiendront pas captifs leurs visiteurs, qui entreront et sortiront au grès de leur flânerie, ils seront pourtant en proie permanente au désir d’achat, à l’intérieur comme à l’extérieur. Le commerce parisien poursuit sa mutation, engagée ailleurs avec Les Halles, le Bon marché ou la Samaritaine, avec toujours pour pivot le patrimoine historique, bien souvent investi par le haut de gamme._Amélie Luquain

La « machine curatoriale » des Galeries Lafayette

La « machine curatoriale » des Galeries Lafayette

Lafayette Anticipations – Fondation d’entreprise Galeries Lafayette, ouvrira ses portes au public le 10 mars 2018. En plein cœur du Marais, dans une cour d’un bâtiment du XIXe, s’élève une « machine curatoriale », tour d’exposition amovible conçue par l’agence OMA assistée de DATA, tandis qu’en sous-sol la production des œuvres bat son plein.

C’est non loin du BHV du Marais, au 9 de la rue du Plâtre (Paris 4e), qu’élit domicile la Fondation d’entreprise Galeries Lafayette – Lafayette Anticipations. L’institution est dédiée à la production et la diffusion de l’art, du design et de la mode, conjuguant espace d’exposition et de production artistique dans un même lieu, créée en octobre 2013 à l’initiative de Guillaume Houzé qui en assure la présidence. Le bâtiment qui l’héberge aux façades de pierre calcaire est caractéristique de la période fin XIXe. Sur 5 niveaux, ses volumes en U s’organisent autour d’une cour, qui traverse l’îlot jusqu’à rejoindre la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie. Construit pour le BHV en 1891 par l’architecte Samuel de Dammartin, ce bâtiment était utilisé initialement comme entrepôt, puis lieu de réparation de chapeaux de paille, alors spécialité du BHV. Il servira par la suite de dispensaire, d’institution de jeunes filles et plus récemment d’école préparatoire à l’enseignement supérieur. Son état actuel reflète l’accumulation des transformations qu’il a subi, dont l’essentiel des témoignages a disparu lors de l’incendie des archives du BHV.

Lorsque l’agence OMA (Rem Koolhaas) assistée de DATA (Léonard Lassagne et Colin Reynier) débute les études de reconversion en 2012, le quartier sauvegardé du Marais faisait encore l’objet d’une révision de son Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV), occasionnant des doutes quant à la classification du bâtiment. Une période d’hésitation durant laquelle Rem Koolhaas lui-même, qui construit pour la première fois à Paris, était particulièrement engagé. Un intervalle qui a permis d’engager des dialogues avec les Architectes des Bâtiments de France (ABF), de prendre en main l’existant, d’évaluer les possibilités de démolition totale ou partielle, pour finalement préserver près de 50% de l’existant. Au moins 3 avant-projets et 30 commissions auront été nécessaires avant d’obtenir un permis de construire en mars 2014.

 

Néo-constructivisme 2.0

Quatre ans plus tard, et après trois mois de travaux conduits par Citynove – filiale du Groupe Galeries Lafayette, dédiée à la valorisation de son patrimoine immobilier – Lafayette Anticipations ouvrira ses portes au public ce mois de mars 2018. Si en façade rien ne signale la fondation, qui conserve son entrée de style parisienne, ils y découvriront une intervention contemporaine avant de rejoindre, par une galerie habillée de noir, la rue parallèle.

Insérée dans l’emprise de la cour du bâtiment, une « tour d’exposition » structurée d’acier et chapeautée de verre haute de 18,70 mètres, opère telle une « machine curatoriale », selon les mots de l’agence OMA. Quatre planchers mobiles superposés (deux grands d’une surface de 50 m2 et deux plus petits de 25 m2, revêtus de bois debout) peuvent se mouvoir verticalement le long d’une crémaillère. Indépendant les uns des autres, ils peuvent être stationnés dans l’alignement des niveaux existants. Positionnés à rez-de-chaussée, ils rappellent la perception historique du bâtiment, qui intéresse particulièrement les ABF, et dégage un grand volume d’exposition propice à la suspension. Au fil de la programmation artistique, les plateformes pourront se mouvoir selon 49 configurations différentes, variant entre doubles hauteurs, quinconce, hauteurs variées… et éclairer de leur sous-face les œuvres. Sur leur pourtour, des éléments en caillebotis galvanisés assurent tantôt la fonction de garde-corps, tantôt, en se repliant à l’horizontal, celle de désenfumage, tout en créant la liaison avec les planchers du bâtiment existant. Un dispositif mobile qui répond à un souhait de flexibilité et d’adaptation dans cet espace restreint et contraint, et qui n’est pas sans rappeler la maison Lemoine conçue à Bordeaux, dans laquelle une plateforme hydraulique se déplace librement dans les étages jusqu’à devenir une pièce à part entière. Du mobile dans l’immobile, sources de complexité et de nombreuses dérogations (les règles étant destinées à l’immobilier) avant d’aboutir à cette évidence.

© OMA

 

Production in-situ

Restaurant et boutique à rez-de-chaussée, espaces d’exposition et ateliers pédagogiques dans les étages, et bureaux au dernier niveau occupent le volume existant. L’ensemble totalise 2200 m2 de surfaces, dont 840 m2 de surfaces d’exposition et 350 m2 dévolus à l’atelier de production. Situé au sous-sol, il assurera la production des œuvres exposées in-situ par les artistes invités. Chaque œuvre aura ainsi une dimension inédite, pressentie pour le lieu qui la loge. Dans cet atelier, la dimension collective de la création sera privilégiée à l’idée romantique de l’artiste solitaire, pour reprendre les mots d’Howard Becker qui certifiait dans Les mondes de l’art que « toute œuvre porte implicitement la trace de toutes les contingences qui l’ont fait naître », une affirmation dont a su se saisir Lafayette Anticipations.

© OMA

Tour d’exposition et ateliers de fabrication sont deux dispositifs qui seront utilisés simultanément, pour une configuration d’exposition spécifique. La programmation débutera avec l’artiste Lutz Bacher qui présentera jusqu’au 30 avril sa première exposition monographique en France. S’emparant de l’espace, elle souhaite porter son regard sur l’élévation symbolique de l’édifice, en particulier ce vide central investit par les architectes. La seconde exposition aura pour titre Le centre ne peut tenir, écho au bâtiment mais aussi aux artistes bien plus au centre de la société que décalés.

Cette construction n’est que le prémices d’un remodelage des îlots proches appartenant également au groupe des Galeries Lafayette._Amélie Luquain

 

 

Fiche technique :

Lieu : 9 rue du Plâtre (Paris 4e). Maîtrise d’ouvrage : Citynove Asset Management, pour le compte de la SA des Galeries LafayetteAssistant Maître d’ouvrage : Comitis Ingénierie Maîtrise d’ouvrage déléguée :Artelia, Elite et Corégi Utilisateur : Fondation d’entreprise Galeries Lafayette Maîtrise d’œuvre : Architecte mandataire : OMAPartners : Rem Koolhaas et Ellen van Loon Architecte local : DATA Architectes : Edouard Guyard et Colin Reynier Maîtrise d’œuvre patrimoniale : Thierry GlachantConsultants ingénierie : Eckersley O’Callaghan, dUCKS Scéno, Bureau Michel Forgue, BET Louis Choulet, Lamoureux Acoustique, MPK Conseils Construction Entreprises : Bureau Véritas, GINGER CEBTP, LBC Bâtiment, Eiffage Energie Thermie, Eiffage Energie Electricité, Eiffage Charpente métallique, Roussière, Balas, Sarmates, Pradeau-Morin, Ledran, Sertac, MAARS, Staffissimo, France Sols, Lindner, Europarquet, PSR, Paul Champs, Altor, També

Calendrier : Mars 2012 : début des études. Juillet 2012 : première proposition de projet architectural. Novembre 2012 : présentation du projet à la mairie du 4e arrondissement. Mars 2013 : troisième proposition de projet. Mars 2014 : obtention du permis de construire. Novembre 2014 : début des travaux. Novembre 2017 : Livraison du bâtiment. Mars 2018 : ouverture au public.

Photos © Martin Argyroglo

Best of 2017 : Enseignement

Best of 2017 : Enseignement

La revue Architectures CREE revient sur les constructions qui ont marqué l’année. Programme par programme, elle a sélectionné pour vous des réalisations qui ont émergé du paysage français, et vous en propose la relecture. Ci-dessous, notre best of 2017 de bâtiments dédiés à l’enseignement. 

AAVP conçoit un groupe scolaire à Montévrain : s’ancrer sans ancrage

Le site à Montévrain, choisi pour la construction de l’école était encore, au moment du concours, une parcelle vide bordée de vastes emprises agricoles. Aucun des immeubles de logements n’étaient construit lorsque débutèrent les études. Difficile de s’implanter dans un territoire alors sans accroche. « Dans ce contexte encore flou, le bâtiment prend position, s’organise jusqu’à former une ville miniature, un hameau scolaire », précise l’architecte Vincent Parreira, agence AAVP. Un apprentissage de la curiosité par l’architecture, où lumière, aspérités et couleurs constituent une série d’évènements qui incitent l’enfant à se raconter ses propres histoires.

 

Richter architectes : de la frange au centre

Sous l’apparence unicité, une ville en réduction se dévoile. Des jeux de pleins et de vides, d’avancées et de retraits, rythment la façade de leurs décrochés. Ce profil se transpose en coupe, faisant varier les hauteurs. Prolifère un enchainement de pièces, de patios plantés et de préau, dont les transparences et porosités visuelles invitent à la découverte. Les architectes Jean et Pascale Richter, et leur associé Anne-Laure Better, révèlent l’épaisseur du terrain, par des distributions transversales qui, depuis l’allée principale, emmènent vers l’arrière de ville jusqu’à cadrer sur l’infrastructure ferroviaire. Si le projet se protège des nuisances du chemin de fer, le bâtiment se réconcilie avec le paysage, mi technique, mi naturel, auquel il se raccroche visuellement, par une multitude de percées visuelles.

 

https://archicree.com/realisations/lensae-de-saclay-cab-trame-unite-de-conception/

Le plateau de Saclay à Gif-sur-Yvette (91) est surtout remarquable pour la planéité de sa topographie, voire sa platitude. Sur ce grand plan horizontal, le site alloué à l’ENSAE Paris Tech confine à la tabula rasa, sans constructions avoisinantes, sans aspérités auxquelles raccorder le projet. Un contexte libre à l’excès auquel ont répondu Jean-Patrice Calori, Bita Azimi et Marc Botineaux, architectes associés de l’agence CAB, par la définition de règles strictes. En employant un système générique et des règles de constructions strictes, les architectes ont su faire la démonstration d’une synthèse spatiale. Ici, d’aucuns estimeront que cet univers sans concession est aussi aride que le monastère auquel il se réfère, d’autres penseront que la rationalisation s’impose comme économie, que l’assemblage ne cherche pas le raffinement, mais affirme son brutalisme, et que la matière brute donne la couleur.

 

L’Ecole Centrale-Supélec à Paris-Saclay : un monde en soi

Une grille régule la complexité du programme et rationalise son organisation. Une grande halle est divisée en quatre entités, résultantes des quatre champs d’apprentissage majeurs définis dans le programme.  Orientées sur l’extérieur, elles sont réparties selon un plan urbain, desservies par des rues secondaires, tandis qu’une rue principale diagonale fend le volume sur toute sa hauteur. La toiture de conception légère, avec ses coussins translucides en ETFE, se dématérialise pour laisser passer une lumière naturelle, créant une sensation d’extérieur. Car c’est bien une « ville intériorisée » que propose l’agence OMA, « une école urbaine ouverte, avec le désordre créatif encadré par un squelette structurel ». Un monde en soi d’une clarté et d’une cohérence intense, tandis que le bardage noir peu engageant semble affirmer un désintérêt pour l’extérieur, provocation ultime.

 

https://archicree.com/realisations/pole-scientifique-evry-val-de-seine-block-architectes/

Les nantais de BLOCK architectes livraient un bâtiment situé sur le Campus de l’Institut Mines-Télécom, à Évry-sur-Seine. Cette architecture répond à l’évolution des nouveaux métiers numériques et absorbe l’augmentation des effectifs (étudiants et personnels). À l’intérieur du complexe, les nombreux programmes dans le programme ont engendré un véritable cadavre exquis de matériaux et de collages d’espaces. À l’extérieur, un volume-socle vient se lover sous un autre plus aérien, véritable billboard urbain.

 

La rédaction d’Architectures CREE

 

 

Bibliothèque de Caen par OMA : un plan en croix

A Caen, la bibliothèque Alexis de Tocqueville dite aussi Bibliothèque Multimédia à Vocation Régionale (BMVR) a ouvert ses portes en début d’année. Elle est le premier équipement livré en France par OMA depuis Congrexpo Lille en 1994. Située à la proue de la presqu’île de Caen, en pleine reconfiguration urbaine, dont le master plan a été confié à l’agence MVRDV, la bibliothèque Alexis de Tocqueville côtoie désormais le tribunal de grande instance réalisé par BE Hauvette Paris avec Pierre Champenois (2016), le Dôme – Maison de la recherche et de l’innovation de l’agence Bruther (2015) ainsi que l’Ecole supérieure d’arts et médias de Caen (2009) conçue par Studio Milou Architecture.

La bibliothèque, avec son plan en croix, pointe des repères dans la ville pour se raccrocher au territoire. Cette forme en X dégage des places urbaines, auxquelles se raccrochent les programmes du rez-de-chaussée : auditorium, restaurant et espace d’exposition. La croisée des axes compose le hall. A l’étage, les quatre ailes correspondent au quatre pôles de la BMVR, dont l’identité s’affirme par des espaces spécifiques aux extrémités de chacune d’entre elles. Le pôle Littérature se distingue par un gradin en bois où le public pourra consulter un ouvrage, tandis que le pôle Sciences Humaines est doté d’un cabinet de curiosité servant de vitrine à la salle des fonds précieux. Ce niveau principal subjugue par sa surface de 2000 m2 qu’il libre de tout cloisonnement et de structure porteuse, puisque déportée aux quatre extrémités. S’y arrangent le mobilier, librement. Les baies bombées offrent des visions panoramiques. En opposition, le dernier niveau est un « étage poutre ». Il porte l’ensemble du bâtiment tout en hébergeant des bureaux cloisonnés sous son épaisse charpente métallique.

Les plans d’étage dessinés conçu par OMA et Clément Blanchet sont le reflet de cette pensée cohérente. Ils dénotent de la force formelle du plan en croix et de son impact tant programmatique que structurel.

Amélie Luquain

 

RDC
R+1
R+2
R+3

 

 

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