Charles Côté et Jean-Sébastien Herr, fondateurs de l’agence montréalaise MU Architecture, viennent de dévoiler un de leurs derniers projets : L’Atelier de la Falaise, un garage contemporain transformé en atelier d’artiste suspendu.
Cet atelier d’artiste aux lignes franches et dynamiques, s’inscrit dans le paysage de la campagne des Laurentides non loin du lac Deauville. Erigé au dessus des falaises du lac, il se démarque des montagnes environnantes par sa singularité et son revêtement en bois gris pré-vieilli.
Le volume aux allures de grange, étendu sur près de 500m², accueille deux garages superposés, un atelier, une grande pièce de création et une mezzanine. Véritable oeuvre architecturale en cohésion avec la nature, il offre une vue à couper le souffle sur le paysage qui lui fait face. Pour renforcer cette connivence avec son environnement, il dispose d’une structure composée de colonnes inclinées faisant écho à la forêt qui l’entoure. La légèreté apportée par la passerelle aérienne qui le connecte à la résidence principale, se retrouve également à l’intérieur de ses espaces. En effet, pensé comme un endroit propice à la réflexion et à la création, l’atelier baigne dans une atmosphère sereine émanant de la forêt.
A la fois intimiste et ouvert sur le lac, le volume se tourne en direction du nord afin de recevoir les rayons du soleil sur ses flancs. Pouvant abriter de grands formats de toiles, le jeu minimaliste des surfaces et la rigueur des alignements participent à la mise en scène des oeuvres tout en préservant la concentration et la liberté créatrice de l’artiste dans cet espace sensible. Sous un grand plafond ininterrompu, la mezzanine offre un espace de détente et de jeu. Pourvue d’un volume central avec salle de bain, elle abrite un espace pour enfant doté d’une hauteur encore plus vertigineuse.
Enfin, ses concepteurs, ont accordé une importance toute particulière à la qualité des détails. Ainsi, le revêtement du plancher de cette plateforme aérienne se matérialise par un béton poli réfléchissant la lumière. Un choix esthétique accentuant d’avantage la sensation de vertige et rendant l’expérience de cet espace encore plus surprenante.
Autre détail subtil, par son sens métaphorique : le garde corps de l’escalier. Celui-ci se déploie au centre du volume agissant comme un élément connecteur majestueux, faisant également référence au geste de l’artiste esquissant ses premiers coups de pinceau sur la toile.
L’Atelier de la Falaise est un lieu d’expression où l’architecture nous plonge dans la contemplation de la nature et dans l’inspiration créatrice.
Équipe : Charles Côté, Jean-Sébastien Herr, Magda Telenga, Monica Guerreiro
Imaginée par l’agence québécoise Hatem + D, Abcyletteest une solution de mobilier urbain aussi pratique que ludique pour garer les vélos à Québec.
Avec son design créatif et ses couleurs chatoyantes, ABCyclette offre bien plus qu’un parking pour garer son vélo, c’est un véritable lieu de rencontre et même un repère au sein de la ville, reconnaissable et identifiable de loin.
A l’initiative d’un concours organisé par la ville de Québec, le projet, développé par Hatem + D en collaboration avec GID Design industriel, se classe parmi les deux finalistes encore en course. C’est à la fin de l’été, après avoir été exposé pendant la saison dans toute la ville que le public désignera le grand vainqueur de cette compétition.
Le point fort du concept d’ABCyclette réside dans le fait que la forme du porte-vélo devienne le nom de la station qui abrite les vélos, dans la même lignée que le système des transports en commun. Par un principe d’anamorphose, les lettres composants le nom de la station apparaissent selon le point d’observation où l’on se trouve. Un jeu visuel oscillant entre angles de vue intrigants et signalétique urbaine.
Grâce à des satellites et à l’application Google Maps, les usagers peuvent identifier et repérer rapidement les supports à vélo dispersés dans la ville. Résolument inscrit dans son temps, ABCyclette est un parking à vélo 2.0 où design, innovation et praticité s’articulent ensemble.
Chaque porte-vélo ou lettre individuelle dispose d’une structure autonome réalisée en tube d’acier façonné de manière à pouvoir attacher son vélo -quelque soit le modèle – en toute sécurité et chaque station peut accueillir jusqu’à 14 pensionnaires.
La curiosité généré par cette forme d’art urbain fonctionnel, permet à ses utilisateurs d’interagir avec la ville et de participer au développement de sa vie urbaine.
Le premier Sommet mondial du design* s’est tenu en octobre à Montréal. Dans une vision volontairement transdisciplinaire sur cette question, « Le design peut-il changer le monde ? », l’évènement réunissait des designers, des architectes mais aussi des paysagistes autour des enjeux environnementaux. C’était ainsi l’occasion de rencontrer le Québécois Claude Cormier, grande figure du paysage outre-Atlantique.
Paysage dual : entre nature et artifice
« Pour moi, le paysage c’est tout. Ce n’est pas seulement la nature ; elle n’est qu’un élément. J’ai grandi à la campagne et, à mon sens, ce n’était pas très sexy, c’était même « plat ». Par contre, l’idée de la ville, c’était magique, c’était même puissant », exprime-le très acclamé architecte et paysagiste star montréalais Claude Cormier, moins connu de ce côté de l’Atlantique, mais dont le nombre de sollicitations à faire des selfies lors du Sommet mondial du design de Montréal ne laissait aucun doute sur sa popularité. Ses réalisations débordent du cadre traditionnel de l’architecture de paysage, pour tisser des liens entre le design urbain, l’art public et l’architecture. A l’agence Claude Cormier + Associés, la création de paysage s’inspire d’éléments culturels puisés dans les musées et autres lieux. Ces éléments sont ensuite mis en scène, commente l’architecte paysagiste, qui n’hésite pas à convoquer la figure du théâtre. Ainsi, il n’utilise pas forcement des éléments naturels à proprement dit ou, « si je le fais, explique-t-il, je mets en opposition artifice et naturel dans des milieux urbains très durs.J’aime créer ces contrastes, car c’est souvent là qu’apparaissent de nouvelles choses. » En résultent des paysages tous sauf conventionnels, à l’instar du créateur, exaltant l’artifice, mêlant subrepticement réalité et surréalité. « Par l’utilisation de la couleur, des motifs et de la texture, l’optimisme contagieux et l’humour subversif de Claude Cormier se transforment en espaces sérieusement enjoués », peut-on lire sur le site internet de l’agence.
Sugar Beach, Toronto (Ontario), Canada : Face à la mer, s’affirme un espace dual séparé d’une diagonal, où s’opposent des parasols roses fichés dans le sable à des arbres plantés dans le bitume.
L’activité de l’agence a débuté à Montréal, puis s’est déplacée à Toronto, une ville en effervescence, avant de rejoindre les Etats Unis, avec notamment deux projets au centre-ville de Chicago. Selon l’architecte paysagiste, la création contemporaine montréalaise – qu’elle concerne l’architecture, le paysage ou le design urbain – semble dépendante d’un système bien particulier : les concepteurs travaillent essentiellement sur appels d’offres, et sont surtout choisis sur l’estimation des coûts, alors qu’en France il y a davantage de considération pour la qualité des propositions. Pour Claude Cormier, ce fonctionnement québécois est discutable, surtout face à un Canada anglais affamé de nouveautés : « Je m’aperçois que le Canada anglais est très réceptif à de nouvelles idées. Je suis très inquiet pour Montréal là-dessus, parce qu’il faut suivre la parade, mais il faut alors reconnaître la valeur ajoutée de ce que l’on apporte à l’espace public. » Pour lui, il est temps que les décisionnaires prennent conscience de la valeur de l’aménagement de l’espace public, véritable atout pour la ville et ses citoyens. A la question « Le design peut-il changer le monde ? », thématique annoncée du Sommet du design, Claude Cormier nous répond : « Oui, je pense que le design peut changer le monde, mais le vrai design. Pas le design à la mode, mais celui qui a une authenticité et qui répond à des problèmes. Le design, c’est l’art de mettre en relation les choses, de les mettre en symbiose. »_Amélie Luquain
Hôtel et résidences Four Seasons, Toronto (Ontario), Canada : Dans la cour intérieure, se confrontent deux parterres : l’un pavé, orné de motif de roses et embelli d’une fontaine rouge rubis en son centre, l’autre planté de massifs sur des plates-bandes, dont la composition prend l’allure d’un puzzle éclaté.
*Le Sommet Mondial du Design a pris place à Montréal du 16 au 25 octobre dernier. Une première édition qui s’inscrit dans une année historique pour la ville Unesco du design qui fête en 2017, a fêté simultanément trois dates : le 150e anniversaire du Canada, le 375e anniversaire de la ville de Montréal et le 50e anniversaire de l’Expo 67.
Claude Cormier en quelques dates
2009 : reçu chevalier de l’Ordre national du Québec, la plus prestigieuse distinction accordée par le gouvernement du Québec.
1994 : fondation de l’entreprise Claude Cormier + Associés
1994 : maîtrise en histoire et théorie du design à la Harvard Graduate School of Design 1986 : baccalauréat en architecture de paysage à l’Université de Toronto 1982 : baccalauréat en sciences de l’agriculture (agronomie) à l’Université de Guelph
Lire aussi :
Réflexions sur la ville au Québec, concours de façades à Paris, un parc d’attraction au stadium de Vitrolles, l’essor du Glamping, une nouvelle mégapole en Chine, La Tate Gallery vs ses riches voisins : rideaugate à Londres. La revue de presse du 10 mai 2017
Du béton pour la création
Le béton est tendance, comme le prouve la boutique récemment inaugurée de l’enseigne trendsetter anversoise Coccodrillo. Qu’a choisi l’architecte gantois Glenn Sestig — un éminent représentant du lifestyle flamand — pour habiller cet espace de 250 m2 ? « Des sols aux plafonds, du béton », relate le supplément week-end du l’hebdomadaire belge le vif. « Le béton a longtemps souffert d’une image négative. Pourtant, il possède de nombreuses vertus et qualités. Le temps est peut-être venu de l’envisager sous une perspective nouvelle et de ravaler certains préjugés », qui viennent du fait que « durant longtemps, le béton fut du coup injustement réduit, dans l’imaginaire collectif, au rôle de complice de prédilection d’exactions urbanistiques : HLM, parkings ou bâti mégalomane évoquant la période soviétique ». Le magazine dresse la liste des usages tendances, du design à l’architecture. Présenté comme l’ambassadeur du béton en Belgique, l’architecte Bruno Erpicum, imagine même des mises en œuvre prenant en compte son vieillissement : « Sur certains projets, nous avons travaillé la façade avec des redents et des ressauts horizontaux, pour qu’elle soit « salie » par la poussière et la végétation, et puisse vibrer comme les rochers environnements ». Un matériau rude idéal pour des temps d’austérité créative…
Le concours annuel organisé par Evolo pour la conception de gratte-ciel utopique trouve toujours un écho dans les médias grand public. Science Post se passionne pour le « Pod Vending Machine Skyscraper (…) un concept réunissant des caractéristiques de l’impression 3D, du jeu Puissance 4 et du distributeur automatique. Ce projet s’inspire d’un mouvement architectural japonais des années 1960 et 1970 ayant transformé la structure des villes du pays ». Imaginé par l’architecte britannique Haseef Rafiej, le projet met en œuvre un process inspiré par les distributeurs automatiques de Tokyo, dont la prolifération « a minimisé le coût du travail humain par la réduction du besoin des vendeurs ». Il suffira de remettre de l’argent dans le nourrain pour activer l’imprimante 3D assurant la production de capsules habitables. BFM Business s’intéresse de son côté au projet lauréat du concours, fruit des cogitations de Pawel Lipiński et Mateusz Frankowski sur la pauvreté en Afrique. Face à ce problème, « le duo a donc imaginé « Mashambas ». Ce gratte-ciel serait un centre éducatif pour que les populations locales puissent apprendre les techniques d’agriculture propres à leur région, un magasin où les agriculteurs pourront acheter des graines et des semences, et un lieu de commerce où ils vendront les surplus de leurs récoltes. Bien sûr, la tour modulable est évolutive, et pourra être agrandie, voire déplacée si besoin est, « lorsque les agriculteurs du coin sont autosuffisants » ». Les transhumances de gratte-ciel promettent un sacré bazar sur les routes en latérite !
Pod vending machine skyscraper. Crédit image : Haseef Rafiei. Via science postSkycraper Competition, Des architectes imaginent un gratte-ciel pour lutter contre la pauvreté via BFM Business
Miss Façade 2017
Le groupe UDI-MoDem du Conseil de Paris va soumettre au vote le rétablissement du concours récompensant les plus belles façades de l’année, une pratique instaurée en 1898 par la Ville pour « pour rompre avec ce qui leur semblait à l’époque une surabondance d’uniformité haussmannienne » avant d’être abandonnée dans les années 30, le danger ayant vraisemblablement été écarté. D’après le groupe, ce concours a offert à Paris de véritables joyaux, comme le Castel Béranger, dont on pensait naïvement qu’il était d’abord dû à un architecte et un maître d’ouvrage. Quoi qu’il en soit, le retour de l’uniformité justifierait la résurrection de la compétition « »Car depuis des décennies, l’urbanisme parisien s’est tristement laissé envahir par des projets immobiliers au style, lignes et formes qui ne se distinguent pas de ce que l’on pourrait trouver dans n’importe quelle métropole du monde », estime le groupe ». Dire cela, alors que les décennies passées nous ont laissé tant d’immeubles carrelés ou bigarrés, c’est limite insultant !
Détail de la façade de l’immeuble Lavirotte. Crédits photo goga18128/shutterstock.com via Le Figaro Immobilier
Sondage au Québec
Plutôt que de lancer un concours de beauté, l’Ordre des architectes du Québec va sillonner la Belle Province pour connaître l’opinion de la population quant à l’architecture, posant aux citoyens de treize villes des questions dignes d’une audition pour le poste de ministre de la Culture : « quels projets de développement vous inquiètent et pourquoi ? Si vous étiez ministre de l’architecture, que feriez-vous ? En quoi l’architecture influe-t-elle sur votre quotidien ? » La démarche s’inscrit dans la préparation d’une politique nationale de l’architecture. « Plusieurs personnes nous parlent de l’étalement urbain, de la place des cyclistes et des piétons. Certains nous disent que leur ville n’est pas accueillante, qu’elle est faite de façon banale. D’autres déplorent que les infrastructures soient construites au plus bas prix ou que les projets soient déjà « cannés » avant d’avoir consulté la population », résume Nathalie Dion, présidente de l’Ordre des architectes du Québec qui a assisté à quelques consultations publiques. Salima Hachachena, directrice de l’urbanisme de la Ville de Saint-Jérôme, pense que les « architectes et les urbanistes doivent aller sur la place publique pour « dire ce qu’il en est ». « Ça nous prend des gens qui n’ont pas peur de perdre leur poste. Des gens qui ne font pas de politique », affirme-t-elle ». Des profils à la double compétence, architecte et kamikaze.
Du côté de Marseille, les étudiants du mastère professionnel en aménagement et promotion immobilière ont planché durant quatre mois sur le devenir du Stadium de Vitrolles, bâtiment conçu par Rudy Riciotti abandonné depuis près de deux décennies (nous en parlions ici Stadium de Vitrolles : bientôt 20 ans… d’abandon !). Certains ont imaginé de transformer le lieu en studios de tournage ouverts au public, d’autres proposaient sa mutation «en un complexe festif national et international pour ceux qui aiment danser, pour les amateurs d’art avec cabaret et ambiance prohibition» – une option qui n’aurait sans doute pas déplu à son créateur -, une troisième équipe s’est vêtue de rouge et noir – un hommage à Stendhal, mais surtout à Jeanne Mas – pour présenter son projet de réhabilitation du stadium en parc des expositions, avec hôtel, etc. C’est l’Exploradium qui a gagné « un parc d’exploration et d’expérimentation sur la fin du monde. Alors oui ça fait sourire dans la salle, mais pour l’équipe « c’est un thème très assumé qui répond à d’autres thématiques elles aussi assumées comme la guerre nucléaire, l’épuisement total des ressources, la pollution généralisée, le soulèvement de l’intelligence artificielle ou encore la catastrophe climatique… »». Une thématique innovante qui n’a été testée dans aucun parc d’attractions. L’équipe a été récompensée d’un chèque de 3500 euros : ce n’est pas la fin du monde.
La 7e édition des Business Game Immo avait pour thème « Le Stadium » de Vitrolles. via Go Met
Beijing vers une nouvelle aire
Les autorités chinoises ont dévoilé début avril leur plan pour la construction d’une ville grande comme trois fois New York. Représentant un investissement de 527 milliards d’euros, cette zone économique spéciale est un projet phare du président Xi Jinping. « C’est un nouveau chapitre pour la transition historique du pays vers une croissance coordonnée, inclusive et durable », affirme l’agence de presse officielle Xinhua. Construite à 100 km au sud de Pékin, la nouvelle aire de Xiongan – c’est pour l’instant le nom de cette mégapole – devrait offrir un remède à tous les maux de la capitale, un Bisjing qui serait une sorte de Beijing bis idéal. Embouteillage, pollution de l’air et spéculation immobilière n’y ont pas leur place. Les autorités y ont d’ailleurs gelé les transactions immobilières. « Selon Xinhua, la zone voit ainsi affluer des personnes qui viennent prendre des photos, échanger des informations et rechercher des opportunités d’affaires ». Petit bémol, l’ONG chinoise Liangjiang Huanbao révélait que la zone, secteur d’activité industrielle, était complètement polluée. On y a notamment déversé des eaux usées sur une surface équivalente à 42 terrains de football. Le gouvernement a admis que l’assainissement serait long et coûteux. La nocivité des sols poussera-t-elle les fils du ciel à faire renaître l’urbanisme sur dalle ?
C’est au cours d’une classe d’innovation et marketing que David Troya, Sévillan installé à San Francisco pour le besoin de ses études, a entendu pour la première fois l’expression Glamping. Contraction de glamour et camping, le néologisme désigne une forme de camping chic, pensée pour ceux qui détestent les désagréments du camping, mais sont attirés par le mode de vie décalé qu’il propose et l’insolite des lieux qu’il investit. La Glamping attitude consiste à ramener sous la tente sa literie baroque et son air conditionné. «Au départ, il y avait bien des gens intéressés par dormir dans un arbre, une grotte ou un igloo, mais personne n’appelait ça du Glamping». 8 ans après, Troya est devenu le pape espagnol du Glamping : «aussi surprenant que cela paraisse, la demande pour ce type de logement n’arrête pas d’augmenter. Les gens sont plus en quête d’expérience que de luxe, et cette forme de camping, qui offre toutes les commodités en pleine nature, combine tous les avantages mieux que n’importe quel autre type de tourisme», affirme le gérant de la fédération espagnole des entrepreneurs de camping. GlampingHub, le blog de Troya et son associé, est devenu une plateforme commerciale de type Air bnb, qui prélève 10% de chaque transaction locative. GlampingHub a réalisé un chiffre d’affaires de 2,1 millions d’euros, et espère bien conquérir le monde depuis l’Andalousie. Elle y arrivera peut-être, à moins que la pratique du glamping sauvage ne se répande comme une traînée de poudre.
Cinq résidants de Neo Bankside, une tour de logements de luxe où l’appartement se négocie en millions de livres, attaquent leur voisine, la Tate Gallery, au tribunal. Motif de la plainte « le traumatisme de vivre dans un bocal à poisson rouge » sous le regard constant des visiteurs du musée en promenade sur la plateforme d’observation de la Switch House, extension de la New Tate que l’on va rebaptiser du nom d’un oligarque russe. Le directeur du musée avait suggéré que leurs voisins installent des rideaux. Les plaignants penchent plutôt pour l’installation d’un cordon qui barrerait l’accès de la partie sud de la terrasse au public, ce qui leur permettrait de profiter de leurs appartements sans être gênés par les regards des manants, et ne coûterait qu’une poignée de livres. Une forme de Nimbysme rétroactif, observe un expert en litige immobilier « ce que nous dirons au tribunal est que ces gens ont volontairement acheté un bocal à poisson rouge pour y vivre. (…) Il y a une contradiction flagrante chez les gens qui achetent des appartements avec de larges baies vitrées dans le entre de Londres pour pouvoir regarder partout, mais ne pas vouloir que l’on voit dedans ». D’autant qu’au moment de l’achat, le projet d’extension était lancé, et que la présence de la Tate est précisément ce qui a rendu le quartier attractif aux yeux des promoteurs et habitants. Le cas n’est pas isolé « d’innombrables pubs et scènes musicales à travers le pays sont menacées de fermeture pour des raisons similaires, alors que l’obsession nationale pour la protection des prix de l’immobilier s’apprête à faire de quartiers vivants des villes dortoirs sans vie. Par leurs actions agressives pour sauvegarder la valeur de leurs biens, les nouveaux résidents lobotomisent sans relâche les villes » accuse Wainwright, critique d’architecture du Guardian. Fermer la terrasse, affirme Wainwright, « créerait un précédent pour le futur de nos villes, minant les bases mêmes de la tolérance sur laquelle se construit la vie civique. Cela voudrait dire que vous pourrez construire un immeuble face à un parc existant, puis chercher à faire fermer cet espace public la nuit, quand vous déciderez que l’activité qui s’y déroule constitue une entrave au droit de vous promener nu chez vous sans stores. Cela voudra dire que les habitants de Dubai-sur-Tamise (allusion à un marché immobilier de luxe destinés à des acheteurs venus du monde entier) pourront exiger un embargo sur la circulation fluviale sous leur balcon, ou que les voisins d’une école pourront demander une interdiction des heures de récréation ». Plutôt fermer quelques rideaux qu’ouvrir cette boite de Pandore !
La MAPA d’Alfortville se modernise, l’Afrique cherche des alternatives au béton, une marina en île de france, la mode kiffe l’archi, Fallas et architecture, Le Corbusier, Khrouchtchev : du rififi à Moscou, le Quebec cherche une politique architecturale.
Du neuf avec les vieux
À Alfortville « la fusée de Tintin » ou « Goldorak », la maison d’accueil pour personnes âgées (MAPA) la plus délirante de France, va s’offrir une cure de jouvence à 2,4 M€. C’était l’œuvre de la vie du maire de l’époque, Joseph Franceschi, qui avait voulu cet « endroit de liberté », dont il disait avoir imaginé jusqu’à la « couleur des carrelages et la dimension des portes ». Néanmoins, Franceschi n’aurait jamais pu construire cette chose sans le secours de Manuel Nuñez, architecte alors en vogue. La remise aux normes incendie et la prévention des risques inondation impose d’important travaux à l’établissement de 60 lits. « Ce projet (…) “Ambitieux”, selon le maire PS Luc Carvounas, pour “un marqueur de la ville” a reçu le soutien de l’État. Une aide de 500 000 € a été débloquée par la secrétaire d’État à l’Autonomie, Pascale Boistard, qui s’ajoute à la subvention du Département (300 000 €). Le reste est financé par emprunt, à charge du groupement Les EHPAD publics du Val-de-Marne » nous apprend Le Parisien-Val de Marne. Le quotidien recueille au passage le sentiment des pensionnaires sur la vie dans la maison. Micheline Osinski déclare aimer le grand atrium, remède au sentiment de solitude. Quand au « cantou » — coin du feu en occitan — lieu de rencontre qui occupait le rez-de-chaussée, il sera déplacé à l’étage pour être à l’abri des inondations. Qui osera dire que la vieillesse fait un naufrage ?
Alfortville, ce jeudi. La maison d’accueil pour personnes âgées Joseph-Franceschi a Alfortville a ouvert ses portes le 14 décembre 1987. LP/A.V Via Le ParisienLe « cantou » au rez-de-chaussée. LP/A.V. via le parisien
L’Afrique, premier continent sans béton?
« Dans sa quête de modernité, le bâtiment africain s’est malheureusement coupé de sa tradition bioclimatique séculaire, un ensemble de savoir-faire qui a permis aux habitants d’affronter des climats parfois extrêmes. Aujourd’hui, sur le continent, les constructions sont souvent mal adaptées au climat chaud, thermiquement inconfortables et énergivores » constate Le Point Afrique. Porté par la popularité d’architectes comme Francis Kéré, David Adjaye, ou du défunt Hassan Fathy, les architectes et les ONG entament des recherches dans les matériaux de construction : terre crue, mais aussi typha, un roseau dont la structure alvéolaire présente d’intéressantes caractéristiques d’isolation et de perméabilité à l’air. « Le typha semble aujourd’hui être l’innovation la plus en vue et la plus avancée; mais nul ne sait si elle va tenir ses promesses », explique l’article. L’enjeu est de taille : 80 % des bâtiments qui seront habités en 2050 ne sont pas encore construits.
« Les étudiants de l’EAC (école d’architecture de Casablanca) ont fait un choix courageux et ambitieux d’étudier au sein de leur pays, dans le cadre socio-économique dans lequel ils seront amenés à travailler demain et en sont fiers. Leurs profils sont largement appréciés tant sur le marché marocain qu’international, des étudiants ont même pu joindre des cabinets internationaux d’envergure (Espagne, France, Belgique, Pays-Bas et Italie) ». Pourtant, l’association des lauréats et étudiants de l’école d’architecture de Casablanca (ALEEAC) demande en vain depuis 2004 la reconnaissance officielle du titre délivré par l’école, et le droit d’exercer le métier et le port du titre d’architecte en nom propre pour tous ses étudiants diplômés. Une situation incompréhensible, l’EAC ayant été créé par l’État marocain suite à appel à manifestation d’intérêt auprès des architectes, un cahier des charges contraignant encadrant les enseignements. L’établissement est placé sous la double tutelle du ministère de l’urbanisme et l’aménagement du territoire et du ministère de l’Enseignement supérieur. C’est ce dernier qui fait attendre l’agrément d’équivalence qui permettrait la reconnaissance de la formation déjà évaluée positivement à maintes reprises par l’ENA locale. Pas archi pressé, au ministère de l’Enseignement supérieur !
« Quand j’étais étudiant, je créais des bâtiments autour des corps, pas des vêtements. Aujourd’hui, dix ans après, j’ai encore cette obsession. Je vois parfois la silhouette comme un building sur lequel j’appose l’esthétique gothique de Bruges, ma ville natale. Cela se traduit par des lignes extrêmement verticales, allongées, qui mènent le regard vers le haut et des jeux de patronages cachés » explique Guy Martens, qui est devenu directeur artistique la marque de vêtement Y/project après des études de design intérieur. Un des nombreux exemples attestant de l’engouement pour l’architecture qui traverse actuellement le monde de la mode. «Les accessoires semblent aussi de plus en plus conçus comme des édifices. On pense à la géométrie précise des sacs et pochettes d’Hugo Matha, créés dans des matériaux souvent utilisés en construction, comme le bois ou le Plexiglas. Il y a aussi les bijoux graphiques de l’Américain Eddie Borgo, inspirés par les édifices modernistes, ou les mallettes de Young Jin Jang, influencées par la fonctionnalité des immeubles coréens» explique le magazine Grazia. L’architecture sert à la fois de modèle et d’écrin « Une silhouette doit désormais évoluer dans un contexte. Elle sera d’autant plus instagrammée. Un styliste ne pense plus seulement à une jupe ou un haut, mais à un look, à la fille qui va l’incarner et où elle va le faire. […] Nicolas Ghesquière, féru d’architecture, présente depuis deux ans la ligne Croisière de Louis Vuitton dans des édifices emblématiques». Quels sont les architectures les plus en vogue, et pourquoi ? «Les lieux donnent des références subconscientes, qu’il s’agisse d’espaces urbains connus du type Niemeyer, ou de monuments célèbres comme l’abbaye de Westminster, où Gucci a présenté son défilé croisière 2017″, précise Serge Carreira. Comme les lieux de shows, les boutiques doivent refléter avec précision la vision du créateur». Pour paraphraser le designer Raymond Loewy : l’architecture fait vendre.
En mai 2016, Louis Vuitton présentait sa collection Croisière 2017 au musée d’Art contemporain de Niteroi, à Rio via grazia
Une politique architecturale pour le Québec
Pendant que les fashionistas tentent d’épuiser les icônes de l’architecture, Nathalie Dion, présidente de l’Ordre des architectes du Québec, cherche à doter la belle province d’une politique architecturale cohérente. Les citoyens de treize villes québécoises vont être consultés pour expliquer en quoi l’architecture influence leur vie quotidienne, dire ce qui leur plaît dans les édifices et lieux publics qu’ils fréquentent, et donner leurs idées sur la sauvegarde du patrimoine. Les informations recueillies permettraient « de doter l’État d’une vision commune de l’architecture […], d’harmoniser les règles, les règlements, ce qui ferait en sorte que les bâtiments répondraient durablement aux défis d’aujourd’hui et de demain. On peut parler des changements climatiques, du vieillissement de la population, de la cohésion des communautés et de la préservation du patrimoine » a déclaré Nathalie Dion,, non sans préciser qu’un tel projet « ne pouvait pas se réaliser en criant “lapin” ». Pas plus qu’en criant « chameau », l’animal totem symbole des malfaçons architecturales.
Un nouveau havre pour les navigateurs du Grand Paris
Un port de plaisance : voilà sans aucun doute un équipement dont la région parisienne est insuffisamment dotée. Une carence cruelle que Cormeilles-en-Parisis entend combler, avec la construction d’une marina de 150 à 200 anneaux et 1200 logements. « Depuis que le cimentier Lafarge a trouvé un accord avec Bouygues Immobilier pour la vente de son terrain de 22 ha sur les berges de Seine, les choses “avancent plus vite que prévu”, selon le maire (LR), Yannick Boëdec, qui prévoit […] l’arrivée des premiers habitants pour 2 022 ». Le maire de la commune voisine de Sartrouville est emballé, celui de La Frette, autre commune limitrophe, « ne voit pas le projet d’un mauvais œil ». Un architecte compétent en la matière est déjà au travail « il s’agit de Xavier Bohl, qui a déjà imaginé Port Grimaud et Port Fréjus, dans le Var, ou encore Port Chiberta, à Anglet, dans les Pyrénées-Atlantiques. À en croire le premier visuel dévoilé par Yannick Boëdec sur sa page Facebook, Port Cormeilles ressemblera à s’y méprendre à Port Cergy, la première marina construite en Île-de-France. “Ce sera différent, nuance l’édile. Car le bassin qui accueillera les bateaux ne sera pas dépendant des variations du niveau de la Seine.”». Il ne reste plus qu’à construire une mer digne de ce nom pour baigner ces deux ports de légende.
Selon le premier visuel architecte dévoilé, le futur port de plaisance de Cormeilles-en-Parisis ressemblera à celui de Port-Cergy. (Atelier Xavier Bohl) via le parisien
L’architecture mise à nue par ses bûcherons, même
Depuis Twin Falls, Idaho, Liyah Babayan, gérante de l’Oh La La boutique, témoigne « vous retournez dans la rue, et là c’est un genre de choc au départ quand vous réalisez qu’il manque quelque chose. Et vous réalisez que ce sont les arbres », qui bordaient la route, et que la ville a fait couper pour le plus grand mécontentement de certains clients fréquentant les commerces du lieu. Mais il y a plus grave « sans les arbres, les gens ont commencé à remarquer combien la ville était ancienne (c’est à dire que certains de ses bâtiments ont été construits vers 1900, NDLR), et qu’elle aurait besoin de quelques réparations ». Sans les arbres, remarquent d’autres, l’architecture est complètement exposée, pour le pire et le meilleur : «ce sont de magnifiques bâtiments, s’enthousiasme un commerçant, ils ont de la personnalité, une histoire… ». Les premiers ravalements sont envisagés pour leur redonner leur lustre d’antan et leur valeur d’aujourd’hui. À Twin Falls, c’est donc bien l’arbre qui cachait la forêt d’édifices.
«Si nous n’y prenons garde, il n’y aura plus de foncier pour l’Etat gabonais avant la fin du siècle, peut-être même avant. Parce que tel que c’est parti avec la multiplication des SCI et de projets parfois mal conçus, l’État est en train de perdre le foncier» a avertit le vice-premier ministre du Gabon Bruno Ben Moubamba. Pour parer à cette éventualité, l’administration centrale gabonaise met sur pied «un nouvel ordre urbanistique» et enjoint ses agents à « proposer des esquisses de planification de vos villes, en projetant des réserves foncières qui seront transformées en déclaration d’utilité publique, afin de sécuriser le foncier». Une initiative bien perçue par les directeurs provinciaux de l’urbanisme « pour faire face à l’anarchie foncière, ils ont promis faire œuvre pédagogique en sensibilisant les acteurs des collectivités locales qui, parfois font primer le droit coutumier sur le droit légal».
Étrange destin qui a conduit Romain Viault et Xavier Laumain, deux architectes auxerrois à construire une falla, un monument de carton-pâte exposé dans les rues de Valence (Espagne) durant la fête des Fallas. Baptisée Postnatura, leur falla« nous projette dans un avenir incertain, où l’Homme n’a pas su préserver son environnement. L’arbre, souvenir de cette Nature disparue, est devenu un produit industrialisé, mercantile, et prêt-à-monter », explique Romain Viault. Figure centrale, l’arbre est fait d’un enchevêtrement de Y atteignant six mètres de hauteur. « Le “Y” n’a pas été choisi par hasard. En anglais, cette lettre se prononce comme “why”, qui signifie pourquoi. Un effet sémantique recherché par le duo d’architectes. “Cette sculpture invite à s’interroger sur le pourquoi de la dégradation de l’environnement”». Why alors, brûler ce monument et les 760 autres montés dans la ville au terme de quatre jours de festivité ? Le bilan carbone va-t-il condamner cette tradition, inscrite au patrimoine immatériel de l’UNESCO depuis 2016 ?
« Le moins que l’on puisse dire, c’est que Moscou est une ville au patrimoine urbain très chahuté », relève Antoine Picon, président de la fondation Le Corbusier. Picon et la fondation s’inquiètent du projet d’immeubles de 58 mètres qui risque de bientôt faire de l’ombre au Centrosoyouz, seul œuvre de Le Corbusier en Russie. « Si ce projet venait à être réalisé, il aurait pour conséquence de modifier de manière extrêmement dommageable l’environnement immédiat du Centrosoyouz dont la composition avait pris en considération l’ensemble des bâtiments existants à l’époque », a plaidé Picon dans une lettre adressée au maire de Moscou et au ministre de la Culture de Russie. Les experts jugeant, dans un style tout soviétique, les voisins du Centrosoyouz « moralement et physiquement dépassés », il y a de fortes chances de les voir disparaître. Classé monument historique, l’immeuble du Corbu est protégé des destructions, mais devra s’accommoder de ces mutations contextuelles.
Les vicissitudes du Centrosoyouz ne sont que moindre mal si l’on songe au sort qui attend 8 000 immeubles construits dans la capitale russe durant l’ère Khrouchtchev, des édifices de logements préfabriqués aussi surnommés « cinq étages » abritant 10 % de la population moscovite. Le maître du Kremlin vient d’ordonner leur démolition-reconstruction pour un coup représentant deux fois le budget annuel de la ville, soit 67 milliards d’euros, sans que l’on sache vraiment comment sera financée ce que le journal suisse Le Temps qualifie de «démolition du siècle». La plupart des habitants sont devenus propriétaires des logements durant les années 90. Certains occupants de ces « cinq étages » réputés pour leur médiocre qualité constructive se réjouissent « C’est un peu la honte d’habiter dans ce taudis. Les murs sont affreux, les canalisations sont pourries, il y a sans arrêt des problèmes d’odeur et d’infiltrations venant du toit ». D’autres craignent la relégation au-delà du périphérique local — très loin du centre — quand ils ne flairent pas l’entourloupe pure et simple «j’ai sué sang et eau pendant une année entière à tout refaire. Nous avons pu racheter l’appartement voisin et nous avons maintenant un bel appartement de 100m2. Et maintenant, on veut nous caser dans une cage à lapin et qui sait dans quelles conditions? On entend un tas d’histoires de logements neufs construits par l’État où on vous donne les clés d’un appartement aux murs en béton nu et sans plancher!». Propriétaires de tous les pays, contre ce nouveau genre de logement fruit des noces baroques de l’autoritarisme post soviétique avec le capitalisme le plus débridé, unissez-vous !
Vladimir Poutine ordonne la démolition du siècle via le temps
Olivier Namias
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