Beaubourg revient sur ses beaux jours

Célébrant ses 40 ans, le Centre Pompidou à Beaubourg expose dans une petite salle un grand bâtiment : lui-même. Ou plus précisément ses propres archives, qui retracent l’aventure du projet depuis le concours en 1971 jusqu’à son inauguration en 1977, explique Olivier Cinqualbre, conservateur au Musée national d’art moderne/Centre de création industrielle. Visible jusqu’au 18 février 2018, l’exposition se divise en quatre parties rendant compte des temporalités du projet : le concours, les études, le chantier et l’inauguration.

Construction du Centre Pompidou © Centre Pompidou, Jean-Claude Planchet, Georges Meguerditchian, Eustache Kossakowski

Sont présentés documents et maquettes originales, photos du chantier et coupures de presse exhumés des archives. Une mise en abime qui restitue le climat de l’époque à partir de documents qui rendent compte de l’attrait qu’a suscité ce projet présidentiel lancé par Georges Pompidou et des polémiques qui lui sont attachées. La première porte sur  la nomination d’un ingénieur, Jean Prouvé, comme président d’un jury d’architecture. La seconde concerne la désignation de jeunes architectes sans expérience, de surcroits étrangers, suscitant ce commentaire peu charitable de leurs pairs dans l’hexagone : « si ce bâtiment est une catastrophe, au moins il ne sera pas français », rapporte le commissaire. Difficile aussi de célébrer un bâtiment métallique du XXème siècle au cœur du Paris historique, alors mêmes que les Halles Baltard, chef d’œuvre XIXème de l’architecture du fer, sont détruites à quelques centaines de mètres de là. Sans compter les avis divergeant, quant à la transformation du quartier. Un « effet Beaubourg » qui fit débat autant qu’école, regardé au travers d’une petite exposition riche de sens, qui est aussi le moyen de réunir à nouveau Richard Rogers et Renzo Piano, et de les questionner, encore une fois._Amélie Luquain

Construction du Centre Pompidou © Centre Pompidou, Jean-Claude Planchet, Georges Meguerditchian, Eustache Kossakowski
© Hervé Veronese Centre Pompidou
© Hervé Veronese Centre Pompidou
© Hervé Veronese Centre Pompidou

 

Lire aussi : Le Centre Pompidou fête ses 40 ans et (Re)découverte du Centre Pompidou

Retrouvez également Richard Rogers et Renzo Piano lors de l’inauguration, en vidéo, sur nos réseaux sociaux

L’illustre historien et enseignant Vincent Scully s’est éteint

L’illustre historien et enseignant Vincent Scully s’est éteint

 

Vincent Joseph Scully (1920-2017)

Peu connu en France, l’historien américain Vincent Scully s’est éteint à l’âge de 97 ans. L’Université de Yale, où il enseigna 60 ans, a annoncé la mort de son plus célèbre professeur d’histoire de l’architecture. Scully eut parmi ses étudiants de futures célébrités, comme Sir Norman Foster, Robert A.M. Stern, Richard Rogers, Maya Lin (l’architecte du mémorial honorant les soldats morts au Vietnam), et même, apprend-on à l’occasion de sa disparition, l’actrice Jodie Foster. Sa thèse de doctorat portant sur les liens reliant McKim, Mead and White et Frank Lloyd Wright, faisant apparaître des continuités entre deux œuvres que l’on jugeait en rupture. Une plongée dans une architecture du 19e siècle mal aimé qui ne le conduira pas à s’opposer à la démolition de la Penn Station, des mêmes McKim, Mead and White, dans les années 60. Une erreur qu’il reconnaîtra plus tard « comme bien des modernistes de l’époque, je ne pensais pas quelle valait la peine d’être sauvée. Tout devait être nouveau ». Repenti, il aura pour la gare moderne une formule assassine : « on entrait avant dans la ville comme un dieu, on en détale maintenant comme un rat ».

Ami de Philip Johnson, Scully a aussi été un fervent soutien de Louis Kahn et de Robert Venturi, écrivant pour ce dernier la préface de « Complexité et contradiction en architecture », qu’il présentait lors de sa parution comme l’ouvrage le plus important depuis « Vers une architecture ». Leur plaidoyer pour la réintroduction de l’ornement et de l’ironie, pour la multiplicité des formes en architecture, et d’une façon plus générale, son rejet croissant de l’orthodoxie moderne, valu à Scully d’être associé au post-modernisme, a son grand dam, rappelle Richard Woodward dans les colonnes du New York Times. « Tout dans le passé attend, attend d’exploser », disait Scully. La traduction dans la langue de Molière de ses ouvrages phares, encore à faire — American Architecture and Urbanism, The Villas of Palladio, Modern Architecture – the Architecture of Democracy — aidera peut-être à allumer la mèche de nouvelles bombes historiques de ce côté de l’Atlantique._Olivier Namias

(Re)découverte du Centre Pompidou

(Re)découverte du Centre Pompidou

Alors que le plateau Beaubourg n’était encore que le parking des Halles Baltard, le président Georges Pompidou décide, en 1969, de l’affecter à la construction d’un centre culturel pluridisciplinaire d’un nouveau genre. Après observation et analyse des musées de par le monde, un concours international est lancé : une première en France. 681 concurrents répondent. Parmi eux, l’équipe constituée de Renzo Piano, Gianfranco Franchini et Richard Rogers convainc le jury, présidé par l’architecte-ingénieur Jean Prouvé. En juillet 1973, est dévoilée la maquette finale du projet. Jugé trop révolutionnaire et dans le même temps trop institutionnel, il est décrit comme un « monstre » et comparé à une « raffinerie de pétrole ». Pour autant, le gouvernement n’en démorde pas, et bien que la tête du centre soit mise à prix suite au décès de Georges Pompidou, la construction continue. Inauguré le 31 janvier 1977, le centre culturel est un triomphe, du moins de curiosité, avec 25 000 visiteurs contre 15 000 attendus. « Notre-Dame des tuyaux » devient très vite un phénomène de société, un hypermarché culturel qui fait le bonheur des sociologues et qui engendrera la renaissance des musées. (Re)découverte du Centre Pompidou, qui 40 ans après, n’a pas perdu de sa célébrité.

 

CREE 46, janvier-février 1977, Le centre national d’art et de culture Georges Pompidou

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Téléchargez la version PDF : le centre national d’art et de culture georges pompidou

 

Pôle de conservation du musée du Louvre à Liévin

Pôle de conservation du musée du Louvre à Liévin

A l’horizon 2018, le musée du Louvre se verra doté d’un nouveau pôle de conservation situé à Liévin conçu par le célèbre architecte du Centre Pompidou, Richard Rogers.

 

Pôle de conservation du musée du Louvre à Liévin (Nord-Pas-de-Calais)

… le groupement Rogers Stirk Harbour + Partners, architecte mandataire – et auteur du nouveau World Conservation and exhibition Center du Bristish Museum – et les français Mutabilis Paysage (paysagiste), Egis Bâtiment Nord (BET), Inddigo sas (bureau d’études environnementales) et VPEAS sas (économiste). Une équipe franco britannique qui s’inscrit dans la dynamique voulue par la région Nord Pas-de-Calais.

 

Plan incliné dans la continuité du paysage

Le bâtiment imaginé couvre 20 000 m2 (dont 10 000 de réserves) sur lequel la nature s’investit généreusement. En effet, mettant à profit la topographie du terrain dans le prolongement d’une coulée verte, le groupement a imaginé un toit végétalisé incliné, dans la continuité du paysage, minimisant ainsi l’emprise du bâtiment, tout en se servant des contours naturels du site. Ce sol incliné intègre la diversité de volumes de la collection et par un bâti de haute masse thermique lui assure la stabilité climatique requise pour une bonne conservation des œuvres.

louvre liévin

La frange ouest du parc met en valeur le travail de conservation de la collection exceptionnelle ; une grande vitrine révèle les activités dans une bande faisant l’interface avec les collections au sein du bâtiment. Un jardin à niveau offre l’espace, les vues et la lumière à ceux qui travaillent. Cette zone est connectée aux collections par le « boulevard des œuvres », axe logistique reliant la réception aux réserves et à l’aire de livraison.

 

« Le bâtiment est un parc, il devient paysage »

Ses concepteurs n’hésitent pas à le comparer à une œuvre de Vauban par la force classique de murailles en béton cadrant la masse du paysage.

louvre liévin
Espace de détente

Deux parois déterminent deux axes de circulation ainsi que la distribution des réseaux et la ventilation enterrée en toute discrétion.

louvre liévin
Espace de traitement des œuvres

L’armature de la structure, simple, définit et réunit l’ensemble des volumes avec un souci de flexibilité pour des aménagements ultérieurs. Une série de voûtes se fait l’écho des reliquaires des cathédrales soulignant la valeur du contenu qu’elles abritent.

louvre liévin

L’intégration du bâtiment dans le paysage et son déploiement sur un seul niveau en fait un projet contemporain et intemporel à la fois, reflet d’une sobriété réfléchie et élégante.

 

250 000 œuvres conservées actuellement dans plus de 60 réserves y seront transférées dès la livraison fin 2018, pour être à proximité immédiate du Louvre Lens. L’externalisation des œuvres a pour but de les mettre à l’abri et de constituer un pôle d’études et de recherche, l’un des plus grands d’Europe, au service du rayonnement du musée du Louvre.

 

Parcelle : 40 000 m2

Budget de l’opération : 60 millions d’euros (estimation)

Budget de la construction 35 millions HT

Financement : 51 % par le Louvre et 49 % par le Conseil régional du Nord-Pas-de–Calais.

 

Courtesy Rogers Stirk Harbour + Partners