Renzo Piano propose de concevoir un nouveau pont pour Gênes à titre gracieux

Renzo Piano propose de concevoir un nouveau pont pour Gênes à titre gracieux

Le 14 Août dernier, l’italie connaissait un évènement tragique avec l’effondrement du pont Morandi entrainant avec lui la mort de 43 personnes et une vive émotion dans le monde entier. Originaire de Gênes, l’architecte italien Renzo Piano âgé de 80 ans, vient d’offrir ses services pour dessiner gratuitement un nouveau pont après discussion avec le gouverneur de Ligurie, Giovanni Toti. Connu pour ses bâtiments aussi célèbres que lui tels que le centre Pompidou, la Cité internationale de Lyon, la tour The Shard à Londres, et détenteur d’un  Pritzker Prize, Renzo Piano n’en oublie pas pour autant sa ville natale.

 

renzo piano

« Mon engagement est d’abord moral, pour m’assurer que le nouveau pont aura les traits de Gênes, de nos qualités et un peu de notre parcimonieJe n’arrive pas à penser à autre chose que ce pont en ce moment. » explique Renzo Piano.

« Renzo Piano a proposé, en tant que Gênois talentueux, d’offrir ce projet de nouveau pont comme cadeau à la ville. Nous avons accepté cette aide avec joie et il a déjà présenté plusieurs propositions. » a ainsi déclaré Giovanni Toti après leur entretien.

Bouleversés par la chute du pont Morandi, Renzo Piano et son équipe se sont mis rapidement au travail pour concevoir un nouveau pont à la structure plus solide et plus adaptée. La maquette issue de cette recherche bénévole, a été présentée mardi 27 Août au gouverneur. Si Renzo Piano offre gracieusement la conception du pont, c’est Autostrade per Italia, qui financera sa réalisation. Le pont imaginé par Renzo Piano, qui a immédiatement été accepté, ressemblera à la ville et ses habitants, un pont qui ne défigure pas l’environnement, un pont qui n’oublie pas la tragédie, un pont comme une porte qui accueille les visiteurs de Gênes, une pont vivant qui s’élance vers d’autres cieux.

Ce nouveau pont sera à la fois un mémorial et une incarnation d’un « moment positif d’unité et de coopération« .

« Une chose est sûre, ce doit être beau – pas dans le sens des cosmétiques mais dans la transmission d’un message de vérité et de fierté« , affirme Renzo Piano.

« Ce doit être un endroit où les gens peuvent reconnaître la tragédie d’une manière ou d’une autre, tout en offrant une excellente entrée dans la ville. Tout cela doit être fait sans aucun signe de rhétorique – ce serait le pire piège. Mais je pense que nous resterons [à partir de cela] et au lieu de cela, essayez d’exprimer une vraie fierté et des valeurs. C’est ce que mérite Gênes.  »

Selon lui il était impératif de reconstruire le pont, qui était une partie essentielle de l’autoroute A10 , non seulement parce qu’il rétablirait une infrastructure majeure en Italie, mais qu’il constituerait un point de repère pour l’espoir.

« Un pont est un symbole et ne devrait jamais tomber, car quand un pont tombe, les murs montent. Donc, ce n’est pas seulement physique mais métaphorique – les murs sont mauvais, nous ne devons pas construire des murs, mais des ponts. »

« J’ai déjà dit que je serais heureux [d’être impliqué] parce que c’est ma mission. Je suis également sénateur à vie et c’est donc l’une de mes responsabilités de répondre à une telle catastrophe« , a déclaré Piano, qui a été nommé membre du Sénat de la République au Parlement italien en 2013.

« Morandi était un grand ingénieur à coup sûr et il a fait quelque chose d’audacieux, d’intelligent et de courageux mais, bien sûr, très fragile« , a déclaré Piano.

« Fragile dans le sens d’une beauté fragile – ce n’est pas une critique. Le pont a exigé une très grande attention au cours de sa vie. »

 

Renzo Piano, l’architecte italien contemporain !

Renzo Piano marque l’actualité française avec l’ouverture au public du Tribunal de Grande Instance de Paris, pour lequel il remporta l’année dernière, l’Equerre d’Argent 2017.  L’occasion de revenir sur le parcours de cet architecte italien, né à Gènes en septembre 1937. C’est également un homme politique, puisqu’il siège au Sénat italien. Enfant, il grandit dans une famille de constructeurs, et c’est tout naturellement qu’il se dirige vers des études d’architecture à l’Ecole Polytechnique de Milan, dont il sortira diplômé en 1964.

 

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Portrait, extrait du documentaire « Conversations with Renzo Piano » – folchstudio

 

Il voyage beaucoup dans le monde anglophone, aux Etats-Unis et en Grande Bretagne. Au prémisse de sa carrière, il crée successivement deux agences : Piano & Rogers, puis l’atelier Piano Rice. C’est avec la première qu’il remporte le concours du Centre Pompidou à Paris. Ce musée national, commandé par le Président de la République de l’époque, Georges Pompidou, fera entrer l’architecte dans une nouvelle dynamique de projets à grande échelle.

 

Aujourd’hui, son agence Renzo Piano Building Workshop est présente à l’international. Les 130 employés sont répartis sur les trois pôles de l’agence : à Paris, Gènes et New York. Un positionnement mondial qui lui permet d’être à l’origine de 120 projets à travers le monde, aussi bien en Europe, en Amérique ou en Asie de l’Est. Pritzker Price 1998, Renzo Piano a longtemps été inspiré par le travail de Jean Prouvé. Son amour pour les matériaux bruts, ainsi que la transparence et la vérité avec lesquels il les utilise, peuvent expliquer le caractère surprenant du Centre Pompidou, qui ne cachent en rien ses éléments techniques.  Dans ses projets, il aime mettre en valeur la réalité constructive qu’il laisse visible, et ne pas cacher ce qu’il est, finalement, la « face obscure » de beaucoup de projets.

 

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Centre Culture Tjibaou
Nouméa, Nouvelle Calédonie
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Centre Pompidou, Paris

 

Il fait cependant toujours attention à intégrer les bâtiments dans le contexte du projet, comme le montre le Centre Culturel de Tjibaou. Il s’inspire de l’architecture vernaculaire et des cases locales pour concevoir ce projet. A cheval entre vérité architecturale et prise en compte du contexte, les réalisations de Renzo Piano ne se ressemblent pas ! Il travaille les moindres détails de chaque échelle du projet et de chaque étape de construction de celui ci. Il est capable de travailler sur des volumes complètement différentes, comme le montrent ses récentes réalisations : le petit Pavillon au Château La Coste dans le Vaucluse et l’immense Tribunal de Grande Instance de Paris. Près de 120 000 m² séparent ces deux projets, et pourtant, chacun des deux semblent être aboutis de la même manière.

 

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Pavillon au Château La Coste
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Tribunal de Grande Instance de Paris

 

 

Beaubourg revient sur ses beaux jours

Célébrant ses 40 ans, le Centre Pompidou à Beaubourg expose dans une petite salle un grand bâtiment : lui-même. Ou plus précisément ses propres archives, qui retracent l’aventure du projet depuis le concours en 1971 jusqu’à son inauguration en 1977, explique Olivier Cinqualbre, conservateur au Musée national d’art moderne/Centre de création industrielle. Visible jusqu’au 18 février 2018, l’exposition se divise en quatre parties rendant compte des temporalités du projet : le concours, les études, le chantier et l’inauguration.

Construction du Centre Pompidou © Centre Pompidou, Jean-Claude Planchet, Georges Meguerditchian, Eustache Kossakowski

Sont présentés documents et maquettes originales, photos du chantier et coupures de presse exhumés des archives. Une mise en abime qui restitue le climat de l’époque à partir de documents qui rendent compte de l’attrait qu’a suscité ce projet présidentiel lancé par Georges Pompidou et des polémiques qui lui sont attachées. La première porte sur  la nomination d’un ingénieur, Jean Prouvé, comme président d’un jury d’architecture. La seconde concerne la désignation de jeunes architectes sans expérience, de surcroits étrangers, suscitant ce commentaire peu charitable de leurs pairs dans l’hexagone : « si ce bâtiment est une catastrophe, au moins il ne sera pas français », rapporte le commissaire. Difficile aussi de célébrer un bâtiment métallique du XXème siècle au cœur du Paris historique, alors mêmes que les Halles Baltard, chef d’œuvre XIXème de l’architecture du fer, sont détruites à quelques centaines de mètres de là. Sans compter les avis divergeant, quant à la transformation du quartier. Un « effet Beaubourg » qui fit débat autant qu’école, regardé au travers d’une petite exposition riche de sens, qui est aussi le moyen de réunir à nouveau Richard Rogers et Renzo Piano, et de les questionner, encore une fois._Amélie Luquain

Construction du Centre Pompidou © Centre Pompidou, Jean-Claude Planchet, Georges Meguerditchian, Eustache Kossakowski
© Hervé Veronese Centre Pompidou
© Hervé Veronese Centre Pompidou
© Hervé Veronese Centre Pompidou

 

Lire aussi : Le Centre Pompidou fête ses 40 ans et (Re)découverte du Centre Pompidou

Retrouvez également Richard Rogers et Renzo Piano lors de l’inauguration, en vidéo, sur nos réseaux sociaux

Centre de musique à Londres : la shortlist pour sa conception dévoilée

Centre de musique à Londres : la shortlist pour sa conception dévoilée

La liste des architectes présélectionnés pour la conception du centre de musique à Londres est révélée.

En mai, le Barbican, l’Orchestre symphonique de Londres et la Guildhall School of Music & Drama, qui sont en tête du développement d’une analyse commerciale détaillée pour le nouveau Centre soutenu par un financement de 2,5 millions de livres de la City of London Corporation, ont lancé un concours ouvert destiné aux architectes d’envergure internationale.

Les architectes retenus sont :

  • AL_A (UK) and Diamond Schmitt Architects (Canada)
  • Diller Scofidio + Renfro (USA) and Sheppard Robson (UK)
  • Foster + Partners (UK)
  • Gehry Partners, LLP (USA) and Arup Associates (UK)
  • Renzo Piano Building Workshop (France)
  • Snøhetta (Norway)

Le centre de musique devrait contenir une salle de concert, des espaces de formations, numériques, commerciaux. Ce serait un lieu d’accueil, de participation, de découverte et d’apprentissage adapté à l’ère numérique. Encore la commande d’un signal, la ville souhaitant faire valoir sa notoriété en la matière par une signature architecturale.

Critiques et histoires d’eau : la revue de presse du 5 juillet 2017

Critiques et histoires d’eau : la revue de presse du 5 juillet 2017

Adélaïde la laide – Pavillonneurs contre websurfer – les fuites dans l’oculus – l’Angleterre réhabilite le PoMo d’Outram – Renzo Piano malmené à Cagliari – Apple, un campus circulaire et nombriliste : la revue de presse du 5 juillet 2017

 

La laideur d’Adélaïde

Beaucoup de prétendants au titre de bâtiment le plus laid d’Adélaïde, capitale de l’Australie-Méridionale. La compétition lancée par un journal local a permis de repérer les belles têtes de vainqueurs : de nombreux hôpitaux, un nouveau tribunal «et même le palais des festivals d’Adélaïde, qui a figuré dans la liste du bâtiment le plus laid du monde dressé par le journal britannique The Telegraphe au début du mois». Mario Dreosti, représentant de l’institut des architectes australiens, s’est fait l’avocat de ces bâtiments décriés : « j’ai toujours pensé qu’un immeuble vaut bien plus que sa façade. Un bâtiment dont vous pourrez ne pas apprécier l’esthétique peut fonctionner très bien, et peut offrir aux gens un excellent logement ou un environnement de travail fabuleux – nous devrions nous en souvenir lorsque nous évaluons et commentons l’architecture». S’il est entendu, le conseil sauvera peut-être les logements étudiants du 231 Waymouth Street – un clone ultra perforé de la Zollverein School de Sanaa – de la vindicte publique.

Via Adelaide Now   

 

Les pavillonneurs américains aiment la liberté d’expression

Zillow, promoteur immobilier américain spécialisé dans la maison Merlin locale, un type de pavillon gonflé aux hormones désormais connu sous le sobriquet de McMansion, n’en pouvait plus d’être moqué sur internet par Kate Wagner, étudiante en acoustique et animatrice du site McMansion Hell. Sur ses pages, Wagner surcharge les photos de ces villas de commentaires ironiques et critiques, en utilisant à l’occasion des images représentant les productions de Zillow, qui a engagé une action légale pour faire fermer le site. Devant le tollé des internautes, mobilisé via twitter, et l’engagement de l’Electronic Frontier Foundation, une ONG qui milite pour la liberté numérique et la liberté d’expression, le promoteur a dû faire machine arrière. « Nous avons décidé d’abandonner toute action juridique à l’encontre de Kate Wagner et de son site. (…) Nous n’avons jamais eu l’intention de fermer McMansion Hell, ou pour cela sembler attaquer la liberté d’expression de Kate Wagner. Notre démarche procédait d’un excès de précaution envers nos partenaires — les agents et vendeurs qui nous ont confié les photos des maisons de leurs clients ». Wagner a gagné, mais devra retirer les images venant de chez Zillow, ce qui risque d’amoindrir le potentiel comique du site. Et en France, pas de site www.enferfrancobelge.com ou cauchemardephoenix.net ?

via Archpaper 

Zillow dépose sa croisade juridique contre McMansion Hell. (McMansion Hell / Image via domain.com.au)

 

Et pourtant, elle fuit

Les détracteurs de la Canopée des Halles, et notamment tous ceux qui blâment les fuites de cette couverture pourraient-ils se consoler des déboires de l’«Oculus », pôle multimodal de 4 milliards de dollars conçu par Calatrava ? « Il y a plus de fuites qu’entre les russes et l’administration Trump », ironise Archpaper, qui accuse l’autorité portuaire, gestionnaire du bâtiment, de déni total de réalité devant ces malfaçons. « Il n’y a pas eu de fuite cette semaine dans l’Oculus », a affirmé le porte-parole du maître d’ouvrage. Et pourtant « nous l’absorbons et la drainons. C’est beaucoup de travail. Non-stop, a déclaré au New York Post un des « serpilleurs » du bâtiment. Les gens ont des accidents. Comme lors du dernier jour de pluie, une personne a failli se casser le cou », relate un employé à la maintenance. La victime en question, une femme, descendait des marches quand elle a glissé sur une flaque d’eau. « Les gens glissent et se font vraiment du mal, parce que vous voyez, ce sont des sols en marbre ». Petit conseil à Calatrava, dont les bâtiments sont souvent sujets aux fuites : la prochaine fois, prévoir des sols en éponge.

Via Archpaper 

L’Autorité portuaire est dans le déni de son Oculus qui fuit. (Courtesy Harvey Barrison/Flickr)

 

Eau de PoMo

C’est un temple étrange et bariolé, un mixte de style Aztèque et Greco-Romain, avec au centre de son fronton une turbine de réacteur. Construite entre 1986 et 1988, cette station de pompage extravagante a été dessinée par John Outram, un architecte postmoderniste un peu oublié de ce côté-ci du Channel. Elle fait partie d’une commande pour trois stations de pompage passée à la barbe de Margaret Tatcher, qui ne voulait pas que de l’argent public soit dépensé dans ce type de projet. Rogers et Grimshaw réalisèrent les deux autres stations de pompage. Ils ont connu une notoriété mondiale, mais Outram tient sa revanche, puisque son « Temple des tempêtes » vient d’être élevé au grade II — qui distingue les édifices particulièrement importants ou d’un intérêt spécial — par le service des monuments historiques anglais. C’est le symbole « d’une nouvelle vague d’inventaire qui couronne une ère d’esprit et de fun en architecture », explique le critique d’architecture du Guardian Oliver Wainwright, qui voit dans l’équipement un des nombreux bâtiments d’Outram méritant l’inscription. Pour redonner du souffle à son roman national, l’Angleterre du Brexit sera-t-elle conduite à se pâmer devant le PoMo ?

Via The Guardian

Nous avons eu beaucoup de plaisir et de jeux … La station de pompage John Outram de classe II * sur l’île de Dogs de Londres. Photographe : James Davies/Historic England Archi

 

Renzo et Liberto, architectes dans l’eau

À Milan, les idées de Renzo Piano guideront la restructuration du Politecnico, l’université dont il est sorti diplômé en 1964 avec un travail portant sur la «Modulation et la coordination modulaire». Le projet, à 65 millions d’euros, sera exécuté par l’agence ODB architects. Salué à Milan, Renzo Piano est outragé à la faculté d’architecture de Cagliari, en Sardaigne. Une étudiante l’a jeté dans la fontaine pour faire enrager une de ses camarades de promo, et s’est ensuite glorifiée du fait sur un intranet de l’établissement. « Le recteur de l’université Maria del Zompo s’est tout de suite inquiété de l’état de Renzo Piano – le chat mascotte de la faculté d’architecture ». Ce Piano n’était qu’un félin, mais l’histoire a pris le caractère de drame national, et l’étudiante en question s’est confondue en excuse sur le net, affirmant regretter infiniment cette situation. Comme si cela ne suffisait pas à jeter l’opprobre sur les architectes, on apprend que dans la prochaine saison de «Une Vie», télénovela espagnole que s’apprête à diffuser la cinquième chaîne italienne, le couple vedette Rosina et Liberto se baigneront nu dans un lac. Scandale, car Liberto est un étudiant en architecture, et il a menti à sa mère sur ses études, loin d’être aussi avancées qu’il veut bien le prétendre. Les architectes et les histoires d’eau : un nouveau chapitre qui pourrait enrichir l’exposition que la Cité de l’architecture consacre à cette figure professionnelle.

Via  il Giorno, YouTG et Blasting News 

 

Pomme empoisonnée

Le nouveau siège d’Apple est l’objet de toutes les admirations, surprenant jusque dans ses moindres détails : « (le bâtiment) possède les meilleures poignées de porte. Elles sont faites de rails d’aluminium façonnés par fraisage à haute précision, fixés aux portes de verre sans boulons visibles », rappelle Dan Winters dans les colonnes de Wired. Verre courbe bombé pour conduire la pluie, arbres résistant aux sécheresses, etc. Le bâtiment de 5 milliards de dollars rassemble le meilleur, tout simplement. Sauf qu’un bâtiment vit aussi avec son extérieur, rappelle Winters. Dès lors que l’on adopte un point de vue contextuel, le bâtiment est rétrograde, autocentré, méprise la ville qui l’entoure et le monde en général. L’impact sur l’environnement est calamiteux, affirme Winters, qui pointe du doigt les déplacements induits par la localisation du bâtiment, la faiblesse des contributions de l’entreprise aux finances locales, le choix de non-mixité fonctionnel de la firme à la pomme comme son inaction en matière de construction de logements, un secteur frappé par une flambée des prix doublée d’une pénurie depuis sa mise sous pression par les entreprises de Silicon Valley. Un problème tel que Google prévoit de construire 10 000 logements avec son nouveau siège. Pas Apple, qui favorise par son attitude le règne du tout voiture. « La compagnie aurait pu doubler les fréquences des trains. Elle aurait pu construire un pôle de transport à Cupertino, qui, contrairement à Mountain View (Google) et Palo Alto, en est dépourvu. Ce n’était pas une question d’argent », explique le rédacteur en chef d’un journal local, rappelant que la firme de Steve Jobs dispose d’un trésor de 250 milliards de dollars en cash. « Qu’aurait pu construire Apple ? Quelque chose de plus haut, entouré de bâtiment mixte ? Cupertino ne l’aurait jamais permis. Mais en laissant de côté le problème de forme, le meilleur, le plus brillant des designers (Johnatan Ive) et des architectes (Norman Foster) du monde auraient pu essayer quelque chose de nouveau. Au lieu de produire à un bâtiment ressemblant à un nombril, pour après passer son temps à le contempler ». Dis-moi où tu habites….

Via Wired 

Photos DAN WINTERS via Wired

 

Olivier Namias

Des caves en Toscane : Marco Casamonti, Renzo Piano, Mario Botta

Contenu sponsorisé

A l’approche des vacances, un roadtrip architecture et hédonisme en Toscane à la découverte des nombreuses caves à vin qui jalonnent la région. Ici comme à Bordeaux, les grands vignobles font appel à des architectes de renom pour construire leurs chais.

Caves d’Antinori, Marco Casamonti pour Archea Associati © Antinori
Caves d’Antinori, Marco Casamonti pour Archea Associati © Antinori
Caves d’Antinori, Marco Casamonti pour Archea Associati © Archea

Direction Florence où nous attend la toute dernière Audi A5 cabriolet. Subreptice mais élégante, elle est équipée des dernières technologies en matière de sécurité et de connectivité pour rendre le trajet agréable. Outil de plaisir idéal pour découvrir cette région qui pénètre les sens, elle nous amène tout d’abord au cœur du Chianti à la découverte des monumentales caves d’Antinori conçues par Marco Casamonti pour Archea Associati. Au premier regard, aucun signe extérieur de la cave. C’était l’une des prérogatives imposées à l’architecte. La création de l’Homme se fond dans la nature pour devenir un écrin mystérieux en parfaite emphase avec le calme et la patience nécessaire à la conception d’un grand cru. La cave ne s’intègre pas au paysage, elle est le paysage. Pour autant le résultat n’a rien d’un bunker. Divers puits offrent un chemin à la lumière et l’immense baie vitrée qui parcourt l’ensemble du bâtiment en acier corten offre une vue à couper le souffle. L’intérieur lui, ressemble à un décor de film James Bond. Porté par un infini jeu de spirales et de volumes répartis sur 50 000 mètres carrés.

Caves de Rocca di Frassinello, Renzo Piano © Laurent André
Caves de Rocca di Frassinello, Renzo Piano © Laurent André

Cent trente kilomètres plus au sud, c’est une toute autre architecture qui nous attend : les caves de Rocca di Frassinello, font écho au passé médiéval de ces terres. Propriétaire et fondateur du domaine, le magnat de la presse italien Paolo Panerai a fait appel à son ami de longue date Renzo Piano pour concevoir l’édifice. L’architecte ayant baigné dans le milieu viticole durant son enfance comprend l’essence du métier de vigneron et réalise une structure fonctionnelle. Ainsi l’immense terrasse qui offre une vue sur le domaine n’a rien du délire mégalomaniaque d’un seigneur en manque de serf : la récolte effectuée, les camions déposent les raisins sur l’esplanade. Les meilleurs grains rejoignent alors directement les cuves situées à l’étage inférieur et reliées à la terrasse par des trappes dissimulées dans les briques rouges. Un cheminement vertical idéal pour le travail du fruit qui évite également l’utilisation de pompes gourmandes en énergie. Au cœur du complexe se trouve la plus importante des salles : la cave de vieillissement. Enfoui sous terre, ce théâtre de 40 m de côté est l’âme du domaine : 2500 barriques qui renferment un or rouge en pleine maturation. La conception de la pièce garantit une température et une humidité optimales sans recours à un procédé artificiel. Au centre de la pièce qui sert parfois de salle de concert, un puits de lumière relié à la terrasse. Les rayons de soleil y pénètrent grâce à un habile jeu de miroirs orientables situés au sommet de la tour. Cette dernière est probablement l’une des seules coquetteries de Renzo Piano. Parce que la fabrication n’est pas qu’une histoire de technique mais aussi d’émotion, il souhaitait pouvoir offrir un point de vue privilégié sur le vignoble. Un espace isolé, où la contemplation de la nature mène à la méditation. David LaChapelle qui a séjourné sur le domaine y trouvera l’inspiration et offrira en souvenir une émouvante réinterprétation du Jardin d’Eden, visible dans le hall principal.

Un attachement du vignoble à l’art que l’on retrouve dans l’exposition conçue par l’architecte Italo Rota et dédiée aux Etruscans, peuple ayant occupé les lieux sept siècles avant Jésus Christ, et déjà, producteurs de vin. Les vestiges de leur vie sur ces terres sont visibles à l’extrémité du domaine.

Cantina Petra, Mario Botta © Audi France
Cantina Petra, Mario Botta © Audi France
Cantina Petra, Mario Botta © Audi France

Troisième et dernière étape de ce voyage viticole, la très moderne cantina Petra dans le Maremme. Conçue par Mario Botta elle a été creusée dans la roche et n’occupe de fait qu’une seule face, tournée vers la mer Tyrrhénienne. Jouant sur les volumes et les niveaux afin d’offrir un parcours de fabrication évident et écologique, elle reprend une architecture circulaire, habillée à l’intérieur du bleu emblématique de l’architecte. Le clou du spectacle est la cave de vieillissement, humidifiée naturellement grâce aux écoulements qui se fraient un chemin dans la roche.

Oeuvres monumentales de Mauro Staccioli © Audi France

Avant de rejoindre la sublime ville de San Gimignano pour une visite de la Galleria Continua (implantée dans un ancien cinéma reconverti en galerie d’art contemporain), faites un petit détour par Volterra pour découvrir les vingt œuvres monumentales de Mauro Staccioli. Pour profiter pleinement de l’expérience, le cabriolet est indispensable. D’autant que les routes – superbes – se prêtent au plaisir de conduite, à condition d’avoir la monture idéale…

 

Laurent André

Pavillon de la photographie au Château La Coste, signé Renzo Piano

Au cœur des vignes de son domaine, Château La Coste inaugure son nouvel espace d’exposition, le pavillon de la photographie construit par l’agence Renzo Piano Building Workshop. 

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Situé en Provence, entre Aix-en-Provence et le Parc National du Lubéron, le Domaine de Château La Coste propose une expérience unique au cœur d’un vignoble de 200 hectares. Réputé pour son excellence viticole, le Domaine permet également de découvrir 30 œuvres contemporaines majeures, installées en plein air. Une vocation culturelle complétée récemment par le Pavillon de la Photographie, construit par l’agence Renzo Piano Building Workshop. Le pavillon met à profit la topographie naturelle du terrain, en incluant pleinement la construction dans le vignoble, par une topologie semi-enterrée. Un creux profond de 6 m a été sculpté dans la terre, dégageant une surface de 285 m2. Le béton est laissé brut, aussi bien pour les murs de soutènement que pour ceux des expositions, conversant avec les façades et toit de verre. Toit qui est par ailleurs recouvert d’un voile s’arrimant à de fines arches métalliques, qui reprennent le rythme graphique tracé par les plans de vigne. A l’intérieur, se dévoile la double vocation du pavillon : présenter l’art et conserver le vin. Une galerie de 160 m2 permet des expositions de sculpture et de photographie sous un éclairage naturel. Les 125 m2 restant sont destinés à la conservation du vin. Les caves bordent de part et d’autre l’espace d’exposition, deux alcôves à l’entrée de la galerie permettent d’en mesurer l’importance.

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Crédit photos © : BestArchiDesign dossierphoto.fr via Paper Blog

Le pavillon est inauguré avec l’exposition The Sea and the Mirror de l’artiste Hiroshi Sugimoto du 8 mai 3 septembre 2017

 

L’architecture de la peur : la revue de presse du 07/03/2017

L’architecture de la peur : la revue de presse du 07/03/2017

L’architecture de la peur : terrorisme, catastrophe, sécurité, maintient de l’ordre, justice et droits voisins… La revue de presse du 7 mars 2017

 

L’humanitaire en dur

«Quand on pense Croix-Rouge, on pense tentes, abris, camps. Mais l’architecture dans l’action humanitaire, ce n’est pas seulement une architecture de l’urgence » explique Samuel Bonnet, chef de la construction au sein de l’Unité eau et habitat du CICR, déplorant que seules les structures éphémères fassent l’objet d’une forte médiatisation. Ce qui prive les institutions internationales des architectes et ingénieurs dont elles auraient bien besoin pour concevoir des bâtiments plus pérennes que les tentes. Le budget – 225 millions de francs (suisses) à l’année – est là, pour des constructions «en dur», qui constituent «la plus grosse part des mandats du (CICR) dans le domaine de l’architecture et de l’ingénierie du bâtiment, notamment parce que la nature des conflits se transforme. Samuel Bonnet analyse: «Dans le contexte de la décolonisation, les organismes tels que le nôtre exerçaient principalement dans le cadre de programmes d’urgence. Aujourd’hui, les guerres durent plus longtemps, de manière souvent fractionnée. Elles se sont complexifiées. Les besoins se sont modifiés et nos projets peuvent parfois s’étaler sur plusieurs années.» On peut citer les conflits qui ont cours en Syrie, au Soudan du Sud, au Yémen ou encore en Afghanistan. «Et puis, les guerres ont aussi quitté le champ de bataille, elles se sont urbanisées»». La «guerre urbaine durable», le côté obscur du DD ?

Via Le Temps

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Centre de réadaptation physique, Myitkyina, Myanmar, 2016 via le temps

 

Nouvelles du front, nouvelles du stress ?

Le magazine Forbes ose un parallèle hardi entre l’art de bâtir et le premier amendement de la constitution des États-Unis « l’architecture est une liberté d’expression — un commentaire sur les skylines ouverts, les environnements, les gens, les communautés et la société elle même. Mais jusqu’où peut aller la société quand cette liberté est menacée par des forces artificielles (dans le sens de non naturelles, NDLR) comme le terrorisme ? ». Trouvant préférable d’être en sécurité plutôt que désolée — mieux terrés qu’atterrés en somme —, Forbes voit dans l’architecture notre nouvelle arme antiterroriste, et dans les architectes nos nouveaux soldats. « Le domaine public est devenu la vraie ligne de front : les rues, les parcs, les promenades, les écoles, les tribunaux, les lieux de cultes, les commerces et les assemblées. Alors les architectes sont sur la ligne de front. La sécurité est une question primordiale que les architectes se doivent de considérer », explique Thomas Vonier, architecte basé à Paris et Washington. « Nous devons puiser dans notre créativité et notre intellect, pour trouver de nouvelles solutions de sécurité qui n’obstruent pas l’espace, voire même qui augmente la beauté et la fonctionnalité ». On guettera les premiers exemplaires du barbelien, nouvel ordre en fil barbelé remplaçant le dorique et le corinthien, lors du prochain Milipol, salon de l’armement qui ouvrira ses portes en novembre prochain, peu après Batimat dans les halls de Villepinte.

Via Forbes 

 

En Marche

Tous les architectes n’adhèrent pas à la feuille de route de M. Thomas Vonier, et refusent de mettre l’architecture au service de la sécurité intérieure. « Nous ne dessinerons pas votre mur », a proclamé l’Architecture Lobby, « une organisation qui plaide pour les travailleurs de l’architecte et la valeur de l’architecture auprès du grand public », qui s’élève contre l’appel d’offres lancé par le DSH (Département de la sûreté nationale) et sa RFP (Request for Proposals ou Appel à candidatures) pour la construction du SBW (Southwestern Border Wall — mur de la frontière sud-ouest) voulu par Donald Trump, et dont le coût estimé représente 101 à 270 fois le budget annuel pour la culture. L’organisation refuse que l’on mette l’architecture au service » de la xénophobie, la discrimination ou le racisme », mais il y a bien sûr des brebis galeuses, et déjà 300 agences se seraient montrées intéressées par le RFP, de même que de grandes entreprises comme LafargeHolcim. La publication de la liste des candidats à l’appel d’offres par l’Architecture Lobby a fait reculer certaines agences. Pour continuer la lutte, le Lobby invite les architectes à quitter leurs bureaux le 10 mars prochain, et de faire une sortie de 45 minutes en guise de démonstration de force.

Via Archpaper 

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The Architecture Lobby calls to resist Trump’s border wall project. As architecture and construction firms gear up to bid on Trump’s border wall, the Architecture Lobby resists the call. The Wall at the border of Tijuana, Mexico and San Diego. The crosses represent migrants who died in the crossing attempt. Some identified, some not. Surveillance tower in the background. (Courtesy Tomascastelazo via Wikipedia) via Archpaper

 

TGI « Travaux grandement interdits » au public

C’est l’omertà au futur TGI, où les visites sont « impossibles tant que le chantier n’est pas terminé », indique l’EPPJP (établissement public du palais de justice de Paris). Après un père divorcé resté quatorze heures accroché à une grue après avoir déployé l’inscription : « Égalité parentale », et trois adeptes du base jump qui s’étaient elancés du toit du tribunal, un journaliste du parisien a réussi à forcer les barrières du chantier. Au quatrième étage, vue imprenable sur le grand hall. Le plafond de lumière promet d’être magnifique. Les salles d’audience sont en cours d’aménagement. Dans le long couloir donnant sur la baie vitrée, elles se succèdent. « Pour aller plus haut, vous devez prendre l’ascenseur », me conseille un homme portant des plaques de bois. À l’ascenseur, il faut trouver le bon bouton. (…)« On peut attendre très longtemps. C’est le problème quand on a du matériel à monter », m’indique avec complicité un électricien. Au passage il me signale que je n’ai pas le gilet jaune fluo. « Un ouvrier s’est pris 1 500 € d’amende dernièrement. Il n’avait pas non plus ses lunettes ni des protège-oreilles ». Se serait-il trouvé dans une phase-test de verbalisation conduite en prévision de l’arrivée des magistrats ?

Via Le Parisien 

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« Nous avons pu visiter le chantier sécurisé du futur palais de justice de paris, porte de Clichy (XVIIe) » via Le Parisien

 

Hostile Adélaïde

Partons à la découverte des espaces publics du CBD (Central Business District) d’Adélaïde, Australie : « pattes métalliques sur les bancs publics, pièce d’acier inox condamnant les recoins, bancs trop fins ou trop courts pour que l’on dorme dessus, quelques armes tirées de l’arsenal anti-SDF », détaille Julian Worrall, professeur d’architecture et d’urbanisme à l’université locale, dénonçant « des mesures contraires à la mission de l’espace public, qui est d’être ouvert à tous ». Plus que des dispositifs « hostiles » vilipendés par Worrall, Ben Willsmore, président de l’ordre des paysagistes du sud de l’Australie, y voit dispositifs « défensifs » prévenant les blessures du public. Quant au maire, il se défend de vouloir chasser les SDF : il vise en fait les skaters, qu’il invite à kickflipper et popshove-iter du côté du Skatepark qu’il a construit à leur attention plus loin dans la ville. De son côté, le président d’une association caritative dénonce l’inutilité de cet attirail, la priorité des SDF, – qui dorment par terre et pas sur le mobilier urbain -, étant de trouver un endroit où ils se sentent en sécurité. La population des sleeping rough (dormeurs à la dure) d’Adélaïde s’accroît, constate-t-il, « en particulier, il y a beaucoup de jeunes gens qui ne se voient pas comme des SDF, mais dorment à la dure ».

Via Indaily 

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Metal lumps in front of a building on Currie Street prevent damage to the marble – but also prevent homeless people from sleeping there, via In daily

 

Caracas, architecture de la violence.

« C’est vraiment irresponsable de votre part de conduire à cette heure de la nuit, m’dame (…) vous ne devriez pas vous promener dans une si petite voiture ». Ces réprimandes en forme de conseil ont été adressées à une habitante de Caracas par les personnes qui lui extorquaient son véhicule. La ville se classe désormais parmi les plus dangereuses du monde, et s’y déplacer après le coucher du soleil relève de la bravoure suprême, relève The Guardian. L’insécurité « affecte les différentes classes de différentes manières, mais elle touche tout le monde, explique le représentant d’une institution internationale. Si vous vivez dans un quartier pauvre, même si vous réussissez à rentrer à la maison avant la nuit, vous devez vous lever très tôt le matin, et beaucoup d’agressions et de vols ont lieu à l’aube. Dans les gated community du nord de la ville, les résidants ont installé une machine qui lit les numéros de carte d’identité des visiteurs. S’en suivent d’interminables files de voitures attendant patiemment chaque jour d’être admises à l’intérieur du quartier ». L’architecture de la ville est changée, le style caribéen ouvert n’ayant pas survécu aux impératifs de sécurité. Quant à l’urbanisme sécuritaire « il a un impact négatif sur la dynamique sociale. Il fragmente l’espace public, brise la cohésion sociale, perpétue l’insécurité, et, enfin, diminue la qualité de la vie urbaine ». 

Via The Guardian

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Electrified fences block off homes and gardens in Caracas’s wealthier neighbourhoods. ‘They’re reminiscent of prison or a concentration camp,’ says a local architect. Photograph: Carlos Garcia Rawlins/Reuters via The Guardian

 

Fronde à Belfort

PADD de ça chez eux : des maires du Grand Belfort se mobilisent contre le transfert de leur compétence d’urbanisme à l’intercommunalité et à passer du PLU au PLUi comme la loi les y oblige… À moins qu’un quart des membres de « l’interco » représentants 20 % de la population s’y opposent. Pour Damien Meslot, le président du Grand Belfort, cette fronde n’est pas une surprise. L’élu s’est déjà résolu à ce que le transfert ne se fasse pas : « ce n’est absolument pas grave. Nous avons déjà le SCOTT (le schéma de cohérence territoriale) » qui permet, à l’échelle du département, de coordonner nos politiques en matière d’urbanisme et ça suffit. Je pense que les mentalités ne sont pas prêtes pour le moment ». Les maires ne perdront pas leur PLU, « c’est une des seules compétences qu’il nous reste, sinon on va finir par fleurir les chrysanthèmes lors des commémorations et rien d’autre » dit un frondeur. Il ne pensait pas pouvoir faire le PLUi et le beau temps ?

Via France Bleue 

  

Louée ne soit pas l’Acropole

« L’Acropole est un symbole pour toute l’humanité et ne peut pas être l’objet de transactions commerciales », a rétorqué le ministère de la Culture Grec à la marque Gucci, qui voulait louer le monument pour un défilé en échange de deux millions d’euros. « La situation difficile du pays n’est pas un prétexte pour céder le monument », aurait ajouté le ministère, apparemment vexé que Gucci ait présenté l’évènement comme une sorte de faveur à la Grèce économiquement malade. Le marchand d’articles de sport de l’Oregon qui exploite Athéna Nike depuis années doit s’attendre à ce que le ministère de la Culture ne lui lâche plus les baskets.

Via El Pais 

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Una bandera griega ondea junto al Partenón. MARKO DJURICA REUTERS via El pais

 

Des coûts et des ©ouleu®™

Après l’achat du Vantablack par l’artiste Anish Kapoor, détenteur exclusif des droits d’exploitation de cette teinte ultra noire développée pour les avions furtifs, le quotidien El Mundo s’interroge : les couleurs peuvent-elles avoir des propriétaires ? Le bleu Klein est un précédent, et certaines couleurs portent le nom de personnes, constate El Mundo : Gris Payne, rouge Upsdell, vert Napier, rose Schauss, mais il ne s’agit pour ces derniers cas que d’appellations d’usage n’ouvrant pas droit à des royalties. «Dans la législation espagnole, il n’est possible d’avoir un droit exclusif sur une couleur qu’à travers une marque. Il ne peut y avoir de propriété intellectuelle ou de droit d’auteur sur une couleur, que l’on ne peut considérer comme une oeuvre originale, face à toutes les couleurs de la nature», explique un avocat spécialisé dans le droit de la propriété intellectuelle. Et pour enregistrer une couleur comme marque, « il faut démontrer qu’on peut la représenter graphiquement (à travers un système de type Pantone), et, de plus, qu’elle jouit d’une reconnaissance suffisante », c’est-à-dire que les consommateurs sont capables de rattacher la couleur à une marque existante. « En 2004, la multinationale Kraft, propriétaire des chocolats Milka, est parvenue à enregistrer la couleur lilas de ses produits auprès de l’Office de l’Union européenne pour la propriété intellectuelle ». Les couleurs de la BP et du Barça ont obtenu le même type de protection. Pour protéger les couleurs « Le Corbusier », diffuser sur divers produits du bâtiment, faudra-t-il les associer à la célèbre paire de lunettes de leur créateur ?

Via El Mundo 

 

Olivier Namias

(Re)découverte du Centre Pompidou

(Re)découverte du Centre Pompidou

Alors que le plateau Beaubourg n’était encore que le parking des Halles Baltard, le président Georges Pompidou décide, en 1969, de l’affecter à la construction d’un centre culturel pluridisciplinaire d’un nouveau genre. Après observation et analyse des musées de par le monde, un concours international est lancé : une première en France. 681 concurrents répondent. Parmi eux, l’équipe constituée de Renzo Piano, Gianfranco Franchini et Richard Rogers convainc le jury, présidé par l’architecte-ingénieur Jean Prouvé. En juillet 1973, est dévoilée la maquette finale du projet. Jugé trop révolutionnaire et dans le même temps trop institutionnel, il est décrit comme un « monstre » et comparé à une « raffinerie de pétrole ». Pour autant, le gouvernement n’en démorde pas, et bien que la tête du centre soit mise à prix suite au décès de Georges Pompidou, la construction continue. Inauguré le 31 janvier 1977, le centre culturel est un triomphe, du moins de curiosité, avec 25 000 visiteurs contre 15 000 attendus. « Notre-Dame des tuyaux » devient très vite un phénomène de société, un hypermarché culturel qui fait le bonheur des sociologues et qui engendrera la renaissance des musées. (Re)découverte du Centre Pompidou, qui 40 ans après, n’a pas perdu de sa célébrité.

 

CREE 46, janvier-février 1977, Le centre national d’art et de culture Georges Pompidou

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Téléchargez la version PDF : le centre national d’art et de culture georges pompidou

 

Koolhaas encore, Piano… : la revue de presse du 5 juillet 2016

Koolhaas encore, Piano… : la revue de presse du 5 juillet 2016

Koolhaas en politique, Parlement à vendre, le mythe des 500 000 logements, Piano inaugure la fondation Stavros Niarchos à Athènes, Maroc : le cafouillage du MNAST à Rabat.

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Musée national d’archéologie et des sciences de la terre (MNAST) à Rabat par Archi5/OKA

 

 

Classe politique

C’est souvent du côté de la jeunesse que l’on s’attend à voir surgir la relève d’une classe politique démonétisée. Peut-être à tort : le Brexit a suscité des vocations pour les affaires publiques, comme chez cet architecte hollandais septuagénaire, commissaire de la biennale d’architecture de Venise en 2014. « Il faut s’engager. Si l’Europe ne se réveille pas, nous aurons un grand problème aux Pays-Bas. Mon pays sera le prochain à s’accommoder des discours populistes, le prochain à demander la sortie de l’Union Européenne. Et je ne veux pas rester passif. Je ne sais pas encore comment, mais j’ai décidé de passer à l’action politique pour éviter ce risque », a déclaré Rem Koolhaas au journal El Pais en marge des conférences du IV congrès international d’architecture organisé par la fondation architecture et société à Pampelune. « J’ai toujours pensé que mon architecture pouvait résoudre plus de problèmes que mon action politique. Le populisme m’a fait changer d’idée ». Rem, bientôt à la tête de la Commission Européenne ?

Via El Pais 

 

A Vendre

Les conséquences de la possible désintégration de l’UE n’ont pas tardées à se faire sentir dans le secteur immobilier, ainsi qu’en témoigne cette annonce : Suite à Brexit, bâtiment d’exception à Strasbourg. Flatteur pour Architecture Studio, concepteur de l’objet de la vente, le Parlement Européen, proposé à 47 millions d’euros. Points forts du bien, sa localisation, bien sûr :  à quelques kilomètres de l’Allemagne et idéalement placé(s) pour l’évasion fiscale du côté suisse.(…) Pour les transports un aérodrome existe/subsiste à 19 km au sud de la ville. Mais étant donné la faible fréquence des vols, aucune nuisance sonore n’est à prévoir de ce côté là.…Les acheteurs potentiels doivent prévoir deux jours de visite, avertissait le vendeur, un agent immobilier facétieux et anonyme se présentant sous le nom de Strasbourgeois, auteur de ce canular posté sur le site Le Bon Coin. Dans la vraie vie, le siège strasbourgeois du Parlement européen est souvent montré du doigt pour sa sous-occupation. A défaut d’une vente, pourquoi pas une location sur Air B’n B ou OfficeGOOD, son équivalent dans le monde du bureau?

via France bleue 

 

Le mythe des 500 000

Pourquoi ne pas prendre le canular au sérieux, et construire dans ce parlement notoirement sous-utilisé une partie des logements dont la France a si cruellement besoin ? On le sait : dans l’hexagone, un million de logements manquent à l’appel, ce qui impliquerait d’en construire 500 000 par an. Le chiffre indique un but qui reste à atteindre année après année, et dans cet attente, ne fait que mettre le doigt sur un retard français de plus. Le constat de la carence est partagé par le gouvernement, les professionnels et les associations : une unanimité rare dans le secteur du bâtiment. Ce chorus devrait peut-être arrêter de chanter à tue-tête « le million, le million », explique la journaliste Catherine Sabbah, qui déconstruit dans Les Echos ce mythe numérique. Elle s’interroge sur le sens de ce chiffre martelé par tous les gouvernements depuis son apparition en 2006 dans un rapport de la fondation Abbé Pierre, lui-même basé sur des statistiques de l’INSEE dénombrant 700 000 personnes « aux portes du logement ». Sur la longue période, le stock de logement a crû plus vite que le nombre de famille, constate la journaliste, qui rappelle que le pays n’a jamais réussi à construire ces quantités de logement qu’au cours de la période la plus productiviste de son histoire, les trente glorieuses, laissant derrière elle un encombrant héritage. « Entre 2005 et 2015, le nombre de logements vides a augmenté de 900 000. Tiens donc, on n’est pas loin du million… Ils sont répartis dans le parc social, dans des villes en déclin ou personne ne veut plus habiter, dans le parc privé, dans des lieux plus attractifs, où contre toute rationalité économique, des propriétaires préfèrent conserver leurs logements vides plutôt que de voir un locataire s’incruster. Ils sortent aussi du marché pour se transformer en résidences de tourisme », détaille Sabbah. Peut-être le début de la fin pour les politiques d’aménagements construites sur des logiques de grands nombres, au mépris des réalités territoriales et sociales ? On peut rêver…

Via Les Echos 

 

Un temple à l’austérité

Ubuesques festivités à Athènes, où l’on vient d’inaugurer en fanfare le Centre culturel de la Fondation Stavros Niarchos. Occupant un site de 20 hectares utilisé comme parking lors des derniers jeux olympiques, le bâtiment porte la prestigieuse signature de Renzo Piano. Il a été ouvert ce weekend à grands renforts de concerts et feu d’artifice, relate Oliver Wainwright sur place pour The Guardian. Sauf qu’il n’est pas ouvert, et qu’aucune date d’ouverture n’est annoncée, poursuit le critique d’architecture, les étagères de la bibliothèque, calibrés pour deux millions de livres, restent vides, les portes du parc restent fermées… La fondation de l’armateur Stavros Niarchos a fait le cadeau – empoisonné – du bâtiment à l’Etat grec, contraint à des politiques d’austérité qui lui interdise de faire tourner cette machine culturelle réclamant au bas mot 900 employés pour fonctionner correctement. Echoué au milieu de son grand parc, le projet à 566 millions d’euros ressemble pour l’instant à la ville porte-avion du photomontage réalisé en 1966 par Hans Hollein, vaisseau fantôme sillonnant la campagne autrichienne…Mais doté du label LEED Platinum ! « Construire un bon bâtiment est un acte civique majeur », a expliqué Piano lors des cérémonies d’ouverture. « Dans des moments difficiles comme celui-ci, on a besoin d’espoir ». L’espoir que ça ouvre, au moins : la fondation se rajoute à la longue liste des équipements livrés mais jamais utilisés, fruits dispendieux et manifestement inutiles construits lors de la bulle immobilière dégonflée par la crise de 2008.

via The Guardian 

 

Musée où t’es?

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Musée national d’archéologie et des sciences de la terre (MNAST) à Rabat par Archi5/OKA
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Musée national d’archéologie et des sciences de la terre (MNAST) à Rabat par Archi5/OKA

Ca cafouille pas mal à Rabat, nous apprend l’édition marocaine du Huffington Post, autour du projet du futur Musée national d’archéologie et des sciences de la terre (MNAST). Sa construction devait être confiée à une équipe franco-marocaine associant Archi5 et Omar Kobbité architecte (OKA), déclarée lauréate du concours international le 26 aout 2010, remportant une consultation à laquelle participait les équipes de Nouvel, Hadid ou encore Gregotti. Mais depuis six ans, plus rien. Le projet a été déplacé, passant de l’ancienne résidence de Lyautey à la vallée de Bouregreg. Pire encore, le MNAST a fait depuis l’objet de nouveaux concours. La candidature des lauréats de 2010 à l’une de ces consultations a été rejetée pour vice de forme.

Différents courriers aux ministres et ambassadeurs n’ont pas débloqué la situation. L’Ordre des architectes de la région Rabat-Salé a aussi essayé d’en savoir plus sur les raisons du déménagement, qui seraient « politiques », sans que l’on en sache plus. Il n’est pas normal qu’on ait recours à des architectes qui mobilisent des moyens très importants pour leur dire que c’est annulé par la suite, s’insurge Mnebhi Loudiyi, président de l’Ordre régional, évoquant plusieurs faillites consécutives à ces annulations. Sauf que dans le cas du MNAST, le projet n’a jamais été annulé, ce qui interdit aux lauréats de percevoir une indemnité ou un quelconque dédommagement. Pour Loudiyi, ces cafouillages en série ne sont pas un cas isolé. Ils viennent des lacunes du décret réglant la passation des marchés publics marocains. En attendant qu’elles soient comblées, il demande à tous les architectes de cesser de participer aux concours ! Trop tard pour le énième concours du MNAST, lancé en mars 2016, mais un conseil à suivre pour tous ceux tentés par les concours de maîtrise d’ouvrage publique dans le royaume chérifien.

via HuffPost Maroc 

Olivier Namias

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