La Casa de Música à Porto, signée OMA & Rem Koolhaas

La Casa de Música à Porto, signée OMA & Rem Koolhaas

A Porto, deuxième ville du Portugal, la Casa de Música a installé ses quartiers depuis 2005. Réalisé par OMA, cette gemme taillée dans le béton surprend par son architecture. Lieu de spectacle, elle accueille à la fois l’Orquestra Nacional do Porto, l’Orquestra Barroca et Remix ensemble.

 

La genèse de ce bâtiment date des années 90, mais le projet se concrétise en 2000, avec la nomination de la ville de Porto en tant que Capitale Européenne de la Culture. Ainsi, un concours est lancé, et c’est Rem Koolhass, avec son agence d’architecture néerlandaise OMA, qui le remporte. Il collaborera avec dUCKS scéno, qui traite également de l’insertion urbaine et la mixité sociale, des thématiques importantes pour ce projet.

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© Philippe Ruault

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Contexte urbain

A l’époque du concours, OMA travaille sur une habitation de 200 m². Vient alors l’idée de reprendre la volumétrie de celle-ci, et de multiplier les échelles et les proportions pour arriver au 40 000 m² nécessaire à Porto. Les espaces s’adapteront à un autre programme que celui prévu initialement.  L’intention première était de créer un équipement culturel qui soit accessible à tous. C’est pourquoi la Casa de Música se trouve proche d’un quartier ouvrier de la ville. Le projet inclue un travail sur l’espace public, qui place la Casa en retrait par rapport à la rue et la place de Mouzinho de Albuquerque, aussi surnommée Rotunda da Boavista. Ce parvis en XX se soulève pour abriter un parking de 600 places et intègre la station de métro et des espaces publics.

 

Le bâtiment se déploie sur 9 étages. Rem Koolhaas y imbrique des espaces vides autour de circulations verticales et horizontales. Il innove avec la grande salle de spectacle qui est la première à s’ouvrir sur la ville. Elle n’est pas une boite noire et fermée, mais de grandes ouvertures vitrées donnent sur les environs. Un symbole fort qui marque l’envie de l’architecte de donner cet espace à un public large.

 

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© Philippe Ruault
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© Philippe Ruault
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© Philippe Ruault

 

Rem Koolhaas aime jouer avec les matérialités. On retrouve dans ce projet de nombreux matériaux, même si celui qui prédomine reste le béton. Des poteaux et tirants à l’intérieur du bâtiment assurent la structure voiles de béton qui composent la façade. On retrouve également le verre, qui permet de lire l’espace depuis l’extérieur, et du bois dans la salle de concert principale. L’architecte reprend également un élément de la culture portugaise, les azulejos, pour les disposer dans les salons VIP.

La Casa de Música accueille différents espaces dont une grande salle de concert. Il y a également deux autres salle de représentations plus appropriables par leur conception, des studios d’enregistrements, un atelier pédagogique. On peut également s’y restaurer, avec un bar et un restaurant. Chaque jour, des visites guidées sont organisées. Durant 1h, à 11h et 16h pour des visites en anglais.

 

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© Philippe Ruault
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© Philippe Ruault
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© Philippe Ruault

Rem Koolhaas & OMA

Rem Koolhaas est un architecte, urbaniste et théoricien néerlandais. Né en 1944, il fait ses études à Londres. Il travaille dans un premier temps en tant que journaliste. En 1975, à Rotterdam son agence d’architecture : OMA (Office for Metropolitan Architecture). Celle ci gagne une renommée internationale grâce à des projets culturels de grandes envergures. Ces publications sont également mondialement connues, notamment New-York délire : Un Manifeste rétroactif pour Manhattan (1978) et S,M,L,XL (1995). Il reçoit le Pritzker Price en 2000.

Anne Vanrapenbusch

OMA / Shohei Shigematsu : conception dévoilée pour Audrey Irmas Pavilion, une nouvelle extension du temple de Wilshire Boulevard à Los Angeles 

OMA / Shohei Shigematsu : conception dévoilée pour Audrey Irmas Pavilion, une nouvelle extension du temple de Wilshire Boulevard à Los Angeles 

Le projet imaginé par OMA New York en partenariat avec Shohei Shigematsu, Jake Forster et Gruen Associates (architecte exécutif) est la première commande d’institution religieuse et le premier bâtiment culturel en Californie pour OMA. Audrey Irmas Pavilion servira de lieu de rassemblement polyvalent, établissant de nouvelles connexions au sein du campus existant et créant une nouvelle présence urbaine pour impliquer Los Angeles dans ce projet. 

© OMA

Ce pavillon, qui porte le nom du principal donateur du centre culturel, sera voisin du temple juif du Boulevard Wilshire à mi-chemin entre le Los Angeles County Museum of Art (LACMA) et le Walt Disney Center Hall. L’édifice incliné de cinq étages descendra de la synagogue byzantine historique datant de 1929, symbolisant la déférence pour la plus ancienne congrégation juive de Los Angeles.

«Audrey Irmas Pavilion, offrira une invitation irrésistible à se rassembler, célébrer, apprendre et atteindre les autres. Dans une ville aussi vaste et diversifiée, nous avons besoin d’une communauté et nous avons besoin d’endroits inspirants et accueillants. Los Angeles mérite un chef-d’œuvre moderne consacré à rassembler les gens, situé au cœur du quartier le plus diversifié de la ville. Nous sommes très fiers que le temple de Wilshire Boulevard soit une partie vitale d’une conversation culturelle, religieuse et socialement responsable qui définit le 21ème siècle à Los Angeles.» déclare le rabbin Steve Leder.

La forme résultante, sculptée par ses relations avec ses voisins, est à la fois énigmatique et familière, permettant également d’établir une nouvelle présence urbaine. 

«Nous voulions nous concentrer sur la communication de l’énergie de la collecte et de l’échange», explique Shohei Shigematsu. «Le pavillon est un geste actif, formé par des mouvements respectueux loin des bâtiments historiques environnants, qui s’étend sur le boulevard Wilshire pour créer une nouvelle présence. A l’intérieur du bâtiment, une série d’espaces de réunion interconnectés à plusieurs échelles offre une flexibilité ultime pour l’assemblage tout en maintenant des connexions visuelles qui établissent la porosité intérieure extérieure et des moments de rencontres surprises.»

À l’intérieur, le bâtiment comprendra trois espaces principaux : un espace principal d’événements, une salle polyvalente plus petite et un jardin immergé. Ces trois espaces de rassemblement imbriqués sont empilés les uns sur les autres pour établir des points de vue et des vues encadrées à l’intérieur mais aussi en dehors de chaque espace tout en créant une série d’ouvertures qui filtrent la lumière et réorientent les visiteurs vers le complexe et au-delà.

 «Wilshire Boulevard Temple a été une partie importante de ma famille depuis des générations. Je suis si heureux d’avoir fourni le premier don majeur, et j’espère que les autres seront inspirés pour soutenir le pavillon Audrey Irmas et le mener à terme.» explique Audrey Irmas.

Le bâtiment devrait être inauguré fin 2018, avec une ouverture publique en 2020.

Rem Koolhaas inaugure Lafayette Anticipations à Paris

Comment créer un lieu inédit, en plein cœur de Paris, dans un bâtiment classé ? Comment faire pour que les volumes contemporains soient à la fois modulables et en harmonie avec le patrimoine existant, qui doit être respecté ?  Une question que l’architecte néerlandais Rem Koolhaas a saisie, et dont il nous livre une réponse avec le bâtiment de Lafayette Anticipations, en plein Paris.

 

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Photographies : Delfino Sisto Legnani and Marco Cappelletti
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Photographies : Delfino Sisto Legnani and Marco Cappelletti

 

Inauguré le samedi 10 mars dernier, les locaux de Lafayette Anticipations se situent en plein coeur du Marais parisien.  Ils s’inscrivent dans un ancien bâtiment industriel, en pierre. Classé, il s’accompagne de bons nombres de contraintes. Ce qui n’a pas fait peur à l’agence OMA, puisque, rénové à l’identique et conservant ses proportions d’origine, le projet promet de devenir un nouveau symbole pour l’empire Lafayette. Cela fait 5 ans, depuis 2013 et la création de Lafayette Ancipiation, que l’on attendait son ouverture. 3 ans après le début des travaux,  la réhabilitation de cet immeuble parisien par l’agence d’architecture OMA, et son architecte phare Rem Koolhaas, dévoile son architecture. Une architecture discrète mais radicale : invisible depuis la rue, mais marquante par sa verticalité une fois qu’on y pénètre.

Il ne s’agissait pourtant pas de construire un énième musée contemporain, dans une ville qui déborde de lieux culturels. La fondation n’est pas un écrin pur où l’on viendrait uniquement observer une collection. C’est une boite à outil pour les artistes d’aujourd’hui. Lieu pluridisciplinaire, Lafayette Anticipations mélange art, mode et design. Il se veut aussi lieu de rencontre et d’échange, de production et de création… Guillaume Houzé est aujourd’hui à la tête de ce projet. Arrière-arrière-petit-fils du fondateur des Galeries Lafayettes, il souhaite participer à cet engagement qui lie la création et le public, comme les Galeries l’ont toujours promu. Sa passion pour l’art, c’est une histoire de famille, que Guillaume Houzé tente de faire perdurer à travers ce nouveau concept. Souhaitant un lieu hybride, il fait tout naturellement confiance à Rem Koolhaas, habitué à la question de la pluridisciplinarité et de la modularité d’un espace.

 

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Photographies : Delfino Sisto Legnani and Marco Cappelletti
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Photographies : Delfino Sisto Legnani and Marco Cappelletti

 

Le rez de chaussée est ouvert au public, et fait le lien entre les rues Plâtre et Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie : un lieu de passage, qui favorisera, on l’espère, la rencontre entre la culture et le grand public. L’espace réhabilité de 2 200 m² comprend, sur quatre niveaux : des salles d’expositions, une boutique et un café. Le sous-sol est complètement destiné à la production : 400 m² de machines et divers ateliers, dédiés aux artistes et à la création artistique !

Le clou du spectacle ? La tour de verre et d’acier de 20 m de haut, que Rem Koolhaas a imaginé dans la cour intérieur du bâtiment. Il s’agit d’une structure métallique composée de 6 poteaux, sur lesquels sont fixées des crémaillères (tige métallique crantée) ainsi que 2 plateaux, qui seront modulables au grès des envies et des besoins artistiques. Chaque plateau peut être divisé en 2, donnant 4 plateformes mobiles. En tout, 49 configurations différentes sont possibles, afin que la tour s’adapte à la création, et non l’inverse !

 

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Photographies : Delfino Sisto Legnani and Marco Cappelletti

 

C’est finalement la contrainte du patrimoine classé qui a poussé OMA à penser autrement et à raisonner d’une manière différente pour la conception de ce projet. L’envie d’un espace de rencontre entre artistes et publics, entre expositions et productions, permettra sans doute de générer de la curiosité, et de mettre en valeur le travail réalisé par les artistes sur place.

Lafayette Anticipations,
9 Rue du Plâtre
75004 Paris

Anne Vanrapenbusch

OMA : la « Tour » de la Fondation Prada bientôt ouverte au public

La Fondation Prada de Milan a annoncé l’ouverture au public de la « Tour » le 20 avril 2018. 

Inaugurée en 2015 et imaginée par l’agence OMA sous la direction de Rem Koolhaas, la Fondation est devenue en l’espace de ces deux dernières années un haut lieu culturel italien. Le nouveau site, une ancienne distillerie datant des années 1910, est aujourd’hui un complexe architectural composé de sept bâtiments préexistants et trois nouvelles constructions : le Podium, le Cinéma et la Tour. Dernière pièce architecturale du complexe, la Tour abritera la collection permanente de l’institution. Ce nouveau volume s’inscrira comme une nouvelle référence visuelle pour la ville. 

© Fondation Prada

D’une hauteur de 60 mètres, la structure de ciment blanc se dressera sur la skyline milanaise et offrira une vue imprenable sur la ville. Sur les neuf étages de la structure, six seront des espaces consacrés à l’exposition d’œuvres de grande envergure et d’installations issues de la collection Prada, des œuvres du 20e et 21e siècle. Les trois autres étages abriteront des restaurants et des aménagements dédiés aux visiteurs. Au sommet du bâtiment, une terrasse panoramique accueillera un bar.

© Fondation Prada

Chaque étage de la tour est configuré comme un seul espace avec des conditions environnementales spécifiques. La moitié des niveaux se développe sur une base trapézoïdale tandis que les autres évoluent sur un plan rectangulaire. Les façades extérieures sont caractérisées par une succession de surfaces de verre et de béton, exposant l’intérieur à la lumière de tous les angles sauf au Sud où un élément en acier et en béton unit la tour à un dépôt. 

© Fondation Prada

La structure géométrique complexe comprend une variété d’oppositions et de fragments conçus pour ne jamais former une seule image définie. Ceci différencie l’aspect extérieur de la tour selon la perspective de l’observation, incarnant la vision architecturale de la fondation entière. 

© Fondation Prada

« En introduisant de nombreuses variables spatiales, la complexité du projet architectural contribue au développement d’une programmation culturelle ouverte et en constante évolution », affirme Rem Koolhaas. Il ajoute que le projet de la Fondation Prada n’est pas un travail de conservation ni même de création d’une nouvelle architecture. Il s’agit plutôt de la mise en oeuvre de deux dimensions coexistant et se confrontant dans un processus d’interaction continue. Ancien et nouveau, horizontal et vertical, large et étroit, noir et blanc, ouvert et fermé … ces contrastes établissent la variété des oppositions qui décrit la nature de la nouvelle Fondation. En introduisant autant de variables spatiales, la complexité de l’architecture favorisera une programmation ouverte et instable, où l’art et l’architecture bénéficieront des défis de l’autre.

OMA : Rem Koolhaas rénove la galerie Tretyakov à Moscou

Après la signature du nouveau palais de justice lillois, l’agence néerlandaise OMA vient de dévoiler son projet de rénovation d’un des plus grands musées de Russie. C’est en Décembre dernier, que Vladimir Medinsky, ministre russe de la culture, a annoncé la transformation de la Maison centrale des artistes en un complexe d’expositions intégrées. Un projet qui a failli ne pas voir le jour car le bâtiment était menacé de démolition dix ans auparavant. La firme d’architecture russe Reserve collaborera sur ce projet. La compagnie pétrolière locale Transnfet et le GUM Department Store, quant-à eux, le sponsoriseront.

OMA
Rem Koolhaas / OMA : une nouvelle identité pour la galerie Tretyakov à Moscou

 

Construit en 1983 et situé en face du parc Gorky, le musée se compose de plusieurs petites salles. Au fil du temps, les espaces d’exposition et les couloirs ont été fragmentés. L’édifice abrite les collections d’art moderne russe les plus significatives au monde, avec entre autres des oeuvres phares de Malevich, Kandinsky, Chagall, mais aussi d’artistes soviétiques tels qu’Aleksandr Deyneka et Vera Mukhina. OMA propose une réorganisation spatiale complète du lieu, conçu à l’origine en 1964 par les architectes Nikolay Sukoyan et Yury Sheverdyaeven. Cette transformation se caractérise notamment par la création de quatre secteurs distincts : un espace de stockage, un centre d’éducation, la collection et une salle des fêtes. Viendront également s’ajouter une bibliothèque, un restaurant et une plate-forme d’observation sur le toit. Au final, le projet s’étendra sur plus de 60 000m².

 

OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou
Autonomie des espaces. OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou

 

Le concept imaginé par OMA, repense totalement la perception actuelle du Tretyakov. Pour offrir une meilleure lecture architecturale de ce haut lieu culturel, l’agence suggère une transformation délicate rappelant l’architecture moderniste soviétique. Avec des codes couleurs et un jeu de matérialité, les plans de Rem Koolhaas révèlent une toute nouvelle identité.

 

OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou
Retour à la modernité soviétique. OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou
OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou
Amélioration de la visibilité et la circulation. OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou

 

Rem Koolhaas: « Notre proposition est une reconsidération du nouveau Tretyakov, en se concentrant sur l’amélioration de son infrastructure spatiale et l’élimination des parties dysfonctionnelles. Nous défaisons également la séparation absolue entre le musée et la Maison de l’artiste, et supprimons un certain nombre de murs pour rendre les différents composants plus accessibles et visibles. En raison de sa taille, il est presque impossible de le considérer comme une entité homogène; interventions modernes inabordables à l’époque soviétique, telles que les escaliers mécaniques, améliorer la circulation et rassembler les différents éléments autonomes du complexe muséal. « 

 

OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou
Quatre secteurs. OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou

 

Enfin, ces nouveaux espaces à l’identité et au rôle clairement définis, seront reliés entre eux par un patio central découvert. Directement ouvertes sur la ville et reliées à une nouvelle voie piétonne longeant la rive de la Moskova, les entrées de la galerie laisseront entrevoir l’intérieur par un subtil jeu de découpage des façades.

 

OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou
Un musée ouvert sur la ville. OMA/ Rem Koolhaas : Tretyakov Moscou

 

Avec ses recherches pour le Musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et le Musée du Garage d’Art Contemporain à Moscou, OMA signe ici son troisième projet culturel en Russie.

 

Promenades en cœur d’îlot autour de la Fondation Lafayette

Promenades en cœur d’îlot autour de la Fondation Lafayette

Le groupe Galeries Lafayette investit les rez-de-chaussée de son propre patrimoine immobilier. Il déploie ses activités commerciales à l’horizontal, entre le BHV du Marais et la nouvelle Fondation Lafayette Anticipations. Un micro plan directeur coordonné par Citynove et l’agence parisienne DATA.  

 

L’histoire commence en 2012, lorsque le groupe Galeries Lafayette choisit comme signature architecturale l’agence internationale OMA de Rem Koolhaas pour réaliser une fondation dédiée à la production et à la diffusion de l’art dans le Marais (Paris 4e), un projet alors encore à définir. OMA a choisi parmi un large panel la très jeune agence parisienne DATA, tout juste fondée en 2010, pour l’assister. L’acronyme, peut-être, l’un signifiant Office for Metropolitan Architecture, l’autre Department of Advanced Typologies for Architecture. A moins que ce ne soit pour l’acuité projectuelle de cette jeune agence qui s’est illustrée par des réalisations ambitieuses, bien que de taille réduite, comme l’insertion d’une structure cylindrique suspendue dans une petite maison du directeur de l’usine Sudac à Paris Rive Gauche ou la construction d’une déchetterie en briques de verres structurelles sous le périphérique Porte de Pantin.*

*Retrouvez les projets de DATA publiés dans les numéros 382 et 383 d’Architectures CREE

Projet DATA Architectes / Images ArtefactoryLab

Un patrimoine immobilier à investir

Une fois cette équipe constituée, maîtrise d’ouvrage (Citynove, branche immobilière du groupe Galerie Lafayette) et maîtrise d’œuvre, ont établi le projet de la Fondation Lafayette Anticipations, prémices d’une restructuration du patrimoine immobilier du BHV, propriété du groupe Galeries Lafayette depuis 1991. Présent depuis plus de 160 ans face à l’Hôtel de Ville, il a acquis progressivement les bâtiments compris entre la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie au nord et la rue de la Verrerie au sud, la rue du Temple à l’ouest et la rue des Archives à l’est. DATA, après avoir assisté Koolhaas, a été en charge d’un projet plus vaste : le micro plan directeur de la restructuration de cet îlot, reliant la nouvelle fondation, rue du Plâtre, jusqu’au BHV, rue de Rivoli.

Les rez-de-chaussée sous-utilisés, servant de stockage ou autre, constituent un patrimoine qu’il s’agissait d’optimiser. Leurs restructurations furent confiées à différents architectes. Ainsi, la boutique A Rebours, d’une surface de 120 m2, qui vient d’emménager au 46 de la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie, est restructurée par Ciguë. Les façades du 9 au 13 rue des Archives arborent depuis 2015 les encadrements en bronze de Jamie Fobert, le londonien qui entreprend la deuxième phase de son projet, consistant à investir les cours avec des cubes empilés, occupés par les commerces, amenant l’échelle de la ville au cœur des d’îlots domestiques.

Projet DATA Architectes / Images ArtefactoryLab

Restructuration en cœur d’îlot

L’agence DATA, quant à elle, est en charge de la restructuration lourde de 3200 m2 au 37 de la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie, juste en face de la fondation. Le bâtiment, daté des années 1860, occupe l’angle sur 4 niveaux. A l’arrière, subsistait l’ancien restaurant d’entreprise du BHV, sans qualité architecturale. Démoli, il laisse place à un bâtiment vitré en R+2 dont les planchers reposent sur de grandes poutres métalliques de 18 m de portées. La cour, maintenant abritée sous une verrière, devient un atrium en double hauteur que les échafaudages ne laissent pas encore deviner. Les vues transversales de l’atrium jusqu’au passage devenu public se dévoilent à peine. Quant au volume existant, sa structure mixte composée de bois béton et métal au gré des interventions, est préservée au maximum et renforcée, y compris ses sous-sols, qui seront totalement réinvestis. Sur rue, rien ne signalera l’intervention contemporaine, hormis peut-être à rez-de-chaussée les menuiseries aciers posées sur la pierre, définissant des vitrines qui reprendront les rythmes des percements d’origine. L’adresse accueillera le premier Eataly en France, une chaîne de grands magasins spécialisés dans la nourriture italienne, à la fois supermarché, lieu de production, restaurant et centre culturel. Un chantier compliqué, en site occupé par des logements en étages, qui devrait être livré à l’état brut au mois d’avril de cette année. Les preneurs s’installeront ensuite dans les lieux pour une ouverture au public courant 2019.

Projet DATA Architectes / Images ArtefactoryLab

Déploiement horizontal

En réinvestissant ces rez-de-chaussée et ces cours intérieures, ce réaménagement dessine un parcours culturel et commercial nord sud, depuis la fondation Lafayette jusqu’au BHV, complété de passages transversaux entre la rue du Temple et la rue des Archives. Les codes traditionnels des accès publics ou privés se bousculent. Les cours d’échelles domestiques sont rendues accessibles, les passages sont réouverts. Une intervention qui n’est pas sans rappeler celle du village Saint-Paul, à quelques centaines de mètres. Là, l’entité urbaine comprise dans un périmètre bien défini fut elle aussi structurée autour de cours intérieures augmentées de commerces. Les grands magasins se déploieront bientôt à l’horizontal ; s’ils ne retiendront pas captifs leurs visiteurs, qui entreront et sortiront au grès de leur flânerie, ils seront pourtant en proie permanente au désir d’achat, à l’intérieur comme à l’extérieur. Le commerce parisien poursuit sa mutation, engagée ailleurs avec Les Halles, le Bon marché ou la Samaritaine, avec toujours pour pivot le patrimoine historique, bien souvent investi par le haut de gamme._Amélie Luquain

La « machine curatoriale » des Galeries Lafayette

La « machine curatoriale » des Galeries Lafayette

Lafayette Anticipations – Fondation d’entreprise Galeries Lafayette, ouvrira ses portes au public le 10 mars 2018. En plein cœur du Marais, dans une cour d’un bâtiment du XIXe, s’élève une « machine curatoriale », tour d’exposition amovible conçue par l’agence OMA assistée de DATA, tandis qu’en sous-sol la production des œuvres bat son plein.

C’est non loin du BHV du Marais, au 9 de la rue du Plâtre (Paris 4e), qu’élit domicile la Fondation d’entreprise Galeries Lafayette – Lafayette Anticipations. L’institution est dédiée à la production et la diffusion de l’art, du design et de la mode, conjuguant espace d’exposition et de production artistique dans un même lieu, créée en octobre 2013 à l’initiative de Guillaume Houzé qui en assure la présidence. Le bâtiment qui l’héberge aux façades de pierre calcaire est caractéristique de la période fin XIXe. Sur 5 niveaux, ses volumes en U s’organisent autour d’une cour, qui traverse l’îlot jusqu’à rejoindre la rue Sainte-Croix de la Bretonnerie. Construit pour le BHV en 1891 par l’architecte Samuel de Dammartin, ce bâtiment était utilisé initialement comme entrepôt, puis lieu de réparation de chapeaux de paille, alors spécialité du BHV. Il servira par la suite de dispensaire, d’institution de jeunes filles et plus récemment d’école préparatoire à l’enseignement supérieur. Son état actuel reflète l’accumulation des transformations qu’il a subi, dont l’essentiel des témoignages a disparu lors de l’incendie des archives du BHV.

Lorsque l’agence OMA (Rem Koolhaas) assistée de DATA (Léonard Lassagne et Colin Reynier) débute les études de reconversion en 2012, le quartier sauvegardé du Marais faisait encore l’objet d’une révision de son Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV), occasionnant des doutes quant à la classification du bâtiment. Une période d’hésitation durant laquelle Rem Koolhaas lui-même, qui construit pour la première fois à Paris, était particulièrement engagé. Un intervalle qui a permis d’engager des dialogues avec les Architectes des Bâtiments de France (ABF), de prendre en main l’existant, d’évaluer les possibilités de démolition totale ou partielle, pour finalement préserver près de 50% de l’existant. Au moins 3 avant-projets et 30 commissions auront été nécessaires avant d’obtenir un permis de construire en mars 2014.

 

Néo-constructivisme 2.0

Quatre ans plus tard, et après trois mois de travaux conduits par Citynove – filiale du Groupe Galeries Lafayette, dédiée à la valorisation de son patrimoine immobilier – Lafayette Anticipations ouvrira ses portes au public ce mois de mars 2018. Si en façade rien ne signale la fondation, qui conserve son entrée de style parisienne, ils y découvriront une intervention contemporaine avant de rejoindre, par une galerie habillée de noir, la rue parallèle.

Insérée dans l’emprise de la cour du bâtiment, une « tour d’exposition » structurée d’acier et chapeautée de verre haute de 18,70 mètres, opère telle une « machine curatoriale », selon les mots de l’agence OMA. Quatre planchers mobiles superposés (deux grands d’une surface de 50 m2 et deux plus petits de 25 m2, revêtus de bois debout) peuvent se mouvoir verticalement le long d’une crémaillère. Indépendant les uns des autres, ils peuvent être stationnés dans l’alignement des niveaux existants. Positionnés à rez-de-chaussée, ils rappellent la perception historique du bâtiment, qui intéresse particulièrement les ABF, et dégage un grand volume d’exposition propice à la suspension. Au fil de la programmation artistique, les plateformes pourront se mouvoir selon 49 configurations différentes, variant entre doubles hauteurs, quinconce, hauteurs variées… et éclairer de leur sous-face les œuvres. Sur leur pourtour, des éléments en caillebotis galvanisés assurent tantôt la fonction de garde-corps, tantôt, en se repliant à l’horizontal, celle de désenfumage, tout en créant la liaison avec les planchers du bâtiment existant. Un dispositif mobile qui répond à un souhait de flexibilité et d’adaptation dans cet espace restreint et contraint, et qui n’est pas sans rappeler la maison Lemoine conçue à Bordeaux, dans laquelle une plateforme hydraulique se déplace librement dans les étages jusqu’à devenir une pièce à part entière. Du mobile dans l’immobile, sources de complexité et de nombreuses dérogations (les règles étant destinées à l’immobilier) avant d’aboutir à cette évidence.

© OMA

 

Production in-situ

Restaurant et boutique à rez-de-chaussée, espaces d’exposition et ateliers pédagogiques dans les étages, et bureaux au dernier niveau occupent le volume existant. L’ensemble totalise 2200 m2 de surfaces, dont 840 m2 de surfaces d’exposition et 350 m2 dévolus à l’atelier de production. Situé au sous-sol, il assurera la production des œuvres exposées in-situ par les artistes invités. Chaque œuvre aura ainsi une dimension inédite, pressentie pour le lieu qui la loge. Dans cet atelier, la dimension collective de la création sera privilégiée à l’idée romantique de l’artiste solitaire, pour reprendre les mots d’Howard Becker qui certifiait dans Les mondes de l’art que « toute œuvre porte implicitement la trace de toutes les contingences qui l’ont fait naître », une affirmation dont a su se saisir Lafayette Anticipations.

© OMA

Tour d’exposition et ateliers de fabrication sont deux dispositifs qui seront utilisés simultanément, pour une configuration d’exposition spécifique. La programmation débutera avec l’artiste Lutz Bacher qui présentera jusqu’au 30 avril sa première exposition monographique en France. S’emparant de l’espace, elle souhaite porter son regard sur l’élévation symbolique de l’édifice, en particulier ce vide central investit par les architectes. La seconde exposition aura pour titre Le centre ne peut tenir, écho au bâtiment mais aussi aux artistes bien plus au centre de la société que décalés.

Cette construction n’est que le prémices d’un remodelage des îlots proches appartenant également au groupe des Galeries Lafayette._Amélie Luquain

 

 

Fiche technique :

Lieu : 9 rue du Plâtre (Paris 4e). Maîtrise d’ouvrage : Citynove Asset Management, pour le compte de la SA des Galeries LafayetteAssistant Maître d’ouvrage : Comitis Ingénierie Maîtrise d’ouvrage déléguée :Artelia, Elite et Corégi Utilisateur : Fondation d’entreprise Galeries Lafayette Maîtrise d’œuvre : Architecte mandataire : OMAPartners : Rem Koolhaas et Ellen van Loon Architecte local : DATA Architectes : Edouard Guyard et Colin Reynier Maîtrise d’œuvre patrimoniale : Thierry GlachantConsultants ingénierie : Eckersley O’Callaghan, dUCKS Scéno, Bureau Michel Forgue, BET Louis Choulet, Lamoureux Acoustique, MPK Conseils Construction Entreprises : Bureau Véritas, GINGER CEBTP, LBC Bâtiment, Eiffage Energie Thermie, Eiffage Energie Electricité, Eiffage Charpente métallique, Roussière, Balas, Sarmates, Pradeau-Morin, Ledran, Sertac, MAARS, Staffissimo, France Sols, Lindner, Europarquet, PSR, Paul Champs, Altor, També

Calendrier : Mars 2012 : début des études. Juillet 2012 : première proposition de projet architectural. Novembre 2012 : présentation du projet à la mairie du 4e arrondissement. Mars 2013 : troisième proposition de projet. Mars 2014 : obtention du permis de construire. Novembre 2014 : début des travaux. Novembre 2017 : Livraison du bâtiment. Mars 2018 : ouverture au public.

Photos © Martin Argyroglo

Les globes : d’un univers céleste à l’ère de l’anthropocène

« Je ne pensais pas que les sphères, ou les globes, seraient d’une certaine manière d’actualité » introduit Yann Rocher, commissaire de l’exposition Globes : Architectures et sciences explorent le monde, présentée à la Cité de l’architecture et du patrimoine jusqu’au 26 mars 2018. Aux Emirats arabes unis, fleurissent une série de bâtiments sphériques, à l’instar de la coupole du Louvre d’Abou Dhabi. Pendant ce temps, à Seattle, le géant Amazon achève la construction de son siège : une imbrication de sphères translucides, imaginées par les architectes Herzog & De Meuron. Quand à Paris, candidate pour l’Exposition universelle de 2025, elle présente dans son « Village global », avec les dessins de Jacques Ferrier et Manuelle Gautrand, un globe de 127 m de diamètre, c’est-à-dire ni plus ni moins la dimension de la Terre à l’échelle du 1/100 000e. De quoi faire rougir la Tour Eiffel. Pour autant, ce n’est pas ce qui a poussé l’architecte et enseignant Yann Rocher dans ses recherches. En 2007, il est pris d’intérêt pour la salle de concert idéale de Karlheinz Stockhausen, un projet utopique composé d’une série de sphère tournante. Interpelé, il s’interroge sur l’existence d’autres exemples d’architecture se référant au corps céleste. Il débute alors l’écriture d’une histoire, au carrefour de plusieurs disciplines, dans laquelle les dispositifs architecturaux sont éclairés par la géographie et l’astronomie. « On a tenté de construire une narration autour des projets pour s’inscrire contre une tendance assez forte de grandes monographies, mais plutôt valoriser une multitude de personnages et regarder les interactions. Il s’agit de mettre le public dans un état de compréhension de l’architecture et non de contemplation » explique le commissaire. Les 160 m de long de la galerie d’exposition sont exploités comme support d’une chronologie historique aux 90 projets présentés, répartis dans une quinzaine de thèmes énoncés sur des tables d’orientation dessinées par les graphistes DUO FLUO. Aux côtés des archives, sont fabriqués des documents inédits, comme des maquettes en impression 3D réalisées par Erpro & Sprint. Elles participent de l’idée que le chercheur propose une deuxième lecture des projets, qu’il tisse un imaginaire autour.

 

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Francesco Piranesi, Pantheum (Panthéon), Raccolta de’ tempj antichi, vol 3, 1780 © Universiteitsbibliotheek Gent

La coupole, prémice du globe

L’exposition commence par trois projets antiques, non pas des globes mais des coupoles, dont les thématiques se rattachent fortement à celle du cosmos. L’une des premières mentions de coupole en Occident concerne la Volière de Varron (1er siècle av. J.C.). Dans son traité, il raconte qu’il faut traverser toute une esplanade avant d’arriver sous une coupole. Y sont représentées deux étoiles qui correspondent à la seule Vénus, visible au lever et au coucher du Soleil. Il ajoute que les mouvements de ces astres indiquent les heures sur le pourtour de la coupole, et qu’une girouette renseigne sur la direction des vents. Autre projet, la Maison Dorée de l’empereur Néron (64-68). L’archéologue Françoise Villedieu vient très certainement de mettre la main sur « la principale salle à manger qui était ronde et tournait sur elle-même, jour et nuit, en imitant le mouvement de la Terre », selon les dire de Suétone. Ici, c’est le monde qui tourne autour de l’empereur, affirmant son pouvoir sur le cosmos tel un démiurge. Troisième projet, et non des moins célèbre, le Panthéon de Rome par Hadrien bâti vers l’an 125. Longtemps appelé le temple sphérique, il souligne la tension entre deux hémisphères : l’un matériel, orienté vers le ciel, perforé d’un oculus ; l’autre abstrait, lisible en proportion derrière les colonnades.

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Etienne-Louis Boullée, projet de cénotaphe de Newton, coupe ©BNF, Estampes et photographie

 

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Géorama, paru dans L’illustration, 1846 ©D.R.

La sphère inventée

Selon Yann Rocher, l’acte de naissance du globe n’arrive que bien plus tardivement. En géographie, il correspondrait à la construction du Gottofer Globus pour un prince allemand en 1664, par le savant Adam Olearius. Ce globe est le premier dont les entrailles peuvent être visitées, le premier de cette taille à être rotatif, à l’oblique et à cumuler les représentations terrestres sur sa peau extérieur et célestes à l’intérieur. En architecture, c’est l’historien Jean-Marie Pérouse de Montclos qui, dans ses recherches sur la révolution française, émet une belle hypothèse. L’invention de la sphère pourrait venir d’un certain Pierre de la Ruette, dit de Beaumesnil.  Le comédien et archéologue abreuve l’Académie des inscriptions et belles-lettres de trouvailles archéologiques, parfois authentiques et parfois douteuses. La plus osée d’entre elles est assurément un temple sphérique qu’il prétend avoir visité en 1747, et que des bergers auraient découvert fortuitement à Limoges quelques années plus tôt. La sphère souterraine de plus de 14 m de diamètre serait taillée à même la roche. « Ce temple inventé au sens archéologique comme au sens premier, excite l’imagination. Peut-être s’agit-il d’une des premières architectures sphériques, ancienne ou moderne ? Voire, comme le démontre scrupuleusement l’historien Jean-Marie Pérouse de Montclos, le modèle d’un autre inventeur de sphère : Etienne-Louis Boullée » indique le catalogue. Se positionnant lui-même comme l’inventeur de la sphère, l’auteur du Cénotaphe de Newton ouvre, avec ses élèves, un florilège de sphères incroyable durant la période révolutionnaire, une époque où il faut trouver de nouvelles formes pour les temples de la république.

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Monumento colosal en memoria de Cristobal Colon, Chicago et Paris, Scientific American (detail), 1890 ©D.R.

 

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Elisée Reclus, Globe terrestre pour l’Exposition universelle de Paris, 1900. Coupe ©SIAF-CAPA-Archives d’architecture du XXe siècle Fonds Bonnier

Des globes à la foire

A la fin du XVIIIe siècle, s’opère un nouveau renversement. S’il s’agit du siècle des panorama, en géographie, on parlera de celui des géoramas.  En 1833, Charles Delanglard dépose un brevet pour une « machine à l’aide de laquelle on embrasse presque d’un seul coup d’œil toute la surface de la terre », qu’il appelle Géorama. La mappemonde est représentée sur la face intérieur de la sphère de 13 m de diamètre, sur une toile translucide peinte à la main et rétroéclairée par la lumière du jour. Au centre, le spectateur est invité à se tenir sur une plateforme pour observer la carte. Ce modèle immersif permet de mettre en relation optique des points habituellement distancés. Le Géorama de Guérin, dessiné par Hittorf en 1849, propose une autre adresse parisienne au pied des Champs Elysées. L’expérience est ici poussée jusqu’à la réinterprétation d’un théâtre classique. Le globe devient un instrument de loisirs urbains.

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Aerial Globe et Globe tower, Saint Louis World’s Fair et Coney Island, 1901-1908 ©D.R.

 

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Alex Schomburg, couverture de Science-fiction plus, n°2, 1953 ©D.R.

La tour et le globe

L’attrait pour ces constructions sphériques ne fera que s’accroitre, notamment lors des Expositions universelles qui sont l’occasion de tester ces structures. Exemple marquant, celui de Villard et Cotard qui, pour l’Expo de 1889, conçoivent un globe terrestre au millionième sur le Champs de Mars. Mais 1889, c’est aussi l’année de la Tour Eiffel. En couverture du Scientific American d’octobre 1890, où il s’agit de défier une Dame de fer ayant « réveillé l’orgueil des nations », le Monument colossal en mémoire de Christophe Colomb que l’architecte espagnol de Palacio formente pour Chicago a tout d’un mastodonte ovoïde posé un sur un piédestal de fer. Désirant surpasser la tour parisienne, l’architecte affecte un diamètre de 300 m rien qu’au globe lui-même. Même si le globe se veut de plus en plus grand, assumant ses capacités volumétriques jusqu’à engloutir l’exposition toute entière dans ses entrailles, la persistance psychologique de l’aiguille de fer ne s’efface pas. Elle s’accroche au globe, l’encadre, l’enserre, l’étreint même. Le Globe Tower de Coney Island, dont Koolhaas ébauche une explication dans New York Delire, marque la rencontre archétypale entre une sphère et une tour, exprimant la capacité de s’élever vers le ciel tout en contenant les fonctions, à nouveau de loisirs urbains, comme une scène de spectacle, un auditorium et un café rotatif.

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Pavillon des USA pour l’Expo universelle de Montréal, R.Buckminster Fuller,S.Sadao,P.Chermaye,T.Rankie,I.Chemaye,1967 ©Estate of Buckminster Fuller

 

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Nuke Proof Manhattan, dessin de Jean Lagarrigue, Esquire, 1969 ©D.R.

De l’anti-figuration au Space Age

Durant l’entre-deux guerres, le globe se fait discret. Les avant-gardistes suppriment toute figuration dans leur ouvrage. Pour autant, des personnalités comme Bruno Taut, qui participent à repenser les bases de la société qu’ils considèrent comme corrompue, s’inspirent de la nature ; non pas une nature atteignable par l’homme, mais l’ailleurs, le cosmos jusqu’à dessiné en 1920 ce qu’il nomme une « Cathédrale-Etoile ». Dans les années 50, la sphère s’inscrit notamment dans un cadre géopolitique. Structure géodésique et construction gonflable répondent aux attentes des militaires : légèreté et modularité. Les dômes géodésiques atteignent des sommets sous l’égide de Buckminster Fuller, lors de la conception du pavillon des Etats-Unis pour l’Expo 67 de Montréal. Dans les années 70, c’est au travers de la science-fiction que le globe fait son grand retour.  C’est l’époque du Space Age et de la conquête de l’espace, dont l’exemple le plus éminent est la saga de George Lucas, Star Wars et l’Etoile de la mort. Superstudio n’échappe pas à la fascination pour la conquête spatiale. Avec leur mode de représentations atypiques, les architectes radicaux italiens préparent en 1970 un court-métrage, Architettura Interplanetaria, en réaction à la « frustration de l’architecture terrestre » avant d’aboutir à une « géographie exceptionnelle ».

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Architettura Interplanetaria, Superstudio ©D.R.

Anti-globe VS Anthropocène

Dans les alcôves de la galerie d’exposition, sont présentés des travaux d’une série de contemporains, de James Turell jusqu’à Bryan Beaulieu. On y trouve un projet peu connu de Rem Koolhaas et de son partenaire Reinier de Graff : un centre des congrès et d’exposition aux Emirats arabes unis. La sphère est évidée par des sphères, manifeste de l’intérêt permanent de Koolhaas pour la conception d’un volume à l’intérieur d’un autre.

L’exposition se termine par deux avis contraires. Celui de Bruno Latour, dont la contribution au catalogue se fait par un texte intitulé Anti-Globe. Pour lui les globes sont trompeurs, ils sont des formes qu’on ne voit jamais réellement. Il met en doute leur capacité à représenter l’environnement, et en appelle à d’autres formes de représentation.  Face à lui, les travaux de l’ingénieur américain Bryan Beaulieu qui, dénonçant l’impact énergétique et climatique, a suggéré la création participative d’un globe au 1/1 000 000, dont les différentes facettes triangulées furent assemblées par des scolaires de l’université de Mineapolis. L’opération, qui a mobilisé 11 000 enfants, fut un succès. « Beaulieu se met ensuite à penser dix fois plus grand :  puisque Reclus a échoué un siècle plus tôt à façonner une terre au 1/100 000, pourquoi ne pas imaginer un projet à la même échelle dans le désert de l’Arizona » indique le catalogue. A l’été 2017, alors que sa maquette animée a traversé l’Atlantique pour être exposée à la Cité de l’architecture et du patrimoine, le Great Globe Project est plus que jamais d’actualité. Dernier projet en date, l’esquisse de Jacques Ferrier et de Manuelle Gautrand pour la candidature de Paris à l’exposition universelle de 2025 ; un globe « pas très instruit par cette histoire-là », commente Yann Rocher, qui invitent les architectes à venir regarder l’exposition. Faut-il remettre les pieds sur terre ?

 

Amélie Luquain

Rudy, Frank, Rem, Santiago et les autres : paroles d’architectes – la revue de presse du 30 octobre 2017

Rudy, Frank, Rem, Santiago et les autres : paroles d’architectes – la revue de presse du 30 octobre 2017

Rudy Ricciotti proteste et s’insurge à Marseille – L’épée de verre de l’Académicien Wilmotte – Gehry et Bilbao – Mai 68 et Calatrava – Koolhaas n’est pas une bête – Y a-t-il un Harvey Weinstein dans l’architecture ? – On aime ou on quitte Abraxas – Cimetières durables sous la lune.

 

Pugnace

À Marseille, Vinci s’apprête à construire un immeuble de huit étages sur le site d’une ancienne corderie, qui est aussi, a-t-on découvert lors du démarrage du chantier, la carrière ouverte il y a 2600 ans par les grecs pour les besoins de l’édification de Massilia. La Ville, qui en a la possibilité, n’entend pas annuler le permis de l’opération, la ministre de la Culture n’arrêtera pas les travaux malgré les protestations des archéologues et historiens. Les architectes, eux, se taisent, sauf Rudy Ricciotti, qui est bien décidé à donner de la voix et dénonce ce silence gêné de confrères plus prompts à protéger leurs commandes que le patrimoine commun. « Mes confrères ont choisi la distance silencieuse et la retenue dévote, disons-le ! Derrière cette caponnerie, il y a pour notre métier une dette de vertu. Je veux dénoncer ici cette paresse car nous ne devons pas oublier que l’architecte est non seulement citoyen mais acteur de sa cité. L’architecte est confronté à son rôle moral et éthique. Son rôle esthétique est moteur érotique au titre du plaisir de la ville. Dans le cas marseillais, avec ce grand silence sur l’opération de la Corderie, on atteint le niveau maximal de la honte et le degré zéro du courage ». Où est l’héroïsme méditerranéen ? s’interroge Rudy, écornant au passage la classe politique phocéenne « C’est le côté arabo-coréen de Marseille avec sa centralisation du pouvoir, ses chapes de plomb. La ville tient des dictatures du nationalisme arabe et de la culture du pouvoir d’un Kim Jong-Hun hilare qui considère quiconque émet une objection comme ennemi mortel à abattre ». Saluant la solidarité des maçons de la CGT Vinci, qui se sont mis en grève pour préserver le site, Ricciotti n’oublie pas d’être constructif : « il n’y a pas à être pour ou contre, mais avec les vestiges », militant pour une solution sur pilotis qui intégrerait la carrière dans les strates de l’urbanisme marseillais. Un petit soutien des confrères pour cette alternative ?

Via La Marseillaise 

 

Ému

En uniforme, il brandit son épée. Mais peu de chance qu’il s’apprête, tel Roland à Ronceveau, à prêter main-forte à Rudy Ricciotti pour défendre les carrières grecques antiques. L’arme, en verre de Murano, est le sceptre qu’arbore Jean-Michel Wilmotte pour son entrée à l’Académie des Beaux-Arts, au fauteuil de feu Michel Folliasson, architecte urbaniste de Cergy-Pontoise. Devant un parterre trié sur le volet – le Figaro mentionne Maryvonne Pinault, femme de François, Patrick Ollier, maire de Rueil, ou François Fabius, pourtant mort en 2006 – l’architecte s’est montré « tellement ému qu’il s’est emmêlé dans ses feuilles et a sauté un paragraphe ». Stéphane Berne, homme de patrimoine, lui a remis son épée dans la chapelle des Beaux-Arts. « Votre côté James Bond ne m’a pas échappé. Vous aimez le cinéma d’architecture et j’espère que le cinéma prendra un jour vos bâtiments comme décors de leurs prochains films » s’est amusé à rappeler Hughes Gall, ancien directeur de l’Opéra de Paris dans un discours introductif de ce « touche à tout qui agace ». Touche à tout, soit, mais si le cinéma pouvait rester ce sanctuaire préservé des oeuvres de Jean-Michel Wilmotte…

Via Le Figaro 

 

Hésitant

« Il m’arriva de penser à déménager à Bilbao, tant tout s’y déroula très bien pour moi », confie Frank Gehry. À l’occasion du 20e anniversaire du musée ressurgissent les souvenirs : « nous travaillions dans un climat de quasi guerre urbaine. Le chômage atteignait les 35%, il y avait du terrorisme et une grande peur. Le projet était impopulaire, et personne ne comprenait le besoin qu’il y avait de ce mettre dans un tel pétrin pendant une crise économique aussi noire », se rappelle César Caicoya, architecte espagnol qui a suivi le projet du Guggenheim de Bilbao, échangeant 18 000 fax avec Gehry. Le succès était loin d’être garanti : « le moral de Gehry fut un sujet délicat pendant le chantier, même si le Pritzker assure qu’il « n’y eut pas de problème durant les travaux. J’étais sûr de pouvoir me fier aux Basques, ce sont des gens de parole ». Caicoya rappelle « si le Guggenheim n’avait pas été réussi, les carrière de tout ceux qui y travaillaient auraient été très touchées. Mais celle de Frank se serait probablement arrêtée net. Mais qui ne joue pas, ne gagne pas ». Le pari a été gagné. Et Frank est finalement resté Californien.

Via El Mundo 

 

Empêché

Interviewé par le quotidien italien La Repubblica, Santiago Calatrava se souvient lui aussi de l’Espagne et de la France, où il aurait pu étudier. « Je me souviens qu’en juin 1968, j’arrivais à Paris avec l’intention d’étudier à l’Ecole des Beaux-Arts. Les évènements de mai se prolongeaient, avec leur grande contestation étudiante, empêchant mon inscription dans cette école. Je suis resté à Paris jusqu’à la fin septembre avant de rentrer à Valence. Où j’ai étudié l’architecture ». La face du monde aurait-elle été changée si Calatrava était demeuré parisien au lieu de partir étudier à Zurich ? Un nouvelle pièce à verser au dossier d’inventaire des évènements de mai…

Via La Repubblica 

 

 

Caché

« L’architecture a-t-elle un Harvey Weinstein caché dans ses rangs ? », interroge la journaliste Anna Winston dans un article sur le harcèlement sexuel en agence. La réponse n’est pas une surprise : il n’y a pas un mais une multitude. « Pour l’écriture de cet article, j’ai parlé à de nombreuses personnes qui ont partagé leurs expériences d’abus, d’agression, harcèlement, discrimination, prédateurs, manipulation et plus. Certaines ont donné des exemples très précis et des noms. On y retrouve certains des architectes les plus célèbres du monde, aussi bien que les étoiles montantes d’agences établies, les figures des écoles, les collègues ou les amis. Le problème touche toutes les pratiques à tous les niveaux ». Comme à Hollywood, à une échelle moindre, la construction de la profession sur des figures charismatiques et une longue tradition machiste explique la situation. Quel que soit l’endroit où se terre aujourd’hui le Harvey Weinstein de l’architecture, il est couvert par un plus large problème que le débat sans fin sur la place des femmes et les prix d’architecture féminine n’ont pas su résoudre, explique Winston, celui d’une discrimination structurelle persistante dans une profession qui se féminise.

Via Dezeen 

 

Pascalien

« Je suis claustrophobe, et bien souvent l’architecture aggrave ma claustrophobie parce qu’elle impose des scénarios contraignants, exclut des évolutions ultérieures, des usages nouveaux : plus rien d’autre n’est possible, en somme, que ce qu’on décide de bâtir ». C’est Rem Koolhaas qui parle, expliquant dans les colonnes du Point comment ce sentiment et d’autres influencent l’architecture d’OMA. « À Saclay, nous avons été attentifs aux flux des étudiants, nous avons réfléchi aux circulations à venir, ouvert des perspectives et conçu en effet un campus comme intégré dans la ville : tout reste possible, tout reste ouvert ». L’architecte souffre également de phonophobie « Vous avez remarqué ce silence, dans l’open space de l’agence ? C’était tellement plus bruyant il y a quelques années… La génération actuelle est silencieuse, en communication exclusive avec ses écrans. Et ce silence, je le trouve dangereux ». On se rappelle Pascal : « le silence des espaces infinis m’effraie », disait  le philosophe. Faites du bruit pour Rem, qui sort un livre, une exposition sur la campagne au Guggenheim (2019) et un pont à Bordeaux, entre autres…

« Je ne suis pas une bête d’architecture » entretien de Rem Koolhaas avec Violaine de Montclos, Le Point, n°2355, 26 octobre 2017

 

Mordante

Conçus dans une période d’euphorie, les espaces d’Abraxas à Noisy-le-Grand sont devenu un objet étrange, que ses habitants ont du apprivoiser. « Avec ces 610 logements répartis en trois zones, le Palacio et ses HLM tarabiscotés, le Théâtre, une propriété privée en forme d’hémicycle et l’Arche qui trône au milieu. Ces façades monumentales, de style néoclassique, enserre une place ovale. Résultat : la cité vit un peu repliée sur elle-même. « Mais d’un autre côté tout le monde se connaît à force de se croiser, sourit Sabah Hamida, à la tête de l’association les Abraxas. Et comme c’est assez protégé, les enfants peuvent jouer à l’extérieur sans problème. » Habitante depuis vingt-sept ans, elle a fini par s’habituer à l’univers un peu compliqué du Palacio où certains des ascenseurs ne montent les étages que trois par trois et où des deux pièces… sont en duplex » détaille Le Parisien, lancé dans un citétour du Grand Paris. L’ancien maire Michel Pajon voulait détruire le complexe, qui a dû en partie sa renaissance au film Hunger Games. « Durant vingt ans, il n’y a eu aucune animation ici mais le film a soudé tout le monde dans la fierté », lâche Christiane. En 2014, « Hunger Games » a ainsi braqué les projecteurs sur le Palacio. « Des touristes ont commencé à venir par la suite, c’était incroyable, s’enthousiasme Sabah. Quelle cité du 93 est visitée comme un monument à part la nôtre ? ». Christiane ne laisserai pour rien au monde son logement à la vue unique. D’ailleurs, le Palacio, « tu l’aimes ou tu le quittes » disent les habitants. 30 ans après, Ricardo Bofill a été invité à construire un nouvel ensemble de 600 logements à Noisy-le-Grand. Les producteurs de film doivent être impatients de découvrir les nouveaux décors d’Abraxas II, le retour.

Via Le Parisien 

 

Éternellement durable

C’est un manuel attendu que vient de publier le centre technique national sur les espaces verts et la nature en ville, au terme de deux années d’études : le recueil sur la réhabilitation écologique et paysagère des cimetières. Pour l’écrire, les auteurs ont scruté plus de 250 cimetières de toutes tailles à la loupe. Leur prescriptions sont valables pour les cimetières de l’hexagone, qui présentent deux fois la superficie de Paris – a vrai dire, cela paraît peu – 40 000 enceintes présentant une grande diversité patrimoniale. Le guide propose également 10 fiches illustrées pour une réhabilitation écologique et paysagère des cimetières. « Elles comportent des conseils, des témoignages, des exemples d’initiatives intéressantes pour puiser l’inspiration et orienter son action. Thèmes traités : les moyens humains et financiers pour aller vers le « zéro pesticide », comment drainer les sols humides sous terre et diminuer les pollutions, comment favoriser les concessions écologiques et paysagères, entretenir des allées minérales sans pesticides, enherber des allées, favoriser l’accessibilité, préserver les arbres existants et en planter de nouveaux, , comment gérer les végétaux, communiquer sur les pratiques « zéro pesticide » ou repenser l’ensemble du paysage du cimetière ». Que d’efforts pour rendre durable un séjour que l’on ne souhaiterait que temporaire !

Via La Caisse de dépôts et territoires 

 

Olivier Namias

Bibliothèque de Caen par OMA : un plan en croix

A Caen, la bibliothèque Alexis de Tocqueville dite aussi Bibliothèque Multimédia à Vocation Régionale (BMVR) a ouvert ses portes en début d’année. Elle est le premier équipement livré en France par OMA depuis Congrexpo Lille en 1994. Située à la proue de la presqu’île de Caen, en pleine reconfiguration urbaine, dont le master plan a été confié à l’agence MVRDV, la bibliothèque Alexis de Tocqueville côtoie désormais le tribunal de grande instance réalisé par BE Hauvette Paris avec Pierre Champenois (2016), le Dôme – Maison de la recherche et de l’innovation de l’agence Bruther (2015) ainsi que l’Ecole supérieure d’arts et médias de Caen (2009) conçue par Studio Milou Architecture.

La bibliothèque, avec son plan en croix, pointe des repères dans la ville pour se raccrocher au territoire. Cette forme en X dégage des places urbaines, auxquelles se raccrochent les programmes du rez-de-chaussée : auditorium, restaurant et espace d’exposition. La croisée des axes compose le hall. A l’étage, les quatre ailes correspondent au quatre pôles de la BMVR, dont l’identité s’affirme par des espaces spécifiques aux extrémités de chacune d’entre elles. Le pôle Littérature se distingue par un gradin en bois où le public pourra consulter un ouvrage, tandis que le pôle Sciences Humaines est doté d’un cabinet de curiosité servant de vitrine à la salle des fonds précieux. Ce niveau principal subjugue par sa surface de 2000 m2 qu’il libre de tout cloisonnement et de structure porteuse, puisque déportée aux quatre extrémités. S’y arrangent le mobilier, librement. Les baies bombées offrent des visions panoramiques. En opposition, le dernier niveau est un « étage poutre ». Il porte l’ensemble du bâtiment tout en hébergeant des bureaux cloisonnés sous son épaisse charpente métallique.

Les plans d’étage dessinés conçu par OMA et Clément Blanchet sont le reflet de cette pensée cohérente. Ils dénotent de la force formelle du plan en croix et de son impact tant programmatique que structurel.

Amélie Luquain

 

RDC
R+1
R+2
R+3

 

 

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