Le Soufflet, un projet à couper le souffle !

Le Soufflet, un projet à couper le souffle !

Imaginé par l’agence québécoise Nature Humaine, le Soufflet est un projet de réhabilitation destiné à moderniser un ancien édifice commercial de la rue Baubien à Montréal. Le programme reste inchangé et les différents usages commerciaux viennent se superposer à l’intérieur des murs. Doté d’une extension caractérisée par une toiture monolithique, le soufflet est un savant mélange entre réinterprétation de l’existant et cadrage de vues.

L’idée conceptuelle de l’agence pour élaborer ce projet était d’accorder une importance particulière au contexte de l’édifice, à savoir le Parc Molson. Il était donc essentiel de pouvoir offrir des vues panoramiques sur ce dernier. La réponse à cette problématique va ainsi devenir le point caractéristique du projet et même lui donner son nom : une série de brises-soleil installée sur le toit inspirés des anciens appareils photo à soufflet.
Cette rétinterprétation contemporaine de la pergolas – matérialisée par une structure noir en acordon – permet d’inscrire le projet dans son environnement  en lui conférant une échelle similaire à celle de ses voisins afin de se positionner dans la continuité du paysage urbain.
Pour plus de profondeur et de matière, un jeu de relief dans l’appareillage des briques de la façade a été mis en place couplé à une série de fenêtres.
A l’intérieur, les bureaux du troisième l’étage s’organisent selon une typologie longitudinale avec en avant la salle de conférence bénéficiant d’une vue sur la terrasse, la réception et les espaces de circulation – naturellement éclairés par des puits de lumière – prennent place au coeur de l’édifice.
Pour évoquer le passé du lieu et le souvenir de son temps, plusieurs lampes d’origine ont été réutilisées contrastant tout en subtilité avec les lignes minimalistes des nouvelles suspensions.
Plaqués de chêne blanc, les rangements des bureaux transpercent les cloisons vitrées, dévoilant ainsi la perception d’une trame régulière depuis le couloir.
Enfin, l’ajout de couleurs vives rehausse les tonalités monochromes de l’ensemble. Le bloc bleu renferme les services, tandis que le rouge vif irradie l’escalier d’issue.
Photographies de Adrien Williams
La rénovation de la  Mercury House par Zaha Hadid Architects compte dynamiser la côte Est de Malte

La rénovation de la Mercury House par Zaha Hadid Architects compte dynamiser la côte Est de Malte

© Zaha Hadid Architects

L’agence Zaha Hadid Architects a récemment dévoilé les images de leur projet de rénovation de la Maison Mercure. Celle-ci se trouve dans le centre touristique de Paceville sur l’île de Malte. Cette rénovation a pour but d’ajouter du dynamisme à la ville et intègre des appartements résidentiels, un hôtel et des espaces publics à la tour. Lire plus

Novice Living Quarters : un nouveau dortoir pour les apprentis moines de Buddhanimit Temple en Thaïlande

Novice Living Quarters : un nouveau dortoir pour les apprentis moines de Buddhanimit Temple en Thaïlande

Buddhanimit Temple, situé dans une communauté rurale à Udon Thani, en Thaïlande, est une école boudhiste qui fournit une éducation gratuite aux familles n’ayant pas les moyens de s’offrir une éducation publique. En raison de l’augmentation du nombre d’étudiants inscrits comme moines débutants, un dortoir supplémentaire était nécessaire. Après l’inspection du site, un bâtiment abandonné a été découvert à côté du bâtiment scolaire existant. Les architectes, Skarn Chaiyawat, Rina Shindo et Witee Wisuthumporn, ont alors proposé de rénover ce bâtiment abandonné afin de le transformer en dortoir avec l’ajout d’une nouvelle bibliothèque et d’une salle de bain.

Un programme fournissant non seulement plus d’espace d’étude et de récréation pour les apprentis moines dans le budget spécifié, et permettant également de fusionner et respecter le contexte, la structure et les matériaux existants.

Le dossier initial du projet prévoyait la construction d’un dortoir de deux étages dans le cadre d’un budget de 6 millions de bahts (155 000 €). Après des inspections approfondies du site et des ateliers avec les moines et les novices, les architectes ont proposé un plan économique pour la rénovation d’un bâtiment existant abandonné.

Les architectes ont conservé les poutres et les colonnes en béton armé existantes tout en ajoutant seulement les éléments architecturaux nécessaires pour fournir de nouvelles chambres partagées à une quarantaine de moines débutants. Les chambres sont conçues avec des tuiles translucides installées à des endroits spécifiques pour la lumière naturelle. Ces chambres sont reliées à un grand couloir qui sert d’espace de loisirs commun aux moines novices.

L’une des caractéristiques remarquables du dortoir est constituée par les blocs de ventilation en ciment qui sont conçus de manière à offrir une certaine intimité à la vue du public et à fournir des ouvertures pour la lumière et la ventilation.


Derrière le bâtiment du dortoir se trouve la zone de baignade commune. Le toit du bain communal a été pensé de manière à répartir uniformément la lumière du jour àl’intérieur des bâtiments en alternant des tuiles translucides et solides. Par conséquent, la lumière naturelle et le flux d’air augmentent à des niveaux appropriés, ce qui se traduit par une amélioration globale de l’état hygiénique.


Les architectes ont aussi proposé de construire une bibliothèque plus grande pour le bâtiment scolaire existant. Avec un plancher surélevé et un toit incliné, la conception  passive de cette bibliothèqueaméliore le flux du vent, diminue l’humidité, refroidit la surface du sol et empêche la lumière directe du soleil de surchauffer la pièce et de détériorer les ouvrages.


La collaboration entre tous ces arcteurs a permis à Novice Living Quarters d’offrir une meilleure qualité de vie aux moines novices tout en contribuant à leur propre style de vie.

Photographies de CHAOVARITH POONPHOL

L’agence Twelve Architects redonne vie aux ruines de la prison de Bodmin

Twelve Architects transforme une prison du XVIIIe siècle abandonnée et infestée de chauves-souris à Cornwall, en Angleterre, en un hôtel et une attraction touristique.

Le studio basé à Londres a été mandaté par Interstate Europe Hotels pour transformer la prison de Bodmin. Le projet de plusieurs millions de livres verra la restauration du bâtiment classé Grade II grâce à la réhabilitation du lieu en un hôtel de 63 chambres destiné à devenir une attraction touristique.

Les invités pourront dormir dans les anciennes cellules, qui seront ouvertes pour créer des dortoirs moins exigus qu’autrefois. 

Conçu par l’ingénieur britannique Sir John Call et construit en 1779, la prison de Bodmin fut un site d’incarcération et d’exécution pendant près de 150 ans jusqu’à sa fermeture en 1927. Plus de 50 pendaisons publiques ont eu lieu à la prison.

Avec son passé horrible, la prison est censée être hantée sans surprise, mais l’architecte principal Hannah Baker n’a pas eu d’observations spectrales tout en travaillant sur le projet. Les plus grands défis de ce nouvel espace hôtelier se concentrent principalement sur la restauration du bâtiment ruiné et partiellement démoli.

« Ils ont essayé, assez largement, de le faire exploser dans les années 30 pour le déconstruire à des fins de récupération, mais ils n’ont pas eu beaucoup de succès car les murs sont assez bien construits« , a déclaré l’architecte. Le toit a été enlevé et les sols se sont tous décomposés après avoir été exposés aux intempéries de la région pendant si longtemps, mais la majorité de la structure est restée intacte.

« La forme actuelle et la forme originale du bâtiment sont très semblables« , a t-elle ajouté. « Il y a quelques murs manquants, donc nous reconstruisons ceux qui utilisent la brique plutôt que la pierre, puis restituons le dessus, donc c’est une intervention vraiment claire entre l’ancien et le nouveau. »

Twelve Architects reconstruira le toit avec du verre, de sorte que l’intérieur de l’atrium soit moins sombre et présomptueux qu’il ne l’aurait été dans son incarnation précédente. À l’intérieur, les architectes ont eu du mal à comprendre la disposition originale exacte du bâtiment.

« Il y a des informations, mais elles ne sont pas facilement disponibles car il est assez difficile d’obtenir des plans de prison« , a t-elle poursuivi.

La population de chauves-souris, qui a élu domicile, est également un facteur de complication dans la rénovation. Jusqu’à neuf espèces de chauves-souris, y compris des fers à cheval plus grands et mineurs et les Pipistrelles miniatures, ont utilisé les ruines comme sites d’accouplement et de repos.

Le Narkomfin, symbole soviétique en réhabilitation

Le Narkomfin, symbole soviétique en réhabilitation

 

Le Narkomfin, ensemble de logements moscovite, renaît lentement de ses cendres après avoir été longtemps laissé à l’abandon. Malgré un grand nombre d’appartements vacants, ce symbole du constructivisme soviétique avait toujours été habité, mais son entretien laissait à désirer. Aujourd’hui, le petit-fils de l’architecte du Narkomfin est en charge de sa rénovation.

 

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1928. La société soviétique vit au rythme du stalinisme. Une société dont les habitudes de vie sont modelées par la pensée communiste, qui influence aussi l’architecture. Les architectes Moïseï Ginzbourg et Ignaty Milinis sont mandatés par le Ministère des Finances pour réaliser quatre ensembles de logements pour leurs employés. Le projet, pourtant amputé de deux bâtiments sur quatre, est terminé en 1932.  En béton armé et sur cinq étages, le Narkomfin est entouré d’un parc. Le rez-de-chaussée devait initialement laisser place à un espace végétal, et le bâtiment était supporté par de larges pilotis noirs. Cependant, quelques années après, on y construira des bureaux et d’autres logements, pour rentabiliser l’espace… Les appartements, dont l’accès se fait uniquement aux couloirs des étages 1 et 4, sont en duplex. Un salon en double hauteur offre une grande luminosité, alors que les chambres sont plus basses de plafond.  Une configuration qui fait écho aux unités d’habitations que Le Corbusier construira dans ses Cités radieuses françaises, une vingtaine d’années plus tard.

 

Cette architecture radicale et fonctionnelle répond aux attentes du constructivisme. Icone de l’architecture soviétique des années 1920, le Narkomfin concrétise des idées théoriques bien arrêtées sur la vie communautaire. Au delà de logements, il met à disposition de ses habitants des cuisines collectives – aucun logement n’en possède à titre individuelle – , une crèche, une salle de sport, des terrasses et toit partagés… Ces nouveautés offrent un luxe indéniable aux habitants ! Mais ce mode de vie utopique est confronté à la réalité, et le Narkomfin tombe vite en désuétude. Les 54 unités de logements sont abandonnées aux fils des ans. La faute à une architecture qui influe -trop- sur les modes de vie des habitants ?

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Le nombre important de propriétaires et l’absence de copropriété empêchait l’avancement des projets de réhabilitation. En 2016, la société Liga Prav achète 95% du bâtiment et confie la restauration à Alexeï Ginzbourg, qui n’est autre que le petit fils de l’architecte de l’époque. Il souhaite redonner une lecture d’origine à ce bâtiment. Et c’est en libérant le rez de chaussé de ses artifices qu’il commence.  Il restaure l’idée originelle du projet, en ayant une vision globale de l’ensemble du Narkomfin. Un projet qui modifiera sans doute les plans initiaux du projet. En effet, les normes de sécurité ont bien évolué en 80 ans, et il faudra très probablement se plier aux nouvelles réglementations, tout en gardant l’esprit souhaité par les architectes fondateurs. Alexeï Ginzbourg, qui espère que la rénovation sera terminée d’ici l’année prochaine, souhaite ainsi donner un exemple de réhabilitation pour les autres bâtiments emblématiques de l’air soviétique tombés dans l’oubli.

 

Anne Vanrapenbusch